Dix jours plus tard, 18h37

« Tu ne m'as pas dit au fait, » débuta Regina en s'arrêtant devant une bibliothèque blanche particulièrement tendance. « D'où tu le connais, le gars qui va sécuriser la maison ?

-Du travail, » mentit Emma, observant sa petite amie d'un air curieux.

Après avoir expliqué à Robin et Tiana son désir de s'installer chez la détective, les deux agents des services secrets lui avaient offert leur aide. Ils avaient donc dépêché un de leurs collègues dans la demeure de Regina afin d'installer plusieurs équipements de sécurité. Tandis qu'elles cherchaient de nouveaux meubles pour ce qui allait devenir leur domicile, un dénommé Archibald Salinger se chargeait de placer du matériel de pointe chez elles. Emma avait toutefois choisi de ne pas expliquer à la portoricaine qui était réellement l'homme, pour éviter d'aborder le sujet de sa nouvelle mission. Elle s'était contentée de dire qu'Archibald était un génie de l'informatique employé par le CSIS, sans s'étaler sur le sujet. L'agent devait justement mettre des caméras chez Regina, tout en s'assurant que les portoricains n'avaient pas truffé sa maison de micros pour l'espionner.

« Le CSIS emploie des hackers, maintenant ? » sourcilla la brunette en prenant en note les références de la bibliothèque.

« Qu'est-ce que tu veux dire ? » interrogea la profiler.

« J'ai fait mes recherches, » admit Regina. « Archibald Salinger a été arrêté il y a douze ans pour avoir piraté le système informatique du gouvernement. Il a réussi à déjouer la plupart de leurs serveurs ou proxys, je ne me souviens plus vraiment... Mais toujours est-il que le gars qui est en train d'équiper notre maison a fait de la prison.

-C'est l'histoire classique, » soupira la criminologue. « Il a fait de la prison parce qu'il a voulu jouer au plus malin avec le gouvernement. Mais le CSIS a quand même remarqué ses talents de hacker, donc ils lui ont proposé un poste par la suite, » expliqua-t-elle d'un air nonchalant. Elle ignorait si ses propos étaient véridiques, mais se doutait que les services secrets n'auraient pas embauché n'importe quel criminel informatique.

« Mouais… Pour moi, un criminel restera toujours un criminel, » affirma la brune. « Tu penses quoi de celle-là ? » demanda-t-elle ensuite en montrant une commode à la jeune femme blonde.

« Elle est très jolie, » répondit Emma, peu certaine de devoir répondre à sa remarque.

« T'as dit ça pour les quinze derniers meubles que je t'ai montrés, » gloussa la portoricaine.

« Parce que je ne suis pas une spécialiste du design d'intérieur, » se défendit la profiler. « Tu veux qu'on parte sur des meubles blancs, n'est-ce pas ? Ben… je pense que cette armoire ira très bien pour la chambre…

-On dit commode, Emma Swan, » la corrigea la brune, hilare. « D'ailleurs, je remarque que tu n'as pas mis les 24 derniers mois à profit.

-C'est un reproche ? » s'amusa la blonde.

« Non, mais j'aurais pensé que tu aurais appris quelques trucs sur le design d'intérieur, comme tu dis, puisque tu as dû entièrement décorer et meubler ton appartement, » suggéra la détective.

« Au risque que tu te moques de moi, c'est Belle qui m'a aidée à organiser mon appartement, » admit la criminologue en riant. « On a fait le tour du magasin pendant une soirée et j'ai pas mal accepté toutes ses suggestions.

-Sérieusement ? » s'étonna la brune, quelque peu agacée. « Tu as laissé Belle décorer ton domicile, comme si vous étiez devenues intimes ?

-Tu sais qu'on s'adore, » protesta la blonde. « Mais il n'y aura jamais rien entre nous de toute manière. J'ai juste profité de son goût esthétique pour aménager mon nouveau chez moi.

-Ce n'est pas parce qu'elle sort avec un des profilers les plus influents du CSIS qu'elle n'est pas intéressée par les autres criminologues, » lança la portoricaine, taquine.

« Ça je n'en sais rien, » confirma sa petite amie. « Mais je sais que moi, je ne serai jamais intéressée par une personne comme elle.

-Qu'est-ce qui te fait dire ça ?

-Oh je ne sais pas, » gloussa la profiler. « J'hésite entre le look emo excentrique, le fait qu'elle passe ses soirées à lire des mangas ou des comics, ou encore son côté fétichiste un peu bizarre, dont elle ne se cache pas. On est vraiment trop différentes, » expliqua-t-elle en observant un bureau d'enfant qui possédait de nombreux rangements.

« On est très différentes, toi et moi, » remarqua la brune. « Pourtant, ça ne t'a jamais dérangée, me semble-t-il.

-Parce qu'on est complémentaires, et non totalement opposées, » rectifia la profiler. « Me ferais-tu une crise de jalousie, Regina Mills ? » s'amusa-t-elle en adressant un clin d'œil à la trentenaire.

« Si je te faisais une crise de jalousie, je n'aurais pas un ton si calme, » corrigea sa petite amie. « Et crois-moi, tu n'as pas envie de me mettre en colère en ce moment…
-J'ai cru comprendre ça quand on a interrogé Benfield, » répondit Emma, amusée. « Ou quand on s'est parlées lors de l'enterrement de Stephanie Doiron. Ou encore quand tu as failli insulter Fiona McMahon pour son insensibilité.

-Je n'y peux rien si mes hormones me dérangent, » protesta la détective.

« Tu as toujours eu un caractère bien trempé, » affirma toutefois la blonde, hilare. « Tu ne peux certainement pas mettre tout ça sur le compte de tes hormones. Mais sache que c'est une des raisons pour lesquelles je suis tombée sous ton charme.

-Mon tempérament de merde ? » ironisa Regina.

« Ton caractère et ta volonté à ne jamais te laisser marcher sur les pieds, » rectifia Emma avant de lui voler un baiser. « Bon, il nous manque quoi ?

-A priori on a la plupart des meubles, » expliqua la brune en vérifiant la liste qu'elle avait entre les mains. « Il nous manque juste… tout le reste.

-Comment ça, tout le reste ?

-Les vêtements, le matériel, la poussette, le siège auto, la peinture... Dieu que ça demande de la préparation, » lança-t-elle en soupirant, quelque peu désespérée.

« Oui mais on a quand même sept mois pour se préparer, » remarqua la blonde tandis qu'elles se dirigeaient vers la section désignée pour récupérer leurs meubles. « Et puis tu n'es pas seule. Je suis peut-être nulle pour choisir des meubles mais je sais les monter. En plus, tu sais aussi que je suis une experte en peinture.

-C'est vrai, » admit la portoricaine. « Mais ça m'angoisse quand même un peu…

-Tu n'as pas à t'en faire, » affirma la profiler en haussant les épaules. « On est deux pour faire tout ça et on va y arriver comme on l'a toujours fait. Un jour à la fois, et je t'assure que tout va bien se passer.

-Même si tu vas être absente pendant une majeure partie du mois de novembre et de décembre ? » rappela Regina.

« Bah, j'aurais quand même beaucoup de temps libre pour m'occuper de tout ça. De toute manière, je serai toujours à la maison à partir du mois de janvier.

-Tu as raison, » remarqua la brune. « Je m'en fais peut-être pour rien…

-Bien sûr que non, » gloussa la criminologue. « Moi aussi ça me terrifie, mais je sais juste qu'on va se débrouiller pour que ça fonctionne. Comme on l'a toujours fait. »

Ravie de son optimisme, la détective lui donna un nouveau baiser. Par réflexe, Emma entoura ses épaules de ses bras et serra la jeune femme contre elle. Depuis qu'elles avaient décidé de revenir ensemble, il lui semblait qu'elle passait son temps à étreindre la portoricaine. En effet, elle n'aurait jamais espéré pouvoir retrouver un tel bonheur et avait l'impression de toujours devoir s'assurer qu'il était bel et bien là...

Deux jours plus tard, 15h23

« Cette couleur sera parfaite pour sa chambre, » affirma Kelly en attrapant un pot de peinture sur l'une des tablettes du magasin. Face à elle, sa meilleure amie sourcilla, quelque peu suspicieuse. De son côté, Emma Swan paraissait très peu préoccupée par de tels choix esthétiques.

« Du bleu clair, sérieusement ? » interrogea Regina, une main sur son abdomen.

« T'as eu la confirmation qu'il s'agit d'un garçon, non ? » suggéra la rouquine. « Et il est hors de question qu'on choisisse des couleurs laides pour la chambre de mon filleul.

-Filleul ? » reprit la profiler, amusée par l'idée.

« Come on, Emma, » gloussa la détective. « Tu sais très bien que Regina a déjà choisi la marraine de cet enfant, depuis bien avant qu'elle ne tombe enceinte ! Et puis de toute manière, tu voudrais proposer à qui d'autre ?

-Je n'ai pas vraiment réfléchi à ça, à vrai dire, » admit la criminologue en adressant un sourire à sa petite amie. « Mais le bleu, c'est bien trop cliché. Hors de question d'en faire un petit garçon trop viril qui aura horreur du rose sous prétexte que c'est féminin.

-Pffff… c'est juste un choix de couleur, » soupira la rouquine. « Ce n'est pas parce que les murs de sa chambre seront bleus qu'il va forcément se prendre pour Captain America.

-Je t'assure que les enfants font bien plus attention aux détails que nous, » s'amusa la profiler. « Honnêtement, je pencherai plus pour le vert.

-Du vert ? » s'étonna la brunette.

« C'est la couleur de l'espoir et de la vie, dans plusieurs traditions, » expliqua la blonde. « En plus ce n'est pas genré, c'est apaisant et ça s'associe bien avec les meubles blancs.

-Le bleu va très bien avec le blanc aussi, » rappela Kelly, légèrement agacée par sa remarque. « T'en penses quoi, Roni ?

-Eh bien… » hésita la portoricaine. « Je suis d'accord... avec l'idée qu'on pourrait opter pour des couleurs qui ne vont pas le cloisonner à des codes qu'on essaie désespérément d'éliminer. Surtout qu'il n'aura pas besoin de ça pour se faire conditionner à l'école sur comment doit se comporter un garçon et comment doit se comporter une fille.

-Bah, on a toujours vécu selon ces codes et on s'en est très bien sorties ! » remarqua la rousse.

« Oui, mais ça serait bien de ne pas les perpétuer, » rectifia Emma. « De toute manière, Henry est, a priori, un garçon, mais ça ne veut pas dire qu'il s'identifiera à son genre biologique toute sa vie. Ni qu'il voudra suivre les règles établies pour correspondre à son genre. C'est pour ça qu'on devrait lui laisser le choix, en lui montrant que tout est possible.

-Vous êtes vraiment désespérantes, » gloussa Kelly en prenant finalement un pot de peinture vert olive.

« Tu ris, mais tu seras très heureuse si ton filleul n'a rien d'un macho viril et qu'il accepte de t'accompagner dans tes virées shopping, » se moqua sa meilleure amie.

« Qu'il accepte, tu dis ? » reprit la détective, hilare. « Oh mais très chère, il n'aura simplement pas le choix de m'accompagner ! »

Tandis qu'Emma prenait un second pot de peinture, les trois femmes se dirigèrent vers un autre rayon du magasin de bricolage. La portoricaine souhaitait effectivement trouver un lustre moderne pour équiper la chambre de leur futur enfant.

« Au fait, t'étais en date avec qui, hier soir ? » interrogea la brune, l'air de rien.

« De quoi tu parles ? » lâcha la rouquine en faisant mine de s'intéresser à un luminaire à la forme très étrange.

« Hier soir, je voulais t'appeler pour te demander un truc mais tu m'as dit que t'étais avec une de tes sources, » expliqua Regina. « C'était qui, cette fois ?

-Oh euh… rien… un gars que j'ai trouvé sur Tinder… encore… » bredouilla la rouquine.

« Et en vrai, c'était qui ? » la taquina la portoricaine.

« Euhm… » hésita Kelly, un peu mal à l'aise. « En fait, Robin m'a proposée d'aller boire un verre avec lui… Mais pas… Enfin c'était pas pour parler boulot disons… »

Regina adressa évidemment un regard entendu à Emma, qui essayait de rester indifférente à cette nouvelle.

« En fait… je crois qu'il est intéressé par moi… » reprit la détective, rougissant. « Du moins… il m'a dit qu'il m'apprécie beaucoup et qu'il aimerait me voir plus souvent en dehors du travail… si je le veux aussi, bien sûr…

-Et… t'as répondu quoi ? » demanda la brunette, tentant de ne surtout pas brusquer son amie.

« J'ai dit que ça m'intéressait aussi… » admit Kelly avant de se racler la gorge. « Tu cherchais quel type de lustre, au fait ?

-Attends, t'as dit à Robin que t'étais intéressée par lui ?!

-Non, » corrigea la rousse. « Je lui ai dit que j'étais intéressée à l'idée de le voir en dehors du travail.

-Ça n'est quand même pas anodin comme suggestion, » gloussa Regina.

« On peut changer de sujet ? » maugréa sa meilleure amie. « Il n'y a vraiment rien à dire sur tout ça…

-Tu vas en date avec un collègue sans me le dire, tu acceptes de le revoir en dehors du travail, » énuméra la portoricaine. « Excuse-moi mais je pense qu'il y a beaucoup à dire sur le sujet, en fait. La dernière fois que tu m'as caché autant de choses, c'était parce que…

-Je t'arrête tout de suite, » la coupa son amie, froidement. « Pas de comparaisons, pas de remarques. Juste… Il n'y a rien à ajouter, d'accord ?

-Mais tu n'as pas à avoir honte si tu as le béguin pour quelqu'un, K, » insista la brune.

« Je n'ai pas le béguin pour lui ! » répliqua l'intéressée. « C'est juste qu'il est cool… Et assez intéressant quand il n'essaie pas de comprendre la psychologie des meurtriers...

-Et plutôt bel homme, » remarqua Regina, tandis qu'Emma se retenait de rire.

« Ouais, et alors ? » rétorqua Kelly. « Il y en a des dizaines de gars comme lui. Je ne vais certainement pas m'émoustiller dès que j'en croise un…

-Mais celui-ci semble pas mal t'intéresser, » suggéra la profiler, amusée par son embarras.

« C'est juste un gars intéressant, d'accord ? » s'agaça la rouquine. « Il n'y a rien et il n'y aura sûrement jamais rien entre nous. De toute manière, on n'a pas les mêmes projets.

-Vous avez parlé de vos projets ?

-Ouais, » admit Kelly. « Il m'a dit qu'il compte prendre une année sabbatique pour voyager, d'ici un ou deux ans. Ensuite, il voudrait sûrement revenir ici et acheter une maison.

-Ce qui… n'est pas totalement à l'opposé de ce que tu souhaites ? » résuma son amie.

« Je ne souhaite rien pour le moment, » rectifia la rousse. « Je veux simplement profiter de mon existence et éventuellement acheter une belle maison pour ne plus avoir à payer de loyer. Mais je n'ai jamais dit que je voulais voyager…

-Dit la fille qui se tire au Mexique dès qu'elle a deux semaines de vacances, » gloussa la portoricaine.

« Dans tous les cas, je ne sais même pas si on va se revoir avant un petit moment parce qu'il a l'air super occupé…

-Il passe pas mal de temps en dehors du poste, en effet.

-Ouais… » soupira la rouquine. « Il m'a dit qu'il travaillait sur une histoire de vol de diamants ou d'un truc comme ça… Clairement le genre d'enquête qui ne me donne pas envie de bosser au niveau du crime organisé.

-Je ne sais pas ce qui est le mieux entre des gens qui se réunissent en bande pour commettre des meurtres ou des gens qui sont assez dérangés pour tuer par eux-mêmes, » suggéra Regina.

« Au fait, on a des nouvelles de Fanny Cooper ? Et de Serah Miller ? » demanda Kelly pour changer de sujet.

« J'ai été voir Fanny hier après-midi, » expliqua la profiler. « Elle veut revendre le bar de sa sœur, parce qu'elle dit que c'est un lieu assez maudit. D'après ce qu'elle m'a dit, les deux n'avaient plus leurs parents depuis un moment. Donc elle va hériter de tout ce qu'avait Diana. Je lui ai suggéré de se faire suivre psychologiquement, au vu de tout ce qui s'est passé. Mais elle veut passer quelques mois en Europe pour se changer les idées et commencer une nouvelle vie.

-Et Serah ?

-Serah a décidé de changer de domaine d'études, » admit la blonde. « Elle va commencer une licence en techniques policières, orientée criminologie. Apparemment, elle veut pouvoir aider les gens de la même manière que Regina lui a sauvé la vie. »

Emma adressa un sourire attendri à la détective, qui baissa les yeux d'embarras.

« Regina Mills, une femme inspirante, » la taquina sa meilleure amie. « Mais c'est un excellent choix de carrière ! Tu devrais lui dire qu'on aura bientôt une place au district 4 pour la former, » ajouta-t-elle en riant.

« Je vais partir en congé maternité pendant un an Kelly, » corrigea la brunette, faussement agacée. « Je ne pars pas pour toujours !

-Non, mais je sais que tu adorerais devoir gérer de nouveaux apprentis comme Mary-Margaret quand tu rentreras de congés, » lança la rousse, sarcastique.

« Quand je rentrerais de congés, j'espère pouvoir passer lieutenant histoire de ne plus jamais avoir à gérer ce genre de choses, » rectifia la portoricaine. « En plus, je n'aurais plus à rester au bureau jusqu'à onze heures le soir pour boucler des rapports d'enquête.

-Génial, comme ça tu me refileras toute la paperasse, j'imagine ?

-Exactement, » affirma Regina pour taquiner sa meilleure amie.
Alors qu'elles continuaient à avancer dans le magasin, leur conversation revint rapidement à des sujets plus légers. Comme prévu, elles passèrent la journée ensemble, toutes les trois, à parler de l'avenir du nouveau couple et de l'arrivée future du jeune Henry. Pour Regina comme pour Emma, cet instant de bonheur était un véritable bond dans le temps, quelques années auparavant, lorsqu'elles choisissaient le décor de leur maison. Mais désormais, elles avaient le coeur à de nouveaux projets bien plus intéressants…

Le lendemain, 12h54

Dans le véhicule noir des services secrets, Emma se sentait légèrement à l'étroit. Robin et Tiana lui avaient donné rendez-vous au détour d'un chemin de campagne, au coeur de Coquitlam, pour parler des derniers développements concernant le crime organisé et la cellule portoricaine. Si elle travaillait avec eux depuis plusieurs semaines désormais, la profiler était néanmoins toujours aussi peu confiance en leur présence. En fait, elle se sentait principalement intimidée par Tiana, qui semblait être capable d'exploser au moindre faux-pas. La jeune femme brune avait assassiné plusieurs criminels sans hésitation, sous les yeux de la criminologue, et était certainement prête à recommencer si cela s'avérait nécessaire. Toutefois, aujourd'hui, son regard affichait la plus grande consternation.

« Le dernier gars qu'on a interrogé nous a confirmé que c'est Cora Mills qui a mis les contrats sur ta tête et celle de Regina, » expliqua-t-elle, sérieuse. « On s'en doutait un peu, vu qu'elle est particulièrement active, même depuis sa cellule. Mais ça renforce quand même notre idée sur sa responsabilité dans l'histoire des diamants. Elle a clairement plus d'un tour dans son sac et elle n'est pas près de s'arrêter.

-Je croyais que vous aviez éliminé la personne qui l'aidait au sein de la prison, » remarqua la blonde.

« On a éliminé l'agent correctionnel qui participait à ses méfaits, » rectifia Tiana. « Mais ça n'enlève certainement pas tous les autres. Elle a dû se faire bien des alliés depuis qu'elle est en prison, et on ne peut rien faire contre ses co-détenus.

-On pourrait l'accuser pour complot pour meurtre, » expliqua la profiler. « Ça pousserait les autorités à la changer de prison. Avec un peu de chance, elle finira au maximum, dans une cellule isolée.

-Mais à part des enregistrements d'écoute électronique et des aveux, on n'a pas grand-chose contre elle, » remarqua Robin. « On peut proposer ça à un procureur mais je ne suis pas sûr qu'il nous suive. De toute manière, la changer de prison ne modifiera certainement pas ses intentions. Il s'agirait de déplacer simplement le problème, jusqu'à ce qu'il ressurgisse dans le futur.

-Alors, c'est quoi la solution ? » interrogea la criminologue, inquiète pour la sécurité de sa petite amie.

« Il va falloir que tu prennes une décision, » affirma Tiana en ajustant le col de son chemisier, comme pour se donner une contenance. « Nous, on a bien des idées pour te sortir de là. Mais la décision doit venir de toi. »

Comprenant son allusion, Emma détourna le regard vers la fenêtre du véhicule. Assise sur le siège passager du SUV, elle savait qu'elle n'aurait pas le choix de se décider rapidement. De toute évidence, Cora n'attendait qu'une bonne occasion pour mettre ses idées à profit. Et elle n'aurait certainement aucune pitié pour la personne qui l'avait mise derrière les barreaux. Au contraire, elle se délecterait sûrement d'apprendre que sa fille unique avait été éliminée par l'un de ses sbires. Désormais, le choix reposait donc entre les mains de la profiler. Mais si elle en voulait toujours à la quinquagénaire pour tout ce qu'elle avait fait subir à Regina, elle ne pouvait certainement pas prendre une telle décision sans y réfléchir au préalable. Après tout, elle travaillait pour la justice, afin d'arrêter les plus grands criminels du pays. Ça ne lui donnait toutefois pas de tels droits sur son prochain, même si on lui suggérait le contraire...