salut à tous !

tout le monde va bien ?

oh, je vous vois d'ici... quoi, elle commence une nouvelle fic alors qu'elle en a déjà quatre en cours ?

eh bien, oui ! voila, c'est comme ça. Cette histoire me trote dans la tête depuis plusieurs mois et il était grand temps que je l'écrive avant de devenir dingue...

Ce sont des POV. Oui, je sais, encore des POV, mais que voulez-vous, je me sens vraiment très à l'aise avec ce style d'écriture et pour l'instant, je n'ai pas envie d'en changer.

Chaque chapitre sera découpé en trois partie, la première POV Harry, la deuxième POV Drago et la troisième POV Sirius. Vous comprenderez en lisant...

Les chapitres seront assez longs, donc contrairement à Rien d'autre que ma haine, je ne publierai pas vraiment très souvent. J'essayerai une fois par semaines, enfin, ça se sera quand je rentrerai de vacances dans quelques semaines (je pars lundi.)

AVERTISSEMENT : Cette fic est extremement NOIRE et parle de sujet qui peuvent choquer les personnes sensibles. Il y aura des scènes sanglantes, des scènes de VIOL. De plus, l'intrigue principale tourne autour d'un couple homosexuel, donc si en plus vous êtes homophobe, cette fic n'est vraiment pas pour vous.

Voila pour l'avertissement, et je vous prie sincèrement de le prendre en compte parce que je n'ai pas envie de me retrouver avec des plaintes sur le dos.

Et sachez que, malgré l'horreur de mes mots, il y aura une happy end. D'habitude je ne préviens pas mais là je vous le dit pour que les lecteurs qui n'aiment pas les fins tristes ne se privent pas de me lire à cause de ça.

Pour ceux qui lisent également toutes mes autres fics, rassurez-vous, je continue de les écrire toutes, et la suite viendra un jour ou l'autre.

Pour terminer cette petite introduction, je tiens à adresser un ENORME MERCI à Polonius Silver, qui prend le temps de corriger chacun des chapitres que je lui envoie. Vraiment, merci à lui pour ses compliments, son soutien, et pour ses merveilleuses fics qui, pardonnez-moi l'expression, me laisse littéralement sur le cul à chaque fois que j'en lis et relis un nouveau chapitre. Donc, si ce n'est pas encore fait, allez absolument lire Plus loin et Fantômes, sincèrement, ça vaut le détour...

voila voila...

un petit disclaimer : rien de tout le monde magique d'Harry Potter ne m'appartient, malheureusement pour moi et heureusement pour les autres... tout est à JK Rowlings, exepté le scénario et la rédaction qui sont à moi, sortis tout droit de ma tête de malade...

une dédicace : heu, eh bien, à la SKCMDP, à ma Pauline qui a été la première à lire ceci, et bien sur à tous ceux qui me lisent, qui m'encouragent et qui aiment ce que je fais...

titre :

Lune d'Argent

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Chapitre 1 :

Echec mortel

« Tu es mort, Harry Potter, » m'annonce-t-il de sa voix glaciale.

Je plisse les yeux pour le voir du mieux que je peux. Un sourire cruel étire sa bouche fine. Je voudrais pouvoir le frapper pour effacer ce sourire. Je voudrais détruire ce nouveau visage et ce nouveau corps. Assis, dos au mur, les genoux relevés, les mains liées, je lève le regard vers lui, vers mon ennemi, vers celui qui m'a vaincu. Je tente de me relever mais mes forces lâchent de nouveau. Il ricane froidement devant ma faiblesse.

« Enfin, ça, c'est la version officielle, » ajoute-t-il. « Regarde… »

Il me tend une page de journal où s'affichent de grandes lettres que je peux à peine lire. Mais mon cerveau réussit tout de même à comprendre l'ensemble…

Le Survivant est mort.

« C'est bête, n'est-ce pas ? » fait-il. « Tout le monde te croit mort. Mais tu ne l'es pas. Tu es en mon pouvoir, Harry. »

Je ne peux m'empêcher de frissonner à ces paroles. En son pouvoir. Je ne peux qu'imaginer tout ce que cela peut impliquer.

« A mon avis, » reprend-il, « tu souhaiteras être mort bientôt. Mais je ne te ferais pas un tel plaisir, Harry. Ce serait… trop simple. »

« Je… » fais-je, tentant de parler.

Ma voix est rauque, ma respiration laborieuse. Je ressens encore les effets secondaires des Doloris qu'il vient de me lancer. Je souffre. Je tremble des pieds à la tête et j'ai une honte cuisante qui me brûle l'estomac.

« Tu ? » dit-il, moqueur.

« Je… te… hais… Tom, » réussis-je à articuler.

Il éclate d'un rire cruel et glacial, avant de se pencher vers moi. Il m'attrape violemment le menton et m'oblige à relever la tête vers lui. Je croise son regard d'un noir rougeoyant dans la lumière des torches.

« Tu n'imagines pas le plaisir que j'en ressens, » lâche-t-il méchamment.

Il s'empare alors de mes lèvres. Je suis révulsé par ce contact. Je tente de me débattre tandis qu'il introduit sauvagement sa langue dans ma bouche, meurtrissant mes lèvres. Je suis littéralement écœuré. J'ai envie de vomir. Je voudrais me détacher de lui mais mes forces m'ont abandonné. Il me lâche enfin et se redresse un peu, plongeant ses yeux dans les miens.

« Dommage, je n'ai pas le temps de m'occuper correctement de toi aujourd'hui, » dit-il en me caressant la joue.

Il se redresse complètement, me regardant de haut, moi, loque humaine à ses pieds.

« Mais je te promets que ce n'est que partie remise… c'est un des avantages à être redevenu réellement humain. Passe une bonne nuit, Harry. Je te verrai certainement demain. »

J'entends la porte de mon cachot se refermer. Il fait noir. Seul un faible rai de lumière passe sous la porte. Je tente tant bien que mal de m'enrouler dans la couverture miteuse et moisie que l'on m'a laissé. J'essaye de m'allonger sur ma paillasse, mais je ne peux plus bouger, chacun des muscles de mon corps hurle au supplice. Alors je reste là, à moitié à terre, fou de douleur et de désespoir.

Les images du combat repassent comme des flashs devant mes yeux. J'ai échoué. Tous les espoirs reposaient sur moi. Tout le monde croyait en moi. L'avenir du monde sorcier reposait sur mes épaules et je me suis écroulé. Et maintenant… maintenant, rien n'empêche Voldemort de faire ce qu'il veut de moi. Et je sais ce qu'il veut. Il veut briser ce que je suis, il veut détruire totalement ce que je représente, celui qui l'a humilié plus d'une fois, tout en profitant un maximum de ma faiblesse. Il n'a jamais caché la haine qu'il ressentait pour moi, ni même ce qu'il me ferait subir le jour où je serais à sa merci… c'est chose faite. Il va se venger, de la façon la plus monstrueuse.

Humiliation, soumission, douleur… dégoût de moi-même… viol

Il va me violer, autant qu'il le pourra, comme dans les visions qu'il m'envoyait avant que je ne maîtrise l'Occlumancie… J'ai envie de pleurer, j'ai envie de vomir. Je n'en ai même plus la force. Je n'ai plus rien. Seul mon honneur, qui finira par s'envoler lui aussi, me laissant sombrer dans l'horreur…

Comment en suis-je arrivé là, me direz-vous ? Je n'en suis pas sûr moi-même. J'ai perdu mon combat. Comment ? Distraction fatale. Malefoy, père et fils, étaient tous deux contre Sirius, peu loin de Jedusort et de moi. Ils l'ont torturé. Malgré sa résistance physique et sa volonté, qui est capable de résister à deux Doloris simultanés, lancés par deux professionnels de la torture, sans hurler de douleur ? Même pas Sirius. Personne. C'est comme ça que j'ai été distrait.

Et Voldemort en a bien sur profité. J'ignore quel est le sort qu'il m'a lancé. Magie noire, certainement. La souffrance que j'en ai ressenti était terrible. Mais pire encore est le résultat aujourd'hui. Ma puissance magique semble s'être évaporée. Pas totalement, mais le peu qu'il me reste doit à peine suffire à exécuter un sortilège de lévitation, et encore, avec une baguette. Peut-être ma magie va-t-elle revenir. Peut-être pas. Ca m'étonnerait. Tom est passé bien trop près de la mort cette fois pour prendre le risque de recommencer.

Sans doute suis-je condamné à survivre, encore et encore, de plus en plus faible à chaque fois, jusqu'à ce que mon âme et mon corps ne le supportent plus… ne suis-je pas le Survivant ? J'aimerais ne pas l'être.

Voldemort prend un risque, bien qu'il l'ignore. Ou alors connaît-il suffisamment la Prophétie et sait que le sort qu'il m'a lancé m'a définitivement privé de mes pouvoirs. Peut-être. Je ne sais pas. Ce que je sais, c'est que ma vie va être un enfer et que je n'ai aucun espoir de sortir de là. Rogue a été découvert par Voldemort, donc il ne pourra pas prévenir Dumbledore ou qui que ce soit de ma présence ici. Il y a peut-être d'autres espions de l'Ordre dans les rangs de Voldemort. Mais Tom ne prendra pas le risque de laisser la nouvelle se répandre.

Je suis prisonnier ici et je ne pourrai pas m'en sortir. Depuis quand, je ne sais pas. J'ai l'impression que le combat s'est déroulé il y a des années, mais ça ne fait sûrement que quelques jours… peut-être même était-ce hier. Ou ce matin.

Tant de peut-être dans mon esprit. Si peu de certitudes. Je suis entre ses mains et je souhaite que la mort me prenne. Mais inexorablement, je survis. Je suis en vie, sans pouvoir, totalement seul. Désespéré.

La fatigue, la douleur et la haine finissent par avoir raison de moi et je m'endors, ou plutôt je perds conscience dans la misère qui m'entoure.

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C'est un coup de pied brutal qui me réveille. J'entrouvre les yeux et la lumière m'agresse méchamment.

« Alors, Potter ? » dit une voix sarcastique que je connais par cœur à cause de ce qu'elle provoquait en moi.

Un autre coup de pied dans les côtes me fait gémir de douleur. Je me recroqueville sur place pour parer les coups qui risquent de suivre et je pose mes mains sur ma tête dans une pitoyable tentative de défense. Mon assaillant ricane, puis m'empoigne par le col pour m'obliger à me lever. Il me soulève presque seul et je me retrouve sur mes jambes qui me soutiennent tout juste. Un violent coup de poing sur la tempe gauche m'envoie valser contre le mur où ma tête cogne fortement. Je tombe, mais sa main me rattrape au dernier moment et me plaque contre le mur.

J'ouvre de nouveau les yeux. Je vois flou, je n'ai plus mes lunettes, mais je reconnais la tignasse blond platine de mon agresseur qui se détache dans la lumière de la porte, formant presque une auréole.

« Si tu savais, Potter, combien j'ai attendu cet instant pour pouvoir défoncer ta sale gueule de petit ange ! » éructe-t-il.

Sa voix est pleine de haine. Il m'envoie brutalement contre l'autre mur. Je m'écrase lamentablement par terre. Mes rêves ont été peuplés de cauchemar mais le réveil est bien plus terrible encore. Il me force à me relever une nouvelle fois. Je ferme les yeux, attendant le prochain coup qui ne vient pas.

« Tu as de la chance, » dit-il avec mépris. « Mon maître m'a expressément demandé que tu sois sans un état à peu près correct. »

Si tu savais, Malefoy… J'aurais préféré mourir sous tes coups, plutôt que ce qui m'attend. Il m'attrape brusquement par le bras et me jette hors du cachot. Je manque de tomber de nouveau, mais je me retiens tant que je peux au mur avec mes mains attachées.

« Endoloris. »

Trop tard. Je lâche le mur sous l'effet de la douleur. Je me mords la lèvre jusqu'au sang pour ne pas crier mais c'est peine perdue. Je hurle jusqu'à ce que le sort s'arrête. Malefoy m'oblige encore une fois à me lever.

« Désolé, Potter, je n'ai pas pu résister… c'était trop tentant. J'en avais trop envie, depuis trop longtemps. »

Il me tire brutalement et m'oblige à le suivre je ne sais où. J'ai du mal à marcher mais il n'a aucune pitié. Il râle.

« Avance, Potter, avant que je ne perde patience ! » s'énerve-t-il.

« Que veux-tu que… ça me fasse… Malefoy… » dis-je d'une voix rauque et saccadée.

Il s'arrête brutalement et se tourne vers moi, l'air mauvais. J'ai du mal à voir son visage mais ses prunelles grises sont fixées dans les miennes et je peux y lire quelque chose comme de la haine et du dégoût. Un frisson désormais familier me secoue la colonne vertébrale mais je me force à soutenir son regard.

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J'ai réellement envie de lui éclater de rire à la gueule.

« Tiens-tu vraiment à savoir ce que ça peut te faire ? » dis-je dans un murmure moqueur et un peu rageur. « Qu'est-ce que tu crois, Potter ? Que je rechignerais à te tuer ? »

Ses yeux verts se troublent et il baise le regard. Par Salazar, Potter qui baisse les yeux devant moi ! C'est un jour à marquer d'une pierre blanche ! J'adore ce sentiment de supériorité, de pouvoir et de peur que j'ai sur lui… ça m'exciterait presque…

« Alors… tue-moi, Malefoy… ça vaudra mieux pour moi… »

Je le regarde longuement. Il tremble sur ses jambes. Ses cheveux tombent sur son visage luisant de sueur, pale comme la mort. Ses lèvres sont blanches, et ses yeux se ferment. Je ne peux m'empêcher de rire, cette fois. Il me ferait presque pitié… presque.

« Comme si j'allais faire quoi que ce soit pour ton bon plaisir, Potter, » dis-je en ricanant.

Je reprends ma route, tenant toujours fermement son bras, ou plutôt son avant-bras… le gauche. La pensée que le sien doit être parfaitement pur et blanc passe fugitivement à mon esprit et mes doigts le serrent plus cruellement… d'envie, de jalousie, certainement.

Quelques uns de mes frères passent rapidement à nos cotés sans nous jeter un regard, en coup de vent, portant un message, se préparant pour une mission… le château est en effervescence depuis hier, depuis notre victoire tant attendue. Pour la première fois depuis des lustres, la guerre tourne à notre avantage. Grâce à moi, et à mon père.

Mon père. Comme je le hais, lui aussi. Comme je le hais d'avoir fais de moi ce que je suis…

Potter trébuche dans les escaliers mais je n'y fais pas attention. J'arrive tout en haut du donjon, là où mon maître m'a ordonné de l'enfermer. Un couloir de quelques mètres de long s'ouvre devant moi, une fenêtre en face et une porte unique à droite.

La pleine lune scintille dans un ciel plein d'étoiles au dehors. Je m'y attarde quelques secondes, cette vision apaisant comme toujours mon cœur pendant les fugaces instants où elle me vient, me donnant un espoir fou, l'espoir fou que la paix de là-bas pourrait peut-être un jour venir sur terre et sauver le monde, l'espoir fou que la pureté de là-bas puisse un jour venir vers moi et effacer mes erreurs…

Je cille et je me tourne vers Potter qui, lui aussi, hagard et appuyé contre le mur, regarde par la fenêtre. Je grogne et il semble revenir, tournant vers moi un regard inquiet, voire craintif.

Je ricane légèrement, effaçant le léger trouble passé sur mon cœur pendant quelques secondes.

« Ne t'inquiètes pas, Potter, je ne pense pas que ce soit pour ce soir… »

Ses yeux se plissent légèrement, et un éclat semblable à de la haine sans toutefois en être passe dans ses prunelles émeraude. Sans un mot de plus, j'ouvre la porte d'un mouvement de baguette et le jette dans la chambre préparée pour lui et pour le maître Je fais disparaître ses liens d'un sort

Il s'écroule au sol, ses maigres forces l'ayant quitté, déjà. Il pousse un léger gémissement presque inaudible de douleur et la satisfaction me pénètre dans les veines comme un poison, en même temps que l'amertume.

« Ta nouvelle prison, Potter, » dis-je avec moquerie. « Le Seigneur des Ténèbres a prévu quelque chose de spécial, pour toi, je pense que tu le sais… »

Ses yeux se lèvent vers moi et il cligne, ne semblant pas m'apercevoir clairement. Ah, oui, c'est vrai, j'oubliais qu'il est myope comme une taupe ou presque… Une pulsion de sadisme intense fait accélérer un peu les battements de mon cœur.

« Au fait, je me dois de t'annoncer que… Black est mort. J'avais pensé à le laisser sombrer dans la folie, mais père n'est pas aussi magnanime que moi. Il l'a tué d'un bel Avada Kedavra… il doit être heureux, il est désormais mort comme son meilleur ami… dans la souffrance, en hurlant… »

Je le vois haleter et son poing se crispe. J'ébauche un sourire sadique puis un ricanement m'échappe.

« Bonne soirée, Potter, » dis-je en partant.

Je verrouille la porte d'un puissant sort et passe quelques secondes devant, hésitant… puis me décide finalement à lancer le sortilège du mur de verre, me permettant ainsi de voir l'intérieur de la pièce sans que Potter ne le sache.

Il n'a pas bougé, il est toujours au sol. Il tremble. Un spasme semble le secouer brusquement et les larmes coulent sur son visage, alors qu'un sanglot s'échappe de ses lèvres.

Une pulsion d'adrénaline se décharge dans mon sang qui ne fait qu'un tour. Ma main se dirige toute seule vers ma poche et ma baguette, et mon cœur se met à battre vite, très vite. Ma baguette se dirige presque d'elle-même vers la serrure pour désactiver le sort et me précipiter dans la pièce. J'interromps aussitôt le mouvement. Me précipiter dans la pièce et… quoi ? le prendre dans mes bras ? lui demander pardon ? La bonne blague !

Mon sang se glace dans mes veines et c'est comme si mon cœur s'arrêtait. Mon dieu, oui, c'est exactement cela. Avec horreur, je désactive le mur de verre pour ne plus entendre ces gémissements déchirants, puis je dévale les escaliers, sans comprendre ce qui m'arrive, sans comprendre cette douleur face à celle de Potter, face à celle de mon ennemi de toujours.

Drago, stop !

Je suis la cause de cette douleur. Je suis la cause de son tourment. Par mes mensonges. Oh, non, Black n'est pas mort… nous n'en avons pas eu le temps, même si nous l'avons voulu. Et moi, j'ai voulu faire souffrir Potter ! C'était volontaire ! Cette peine, c'était mon but !

Alors, pourquoi ces regrets ? Pourquoi cette colère contre moi-même ?

Parce que tu sais que tu as tort, Drago. Harry ne mérite pas ça.

Harry ? depuis quand mon moi intérieur appelle Potter par son prénom ? Et je ne vais pas m'excuser auprès de lui, comme si je n'avais aucune fiert ! Je suis un Malefoy, un sang-pur. Mon visage reprend aussitôt son masque de froideur.

Et je suis insensible, je l'ai toujours été. Ca ne va pas changer. Je hais Potter. Je hais ces yeux verts, je hais ces regards insolents. Et je hais tout autant sa faiblesse actuelle. Une des seules choses qui me permet de ne pas me détester moi-même, c'est de détester quelqu'un d'autre. Mon père. Et Potter.

Et la contradiction de ces pensées ne te choque pas, Drago ? Tu te dis insensible… mais la haine est un sentiment, qui suinte par tous tes pores… et la haine peut cacher bien d'autres choses encore…

Je finis de descendre les escaliers avec lenteur et je rejoins la salle des cheminées pour rentrer au manoir. En essayant, comme toujours, de ne pas m'écouter moi-même…

Et en écoutant les autres…

Le manoir est vide. Je monte directement dans ma salle de bain et me poste devant ma glace pour me déshabiller. Je le fais toujours. Certains diraient que je suis narcissique. Mais ce n'est absolument pas ça. Je suis simplement perfectionniste. Je vérifie chaque détail sur mon corps pour vérifier que tout est parfait.

Mais la vérité est là. Je crois m'appartenir. Je pense être mon propre maître, mais ce n'est que purs mensonges. La cause de mon mal-être quotidien, je la vois chaque jour quand je retire ma chemise. Elle est là, sur mon bras, la Marque. Sa Marque. Imprimée dans ma chair. Ce qui fait de moi un Mangemort, un pion sur son échiquier.

Une fois de plus, je suis frappé par mon dégoût de moi-même. Je ne suis rien. Je ne suis pas à moi, je ne suis qu'un esclave. Depuis ce jour funeste de mon dix-septième anniversaire. J'ai été marqué, comme une bête, comme un objet.

Je ne suis qu'un pion dans le jeu du Seigneur des Ténèbres, tout autant que Potter, bien que sans aucune trace physique, l'est sur celui de Dumbledore.

Peut-être qu'au fond, c'est cela qui me dégoutte tant chez Potter. Nous sommes à la fois semblables et opposés. Il est mon antithèse, celui auprès duquel mon existence a un sens. Nous sommes des pions dans la guerre destructrice qui déchire le monde de la Magie en deux.

Si semblables… deux armes, rien que des armes dans des mains puissantes…

Si opposés. L'un, contre l'autre, dans deux camps en guerre.

En symbiose. Je ne suis vivant que si lui l'est aussi.

Je pourrais vomir sur tout ce que je lui dois. Mais, même s'il fait partie de mes préoccupations… il n'en est pas la source.

La vraie source, c'est cette Marque noire sur ma peau blanche. Comme un blason. Un écusson.

De rage, je balance mon poing dans le miroir qui explose en milliers d'éclats, réfléchissant tous, dans une couleur rouge de mon sang, encore et encore, la marque ignoble, preuve de ma stupidité et de mon échec.

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Quelque chose qui rode, à travers les ombres… je le vois, je la vois… elle me guette.

Résister, survivre… Ne pas la laisser faire… combattre les ombres de ma tête, et revenir…

Des flashs, des douleurs, de la souffrance, de la peur, de la colère, de la haine, tout se mélange, plus rien n'est clair, il n'y a plus que ténèbres et douleurs… ombres, et mal…

Elle court encore, apparaissant de temps à autre, disparaissant derrière la brume de mon esprit. Elle me nargue, elle me cherche, elle me provoque dans le noir…

Elle me promet le calme, la sérénité. Elle me jure la fin de la douleur, revenir à la lumière. Elle me montre mon avenir si je la suis… une clarté… j'ai mal, si mal…

Je tends la main vers elle, elle me sourit, elle tente de me séduire, elle sent qu'elle gagne…

Mais un souvenir me frappe soudain, et je m'arrête. Deux émeraudes. Deux émeraudes tachées d'un point noir. Des yeux.

Lily…

Non, pas Lily. C'est un visage d'homme. Des cheveux noirs en bataille. Une peau mate.

James…

Non plus. Une cicatrice fine et rouge, formant l'éclair de ma conscience.

Harry.

Et la lumière que produit ce souvenir est bien plus puissante dans ma tête que celle qu'elle me montre. C'est là-bas que je vais. Elle tente de me retenir, elle me frôle, essayant une dernière fois de m'attraper dans ses filets, essayant une dernière fois de me faire sombrer.

Mas je résiste, je la connais, elle est déjà venue me voir, tant de fois. Mais aujourd'hui n'est pas le jour de ma chute… pas encore.

J'approche ma main de la lumière de mon souvenir, il est si proche, j'y suis presque…

Puis, enfin, la clarté m'englobe… et la douleur vient avec. Je réintègre brusquement mon corps, ma souffrance, mes plaies, et la réalité est là. J'ai si mal, si atrocement mal, c'est comme un million d'aiguilles empoisonnées sur ma peau, comme les flammes de l'Enfer et comme les glaces du pole sud.

Mais cette douleur me fait me sentir vivant… je suis en vie, et sain d'esprit. Et mon dernier souvenir me vient en tête à travers la douleur, imprimé sur mes paupières closes et brûlantes.

« Harry… »

J'ai à peine conscience d'une main sui se pose sur mon front moite et d'une voix qui murmure à mon oreille.

« Chut, Sirius, ça va aller, ne t'inquiète pas… »

Je voudrais répondre, je veux savoir où est Harry, mais je ne peux pas parler. Un goulot est pressé contre mes lèvres et un liquide coule dans ma gorge. Je tousse un peu, les poumons brûlants, mais celui à mes cotés n'a aucune pitié et tout finit par descendre dans mon œsophage.

« C'est contre la douleur, maintenant bois ça, tu vas dormir, ça ira mieux. »

Cette voix m'est étrangement familière mais ni visage ni nom ne se pose dessus dans mon esprit. Tout ce à quoi je pense est Harry, Harry dont les yeux se ferment et dont le visage se crispe de douleur…

J'attrape brusquement le poignet de mon interlocuteur et j'ouvre les yeux, mes prunelles aussitôt fixées sur ce visage que je ne reconnais pas, ce visage qui pourtant provoque en moi colère, peine, tristesse et affection. Amour. Mais je ne me rappelle pas qui il est.

« Harry… » dis-je de nouveau dans un murmure, supplication à l'adresse de l'homme dont le visage se ferme.

« Nous discuterons de ça demain, d'abord dors. »

Et de nouveau il presse un goulot pour me faire ingurgiter une potion dont le goût m'échappe.

Moins de deux secondes plus tard, la douleur commence à refluer peu à peu, et mes paupières lourdes se referment, noyant sentiments au fond d'un esprit tourmenté.

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Je me réveille avec lenteur. Péniblement, j'ouvre les paupières, l'impression que tous mes membres sont aussi lourds que des pierres, sensation bien connue du réveil d'un sommeil artificiel.

Je tourne la tête de coté et sursaute légèrement en voyant deux pupilles noires bien connues me regarder fixement. Un rictus se forme sur sa bouche en voyant ma surprise.

« Severus ! »

Ma voix est rauque mais exprime clairement ma surprise.

« Sirius, » répond-il avec moquerie en inclinant légèrement la tête. « Comment vas-tu, ce matin ? »

« Aussi bien qu'on peut aller après avoir subi la torture des Malefoy, » dis-je simplement en me redressant lourdement sur les coudes. « Je dors depuis longtemps ? »

« Sept heures et trente-deux minutes, » répond-il automatiquement.

Je l'observe silencieusement pendant quelques minutes. Et je remarque que quelque chose ne va pas, ne va pas du tout, même.

Depuis que je l'ai sorti de cachot de Voldemort quand celui-ci a découvert sa trahison, une étrange relation s'est établie entre nous. Au fur et à mesure des jours, aussi seuls l'un que l'autre, nous avons commencé par établir une trêve, qui s'est transformé en amitié sans réellement en être. Et j'ai appris à déchiffrer ses expressions faciales et corporelles sous ce masque de froideur et de cynisme qu'il laisse voir au monde.

Et là, aussi bon en Occlumancie soit-il, je vois à son rictus crispé qu'il est arrivé quelque chose de grave.

« Severus, qu'y a-t-il ? » fais-je, en sentant l'inquiétude me serrer le cœur alors qu'une voix que je tente de faire taire en moi hurle des paroles qui me mènent au désespoir.

« Parles-moi, dis-moi, Severus, » continue-je.

Il baisse les yeux. Je suis choqué. Severus Rogue ne baisse jamais les yeux, encore moins devant moi.

« C'est à propos de Harry, n'est-ce pas ? »

J'ai pensé à voix haute, et son regard me fait comprendre que j'ai raison, alors que la terreur s'empare de mes entrailles.

« Qu'y a-t-il ? Qu'est-il arriv ? »

Ses paupières se ferment une seconde, puis il les rouvre et plante ses yeux couleur d'ébène dans les miens.

« Il a échoué, » me répond-il à vois basse. « Harry Potter… est mort. »

Inconsciemment, mes poings se crispent sur mes draps et je secoue la tête.

« Non, » dis-je simplement. « C'est faux. Tu mens, Severus. »

« J'en suis navré, mais non » répond-il.

« C'est faux ! »

Je hurle, cette fois. Il ne me fera pas croire cela. Je sais qu'Harry n'est pas mort.

« Sirius… »

« Tu n'étais pas là, tu n'as rien vu ! Il n'est pas mort, je te dis ! »

« Tu n'y étais pas non plus, Sirius. On a retrouvé sa dépouille. C'est la sienne. Il est mort. »

« Tais-toi ! »

Ce n'est pas vrai, c'est faux, c'est impossible. Harry ne pouvait pas mourir, pas après ce qu'il a vécu, il ne mérite pas d'échouer. Il est en vie.

Ne me demandez pas comment je le sais, mais j'en suis persuadé.

« Je suis désolé, Sirius. »

Un ricanement m'échappe.

« Désolé de quoi, Severus ? Il n'est pas mort. »

« Si. »

« Non ! »

Il inspire profondément.

« Tu as besoin de dormir encore, ton corps est épuisé. »

« Va te faire voir, Severus ! »

Mais un vertige me brouille les yeux et je retombe dans les oreillers, le souffle légèrement haletant.

« Tu vois bien. »

Je ne réponds pas, trop préoccupé par cette nouvelle. Tout le monde pense qu'Harry est mort, sauf qu'il ne l'est pas. Voldemort l'a sans doute capturé, certainement pour…

Un frisson de dégoût me secoue des pieds à la tête. Harry m'a parlé des dernières visions que lui a envoyées Voldemort… des scènes de viol, toutes plus atroces les une que les autres, mettant en scène un Harry hurlant et un Voldemort jouissant…

Severus me colle de force de la potion de sommeil dans l'estomac et je replonge dans l'inconscient, avec cette seule image en tête, celle de mon filleul aux mains et à la merci de son pire ennemi…

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à suivre...

fin du premier chap, votre avis dans une review fait toujours plaisir, même si c'est négatif...

le deuxième chapitre devrait venir d'ici quelques semaines et approndira un peu voire beaucoup les sentiments des différents personnages...

voila voila, gros bisous à tous !

speed'