Mes yeux fixent le plafond en pierre, le sol est froid et mes membres douloureux. Mes pensées divaguent mais elles ont toutes quelque chose en commun: toi, le grand Harry Potter, le sauveur, l'homme que j'aime...

Une larme coule sur ma joue sans que je ne le lui autorise et la seule chose à laquelle je peux penser est cette nuit-là.

OoO

C'était noël et nous avions 16 ans. Mes parents ne pouvaient, ou plutôt ne voulaient pas passer les fêtes avec moi. Ils avaient trop de choses à faire avec le seigneur des ténèbres et moi, je devais finir l'armoire dans la salle sur demande.

Tu voulais rester à Poudlard pour ne pas que je me retrouve seul. Alors, gêné mais heureux que tu te soucis de moi, je t'avais dis de partir chez les Weasley. Un mangemort ne méritait l'attention de personne.

Têtu comme tu es, tu n'as rien écouté et tu as annoncé à tes amis que tu ne viendrais pas au Terrier. Hermione et Ron ne comprenaient pas mais t'ont laisser faire. Moi non plus je ne comprenais pas d'ailleurs, tu étais toujours entouré d'amis géniaux mais seul mon bonheur avait l'air de t'importer. Tu avais pourtant conscience de toutes les horribles choses que j'allais bientôt devoir faire mais, malgré ça, tu étais fier de m'aimer.

Moi, j'avais honte. Honte que l'on m'ait fait devenir mangemort, honte d'être un Malfoy, honte d'être faible, honte de ne pas être assez bien pour toi...

Tu me répétais souvent le contraire mais je n'y croyais pas vraiment. Que faisais le bel Harry avec un serpentard?

Notre couple durait depuis un moment et étrangement, c'est toi qui voulais garder notre relation secrète. Je comprenais ton choix. Tu allais t'attirer encore plus de problèmes si les gens l'apprenais.

OoO

Une deuxième larme roule sur ma joue. Mon regard est vide. J'entends un bruit, comme un froissement. Le son s'éloigne. Il est enfin parti. Harry, si tu savais ce que je subis...

OoO

C'était le premier noël que je passais au château. J'avais hâte! Les sapins, les guirlandes, la neige. Tout était beau à Poudlard. Jamais un noël n'avait été célébré comme cela au manoir Malfoy. J'étais émerveillé!

Le matin du 24 décembre, tout les élèves et professeurs étaient partis. La plupart des familles avaient eu peur à cause des récentes apparitions de Voldemort et plus aucun élève ne restait au château pendant les vacances. Nous étions donc presque seuls pour les deux semaines.

Nous nous sommes rejoins le soir, dans la grande salle pour dîner. Nous n'étions qu'une vingtaine en comptant les professeurs. Le plafond était couvert d'un faux ciel étoilé, les bougies volaient et les tables étaient couvertes de dinde, pudding, foie gras et autres plats délicieux.

Mon ventre s'est mit à gronder et je me suis jeté sur la nourriture. Tu as rigolé et assis en face de moi, tu mangeais tranquillement.

- Tu avais faim, on dirais!

- Je n'ai pas mangé ce midi.

À cette phrase, ton regard s'est voilé.

- L'armoire. C'est ça?

- Oui...

J'ai baissé la tête, honteux. Comment avais-je pu accepter ce travail. Je n'étais vraiment qu'un bon à rien.

Ta main s'est posée sur la mienne et tu m'as soufflé:

- Pourquoi ne me l'as-tu pas dit? J'ai dis que je pouvais t'aider!

- Harry! On en a déjà parlé! Tu ne construira jamais ce meuble avec moi! Jamais! Tu n'as, en aucun cas, le droit d'aider un mangemort!

- Mais Draco! Si tu met trop de temps, ils t'exécuteront...

Tu avais l'air dévasté à la simple pensée que je puisse disparaître. Je m'efforçais de te dire que tout irais bien mais tu avais toujours l'air triste. Rien d'étonnant quand on savait ce que je m'apprêtais à faire. Je devais non seulement emmener les serviteurs du sorcier noir jusqu'au château mais aussi tuer Dumbledore.

Tu ne m'avais plus adressé la parole pendant un mois lorsque tu as appris que je devais assassiner le directeur. J'ai cru que ce serait finis entre nous mais tu es revenu, comme à chaque fois. Tu m'as dis que tu t'étais emporté mais que tu comprenais et tout ce qui comptait pour toi c'est que j'aille bien. Je n'aurais jamais pensé qu'une personne pouvait s'attacher autant à la vie d'une autre mais toi, tu m'aimais comme tu respirais.

OoO

Mes souvenirs me hantent, Harry. Tu me manques à un point que tu ne peux imaginer. J'essaie de ne pas y penser mais c'est impossible. Je voudrais t'oublier pour que tout s'arrête...

OoO

De la musique venait de retentir, c'était une valse. Je t'avais vu danser quelques fois et... comment dire... tu n'étais pas très doué. Quand à moi j'avais appris toutes sortes de danses dés le plus jeune âge. Un Malfoy se devait de maîtriser l'art de virevolter et ainsi être le roi de la soirée.

J'ai pris ton poignet et t'ai entraîné au milieu des tables. Les autres élèves ne bougeais pas, trop perturbés de me voir tenir la main du futur sauveur.

Je t'ai attrapé la taille et tu m'as lancé un regard noir.

- Draco! Qu'est-ce que tu fais?! Maintenant, tout le monde saura pour nous deux!! M'as-tu dis en te trémoussant sur place.

- Calme toi. Tu ne les connais pas, ce ne sont que des premières et deuxièmes années. Ils ne font même pas partis des Gryffondors. Et puis, combien sont-ils? Quinze, vingt? Tu n'as pas à t'en faire.

- Peut-être, mais tu sais bien que je n'arrive pas à danser!

- Tu n'as qu'à suivre mes pas. T'avais-je murmuré sensuellement.

Ton visage avais pris une teinte rouge. J'ai déposé mes lèvres sur ta joue et tu as continué de me fixé, sourcils froncés. J'ai rigolé, et ai commencé à danser. Tu essayais de tenir mon rythme et m'écrasais quelques fois les pieds mais tu te débrouillais plutôt bien.

Quelques minutes se sont écoulées et la musique s'est terminée. Un professeur et quelques élèves nous ont applaudit, te ramenant à la réalité.

Tu m'as attrapé le bras violemment et m'as conduis jusqu'aux dortoirs des rouges et or. Une fois arrivé, tu me tournais le dos.

- Harry, je...

À peine ai-je commencé, tu m'avais déjà mis une baffe. Je tenais ma joue, rougit par ton geste, et te regardais stupéfait avec une pointe de colère. On ne frappait pas Draco Malfoy! Même si l'on s'appelait Harry Potter!

- Ça c'est pour m'avoir embrassé la joue devant tout le monde! Et ça c'est parce que... merlin! Qu'est-ce que je t'aime!

Tu m'avais attrapé le col de la chemise pour le tirer vers toi et déposé tes lèvres sur les miennes. Nous nous étions déjà embrassés, et plus d'une fois! Mais cette fois là, c'était... indescriptible. Comme si l'on se touchait pour la dernière fois.

Notre baiser s'intensifiait de secondes en secondes.

Nos lèvres se complétaient et ne se détachaient seulement quand l'air manquait. Tu m'as dirigé vers ton lit sans lâcher ma bouche et t'es assis au dessus de moi. Tu commençais à enlever ma chemise en me léchant le cou. Alors ça y est? On allait vraiment le faire?

- Si tu ne veux toujours pas, je ne t'oblige à rien. M'as-tu murmuré près de l'oreille.

J'ai pris tes lèvres en assaut, pour toute réponse. Nos doigts découvraient le corps de l'autre et nos yeux étaient remplis de désirs. Je n'étais plus le Malfoy prétentieux et froid, j'étais simplement Draco, celui que tu aimais.

OoO

Je peux encore sentir tes mains sur ma peau. Cette sensation me brûle. Je ne peux plus bouger, je suis comme paralysé. La pièce se refroidit soudainement. Je l'entend. Il vient vers moi. Je pensais qu'il était partit. J'aimerais crier mais je n'en ai plus la force.

OoO

Après cette nuit, nous n'avions plus eu de temps pour nous voir. J'étais trop désespéré de savoir ce que j'étais devenu pour te parler et toi, tu devais finir le travail que Dumbledore avait commencé: la chasse aux horcruxes.

La guerre était donc passée et l'heure des procès avait sonnée. J'allais être jugé devant des tas de gens y compris toi. M'en voulais-tu d'avoir survécu? Me détestais-tu?

Avant chaque procès, l'accusé avait le droit à un petit temps de répit seul ou avec ses proches. Évidemment, personne ne voulait me voir. Mon père était déjà à Azkaban et ma mère, était effondrée d'avoir été séparée de Lucius. Mes amis, eux, avaient tous refait leur vie.

Je me retrouvais donc seul, assis sur le sol, dans cette pièce délabrée.

Après quelques minutes, des bruits de pas se sont fait entendre. J'ai relevé légèrement la tête et mon cœur a raté un battement. C'était toi... Je me suis levé pour mieux te voir et... oh Merlin, tu étais diablement beau dans ta tenue d'Auror.

- Harry, tu... tu ne devrais pas être ici... avais-je commencé d'une voix tremblante.

Les larmes te sont montées aux yeux et tu t'es littéralement jeté sur moi.

- Ne... ne pleure pas. Je suis là, tout va bien.

Tes sanglots se faisaient de plus en plus fort et tu m'agrippais fermement. Ta tête était longée dans mon cou, je sentais tes larmes couler sur ma peau.

J'ai relevé ton menton doucement pour que tu me regardes.

- Ça fait deux ans... deux putains d'années qu'on ne s'est pas adressé la parole! Tu me manques Draco!

- Je... je pensais que tu me détestais, que tu ne voudrais plus jamais me parler... je ne suis qu'un monstre... j'ai fais tant de mal...

- Draco, tu n'es pas un monstre. M'as-tu dis en me tenant les épaules. On fait tous des erreurs. Tu avais tes raisons, c'est tout.

Tes yeux fixaient les miens. Seul je n'étais rien mais avec toi je me sentais pousser des ailes. Sans vraiment savoir lequel de nous deux avait fait le premier mouvement, nos lèvres se sont sellées pour un baiser tendre, sans agressivité, mais trop rapide à mon goût. Nous nous sommes séparés quelques secondes plus tard, laissant le froid découvrir ma bouche. J'ai posé mon front contre le tiens. Un flot de larmes s'écoulaient sur nos joues mais étrangement j'étais bien.

- Je t'aime... Avais-je murmuré avant de t'embrasser de nouveau.

Cette fois-ci, le baiser était fougueux, me faisant tout oublier. Nos langues se rencontraient, dansant un ballet des plus fous. Mes mains serraient tes vêtements. Je m'enivrais de ton odeur, imprimant ce moment dans ma mémoire.

Nous nous sommes détaché pour la deuxième fois. Tes prunelles, remplit de désir, détaillaient les miennes. Je ne voulais plus jamais te quitter mais comme à chaque fois, un bruit nous ramenait à la raison, quelqu'un venait de toquer à la porte.

- Monsieur Malfoy, vous êtes prié de bien vouloir vous rendre dans l'auditoire.

- Je... je serais là dans quelques secondes.

- Bien. Avais-dis l'homme avant de s'éloigner.

Tu continuais de me regarder dans le blanc des yeux, une main sur la joue.

- Tout iras bien, ne t'en fais pas. Je te défendrais. Avais-tu dit en m'embrassant le front.

J'ai acquiescé par un hochement de tête et tu m'as adressé un sourire plein d'espoir avant de transplaner.

OoO

Mon souffle se fait de plus en plus court, ma dernière torture vient de m'être rendue, je le sais, je le sens. La fin est bientôt proche mais je m'accroche à ce souvenir. C'est l'un des seuls qu'il me reste à présent...

OoO

Des dizaines de sorciers, plus puissants les uns que les autres me regardaient. Des sueurs froides coulaient dans mon dos. Je me sentais oppressé.

Je n'ai pas vraiment suivit le déroulement du procès mais je savais qu'il avait été perdu. J'allais être enfermé à Azkaban.

Tu avais essayé de me défendre au grand dam du ministre mais c'était peine perdue. Je n'étais qu'un mangemort parmi tant d'autres pour les bons sorciers et un traître pour les forces du mal.

Des menottes m'ont été attachées et deux magiciens ont pris chacun un de mes bras. Ils me dirigeaient vers la sortie et j'ai aperçu ton visage remplit de larmes. Je t'ai lancé un faible sourire pour te rassurer mais cela ne faisait qu'aggraver les choses.

Je ne sais plus vraiment comment mais je me suis retrouvé à l'intérieur de cette cellule, dans la plus redoutable prison que le monde ai jamais connu. J'ai passé les six mois les plus horribles de ma vie à lutter pour vivre mais l'envie n'y était plus. Je t'avais perdu...

OoO

Une rivière de larmes inonde mes yeux.

Tu disais qu'après la guerre tout serait fini. Tu voulais que l'on vivent heureux dans une grande maison, éloigné du monde. Tu voulais qu'on s'aiment et restent ensemble jusqu'à notre dernier souffle.

Je te le jure Harry, j'ai lutté. J'ai essayé de tenir bon mais mon corps ne répond plus.

Mon cœur bat de moins en moins fort. Mes larmes coulent de moins en moins vite. Ma tête me fait de plus en plus mal. Je fixe le plafond mais mes paupières se ferment d'elles-mêmes. Alors, peut-être que tu m'en voudras d'avoir cédé mais sache que tu resteras à jamais dans mon cœur. Jamais je ne pourrais t'oublier, Harry.

Mes yeux sont clos, mon cœur est sur le point de s'arrêter. Alors une dernière fois ton visage m'apparaît et un sourire se dessine sur ma bouche avant de s'éteindre aussitôt... La mort venait de me rejoindre.

FIN