Auteur : Alana Chantelune ([email protected])
Titre : Voler de ses propres ailes
Beta-readeuse : Lexyann
Résumé : La réception des Black a fini de mettre Sirius hors de lui quand il a découvert qu'on voulait lui arranger un mariage avec une cousine éloignée. Il décide de tirer un trait définitif sur sa famille, et ne va pas faire dans la dentelle !
Dernier chapitre! Sirius Forever! J.K. Rowling, je te hais ! Mais que ça t'empêche pas d'écrire les deux derniers bouquins !
Présentation des personnages:
Sirius Black : là, vous connaissez…
Regulus Black : jeune frère de Sirius, adhère complètement aux vues extrémistes de la famille. Je lui ai donné 14 ans dans la fic.
Monsieur et Madame Black : leurs parents
Les cousins Black : Servius est le frère du père de Sirius. Lui et sa femme ont trois filles :
Bellatrix Black : la plus jeune cousine de Sirius, Serpentard entrant en septième année. Future Madame Lestrange et future Mangemorte.
Andromède Black Tonks : aînée des cousines Black. A été reniée pour avoir épousé un enfant de moldu. Mère d'une petite fille, cousine préféré de Sirius.
Narcissa Black Malefoy : cadette des cousines Black, sœur de Bellatrix et Andromède, jeune épouse de Lucius Malefoy. Future Mangemorte.
Lucius Malefoy : Héritier du clan Malefoy. Futur Mangemort (ou déjà Mangemort).
Caius Malefoy : père de Lucius, veuf.
Les Lestrange : grands amis des Malefoy, ils se font vieux et ont deux fils :
Rodolphus Lestrange : fiancé de Bellatrix, Serpentard entrant en septième année. Futur Mangemort.
Rabastan Lestrange : de deux ans plus âgé mais moins brillant que son frère, fiancé à Anaïs MacDull. Futur Mangemort.
Les Mehflua : cousins de la mère de Sirius. Leur fille Ganymède a épousé Rockwood.
Les Rockwood : Augustus travaille au Département des Mystères. Futur Mangemort. Il a épousé Ganymède la fille des Mehflua. Leur fils Catus a 22 ans, leur fille Altaïr 12 ans.
Les MacDull : importants politiciens, une de leur fille, Cléa, a épousé Walter Bergson ; l'autre, Anaïs, est fiancée à Rabastan Lestrange.
Les Bergson : Walter est directeur des Transports Magiques. Il a épousé Cléa MacDull.
Alphart Black : vieil oncle de Monsieur Black, célibataire, pas très courageux, cache son affection pour Sirius.
Cousine Eunice : Cousine de Monsieur Black, vieille fille bigote et raciste.
Tante Elladora : une tante de Sirius, veuve.
Kreacher : elfe de maison des Black, âge avancé.
Tinny : très vieille elfe de maison, elle commence à être trop vieille pour travailler.
Torchy : fille de Tinny, elle est la plus jeune des trois elfes et la préférée de Sirius.
James Potter : meilleur ami de Sirius. Heu, là, vous connaissez aussi, non?
Edmund Potter : père de James. J'ai pris le prénom d'un des héros du cycle de Narnia.
Eliane Potter : mère de James. Prénom d'une dame des chevaliers de la Table Ronde.
***
Chapitre trois
D'un seul coup, toute sa haine, tout son mépris pour ce qu'il était le saisirent. La douleur qu'il avait ressenti durant tant d'années en espérant l'affection de ses parents, le désespoir qu'il avait ressenti en comprenant qu'ils ne le regarderaient jamais comme leur fils mais comme un simple maillon dans la lignée, que sa mère ne le câlinerait jamais, que son père ne serait jamais fier de lui, qu'ils ne l'encourageraient jamais à faire ce qu'il aimait, qu'ils ne l'aimeraient jamais, tout simplement…
Une joie sourde se diffusa en lui tandis qu'il prenait la parole avec un maximum d'insolence pour sortir enfin le grand jeu qu'il avait décidé.
"Une seconde. La jeune Altaïr meurt peut-être d'envie de m'épouser ou est assez docile pour obéir au doigt et à l'œil mais il est hors de question que je l'épouse.", déclara Sirius en regardant lentement l'assemblé, qui se tut.
"Ah, les jeunes… Vous aurez le temps d'y penser, dit Monsieur Rockwood alors que les parents de Sirius avaient blêmi.
"Je ne l'épouserai pas.", affirma Sirius en reposant ses couverts de façon à les faire cliquer sur son assiette.
"Nous en reparlerons!", trancha son père d'une voix menaçante.
"Non. Je ne l'épouserai pas, vous êtes bouchés ou quoi?" répéta Sirius en le dévisagea comme si c'était un attardé mental.
Monsieur Black se mit à trembler de rage.
"Quelle insolence… Fais tes excuses immédiatement à nos hôtes!"
"Dans tes rêves!" se moqua Sirius. "Si vous vous imaginez tous que je vais épouser une pauvre sang-pure que vous avez réussi à dégoter, vous vous fourrez le doigt dans l'œil. Je n'épouserai jamais de sang-pure au sang abâtardi, je me contenterai d'une fille qui me plaira, merci bien, et de préférence enfant de moldu ou encore mieux, moldue!"
"Espèce de petit insolent!" cracha sa mère en se dressant sur son siège. "Présente tes excuses immédiatement! Jamais on avait humilié le nom des Black ainsi!"
"Vous devriez vous calmez, mère. L'énervement ne vous va pas du tout. Ça vous rend toute jaune comme une vieille peau… Oh, c'est vrai! Vous êtes une vieille peau!" dit-il nonchalamment en avalant une gorgée de vin.
Le silence délicat qui s'en suivit permit à chacun d'entendre les hoquets de Madame Black, ainsi que la voix terrible de son époux.
"Dehors. Sors d'ici. Nous réglerons ton compte plus tard!"
"Non.", rétorqua posément Sirius. "Réglons cela maintenant."
Il fixa son père avec une joie malsaine. Il allait les enfoncer!!
"DEHORS!" cria son père en se dressant à son tour.
"Mais avec plaisir!" hurla Sirius en se levant à son tour, faisant tomber sa chaise et jetant son verre par terre.
Le précieux cristal éclata en mille morceaux.
"Rien ne me ferait plus plaisir que de me tirer de cette baraque pourrie jusqu'à la moelle. Tout ce que vous êtes, vous et chacun de vos invités, me répugne!", siffla t-il en continuant à regarder son père dans les yeux.
L'assemblée était muette. Le scandale de l'année!!! Sirius se tourna vers Altaïr.
"Ma petite, je ne te souhaite de ne pas ressembler à tes parents, mais ça m'a l'air mal parti pour toi. En tout cas, désolé, je sais que je suis absolument irrésistible, mais les fillettes de ton âge ne m'intéresse pas, surtout que tu es ma cousine. Mais si tu veux vraiment devenir Madame Black, il te reste mon frangin! Il est très mou comme type, plutôt facilement influençable. Tu pourrais y trouver ton compte, et tu pourras avoir autant d'enfants abâtardis que tu veux avec lui. Ou peut-être pas! Je ne sais pas s'il en est capable, mais je te préviens, ça fait longtemps que les moldus savent que les mariages entre cousins donnent des gamins attardés. La consanguinité n'est pas très recommandée. Mais si tu veux avoir des débiles congénitaux comme gosses… Libre à toi."
"IL SUFFIT!!! DEHORS, HONTE DE MON SANG!!!" beugla son père, tandis que sa mère poussait un cri de rage.
"JE SUIS FIER D'ÊTRE LA HONTE DE CETTE FAMILLE MAUDITE PARCE QUE TOUT CE QU'ELLE EST, EST UNE HONTE POUR LE MONDE DE LA SORCELLERIE!!!" cria Sirius en retour.
Son père saisit sa baguette, mais Sirius fut plus prompt que lui.
"Experliarmus!" cria le jeune homme et la baguette de son père vola à l'autre bout de la pièce, tandis que celui-ci était projeté sur son siège. Il fut retenu par Malefoy père, qui manqua de peu de se retrouver écrabouillé par son hôte et d'ajouter ainsi au ridicule de la situation.
"Ne t'avise jamais plus de lever la main sur moi, tu le regretterais!", gronda Sirius. "C'est pareil pour les autres, je n'hésiterai pas à m'en servir. Et je suis plus doué que pas mal d'entre vous!", déclara t-il en menaçant l'assemblée de sa baguette dont l'extrémité luisait sous l'effet de sa colère.
Sa mère bafouillait : "Tu… Tu as agressé ton père…"
Cela fit sourire Sirius. Chacun savait, vu l'état de Sirius, qu'il suffisait d'un rien pour que la baguette laisse échapper son pouvoir.
"Continuez donc à vous féliciter des meurtres de ce cher Voldemort! Oh, oui, vous avez la frousse de ce nom, hein? fit-il avec satisfaction en voyant la panique ou la terreur se peindre sur les visages. VOLDEMORT!!! Bande de larve, allez donc lui cirer les pompes à ce monstre, tout ce que je vois ici c'est une brochette d'aspirants Mangemorts qui se disent nobles alors qu'ils n'espèrent que ramper aux pieds d'un assassin… Et tu peux me déshériter, j'en ai rien à cirer, au contraire je n'attends que ça!! Tout ce que j'espère, c'est que si je me marie un jour, je prendrai le nom de mon épouse et me débarrasserai de cette immondice qu'est le nom des Black!!"
D'un geste rageur, il déchira sa robe, et appela :
"Kreacher! Tinny! Torchy!!"
Tinny et Torchy furent là en un instant, tremblantes de peur. Sirius leur balança immédiatement sa robe et son foulard brodé, à la grande horreur de ses parents - ou était-ce à la vue de la tenue moldue? Les deux elfes, elles, étaient pétrifiées.
"Foutez le camp.", leur intima Sirius. "ALLER!!!"
Elles disparurent, terrifiées par sa colère et sa baguette qui commençait à fumer.
"Kreacher!" cria encore Sirius alors que celui-ci arrivait, tout tremblant.
"NON !! Kreacher, va t-en! Ne prends rien de ce que te donnera ce misérable!" brailla sa mère.
Kreacher, apeuré, retourna vite fait dans sa cuisine.
"Comment oses-tu?" hoqueta sa mère.
"Tant pis pour ce pauvre Kreacher, au moins Torchy pourra s'occuper de sa pauvre mère et ne pas voir sa tête orner cette sinistre demeure.", dit tranquillement Sirius.
Il recula vers la grande porte, savourant le spectacle de ces gens pétrifiés, scandalisés, horrifiés, haineux, méprisants…
Bellatrix dardait sur lui des yeux qui ne signifiaient qu'une chose : 'si je peux, tu le paieras!'. Sa mère avait le visage convulsé de rage, ce qui la rendait absolument hideuse. Le vieux Rockwood, de toute sa hauteur, la mine sévère, ne disait mot dans une maison qui n'était pas la sienne, mais on voyait bien qu'il aurait aimé châtier l'insolent… L'oncle Alphart, lui, avait une expression étrange : paniqué, il avait aussi l'air triste, et aussi d'une certaine façon… Fier. Sirius croisa brièvement son regard et vit l'ombre d'un sourire malheureux passer sur le visage du vieil homme. Anaïs MacDull, la bouche ouverte, était en même temps effarée et excitée ; sans nul doute, elle s'empresserait de raconter tout cela au plus de monde possible!
La cousine Eunice avait sa serviette recouvrant sa bouche, comme si Sirius était un malade contagieux. La petite Altaïr tremblait de peur. Lucius Malefoy, qui avait regardé la scène avec amusement, avait une sorte de grimace, un sourire tordu : il avait clairement compris que désormais Sirius Black était un ennemi. Son père cachait un peu mieux ses sentiments : droit comme la justice, seul son regard indiquait qu'il avait lui aussi fiché Sirius comme un obstacle. Les Mehflua, les Bergson, les Lestrange le regardaient avec haine, mais aussi avec honte.
'C'est ça, détestez-moi.', pensa Sirius. 'Je n'en ai rien à faire, désormais...'
"Aller, salut la compagnie! Continuez à vivoter dans vos grotesques espérances de pureté! J'espère que tes moutards ne seront pas trop débiles, Narcissa! J'espère que votre Voldemort se prendra bientôt la branlée qu'il mérite! Il n'a qu'à aller voir Dumbledore pour ça! J'ai entendu dire qu'il en avait un trouille bleue!"
La porte s'ouvrit à la volée sans qu'il eut fait un geste.
"Quand on sera à Poudlard, les jeunes, souvenez-vous que je n'ai plus rien à voir avec vous et épargnez-moi votre vue : je pourrais devenir violent! Au plaisir de ne jamais vous revoir!!!"
Il tourna les talons et courut dans sa chambre. En quelques secondes et quelques sortilèges, il avait rempli sa malle de tout ce qui lui appartenait et l'avait réduite à la taille d'une boite d'allumette. Il la fourra dans la poche de son jeans, ouvrit sa fenêtre et, à l'aide d'un petit sort, se prépara une chute en douceur. Mais avant de sauter, il tourna sa baguette vers sa chambre, et lança une série de sortilèges indélébiles, transformant la pièce en atelier de peintre fou, spécialisé dans les insultes aux Black.
Une fois dans l'herbe, devant la maison, il se mit à courir dans la nuit, sauta allègrement la barrière et traversa la place Grimmauld à toute vitesse, laissant le numéro douze loin derrière lui.
Quel plaisir de courir!! Il était libre, LIBRE!! Il ne retournerait jamais de sa vie dans cette maison, il avait le monde devant lui, il était maître de son destin!! Le vent volant dans les cheveux, le cœur battant sous l'effort, il continua à courir de toutes ses forces, traversant les passages cloutés, sautant sur les trottoirs, esquivant les réverbères, pendant près d'un quart d'heure. La nuit était belle, les lampadaires l'empêchaient seulement de distinguer toutes les étoiles. Il respirait à grandes goulées l'air tiède de cette nuit d'été, enjambait les trottoirs avec de grands bonds, les yeux droits devant lui, ignorant les quelques passants qui le regardait passer avec perplexité. La légère douleur de l'effort physique le comblait de plaisir. Enfin, après une course épuisante, il ralentit pour reprendre son souffle, et expira l'air avec un grand sourire. Il n'était pas fatigué, il était du genre sportif. Il avait tourné une page de sa vie. Il ne serait plus offusqué par le poids de sa famille. Pas question qu'il gâche sa vie à les haïr. Il se construirait son propre chez lui, et de toute façon, il avait Poudlard, ses professeurs, il avait James, il avait Remus et Peter, ses amis, et ça, ça avait plus de valeur que la maison des Black.
Plus jamais, plus jamais la maison des Black… Plus jamais ses horribles parents, plus jamais son mollusque jaloux de frère, plus jamais ces murs sinistres, plus jamais cette ambiance oppressante de Magie Noire, ni ces invités pédants et arrogants, plus jamais cette maison…
Il marcha encore un peu, savourant sa nouvelle liberté, sa nouvelle résolution. Puis, il songea à se rendre quelque part. Il savait que James et ses parents l'accueillerait volontiers, alors il s'assura que nul Moldus ne se tenaient dans la rue, murmura "Lumos!" et agita sa baguette illuminé dans la rue.
Le Magicobus apparut comme à son habitude dans un ''bang'' sonore et vint s'arrêter devant lui, les pneus crissant.
Il ne laissa pas le temps à la vieille contrôleuse à la casquette trop large de débiter son discours. Il lui fourra la somme nécessaire dans les mains et clama distinctement l'adresse des Potter avant d'aller s'affaler dans un siège, subissant les réprimandes de la contrôleuse qui le jugeait extrêmement mal élevé.
Un heure plus tard, la vieille dame l'aurait adopté si elle avait pu. Elle et son collègue, le chauffeur, avaient fini par extorquer à Sirius son histoire et en avaient été bouleversés. Bien sûr, Sirius en avait un peu rajouté, parce qu'il supportait assez bien sa vie au 12, place Grimmauld en comparaison aux enfants maltraités. La contrôleuse, Edith, en avait pleuré, ''elle qui n'aurait jamais imaginé ça dans une noble famille'', et le chauffeur, Ned, un gros sorcier barbu qui ne devait pas se lever souvent de son siège, avait lancé de longues tirades contre les adeptes de la Magie Noire.
"Bonne chance et bon courage, mon garçon! Merlin te bénisse!" fit la vieille dame d'une voix émue, quand ils le déposèrent devant la maison des Potter. Et elle l'embrassa sur la joue, tandis que le chauffeur l'encourageait en klaxonnant.
Sirius sauta sur le trottoir et leur fit des signes de la main. Quand le Magicobus eut disparu dans une explosion, il se dirigea vers le perron des Potter. Le salon était dans la pénombre, mais il y avait des lumières à l'étage. Ils devaient se préparer à se coucher.
Sirius appuya sur la sonnette, et quelques instant plus tard, Edmund Potter ouvrit la porte, étonné.
"Sirius? Que fais-tu là à une heure pareille?"
"Est-ce que je peux entrer, Monsieur Potter? S'il vous plaît?"
"Bien sûr, ne reste pas dehors."
A peine avait-il pénétré dans l'entrée, que James et sa mère descendaient les escaliers.
"Sirius? Ben, qu'est-ce que tu fais là?" s'exclama son meilleur ami.
"Bonsoir Sirius. Tout va bien?" demanda avec sollicitude Eliane Potter, enveloppée dans une robe de chambre rose.
L'expression de leur visage fit tout d'un coup très mal à Sirius. Parce qu'ils s'inquiétaient pour lui, parce qu'ils l'accueillaient avec tellement de naturel, parce que cette maison était si différente de la sienne, si chaleureuse… Comment osait-il s'imposer comme ça dans cette maison, amener ses problèmes ici? Il était encore mineur, il allait causer de sérieux problèmes à monsieur Potter…
Cela ne lui avait pas traversé l'esprit jusqu'à ce moment, mais pourquoi les Potter l'accueilleraient-ils? Oh, ils le dépanneraient, bien sûr, mais après? Où vivrait-il le reste du mois avant de retourner à l'école? Et l'année prochaine? Et après? Il n'avait rien pour se loger, pas d'argent- ou si peu.
Il avait décidé de partir sans songer au reste! Il ne pouvait même pas se servir de la magie, il n'avait pas ses diplômes de sorcellerie.
Il ne voulait pas retourner chez lui. Il n'avait rien là-bas pour être heureux.
Personne ne l'attendait, personne ne se souciait de lui, personne ne s'inquiéterait de son sort.
D'un coup, tout le stress de la soirée lui tomba sur les épaules, et c'est d'un air désespéré qu'il regarda James et ses parents :
"Je… En fait… Je suis désolé… Je…"
Des larmes perçaient dans sa voix.
"Et si on allait au salon?" proposa la mère de James.
Une demi-heure plus tard, Sirius, beaucoup plus calme, avait terminé sa tasse de thé. Son récit avait singulièrement impressionné James.
Pendant un moment, personne ne dit mot. Puis les parents de James se regardèrent, et Edmund déclara en posant sa main sur l'épaule de Sirius :
"Tu es le bienvenu ici. Tant que tu le voudras, cette maison sera ton foyer."
Sirius le regarda, éperdu de reconnaissance, tandis qu'un immense sourire éclairait le visage de James.
"Vous êtes sûr, Monsieur?"
"Il n'y a pas à discuter.", déclara Eliane. "Nous savons ce qu'est ta famille, et nous savons qui tu es, toi. Tu es déjà un frère pour James. Ça ne nous pose aucun problème."
"Je ne pense pas qu'Antarès Black voudra avoir la moindre chose à voir avec toi, désormais. Et nous n'allons pas te jeter à la rue. De toute façon, tu seras bientôt adulte… Il vous manque un peu de bon sens à tous les deux pour cela, mais j'espère que cela ne tardera plus."
James eut un petit sourire et passa sa main dans les cheveux.
"Et puis, tous les hiboux que nous recevons vous concernent tous les deux, alors ça ne change pas grand-chose que tu vives sous notre toit.", continua Eliane.
Ils se mirent tous à rire. Mais malgré cette atmosphère détendue, Sirius sentait une grosse boule dans sa gorge. Ses yeux lui piquaient.
"Hey, pas de larmes, Sirius!" intervint James, en lui donnant une bourrade amicale." Tu devrais être fou de joie. Mon vieux, ce qu'on va pouvoir faire tous les deux, ça va être génial! Je pouvais pas rêver de meilleur frangin que toi."
"Oui, on ne va pas l'adopter officiellement, quand même, James!", remarqua sa mère. "Il est un peu vieux pour ça. Et moi j'ai passé l'âge de m'occuper de gamins. Mais ce sera tout comme, d'accord, Sirius?"
Sirius hocha la tête, incapable de parler. Le père de James reprit la parole, gentiment.
"Il va te falloir grandir, mon garçon. Tu as pris une grave décision, - celle qu'il fallait, sans doute, - mais ça ne sera pas toujours facile."
"Je sais. Je regrette que… J'aurais voulu… qu'ils soient… différents…", soupira-t-il, la voix étranglée.
"On ne choisi pas sa famille, Sirius.", dit doucement Eliane en s'asseyant près de lui et en l'enlaçant avec tendresse. "Mais je trouve que tu as choisi les bons amis. Tant que tu le voudras, nous serons ta famille."
Sirius répondit à son étreinte, ému ; jamais sa mère ne l'avait enlacé comme ça. Quelque part en lui, tout fut accompli, et la page définitivement tournée.
"Merci…", murmura t-il d'une voix rauque.
"Allez, il est temps d'aller au lit, les garçons. Demain on en reparlera. Nous préparerons ta chambre. Ce soir, tu vas dormir avec James, tu as l'habitude!" termina Edmund avec bonne humeur.
"James?"
"Mmm?"
Ils étaient tous deux allongées sur leurs matelas dans la chambre de James.
"Tu sais… tu as vraiment des parents géniaux."
"Mon pauvre Sirius, tu te goures complètement. Ils sont aussi exaspérants que tous les parents normaux. Pas plus tard que ce matin, ça a bardé et j'ai subi un sacré savon. Simplement, tu n'as pas vraiment eu d'éléments de comparaisons…"
"Ouais. Ben n'empêche, c'est des gens super, tes parents."
"Je sais, frangin."
Sirius sourit dans le noir.
"Merci, James."
"Ne devient pas sentimental. Y'a rien de changé. Je trouve même que ça aurait du être comme ça depuis longtemps."
"Ouais. J'aurais dû le faire il y a longtemps."
T'es un grand veinard, dans le fond. Tu as pu choisir ta famille!"
"Mmm… Mais la famille a-t-elle eu voix au chapitre?" fit Sirius, taquin.
"Question pertinente. Mais si j'avais eu le choix entre tous les candidats possibles, c'est toi que j'aurais choisi.", répondit James.
Il y eut un silence.
"Bonne nuit, Cornedrue."
"Bonne nuit, Patmol."
Les deux adolescents s'endormirent ainsi. Et débuta pour Sirius une nouvelle vie. Qui était quasiment la même qu'auparavant, celle de Poudlard. Simplement, sa vraie vie n'était plus empoisonnée par la famille Black.
La rentrée à Poudlard fut merveilleuse, pour cette sixième année. Remus et Peter furent ravi pour lui. Il retourna toutes les insultes sur sa fugue, dont la nouvelle s'était répandue comme une traînée de poudre, et ne cessa de clamer fièrement qu'il n'avait plus rien à faire avec les Black. Si bien, que la campagne de dénigrement ourdie initialement par sa cousine et son frère se retourna contre eux. Cela fut considéré comme un nouvel exploit à son actif. Il fut touché de la sollicitude que manifesta McGonagall à son égard. Elle s'inquiétait de son avenir et eut une longue discussion avec lui durant l'une de ses nombreuse retenues. Le directeur, Albus Dumbledore, lui fit même comprendre, à mots couverts, qu'il respectait et approuvait son choix.
Il en profita pour voir sa cousine Andromède et rencontrer la petite Nymphadora. Renouer le contact avec sa cousine lui fut bénéfique. Il était rassurant de connaître quelqu'un qui avait vécut la même chose que lui.
L'année suivante, un peu avant les vacances de Pâques (qu'il passait comme les autres chez James, en profitant pour cumuler les petits boulots), l'oncle Alphart décéda et Sirius eut la grande surprise d'apprendre qu'il lui avait légué tous ses biens. Sirius en conçut du regret ; il avait toujours méprisé l'oncle Alphart qu'il jugeait comme Regulus, un simple Black de plus. Mais le vieil homme stipulait bien dans son testament qu'il léguait tout à son neveu, "un garçon courageux dont il était fier et qui lui paraissait être le meilleur de ce que pouvait donner la famille". Il comprit que son vieil oncle avait toujours eut envie de faire ce qu'il avait fait, lui, ce soir là, le soir où il avait envoyé valdinguer toute l'éducation de la Noble et Très Ancienne Maison des Black. Simplement, il n'en avait jamais eu le courage et en avait souffert en silence. Ce n'est qu'avec sa mort qu'il avait pu lancer ce pied de nez à sa famille.
Sirius fut rasséréné, d'une certaine façon, de son choix, et utilisa à bon escient cet héritage pour s'établir et ne plus s'imposer chez les Potter, chez qui il était toujours le bienvenu.
Et quand ils furent tous diplômés de Poudlard, c'est avec tristesse que Sirius quitta le vieux château. Désormais, il avait son propre chez-lui à bâtir, et il avait depuis longtemps choisi de s'engager auprès de Dumbledore. L'Ordre du Phénix aussi était une sorte de famille.
Il avait définitivement rayé de son existence la Noble et Très Horrible Maison des Black… du moins le croyait-il.
Fin
MERCI beaucoup à tous. J'essayerai un jour de faire une version slash et plus légère de cet épisode de la vie de Sirius chéri!! Et merci à ma beta-readeuse, Lexyann, tes remarques étaient très pertinentes !!