CHAPITRE 9 bis.

L'horloge affichait maintenant 2 heures du matin , une grande table était disposée dans la salle principale du département des aurors. Une chaleur étouffante régnait dans les locaux.

« Bien. Nous sommes tous réunis ce soir pour discuter des incidents d'hier matin. Comme vous le savez, nous avons eu un ...léger différent à propos de notre collaboration avec les Gobelins. »
Fudge rit nerveusement en croisant les mains. Il remonta ses demi-lunes sur son nez et ouvrit un large dossier.
« Monsieur le Ministre, je pense qu'il est grandement urgent que nous proposions à la population gobeline un accord fiable et durable quand à leur condition. Vous comme moi, ne souhaitons pas une nouvelle révolte que les précédents siècles ont malheureusement connu. »
« Amélia, voyons ! Nous sommes des êtres civilisés ! On ne peut craindre une nouvelle rébellion sanguinaire ! Nous ne somme plus au moyen âge ! » dit il en riant , attendant l'hilarité commune dans le reste de l'assemblée. Personne ne rit.

Tonks assise à la table ne parlait pas mais écoutait avec attention le conseil des ministres. Avec un parchemin plié elle se fit un éventail de fortune. Amélia Bones la regarda , lui fit clin d'oeil amical, et se remit à parler.
« Cornelius, ça ne nous coûte rien de faire une bonne action envers les gobelins. Que demandent-ils ? Juste un peu plus de considération simplement. Je pense qu'ils ne supportent pas d'être classés dans la même catégorie que celle des elfes de maisons. »
Fudge sortît un mouchoir de sa poche et s'épongea le visage.
« Nous ne pouvons pas faire ça. Vous le savez bien. Ensuite, il nous faudrait rédiger une charte de leurs droits!»
« Je veux bien la faire. » rétorqua Mrs Bones froidement.
D'autres sorciers ainsi que Tonks acquiescèrent à la proposition d'Amelia Bones.
« Non, ce n'est pas notre priorité .» ajouta fermement le ministre.
« L'argent ? C'est cela votre priorité ? »
Fudge s'affola.
« Mais non ! je n'ai pas dit ca ! Ne me faites pas dire les pires cruautés ! »
Tonks regardait Kingsley en face d'elle qui fixait le plafond, absent. Tout le monde attendait patiemment que la réunion se termine pour regagner la fraîcheur de la rue.
Elle le savait, de toute façon, ils avaient tort et Fudge avait raison. S'opposer au Ministre de la Magie était fortement déconseillé, et chacun affichait un sourire crispé lorsque le politicien clamait une autre insanité.

« Monsieur le ministre ? » dit une voix timide au fond de la salle.
Fudge remonta ses lunettes sur son nez et sourit.
« Weasley ? Mon petit, oui ? »
Un jeune homme d'allure distinguée , habillé d'une longue cape chaude malgré la température ambiante ,se redressa de sa chaise et bomba inutilement le torse. Il se racla la gorge et se mit à débiter un flot de paroles continu.
« J'ai eu un entretien ce matin même avec Ragnok. Bien sur, tout est resté très secret . Il se trouve que nous avons trouvé un terrain d'entente qui satisfait les deux parties .»
Le ministre rayonna et chercha du regard l'acquiescement des convives qui ne souriaient toujours pas.
« Je vous en prie Weasley, parlez donc. »

Percy fier comme un jeune coq déroula un parchemin qu'il fit tourner autour de la table. Chacun regarda le papier en fronçant les sourcils.
« C'est simple Monsieur le Ministre, Gringotts accepte d'oublier tout incident si nous promettons de leur confier l'intégralité du budget de la prochaine coupe du monde. Un projet de plusieurs milliards de gallions , en comptant la publicité et la construction de parcs sportifs.
Tous relevèrent instantanément la tête. Kingsley se frottait le visage tandis qu'Amelia Bones soufflait d'exaspération . Tonks toussa bruyamment pour couvrir la réponse de sa voisine ou l'on distinguait des mots tels que « corruption » ou «remettre le problème à plus tard ».
Mais ni Percy Weasley, ni Cornelius Fudge ne firent attention à leur réaction dissidente.
« Weasley, vous irez loin mon petit » dit Fudge en le montrant du doigt . « Le ministère a besoin de jeunes comme vous ! »
Percy exultait et continua son exposé.
« Vous savez Monsieur le Ministre, les gobelins sont des êtres assez primitifs. Il suffit de parler argent pour que ceux ci vous écoutent. J'ai un frère qui travaille pour eux, il est... brave je dirais. Un gentil garçon qui n'a pas vraiment de réel avenir... »

Tonks se réveilla aussitôt aux dires de Percy. Elle se leva et tenta de sauter au cou de ce dernier.
Mais elle fut retenue dans son élan. Attrapée par la taille ,elle essayait de se débattre sans succès.
« Espèce de sale petit vendu !... Comment oses tu dire ca de.. King lâche moi ! Laisse moi faire ...Toi, pauvre petit larbin , que sais tu faire à part trouver des compromis aussi futiles que fugaces ? Aille Kingsley mais lâche moi !»
« Monsieur Shacklebot, veuillez faire sortir Mademoiselle Tonks qui semble avoir besoin de sommeil évident... » s'exclama Fudge, gêné de voir son poulain attaqué .
Kingsley toujours en proie avec une Tonks déchaînée, l'empoigna de plus belle et claqua la porte derrière lui.

Arrivés dans le couloir, il la posa à terre .
« Pourquoi tu m'as pas laissée lui régler son compte ? » rugit-elle en se relevant.
« Parce qu'il n'en vaut pas la peine , et que tu n'as pas besoin de te mettre dans un tel état pour des gobelins.» rétorqua son collègue en portant son index aux lèvres et en baissant le ton. « Je t'ai dit de jouer sur la carte de la discrétion et de la prudence au ministère. Tu ne dois pas te montrer en quoi que ce soit subversive »
« Ce n'était pas du subversif , simplement du mépris .» dit elle en le regardant dans les yeux.
Il l'embrassa sur le front , et lui donna une tape amicale dans le dos.
« Vas te coucher, vas le retrouver. Tu as besoin de te reposer. »
Elle se frotta les yeux machinalement et bailla longuement.
« Non, je peux pas te laisser seul pour la réunion. »
« Ecouter Fudge se complaire dans sa stupidité tandis que Percy courbe le dos à chacun de ses mots, ce n'est pas si dur à surveiller. Allez, tire toi gamine. »
Dans un murmure, et le remercia et transplana directement .

Toutes les lumières étaient éteintes dans la maison. Elle contourna avec soin le tableau dans l'entrée et monta quatre par quatre les escaliers.

Dans le couloir de l'étage, elle s'arrêta face à 2 portes. Hésitante, elle fit un pas vers l'une pour mieux reculer et se dirigea vers l'autre. Droite ou gauche ?
« Droite allez hop. » pensa-t-elle en mettant sa main sur la poignée qu'elle retira aussitôt . « Non gauche...Droite. Non après il va penser que...Bon, Gauche, définitivement. ». elle ouvrit fébrilement la porte. Dans l'obscurité la plus totale, elle ôta ses chaussures , se coucha sans bruit et colla ses pieds aux siens. Il grogna dans un demi-sommeil.
« Ginny, je t'ai déjà dit que tu était trop vieille pour dormir avec moi. »
Tonks se pinça le nez pour ne pas rire.
« Dis-moi, tu as de drôles de rapports avec ta sœur ! »
Elle sentit un sursaut de la part de son compagnon puis instinctivement, deux bras l'entourèrent et la ramenèrent vers lui.
« Tu rentres tard . T'étais ou ? » dit il en l'embrassant dans la nuque.
« Avec ton frère. »
Bill se releva brusquement emportant avec lui les édredons.
« Pardon ? Mon frère ? »
« Oui, Percy ton frère , ainsi que Fudge et une douzaine de gens du ministère... ! » répondit elle amusée tandis qu'il se prenait les pieds dans sa couverture.
Il se recoucha à ses cotés et la reprit dans ses bras.
« De toute façon, tu as le droit de voir qui tu veux .»
« Merci grand prince. »

Elle se lova contre lui et suivait le rythme régulier de sa respiration. La fatigue retombait sur elle, elle pouvait enfin se détendre.
Tout doucement, il passa ses doigts dans ses cheveux et lui massa le crâne tandis qu'elle s'assoupissait paisible.
Elle tenta de se hisser du lit pour prendre un verre d'eau mais il la retint par la jambe et la ramena encore vers lui. Sous une montagne de draps et de traversins, elle essayait de s'extirper de son étreinte en l'assenant de coups de polochons.
Tous les deux tombèrent sur le parquet sale de la chambre et éclatèrent de rire à la vue de l'état désastreux du lit. Une vieille dame dans un tableau sur le mur se cacha derrière son cadre, des plumes d'oies volaient à travers la pièce.
Il se coucha sur elle pour l'empêcher de bouger et lui posa timidement un baiser sur la joue, en enlevant une plume sur son nez.
« Pour vivre heureux, vivons couchés » susurra-t-il en continuant de l'embrasser.
« C'est pas cachés ? »
« Ca marche aussi...Chuuttt » dit il en remontant l'étoffe sur eux.

Au même instant, il sortit la tête du drap et la regarda, offusqué.
« Tonks ? »
« Hmmm ? » soupira-t-elle en s'étirant avec béatitude.
« Pourquoi tu as une étoile de mer dans les cheveux ? »