Chapitre 14 : Avenir

Accroupie sur une chaise, Lily attendait James dans la salle d'attente de Sainte-Mangouste. Les infirmières l'avaient invitée à se reposer et à passer la nuit à l'hôpital mais elle avait refusé. Elle savait qu'elle serait incapable de dormir tant qu'elle n'aurait pas retrouvé James.

La situation au manoir de Stan était dangereuse. Elle ignorait le nombre de Mangemorts qui s'y étaient présentés et espérait que les aurors étaient en supériorité numérique. Elle ne voulait qu'une chose : avoir confirmation que James, mais aussi Sirius, étaient en sécurité.

Les minutes passaient très lentement, et dès que quelqu'un apparaissait, elle était sur le qui-vive. Elle évaluait chaque arrivée en se demandant si le nouvel admis pouvait venir du manoir. Elle était à l'affut du moindre signe pouvant lui donner une idée de la tournure des évènements, mais personne ne correspondant au profil n'était encore apparu.

Après plus de trois heures d'attente, alors qu'elle se faisait à l'idée que sa nuit serait très longue, celui qu'elle attendait arriva enfin. James se trouvait devant la réception, à l'endroit où il l'avait laissé quelques heures plus tôt, comme s'il n'était jamais parti.

Elle se leva d'un bond et courut pour le rejoindre, surprenant au passage les autres personnes dans la salle d'attente. Elle allait lui sauter dans les bras mais se retint au dernier moment, s'arrêtant à quelques centimètres de lui, de peur qu'il ne soit blessé sous sa cape. Il lui sourit et passa sa main dans ses cheveux avec aise. La fluidité de ses gestes la rassura : il semblait être en bonne santé.

_ Il est 19h passées, lança-t-elle sur un ton de reproche, ses yeux trahissant son soulagement.

James sourit, ce qui adoucit les traits de son visage fatigué. Il l'enlaça et elle sentit son cœur qui battait la chamade. Ils avaient réussi. Ils pouvaient être ensemble. Elle ressentit une vague de bonheur pur et, blottie dans ses bras, elle savait qu'il éprouvait la même chose. C'est dans cette bulle qu'il les fit transplaner à son appartement.

Remus était assis sur le canapé du salon. Sirius, épuisé, était affalé sur lui et s'agitait pour se faire gratouiller le dos.

_ Et l'équipe ? Demanda Remus en s'exécutant.

_ Tout le monde va bien, répondit Sirius en se calmant, profitant du moment.

_ Stan ?

_ Mort.

Remus marqua un temps de pause, en continuant les caresses qui plaisaient au côté chien de son ami. Après la trahison de Peter, l'enlèvement de Lily et l'implication de James et Sirius dans son sauvetage, il avait passé une des soirées les plus stressantes de sa vie. Heureusement, il n'avait appris l'affrontement au manoir qu'au retour de Sirius. Il n'osait imaginer le stress qu'il aurait ressenti s'il avait eu connaissance de cette information au préalable.

_ Les autres Mangemorts ?

_ Au ministère.

La tête sur les genoux de Remus, Sirius souffla profondément.

_ Enfin, ceux qui ne se sont pas enfuis comme des lâches, ajouta-t-il en se renfrognant.

Remus lui chatouilla le derrière de l'oreille pour le distraire, ce qui eut l'effet escompté. Sirius se mit à rire et se retourna, le regardant droit dans les yeux avec un air espiègle. Il y eut quelques secondes de battement et le loup-garou se demanda si quelque chose allait encore se produire entre eux. Sirius se redressa en souriant, mais alors que son visage était prêt du sien, ils furent interrompus par la porte d'entrée qui s'ouvrit en grand : James et Lily venaient d'arriver, et eux étaient bel et bien en train de s'embrasser.

_ Prenez une chambre ! Lança Sirius lorsque le moment de surprise fut passé.

Il ne reçut aucune réponse, mais James guida Lily jusqu'aux escaliers et ils disparurent à l'étage avec fracas, se séparant à peine.

_ Corndrue est amoureux, lança Remus.

Sirius se rassit, un peu bougon.

_ Jaloux ?

_ Nan. Mais les choses vont changer.

_ C'est mal ?

Sirius réfléchit un instant puis se détendit.

_ Je n'adresserai plus la parole à Peter. Corndrue va passer son temps à s'accoupler avec sa bichette. Il me reste plus que toi…

Remus souleva un sourcil et regarda Sirius qui était joueur.

_ Je suis juste le seul de tes amis qui peut encore te supporter. Ma patience est légendaire.

_ Ta patience oui…

Il se rapprocha lentement, attrapa le coup de Remus, et allait l'embrasser lorsqu'ils furent encore interrompus, cette fois-ci par le bruit sourd d'un objet qui tombe, provenant de la chambre de James au-dessus d'eux.

Sirius soupira lourdement puis lança :

_ J'espère qu'ils se protègent. Avec tout le mal qu'ils nous donnent, et leurs caractères de merde, manquerait plus qu'ils se reproduisent.

Remus hocha la tête en signe d'assentiment.

_ J'ose même pas imaginer ce que ça donnerait, ajouta le loup-garou.

_ Un gamin colérique, avec une gueule d'épouvantail, se prenant pour le nombril du monde et en plus myope comme une taupe, énuméra Sirius.

_ T'imagines la crise d'adolescence ? Continua Remus. J'en ai froid dans le dos.

Les deux amis se regardèrent un instant, imaginant cette vision du futur.

_ Ce sera toi le parrain ! S'exclama Remus.

_ Non toi ! Répondit Sirius.

_ Trop tard, je l'ai dit en premier.

_ Et merde…

Vers midi le lendemain, James sortit pour la première fois de sa chambre et se rendit à la cuisine pour aller chercher du ravitaillement. Il y trouva Sirius qui mangeait des céréales en lisant le journal.

_ Ca y est vous êtes décollés ? Demanda-t-il la bouche pleine.

_ Elle prend sa douche, répondit James en ignorant la pique de son meilleur ami et en faisant un sandwich.

_ Et t'es pas en train de la mater ?

James fixa Sirius l'air de dire que la blague n'était pas drôle, mais il ne put cacher le petit éclair d'excitation que cette suggestion avait engendré. S'il se dépêchait, il aurait sûrement le temps de la rejoindre. Il était sur le point de remonter avec son sandwich quand Peter descendit des escaliers avec une valise, suivi par Remus.

_ Bonjour, lança Peter.

Il ne reçut pas de réponse.

_ Je suis désolé, dit-il en regardant James. J'ai fait une erreur, sans réfléchir aux conséquences. Je ne pensais pas à mal.

Sirius refusait de reconnaître sa présence, mais James l'écoutait.

_ Je vais retourner chez ma mère quelques temps, continua Peter. Je pense que c'est mieux pour vous, et Lily se sentira plus en sécurité.

_ Pff, souffla ostensiblement Sirius.

_ J'ai eu peur pour mon avenir Sirius. Tu peux comprendre ça ? J'étais perdu, et ce gamin qui a des ficelles partout me demande un service. J'ai vraiment cru qu'il s'agissait d'un portoloin pour qu'elle recommence sa vie ailleurs. Et James ne voulait plus entendre parler d'elle !

Il attendit un instant une réponse de la part de Sirius qui ne vint pas. James le regardait, et avait l'air de réfléchir. Peter savait qu'il leur faudrait plus de recul et il se dirigea vers la porte d'entrée.

_ J'espère que ce n'est qu'un au revoir. Vous êtes mes meilleurs amis. J'espère que vous pourrez me pardonner.

Remus l'enlaça. James lui fit un signe de tête pour lui dire au revoir en se pinçant la lèvre. Sirius fit mine de l'ignorer. Il sortit de l'appartement et referma la porte sur une étape de leur vie.

Lily se prélassait nue dans le lit de James, tout juste séchée après sa douche, quand il la rejoignit. Il s'allongea à côté d'elle et lui tendit un sandwich. Elle se redressa sur l'oreiller et mordit dedans à pleines dents.

_ Qu'est-ce que tu veux faire ? Lui demanda-t-il.

Elle prit une autre bouchée du sandwich avant de le lui rendre.

_ Je veux rester des jours dans cette chambre avec toi. A faire l'amour, traîner, et manger des cochonneries.

_ Ya moyen de s'arranger, dit-il en souriant et en parcourant son corps des yeux. Et après ?

Il mordit le sandwich à son tour, surtout pour se donner de la contenance en attendant sa réponse. Peter l'avait remué en parlant d'avenir. Il voulait voir si Lily et lui étaient sur la même longueur d'onde.

_ Je ne sais pas, répondit-elle, hésitante.

Elle ne pensait pas que cette conversation surviendrait aussi vite et n'était pas préparée. Elle ne voulait pas faire un erreur, et dire quelque chose qu'il ne voudrait pas entendre. Mais pour que cette deuxième chance à leur relation reparte sur les meilleures bases possibles, elle opta pour l'honnêteté :

_ J'ai pris pas mal de mauvaises décisions. Et je viens de tuer quelqu'un. J'ai envie d'une pause. Peut-être trouvé un petit boulot qui me laisserait du temps libre pour explorer de nouvelles choses, pour me retrouver. Je ne veux pas m'engager dans quoi que ce soit tout de suite.

Elle passa sous les draps pour se réchauffer.

_ Même avec moi ?

Elle le fixa dans les yeux, surprise qu'il puisse poser une telle question.

_ Sauf avec toi.

Il se glissa sous les draps avec elle, le sandwich mit de côté.

_ Juste les études, clarifia-t-elle, et le reste des gens.

_ Je dois repasser mon stage.

Lily se sentit mal à l'aise : c'était en grande partie de sa faute s'il s'était fait renvoyé.

_ Mon parrain vit aux Bermudes. Il gère une branche du ministère lié au trafic d'artéfacts sorciers.

_ Aux Bermudes ?

_ C'est une plateforme là-bas, il y a des sorciers du monde entier. La législation magique y est plus souple.

Lily hocha la tête, gardant pour plus tard les questions qui lui venaient en tête : le triangle des Bermudes et ses disparitions moldues en tout genre attendraient.

_ Il peut me prendre là-bas. C'est pas des plus passionnants, mais je pourrais reprendre mes études d'auror l'année prochaine si je valide ce stage. Ca nous permettrait aussi de nous faire un peu oublier. Le temps que l'on rentre, les choses se seront tassées.

_ On ?

Lily avait cessé de gigoter et le fixait intensément.

_ Tu aurais ta pause. Et on serait aussi un peu en vacances. Viens avec moi, si tu veux.

Elle sourit, se blottit contre lui et l'embrassa.

_ Promis, je ne te ferai pas virer de ce stage, dit-elle en s'installant sur lui à califourchon.

_ Ca devrait aller cette fois-ci, dit-il en souriant et en lui caressant les hanches.

_ Tant que tu n'as pas de cours à donner, je ne m'inquiète pas pour toi.

Il rit à gorge déployée.

_ J'étais excellent.

Elle se pencha et l'embrassa doucement.

_ C'est Dumbledore qui m'a demandé de te séduire. Il cherchait une raison pour te virer, tu étais trop mauvais.

Il marqua un silence et souleva un sourcil, arrêtant de la caresser.

_ Trop tôt ? Demanda-t-elle en essayant de contenir son rire.

Il la fit rouler sous lui et la pinça, tandis qu'elle riait. Il sourit également et l'embrassa.