Attention, attention !

C'est avec un grand roulement de tambour, chers lecteurs, que je vous annonce la grande nouvelle : Voici le dernier chapitre de Draco Sinister !

Applaudissez bien fort !

Sachez donc qu'il y a y une suite en anglais, au cas où on ne l'aurait pas assez répété : Draco Veritas, qui est deux dois plus longue que Draco Dormiens et Draco Sinister réunis…

Sera t-elle traduite ? Pas par moi en tout cas, mais kya-the-viper se lancera peut-être dans l'aventure… Le maximum de traducteur est requis pour un projet d'une telle envergure, donc n'hésitez pas à vous proposer !

Sachez aussi que Cassandra Claire est désormais un véritable auteur ! Voici son message lorsque je lui ai annoncé la fin de la traduction :

Thank you for your work, Amelie. I hope you will tell people who ask

about my original books that they will come out in France, in French,

from Univers Poche! So they should look for them.

a bientot,

cassie

Sa série de fantasy sortira donc chez Univers Poche en français! Le premier à pour titre City of Bones… Ca promet !

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Chapitre 15: Mattress of Wire

(le matelas aux fils métalliques)

So say goodbye to all those ne'er do wells

Smile in religion and then smile farewell

Your magic doesn't need the failing spells

Of those that never understand

And manners, they will find no place

With those that have no saving grace

With you I see the irony

Of anyone who has no faith.

Aztec Camera, "Mattress of Wire"

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La soirée précédant l'anniversaire de Harry Potter, à peine deux semaines après la dernière apparition de Salazar Serpentard, Drago quitta le manoir où Harry, Hermione, Sirius et Narcissa jouaient une partie de bataille explosive près de l'âtre. Il alla s'asseoir sur la colline surplombant la maison, là où étaient enterrés les restes de son père. La nuit était claire, comme si quelqu'un avait étendu une feuille de verre sur le ciel, à travers laquelle les étoiles brillaient de leur lumière de pierres précieuses. Il avait plu, ce jour là et, tout autour de lui, la pelouse était humide. Chaque branche brillait comme une griffe plantée dans le sol. A coté de lui était érigé le mausolée à la mémoire de son père. Il était décoré d'onyx noir et l'absence de reflet semblait aspirer les ténèbres de la nuit.

Il ne savait pas ce qu'il avait voulu accomplir en restant assis là toute la nuit ; s'il lui disait au revoir, ou s'il avait espéré communiquer avec le fantôme de son père, et ce qu'il aurait dit à ce fantôme s'il était apparu. Personne n'avait essayé de l'empêcher d'y aller ; ils étaient tous tellement prudents avec lui ces derniers jours, comme s'il était quelque chose de terriblement fragile qui allait se briser. Non pas que tous ceux qui résidaient pour le moment au manoir – lui-même, Harry, Hermione, Ginny, Ron, Sirius, Lupin et sa propre mère – n'aient pas vécu le même cauchemar, mais il en avait été le point focal. Les ténèbres les avaient tous touchés, mais seul Drago avait failli être avalé, s'y était aventuré, avait été ces ténèbres. La marque des ténèbres avait disparu de son bras, mais les souvenirs de tout ce qui s'était passé lui brûlait encore l'intérieur des paupières. Il y avait tellement de choses à analyser, à comprendre, à pardonner et puis, il fallait essayer d'oublier. Il était épuisé sans que le repos lui apporte aucune satisfaction. Il errait dans les couloirs sombres du manoir la nuit, surpris par son propre reflet dans les miroirs, à la recherche de réponses et n'en trouvait aucune.

L'anniversaire de Harry aurait lieu demain, et une fête l'accompagnerait.

Il ne voulait pas y aller. Sirius voulait faire un anniversaire commun, mais Drago avait refusé. Il ne voulait pas de fête. Il y avait donc eu un dîner tranquille pour lui la semaine précédente, où il avait reçu les présents dont il ne voulait pas non plus. De nouvelles robes par sa mère, un Filoparch (?) de cuir noir par Hermione, et Ginny lui avait offert un livre. Charlie Weasley lui avait envoyé les figurines de verre d'un dragon crachant des flammes à chaque heure nouvelle. Et Sirius lui avait offert une épée pour remplacer celle que les Démons avaient reprise. Ce n'était pas une lame vivante, bien sûr, mais de fait, aucune ne l'était réellement. Harry lui avait offert un fourreau pour aller avec. Cet étui était enchanté d'un sortilège de protection qui empêchait le porteur de saigner s'il était blessé. Il supposait que Harry avait vu assez de sang couler, le sien et celui des autres, pour toute une vie.

Drago se mit sur pieds et regarda vers le manoir, gris dans la lumière faible. Familier. La gigantesque terrasse suivant tout le long de la maison carrée au toit mansardé. A chaque coin se trouvait une tourelle avec de petites fenêtres. Les ombres se mouvaient derrière elles. Il pensa que les autres, assis devant le feu, étaient en paix. Le feu des cheveux de Ginny, les rires d'Hermione, et Harry discret comme toujours.

Il suffit.

Drago nettoya l'herbe humide accrochée aux genoux de son pantalon, et descendit vers le mausolée. Sur une face de ce bloc étaient gravées en lettres argentées et ciselées : Lucius Malefoy 1958-1997. Arte Perire Sua.

"Salut Père !" dit Drago doucement, posant le plat de la main sur la pierre glacée. Il resta ainsi un moment à écouter le son de sa propre voix et à trembler dans le silence, ressentant les battements de son propre cœur. "Cela fait longtemps que nous ne nous sommes pas parlés. Du moins, c'est l'impression que j'ai..."

Le silence et la nuit glacée lui répondirent. Il se tourna lentement jusqu'à ce que son dos touche le mur de marbre. Il fixait le vide des ténèbres, ponctuellement perturbé par les lumières scintillantes du manoir au loin.

"J'ai beaucoup pensé à toi dernièrement, Père. Tu dois être surpris de l'entendre, mais c'est vrai. Peut-être pas consciemment, mais tu es toujours quelque part dans mes pensées. Je pense qu'il voulait être une sorte de père pour moi. Serpentard. Seulement, il n'était pas meilleur que toi. Il voulait la même chose que toi : un outil, quelque chose à utiliser pour magnifier sa propre puissance. Vous avez joué aux dieux, me faisant à l'image que souhaitait le seigneur ténébreux. Tu n'as jamais réellement voulu de fils. Et puis, tu n'es pas dieu, Père." Il entendit sa propre voix, glaciale et acérée, tranchant l'air chaud de l'été. "Et je ne suis pas faible. Tu m'as dit que je me briserai comme une horloge dont on essaie de faire remonter le temps. Mais je ne me suis pas brisé." Il ferma les yeux et laissa les images déferler comme les cartes d'un jeu abattues d'un seul coup : il se vit devant la cellule de son père à l'asile, coincé contre le mur, il vit le sommet de la tour de Serpentard envahie par les flammes, il vit Harry allongé comme mort alors que le sang coulait sous lui, il vit les démons noirs qui s'élevaient de l'Enfer pour réclamer leur dû. De l'Enfer. L'Enfer, où tu te trouves, Père. L'Enfer, où vous m'enverrez.

Il entendit la voix de Lucius. Tu n'es après tout, que la créature que j'ai fabriquée.

Les mots semblaient venir de l'intérieur de son crâne. Il les entendit pourtant. Et puis vint ce qu'il attendait, l'espérant à moitié, le craignant aussi : la peine. Comme des vagues noires déferlantes. Elle le submergea : il ne sentait plus le mur contre lui, jusqu'à ce qu'il tombe à nouveau sur celui-ci, et seulement devina-t-il la forme de gros chien noir sur la colline, le regard de ses merveilleux yeux aussi pâles que des joyaux dans l'obscurité.

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Sirius vit Drago tomber contre le mur de la crypte, et hésita. Les mains de Drago couvraient son visage, ses épaules étaient tendues et tremblaient. Sans en connaître exactement la cause, la raison, Sirius reconnut cette sorte d'affliction, ces aspirations entrecoupées qui semblaient pousser le garçon un peu plus vers le sol, comme frappé d'un énorme poing. Et finalement, il s'assit à terre, dans une étreinte avec lui même, cachant sa tête dans ses mains. Sirius avait lui même pleurniché ainsi quand il était prisonnier d'Azkaban, sèchement, de peine et de rage.

Cela suffisait. Il reprit forme humaine et s'avança. Il n'avait jamais fait quelque chose comme cela avant, pas même pour Harry, bien qu'il l'aurait fait si on lui en avait laissé l'occasion. Il s'approcha de Drago, s'agenouilla à coté de lui, l'installa mieux contre le mur, puis le prit dans ses bras comme s'il était un garçon de six ans et non un jeune homme de dix-sept.

Drago ne se défendit pas. Il attrapa juste Sirius et le serra très fort, et Sirius réalisa à sa grande surprise que Drago n'était en fait pas en train de pleurer. Quelque chose d'autre était en train de lui arriver ; quelque chose de plus complexe et déchirant que les larmes. Son corps oscillait, les aspirations qu'il parvenait à arracher le déchiraient, mais aucune larme ne venait. Mais c'était impossible… Tout le monde pleure. Il tint Drago alors que le garçon était pris de spasmes, lui frottant le dos un peu maladroitement, mais pourtant le rassurant, comme il aurait tenu et réconforté un animal blessé. "Pleure," lui conseilla-t-il. "Pleure si tu en as besoin, si tu le peux." Mais Drago s'écarta de lui et s'assit à nouveau contre le marbre sombre et glacial du mausolée, secouant sa tête blonde. Son visage était blanc et vide de larmes.

"Non, je ne peux pas."

"Il n'y a rien de mal à pleurer," expliqua gentiment Sirius. "Avec tout ce qui t'es arrivé, tu as toutes les raisons du monde pour le faire."

"Non," répéta Drago, cette fois avec plus de force. "Je ne peux pas !"Il tourna la tête à nouveau vers le mausolée, et le silence retomba. Sirius s'assit silencieusement, avec lui, jusqu'à ce que le soleil se lève et que la lumière illumine le manoir. Et ce fut l'anniversaire de Harry.

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"Où sont Drago et Harry ?" demanda Sirius, alors que le sixième passage des chouettes postales du jour se posait sur le bureau de la bibliothèque, déposant une bonne partie du courrier libellés H Potter et D Malefoy sur le bois rose poli. "Ça devient ridicule… des cadeaux… Des lettres de fans… encore plus de pantalons de cuir…"

"Ils sont en haut," répondit Ginny, qui était assise dans l'alcôve de la fenêtre avec Hermione. Des robes de soirée pour toutes les deux avaient été livrées par l'arrivage de chouettes précédent, et elles étaient en grande conversation sur ce qu'elles allaient porter ce soir. "Il sont en train de devenir tout suintants."

"Ils font de l'escrime,"la corrigea Hermione, en la regardant d'un air fâché.

"Je m'en tiendrai à mon vocabulaire," rétorqua Ginny dédaigneuse, tapotant du bout de sa baguette le taffetas brillant d'une robe et la changeant de bleu-vert à écarlate. "Là, elle est vraiment mieux."

Hermione émit un bruit approbateur. "Une bonne couleur pour toi, Ginny."

Les portes s'ouvrirent avec fracas et Drago entra, suivi de Harry. Les deux garçons avaient les joues rouges et étaient couverts de sueur, tous les deux affichant leur fameux sourire en coin. Harry avait les bras croisés sur son torse et argumentait quelques uns des point les plus classes (?) de l'étiquette de l'escrimeur avec Drago, dont les cheveux argentés, remarqua Ginny, étaient décoiffés d'une façon charmante tout autour de sa tête. Drago lui disait qu'il devait se considérer comme béni des dieux, d'avoir enfin maîtrisé la connaissance du côté par lequel il fallait tenir l'épée pour frapper l'ennemi.

"Ennemi ?" répéta Harry, souriant de façon carnassière à Drago.

La bouche de Drago se déforma en une grimace. Il baissa les yeux sur lui-même (il portait un jeans plus qu'usé et un T-shirt qui collait à ses épaules à cause de la sueur) et puis il regarda à nouveau Harry. "Opposant," se corrigea-t-il lui même.

"Connard," jeta Harry, déterminé à avoir le dernier mot, en lançant un clin d'œil à Sirius. Il alla s'asseoir à coté de Ron et Hermione, qui fit rapidement rétrécir la robe sur ses genoux à la taille d'une main avec un sort de Reductus, pour la cacher derrière elle. Elle sourit à Harry, qui se baissa et l'embrassa.

"Ne crois pas que je n'ai pas la réplique parfaite à ça Potter," déclara Drago avec hauteur, se posant au coin du bureau et tapant avec curiosité dans la pile de paquets. "Oh, oui je l'ai. Et ce jour viendra. Mais je vais te laisser t'en sortir aujourd'hui du fait que c'est ton anniversaire."

"Ecoutez ça !" suggéra Ron, roulant sur le dos et tenant la gazette des sorciers au dessus de sa tête. "´Joyeux Anniversaire Harry : suscitant l'intérêt du monde magique, l'affaire longtemps cachée de la disparition du Garçon-Qui-A-Survécu, qui sera ce soir au cœur d'un événement beaucoup plus heureux : la fête de son dix-septième anniversaire, tenue ce soir au Manoir Malefoy, l'ancienne demeure ancestrale du puissant Clan des Malefoy, à présent demeure de Sirius Black… Ok c'est un peu barbant sur ce passage alors je passe … Une liste énorme d'invités, incluant Arthur Weasley et le Directeur de Poudlard, Albus Dumbledore, miraculeusement guéri de son état de Stase induite par magie… "Un miracle de la médecine Sorcière," déclare le Dr. Simon Branford…"

"Ce N'était PAS un miracle," rétorqua Ginny irritée. "C'est parce que Drago a tué Salazar Serpentard, donc sa malédiction a été levée."

"Branford est un peu prétentieux," releva Sirius d'un air absent. Il était occupé à ouvrir les diverses boites couvrant son bureau à l'aide de sa baguette magique. Drago, appuyé contre le bureau le regardait faire avec peu d'intérêt, ses yeux n'étant plus que des fentes.

"Mais tu l'as de toute façon invité à la soirée," fit remarquer Narcissa. "Y'a-t-il une seule personne que tu n'as pas invitée, Sirius ?"

Sirius haussa les épaules. "Je voulais faire une très belle fête pour l'anniversaire de Harry," dit-il, clignant de l'œil en direction de son filleul. "Pour me rattraper de tous ces anniversaires manqués."

"Je préfère avoir un gros cadeau qu'une grosse fête," sourit Harry, se glissant près de Ron pour s'asseoir par terre, son dos appuyé sur les jambes d'Hermione.

"La taille n'a pas d'importance, Harry," déclara Ginny, avec un sourire malicieux.

"Oooh, un trait d'esprit de mademoiselle Weasley," s'exclama Drago, un sourire étirant ses lèvres. "Et moi qui étais inquiet que tu sois déprimée depuis que nous avons renvoyé ton petit ami à l'âge de pierre."

"Il n'était pas mon petit ami, et c'était à l'Age des Ténèbres," répondit Ginny, tout en semblant être distraite par quelque chose qui bougeait au bord du bureau de Sirius. "Qu'est-ce que c'est que ça, Sirius ?"

Sirius regarda dans la direction indiquée. "Oh, des prototypes pour des figurines articulées."

"Des QUOI ?" demanda Ron.

Harry avait l'air pris en flagrant délit, Drago fier et moqueur.

Sirius haussa les épaules. "Les mêmes personnes qui fabriquent les cartes pour les Chocogrenouilles voulaient savoir si elle pouvaient produire des figurines articulées de Harry et Drago… A titre promotionnel. Alors, ils ont envoyé des prototypes pour l'approbation."

"Et vous les avez approuvés ?" les interrogea Ginny, fascinée. Elle s'était mise sur pied juste au moment où la figurine de Drago avait frappé celle de Harry d'un coup violent dans le dos, l'envoyant valser hors du bureau. La figurine de Drago se replia sur elle même puis fit une danse de la victoire malveillante. Ginny se baissa pour ramasser le petit Harry (qui lui ressemblait exactement, dans sa robe écarlate de Quidditch) et le remit sur pieds. "Pauvre Harry !"

"Non, elles n'ont pas notre approbation," déclara Sirius. "Les cartes de Chocogrenouille sont suffisantes. Drago et Harry n'ont pas besoin d'avoir leur visages placardés sur toutes les affiches du monde des sorciers, d'ici à Loutry St Chaspoule, vendant n'importe quoi, de la brosse à dent aux balais de compétitions. "

"De plus, je n'aimais pas la mienne," ajouta Drago, regardant de haut la figurine, qui semblait pourtant une réplique conforme de lui même, jusqu'au sourire en coin. "Elle ne me ressemble pas… Si vous voyez ce que je veux dire."

Harry leva les yeux vers lui. Manifestement il savait ce que voulait dire Drago. "Tu l'as déshabillée, pas vrai, Malefoy ?"

Maintenant, Drago avait légèrement rosi. "Et bien, je…"

Les sourcils de Harry se rejoignirent. "Tu n'as pas déshabillée ma figurine articulée ?"

"Vous avez vu l'heure ?" demanda Drago, et il se glissa vers la porte. "Je dois aller m'habiller."

Ginny et Hermione explosèrent de rire alors que Harry sautait sur ses pieds, se dressant au dessus de Ron, les mains sur les hanches, le foudroyant du regard. "Malefoy !" hurla-t-il alors que Drago disparaissait derrière la porte. "Reviens ici tout de suite !"

A ce moment, un POP sonore se fit entendre, et les épaules et la tête d'Arthur Weasley apparurent dans la cheminée. Drago réapparut. "Salut, Sirius !" lança joyeusement Arthur, bien que haletant.

"Vous êtes en avance," remarqua Sirius, regardant l'horloge sur la cheminée.

"´Lut, P'pa !" lança Ron, le saluant de la main sans se lever.

"Je ne reste pas," dit Arthur. "Je voulais juste vous prévenir que j'ai des nouvelles de Charlie au camp : il va finalement pouvoir se libérer. Je sais que c'est à la dernière minute…"

"C'est très bien," l'interrompit Sirius, sincèrement ravi. "Ce n'est pas un problème, Arthur. Je t'ai dit d'amener la famille entière."

Hermione dévisagea Drago. Son visage n'était pas aussi expressif que celui de Sirius, mais elle pouvait dire, à l'éclair qui avait traversé son regard, que lui aussi était très heureux de la venue de Charlie. Comme s'il avait senti son regard se poser sur lui, ses yeux glissèrent vers Hermione, et s'arrêtèrent sur les siens quelques instants. Elle y lut clairement le message et se leva à son tour.

"Je ferais mieux d'aller me préparer," dit-elle, touchant légèrement l'épaule de Harry.

Il leva les yeux vers elle. "Nous avons encore des heures devant nous."

Ron renifla. "Tu sais combien de temps ça lui a pris pour se préparer pour le bal de Noël !"

"Bon point !" acquiesça Harry.

"Peut-être que toi aussi, si tu passais autant de temps sur tes cheveux, Harry…" déclara Hermione tout en esquivant la petite attaque joueuse qu'il lançait vers sa cheville. Elle sentit à nouveau les yeux de Drago sur elle alors qu'elle quittait la pièce, et espéra que Harry ne remarquerait rien, et que Drago attendrait un temps suffisamment long avant de la suivre dehors.

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Elle venait juste d'étendre sa robe sur le lit lorsqu'elle l'entendit frapper à la porte.

Portant une longue robe de soie noire chinoise, Hermione traversa la chambre et ouvrit la porte. Pendant un instant, alors qu'elle dévisageait Drago dans le corridor, seulement éclairé par la lumière des torches derrière lui, entourant sa chevelure d'un halo argenté, elle ressentit près de son cœur une douleur aigre-douce, et avala péniblement sa salive. Il portait une robe noire et ses cheveux étaient humides, comme s'il sortait à peine de la douche. Il sentait faiblement le savon et le zeste de citron. "Drago. Qu'est-ce que c'est ?"

"Le dernier des ingrédients," déclara-t-il, et il tendit la main vers elle. Il tenait un panier d'un brun foncé bien emballé, et Hermione sourit en tendant la main pour l'accepter.

"Romarin, toile d'araignée, pensées séchés," énuméra-t-elle, ouvrant l'emballage du panier et regardant l'intérieur. "Tout est là. Enfin presque tout."

Drago s'appuya contre le cadre de la porte. Il semblait vouloir entrer dans la chambre, tout en semblant de manière égale vouloir quitter sa présence. "De quoi as-tu encore besoin ?"

"De toi !" répondit-elle sans réfléchir.

Il leva les yeux sur elle, et elle sentit le rouge lui monter aux joues face au tintement du presque rire qui illumina son visage avant de l'assombrir totalement. Il était parfois trop simple d'oublier, avec Drago, que derrière son expression calme se cachait cette férocité menaçante.

Il tendit les bras, croisa ses poignets, et lui fit un sourire vide. "Quoi que ce soit dont tu aies besoin…"

Elle ne lui prit pas la main. "Va t'asseoir sur le lit."

Il obéit et s'assit à l'endroit où il jurait le plus affreusement avec la couverture rose et couverte de fleurs. Hermione ramassa les restes des ingrédients de la Pensine de son bureau et alla s'asseoir à l'opposé du lit. Elle déposa le bol blanc entre eux, y laissa tomber les ingrédient que Drago lui avait amenés, les mélangea avec une potion de mémoire et quelques racines diverses. La préparation se mit à fumer, et de la vapeur s'éleva entre eux avant que le mélange ne prenne une teinte verdâtre.

Elle regarda, au dessus du bol, Drago, qui avait l'air légèrement anxieux, comme si on allait lui faire une prise de sang. "Maintenant, c'est à toi de jouer." dit-elle. "Normalement, nous avons besoin d'une baguette magique pour cette étape, mais je suppose que tu peux le faire sans. Concentre-toi sur les souvenirs que nous préserverons dans cette Pensine, puis retire-les de ton esprit et dépose-les dans ce bol."

"Merci," répondit-il, ses yeux argentés insondables. Elle sentit qu'il voulait être seul un moment. Elle se leva donc, prit sa robe, son étole et ses chaussures, et alla se changer dans la salle de bain voisine, fermant la porte avec précaution derrière elle.

La robe qu'elle avait choisi de porter était faite pour ressembler aussi précisément que sa mémoire le lui permettait à la robe que Narcissa lui avait prêtée au manoir, il y avait déjà tant de mois. C'était toujours le vêtement favori qu'elle ait possédé, même si ce fut brièvement. Seule la couleur était différente, un sombre brun cannelle à la place du lilas. La robe avait le même ajustement, les lacets dans le dos, la jupe longue et le décolleté large montrant beaucoup plus de ses épaules et sa poitrine que ce qu'elle montrait généralement. Avec elle, allaient une étole de soie et de hautes chaussures à talon lacées. Elle regarda son reflet dans le petit miroir, rassembla sa jupe dans une main, et retourna à la chambre.

Drago était toujours assis sur le lit, le regard fixé sur la Pensine, dans laquelle à présent flottaient des volutes de fumée argentées. Quand il la vit, ses yeux se dilatèrent puis s'assombrirent. "Alors, toute prête ?" Elle savait qu'il admirait son allure et, plus que ça, qu'il se souvenait de la robe originale qui avait servi de modèle à la présente. Bien sûr qu'il se souvenait. Drago remarquait ce genre de choses.

"Tu as fini ?" demanda-t elle, indiquant la Pensine du menton.

Drago acquiesça. "Moui. C'était facile."

Elle se dirigea vers le large miroir qui trônait au dessus de la table de maquillage. Elle regarda brièvement sa réflexion, puis prit le collier qu'elle avait décidé de porter ce soir (une topaze au bout d'une chaîne d'argent) et leva les bras pour l'attacher. Se sentant nerveuse, elle n'arrivait pas à faire fonctionner l'attache.

Drago se leva, déposant la Pensine sur le lit. "Veux-tu de l'aide ?"

"Oh. Oui si ça ne te dérange pas." Elle hésita un instant, puis tendit la main et déposa le collier dans la sienne. Il souleva la fine chaîne, se courbant sous le poids de la topaze fumée, et s'arrêta, ses mains effleurant la courbe où son épaule rejoignait son cou. Elle avait la chair de poule alors qu'il posait le regard sur elle, ses yeux devenus sombres et sérieux, et soudain elle se vit comme il la voyait : les courbes douces de cette peau pêche soulevant le corset de soie cannelle, les boucles sombres de ses cheveux arrangés avec tant d'attention, tombant comme les fleurs de jacinthe autour de son visage, ses larges yeux sombres, sa lèvre inférieure pleine, tremblante de nervosité. Le toucher de sa main sur sa peau était à la fois familier et inconnu ; il était tellement semblable à celui de Harry, bien qu'il ait l'air si différent. Si elle fermait les yeux, elle devait se sermonner pour se rappeler à qui appartenaient ces mains. Cheveux argentés, non pas noir, yeux gris et non verts. Elle se retourna dans le cercle de ses bras et entendit le clap de l'attache du collier. Il fit un pas en arrière et s'écarta d'elle.

Il respirait rapidement. "Fini," annonça-t-il avec légèreté.

"Drago…"

"Ne dis rien !" l'interrompit-il, puis il continua : "Tu es merveilleuse."

Elle savait qu'elle l'était, peut-être plus qu'elle ne pourrait jamais l'être. Elle parla sans même y penser : "Y a-t-il quelque chose entre toi et Ginny ?"

Les mots restèrent dans l'air quelques instants, et elle le vit vulnérable. Il avait repris un peu du poids qu'il avait perdu avec les événements des derniers mois, mais ses épaules étaient toujours pointues sous la fine épaisseur de sa chemise, les arêtes de son visage étaient bien dessinées. Il répondit, pesant chacun de ses mots avec précaution : "Pour qu'il y ait quelque chose entre Ginny et moi, il faudrait qu'il y ait quelque chose que je puisse lui offrir. Et je ne pense pas qu'il reste grand-chose de moi à donner à quelqu'un en cet instant."

"Drago. Tu es la personne la plus entière que je connaisse."

"Plus que Harry ?"

"Vous êtes pareil."

Il secoua la tête. "Je vais donc devoir attendre."

Elle se mordit les lèvres. "N'attends pas pour être heureux," conseilla-t-elle la voix tendue.

"Est-ce que c'est ce que tu veux pour moi ?" interrogea-t-il, et il mit dans cette question le tranchant du rasoir. "Etre heureux ?"

"Plus que tout !" affirma-t-elle, et il y avait beaucoup de vérité, avec un peu de mensonge.

Il resta ainsi un moment, tendu. Puis il se tourna et reprit la Pensine achevée qui reposait sur le lit. "Merci pour ça. Je n'aurais pas pu… Pas sans toi."

"Drago," commença-t-elle, sans vraiment savoir ce qu'elle allait dire, "si les choses étaient différentes…"

"Stop !" fit-il, et elle s'arrêta. Il la regarda un moment de plus, toujours tendu et immobile, comme s'il essayait de faire passer ses autres crises de froideur et distance pour de la rigolade. Finalement, il parla et elle ferma les yeux alors qu'il parlait, n'écoutant que la cadence de sa voix douce, et les mots qu'elle formait. "J'ai longtemps attendu pour t'entendre dire que s'il n'y avait pas Harry dans ta vie, tu serais avec moi. J'ai attendu, mais tu ne l'as jamais dit, et j'ai enfin réalisé que tu ne le seras jamais. Pas parce que tu ne veux pas de moi. Juste parce que cela n'a pas d'importance. Parce que tu ne peux pas imaginer une vie dont Harry serait absent."

Elle le dévisagea, profondément secouée. Sa voix lorsqu'elle parla n'était à peine plus qu'un souffle. "Tu peux aimer plus d'une personne à la fois, tu sais."

"Oh, oui, je sais !"

"Mais tu dois faire des choix."

Il se détourna d'elle. La lumière des flambeaux teintait ses cheveux d'une aura dorée. "Nous n'avons qu'une seule vie. Je m'en souviens."

Le cœur d'Hermione se serra. "Drago…"

"Je te verrai à la soirée," lança-t-il, se retirant vers la porte. Elle le suivit des yeux alors qu'il quittait la chambre, laissant la porte se refermer derrière lui. Puis Hermione resta debout et fixa l'endroit où il avait disparu un long moment.

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Sirius regardait autour de lui, émerveillé. Narcissa avait transformé le Manoir en une immense salle de bal, là où précédemment se tenait un vaste espace vide et caverneux, devenu le pays des merveilles. Sur la terrasse de l'ouest, le groupe de Sibby Malone et les Elfes Soûlards Electriques installaient leurs instruments. Les lourds rideaux de velours avaient été repliés le long des portes fenêtres qui éclairaient le mur de l'ouest ; par delà les fenêtres, on pouvait voir le jardin, descendant jusqu'au lac qui avait la couleur sombre de la malachite, et la distante frontière d'arbres. Au delà de la lisière, le soleil se couchait dans un lit de lumière topaze et rouge sang, éclairant la salle de bal d'une lumière rosée et éthérée.

Non pas que la pièce ait nécessité plus de lumière. Partout brillaient des lanternes multicolores. Leurs formes changeaient à mesure qu'elles se balançaient paresseusement au bout de leurs cordes ; une lampe pouvait être une abeille brillant un instant, puis une étoile filante l'autre. Les lanternes recouvraient le marbre pâle du sol de motifs d'un brillant doré dessinant les constellations familières. Narcissa avait même consulté un astrologue professionnel pour s'assurer que la configuration des étoiles serait la plus prometteuse d'amour, de chance et de bénéfice pour l'anniversaire du garçon. De longues tables de bois rose étaient alignées contre les murs, sur lesquelles s'entassaient bien haut les délices culinaires et un bar merveilleusement fourni, préparés par madame Rosmerta, qui avait sauté sur l'occasion de quitter Pré-Au-Lard. Dessus, s'alignait une quantité impressionnante de boissons multicolores qui fumaient et bullaient.

"C'est magnifique !" déclara Sirius, se tournant vers Narcissa, qui lui sourit. Elle avait l'air particulièrement adorable dans sa robe de soie lilas, avec son corset. "Tout comme toi."

Narcissa rayonnait. Comme son fils, elle souriait rarement, c'est pourquoi ses sourires avaient l'effet des plus spectaculaire de rayons lasers dans l'obscurité. "Tu n'es pas mal non plus." Elle tira du bout du doigt l'étiquette de l'ensemble noir si élégant de Sirius. "Kenneth Troll ?"

"Armani pour Sorciers. Narcissa… J'apprécie que tu fasses tout cela pour Harry. Surtout que Drago ne voulait lui-même pas de fête."

Son sourire devint légèrement triste. "Je suppose que c'est aussi pour lui d'une certaine manière, même si je ne l'admets pas. Peut-être suis-je en train de faire une erreur…"

"Non. Si cela rend Harry heureux, Drago saura apprécier. Même s'il préférerait être torturé par des lutins frappeurs morts que de l'admettre."

"Ouille, ne me parle pas de lutins. Mauvais présage !" Narcissa pinça légèrement Sirius sur l'épaule, puis se tourna vers Anton, le maître d'hôtel fantôme qui flottait non loin de là près du mur. Il portait un tablier fleuri transparent pour l'occasion.

"Le premier invité est arrivé Ma Dame." annonça-t-il.

Le premier invité se révéla être Charlie Weasley, toujours aussi beau et heureux d'avoir quitté ses vêtements de travail pour une fois. Il portait un élégant costume noir sur lequel ses cheveux rouge Weasley faisaient merveille. "Je suis en avance, je sais," dit-il avec entrain, tirant de ses poches une petite bouteille dorée qu'il tendit à Sirius. "Tiens, j'ai amené quelque chose."

"Une bouteille de vin ?" demanda Narcissa, les sourcils froncés.

"Du vin de Géant," précisa Sirius, lisant l'étiquette. "Du bon : un demi verre vous assomme, un verre entier et vous ne retrouvez la vue que dans trois mois. Un peu fort pour le jeune Harry, tu ne crois pas ? "

Charlie secoua la tête. "C'est pour toi, Sirius. J'ai quelque chose d'autre pour Harry."

Charlie semblait tout à coup solennel, ce qui piqua la curiosité de Sirius. "Qu'est-ce que tu lui as trouvé ?"

Mais Charlie refusa d'aborder le sujet et Sirius cessa rapidement de lui mettre la pression car les invités commençaient à arriver et l'antichambre se remplissait d'amis, de famille et même de Rogue, tous présents pour célébrer l'anniversaire de Harry.

oOoOoOoOoOoOo

"Oh Drago, allez…" susurra Ginny d'une voix caressante. Elle sourit discrètement à Harry, assis à côté d'elle sur le lit dans la chambre de Drago. Harry était déjà habillé pour la fête, avec un pantalon noir et une chemise émeraude Calvin Klein Wizardwear. Il sentait agréablement bon et, comme à leur habitude, ses cheveux partaient en tout sens sur sa tête. Elle savait qu'Hermione finissait de se préparer dans l'autre chambre (elle était aussi attentive et méthodique vis-à-vis de son apparence que de n'importe quelle potion) et elle n'avait elle-même pas commencé à s'habiller, processus dont elle savait qu'il ne prendrait pas moins de plusieurs heures. Quand elle entrerait dans la salle de bal du Manoir, elle voulait faire sensation. Elle voulait tous les yeux fixés sur elle ; et une paire d'yeux gris en particulier. "Drago ! On ne rira pas, promis."

"Je ne porterai PAS ça, point final !" déclara fermement Drago. Il se tenait derrière le rideau chinois qui séparait sa cabine d'essayage du reste de la chambre et tout ce qu'ils pouvaient voir de lui étaient ses pieds, serrés dans des bottes noires. "Ma mère doit être folle."

"Un trait de famille, je dirais," releva aimablement Harry.

Drago écarta le rideau et regarda Harry. "Potter…"

Harry éclata de rire, et Ginny dut mettre sa main devant sa bouche pour ne pas le suivre. Drago rougit, puis se regarda. L'ensemble que sa mère lui avait choisi était indescriptible, bien que 'blanc' et 'à volants' et même 'brillant' étaient certainement les mots qui traversèrent l'esprit de Ginny quand elle le regarda. D'ailleurs… était-ce un col de paysan ? Sûrement que non… et… étaient-ce des faux diamants ?

"C'est un cauchemar," gémit Drago. Il semblait horriblement affligé.

Harry s'étouffa de rire. "On dirait un pingouin albinos."

"Je dirais qu'il est plutôt sexy," dit sincèrement Ginny.

"Bien sûr, il peut avoir l'air sexy," abonda généreusement Harry. "Pour un autre pingouin albinos. Si c'était un pingouin albinos aveugle et qui n'avait plus beaucoup d'années devant lui."

"C'en est assez, Potter !" rugit Drago, et il retourna derrière le rideau. Il y eut un bref éclair d'étincelles colorées et, pendant un moment, Ginny craignit que ce soit dû à du feu, ce qui la fit presque succomber à un nouvel éclat de rire. Harry roula des yeux. "J'en ai appris assez sur la mode, je vais aller retrouver Ron," annonça-t-il, et il fit comme s'il allait se lever, mais Ginny l'attrapa et le ramena sur le lit par la manche. Pour certaines raisons qu'elle ne parvenait pas à identifier, la pensée de rester seule avec Drago la rendait nerveuse. "Attends !" demanda-t-elle et Harry se rassit sur le lit en s'ébouriffant les cheveux.

Quand Drago sortit à nouveau, Ginny perdit toute envie de rire. Il portait un pantalon anthracite qui semblait fait pour lui et une douce chemise blanche qui accentuait les reflets gris de ses yeux. Ses chaussures étaient d'un cuir brun foncé, le genre de chaussures dont un lacet coûte cent Gallions. Il semblait un peu plus vieux, beaucoup plus élégant et très, très riche. Il était un peu intimidant.

Il regarda Ginny et sourit. Ses cheveux étaient devenus assez longs pour boucler au niveau de son col et sur sa peau bronzée, la faible cicatrice à sa pommette brillait du même blanc argenté que ses cheveux. Elle se souvint l'avoir caressé du pouce alors qu'ils s'embrassaient dans la chambre du château de Serpentard. Soudain, elle souhaita que Harry s'en aille, finalement.

Drago haussa un sourcil, et d'après le ton de sa voix elle devina qu'il répétait la question : "Je disais, est-ce mieux ?"

Ginny acquiesça, incapable de parler.

"D'une certaine façon, moins dégoûtant," répondit Harry, ce qui, dans un dialogue Harry-Drago, était un compliment.

"Je devrais aller m'habiller," remarqua Ginny, effrayée d'avoir commencé à rougir. Elle sauta du lit et alla vers la porte, mais celle-ci s'ouvrit avant qu'elle ait pu l'atteindre. Hermione se tenait là, radieuse dans une robe de satin d'un brun foncé, les cheveux lâchés et encadrant son visage d'une cascade de boucles. Hermione faisait si rarement attention à son apparence que Ginny oubliait souvent à quel point elle était belle quand elle le faisait. Les yeux d'Hermione allèrent immédiatement sur Harry, qui s'était levé du lit et la regardait, un peu surpris. "Tu es très belle !" la complimenta-t-il.

Hermione ne dit rien et se contenta de rougir. Harry s'avança et l'embrassa gentiment sur la joue en écartant une mèche de cheveux. Ginny sentit un pincement d'envie la traverser quand elle vit l'expression de son visage ; pas tellement parce que c'était Harry en particulier, mais elle souhaitait que quelqu'un, qu'un garçon, la regarde un jour comme ça, avec cette expression dans les yeux.

Elle jeta un coup d'œil à Drago, qui semblait s'ennuyer, les mains dans les poches. Elle se demanda s'il pouvait même regarder quelqu'un comme ça, avec son cœur dans les yeux. Des yeux gris étaient tellement plus froids que des yeux verts.

"Peut-être n'ai-je pas précisé que c'était ma chambre…" remarqua-t-il en regardant Harry et Hermione d'un œil glacial. "Si certains comptent se bécoter, soit je devrai être de la partie, soit ils devront continuer ailleurs. Et comme que je ne suis pas si intéressé que ça par une partie à trois…"

Hermione rougit. "Je venais juste dire que les gens commençaient à arriver," dit-elle d'une manière guindée. "Ginny, tous tes frères sont là…"

"Bill et Charlie aussi ?" l'interrompit avidement Ginny.

"Oui, et tu ne devineras jamais avec qui Bill sort : Fleur."

"Elle a pris un sacré virage !" remarqua Harry, l'air impressionné.

"A 360 degrés," approuva Drago. "Elle n'était pas sortie avec Bill auparavant ?"

Ginny le regarda intensément, essayant de juger au ton de sa voix ce qu'il pensait de ce nouvel attachement de Fleur. Peu importe ce que diraient les autres, elle croyait toujours que Fleur fantasmait sur Drago, du haut de sa tête argentée jusqu'à ses fameuses chaussettes à canards.

"Si !" confirma Hermione en hochant la tête. "Percy et les jumeaux sont là avec leurs petites amies également. Charlie est venu seul, cependant."

"C'est étonnant," sourit Ginny. "Charlie est un aimant à filles quand il veut."

"Ça doit être le pantalon en cuir," supposa Harry en grimaçant.

"Tout le monde dehors !" s'exclama Drago, dont la patience pour les blagues sur les pantalons en cuir était très limitée. "Je dois finir de me préparer. Cassez-vous, tous autant que vous êtes!"

Harry et Hermione disparurent rapidement, et Ginny allait les suivre. Mais une touche légère sur son bras l'arrêta. Elle se retourna et vit Drago la regarder, une lueur espiègle dans les yeux. "Attends une seconde, Weasley. Je voudrais te parler."

Flip. Elle sentit son cœur se retourner dans sa poitrine et fronça mentalement ses sourcils. C'était juste Drago. Il n'y avait aucune raison de se faire des films simplement parce qu'il lui avait touché le bras. Bon, d'accord, tout le monde se faisait des films sur Drago, ce qui était une raison de plus pour qu'elle ne le fasse pas. Ce n'était pas juste qu'il soit si parfait quoi qu'il fasse, d'ailleurs, comme si les vêtements qu'il portait avaient été faits spécialement pour lui. Oh, bien sûr, ils avaient probablement été faits spécialement pour lui. N'était-ce pas ce qu'avoir beaucoup d'argent permettait ? Bien sûr, aucun argent ne pouvait acheter des cheveux comme les siens, ou des yeux de cette couleur, ou des pommettes avec lesquelles on aurait pu couper du papier… c'était seulement de la chance, ou de la génétique, ou un terrible mélange des deux...

Drago bougeait quelque chose devant ses yeux. Avec une certaine difficulté, elle se concentra dessus. C'était un petit livre relié de rouge. En fait, c'était le livre qu'elle lui avait donné la semaine passée, pour son anniversaire. Une Généalogie et l'Histoire des Fondateurs de Poudlard, par Fabianna Patters-Brown.

"Un cadeau intéressant," remarqua Drago. "Je n'étais pas sûr de pourquoi tu me l'avais donné jusqu'à ce que j'arrive au passage sur Benjamin Gryffondor (d'un ennui incroyable) et j'ai trouvé quelques références à une mystérieuse rousse qui serait apparue et aurait disparu dans son camp. Ça n'aurait pas été toi, par le plus grand des hasards, lors d'une de tes oh-si-secrètes-missions à travers le temps ? Retourner dans le temps pour trouver le parfait petit ami ?"

Ginny hoqueta inélégamment. "Ben ? Le parfait petit ami ?"

"Pourquoi pas ? Grand, brun, mignon, mort depuis un millier d'années de manière à ce qu'il ne critique pas ton style et, comme le reste des Gryffondors, il se déplace comme s'il avait une pique de Géant de dix pieds de long dans…"

"Drago, c'est absurde !"

"Je ne suis pas d'accord. C'est très intéressant."

"Pourquoi ?"

"Et bien," dit Drago en s'asseyant sur le bord de son lit, "il m'est apparu qu'il y avait un peu de mystère autour de ce Ben Gryffondor. Il a eu un Héritier, bien sûr, mais pas de femme, et pas… de liaisons connues. Pas de filles du tout durant sa vie, juste des choses à propos de son cousin Gareth. Il avait l'air pas mal, également. Mais il y a eu cette rousse qui a déboulé dans la tente du jeune Benjamin comme si elle y vivait… et combien de temps y es-tu restée d'ailleurs ?"

"Attends une minute. Est-ce que tu es en train de me demander si je suis l'arrière-arrière-grand-mère de Harry ?"demanda Ginny, trop surprise pour rire.

"Bon, si tu le prends comme ça..." Drago avait un don pour paraître légèrement honteux.

"Comment sais-tu que je ne suis pas ton arrière-arrière-grand-mère ? Gareth était très mignon également."

Drago sembla saisi. Ginny prit quelques secondes pour savourer ce moment. Ce n'était pas tous les jours qu'elle pouvait rendre Drago sans voix. Finalement, elle éclata de rire. "Très bien, d'accord," admit-elle. "Aussi amusant que ça serait… Je ne suis pas ton arrière-grand-mère. Ni celle de Harry. Je n'ai jamais rencontré le fils de Ben, ou n'importe quelle femme qui aurait pu être la mère de son fils, et tant qu'on en parle..." Point pour lequel elle se pencha et murmura doucement quelque chose dans l'oreille droite de Drago, quelque chose qui fit décoller ses sourcils et ourler sa bouche en un sourire espiègle.

"Tu plaisantes !"

Elle secoua la tête. "Non."

"Bien, bien." Il se dressa sur ses pieds, le sourire ne quittant pas ses lèvres. "Les choses qu'on n'apprend pas dans la classe du Professeur..." Ses sourcils se levèrent ensemble. "Tant qu'on y est, il y a autre chose que je me demandais."

"Quoi ?"

"Et bien, je pense que tu as eu la géniale idée de retourner dans le passé parce que l'armée de Gryffondor avait disparu. Mais quand Ben revint, il prit l'armée avec lui. Où sont-ils tous allés ?"

Ginny secoua la tête. "Oh, Drago... C'est une longue histoire, et je dois y aller… à ce rythme je serai à moitié habillée quand la soirée commencera."

Drago s'appuya sur ses coudes. "Je n'y vois aucun problème."

Ginny plissa les yeux vers lui et se détourna, mais il la retint.

"Est-ce que je pourrai descendre l'escalier avec toi ?" demanda-t-il.

"Quoi ?"

"C'est la tradition. Les invités entrent dans la salle de bal par paires et sont annoncés en haut de l'escalier. Ça a toujours été comme ça. Harry descendra avec Hermione, Sirius avec ma mère, Bill avec Fleur, et ainsi de suite."

Elle le regarda tranquillement, bien loin de l'endroit où un adolescent ordinaire aurait commencé à s'aventurer pas à pas. Drago la regardait en retour, impassible, un léger sourire soulevant les coins de sa bouche, les yeux bleus-gris indéchiffrables comme à son habitude. C'était étrange, pensa-t-elle, qu'il ne lui rappelle pas tellement Gareth ou Ben, d'une certaine manière ; ils avaient la même tranquillité intérieure, les mêmes expressions légères qui venaient et repartaient sans laisser de trace, comme le vent sur l'eau.

"C'est la tradition," insista Drago.

"Tu l'as déjà dit."

"Et bien, l'essence de la tradition est la répétition."

"Très bien."

"Quoi ?"

"Très bien. Je te retrouverai en haut des escaliers dans…"

"Quinze minutes."

"Je ne pourrais pas me faire belle en quinze minutes !"

"Tu es déjà belle." dit-il calmement en s'appuyant contre la tête de lit et en ouvrant le livre. Elle le regarda rapidement, c'était difficile de dire s'il mentait, mais bien sûr, Drago ne mentait pas. N'était-ce pas l'une des choses qu'il a dit qu'il ne faisait pas ? Je ne mens pas… ou peu…et je ne danse pas.

"Je serais là dans quinze minutes. Si tu promets de danser."

Drago leva les yeux. "Avec toi, ou juste en général ?"

"Ça pourrait être amusant si tu ne dansais qu'avec moi."

"Très bien," accepta Drago d'un ton conciliant en reportant son attention sur le livre. "Je promets. Je danserai."

oOoOoOoOoOoOo

Bien sûr que ça prendrait plus de quinze minutes ! Ginny s'inquiéta, parcourant sa chambre dans un grand état d'agitation. Elle était, dans l'ensemble, prête. Elle se souvint d'un sort qui lissa ses boucles en une rivière de flammes, et qui les décora rapidement de barrettes en forme de petits papillons multicolores. Sa robe était parfaite : du satin d'une couleur rouge sang, avec des rangées de flots noirs sur le devant et des bretelles qui se croisaient dans le dos, dévoilant ses fines épaules tachetées. Le problème ? Ses chaussures. Elle chercha tant qu'elle put, dans toute la chambre, elle ne put trouver celles qui allaient avec sa robe. Elle aurait pu les avoir laissé dans la bibliothèque, avec sa baguette. La seule autre option était une paire de baskets. Pas vraiment une option dans le fond. Elle n'avait aucune idée de l'endroit où elle était supposée pouvoir trouver une autre paire de chaussures à l'heure qu'il était. Elle souhaita, avec ferveur, avoir à nouveau le Retourneur de Temps de manière à se donner deux heures de plus pour se préparer, puis sourit tristement alors qu'elle réalisait que c'était exactement la raison pour laquelle Dumbledore avait pris leurs Clés. Elles étaient supposées être utilisées à des fins exceptionnelles, et certainement pas pour compléter une tenue.

Ginny jura, et shoota dans le bord du lit.

"Ce n'est pas très féminin," remarqua une voix à la porte.

C'était Drago, bien sûr. Il avait passé une élégante veste couleur caramel par-dessus son pull, et semblait, si c'était possible, encore plus beau qu'avant. Il était appuyé contre la rambarde de la porte, irradiant d'ironie et de confiance. Ginny le regarda avec mauvaise humeur.

"Les gens polis toquent," souligna-t-elle froidement.

"Je garde ça à l'esprit au cas où j'en rencontrerais." Il lui tendit une main. "Tu n'es pas prête ? Tu sembles prête."

Ginny ignora la main tendue, et pointa un doigt accusateur vers lui. "Tu m'énerves," lança-t-elle avec irritation. "J'ai perdu mes chaussures, et je ne les trouve plus."

Drago sourit. Ça illuminait son visage.

"Ce n'est pas drôle !" s'exclama-t-elle.

"Au contraire. Mais je ne débattrais pas sur ce point. Accio !" murmura-t-il en levant la main gauche comme il le faisait habituellement. Un instant plus tard, il attrapa quelque chose en l'air, et le lui jeta. Par réflexe, elle l'attrapa, et regarda…

"Des chaussettes à canards ?" dit-elle en baissant les yeux vers elles. En coton, blanches avec des dessins de canards jaunes, et un petit trou à l'orteil gauche.

"Elles sont propres," souligna Drago.

"Ce sont des chaussettes ! Avec des canards."

"Mets-les," dit Drago si calmement que Ginny s'assit sur le lit et les passa. Aussitôt qu'elles furent passées, Drago agita la main et… il y eut un éclair de lumière et, à l'endroit où se trouvaient les canards, il y avait une paire de chaussures en cristal transparent, délicates et d'une forme parfaite, comme si elles avaient été moulées sur ses pieds.

Le regard de Ginny passa des chaussures étincelantes à Drago, puis revint sur ses pieds, puis à Drago dont l'expression était indéchiffrable. Dont la personnalité était souvent aussi illisible qu'un livre écrit en Fourchelangue : un garçon qui pouvait conjurer des papillons pour les brûler vifs, mais qui sacrifierait sa vie pour quelqu'un d'autre, dont la langue acérée pouvait flatter un ami ou déstabiliser un ennemi avec la même facilité, qui aimait aussi fièrement qu'il haïssait, et qui haïssait aussi fièrement qu'il aimait. Un tas de contradictions reposait sur Drago Malefoy, mais c'est le cas pour tout le monde... N'est-ce pas ?

"Des souliers de verre," dit-elle finalement. "Mignon, bien que pas original."

"J'ai pensé que c'était mieux de rester dans les vieux modèles."

"Mais ce sont vraiment des chaussettes à canards !"

"Personne n'a besoin de le savoir, hormis toi et moi."

Il lui tendit à nouveau la main, et cette fois, elle la prit.

oOoOoOoOoOoOo

"Harry Potter et Hermione Granger !"

"Rubeus Hagrid et Madame Olympe Maxime !"

"Arthur et Molly Weasley !"

"Bill Weasley et Fleur Delacour !"

"Remus Lupin et Heidi Howard !"

"Angelina Johnson et Fred Weasley !"

"George Weasley et… c'est un peu puéril monsieur Weasley, non ?"

Anton, le fantôme maître d'hôtel, qui avait élégamment annoncé le nom de chaque couple qui descendait l'escalier de marbre, balbutia un moment et s'arrêta. Ce qui n'était pas surprenant, puisque George avait saisi l'occasion pour faire une démonstration du nouveau produit de leur boutique : les Pingouins à la Menthe Poivrée.

Jana, sa jolie et pauvre petite amie, écarta sa main gantée de la bestiole au regard vide qui se tenait à ses côtés sur les marches. "Pourquoi, George ?" gémit-elle d'un ton désespéré. "Pourquoi ?"

Avec un pop le pingouin redevint George, l'air impeccable dans un costume de velours noir Kenneth Troll. "Je suis désolée, chérie," s'excusa-t-il d'un ton repentant. "Ça semblait une bonne idée sur le moment."

"Hum…" fit Jana, et elle descendit les marches, traînant derrière elle sa robe du soir de satin vert. George courut après elle.

En haut des escaliers, Honoria, la fiancée de Percy, se tourna vers lui avec une expression sévère sur ses traits délicats.

"Honnêtement, Percy. Je ne peux pas supporter tes frères."

"Oui," approuva Percy, resplendissant dans un costume rayé Armani. Il semblait se retenir de rire. "Très fatigants, les jumeaux."

"Tu ne te changeras jamais en pingouin à un dîner, n'est-ce pas ?"

"Certainement pas, chérie. En loutre, probablement. Jamais en pingouin."

Peu importe ce que Honoria aurait pu vouloir répondre, ce fut coupé par l'annonce d'Anton :

"Percival Weasley et Honoria Glossop !"

Ils descendirent, et rejoignirent Harry, Hermione, et le reste des Weasley au bas de l'escalier. Bill et Fleur se tenaient la main ; Angelina, dans une robe argentée, regardait Fred donner son cadeau d'anniversaire à Harry. Celui-ci ouvrit la boîte et regarda suspicieusement son contenu.

"De nouvelles lunettes ?" s'étonna-t-il en en sortant une paire de la boîte. "C'est votre manière de me dire que mes lunettes ne sont pas flatteuses ? Parce que je le sais déjà."

"Alors pourquoi est-ce que tu les portes ?" demanda Honoria, son petit nez en l'air, comme toujours. "Pourquoi ne pas te donner un nouveau style ? Tu peux certainement te le permettre."

"Parce qu'Hermione adore celui-là. N'est-ce pas, Hermione ?"

"Passionnément," confirma Hermione d'un air absent. Elle regardait la professeur Lupin à travers la pièce, qui semblait plutôt mal à l'aise avec la partenaire que lui avait assignée Narcissa : son ancienne amie d'école Heidi, attirante mais pas très discrète dans sa robe dorée. "Tu penses que le Professeur Lupin a besoin d'aide ?"

Harry leva les yeux et sourit. "Nan…" répondit-il d'un ton sadique, alors que Heidi essayait de convaincre Lupin de se joindre à une file de danseurs qui se formait à l'autre bout de la salle. Lupin, qui semblait avoir avalé du tue-loup, secoua la tête. "C'est bon pour lui."

"Regarde," l'interpella Fred en bougeant une main pour attirer l'attention de Harry. "Ce ne sont pas n'importe quelles lunettes, Harry, ce sont les Lunettes à Rayons X Weasley. Tu peux les utiliser pour voir à travers n'importe quoi."

"Comme Maugrey Fol'Œil ?" demanda Ron, l'air fasciné.

"Exact," assura George en les enfilant. "Par exemple, en ce moment, je peux voir que Honoria porte des sous-vêtements léopards."

Honoria sembla outragée. "Non !"

"Oh, si !" insista George.

"Maintenant, oui," confirma Percy, l'air absolument pas affecté.

"Non !" répéta Honoria en se tournant vers Fleur. "Non !"

Fleur haussa les épaules. "Il n'y a rien de mal avec les sous-vêtements léopards," remarqua-t-elle d'un ton désinvolte. "J'en porte moi-même."

"Argh !" gémit Honoria, et elle partit, suivit par Percy.

Harry regarda suspicieusement George. "Est-ce que ces choses marchent réellement ?"

George sourit. "Je pense qu'elles fonctionnent extrêmement bien."

Hermione pouffa. Fleur poussa un petit cri. Ça prit un moment pour que tout le monde comprenne qu'elle ne criait pas à cause de la blague des jumeaux, mais à l'attention d'une fille qui venait tout juste de se joindre à eux. Elle était petite, avec des cheveux sombres, très jolie dans une longue robe blanche décorée de petits oiseaux bleus et d'étourneaux.

"Monique !" s'exclama Fleur en saisissant la jeune fille et en l'embrassant sur les deux joues. Puis elle se tourna vers le reste du groupe avec un sourire. "Voici ma cousine, Monique. Monique, tu connais Bill, et voici Harry Potter bien sûr, et Ron Weasley et…"

"Je peux voir ta cicatrice ?" demanda Monique, si soudainement que tout le monde sursauta et regarda Harry.

"Hum..." commença Harry. Et il s'arrêta. Parce qu'elle ne le regardait pas ; elle regardait Ron, et plutôt impatiemment.

Ron sembla alarmé. "Quoi ?"

Monique pointa sa main. "Ta cicatrice. Je peux la voir ?"

Très lentement, Ron tendit sa main droite. C'était certainement une impressionnante cicatrice, malgré le fait qu'elle ait été très rapidement guérie. Tout le long de sa paume le dessin de la poignée de l'épée de Serpentard y avait été brûlé : un serpent courait entre son poignet et le bas de son pouce, entouré par la faible empreinte d'un cercle.

"Oooooh !" s'extasia Monique en prenant sa main. "Je n'ai jamais rien vu de tel. Fleur m'a dit comme tu avais été brave, pour prendre l'épée de Serpentard comme ça. Tu as pratiquement battu un Détraqueur tout seul !"

"Et bien, je, euh…" bredouilla Ron, qui était rouge au niveau des oreilles. "Je veux dire, je n'ai pas…"

Harry lui marcha fermement sur le pied.

"Il y avait trois Détraqueurs en fait…" finit faiblement Ron.

Les yeux bleus de Monique s'agrandirent. "Danse avec moi !" souffla-t-elle, et elle emporta Ron avec une telle force et une telle rapidité que les autres se demandèrent si elle n'avait pas utilisé un Accio Ron.

Hermione les regarda partir, l'air choquée. "Et bien, vraiment…" souffla-t-elle, l'air un peu indignée, alors que Monique traînait Ron sur la piste de danse. "Je ne peux pas croire qu'il soit tombé dans le panneau."

"Quel panneau ?" sourit Angelina. "Le fait de porter une robe courte et de se conduire comme s'il était la chose la plus merveilleuse que le monde ait porté ? Parce que tu serais choquée de voir le nombre de gars qui tombent dans ce panneau."

"Je n'apprécie pas du tout cette généralisation," remarqua Fred en apparaissant, puis il s'arrêta et siffla. Il regardait en direction du haut de l'escalier, et les autres suivirent son regard au moment où Anton annonçait,

"Charlie Weasley et Rhysenn Malefoy !"

Hermione cligna des yeux de surprise. Charlie Weasley, large d'épaules et élégant dans un ensemble soigné noir descendait l'escalier avec une jeune femme qu'elle ne connaissait pas à son bras : une beauté aux cheveux noirs dans une robe écarlate, qui le tenait si étroitement qu'il semblait presque la porter comme un bracelet. A peine avaient-ils atteint le bas de l'escalier qu'elle l'embrassa sur la joue et disparut dans la foule.

"Qui était-ce, vieux frère ?" demanda George aussitôt que Charlie les eut rejoint, les sourcils levés. "Elle était vraiment…"

Jana le frappa dans les côtes.

"... Personne que j'avais vu auparavant," finit George plutôt lamentablement.

"Pas plus que moi," dit Charlie en haussant les épaules. "Elle m'a attrapé en haut des escaliers et m'a supplié de descendre avec elle. D'ailleurs, j'avais peur que si je ne le faisais pas, je doive descendre avec Rogue. Il se tenait derrière nous et n'avait pas de partenaire."

"Elle n'avait probablement pas d'invitation," supposa Hermione en cherchant la jeune femme, mais sans pouvoir la retrouver dans la foule.

"Elle a dit qu'elle était une Malefoy," souligna Charlie. "Elle a l'air d'une Malefoy."

"Ça ne veut pas dire qu'elle est invitée," rétorqua Hermione, qui savait à quel point les liens de la famille Malefoy étaient compliqués et étendus.

"C'est fait maintenant," conclut Charlie d'un ton qui indiquait que la conversation ne l'intéressait plus. Il se détourna d'Hermione pour Harry, et lui dit quelque chose à voix basse. Harry acquiesça, l'air surpris, puis se pencha vers Hermione et l'embrassa sur l'oreille. "Je dois parler à Charlie. Je reviens."

Hermione acquiesça, et le regarda suivre Charlie plus loin. Elle vit avec une drôle de sensation dans l'estomac que les têtes de Harry et Charlie étaient au même niveau désormais. Harry était aussi grand que Charlie ? Quand cela s'était-il produit ? Une faible sensation de froid l'envahit. Une part d'elle désirait penser que Harry n'était qu'un enfant, désirait le garder en sûreté, loin des forces qui avaient pris la vie du père de Harry alors qu'il n'avait que cinq ans de plus que le Harry actuel.

Ses yeux passèrent de Harry à Ron, enlacé sur la piste de danse avec la cousine en partie vélane de Fleur. Oh mon Dieu.Elle revint hâtivement aux jumeaux, qui regardaient tous deux le grand escalier avec une expression étrange. Tout comme Angelina et Jana. Hermione suivit leurs regards au moment où Anton annonçait :

"Virginia Weasley et Drago Malefoy !"

oOoOoOoOoOoOo

"Je suis heureux que tu aies décidé de venir à la fête, Charlie."

Harry tendit une main vers Charlie et celui-ci la prit. C'était un geste presque étrange et très adulte de la part de Harry et Charlie sentit quelque chose le brûler au fond des yeux alors qu'il regardait le garçon en face de lui. Il se souvint la première fois qu'il avait vu Harry : petit, pâle et presque perdu dans sa robe noire, regardant anxieusement les dragons avec Hagrid. Charlie se souvint avoir pensé à quel point ce petit garçon semblait brave, têtu et à quel point ses yeux verts étaient brillants derrière ses lunettes. Il pouvait presque lui pardonner pour la manière dont le professeur Mc Gonagall avait évalué sa première performance à balai : Même Charlie Weasley n'aurait jamais fait ça !

Hmmph. Et bien, qu'est-ce qu'elle en savait ?

Charlie serra fermement la main de Harry, et la relâcha. "Bon anniversaire, Harry !"

Harry sourit. "Merci." Il semblait content, relaxé et beau, le vert sombre de son pull faisant ressortir ses yeux.

"J'ai bien failli ne pas venir." Charlie mit la main dans sa poche. "Mais je voulais te donner ton cadeau d'anniversaire."

Harry sembla surpris. "Hé, Charlie, tu n'avais pas à… je veux dire, après tout ce que tu as fait pour nous… je ne sais pas combien de dragons… payer, mais…"

"Détends-toi, Harry. Je n'ai pas vraiment dépensé tant d'argent pour ça. A vrai dire, je n'en ai pas dépensé du tout. C'est un peu une histoire étrange, mais j'ai dû…. Est-ce que tu as un moment ?"

Harry acquiesça, curieux. "Bien sûr."

Charlie inspira profondément, sans retirer sa main de sa poche. "Tu sais à quel point le camp de dragons est proche, ou l'était, du château de Serpentard. Ce qui n'était pas surprenant, puisque les Héritiers de Serpentard ont pris les dragons, donc il était normal qu'il y en ait beaucoup à cet endroit. Peu importe. Je savais que tu étais là la nuit où le château a disparu… sans laisser de trace, n'est-ce pas ?"

Harry acquiesça. "Sans rien laisser, juste une sorte de cercle, plat, gazonneux et quelques pierres."

"Oui. Et bien, environ une semaine après ce qui… ce qui vous est arrivé, j'ai vu de drôles de lumières dans le ciel au-dessus de la forêt, alors j'ai pris un dragon et je suis allé voir."

"Tu as monté un dragon jusqu'à l'endroit où se trouvait le château ?"

Charlie acquiesça.

"Et il y avait quelque chose là-bas ?"

"Il n'y avait pas quelque chose," répondit nerveusement Charlie. "Mais quelqu'un."

Les sourcils de Harry se levèrent, et sa question vint en même temps qu'une profonde expiration : "Qui ?"

"Je ne sais pas," répondit Charlie, un peu misérablement. "Un homme, je pense. Grand, portant une longue robe à capuche et des gants ; il devait avoir un charme Obscurus sur son visage, car je ne pouvais pas distinguer ses traits. Il envoyait des signaux verts dans le ciel avec sa baguette, mais quand je suis arrivé, il s'est arrêté et m'a salué amicalement. M'a appelé 'Chevaucheur de Dragon'. Il m'a demandé si je pensais être un homme courageux."

"Et tu as dit...?"

"J'ai dit que j'essayais d'en être un. Alors, il a mis sa main dans sa poche et en a sorti ça et me l'a tendu." Charlie sortit enfin sa main de sa poche et avec elle, l'objet qu'il tenait. "Il a dit 'Chevaucheur de Dragon, donne ceci à l'Héritier de Gryffondor, Celui Qui A Survécu. Cela le gardera en sûreté quand tout le reste tombera, quand les charmes et les sorts se révèleront inutiles, et que ses pouvoirs de Magid l'auront abandonnés. Donne-lui, si tu tiens à sa vie.´"

"Merde !" jura Harry, et il regarda la chose dans la main de Charlie. C'était une sorte de cercle rugueux, forgé dans un métal sombre noir et rouge qui brillait comme du rubis liquide mélangé à du charbon. On aurait dit du verre, mais quand Harry le prit dans sa main, il trouva que c'était plus lourd et plus dense que du verre, plus flexible aussi, comme un fin câble d'acier. Il semblait usé et il y avait des griffures sur tout le bord. "Qu'est-ce que c'est que ça?"

"Aucune idée !" avoua Charlie, misérable. "Et j'ai eu le temps, je peux te le dire, de décider si je devais ou non te le donner. J'ai pensé que c'était peut être dangereux, quelque chose venant de Tu-Sais-Qui. Je veux dire, ce satané type encagoulé apparaît d'entre les morts en pleine nuit et disparaît. Ça n'inspire pas confiance. Mais ce qu'il a dit… j'avais peur de mal faire en ne te le donnant pas." Il haussa les épaules. "Alors, j'ai décidé de te laisser faire ton choix. Tu es assez grand, Harry."

Harry leva les yeux vers lui, ses yeux verts tranquilles. "Merci, Charlie."

"Ce n'est pas vraiment un cadeau," remarqua Charlie, avec un petit sourire plein de regrets.

"Non," corrigea Harry en refermant sa main sur le cercle écarlate. "Je veux dire merci de me faire confiance et de me traiter comme un adulte."

"Oh !" émit Charlie avec une désagréable sensation de froid dans l'estomac. "Bien sûr, Harry. Bien sûr."

oOoOoOoOoOoOo

Une étrange sensation naquit dans l'estomac d'Hermione alors qu'elle regardait Drago et Ginny descendre les escaliers. Elle ne le fit pas exprès mais remarqua qu'ils se tenaient par la main. Le visage de Ginny était levé vers celui de Drago qui regardait droit devant lui, mais souriait. Ils avaient l'air glorieux, bien habillés et comme s'ils étaient nés pour descendre des escaliers de marbre dans de gigantesques demeures ancestrales devant une foule admirative. Ce qui, dans le cas de Drago était vrai, mais Ginny…

"Gin est belle, pas vrai ?" dit George avec sa fierté de grand frère dans la voix.

Ginny est vraiment belle, pensa Hermione. Comme Hermione l'avait prédit, le rouge profond qu'elle portait allait parfaitement à Ginny, faisant ressortir l'éclat de ses cheveux de feu. La coupe délicate de la robe soulignait sa taille fine et ses hautes épaules. Elle semblait presque fragile, bien que la lumière dans ses yeux rappelait la fière jeune femme qui avait chevauché un dragon pour sauver Drago et Ron au sommet de la tour de Serpentard.

"Elle est superbe. La chose horrible attachée à son bras mise à part," acquiesça joyeusement Fred.

Percy cligna des yeux. "Ah. Tu veux dire Malefoy." Il sourit, et plaça ses lunettes au bout de son nez. "Il est devenu presque aussi célèbre que Harry ces temps-ci, non ? Sorcière Ado Magazine a organisé un concours l'autre jour : le premier prix était une photo de Drago."

"Le second prix," plaisanta George, "était deux photos de Drago."

"Maintenant soyez gentils," intima Honoria, et elle tendit la main alors que Drago et Ginny atteignaient le bas de l'escalier et se joignaient à eux. "Ginny ! Heureuse de te voir. Drago Malefoy, tu ne te souviens probablement pas de moi, mais…"

"Honoria Glossop," réfuta Drago en la regardant pensivement. "Serdaigle. Tu étais en septième année quand j'étais en troisième. Tu appartiens à la famille des Glossops du Dorchester, n'est-ce pas ? Les Tours Totleigh ?"

Honoria acquiesça, rose de plaisir. "Tu as une mémoire remarquable."

Le reste du groupe se montra moins facile à séduire. Angelina, qui se souvenait de Drago à la suite d'un match amer de Quidditch, le regarda comme s'il était une saleté sur un pare-brise, Jana semblait nerveuse, et Fred et George semblaient revêches. Hermione se sentit incapable de dire quoique ce soit, comme si un sentiment de confusion l'empêchait de parler. Elle souhaita que Harry soit là, mais il avait disparu pour aller parler à Charlie. Il sembla s'écouler une éternité avant que Harry et Charlie reviennent. Ils étaient désormais accompagnés de deux autres invités : Viktor Krum, et un grand homme inconnu aux cheveux noirs avec de brillants yeux bleus, que Charlie présenta comme Aidan Lynch.

"Tu étais Attrapeur pour l'Irlande !" s'exclama Angelina en le reconnaissant immédiatement.

"Je le suis toujours," répondit Lynch avec une voix agréablement accentuée. "J'ai arrêté un an. Mais je suis de retour."

"Et on peut tous dormir tranquille," souligna Drago avec un peu d'amertume. Hermione lui jeta un regard de côté. Elle pouvait dire que le fait de passer du temps en compagnie des Weasley qui le détestaient commençait à peser. Quand Drago était stressé, il était sarcastique. Il regardait Harry, mais celui-ci, pour une quelconque raison, l'ignorait et parlait à Charlie.

"J'ai vu que tu avais un terrain de Quidditch dehors," dit Aidan à Drago, toujours aimable. "Nous devrions jouer demain. Viktor et moi, nous restons en ville, et…"

"Quoi, toi et Viktor contre moi et Harry ?" demanda Drago. "Un jeu d'Attrapeurs ? Oh ça va être ridicule, à voler en attendant une éternité que le Vif se montre."

"Drago, ne soit pas déplaisant," le réprimanda Ginny

Les sourcils de Drago se levèrent. "Et ne me dis pas quoi faire, Weasley."

Harry leva les yeux, son attention enfin captée. "Je pense que ce serait relaxant," convint-il avec un demi-sourire. "Un jeu d'Attrapeurs, je veux dire."

Drago ne dit rien.

Hermione se mordit la lèvre. Ginny semblait tendue et agacée. Drago semblait tendu et agacé. Une partie d'elle-même était heureuse de voir ça et ça la faisait se sentir horrible. Elle regarda Harry, qui lui sourit, et ça la fit aller encore moins bien.

Ce fut Aidan qui brisa le silence, avec une requête plutôt surprenante. Il tendit la main à Ginny et, avec un sourire qui illumina ses yeux bleus, il demanda : "Tu veux danser ?"

Ginny le regarda, puis Drago. Il la regarda avec une expression vide qu'Hermione connaissait pour être de la colère et haussa les épaules. Ginny se tourna alors vers Aidan avec un sourire rayonnant.

"J'adorerais."

Aidan prit sa main et l'entraîna dans la foule de danseurs. Ils foncèrent presque dans Ron et la Française, qui se bécotaient d'une manière que Hermione ne pensait pas légale en Angleterre. Aidan est un excellent danseur, eut le temps de remarquer Hermione, avant qu'ils disparaissent dans la foule.

Harry regarda Drago et haussa un sourcil.

"La ferme, Potter !" intima Drago sans bouger. Il se tenait les bras croisés et semblait très agacé.

Harry sourit. "Qu'est-ce que tu vas faire alors Malefoy ?"

Drago décroisa lentement les bras. "J'ai promis à Ginny que je danserai. Je vais danser." Il se tourna et regarda Angelina, qui se tenait près de lui.

Elle secoua la tête. "Je ne vais PAS danser avec toi. Je préfèrerais manger un Cognard."

"Très bien alors," accepta Drago, et il tendit une main à Jana. Elle le regarda un moment sans expression, eut un drôle de sourire puis, sans plus d'hésitation, saisit la main de Drago et le suivit sur la piste.

"Jana !" protesta George en regardant sa petite amie disparaître avec Drago d'un air horrifié.

Harry sourit. "Tu ferais mieux de t'acheter un pantalon en cuir, George. Tu as de la concurrence."

George sembla irrité. "C'est juste à cause de cette histoire de pingouin."

"Ou peut-être tous ces articles de Sorcière Ado Magazine qui tournent en boucle dans sa tête," suggéra Fred. "Elle est abonnée, tu sais."

"N'importe quoi !" grommela George.

Harry prit la main d'Hermione. Il ne souriait plus, mais ses yeux brillaient fortement. "Allons danser."

"Mais tu détestes danser, Harry."

"C'est vrai. Mais je veux voir ce qui va se passer. Pas toi ?"

Hermione se sentit sourire. "Tu sais que oui," admit-elle et elle jeta ses bras autour de son cou alors qu'ils gagnaient la piste.

oOoOoOoOoOoOo

Et comme il l'avait promis à Ginny, Drago dansa. Il dansa avec Jana, la tenant légèrement par la taille, jusqu'à ce que George arrive et arrête tout avec un regard meurtrier ; il dansa avec Pansy Parkinson dont les cheveux étaient coiffés en de si grosses boucles qu'elles menaçaient de lui crever un œil chaque fois qu'elle tournait la tête ; il dansa avec Blaise Zabini, qui avec ses grands yeux verts étaient probablement la plus belle fille de Serpentard ; mais cependant, il ne dansa pas avec Ginny. Elle semblait complètement captivé par Aidan Lynch et dansa chaque valse avec lui. Drago était conscient du sentiment d'irritation qui commençait à devenir dur à contrôler. Pour se détendre, il dansa avec Fleur, qui était éblouissante dans sa robe d'un blanc pur. La Marque des Ténèbres avait disparu de son bras comme pour lui, et la couleur était de retour sur son visage.

"Tu es de nouveau avec Bill ?" demanda-t-il alors qu'elle exécutait un tour sur elle-même.

Fleur choisit de ne pas répondre à ça. "Tu sais, tu me dois toujours une faveur," rappela-t-elle d'un ton aussi acéré que sa robe.

Drago secoua la tête. Fleur était impossible. "Je suppose que tu veux que je te fasse passionnément l'amour immédiatement sur la piste de danse ?"

Elle écarquilla ses yeux indigo. "Pas du tout. J'espérais que tu m'achèterais une maison."

"Une maison ?"

"Dans le Sud de la France, je pense."

"Fleur ! Oublie ça ! Ce n'était pas une si grosse faveur que ça !"

"Alors ce ne sera pas une si grosse maison," raisonna-t-elle.

Parler avec Fleur était comme courir très vite dans un très petit cercle et n'arriver nulle part, pour Drago. Aussitôt que la musique s'arrêta, il s'excusa et alla à la table des boissons, où une domestique à la peau verte dans un tablier blanc mélangeait quelques intéressants cocktails. Il prit juste un Mai Tai et le but à longues gorgées quand il entendit une voix derrière lui : "Pas d'ombrelle verte cette fois ?"

C'était Hermione. Il haussa un sourcil. "Qui t'a parlé de ça ?"

"Ginny, qui d'autre ?" répondit Hermione. Elle soupira, et ôta une boucle errante de son visage.

"Où est Harry ?"

Hermione roula des yeux. "Il danse avec Cho."

"La chasse est ouverte ?"

"Non, je pense qu'elle vaut mieux que ça." Hermione haussa les épaules. "D'ailleurs, je suis sûr qu'il reviendra dès que possible. Drago… je voulais te dire quelque chose."

"Quoi ?"

En réponse, elle tendit un doigt et l'enfonça durement dans sa clavicule. "Ginny-n'aime-pas-Aidan-Lynch !" martela-t-elle en détachant chaque mot clairement. "Elle essaie de te pousser à bout. Tu es quelqu'un de très jaloux même si tu n'aimes pas l'admettre, et c'est quelqu'un de très têtu, alors pour l'amour du ciel, va l'inviter à danser, ou alors on va tous te tomber dessus et te teindre les cheveux en jaune poussin et tu devras commencer la septième année en ressemblant à une jonquille et tu n'aimeras pas ça."

Drago inclina la tête. "Original !"

"La ferme, Malefoy !"

"Ginny et moi ne sortons pas ensemble."

"Tu n'iras bien avec personne d'autre." Hermione tendit la main et le frappa à la joue et il vit l'éclat sombre dans ses yeux qui montrait que ce n'était pas facile pour elle. "Vas-y simplement et fais-le !" insista-t-elle, et elle partit.

Drago se retourna et se retrouva face à Ginny et Aidan qui bougeaient en rythme sur la musique. Ce n'était pas une coïncidence, pensa-t-il, et c'était probablement la raison pour laquelle Hermione avait filé. Il se tint là un moment, le temps de prendre de l'assurance. Ce qui ne prit pas longtemps ; il était bien connu qu'il était naturellement arrogant.

Il s'avança, et tapota Aidan sur l'épaule. "J'aimerais m'interposer," annonça-t-il d'un ton égal.

Aidan sembla surpris et Ginny encore plus. Mais pas mécontente, cependant. Drago ignora ce qu'Aidan marmonna alors qu'il cédait sa place et s'avança pour passer ses bras autour de Ginny, poser ses mains sur sa taille, sentir sa chaleur contre son torse. Il baissa les yeux vers son visage, qui était rosi par la danse, les yeux brillants. Ses cheveux, de la couleur du feu à travers un verre de vin rouge, cascadaient sur ses épaules, parcourues de fils d'or. Elle n'avait jamais été aussi belle. Même si ça ne marchait pas avec Ginny, songea-t-il, il développerait une certaine préférence pour les rousses.

Après un long moment, elle lui sourit. "Je t'ai vu danser."

"Oui. Merci de m'y avoir incité."

"Je ne vois pas pourquoi ça te dérange tellement. Tu danses bien, vraiment bien. Regarde Harry : il écrase les pieds d'Hermione."

"Hermione s'en fiche si Harry lui marche sur les pieds toute la soirée."

"Et t'en ficherais-tu," demanda-t-elle contre son oreille, "si je marchais sur tes pieds toute la soirée ?"

"J'ai peur que non."

La bouche de Ginny s'étira en un sourire; il le sentit contre sa nuque. "Et pourquoi ?"

"Ce sont les cheveux roux. J'ai l'impression d'être impuissant face à eux."

"Je pense que Ron est libre pour danser. Si ce sont des cheveux roux que tu cherches…"

"J'ai bien peur que Ron ne soit parti avec cette tarte française," répliqua Drago d'un ton égal. "Tu vas devoir le faire."

Ginny s'écarta un petit peu, levant la tête vers lui, les yeux grands ouverts et brillants d'espièglerie. Ils avaient arrêté de danser désormais et il sentait ce battement, cette sensation dans son sang comme à chaque fois qu'elle le regardait ainsi. "Je vais devoir faire quoi ?"

"Ça," dit Drago, et il se pencha pour l'embrasser.

Mais ses lèvres n'eurent le temps que d'effleurer les siennes, envoyant un flot d'étincelles le long de ses nerfs, avant qu'une main apparaisse et tapote fermement Drago sur l'épaule. S'écartant, il se redressa et regarda autour de lui, prêt à démolir son interlocuteur, peu importe qui il était.

Mais c'était un 'elle'. Devant lui se tenait une jeune femme élancée avec de longs cheveux noirs tombant sur ses épaules nues et le corsage extrêmement court de sa robe couleur rubis. Une fine chaîne d'or serrait sa taille étroite et tombait sur ses hanches, chacune décorée d'un coquelicot d'or avec à son centre un rubis. "Hello, Drago," salua-t-elle. "Tu te souviens de moi ?"

Drago la dévisagea. Il voulait la démolir, mais il y avait quelque chose dans son comportement qui le retenait. Elle semblait étrangement familière et cependant il ne la reconnaissait pas du tout. "Qui es-tu ?" demanda-t-il, conscient de l'impolitesse de la question, mais c'était plutôt impoli de sa part d'interrompre un moment privé comme celui-là.

"Je suis Rhysenn Malefoy," répondit-elle, un sourire soulevant les coins de sa bouche maquillée. "Ta cousine."

Drago plissa les yeux. "Tu es de la branche de la famille de Singapour, n'est-ce pas ?" réfléchit-il en se rappelant que le coquelicot d'or et le rubis avait été le symbole adopté par les Malefoy qui était parti à l'est vers Singapour en 1800 après avoir été pris à exporter illégalement des Boules de Feu Chinoises au sang de dragon.

"Tu te souviens de moi," souffla-t-elle. "Voudrais-tu danser ?"

Drago sentit Ginny se tendre dans ses bras. "Je suis déjà pris pour cette danse. Ça semble évident."

Le sourire de Rhysenn s'agrandit. "Oh non," refusa-t-elle, et elle tendit une main fine. "Je ne pense pas que tu le sois."

Pendant un moment, il la regarda simplement avec surprise. Puis son regard se posa sur sa main tendue et il se raidit.

Sur le quatrième doigt de sa main droite se trouvait une chevalière en forme d'un griffon. Le sceau était le dos du griffon, sur lequel était gravé un M, entouré de fins serpents. Les ailes du griffon formaient le bord de l'anneau, qui était gravé entièrement dans de l'onyx. Il connaissait cet anneau ; c'était celui de son père. Son père le portait le jour où il était mort.

Drago eut une respiration sifflante ; il n'avait pas conscience de sa main serrant celle de Ginny, ou de ses yeux fixés sur son visage.

"Danse avec moi !" intima Rhysenn, et ses yeux lançaient un avertissement.

Pendant un long moment, il hésita. Puis, prenant sur lui-même, il se tourna vers Ginny. "Gin, je…"

Sans le laisser finir, Ginny reprit sa main d'un geste vif. "Très bien !" dit-elle fermement. "Aidan doit se demander où je suis, de toute façon."

Elle s'en alla. Drago la regarda partir avec déception et agacement. Pourquoi prenait-elle ses grands airs et pensait le pire de lui immédiatement ? Est-ce que les explications ne valaient rien ?

Se sentant rebelle, il prit la main de Rhysenn. Ses fins doigts se refermèrent fermement sur lui et il pouvait sentir l'empreinte de ses ongles acérés sur sa peau. "Dansons," grogna-t-il.

Il la laissa le mener sur la piste, où elle passa aussitôt ses bras autour de lui et se serra contre lui, pressant leurs corps si étroitement qu'il aurait été surpris qu'un souffle d'air puisse passer dans l'espace inexistant entre eux. Elle portait un parfum très doux et très lourd qui lui fit penser à du jasmin et du bois de santal et qui lui picota les yeux. Il essaya de se concentrer sur son visage, ce qui était un peu difficile et lui donnait mal à la tête. Avec ses cheveux noirs et ses lèvres rouges, elle ressemblait à une banshee, mais ses yeux gris étaient purement Malefoy.

Elle inclina la tête et ses lèvres effleurèrent son oreille. "Drago," murmura-t-elle, "es-tu prêt à entendre ce que je dois te dire ?"

Il essaya de s'écarter, mais elle le retenait comme un aimant. "Ça dépend de ce que c'est."

Elle fit la moue. "Tu n'es pas drôle," se plaignit-elle. "Où est le célèbre charme de Drago Malefoy dont j'ai tant entendu parler ?"

"Je trouve généralement qu'il vaut mieux le dissimuler lors de grands rassemblements," répliqua-t-il sèchement. "Ça peut être dangereux."

"Pour les femmes spécialement, j'imagine."

"Oui. Parfois elles se battent entre elles pour m'avoir."

"Comme cette petite rouquine que tu embrassais ?"

Drago s'arrêta net au milieu du pas de danse, et resserra sa prise sur ses mains. Elle grimaça, mais souriait toujours. "Je pense qu'il est temps que tu me dises ce que tu as à me dire," déclara-t-il fermement. "Tu parles, ou je m'en vais."

Elle secoua la tête. "C'est un message. Tu pourrais ne pas l'aimer."

Il haussa les sourcils. "Pas encore une menace de mort ?" demanda-t-il légèrement. "Harry et moi en avons reçu pas mal ces derniers temps. 'Meurs, meurs, fils du diable', toutes de ce genre, c'est vraiment ennuyeux."

"Non," sourit-elle. "C'est un message que tu as besoin de recevoir."

Drago commença à s'écarter poliment. "Je ne pense pas…"

"Le message," continua-t-elle, "est caché dans mon corsage, si tu as le courage de le chercher."

Drago lui jeta un regard de côté. Son corsage était si étroit qu'il ne pouvait pas imaginer comment elle pouvait cacher quelque chose à l'intérieur, encore moins un morceau de parchemin.

"Je sais que j'ai une réputation. Mais je ne pelote pas d'étranges jeunes femmes en public sur les pistes de danse, même si elles me sont apparentées. Surtout si elles me sont apparentées, en fait."

Elle sourit froidement, et prit sa main. Un instant plus tard, il sentait quelque chose de froid, lourd et dur pressé contre sa paume. Elle referma ses doigts autour ; il sut sans regarder que c'était la chevalière. "Ton père voulait que tu aies ceci."

"Qu'est-ce que c'est ?" Il était étonné de la froideur dans sa propre voix. "A quoi est-ce que tu joues, Rhysenn?"

"Je ne peux pas te le dire. Je dois te donner le message écrit. Ce sont mes instructions."

"Instructions de qui ?"

En réponse, elle sourit simplement, et saisit son poignet. Il la laissa le mener dans l'ombre d'une alcôve à rideaux. Elle le poussa dedans et le suivit, fermant le rideau derrière eux. Dans la demi lumière, elle lui sourit, lâcha sa main et commença à dénouer le devant de son corsage.

Drago recula involontairement d'un pas, bien qu'il ne détachât pas ses yeux d'elle. (Il avait, après tout, dix-sept ans) "Qu'est-ce que tu fais ?"

Elle sourit à nouveau et rejeta ses cheveux de manière à ce qu'il coule dans son dos comme une rivière d'encre. Elle inspira, ce qui, étant donné l'état de sa tenue, était impressionnant. "Je te fais de la place. Le message. Viens et prends-le."

Et il le fit.

Quelqu'un passant devant l'alcôve, bien que fermée comme elle l'était, aurait entendu le son d'une légère échauffourée, d'un ricanement et de la voix essoufflée de Drago disant : "Ça n'aurait pas été plus simple de simplement sortir nue de mon gâteau d'anniversaire, si c'est ça que tu cherches ?"

"C'est si ringard." répliqua Rhysenn, amusée. "J'aime faire les choses moi-même. D'ailleurs, ne me regarde pas. Je suis juste le service de livraison."

La voix de Drago était aussi coupante qu'une lame de rasoir. "Quelque chose me dit que tu ne travailles pas pour le Service Officiel des Postes du Ministère. A moins que ce ne soit quelque chose d'accordé aux meilleurs clients ?" Il retint sa respiration puis : "Ah !" dit-il un peu faiblement. "Peu importe."

Un moment plus tard, le rideau s'écartait et la belle Rhysenn Malefoy sortait de l'alcôve, suivie par un très rougissant et confus Drago, qui serrait un morceau de parchemin dans sa main gauche. Avec un clin d'œil, elle disparut dans la foule. Drago la chercha un moment, puis se détourna et marcha rapidement vers le grand escalier de marbre à l'autre bout du hall. Il prit un second escalier ensuite, parcourut le long hall du second étage jusqu'à la bibliothèque où il entra.

Un feu brûlait dans la cheminée, projetant une lumière bleue et pourpre en honneur de la fête. Il n'y avait pas d'autre lumière, exceptée la froide lueur de la lune entrant par les hautes fenêtres arquées, projetant de petites tâches claires sur le sol. Le bureau en bois de cerisier qui avait été à son père, recouvert de cadeaux pour Harry, luisait comme un fantôme dans le coin. Avec un mauvais pressentiment, Drago traversa la pièce jusqu'à la cheminée, déroula le parchemin qu'il tenait, et commença à lire. C'était une lettre, et elle lui était adressée.

Drago,

C'était très amusant de te voir l'autre nuit, pester et délirer sur ma tombe. (A cette lecture, le papier trembla violemment dans les mains de Drago.) La plupart des choses dont tu m'as parlé n'étaient que de ridicules réflexions d'adolescent, mais je suis d'accord avec toi sur un point : je ne suis pas Dieu, ni n'ai jamais prétendu l'être. Et contrairement à Dieu, je n'ai aucun moyen d'empêcher mon seul fils de traîner avec de la racaille : les Potter, les Black et les Weasley et le reste de la vermine de ce monde. Tu m'appartiens Drago, tu m'as toujours appartenu, ainsi qu'à ce sombre pouvoir grâce auquel nous sommes liés. Tu sais de qui je parle. Il te remercie d'avoir éjecté de ce monde le seul sorcier qui pouvait se mettre en travers de sa route et empêcher sa montée au pouvoir. Je dois avouer que j'ai moi-même du mal à croire que tu aies réussi, mais sa confiance en toi ne se dément pas. Peu importe les pouvoirs qu'il t'a donné durant ton enfance quand il t'a passé le statut d'Héritier de Serpentard, ils sont au-delà de ce que j'aurais pu imaginer. Ta nature rebelle me trouble, mais il m'assure que cela peut être arrangé par de vrais… encouragements. Dans tous les cas, pour la première fois, tu m'as rendu fier de toi. Je te donne notre chevalière familiale comme preuve que je te considère désormais comme un vrai Malefoy ; porte-la, et attends de mes nouvelles. Je devrais venir pour ton véritable anniversaire. Attends-moi. Sache que je te regarde. Et que je suis, comme toujours,

Ton père,

Lucius Neron Malefoy

Aussitôt que ses yeux eurent parcouru la signature étendue de son père, le papier tomba en cendres des mains tremblantes de Drago, glissant sur ses doigts, ne laissant que ce qu'il serrait dans son poing : la chevalière qui captait la lumière du feu et la rejetait dans les ténèbres comme du charbon.

Mon père, pensa t-il. Mon père… est vivant.

oOoOoOoOoOoOo

Harry se tenait dans l'ombre d'une tapisserie et avait les yeux baissés sur son poignet. Il s'était débarrassé de Cho, pour être ensuite capturé par Lavande et Parvati. Il était heureux de les voir, mais généralement, il n'était à l'aise que lorsqu'il dansait avec Hermione, qui savait à quel point il dansait mal et s'en fichait. Il y avait aussi autre chose qui le troublait : le cercle que Charlie lui avait donné, qui reposait maladroitement à son poignet. Il avait remarqué que lorsqu'il dansait au milieu des autres danseurs sur la piste, le cercle devenait brûlant par moment, et glacial l'instant d'après. Il regarda son poignet irrité et rougi et se demanda ce que tout cela voulait bien dire.

"Ça a l'air d'être un bijou coûteux," remarqua une voix douce à l'oreille de Harry.

Il se retourna pour voir la jeune femme qui avait descendu l'escalier avec Charlie lui sourire. Il ne l'avait pas entendu approcher. De près, elle était clairement une Malefoy, avec ses pommettes saillantes et ses yeux gris. Yeux qui étaient fixés sur le cercle à son poignet.

"Certains voleurs t'arracheraient la main pour se l'approprier," ajouta-t-elle

Harry plissa les yeux vers elle. Quelque chose en elle le mettait toutes dents dehors. Elle n'était pas naturelle. "Je ne vois pas en quoi cela te regarde."

"Je suppose que tu t'en fiches," sourit-elle. "Mais tu devrais le porter au poignet gauche. Comme ça, si tu le perdais, tu aurais toujours ta main droite pour faire de la magie. Et pour attraper le Vif, bien sûr."

"Je ne me souviens pas t'avoir demandé le moindre conseil," observa froidement Harry.

"Ce n'est pas un bijou, tu sais," l'informa-t-elle, et elle sourit. "Ce n'est pas un bracelet. C'est un cercle runique. Mais peut être que tu ferais mieux de continuer à le traiter comme un bijou et laisser un voleur te le prendre."

Harry sentit un picotement froid le long de sa colonne, et il secoua la tête pour se l'éclaircir. "Qu'est-ce qui te fait dire ça ?"

"Je peux lire les écritures runiques," expliqua-t-elle en regardant le cercle. Harry suivit son regard, regardant à nouveau les marques qui ressemblaient à des griffures pour lui. "Le peux-tu?"

Harry secoua la tête lentement. Un sentiment glacial de méfiance remontait le long de sa colonne, se répandant à la base de con crâne. "Non. Mais ma petite amie oui."

"Vraiment ?" La jeune femme plaça une longue main froide sur sa joue et tourna son visage vers elle. Il n'y avait aucun désir dans ce toucher, aucune envie ; Harry sentait plutôt que son regard fouillait en lui, examinant l'intérieur de son esprit. "Alors, elle pourra te dire que ces runes sont un présage de trahison. Ceux à qui tu penses pouvoir faire confiance n'en sont pas dignes. Ceux auprès de qui tu chercheras conseil t'offriront de faux avis. Tes ennemis te trouveront et tes amis arriveront trop tard pour t'aider."

"C'est ta prédiction ?" demanda Harry en essayant de conserver une voix légère, bien que son cœur batte la chamade.

"C'est une certitude," affirma la jeune femme, les yeux indéchiffrables.

"Et y a-t-il quelque chose que je puisse faire pour l'empêcher ?"

"Probablement non." Elle pointa un long doigt vers le cercle à son poignet. "Mais si j'étais toi, je l'attacherais comme une boucle de ceinture, je ne le porterais pas au poignet, invitant ainsi les ennuis. Si tu es déterminé à le garder, fais-le."

"Je suis déterminé."

"Oui. Oui, tu l'es, n'est-ce pas ?"

oOoOoOoOoOoOo

Hermione trouva Harry se tenant solitaire contre un mur de la salle de bal, paraissant extraordinairement sérieux. Malgré le fait que ce soit son anniversaire et sa soirée, il semblait se tenir loin du reste de la foule, tellement plongé dans ses pensées qu'elle eut l'impression qu'il aurait fallu une canne à pêche pour l'en sortir.

Elle posa une main sur son épaule, et il sursauta. "Hermione !"

"Je t'ai surpris ?"

"Oui… juste un peu."

"A quoi pensais-tu ?"

Ses yeux semblèrent se reconcentrer comme il étudiait son visage, le vert s'approfondissant à en devenir presque noir. "A rien. Tu veux aller quelque part ? Discuter peut-être ?"

"Oui." Hermione sauta sur la chance d'être seule avec lui. "On pourrait aller sur le balcon."

Ils s'éclipsèrent sans que personne ne les remarque, bien que les portes-fenêtres soient en partie dissimulées par un pilier décoré de guirlandes lumineuses. Dehors, l'air frais frappa le visage d'Hermione et ses épaules dénudées, la faisant frissonner, bien que la nuit soit légèrement chaude. La lumière de la lune se répandait sur les pierres pâles du balcon, éclairant le jardin et le gazon vide, décorés de lanternes blanches projetant leur éclat sur les verres des lunettes de Harry.

Hermione prit sa main. "Par ici."

Elle le tira jusqu'à l'ombre d'une arche, contre le haut mur du Manoir. Il la regarda d'un air interrogateur.

"Je voulais te donner ton cadeau d'anniversaire," dit-elle.

"Je croyais que les cadeaux devaient être donnés à minuit," répliqua Harry, à moitié curieux.

"Je voulais te donner ce cadeau en privé."

Les sourcils de Harry se redressèrent. "Est-ce que ça implique des danses exotiques et de la sauce au chocolat ?"

"Non," répondit fermement Hermione. "Pour ça, tu devras attendre jusqu'à Noël."

Harry sourit. Prenant une profonde inspiration, Hermione sortit la petite boite qu'elle avait si précautionneusement emballé d'une poche de sa robe et la tendit à Harry. Elle l'observa lui prendre la boite et arracher l'emballage, ses mains rapides et intelligentes ôtant l'emballage et ouvrant la boite aussi facilement qu'il avait si souvent attrapé le Vif d'or. Elle retint son souffle, le fixant ; ses yeux verts sombres s'écarquillèrent derrière ses lunettes, l'air incertain sur son visage comme il levait ces mêmes yeux sur elle… et son cœur manqua un battement, comme toujours quand il la regardait trop directement. Tout était direct chez Harry, son regard, sa démarche, ses mouvements, ses paroles, la façon dont il l'aimait. Il dit, posant les yeux sur la boite puis les relevant sur elle : "Ca a l'air… cher. Hermione, je…"

"Ce n'était pas cher," répliqua-t-elle, levant le menton. Elle pouvait voir son reflet dans les cercles sombres de ses pupilles.

"Elle a dû l'être. C'est une très belle montre." Harry tendit la main, prit la montre d'un air incertain par son bracelet en argent, et la sortit de la boite. La lumière de la lune frappa le verre de la montre, telle un feu de glace. "J'ai besoin d'une montre depuis quatre ans, mais je ne peux pas…"

"Retourne-la, Harry !" conseilla-t-elle. Il s'exécuta et elle vit ses yeux s'agrandir alors qu'il découvrait l'inscription gravée là.

"Sirius me l'a donnée," expliqua-t-elle, les mots se bousculant dans sa hâte et sa nervosité. "Pour que je te la donne. Il a dit que c'était celle de ton père, ta mère la lui a donné quand il a eu dix-sept ans et elle n'a jamais quitté son poignet jusqu'à la nuit où il… jusqu'à ce que Sirius les trouve, et il l'a prise au poignet de ton père mais elle était cassée. Il l'a mise dans la sacoche de sa moto et quand Hagrid la lui a rendue cette année, il a essayé de la faire remarcher, il a fait le tour du Chemin de Traverse avec mais personne n'a pu la réparer, alors il ne savait pas quoi faire avec et il me l'a donnée pour voir s'il y avait quelque chose à laquelle je pouvais penser. Je l'ai emmenée à Londres, dans une boutique de réparation de montres Moldue et ils l'ont immédiatement réparé. C'est pour ça que les boutiques sorcières n'ont pas pu la réparer et j'ai fait mettre cette inscription sous l'originale… Harry, j'espère que ça ne t'embête pas…"

Elle se tut en voyant le regard dans ses yeux. Très lentement, il baissa les yeux et relut les inscriptions, celle très ancienne, élimée et un peu effacée :

Pour James, avec amour, de la part de Lily, ta meilleure amie.

et celle flambant neuve en dessous :

Pour Harry, avec amour, de la part d'Hermione, ta meilleure amie.

"J'espère que ça ne t'embête pas ?" répéta-t-elle, et les yeux de Harry papillonnèrent, sombres et un peu incrédules.

"M'embêter ?" répéta-t-il, la voix un peu cassée. Les mots semblaient lui faire défaut ; il écarta les bras et elle alla s'y enfouir avec un sentiment de soulagement, comme si on lui ôtait un fardeau. Ses mains caressèrent son dos et elle put l'entendre murmurer contre le satin de sa robe, avant d'aller se poser sur sa peau nue et elle rejeta la tête en arrière et lui ôta ses lunettes afin qu'il puisse l'embrasser.

Au début, elle ne fut consciente que de la bouche de Harry sur la sienne, de ses mains enserrant sa taille pour la presser un peu plus contre lui, de son goût délicat et du battement régulier de son cœur. Embrasser Viktor, embrasser Ron, n'avait jamais été bien. Embrasser Drago, c'était comme visiter quelque pays beau et lointain terrifiant dans son étrangeté. Embrasser Harry, c'était rentrer à la maison.

Ce fut la musique qu'elle entendit d'abord. S'élevant autour d'eux, percutant de douceur et de beauté : le chant du phénix. Elle s'écarta de Harry, murmurant contre ses lèvres : "Tu entends ça ?" Il hocha la tête et resserra ses bras autour d'elle.

"Comme la première fois," dit-elle, un peu émerveillée, et elle leva les yeux quand quelque chose fouetta son visage. Il ne neigeait pas cette fois ; au lieu de ça, levant les yeux, elle vit quelque chose qu'elle n'avait jamais vu avant ou aurait pu imaginer : les étoiles, brillant telles des diamants, semblaient, tandis qu'elle observait, se détacher du velours noir du ciel nocturne et descendre lentement, les entourant elle et Harry d'une cage de lueurs étincelantes. Elle savait que c'était une illusion d'optique, tout comme elle savait que ce n'était pas de la vraie neige, mais c'était quand même magnifique à vous en couper le souffle. Les étoiles, chacune de la taille d'un ongle et brillant d'or et d'argent, s'empilèrent à ses pieds, se déposèrent sur ses épaules, se mêlèrent aux cheveux noir de nuit de Harry. Elle le regarda, ses yeux comme du jade vert, suivant son regard levé.

"Comment tu fais ça, Harry ?" murmura-t-elle.

Il secoua la tête. "Je ne sais pas. C'est juste ce que je ressens."

Il paraissait plus jeune sans lunettes ; plus beau, mais moins familier. Elle les lui tendit. "Tu peux voir correctement ?" souffla-t-elle d'une voix qui tremblait un peu. "C'est beau."

Il lui sourit alors. "Je peux te voir. C'est tout ce que j'ai besoin de voir." Il lui prit de nouveau la main et l'attira contre lui, et cette fois, elle s'abandonna complètement à embrasser et être embrassée par Harry et elle ne remarqua même pas quand les étoiles filantes furent remplacées par des bébés hiboux hululant, des bonbons colorés, des feux d'artifice, des boîtes de chocolat et plusieurs paires de dés duveteux roses.

oOoOoOoOoOoOo

Drago ne sut pas combien de temps il resta debout devant le feu mourant, silencieux et aveugle à tout ce qui se passait autour de lui. Quand il leva enfin les yeux de la cheminée, des tâches dorées dansaient devant ses yeux.

Lucius était vivant. Non seulement il était vivant mais il était tout près, il avait vu Drago près de sa tombe, avait entendu ses paroles coléreuses et rebelles et avait probablement bien rigolé durant tout ce temps. Aveuglément, Drago traversa la pièce et s'appuya contre le bureau qui avait été celui de son père, où Sirius s'était assis plus tôt dans la journée. Appuyé contre le coin du bureau, il y avait l'épée que Sirius lui avait offerte pour son anniversaire. Il tendit le bras et serra légèrement le pommeau argenté dans sa main. Le travail sur l'épée était délicat et fin, comme il n'en avait jamais vu de tel : la lame était étonnamment forte et ne semblait pourtant faire que deux millimètres d'épaisseur ; ses bords étaient gravés de roses noires, qui se trouvaient également sur le fourreau, complétées d'épines compliquées. Le long de la poignée étaient gravés deux mots en Latin : Terminus Est. Hermione lui avait dit que cela signifiait Ceci Est La Ligne de Division.C'était une chose incroyablement chère et belle à regarder et Sirius avait refusé de lui dire où il l'avait eu ; il avait seulement haussé les épaules, et souri.

Il laissa sa main parcourir le fourreau que Harry lui avait donné. Le fourreau qui était censé empêcher l'épanchement de son sang. Et ça pouvait fonctionner ; mais cela ne le protègerait jamais de son père. Rien ne le pouvait.

Un bruit à la porte le tira de sa transe. Il leva les yeux, étonné, et vit sa mère qui se tenait dans l'entrebâillement, la lumière du feu inondant les perles colorées sur le devant de sa robe. Elle le fixait, les yeux emplis d'inquiétude.

"Drago. Tu es en train de manquer la fête. Est-ce que tu vas bien ?"

"Je vais bien, Mère," répondit-il d'une voix sans timbre et, relâchant sa poigne sur l'épée, il la suivit hors de la pièce et descendit les escaliers.

La soirée battait son plein et il y avança comme perdu dans un rêve. Des visages, étrangers et familiers, mélangés dans la foule, ce qui avait commencé à lui rappeler les masses se tenant sur la rive opposée dans l'au-delà. Il s'arrêta là et capta des morceaux d'une conversation proche. Adossés à une alcôve, verres en main, Sirius et Arthur Weasley discutaient.

"Arthur, je ne t'ai jamais félicité pour ta nomination au poste de Ministre. On n'aurait pu trouver homme plus méritant."

La voix d'Arthur Weasley était troublée quand il répondit. "Je ne suis pas sûr, Sirius. Au début j'étais flatté, mais dernièrement, il semblerait que beaucoup de personnalités du Ministère auxquels j'ai parlé étaient en quelque sort effrayées de ne PAS voter pour moi. C'est du moins l'impression que ça donnait quand…"

"Arthur, tu deviens paranoïaque."

"Non, Sirius. Je ne pense pas. Je me demandais en fait si peut-être… et bien, avec ta formation d'Auror…"

Leurs voix s'effacèrent comme Drago traversait la foule. Il passa devant Ginny, qui lui tournait le dos près d'Aidan Lynch, au milieu d'un tas de Weasley, identifiables à leurs chevelures de feu. Ginny se tourna quand il passa, ses boucles caressant sa joue et elle détourna sombrement les yeux, mais il ne regarda pas vers elle. Il passa devant Fleur, l'air ridiculement belle, son bras autour de celui de Bill Weasley tandis qu'ils discutaient avec animation avec Maugrey Fol'Œil, dont le visage balafré était tordu en une expression renfrognée. Il regardait avec colère par-dessus la petite installation de karaoké qui avait été placé sur la table à petits fours. Où Severus Rogue (qui, se rappelait Drago de son bref séjour chez le Professeur, était un baryton très plaisant) s'époumonait surses chansons préférées avec un quatuor d'Elfes de Maison comme choristes.

Maugrey grogna. "S'il y a une chose que je déteste," grogna t-il, "c'est un Mangemort qui connaît toutes les paroles de 'Brandy, tu es une chic fille.'"

Fleur éclata de rire ; tout comme Bill, et Drago les dépassa sans s'arrêter. Il passa devant Pansy Parkinson, dansant un étrange pas de deux avec Ron, qui paraissait irrité alors qu'elle lui marchait sur les orteils ; il y avait Lavande et Parvati, gloussant comme d'habitude ; Hagrid, rayonnant et montrant à tous ceux qu'il pouvait attraper la photo de leur jeune fils à lui et Madame Maxime, Rubeus Jr. Il passa devant sa mère dans une conversation animée avec Molly Weasley et puis devant Dumbledore, qui semblait être en train d'essayer de convaincre un Charlie un peu éméché d'accepter le poste de Soins aux Créatures Magiques à Poudlard pour la prochaine année, puisque Hagrid prenait le temps d'être avec sa famille. Bien qu'il gardât l'œil ouvert pour des cheveux noirs et un tourbillon de jupes écarlates, Drago ne vit nulle part Rhysenn Malefoy, un fait qui le consterna mais qui ne le surprit pas. Après avoir délivré un tel message, il se doutait qu'il serait improbable qu'elle reste dans le coin.

Il quitta la partie la plus dense de la foule et s'arrêta un moment pour reprendre son souffle. Il regarda en arrière vers les gens qui riaient, criaient (et, dans le cas de Rogue, qui chantait) et soudain, tout cela lui sembla de trop : le bruit, la pression des gens autour de lui, son propre épuisement et la confusion qui vibrait dans sa tête. Il se tourna à l'aveuglette et tâtonna pour trouver la poignée des portes-fenêtres derrière lui. Il les ouvrit et se glissa dehors.

Il se retrouva sur le large balcon de pierre qui courait à l'extérieur du Manoir. La froide lumière argentée de la lune se répandait comme autant de pièces de monnaie sur le sol de pierre, se reflétant sur l'eau des douves en dessous. La soirée était parfaitement calme, l'horizon bleu-gris était immobile et calme, le silence d'or…

Jusqu'à ce qu'il entende un son. Un rire, ponctué par un soufflé doux et inspiré. Il se retourna et vit deux silhouettes se tenant dans une alcôve sombre : les deux personnes qu'il cherchait, en fait. Harry et Hermione, se tenant si serrés que presque aucune lumière n'était visible entre eux, leurs mains entremêlées, son visage levé vers le sien. La lumière de la lune offrait un jeu de contrastes, les cheveux noirs et la peau blanche de Harry, la ligne de sa main contre sa joue à elle, ses pâles épaules nues s'élevant de l'obscurité de sa robe, les boucles ombragées qui couraient le long de son cou. Il les avait reconnu comme il l'avait toujours fait, mais dans la lumière pâle, il était difficile de dire où il finissait et où elle commençait, ou s'ils étaient un homme et une femme ou un garçon et une fille ensemble, ou s'ils étaient réels ou fantômes. Ils auraient pu être les propres parents de Harry. Ils auraient pu être n'importe quel couple d'amoureux.

Drago se détourna, réalisant que, comme il devrait le savoir depuis longtemps, il ne pouvait aller les voir quand… pas ce soir, pas pendant l'anniversaire de Harry, pas quand…

Le contact d'une main sur son épaule le fit presque bondir. Instinctivement, il tendit la main en avant… mais son épée enchantée était bien sûr partie. Il se retourna vivement et vit, se tenant devant lui avec un regard sérieux dans ses yeux bleus, Albus Dumbledore.

"Monsieur Malefoy," dit doucement Dumbledore, "je me demandais si je pouvais abuser un peu de votre temps."

oOoOoOoOoOoOo

Encore hébété, Drago suivit Dumbledore dans le couloir puis dans un salon qui ne contenait aucun autre invité et brillait d'une myriade de lumières colorées suspendues. Un faible feu brûlait dans l'âtre. Il pouvait se voir dans le miroir au-dessus du manteau de la cheminée : il avait l'air tendu, froid et fatigué. Par-dessus son épaule, il pouvait voir le reflet de Dumbledore qui se tenait derrière lui, l'air distant et un peu sévère, le pétillement habituel ayant quitté ses yeux.

Ce n'était pas la première fois qu'il voyait le Directeur depuis la fin des cours. Dumbledore était venu au Manoir quelques jours après le retour de Drago et Harry et avait discuté avec chacun d'eux (Harry et Drago, Sirius et Narcissa) séparément et ensemble. Il savait mieux que personne les événements qu'il avait traversé, jusqu'aux moindres détails. Il avait même observé avec un certain amusement qu'il n'y avait aucune divergence entre les histoires racontées par Harry et Drago, absolument aucune. "D'habitude, à moins que des personnes se soient mis d'accord au préalable sur une histoire, certains détails diffèrent dans le souvenir. Mais pas vous."

Harry avait haussé les épaules. "Peut-être qu'on voit juste les choses de la même façon."

Dumbledore avait secoué la tête. "Non. Je ne pense pas que ce soit ça," avait-il dit, mais il avait refusé d'élaborer davantage.

"Ainsi, Drago, vous ne semblez pas apprécier la soirée," disait à présent Dumbledore. Drago pouvait sentir son regard sur sa nuque.

"Je suis seulement fatigué, Professeur."

"Oui. Certains le penseraient sûrement." Dumbledore s'approcha pour se tenir près du feu ; Drago s'écarta pour lui laisser de la place. Il entendit Dumbledore soupirer. "Donc, qui était la fille et quel était le message qu'elle vous a donné ?"

Drago se tourna légèrement et vit les yeux bleus perçants du Directeur sur lui. "Vous l'avez vue ?"

Dumbledore hocha la tête. "Une des Malefoy de Singapour, si je ne fais pas erreur. J'ai reconnu les pupilles dorées."

"Comment savez-vous qu'elle m'a laissé un message ?"

"Il était évident qu'elle était à la soirée seulement à cause de vous. Elle vous a traîné sur la piste de danse, et dès qu'elle a ... dansé avec vous, elle a disparu."

"Des filles me courent après tout le temps," se força à souligner Drago. "Ça ne fait pas d'aujourd'hui un jour exceptionnel."

"Il est rafraîchissant de voir que votre vanité est intacte, Drago. Je suis sûr que des filles vous courent après, comme vous dites, mais... des filles qui portent la Marque des Ténèbres ?"

Drago le regarda légèrement. "Vraiment ? Je ne l'ai pas vue."

"Vous ne portiez pas une paire de Lunettes à Rayons X de Fred et George Weasley."

Drago sourit presque. "Est-ce que ces trucs marchent vraiment ?"

Maintenant les yeux de Dumbledore pétillaient. "Je pense qu'ils marchent très bien." Il redevint sérieux, et son expression s'assombrit. "Drago... quel message a-t-elle délivré ?"

Drago baissa les yeux. "La vérité. Et probablement quelques mensonges. Monsieur le Directeur..." Il prit une profonde inspiration. "Mon père est en vie."

Drago sentit son corps se tendre à l'attente de la réaction du Directeur, mais il n'y en eut aucune.

"Oui, je pensais qu'il pouvait l'être." fit doucement Dumbledore.

Il y eut alors un silence ; seul le craquement d'une bûche l'interrompit. "Il y a plus que ça," avoua enfin Drago. Il se tourna et rencontra de nouveau son reflet dans le miroir. Par dessus son épaule, il pouvait voir le Directeur l'observer. "Il est au service de Voldemort... et il était content que j'ai tué Serpentard. Il dit que j'ai écarté le seul sorcier qui aurait pu empêcher l'ascension du Seigneur des Ténèbres."

"C'est ce qu'il a fait." Dumbledore fixait le feu, le visage impassible. "Qu'est-ce que cela signifie pour vous, Drago ?"

"Que rien de ce que je fais n'est bien." Drago se pencha jusqu'à ce que sa tête repose sur le rebord du manteau. "Peu importe quelle partie de Harry est en moi… peu importe quelle voix me dit de combattre et de ne pas hésiter à faire ce qui est bien… ça ne marche pas, pas en moi. J'ai dit une fois à Serpentard qu'on ne peut pas être bon avec des pouvoirs qui viennent de l'Enfer. Je pensais faire la bonne chose et tout ce que j'ai fait n'a fait que faciliter l'ascension du Seigneur des Ténèbres."

"Seulement si vous choisissez de le voir ainsi." La voix du Directeur était claire et ferme. "Ou vous pouvez le voir de cette manière : Salazar Serpentard était un sorcier immensément maléfique, immensément puissant. Sans opposition, il aurait sans doute conquis le monde magique, et le glas de la mort et de la destruction aurait été immense. Cela, vous l'avez empêché. Nous nous occuperons de Voldemort à un autre moment. Dans tous les cas, la bataille contre Serpentard, c'était à vous de la mener. La bataille contre Voldemort... c'est celle de Harry."

"Mais si j'avais su..."

"Qu'auriez-vous fait de différent ? A quel moment auriez-vous dû agir autrement ? La vie n'est pas facile, Drago. Le passé nous tente, le présent nous embrouille et le futur nous effraie. Aucun choix n'est simple et nul ne peut savoir ce que réserve le futur. Pensez-vous que Harry, quand il a choisi de partager le Trophée du Tournoi des Trois Sorciers avec Cédric, savait que cela conduirait à la mort de son camarade ? Sirius savait-il qu'en faisant confiance à Peter Pettigrew, cela scellerait la mort de James et Lily ? Peu importe à quel point ce moment est fragile, le moment du choix. Si ce que vous choisissez est bon, personne et rien ne peux vous l'enlever, pas même l'incertitude du futur."

Drago ne leva pas la tête, mais il sentit un léger soulagement en lui, comme si un poids lui avait été enlevé. "Il y a autre chose. Quelque chose que je ne comprend pas."

Le Directeur leva la main, et le tisonnier vola jusqu'à lui. Drago regarda du coin de l'œil Dumbledore remuer tranquillement le feu, projetant des étincelles colorées. "Qu'est-ce donc, Drago ?"

"Serpentard a dit que je n'aurais pas dû être capable de le défier… et pendant un moment, je n'ai pas pu. Je n'ai pas pu lutter contre l'influence de l'épée, je n'ai pas pu agir contre elle. Et puis, soudain, j'ai découvert que je pouvais, juste après avoir tué la Manticore… quelque chose est arrivé qui m'a rendu capable de lutter contre lui. Même après qu'il m'ait apposé la Marque des Ténèbres. Cela aurait du être impossible, n'est-ce pas ? Serpentard a dit que j'étais… que je devais être... défectueux, quelque part."

"Seulement si l'amour est un défaut."

Drago tourna la tête. "Que voulez-vous dire ?"

"Ce que vous avez... dit à Harry sur ses parents…"

Drago frémit légèrement.

"Ne faites pas cette tête. Ce que vous avez fait à Harry, vous l'avez fait pour sauver sa vie, en sachant que cela pouvait vous coûter votre meilleur ami," (à cela, Drago parut légèrement vert) "la seule autre personne au monde qui détienne une partie de votre âme, tout comme vous détenez une partie de la sienne. Vous n'êtes pas vous-même sans Harry, et Harry, qu'il le sache ou non, n'est pas lui même sans vous. Risquer cela était un acte d'une grande générosité. Un mal comme celui de Serpentard, un mal comme celui qui donnait vie à l'épée ne pouvait comprendre cela, ne pouvait le saisir. Et en perdant prise, il a perdu son pouvoir sur vous. Si Serpentard dit que vous êtes défectueux, c'était parce que vous étiez créé pour être ce qu'il était : une pièce sans fenêtre. Ce qui est arrivé entre vous et Harry, le lien qui a été forgé par la Potion, a taillé une fenêtre dans les ténèbres. Désormais, vous pouvez regardez dehors et voir les étoiles. Considérez cela défectueux, si vous le souhaitez. Pas moi."

"Mais je me suis vu..." chuchota Drago, sa voix ferme mais âpre. "J'ai vu dans le Miroir du Jugement... ce que je suis vraiment. Je suis défectueux."

"Ce n'était pas le Miroir du Jugement." La voix de Dumbledore coupait à présent avec ce qui semblait être de la colère. "Pour le fils d'une famille cynique, vous êtes terriblement crédule. Serpentard vous a menti. Il y a eu un miroir élaboré en même temps que le Miroir du Rised, pour être son jumeau. Quand vous regardez dedans, vous ne voyez pas ce que vous désirez le plus, mais ce que vous craignez le plus. Ce n'est pas la réalité. Ce sont les noires terreurs de votre esprit." Dumbledore secoua la tête. "Vous avez vécu une courte vie, Drago Malefoy. Dans cette courte vie, vous avez accompli de nombreuses choses. Avec rancune parfois, stupidement à d'autres moments ; vous avez menti pour causer du tort aux autres et êtes resté silencieux quand vous auriez dû vous confier. Mais vous avez changé. Aucun miroir ne peut refléter un tel changement. C'est un vrai reflet de ce que vous êtes. Si vous ne pouvez pas le voir, alors faites confiance au reflet que vous voyez dans les yeux de vos amis... que voient-ils quand ils vous regardent ? Ce que Sirius voit, ce que Hermione voit, ce que Harry voit ? Je pense que vous connaissez la réponse à cela."

Drago avala avec difficulté quelque chose qui obstruait sa gorge depuis ce qui semblait un long moment. Déglutissant avec peine, il se tourna et sentit ses épaules se tendre. Il baissa les yeux sur ses mains, où la chevalière brillait contre sa peau pâle. Des mains tellement semblables à celles d'Harry, la même articulation fine des os, les mêmes ongles carrés, le seul rappel physique que, des générations plus tôt, leurs ancêtres avaient été cousins. Il dit : "Je voulais dire à Harry pour mon père, mais c'est son anniversaire… je ne peux pas le faire maintenant. Si je le dis à Sirius et à ma mère, cela pourrait briser leurs plans de mariage. Mais je devrais…"

"Drago." Le Directeur posa une main sur son épaule. "Vous me l'avez dit. C'est tout ce que vous avez besoin de faire. Les problèmes viendront en leur temps, il n'y a pas besoin de se jeter dedans. Pour l'instant, il y a une fête juste à côté de cette pièce. Allez-y. Faites-vous plaisir. Restez avec vos amis."

Drago hocha la tête, et se dirigea vers la porte. Le Directeur regarda le garçon traverser la pièce, la lumière du feu projetant des reflets chauds sur ses cheveux argentés, la même tenue d'épaules qu'un autre garçon auquel Dumbledore avait enseigné, un autre garçon aux cheveux d'argent et aux yeux gris comme la lumière du matin. Lucius. Qui, comme son fils, avait été touché par le destin ; la marque de quelque chose de spécial avait été sur lui, comme elle l'était sur son fils Drago. Que Drago soit voué à un plus grand bien ou de plus grandes ténèbres, Dumbledore ne pouvait en être sûr. Il n'y avait nul moyen d'être sûr. Il ne pouvait qu'attendre.

oOoOoOoOoOoOo

"Merci tout le monde !" déclara Harry, et il étouffa un bâillement. Hermione enroula ses bras autour de lui et l'attira contre son épaule. "Ce sont les plus beaux cadeaux que j'ai jamais reçus."

On était juste après minuit et Harry était assis au milieu d'une pile de papier cadeaux déchirés en bas des marches du salon. La soirée continuait toujours dans la salle de bal, bien que le volume sonore soit bien moins important qu'auparavant. Seuls quelques invités étaient partis : Percy et Honoria s'embrassaient à une table près de la fenêtre et Angelina et Jana paraissaient ennuyées alors qu'elles observaient Fred et George sauter dans et à l'extérieur d'une fontaine magique que Maugrey Fol'Œil avait fait apparaître pendant un bref moment de bonne humeur. Fleur et Bill avaient disparus. Lupin avait été forcé par Sirius de raccompagner Heidi à son appartement londonien. Hagrid était profondément assoupi et ronflait dans un coin. Les parents Weasley avaient depuis longtemps transplané chez eux et désormais, seuls restaient ceux que Drago considérait personnellement comme "la famille" : Narcissa et Sirius, Ron et Ginny, et Harry et Hermione, regroupés autour du feu mourant, s'extasiant sur les cadeaux d'anniversaire de Harry. Ginny avait donné à Harry un ancien Gallion Gryffondor des caves Weasley et Sirius lui avait offert une Cape d'Invisibilité pour remplacer celle détruite par Serpentard. "Je ne peux pas m'empêcher de penser que je suis en train de te donner quelque chose qui te fera avoir des ennuis." Sirius sourit aux protestations de Harry. "Mais ton père voulait que tu aies la sienne, alors… voilà." Hermione lui avait donné une montre, Narcissa un nouveau nécessaire à balai et Ron lui avait donné un objet qui fit hurler de rire Hermione quand il fut déballé : une boule noire avec une fenêtre de verre dedans. On était censé lui poser une question et la secouer, et des mots apparaissaient en réponse à la requête formulée. "Un vrai Magic 8-Ball." gloussa Hermione. "Pose une question, Harry."

Harry parut un instant hésitant et sérieux ; puis son visage se détendit en un sourire, et il demanda : "Est-ce que j'aurai des problèmes avec la Cape d'Invisibilité que Sirius m'a donnée?"

Tout le monde se pressa autour pour voir les mots se former sur la fenêtre de verre : Bien sûr que tu en auras, Harry.

Hermione éclata de rire. Ron l'arracha de la main de Harry et l'examina pensivement. "Est-ce que Honoria porte vraiment des sous-vêtement léopard ?" demanda-t-il.

Pas pour le moment, répondit la boule.

"Elégant…" remarqua Ginny. "Ca marche vraiment, hein ?" Elle la frappa avec un doigt. "Est-ce que Drago portera de nouveau des pantalons de cuir ?"

Alors que tout le monde se rassemblait en rigolant, Drago leva les yeux vers Harry. Potter, pensa-t-il, je pourrai te parler une seconde ?

Harry leva les yeux, par dessus la tête baissée de Ron. Quoi, ici ?

Drago se leva aussi doucement qu'un chat et s'éloigna du groupe. Il traversa la pièce jusqu'au mur opposé, où se trouvait une série de fenêtres, et se tourna face à Harry. Par ici. Juste une seconde.

Harry se mit sur ses pieds, s'extirpant sans problème du groupe qui gloussait, souffla doucement quelque chose à l'oreille d'Hermione et vint près de Drago. Drago l'observa tandis qu'il traversait la pièce et se dit non sans une petite surprise que Harry semblait différent, quelque part, d'une façon subtile. Il avait tellement réfléchi à combien les événements l'avaient changé et il n'avait pas songé comment ils avaient pu changer Harry. Il semblait à la fois plus confiant et plus calme, comme s'il avait trouvé un équilibre en lui qu'il n'avait pas su posséder précédemment. Il avait aussi un air de tristesse, un chagrin mélancolique qui faisaient compatir Drago et dont il se sentait responsable. C'est ma faute.

"Qu'est-ce que c'est, Malefoy ?" demanda Harry d'un ton neutre, une fois qu'il fut à portée de voix. Il s'adossa contre la vitre près de Drago, mains dans les poches, un petit sourire sur les lèvres. "T'as l'air un peu désespéré."

Quel que fut le discours soigneusement préparé que Drago avait en tête, il fondit comme de la neige en juin grâce à une perte inattendue du contrôle de ses nerfs. "Cadeau d'anniversaire !" croassa-t-il et il tendit la main et l'objet dedans à Harry.

"C'est quoi ?" demanda Harry, baissant les yeux, le sourire sur son visage s'effaçant pour être remplacé par un regard de curiosité neutre. "C'est une Pensine ?"

Drago hocha la tête. Il semblait avoir du mal à trouver ses mots. "Oui," dit-il enfin. "Ce sont mes souvenirs dedans. Mes souvenirs de… la mort. Mes souvenirs de tes parents. Leurs fantômes, quoi."

Harry se renfrogna. Sa figure devint neutre, lisse et insondable. Sentant qu'il avait fait une horrible erreur, Drago ne dit rien. Il jeta un coup d'œil aux autres, qui jouaient toujours avec le 8-Ball et ne prêtaient aucune attention aux deux garçons. Hermione ne l'aurait sûrement pas laissé partir si elle avait pensé que Harry…

"Tes souvenirs ?" répéta enfinHarry. "Mes... parents ?"

Les mains de Drago étaient humides de sueur. Il déclara : "Je sais que ce n'est pas un cadeau d'anniversaire ordinaire. Bon sang, c'est pas un cadeau ordinaire du tout. Je te l'aurais donné, quand même, même si ça n'avait pas été ton anniversaire. Tu en as le droit, Potter. C'est toi qui aurais dû y être, pas moi."

"Ah…" fit Harry, et un fantôme de sourire flotta sur son visage. "Donc c'est moi qui aurais dû mourir, alors ?"

Drago desserra les mains. "Tu sais que ce n'est pas ce que je veux dire." Il regarda Harry plus intensément. "Mais je sais que si tu pouvais y aller et revenir et si tu savais que tu pouvais revenir, tu irais."

"Je sais." Harry tendit le bras et prit le présent de Drago, les yeux sombres. "Je le ferais, n'est-ce pas ?"

"Potter…"

"Je ne sais pas quand je serai capable de regarder dedans," ajouta Harry, avec une parfaite honnêteté, sa main serrée sur le bord de la Pensine.

"Non," dit Drago, et il regarda son reflet dans la fenêtre sombre. L'image dans le verre était ombrée : il ne pouvait voir que les contours de son visage, la courbe des joues et des pommettes, le creux de ses tempes. Il semblait que Harry et lui n'avaient pas l'air si différents. "Mais tu as le droit."

"Ouais. Je suppose que oui."

"Tu n'aimeras pas tout ce que tu entendras et verras."

"Non. Je ne m'y attends pas."

"Je ne voulais pas te faire plus de mal." La voix de Drago était rauque. "J'le veux toujours pas. Mais d'un autre côté…"

"J'étais jaloux," énonça calmement Harry.

Drago cilla. "Tu étais quoi ?"

"J'étais jaloux," répéta Harry. Ses yeux étaient couleur malachite dans la demi-lumière. "Tu as vu mes parents et pas moi. J'étais jaloux et ça me déchirait à l'intérieur." Il éleva légèrement la Pensine. "Ça rend les choses plus simples."

"Rien ne peut réparer ce que je t'ai fait."

"Peut-être. Peut-être pas."

Drago baissa les yeux sur sa main qui reposait sur le montant de la fenêtre. Harry suivit son regard. Il remarqua avec une légère surprise le lourd anneau d'onyx qui enserrait le fin doigt de Drago. C'était nouveau ; il ne s'en rappelait pas. Un cadeau d'anniversaire peut-être.

"Et pour l'année prochaine ?" fit soudain Drago.

"L'année prochaine ?" Harry était perdu.

"La prochaine année scolaire. Retour à Poudlard. Sommes-nous amis, ou pas ? Est-ce qu'on se parlera ? S'ignorera ? Passera dans les couloirs sans se parler ?"

"Euh..." Harry était toujours un peu perdu. "C'est ce que tu veux ?"

"Non."

"Tout le monde sait qu'on est frères, désormais." Harry dit cela très simplement, sans aucune emphase sur le mot frères.Il vit Drago toutefois y réagir ; ses yeux luirent d'un gris plus sombre pour un instant.

"Je soupçonne qu'ils présument tous que nous en souffrons assez horriblement."

Harry médita un moment. "Nous serons capitaines d'équipe l'un contre l'autre l'an prochain," fit-il pensivement. "La rivalité Gryffondor-Serpentard est très importante pour les deux maisons et, regardons-le en face, nous sommes les figures de proue pour ça. De plus, tout le monde dans ma Maison me regardera bizarrement si je commence à traîner avec toi. Quant à toi, je ne veux même pas penser à ce que les Serpentards te feront si tu commences à traîner avec moi."

"Ça provoquera peut-être une espèce de lynchage."

"J'ai peur qu'il n'y ait rien pour ça."

"Oh…" la voix de Drago sonnait un peu cassante. "Alors on n'est pas amis, alors ? Bon, alors, je pensais juste qu'on devait éclaircir ça et…"

"On n'aura qu'à faire semblant," acheva Harry.

"Faire semblant ? Semblant de quoi ?" Maintenant, Drago avait l'air perdu.

"Se haïr l'un l'autre, bien sûr. On ne peut pas décevoir tout le monde, non ?"

"Mais nous saurons que nous ne nous haïssons pas ?"

"Exact !" fit Harry, avec un sourire.

"T'es dingue, Potter."

"C'est ce que dit La Gazette du Sorcier," approuva Harry. "Bien sûr, c'est parce que tu leur a dis que je bave."

"Oh, bon." A présent Drago souriait, avec rancune. "Je suppose que ce ne sera pas difficile de faire semblant, n'est-ce pas ?"

"Horriblement facile, je pense."

"Est-ce qu'on va toujours se détester ? Je veux que les règles soient claires."

"Retiens tes poings, Malefoy. C'est tout ce que je demande. Et pas de Sortilèges Impardonnables."

Drago sourit. "C'est un joli petit plan rusé, Potter..."

"... pour un Gryffondor. Je sais." termina Harry à sa place.

Drago ne dit rien. Harry le regarda et vit que ses yeux étaient accrochés à un point à travers la pièce. Il suivit le regard de Drago vers la cheminée, où le reste de leurs compagnons étaient regroupés près du feu. Sirius était assis près de Narcissa sur le long canapé, la lumière du feu accentuant l'amusement dans les yeux sombres de celui-ci et brillant sur les perles de sa robe. Sur le tapis près du feu se trouvait Hermione, la tête penchée sur la boule magique, sa main droite jouant tranquillement avec l'amulette en topaze autour de sa gorge. Elle n'était pas belle de la façon flamboyante dont l'était Fleur, ou Narcissa, mais la ligne de son profil était pure et claire et adorable dans la demi-lumière, et sa bouche était incurvée en un sourire. Près d'elle était assis Ron, et la cicatrice sur sa main était très noire dans la lumière, mais ses yeux étaient bleus et pleins de rire. Ginny étaient assise à ses pieds, ses cheveux devenant ambré à la lueur du feu, sa main sur l'épaule de Hermione alors qu'elle gloussait. Harry ne pouvait dire ce que faisaient les autres, de quoi ils riaient, mais ça n'importait pas ; ils étaient heureux, et le bonheur irradiait d'eux comme une vague, touchant Drago et Harry où ils se tenaient, à l'écart, entrant en eux.

Alors qu'ils regardaient tous les deux, Hermione leva les yeux de la boule qu'elle étudiait, souriant comme si cela était parfaitement naturel de les voir debout à regarder comme ça et ses yeux retournèrent à la petite boule de verre.

Harry se tourna de côté, regarda Drago, et vit un petit demi-sourire jouer aux coins de sa bouche. Harry tendit le bras et posa une main sur l'épaule de Drago. C'était un geste aussi fraternel qu'il savait le faire. Cela lui fit bizarre un moment ; et puis l'étrangeté disparut, remplacé par une sensation encore plus bizarre de bien. "Malefoy, qu'est-ce que tu vois comme ça ? Qu'est-ce que tu regardes ?"

Pendant un moment, Drago ne répondit pas. Ses yeux étaient calmes, mais cependant emplis d'une émotion puissante, indéfinissable et familière. Cela aurait pu être de la joie ou de la tristesse, de la colère ou de l'agonie, du regret ou du remord ou un mélange de tout cela. Puis le regard s'effaça. Il se tourna vers Harry et sourit ; un sourire coupable, le sourire d'un garçon de dix-sept ans, plein de bonheur et espiègle.

"Mes souvenirs heureux !" répondit-il.

FIN

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Notes de l'auteur : et nous y voilà ! Et avant que vous commenciez à lancer des tomates en hurlant "On n'a jamais découvert ce que Ron allait dire à Hermione dans la cellule ! Qu'est-ce qui est arrivé à Ben et son armée ? Où est Voldemort ? Quelle est cette baliverne à propos de Lucius vivant et comment osez-vous ne pas éclaircir les relations entre les personnages !", gardez juste à l'esprit que ce n'est pas vraiment la fin de Drago Sinister... c'est le début de Drago Veritas ! La troisième partie de la Trilogie de Drago, dans laquelle nous suivrons nos héros durant leur septième année à Poudlard, des ruptures et des mises en ménage à profusion, le mal menace le Monde Magique, Harry et Drago devront jouer au Quidditch l'un contre l'autre, Ron aura une romance torride, Charlie enseignera les Soins aux Créatures Magiques, et Drago embrassera Harry. Ou est-ce bien lui ?

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REFERENCES :

L'épée Terminus Est et ses pouvoirs appartiennent à Gene Wolfe's Books of the New Sun, spécialement Shadow of the Torturer.

"Ils deviennent suants" et "Je m'en tiens à ma terminologie." -- BtVS (Buffy.)

"It's entirely pointy." -- Buffy.

Honoria Glossop est un personnage de la série PG Wodehouse des livres de Jeeves et Wooster. Elle réside en effet aux Totleigh Towers.

"Si c'était un pingouin albinos aveugle et qui n'avait plus beaucoup d'années devant lui." -- Blackadder, Saison Deux, "Head."

"Le passé nous tente, le présent nous embrouille, et le futur nous effraie. Aucun choix n'est simple et personne ne peut savoir ce que nous réserve le futur." -- Babylon Five.

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Voilà, c'est la fin…. Voici un petit commentaire de Fred le béta, pour vous, lecteurs :

Je suis arrivé en cours de route, dans le rôle du relecteur / correcteur de français. Autrement dit, toutes les fautes de français que vous pouvez trouver sont de ma responsabilité ;-)

C'est grâce à Alana que je me suis joint à l'équipe durant la traduction de Draco Dormiens et je n'ai jamais eu à le regretter. Cette fanfic est de qualité, imaginative et bien écrite. Et toute l'équipe de traduction a abattu un boulot impressionnant pour en faire profiter les malheureux comme moi, totalement imperméables aux subtilités de la langue de Shakespeare !

Bref, j'ai pris grand-plaisir à cette activité et j'espère bien pouvoir continuer sur Draco Veritas !
Vive nous !

Cordialement
Frédéric Bonneville

"Une bonne chose de faite :) Je ne suis pas mécontente qu'on ai enfin finit

(bien que je sois arrivée trop tard dans l'intrigue pour vraiment mesurer

l'ampleur du travail parcourut). Je serais très heureuse de reprendre la

Team pour le dernier volet, donc s'il y a des intéressés, contactez-moi ;)

Un grand merci aux gens qui nous ont suivit et encouragés, et tout

particulièrement à Alana qui a fait un super boulot sur DS ! "

Bises

Kya

Les autres n'ayant pas répondu à mon appel de petit mot, j'updaterai ce chapitre s'ils m'en envoient…

Pour ma part, je suis soulagée et fière d'avoir mené ce projet à terme, car même si on a avancé comme des escargots neurasthéniques, on l'a fini ! Comme dit Fred, Vive Nous !

Et merci à tous ceux qui nous ont soutenus. Vos reviews font chaud au cœur !

Au revoir !

alana