TRAUMA

Allez, je me lance !

Bonjour à tous ! Je vous présente une nouvelle fiction dont l'histoire se déroule après Poudlard. Je voulais écrire quelque chose qui ne tenait pas à une intrigue particulière mais juste à des relations humaines, difficiles à mettre en place après un drame. J'espère que cette fic saura vous toucher, elle me tient beaucoup à cœur à cause de son sujet.

J'en ai eu l'idée il y a quelque temps déjà mais je ne voulais pas écrire quelque chose d'insultant ou de racoleur alors j'ai pris mon temps avant de m'y mettre. Et comme cette idée ne me lâchait pas, j'ai débranché le téléphone et j'ai écrit ce premier chapitre d'une traite. Je vous souhaite une bonne lecture et surtout, si vous avez deux minutes, dites moi ce que vous en pensez, ça m'aidera.

Cette fic est dédiée à D. et à ceux qui refusent de voir les larmes qui se cachent derrière un sourire.

Pour ceux qui lisent « sortir des ténèbres », je ne lâche pas du tout cette fic. C'est juste que j'ai du temps et de l'inspiration à revendre cette semaine lol. (Qui a dit : pour une fois ??!!). Pour les lecteurs de « Inconnu », je mettrai la traduction en ligne le plus vite possible.

DISCLAIMER : Les personnages appartiennent à JK Rowling, à ses éditeurs, aux distributeurs des films. Bref à qui vous voulez mais pas à moi. Seule la présente histoire m'appartient.

PAIRING : contrairement aux apparences de ce premier chapitre, il s'agit d'un pairing Harry Potter / Draco Malfoy

RATING : R, définitivement R, pour le vocabulaire et les situations. Il s'agit d'un slash Harry/ Draco, alors si quelqu'un dans la salle a un problème avec l'homosexualité, qu'il zappe maintenant ou qu'il se taise à jamais.

AVERTISSEMENT : cette fiction comportera certaines scènes de relations « explicites » entre hommes et il sera fait mention de viol, aucune description du viol, bien entendu, juste l'évocation alors si vous êtes particulièrement sensibles à ce sujet, soyez prévenus. Loin de moi l'idée de sombrer dans le scabreux cependant, je suis trop respectueuse pour ça.

CHAPITRE PREMIER : JE L'AI TANT AIME.

La bataille faisait rage. Le Survivant tourna la tête sur sa droite. Il voulait courir jusqu'à la cabane de Hagrid et le sauver mais Lucius Malfoy et le Seigneur des Ténèbres lui barraient la route. Il fit pleuvoir sur eux tous les sorts qu'il avait la force de lancer mais son esprit était dans la cabane du demi géant.

Un sort de projection le toucha et il s'effondra quelques mètres plus loin en poussant un cri de stupeur.

Il était totalement impuissant alors que Marcus Flint, un ancien capitaine de Quidditch de Serpentard, pénétrait dans la cabane.

Le Survivant se releva lentement, tous les muscles de son corps demandaient grâce après de longues minutes de combat acharné.

Il vit Voldemort approcher de lui, un sourire carnassier sur le visage. Le temps semblait s'être suspendu et tout se passait au ralenti devant les yeux de Celui qui a Survécu.

Hermione Granger venait à bout de Millicent Bulstrode.

Ron Weasley était soumis au sortilège de Doloris.

Lucius Malfoy entrait à son tour dans la cabane, Ginny Weasley sur ses talons et elle se figea devant la fenêtre, l'air horrifié, les larmes aux yeux. « Par Merlin ! Draco » Cria-t-elle.

Il hurla.

On le secouait.

Il ouvrit brusquement les yeux. La sueur l'aveuglait. Une main réconfortante se posa dans ses cheveux en bataille.

« Tu as cauchemardé, » Harry, lui dit doucement Ginny.

Il respira profondément pour reprendre ses esprits et ralentir la course folle de son cœur. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas cauchemardé à ce sujet et tout son corps tremblait.

Il est mort des suites de ses blessures depuis quatre ans, fais le deuil Harry, pensa-t-il amèrement.

« Veux tu en parler ? » demanda sa compagne.

Il secoua lentement la tête et il se releva pour se rendre dans la salle de bains. Il se passa la tête sous l'eau froide, la respiration toujours saccadée. Il regarda son reflet dans le miroir avant de retourner auprès de Ginny. Il la serra longuement dans ses bras avant de murmurer :

« Je préfère oublier ça, ma puce. En parler ne changerait rien. Je suis tellement désolé de te faire subir ça alors qu'on vit ensemble depuis quelques heures à peine. »

Elle leva les yeux vers lui et elle ne pu s'empêcher de se sentir heureuse, malgré la tristesse dans le regard de Harry. Les bras musclés qui l'entouraient étaient son refuge et elle avait besoin de les sentir autour d'elle très souvent, surtout quand le corps battu et violé de Draco Malfoy émergeait de sa mémoire. Elle n'en parlait jamais à Harry, sachant trop bien que ce sujet était extrèmement délicat pour lui ; elle se contentait juste de se blottir contre son torse bien dessiné pour écouter les battements de son cœur.

Elle détailla son visage. Il était d'une beauté époustouflante avec ses cheveux noirs de jais en bataille, qui lui donnaient un air rebelle. Ses yeux de jade bordés de longs cils noirs brillaient de mille éclats, exprimant si bien ce qu'il ressentait ; ils pouvaient vous sonder jusqu'à l'âme, ou faire tomber sur vous une cascade de douceur.

Il avait changé depuis Poudlard, depuis la dernière bataille, il y a quatre ans. L'Auror Potter s'était étoffé et sa musculature était mise en valeur par le hâle satiné de sa peau, ainsi que par les habits toujours bien choisis qu'il portait avec une élégance sauvage. Malgré une taille moyenne, il était imposant et où qu'il aille, on le respectait.

Ses mâchoires étaient un peu plus carrées qu'à l'adolescence mais il avait cependant gardé son sourire d'enfant, pur et mutin.

La tristesse assombrissait souvent son regard et Ginny, qui partageait sa vie depuis un an, avait appris à ne pas trop poser de questions. Elle ferma les yeux et elle se laissa bercer par le battement régulier du cœur de Harry.

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Harry se réveilla en sursaut, le corps tremblant. Il jeta un coup d'œil à coté de lui : Ginny était déjà partie à St Mangouste où elle exerçait le métier d'infirmière. Il soupira lourdement, révolté d'être toujours en proie à ces cauchemars après quatre ans.

C'est étrange, pensa-t-il, ça faisait au moins un an que je n'avais pas cauchemardé au sujet de Draco.

« Draco..., » murmura-t-il comme pour le garder vivant, par la simple évocation de son prénom.

Il se fraya un chemin au milieu des cartons et il s'installa dans la cuisine pour boire un café. Là, il trouva un mot de Ginny, griffonné à la hâte :

Harry,

N'oublie pas que la soirée au profit des orphelins aura lieu dans la Grande Salle de St Mungo à vingt heures. Je ne repasserai pas à la maison alors rejoins moi là bas.

Notre nouveau Médicomage en chef sera présent et je ne le connais pas encore (je ne sais donc pas s'il est sympa ou si c'est une tête de con) alors je t'en prie Potter, ne soies pas en retard.

Et n'oublie pas que demain, nous avons la soirée chez mon père pour fêter le retour de Charlie, ne me fais pas le coup d'aller boire un peu trop avec Lee, comme pour l'anniversaire de Bill.

Je t'aime.

A tout à l'heure.

Oh, j'oubliais ! Si tu grilles ne serait ce qu'une moitié de cigarette, je te tue.

Harry éclata de rire et il éteignit la cigarette qu'il venait juste d'allumer. Ginny était un rayon de soleil dans sa vie depuis la mort de Draco.

Il perdit soudain son sourire ; il savait qu'il devait chasser ces souvenirs douloureux de son esprit mais c'était plus fort que lui. Draco lui avait apporté ses plus grandes peines, mais aussi ses plus grandes joies ; la joie que Harry avait éprouvé pendant deux ans à le voir vivre, respirer et, parfois même, sourire calmement. Sa voix grave et douce lorsqu'il avait décidé de ne pas être mordant, les expressions de son visage qui pouvaient passer de la haine la plus pure à l'indifférence la plus insupportable, sa façon de mordiller sa lèvre inférieure quand il était nerveux, l'odeur si particulière et si agréable de sa peau...chaque détail restait gravé dans la mémoire de Harry, à son plus grand regret.

Il alluma finalement une cigarette, et il laissa ses pensées vagabonder vers le seul homme qu'il ait jamais aimé, le seul homme qui l'ait jamais physiquement attiré. L'homme dont le décès avait plongé Harry dans un enfer de tristesse.

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Tout semblait être allé si vite en deux ans.

Harry avait débuté sa sixième année plongé dans une atmosphère de peine et de rage. Il s'était renfermé sur lui-même et il restait souvent figé, l'esprit fixé sur Sirius Black, son parrain disparu dans la salle des mystères du Ministère de la Magie, et certainement mort.

Le seul rayon de lumière qu'il semblait voir dans la noirceur environnante était la chevelure blonde, presque blanche de Draco Malfoy, son ennemi juré. Il s'était surpris à avoir envie de passer la main dedans au moins une fois, juste pour savoir si ses cheveux étaient aussi doux qu'il le pensait.

Puis vinrent les vacances de Noël. Draco était retourné dans sa famille et, le jour du retour, le professeur Rogue s'était inquiété de ne pas voir son élève préféré dans la Grande Salle. Harry s'en était également étonné mais il ne s'était pas attardé sur le sujet.

Il s'apprêtait à quitter la Grande Salle lorsque Draco Malfoy lui fit le plus beau cadeau au monde : visiblement fatigué et en mauvaise santé, il entra, soutenant Sirius par la taille pour l'aider à marcher.

Le cœur de Harry avait explosé de joie. Il s'était précipité pour étreindre son parrain en pleurant et, sans son élan, il avait serré Draco dans ses bras. Il avait senti une délicieuse chaleur parcourir son corps et il comprit à cet instant qu'il aimait le Serpentard, qu'il l'avait certainement toujours aimé mais qu'il ne s'était jamais autorisé à donner libre cours à ses sentiments.

Draco avait expliqué à Dumbledore qu'il avait entendu son père se vanter de la manière dont on pouvait sortir Sirius de l'arcade dans laquelle il était prisonnier et le jeune Serpentard était allé le sortir de là. Il avait déclaré qu'il connaissait le coté sombre de sa famille et qu'il avait envie de savoir ce qu'était la lumière, et comme Sirius et lui étaient cousins, il avait saisi l'occasion.

Il avait rejoint l'Ordre du Phénix et il avait été d'une aide précieuse dans la lutte contre les forces du mal. Il avait rallié une grande partie des Serpentards à leur cause, et Crabbe, Goyle, Zabini et Parkinson s'étaient montrés étonnants de compétence.

S'ensuivit une relation très étrange qui dura jusqu'à la bataille finale. Harry aimait secrètement Draco, se nourrissant du moindre de ses gestes, laissant le moindre de ses sourire emplir son cœur d'un bonheur immense, pendant que Draco devenait distant, indifférent. Il restait l'être adorablement sarcastique que tout le monde connaissait, mais Harry semblait être un détail insignifiant de sa vie. Il s'entendait bien avec Hermione, Ginny, Dean, Kingsley et surtout, avec Sirius.

Luna Lovegood et Lee Jordan le faisaient toujours rire, Ron et Neville l'énervaient et ils se disputaient sans arrêt.

Mais quand il s'agissait de Harry, Draco se fermait, comme s'il supportait difficilement sa présence. Harry savait que le blond le détestait toujours.

Bien sûr, ils se parlaient poliment, ils remplissaient certaines missions ensemble et tout se passait toujours très bien, mais Draco tenait Harry éloigné de lui.

Il leur arrivait de s'asseoir ensemble au bord du lac et de parler calmement de généralités et Harry adorait ces moments, mais dès que le sujet devenait trop personnel, Draco se levait et retournait dans le château. Quand il s'était confié à lui, Sirius l'avait rassuré en lui disant que Draco était certainement attiré par lui et que c'était pour cette raison qu'il fuyait. Harry aimait cette explication mais il avait du mal à la croire.

Il ne s'inquiétait pas trop cependant. Il avait toute la vie pour découvrir qui était vraiment l'homme qu'il aimait de tout son cœur, de toute son âme. Il n'avait pas besoin d'aller plus loin car il ne voulait pas ternir la pureté du Serpentard. Il lui fallait mûrir encore.

Puis vint l'attaque finale, deux jours après la fin des ASPICS.

Voldemort et ses Mangemorts avaient attaqué à l'extérieur de l'école. Dans le parc. De nombreux élèves perdirent la vie avant que Draco ne vienne prendre Harry par la main dans la Grande Salle.

« Il y a un problème, avait il dit en le tirant à l'extérieur. Tu as ta baguette ? »

Harry et ses alliés s'étaient battus avec rage. Sirius et Bellatrix Lestrange se livraient un combat à mort et Harry avait du mal à venir à bout du père de Gregory Goyle. Draco avait fait rempart de son corps pour que Hermione puisse éviter le sortilège du Cruciatus. Elle pu ensuite assommer leur assaillant.

De longues minutes passèrent avant que Pansy Parkinson n'appelle Harry. Le timbre angoissé de sa voix le fit se retourner et il vit ce qu'elle lui montrait alors qu'elle était impuissante, allongée par terre, en sang, les deux jambes brisées. Harry eut l'impression que le temps s'était figé : Crabbe, Goyle et Zabini avaient pétrifié Draco et ils le conduisaient dans la cabane de Hagrid.

Il ne pu rien faire pour lui, trop occupé à éviter les sorts des Mangemorts qui pleuvaient sur lui, et, lorsqu'il vit Marcus Flint les rejoindre, il pensa que c'était fini, que Draco ne survivrait pas à la torture d'un être aussi sadique que Flint.

Au bout d'une dizaine de minutes, Lucius Malfoy entra dans la cabane.

Le hurlement de Ginny lui résonnait encore dans les oreilles. Lucius sortit, suivi des quatre Serpentards qui avaient séquestré Draco et ils se mêlèrent à la bataille.

Harry vit leur air extasié et son cœur cessa de battre.

Pas ça, pensa-t-il, je vous en prie Merlin, pas ça.

Puis il vit Sirius entrer dans la cabane et en sortir avec le corps inerte de Draco dans ses bras ; les jambes nues sous sa robe ouverte. Harry comprit que ses craintes étaient fondées dès qu'il vit les larmes de rage dans les yeux de son parrain, le sang qui coulait le long des jambes du Dragon blond mêlé à un liquide blanchâtre qu'il n'identifia que trop bien. Il déposa Draco aux cotés de Pansy qui l'étreignit en pleurant.

Harry se relança avec haine dans la bagarre et il tua Marcus Flint de sang froid, sans aucun remord.

Puis vint l'affrontement avec Voldemort. Le Seigneur des Ténèbres était considérablement affaibli par les sortilèges que le Survivant lui avait lancés. Harry était épuisé après avoir reçu plusieurs sortilèges de Doloris à la suite. Le sang coulait de son front et l'aveuglait. Il s'essuya le visage avec sa manche. Tout son corps demandait grâce et il n'avait pas la force de lever sa baguette. Il s'effondra sur le sol, le visage plongé dans une marre de sang. Il sentit soudain une main se poser sur la sienne et prendre sa baguette. Il leva la tête et il aperçu un ange à la blondeur ternie d'hémoglobine, tenant à peine sur ses jambes, qui tendait la baguette dans la direction de Voldemort.

« Mon jeune ami, susurra le Seigneur des Ténèbres en éclatant de rire provocant une explosion de douleur dans la tête de Harry, tu n'as pas la force de me lancer le sortilège ultime. Il faut une haine immense pour pouvoir le faire.

- Alors ça va aller, déclara froidement Draco d'une voix rauque. J'ai assez de haine en moi pour vivre cinq vies d'affilée en lançant le sortilège ultime plusieurs fois par jour, ça vous donne une idée. »

Sans attendre que Voldemort comprenne, il leva la baguette et prononça d'une voix claire :

« AVADA KEDAVRA ! »

Le Seigneur des Ténèbres tomba, foudroyé par le sort et Draco chancela avant de s'effondrer, son bras sur celui de Harry.

Harry s'était réveillé à l'hôpital et il avait expliqué aux Aurors et à la presse que Draco avait tué Voldemort. Il n'avait pas imaginé faire un cadeau empoisonné à l'héritier des Malfoy. Draco devint le héros du monde sorcier, indissociable de Harry : le Survivant et le Sauveur, la paire idéale. Tout le monde voulait connaître les détails sordides entourant Draco. A bien y réfléchir, et Merlin sait combien il y avait réfléchit, il avait jeté Draco tout droit dans la gueule du loup en faisant de lui un héros. Harry avait gagné une relative tranquillité mais il avait perdu Draco.

Harry passa des jours entiers au chevet de Draco et il ne vit pas le jeune guérisseur tomber amoureux du blond inconscient, fasciné par l'histoire maudite du « Sauveur » et par son corps meurtri. Il alla jusqu'à dire à la presse que Draco avait été torturé et violé pour lui rendre soit disant hommage. Harry fulminait. Il connaissait Draco et il savait que sa fierté ne supporterait pas une telle humiliation. Harry faisait tout pour éviter de penser à l'épreuve que Draco avait traversé dans la cabane et à celle qu'il allait devoir traverser une fois réveillé. Mais le Prince déchu tardait à se réveiller. Les guérisseurs pensaient même qu'il refusait inconsciemment de se réveiller.

Au bout d'un mois, deux pupilles grises apparurent et Harry sentit son cœur faire un bond dans sa poitrine. Il caressa la joue de l'homme de sa vie et il se figea. Il n'y avait rien à part du vide dans les yeux de son aimé.

Il était catatonique.

Harry lui annonça qu'il avait obtenu les notes maximales aux ASPICS et qu'il avait enfin été meilleur que Hermione mais Draco gardait les yeux fixés sur le plafond, contemplant un point invisible.

Cet état catatonique dura deux mois ; deux mois au cours desquels Harry suivait sa formation d'Auror et accourait au chevet de Draco en fin d'après midi. Les atrocités qu'il avait subies rendaient Harry complètement fou. Il en voulait à la terre entière et pouvait rester des journées entières prostré, à ruminer sa haine.

Puis un soir, il trouva le lit vide et le jeune guérisseur lui annonça que son aimé était mort des suites de blessures mal décelées.

Le monde s'effondra autour de Harry et, une fois rentré chez lui, il pu enfin laisser couler les larmes qu'il retenait depuis trois mois.

Tous les sorciers étaient choqués par la perte de leur Sauveur et, lorsqu'on s'aperçut que personne n'avait vu le corps sans vie de Draco, les rumeurs les plus folles se mirent à circuler, dont deux plus persistantes que les autres et qui partageaient la communauté : la première disait que Draco était effectivement mort, la deuxième disait qu'il était devenu fou et que le ministre le la magie l'avait envoyé se faire soigner dans un pays d'Orient.

Harry avait passé des mois en pleine dépression, ressassant sans cesse les mêmes pensées, s'accrochant à l'espoir de revoir Draco un jour.

Puis un nouveau ministre de la magie fut nommé et il mit en pièces les espoirs de l'Auror Potter. Sirius Black, qui l'avait tant soutenu, avait confié la recherche de Draco à un de ses meilleurs Aurors, qui n'était autre que Kingsley Shacklebolt. Et c'est la mort dans l'âme qu'il annonça à Harry que Draco était bel et bien décédé.

Harry ne su jamais comment il trouva la force de se lever jour après jour, ni comment il pu passer avec succès son examen d'Auror. Ron fut également reçu et ils travaillèrent tous les deux au Ministère de la Magie où Harry replongea.

Une statue de Draco le Sauveur trônait dans le hall. Elle était magnifique, faite de glace qui ne fondait jamais, et Harry tomba amoureux de cette statue. Il ne se levait le matin que pour l'admirer et il lui était même arrivé, quand personne ne regardait, de lui parler, comme si elle pourrait transmettre le message à Draco.

Ron, qui pensait que Draco était caché quelque part, bien en vie, devenait très inquiet et il demanda à Sirius de faire enlever la statue. Ce fut une déchirure pour Harry mais il survécu.

Vint ensuite la période du procès des Mangemorts, comprenant Lucius Malfoy, Crabbe, Goyle et Zabini, où il expérimenta le très destructeur masochisme mental.

Ginny avait témoigné de ce qu'elle avait vu dans la cabane de Hagrid, elle expliqua comment Lucius Malfoy, en voyant Marcus Flint violer son fils leur avait dit de ne surtout pas le tuer après avoir fini car il jubilait à l'idée que son héritier soit obligé de vivre avec cette disgrâce, sa punition pour avoir trahi le Seigneur des Ténèbres.

Zabini avait tout expliqué dans les détails en répétant à quel point il était amoureux de Draco et à quel point il était désolé.

Goyle avait témoigné en disant qu'il tenait Draco pendant que les autres s'amusaient, comme s'il regrettait de ne pas avoir eu le temps de le violer aussi.

Harry en était malade. Il rentrait tous les soirs chez lui et il vomissait systématiquement. Il fumait beaucoup et se repassait sans cesse la scène telle qu'il l'imaginait. Draco battu, livide, qui hurlait à ses assaillants de le laisser partir.

Zabini avait déclaré que l'héritier des Malfoy les avait même supplié de le tuer.

Toutes ces déclarations créaient des images horribles dans la tête de Harry, qu'il se repassait constamment, et plus il souffrait, plus il continuait, trouvant un plaisir masochiste à avoir mal, comme si sa souffrance pourrait effacer celle de son ange blond. Il lui arrivait de pleurer de rage et de s'en vouloir de n'avoir pas pu protéger l'être magnifique dont il était amoureux.

Crabbe, Goyle et Zabini furent condamnés à vingt ans d'emprisonnement à Azkaban pour viol aggravé, personne ne pu prouver leur relation avec Voldemort. Lucius et Narcissa Malfoy reçurent le baiser des détraqueurs. Harry fulminait. Tout portait à croire que les trois Serpentards avaient renseigné Voldemort depuis le début et on ne pouvait pas le prouver ! Le pire fut le moment où leurs avocats laissèrent entendre qu'ils avaient répondu à une simple pulsion après de multiples provocations et invitations sexuelles de la part de Draco.

Azkaban était devenue une prison de haute sécurité, protégée par des charmes et des sortilèges puissants et les détraqueurs ne la gardaient plus. Vingt ans dans ses murs était une sentence trop gentille selon Harry.

Il avait ensuite cherché Draco dans chaque personne qu'il rencontrait, dans chaque sourire, dans chaque voix, n'importe quoi qui pouvait lui rappeler le blond. Et il ne le trouva jamais. Jamais il ne rencontra quelqu'un avec cette couleur de cheveux si incroyablement spécifique à la famille Malfoy ; jamais il ne plongea son regard dans des yeux argentés car cette couleur était unique, elle était celle des prunelles de son aimé ; jamais il ne contempla une peau aussi blanche et soyeuse que celle qu'il n'avait jamais pu toucher.

Ginny avait été d'une patience incroyable avec lui et, un jour, il s'aperçut qu'elle était très jolie. Ses blessures commencèrent à guérir et, trois ans après la bataille, Harry ne cauchemardait plus, ou presque. La statue du Sauveur fut remise au Ministère de la Magie et il passait chaque jour devant elle, sans la voir.

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Des larmes perlèrent dans ses yeux et il se ralluma une cigarette, il ne comprenait pas pourquoi il avait à nouveau rêvé de ces instants maudits. Penser à Draco lui faisait toujours aussi mal. Et pourtant, il aimait Ginny. Il décida de se changer les idées en défaisant des cartons.

Il avait commencé depuis à peine un quart d'heure quand un hibou vint lui apporter du courier. La lettre provenait de Sirius.

« Harry,

Je dois absolument te parler et ma saleté de portable ne marche plus.

Passe me voir au ministère s'il te plait.

C'est important. »

Harry sourit. Son parrain, le Ministre de la Magie, était la personne la plus chère à son cœur, sans vouloir minimiser les sentiments qu'il éprouvait pour Ginny.

Il regarda sa montre qui indiquait 15h.

Il couru sous la douche et il enfila un pantalon noir qui mettait en valeur ses jambes musclées et son ventre plat. Il mit ensuite une chemise vert foncé et une cravate noire. Il fonça dans le dressing room où, bien sûr, il ne trouva pas de robe de sorcier.

Normal, elles sont dans les cartons. Merde et remerde !

Il ouvrit le carton sur lequel on lisait « Harry, vêtements. Gros vaniteux. Y'en a encore combien comme ça ? ». Harry éclata de rire. Il n'avait pas vu Ginny écrire cela.

Il tomba sur une robe splendide. Noire en velours léger. Un dragon en satin volait sur le dos de la robe. Harry sentit son cœur s'arrêter et les larmes lui monter aux yeux. Il renifla et livra une féroce bagarre interne pour éviter de pleurer. Il étreignit la robe que Pansy Parkinson lui avait remise en faisant du rangement dans les affaires de Draco. Il respira son odeur, elle portait encore les effluves du jeune Serpentard.

Draco, je t'en prie. Sors de ma tête. Pourquoi aujourd'hui, tu reviens me hanter alors que tu m'as laissé en paix pendant un an ?

Il jeta la robe sur le coté et il saisit une robe un peu plus foncée que sa chemise, la sienne, et il l'enfila à la hâte.

Il allait sortir lorsque Ron transplana dans son salon avec un 'pop' sonore. Il était pâle et hors d'haleine. Harry sursauta. Décidément, le transplanage ne valait pas un bon hiboux ou un coup de téléphone. En effet, Arthur Weasley, Ministre des relations avec les Moldus avait réussi à faire adopter ce moyen de communication dans sa communauté et Harry devait dire que l'idée était excellente, mais visiblement, Ron n'était pas encore familiarisé avec l'appareil. Heureusement que Harry était habillé, lui qui avait la fâcheuse habitude de traîner chez lui en boxers.

« Oh putain Ron ! Tu m'as fait une de ces peurs ! Comment ça va ?

- Oui, oui c'est bien. Harry, il faut que je te dise un truc de dingue ! »

Harry l'observa, perplexe. Décidément, sa femme déteignait sur lui.

« C'est quoi le truc ? Tu ressembles de plus en plus à Luna, tu sais ?

- Oui je sais et c'est un honneur. J'adore ma femme et si tu te fous d'elle, je t'explose à coup de barre à mine, c'est clair ? Passées ces quelques formalités, Harry, devine qui j'ai vu aujourd'hui ?

- Vu la tête que tu fais, et vu ton étonnement, je dirais Mc Gonagall en train de baiser avec Viktor Krum.

- C'est pas vrai d'être aussi con, tu vas me faire louper mon entrée en la matière ! J'ai vu Malfoy !!

- Malfoy qui ?

- Lucius, imbécile. Il s'est réveillé après le baiser du détraqueur. Il va t'appeler d'une minute à l'autre pour aller manger deux ou trois chocogrenouilles en souvenir du bon vieux temps ! Je te parle de Draco ! Draco Malfoy était au Ministère il y a une heure ! »

Le cœur de Harry cessa de battre, puis il sembla lui remonter dans la gorge. C'était impossible. C'était tout simplement impossible.

« Quoi ?! Demanda-t-il.

- Le monsieur te dit que DRACO MALFOY était au Ministère de la Magie cet après midi ! Toi comprendre ?

- C'est pas vrai ! Tu as dû confondre avec quelqu'un d'autre.

- Dis moi, tu en connais beaucoup toi des mecs dont la couleur de cheveux, la taille et la voix sont identiques à celles de ton sexy boy ? Bon, ok, il était de dos mais je te dis que c'est lui !

- Récapitulons : tu as vu un mec de dos, d'environ un mètre 85 et tu en as conclu avec certitude que c'était lui ?

- Je te dis que c'était lui ! Il était devant la statue du Sauveur et il disait à Sirius que s'il devait venir travailler au Ministère, il exigeait qu'elle soit retirée. T'en dis quoi ? T'en connais combien des gens qui n'aiment pas cette statue ? Elle est superbe ! Je te préviens Potter, tu fais gaffe à ma sœur ! »

Harry passa une main nerveuse dans ses cheveux. Il ne pouvait pas croire qu'il avait cette conversation avec Ron.

« Ron, j'aime ta sœur. Je ne suis plus amoureux de Draco Malfoy. Ma vie est avec Ginny et, pour être franc, je ne crois pas que ce soit EFFECTIVEMENT Draco que tu as vu.

- ça me rassure pour ma sœur mais bon ! Je te jure que c'était lui. Il est plus beau que jamais, c'est pour ça que je ne veux pas que tu fasses du mal à ma sœur.

- Ok, il est plus beau que jamais ?

- Oui, je t'assure !

- Ron ?

- Oui, Harry ?

- TU L'AS VU DE DOS !! Comment tu sais qu'il est plus beau que jamais ?!

- Ouais, bon, ok, j'extrapole un peu, j'envisage le pire, reconnut Ron en souriant. Mais t'en fais pas, le plus beau, c'est toi. »

Harry refusait de le croire. Draco Malfoy ne pouvait PAS être en vie. Pas maintenant que Harry avait accepté l'idée de ne plus jamais le voir. Pas maintenant que Harry avait reconstruit sa vie. Il alluma une cigarette d'une main tremblante et Ron la saisit immédiatement pour l'écraser.

Ils discutèrent un long moment de la grossesse de Luna, de l'effet que cela faisait de se dire qu'on allait être père. Ils burent plusieurs cafés, et dévorèrent un nombre incalculable de chocogrenouilles. Ils avaient gardé certaines habitudes de gamins et ils en étaient plutôt fiers. Harry ne pensait plus au message de Sirius et, au moment où Ron lui dit qu'ils étaient en retard pour la soirée de charité de l'hôpital, le Survivant se tapa le front avec la paume de la main.

« Ahh ! Ginny va me tuer ! Elle voulait faire bonne impression sur son Médicomage en chef !

- Hermione va nous tuer aussi, remarqua Ron. On lui avait promis d'être là pour la soutenir parce qu'elle n'a pas eu le poste de Médicomage en chef.

- Bon, c'est donc le moment de mourir avec bravoure, ironisa Harry. Je suis bien fringué ?

- Mais ouais, tu es le Roi de la mode sorcière printemps/ été ! Personne ne t'arrive à la cheville Harry. Tu es le meilleur. C'est bon, t'es content, on peut décoller maintenant ?

- Bof, t'as déjà fait mieux question compliments mais je ferai avec ça. Allons donc affronter notre mort, Ron. »

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Ils étaient certainement les derniers arrivés. Une grande table était dressée et, pour le moment, les convives discutaient debout dans le Grand Hall.

Harry et Ron prirent une coupe de champagne et en vidèrent la moitié afin de faire croire qu'ils étaient là depuis un moment mais qu'ils n'avaient pas trouvé leurs moitiés.

« Laissez tomber, ça ne prend pas, dit une voix derrière eux. J'ai déjà fait ça à ma femme et je me suis en plus fait engueuler pour avoir menti. Il nous reste à être à l'heure demain soir pour fêter le retour de ton frère Charlie, Ron »

Harry se retourna et se trouva face à Lee Jordan, le mari d'Hermione. Ils éclatèrent d'un rire sonore qui leur valut plusieurs regards désapprobateurs.

Harry se détacha du petit groupe pour chercher Ginny. Il tomba sur Neville Londubat, herboriste à St Mungo, qui lui fit signe d'approcher.

Un homme était penché en face de lui, faisant la bise à une petite fille qui lui offrait un bouquet de fleurs. Sans savoir pourquoi, Harry admira la qualité de sa robe noire en satin qui épousait parfaitement son dos fin. L'homme se releva et se retourna pour voir vers qui Neville faisait de grands gestes.

Harry lâcha son verre qui se brisa sur le sol. Il lui sembla qu'il était tombé avec son verre tant ses jambes étaient faibles.

« Potter, constata Draco Malfoy avec un sourire en coin, on dirait que tu as vu un fantôme. »

Harry recula d'un pas, le cœur complètement affolé. Il ne pouvait pas se trouver en face de lui. C'était impossible.

Il ne pouvait pas être encore plus beau que dans ses souvenirs. Mis à part le fait qu'il était un peu plus grand, il avait gardé sa grâce et son charisme. Il se tenait la tête haute, le regard franc et froid, son sourire sarcastique, breveté Malfoy, bien en place sur son visage d'ange. Ses cheveux semblant éclairer la pièce, retombaient en douceur juste au dessus de ses oreilles. Son visage était toujours aussi fin, ses traits toujours aussi réguliers et sa peau toujours aussi laiteuse. Son comportement avait toujours l'air hautain. Quelque chose avait changé cependant.

Harry le contempla un instant avant de comprendre que le changement résidait dans l'attitude du diamant Malfoy : il semblait vouloir séduire quiconque posait les yeux sur lui.

« Il est normal ? » L'entendit il demander à Neville.

« Oui, je ne comprends pas. Harry ? Tu m'entends ? Questionna Neville.

- Je suis parfaitement normal. C'est juste que j'ai effectivement croisé un fantôme. Malfoy, tout le monde te croyait mort.

- Désolé de te décevoir, Potter, mais il ne faut pas croire tout ce qu'on raconte. Je suis en pleine forme, comme tu le vois. Alors, que deviens tu ? »

Il ne pouvait pas croire qu'il avait cette conversation avec Malfoy, comme s'il revenait de vacances. Harry était pour le moins troublé.

« Je suis Auror. Je travaille au Ministère de la Magie. Je vis avec Ginny Weasley.

- Sujet, verbe, complément, je vois que tu sais construire tes phrases, Potter, ironisa Draco. Elles sont un peu courtes, mais bien construites. Félicitation, tu as toujours voulu être Auror, c'est bien. Je savais que tu finirais avec Ginny. Vous avez des enfants ? Une petite maison ? Un break ? Un chien ? »

Ses lèvres bien dessinées et délicieusement roses se transformèrent en un rictus amusé et Harry sentit son cœur battre la chamade. Il était heureux de le voir, et en colère. Très en colère.

« J'ai juste la maison, répondit-il. Et toi, Draco, qu'as-tu fait pendant toutes ces années ? Marié ? Des enfants peut être ? Une maison ? Un chien ?

- Rien de tout cela. J'ai seulement vingt deux ans et je compte bien profiter de la vie.

- Putain Malfoy, t'étais où pendant ces quatre bordel d'années ? On t'a cru mort ! S'écria Harry au bord de la crise de nerfs.

- Surveilles ton vocabulaire, Potter, susurra Draco d'une voix dangereusement calme alors que toutes les têtes se tournaient vers eux. Tu parles au guérisseur en chef de cet hôpital. Je suis aussi consultant au Ministère de la Santé Magique, ce qui signifie que je suis un haut responsable et que je peux te faire emprisonner 48 heures pour ton manque de respect.

- Ne déconnes pas, Draco, intervint Neville. Harry est un Auror réputé, il ne va pas aller à Azkaban se mêler avec des monstres tels que Crabbe ou Goyle. »

A peine avait il prononcé ces mots qu'il se couvrit la bouche de ses deux mains, les joues rouges de honte. Harry retint son envie de le frapper pour manquer de tact à ce point. Il se tourna vers Draco qui gardait un visage insondable. Seule sa mâchoire serrée trahissait son émotion. Alors Harry le vit faire une chose qu'il n'aurait jamais cru possible : il baissa les yeux avant de répondre d'une voix morne et traînante :

« En effet, ne laissons pas ce pauvre Harry entre les mains de...entre leurs mains. Qui sait ce qu'ils pourraient lui faire ? »

Il tourna les talons et partit vivement rejoindre Sirius qui arrivait, accompagné de sa nouvelle petite amie (N/A : moi !) et de Olivier Dubois, ancien Gryffondor aujourd'hui professionnel de Quidditch, adoré par des hordes de fans. Aussitôt, Harry vit le regard d'Olivier s'allumer à la vue de Draco. L'ancien Serpentard étreignit Sirius comme s'ils ne s'étaient jamais quittés et les photographes présents en profitèrent pour les mitrailler. Il se tourna ensuite gracieusement vers Olivier et ils se serrèrent la main, un peu trop longtemps au goût de Harry.

En voyant la lueur d'adoration dans les yeux du joueur de Quidditch, Harry se remémora le jour où, lors de sa troisième année à Pourdlard, Olivier avait qualifié Draco de « détritus. »

Visiblement tu cracherais pas sur le détritus. Merdeux.

« Ah te voilà Harry ! S'écria Ginny en le voyant. Potter ! Tu as clopé ! Ne mens pas, tu pues !

- Moi aussi je t'aime et tu m'as manqué aujourd'hui, rétorqua Harry. J'ai vu ton nouveau guérisseur en chef, il n'a pas changé.

- Je suis si heureuse qu'il aille bien, » répondit elle un peu absente en fixant Draco. Harry comprit immédiatement qu'elle revoyait des images qui l'avaient hanté sans qu'elle n'ose le dire.

Il la serra dans ses bras, le regard toujours rivé sur le beau blond et Olivier qui discutaient visiblement de Quidditch. Un nombre incalculable d'émotions indéfinissables traversaient la tête et le cœur de Harry. Après quatre ans d'absence, Draco revenait comme si rien n'était arrivé, comme si jamais il n'avait disparu sans laisser de traces.

Il sentait ses mains trembler et il avait désespérément besoin d'une cigarette. Son cœur refusait de se calmer et il mit cela sur le compte de la surprise. Il fallait qu'il rationalise, qu'il relativise.

Il était heureux d'être avec Ginny et il ne se sentait pas jaloux le moins du monde, même en voyant que Draco et Olivier avaient quitté le Grand Hall. Harry espéra qu'Olivier n'allait rien tenter envers Draco car il ne voulait pas que ce dernier soit choqué à peine revenu. Après tout, il était hétérosexuel et la dernière chose dont il avait besoin, c'était d'avoir un...grand et beau... joueur de Quidditch qui le traumatise.

Harry avait réellement besoin d'une cigarette.

« Harry, tu...enfin, tu ne ressens plus rien pour lui ? demanda Ginny avec appréhension.

- Non, Ginny. Rien du tout. Il faut que je voie Hermione, » mentit Harry en sachant que Ginny n'hésiterait pas à l'étrangler s'il lui disait qu'il voulait fumer.

Il embrassa la jolie rousse qui grimaça.

« Beurk, tu pues la cigarette ! »

Harry prit son air le plus innocent et il monta d'un étage, espérant trouver un coin tranquille où se livrer à sa mauvaise habitude et réfléchir aux évènements incroyables de la journée. Il était étrange comme Draco s'était rappelé à sa mémoire 24 heures avant que Harry ne sache qu'il était bien vivant. Ses cauchemars, les souvenirs qui avaient émergés, la robe de Draco, Ron...tout semblait avoir été mis en place pour que Harry pressente quelque chose.

Et il n'avait absolument rien pressenti.

Il tourna dans un grand couloir et il vit ce qu'il cherchait : un balcon, mais alors qu'il avançait, il entendit deux voix trop bien identifiées :

« Draco, j'ai tellement envie de toi. Dès que je t'ai vu hier, j'en ai eu envie, déclara Olivier avec une voix rauque.

- Il paraît que je fais souvent cet effet, rétorqua Draco avec une pointe de sarcasme dans la voix.

- Tu es vraiment beau.

- Tais toi, murmura Draco. »

Harry s'approcha lentement et il resta pétrifié à la vue d'Olivier embrassant Draco passionnément. Ses mains entouraient le visage angélique du blond et une explosion de frustration se fit sentir dans les entrailles de Harry.

Draco était homosexuel, ou bisexuel, et Harry n'en avait rien su. Il soupira, sachant que même s'il l'avait su, il n'aurait pas osé se déclarer à lui.

Il était fasciné par les mains de Draco, délicatement posées dans le dos de l'ancien Gryffondor, par ses paupières closes et par ses cheveux qui brillaient comme des fils d'or entre les doigts de son partenaire. Sa blancheur et sa blondeur contrastaient merveilleusement avec les cheveux châtains et le hâle de la peau d'Olivier. Ce dernier prit la main de Draco et la porta entre ses jambes pour lui faire toucher son désir ardemment tendu pour lui.

Le blond se détacha un peu et il regarda dans les yeux le capitaine des Canons de Chudley, et accessoirement capitaine de l'équipe d'Angleterre.

« Pas de liens, pas d'obligations Dubois, déclara-t-il avec une voix dépourvue d'émotion. On joue selon mes règles et rien ne changera en ce qui me concerne. On ne se doit rien et on fait ce qu'on veut. Du bon temps, c'est la seule chose que je soies capable de te donner, et je t'en donnerai mais je ne veux pas te faire souffrir. »

Bravo pour le speech préparé à l'avance que tu dois régurgiter à tout le monde, pensa Harry. Tu me dis ça, je me barre. Non mais ça marche ce genre de monologue ?

« Pas de problème Draco, répondit Olivier, clairement sous le charme. Je veux juste passer du temps avec toi. Oh par Merlin, tu es l'être le plus beau que j'ai pu rencontrer. »

Ok, visiblement, le petit laïus fonctionne. Ne le touche pas.

Olivier reprit fougueusement les lèvres de Draco. Puis lentement, sa bouche vint dévorer son cou si tendre. Draco tourna la tête pour lui offrir le creux de son épaule, point hautement sensible chez lui, et ses yeux argentés rencontrèrent deux magnifiques pierres précieuses vertes.

Potter, songea Draco.

Harry secoua la tête d'un air écoeuré et il fit demi tour. Il couru presque jusqu'à l'étage supérieur où il trouva enfin un endroit où se réfugier et fumer son paquet de cigarettes. Il avait au moins besoin de ça pour se calmer les nerfs.

Il ouvrit la porte vitrée qui menait à la terrasse et il s'installa sur un banc en pierre. Sa main tremblait alors qu'il portait la cigarette à ses lèvres. Il ferma les yeux et il tenta de se vider la tête de toute image, de toute pensée en rapport avec le Revenant.

« Tu sais que ces machins Moldus te goudronnent les poumons ? » demanda une voix délicieusement grave et traînante.

Harry sursauta et il ouvrit les yeux sur Draco Malfoy, debout devant lui. Toute trace de sarcasme avait disparu de son visage et Harry constata que cela lui allait très bien. Son regard était plus doux, plus profond. Il avait enlevé sa robe de sorcier et Harry tenta de ne pas détailler son corps.

Peine perdue.

Il portait un pantalon noir qui soulignait parfaitement la cambrure de ses reins. Sa chemise bleu nuit faisait ressortir l'acier de ses yeux. Il était divin.

« Je sais, docteur, » répondit Harry d'une voix morne.

Draco se passa lentement la main dans les cheveux et il se mordit la lèvre inférieure. Il semblait gêné. C'était nouveau.

« Ecoute, Potter. Je suis désolé que tu aies vu...ce que tu as vu. Je ne pensais pas que quelqu'un pourrait nous surprendre.

- Tu fais ce que tu veux. Tu peux bien t'envoyer Olivier, Neville ou Sirius, je m'en fous. »

Draco ouvrit la bouche pour parler mais il la referma aussitôt. Il n'avait pas à s'expliquer, ni à s'excuser ; il était ce qu'il était et il se moquait de ceux que ça dérangeait. Il choisi de ne pas rester près de quelqu'un qui le considérait comme la prostituée du coin, aussi sexy soit il, et il fit demi tour.

Harry le rattrapa par le bras et lorsque Draco se retourna, c'était pour toiser le brun.

« Draco, où étais tu ?

- Sur le balcon, prêt à m'envoyer Olivier, répondit l'intéressé avec un sourire revanchard. »

Harry ferma les yeux, appelant Sainte Patience en renfort. Il était clair que Draco avait mal pris la remarque et qu'il voulait entamer une dispute afin d'éluder une fois encore la question.

« Putain Malfoy ! Réponds moi ! » Ordonna Harry en allumant une cigarette.

Draco prit la sucette à cancer de la bouche de Harry et il l'écrasa.

« Surveille ton vocabulaire, Potter. Et éteins ça en ma présence, ça me dérange. Je dois redescendre faire mon numéro du gentil petit singe savant. Tu m'accompagnes ou tu restes là à te ruiner les poumons ? »

Il tendit la main à Harry et celui-ci la saisit en essayant de réfréner les battements de son pouls qui lui taraudaient les tempes. La main tendue était chaude et douce, et Harry sentit son monde qui commençait à chavirer. Le blond lui fit un sourire ravageur.

Harry suivit le revenant comme un automate, refusant de lâcher sa main de peur de la perdre à jamais. Il eu l'impression d'être amputé lorsque Draco le lâcha presque à contrecoeur, alors qu'ils atteignaient la Grande Salle.

Harry remarqua soudain un masque inédit, bien arrimé sur le visage de Draco quand les yeux curieux se tournèrent vers lui. Il affichait un sourire angélique, mais ses yeux étaient froids. Sans savoir pourquoi, Harry se sentit triste.

Draco alla faire son discours sur la nécessité de construire un meilleur avenir pour les orphelins, pendant que Harry retrouvait Ginny, Lee, Ron et Luna alors que Hermione prenait des notes du speech du guérisseur en chef.

Olivier Dubois dévorait littéralement Draco du regard et Harry savait pertinemment qu'il essayait de l'imaginer nu.

Il resserra ses bras autour de Ginny ; il était si heureux qu'elle soit là.

« Il n'a pas l'air trop traumatisé, » remarqua Ron.

Luna le dévisagea un instant, une expression indéchiffrable sur le visage, puis elle se tourna vers Draco qu'elle observa longuement.

« Qu'est ce qui te fait dire ça ? demanda-t-elle enfin.

- Ben je sais pas, il a l'air bien. Il sourit et tout.

- Il devrait se rouler en boule dans un coin et pleurer ? Interrogea Lee.

- Non, mais il n'a pas l'air d'avoir honte, pourtant il est hyper fier.

- Ron, mon amour, reprit Luna. Tu ne vois pas plus loin que le bout de ton nez et je suis sure que si j'accouchais d'un hyppogriffe, tu ne le remarquerais même pas. Franchement, on ne sait pas ce qu'il ressent. On ne sait même pas s'il y pense encore et je crois qu'on devrait tous s'enlever de la tête qu'il a été...qu'il a vécu ce qu'il a vécu sinon on va mal se comporter avec lui. Il n'est pas Celui-Qui-A-Eté-Violé, il est Draco Malfoy. N'oublie pas ça Ron. Il détesterait que tu soies indulgent avec lui mais évite d'être con quand même.

- Je suis désolée, dit Ginny d'une petite voix tremblante en se blottissant dans les bras de Harry, mais je ne peux pas oublier. Vous, vous n'avez pas vu...Vous n'avez pas vu.

- Je ne saurais que trop vous conseiller de laisser Draco en paix et de ne pas lui poser de questions, déclara Sirius alors qu'il se joignait au groupe. Laissez le tranquille. Il a tiré un trait sur le passé et Luna a raison, allez vous aussi de l'avant. Et si vous n'y arrivez pas, débrouillez vous mais ne lui imposez pas vos états d'âme. Il a assez souffert je pense. »

Le regard de Harry passa de Draco qui discutait avec un groupe d'enfants, à Sirius, dont les yeux étaient aussi posés sur le médicomage.

A ce moment précis, Harry comprit.

Ces quatre années de peine, de pleurs, de hurlements de frustration et de douleur ; cette torture qu'il s'était infligé et dont Sirius avait été le témoin...Tout cela aurait pu être évité car Sirius savait.

Son parrain, qu'il considérait comme un père et qu'il vénérait comme un dieu savait et il l'avait laissé sombrer toujours plus profondément.

« Tu as toujours su qu'il était vivant et où il était, » affirma Harry en contenant difficilement sa rage.

Le visage de Sirius s'assombrit.

« Je t'avais demandé de me contacter aujourd'hui, répondit-il. Je voulais t'annoncer qu'il était de retour. Je ne voulais pas que tu l'apprennes de cette manière.

- Ce n'est pas ce que je te demande, rétorqua Harry en pointant un doigt accusateur en direction du Ministre, sans se soucier des yeux de ses amis braqués sur lui. Etais tu au courant de l'endroit où il était pendant quatre ans, oui ou non ?

- Je ne peux rien te dire, je suis désolé. »

Harry toisa son parrain avec haine et il prit Ginny par la main.

« On s'en va d'ici, » dit il simplement en transplanant chez eux.

A suivre...

Voilà pour le premier chapitre. J'espère que l'histoire n'est pas trop ennuyeuse. Si vous avez le temps de cliquer sur « submit review » pour me dire ce que vous en pensez, ça me ferait très plaisir et il est important que j'aie un retour sur ce début d'histoire afin de savoir si je dois changer ma façon d'amener les choses.