Quand la pluie rapproche…

Un homme emmitouflé dans sa parka remontait la rue de Baker Street sous une pluie diluvienne quand un bruit sourd retentit, intriguant les passants. L'homme se précipita alors vers un immeuble et y pénétra sans plus de cérémonie. Il monta les escaliers quatre à quatre jusqu'à la porte du 221B. John entra en trombe dans l'appart et hurla: « Sherlock! Stop! »

Sherlock allongé sur le canapé, dit nonchalamment: « Nan. M'ennuie… »

Il tira alors dans le mur. Le petit blond posant le sac de course puis retirant son manteau, lui dit fermement : « Arrêtes de tirer dans ce mur, Sherlock! Ça ne sert à rien! »

Posant son parka sur le porte-manteau, il reprit plus calmement : «Heureusement que Madame Hudson est chez sa sœur ou elle nous aurait déjà fait une crise. Et je vais encore devoir payer pour chaque trou fait… »

Il ajouta avec une pointe de colère : « …A cause de toi. »

Le jeune détective, sans émotion, lui marmonna : « Qu'est-ce que ça peut me faire?... Je m'ennuie… »

Il s'apprêtait à tirer à nouveau. John se rapprocha rapidement et lui prit vivement l'arme des mains. Irrité par le comportement de son colocataire, il le gronda : « Ça suffit, Sherlock! On a résolu la dernière enquête hier! On peut enfin prendre une pause après cette affaire qui n'en finissait plus… »

Sherlock se redressa d'un coup avec animosité: « Mais justement! C'est trop long! A croire que les criminels ne veulent pas sortir et faire leur boulot… A cause de cette foutue pluie! »

John, déconcerté par la réponse de Sherlock, répliqua tout de même: « Je te rappelle qu'hier il pleuvait aussi et ce mec a bien fait son « boulot » comme tu dis jusqu'à ce qu'on l'arrête. »

Le grand brun se leva puis se mit à marcher à travers la pièce visiblement agacé par ce qu'il venait d'entendre: « Ce n'est pas la même chose, John, il l'a fait parce qu'il avait déjà commencé et puis je l'ai poussé à agir tout de même. Encore heureux qu'il n'ait pas pris un congé, ça aurait été le comble, tiens! »

Le docteur, amusé mais essayant de le cacher, reprit : « N'importe quoi! Ne vas pas me dire que Moriarty ne va pas commettre un crime juste parce qu'il pleut! Parce qu'il a peur de se mouiller et de tomber malade ! Ou alors il est vraiment… »

Sherlock l'interrompit soudainement avec colère: « Et tu l'expliques comment qu'il ne se passe rien aujourd'hui ? Que c'est cet idiot de Lestrade qui n'a pas besoin de mon aide ? Que les criminels soient subitement tous devenus des saints ? »

Il s'affala dans son fauteuil, renfrogné et grogna : « Je déteste la pluie… M'ennuie… »

John, cachant son sourire devant ce Sherlock boudeur, reprit : « Arrêtes donc de faire le gamin, Sherlock. Je ne vais quand même pas appeler Moriarty pour lui demander de tuer quelqu'un et que tu puisses t'amuser, si? »

Ne le voyant pas réagir, il ajouta : « Alors tu n'as qu'à t'occuper autrement. Tu peux faire tout ce que tu veux tant que tu ne détruis rien. »

Il récupéra le sac de course et se dirigea vers la cuisine. Le sociopathe, soucieux, ajouta : « Mais si je n'active pas mes neurones avec un beau meurtre, ils vont pourrir et je vais devenir ennuyeux comme vous autres… »

John irrité par ce dernier commentaire, s'arrêta et lui lança par-dessus l'épaule: « Tu n'as qu'à appeler Mycroft, il se fera un plaisir de te fournir une enquête digne de son petit frère chéri. »

Sherlock se renfrognant, protesta: « Ne parles pas de lui ou il va rappliquer. »

L'ancien militaire, surpris, se retourna: « Comment ça ? Parce que lui va oser sortir mais pas les criminels…? Incroyable… Mais au moins son parapluie sera utilisé pour sa fonction première pour une fois… »

Sherlock soupira : « Ah ça… N'en sois pas si sûr… Une fois je l'ai vu arriver devant l'immeuble, marchant avec le parapluie fermé lui servant de canne comme à son habitude alors qu'il pleuvait fortement... »

John, choqué puis amusé par cette soudaine anecdote, surenchérit : « Je l'imagine bien sans expression, comme si de rien n'était, trempé jusqu'aux os à attendre que Mme Hudson lui ouvre… »

Il se mit à rire. Le plus jeune fit un petit sourire mais il se reprit vite et répliqua avec ardeur : « Enfin ! De toute façon, je ne l'appellerai pas! Ça lui ferait trop plaisir! Qu'il continue à se gaver de gâteaux jusqu'à exploser! Que ce soit un peu intéressant, tiens! »

Il continua en soupirant : « Si au moins je pouvais alimenter mon intellect avec des enquêtes comme Mycroft avale ses pâtisseries… »

John riait discrètement et répondit enjoué : « Allez Sherlock ! Si tu trouves une idée d'activité sans danger pour l'appartement et pour nous, je ferais quelque chose pour toi, ok? »

Sherlock se redressa et demanda soudainement intrigué : « Tu vas faire quoi pour moi? Commettre un meurtre puis t'enfuir pour que je puisse enfin m'amuser un peu? »

Il ajouta, rêveur : « Si en plus tu pouvais achever mon frère ou peut-être même Anderson, ce serait un beau cadeau pour tout le monde, vraiment… »

Le docteur Watson, de bonne humeur face à cet intérêt soudain de la part de son ami, se dirigea alors vers la cuisine tout en répondant énigmatiquement : « Ah! Ah! Non, mais ce sera tout aussi intéressant sans pour autant être hors la loi. »

Après un petit rire amusé, il continua : « Mais pour l'instant, je vais ranger les courses puis nous faire du thé. Préviens-moi quand tu auras trouvé quoi faire. »

Sans attendre la réponse, John entra dans la cuisine ou ce qui devrait être une cuisine mais ressemblait bien plus à un laboratoire d'un savant fou, ledit savant fou étant dans le salon à s'agiter pour trouver une idée d'occupation. Le médecin se mit alors à ranger les courses tout en évitant de trop s'attarder sur le contenu préoccupant du frigo. Ayant subitement chaud, il retira son gros pull de laine puis remonta ses manches de chemise pour commencer à préparer ce qu'il fallait pour le thé. Alors que John posait le service à thé sur un plateau, il s'inquiéta du silence soudain dans le salon. Il sursauta alors, surpris par les premières notes très douces sortant du violon de son ami. Il sourit alors avec bonheur du choix d'activité de Sherlock et s'arrêta un instant dans sa préparation pour écouter cette agréable mélodie. Quelques instants plus tard, il revint dans le salon et alla poser le plateau sur la table basse jetant un coup d'œil vers son talentueux colocataire en pleine représentation. Il s'assit alors dans son fauteuil tout en dévorant maintenant du regard un Sherlock fermant les yeux concentré sur son violon. Le jeune homme bougeait avec grâce en rythme avec la musique, face à la fenêtre où la pluie tombait toujours, John le trouva à cet instant majestueux. Sentant la fin du morceau approché, il se leva et s'approcha lentement de son ami. Ayant senti sa présence, Sherlock le suivit du regard tout en jouant les dernières notes de la mélodie. Enlevant le violon de son épaule, il se tourna vers John qui était maintenant tout près de lui. Il l'interrogeait du regard quand l'ancien militaire lui tapota le torse. Sherlock, surpris par ce geste, le questionna : « Oui John? »

Son meilleur ami resta silencieux un instant, encore envoûté par la beauté du spectacle puis lui répondit avec un doux sourire : « Tu as fait un bon choix, Sherlock. C'était superbe… »

Sherlock, tenant maintenant son Stradivarius et son archet d'une main, lui dit avec un air supérieur : « Evidemment ! Tu me prends pour qui? »

John, étonné à son tour, eut un petit rire et lui dit amusé : « Pour un jeune détective en quête de distraction, bien sûr! »

Il lui offrit un grand sourire. Le jeune sociopathe, gêné, essayant de changer de sujet, le questionna avec impatience : « Et ma récompense alors ? Quelle est-elle ? »

Il ajouta en feignant le désintérêt : « Non pas que ça m'intéresse… Mais si ça permet de m'éviter l'ennui… »

John attrapa alors avec force la chemise de Sherlock d'une main tandis que l'autre se posa sur sa nuque délicatement et murmura avec un sourire charmeur : «Quelque chose de très agréable et distrayant tu vas voir… »

Sherlock, appréciant étonnamment le contact de son cher ami, joua le jeu de celui-ci et demanda d'une voix tout aussi envoûtante : « Vraiment ?... Il me tarde de le découvrir… »

Il lui fit un sourire que John trouva si sexy qu'il sentit tous ses désirs jaillir hors de son cœur. Il retira alors précipitamment le violon des mains de son partenaire et le posa rapidement mais avec délicatesse sur la table basse près du plateau où le thé avait refroidi sans quitter des yeux le regard si impatient de Sherlock. Le petit blond plaqua alors avec bestialité contre le mur ce grand brun si impétueux et magnifique et après un dernier regard ardent, il l'embrassa avec une tendresse infinie. Sherlock Holmes ne s'ennuyait plus et il appréciait enfin la pluie grâce à un certain docteur Watson.