Disclaimer : J'emprunte à peu près tout (sauf les mots) à la série Killing Eve qui ne m'appartient absolument pas. Et je touche toujours rien sur mes conneries.

Autrice : Mary J. Anna (parce qu'on a toujours été trois dans ma tête.)

Ahem : Bon on va croire que ça devient une habitude chez moi et que j'offre des OS aux gens parce que j'ai zéro thune. Bon déjà rectifions, non j'offre pas de cadeau aux gens de base et oui j'ai pas de thune. C'est la crise pour tout le monde, les gars. Mais une personne chère à mon cœur m'a demandé d'écrire sur Killing Eve et ça m'arrive d'être gentille. Je suis comme tout le monde, je fais ma BA de l'année de temps en temps. Tient compte de la saison 3 donc c'est mieux de l'avoir vu (et si c'est pas fait, faite-le).

Bref, Emma c'est pour toi avec toute ma folie.

Bonne lec... Rectification : bon courage, on va dire.


Ta petite tare, Eve


Tu te sens bien aujourd'hui. Tu te sens forte, prête à affronter le monde et les autres. Tu commences à te préparer. Mécaniquement, sans penser. Juste faire les gestes, efficace et concentrée sur ton objectif. Déterminée. Et puis soudain entre deux tâches absurdes, pour un détail futile, tu perds ta concentration et une pensée effleure la surface.

Tu repenses à ce stupide ourson qu'elle t'a envoyé. Tu essayes de te raisonner, de repousser la pensée alors que tu enfiles ta veste. T'énervant sur les manches qui refusent de t'obéir. Sur cette voix qui murmure au creux de ton oreille. Elle te terrifie cette voix, n'est ce pas Eve ?

Tu te croyais forte, tout était parfaitement sous contrôle avant. Tu avais ta petite vie bien rangée, ton mari, ton travail. Tout parfaitement en ordre, parfaitement fonctionnel. Ouais tout était parfait avant. Parfaitement ennuyeux.

Et tu continues à t'énerver sur cette fichue veste, à essayer de repousser la voix loin. Quelque part au fond de ton esprit. Là où elle ne t'atteindra plus. Parce que ça fait pas vraiment peur, n'est ce pas ? Pas comme ça le devrait. Oh oui, sa voix te terrifie et c'est pour ça que tu es partie ailleurs, espérant qu'elle ne te retrouve pas. C'est ce que tu te dis. Et tu repenses à Niko. Et tes mensonges s'effondrent.

Pourquoi tu y es allée, Eve ? Tu sais bien qu'il fait parti de l'avant et que maintenant c'est l'après. Tu le savais bien qu'il ne pouvait t'aimer que si tu te faisais petite. Si tu restais parfaitement sous contrôle, parfaitement ordonnée. Mais tu t'ennuyais tellement, t'as pas pu résister. Tu pouvais pas t'empêcher d'aller gratter cette plaie là.

Et maintenant que c'est fait, tu veux revenir à l'avant parce que t'as la trouille. T'as la foutue trouille. Et au fond tu sais très bien que ce n'est pas d'elle. Bien sûr qu'elle est terrifiante. Elle tue comme certains font leurs courses. Non pas comme ça. Si c'était aussi banal que ça, tu l'aurais traité comme n'importe quelle affaire. Froidement, cliniquement, parfaitement sous contrôle.

Non, elle, elle est pas comme ça. Elle, elle tue comme un éclat de rire, avec nonchalance, avec aisance. Comme si c'était le seul moyen qu'elle connaissait pour partager sa joie. Comme si la violence était un art et qu'elle en était l'unique virtuose. Et c'est moche à voir, tu le sais bien que c'est horrible ce qu'elle fait. Quand tu y repenses après, froidement en prenant du recul. Mais quand tu regardes ses crimes, ses œuvres ...

Toi tout ce que tu vois, c'est sa joie.

Et elle part et revient comme une ritournelle d'enfant. Tu voudrais l'ignorer parce qu'elle t'agace, qu'elle te donne envie de te gratter l'intérieur du crâne pour l'en extirper. Parce que c'est toi qui a le contrôle. T'es plus forte que ça, hein ? Tu vas pas te laisser distraire par une foutue chanson stupide ? T'as coupé le son mais tu l'entends toujours. Et ça ça te rends folle, Eve.

Ça te rends folle quand les choses échappent à ton contrôle. C'est pour ça que t'aimais Niko, il était facile à vivre, sans surprise, si manipulable. Tu répondais oui et il demandait pas plus. Il cherchait pas la petite bête. Il atteignait jamais les limites. Les petites coutures invisibles sous ton crâne, juste sous la surface, que tu maintiens en place. Pour ne pas la laisser s'échapper, cette petite part de toi que tu dissimule soigneusement sous l'apparence parfaite. Ta petite tare, Eve. Celle qui te fait rire quand tu vois l'horreur et vomir devant le bonheur.

Tu sais que tu l'aimes pas vraiment au fond. Si tu l'aimais, t'aurais jamais pu garder le contrôle. T'aurais fait n'importe quoi, hein ? Parce que c'est ça que ça te fait quand t'en as quelque chose à foutre. Tu te laisses emporter et tu ne distingues plus aucune ligne de conduite. Tu suis le ressenti sans jamais te poser de question, sans te retourner.

Parce que quand t'en as quelque chose à foutre, t'en as plus rien à foutre du reste.

Parce que derrière le contrôle, les coutures si soigneusement mises en place, ta petite vie parfaite et tout tes mensonges. C'est le chaos. Et que ça, ça te terrifie. Alors tu l'as scellé derrière cette jolie vie parfaite. Parce que ça tu peux le gérer. Même si tu t'en fous.

C'est facile à gérer, suffit de le remplir de pleins de distractions futiles. Un gentil mari, une jolie maison, un travail. Pleins de petites choses que tu dois gérer, maintenir en place et qui ne te laisse pas le temps de penser à ce qu'il y a derrière les coutures. D'avoir envie de les gratter.

Sauf que t'as commencé à t'ennuyer, sans même t'en rendre compte. Tu les gérais trop bien toutes ces distractions, tu n'y pensais même plus. T'avais plus autant besoin de te concentrer dessus pour le faire. Lentement, sans même que tu t'en rendes compte, t'as relâché la pression. Les coutures si parfaites autrefois montraient des signes de faiblesses mais tout roulait alors pourquoi s'en préoccuper ?

C'était pas si grave, non, de s'ennuyer, de relâcher un peu la pression ? Tu voulais juste les laisser respirer un peu ces coutures, juste un instant. Tu voulais juste les gratter un peu, juste une seconde, pour reprendre ton souffle. Sauf qu'à force de les gratter, t'es tombée sur un os. Pourquoi tu joues les surprises, Eve ?

Tu le savais bien que tu devais pas gratter cette plaie là. Mais tu t'ennuyais et ça devient si tentant quand on s'ennuie de prendre juste un petit risque. Tu te dis toujours que tu peux le gérer, c'est pas si grave. Tu vas juste y tremper un orteil et puis c'est tout. Juste pour te souvenir de ce que ça fait.

Ce que ça fait d'en avoir quelque chose à foutre.

Tu le savais bien pourtant que t'as jamais su t'arrêter à ça. Mais tu t'ennuyais tant, le besoin était trop fort. Alors t'as cherché la petite bête et tu l'as trouvé elle.

Et tu sais bien qu'on t'attends quelque part. Mais t'as jamais réussi à enfiler cette foutue veste et tallais pas sortir sans. On sort pas sans veste à Londres, tout le monde le sait. C'est ce que tu te répètes alors que tu retournes dans ta chambre. Ce serait absurde de sortir sans veste, c'est pour ça que tu retournes te coucher. Rien de plus. Rien à voir avec elle. T'en as rien à foutre.

D'ailleurs tu t'en fous de sa voix. C'est ce que tu te dis alors que t'actionnes le mécanisme avec rage. En te disant que tu vas l'entendre et que t'en auras rien à faire. Que c'est juste cette fichue veste le problème et pas sa voix. La preuve, tu l'écoutes et t'es parfaitement calme, parfaitement sûre de toi. T'as même pas peur. Rien, tu ne ressens strictement rien.

À part peut être une petite gêne, . Mais c'est parce que tu entends mal. Rien à voir avec elle. Tu t'allonges et tu le places près de ton oreille. Juste pour mieux entendre. Parce que c'est ça qui t'embête. Le fait de mal entendre. Et tu le relances persuadée que cette fois c'est la bonne. T'en auras strictement rien à carrer. La preuve tu viens d'appuyer et ta main n'a même pas tremblé. Enfin si, un peu sur la fin. Mais c'est parce que t'es mal installée. C'est la faute du lit, pas la tienne.

Toi tu te sens.

"Admets le Eve."

Parfaitement.

"Tu voudrais que je sois là."

Chaotique.

Fin.


Ça faisait longtemps. Vraiment longtemps que j'avais pas écrit ce genre de choses, ce genre de thème.

Je sais pas si j'espère que ça vous ai plu ou non. Je crois que je publie pour le savoir. Savoir si ça en vaut le risque, d'écrire ce genre de chose là. Parce que c'est viscéral, pour moi. Viscéral de l'écrire, de le ressentir à nouveau, même par procuration.

Et je terminerais par un petit mot pour toi, Emma :

Je sais pas trop par où commencer alors je vais déjà dire merci. Merci d'avoir été là pendant toutes ces années. D'avoir cru en moi surtout, parce que je crois que t'es sûrement celle qui l'a le plus fait dans ma vie, celle qui m'a le plus encouragé et soutenu. Et c'était pas gagné, hein, j'étais pas vraiment un cheval sur lequel on aurait parié. Merci de me faire rire encore, après tout ce temps. De rire quand je pars en couille toute seule de façon absurde et de me suivre. De le faire aussi, comme ça je me sens moins seule. Justement j'y viens, merci de me faire sentir moins seule sur cette putain de planète.

Tu sais, je crois qu'au fond j'avais besoin de le faire.

Alors merci pour ça aussi.

Mary J. Anna