Titre : We can take our time
Auteur.e : KouriArashi - Fanfiction écrite en langue anglaise, publiée sur AO3 – archiveofourown (point) org (/) users (/) KouriArashi
Traductrice française : Sloe Balm
Bêta-lecture de la trad française : Merci à Neliia pour avoir effectué la correction de cette fic en français.
Genre : Sterek, Univers alternatif - il n'y a pas de loups-garous dans cette histoire : Stiles et Derek sont humains. ATTENTION : Rating M - présence de viol, abus physique et psychologique. /!\ Monde omegaverse : contenu à caractère sexuel très cru et atypique.
Qu'est-ce que l'omegaverse ?
C'est un monde alternatif, dans lequel, en plus des deux genres 'classiques' masculin et féminin, il existe une autre classification : les rangs alpha, bêta et oméga, liés à leur place dans la société et/ou à la reproduction. Il y a des règles différentes selon les écrits, ce n'est pas forcément le cas ici, mais on retrouve souvent ces schémas-là : domination sexuelle, présence d'âmes sœurs, marquage, Mpreg (homme enceinte), chaleurs, etc.
Voici deux sites détaillés que je vous conseille sur le sujet :
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- urlz (point) fr (slash) cuT4
Note de l'auteure, KouriArashi : (datant de février 2017)
Ohhhhhkay, donc je pensais que je n'écrirais jamais d'omegaverse, et ensuite que je n'écrirais jamais d'omegaverse contenant des cycles de chaleurs, et pourtant, me voilà en train de publier cette histoire. Tout ce que je peux dire, c'est que mon cerveau est vraiment étrange !
Avertissement au sujet du style omegaverse qui soulève de nombreuses questions assez sérieuses pour savoir si oui ou non il y a consentement dans ce type de relation. Je n'essaye pas du tout de rendre mal qui que ce soit ici, j'ai juste envie d'explorer ce concept. De plus, il y a une description détaillée d'un viol passé et d'une tentative de suicide (pas dans le premier chapitre mais plus tard dans la fic). Donc, ouais, je me dois de vous alerter. Prenez soin de vous !
Note de la traductrice, Sloe Balm :
J'adore les fics où Stiles et Derek sont coéquipiers de police, et j'adore l'omegaverse. Donc voilà, c'est tout naturellement que cette fic a attirée mon attention.
Il y aura quatre chapitres en tout, déjà traduits. Ce sera une publication chaque semaine :)
Je vous souhaite une bonne lecture !
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We can take our time
écrit par KouriArashi
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Chapitre 1
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La décision qu'avait prise Derek de se faire transférer à Beacon Hills avait été facile. Il n'avait pas de famille, pas de partenaire, donc pas vraiment de raison de rester là où il se trouvait. Il habitait dans un appartement d'une seule chambre avec juste son chat. Le salaire à Beacon Hills serait meilleur, et pour être honnête, l'idée de travailler dans une petite ville était plus attrayante que de rester dans une métropole.
Lors de son premier jour, il arriva habillé de son uniforme parfaitement repassé, pour se présenter au capitaine. C'était un homme de quelques années son aîné qui s'appelait Jordan Parrish. Il ne l'avait jamais rencontré auparavant, ayant passé son entretien avec le sergent et l'assistant administratif. « Asseyez-vous. » déclara Parrish, désignant le siège face à lui, de l'autre côté du bureau, et Derek s'assit.
Ils échangèrent quelques banalités, et Parrish l'interrogea sur ses expériences dans son travail précédent à Los Angeles. À peu près cinq minutes s'écoulèrent avant que Parrish ne jette un œil à sa montre et ne dise : « Donc, je vais te mettre en équipe avec Stilinski. Il est un peu plus jeune que toi mais son père était shérif, donc il est immergé dans la police depuis qu'il porte des couches culottes. Ne le laisse pas te faire la misère. »
Derek répliqua avec un sourire. « Oui, monsieur. »
« Autre chose. » Parrish hésita pendant un instant avant de dire, « Tu es un alpha, n'est-ce pas ? »
Derek fut surpris par la question. Ce n'était pas vraiment impoli de demander, mais la plupart des gens considéraient cela comme un sujet tabou. Derek avait appris à s'y faire et il n'avait pas honte de ce qu'il était. « Oui. »
« Stilinski est un oméga. Parfois… les alphas ont du mal à travailler avec lui. »
« Ah. » Derek pouvait voir pourquoi Parrish était inquiet, même s'il n'avait pas besoin de l'être. Malgré tous les efforts que la société faisait pour éduquer la population sur les relations entre alphas et omégas, il y avait toujours des personnes qui se méprenaient. Et parfois, certains alphas eux-mêmes n'aidaient pas à clarifier le message, attirant l'attention pour des mauvaises raisons. « Ce ne sera pas un problème. »
Parrish hésita à nouveau. « Écoute, Hale. Je ne dis pas que tous les alphas deviennent des bêtes dirigées par leurs pulsions chaque fois qu'ils voient ou sentent un oméga. Je sais que ce n'est pas vrai. Je sais que tu es capable de te maîtriser tout autant que moi. Il y a juste des… circonstances, avec Stilinski, qui rendent les choses plus difficiles pour les alphas. Je veux juste ta parole que tu viendras me voir si tu rencontres un problème avec lui. »
Derek n'avait absolument aucune idée de ce que cela voulait dire, mais cet homme était son nouveau chef, alors il acquiesça. « Assurément. »
« Parfait. Tu peux disposer. »
Derek se dirigea vers l'open space du commissariat, se sentant un peu déconcerté par cette conversation et légèrement inquiet à l'idée de rencontrer son nouveau partenaire. Il jeta un coup d'œil circulaire dans la pièce et repéra aussitôt Stiles ; il était l'un des deux omégas de la station, et l'autre ne semblait pas être présent pour le moment. Derek avança jusqu'à lui et tendit sa main. « Derek Hale. Je suppose que je suis ton nouveau coéquipier. »
L'autre homme parut un peu surpris, mais n'était pas mal à l'aise contrairement à Derek. « Oh, hey ! Je suis Stiles. » Et il serra la main de Derek.
« Est-ce que c'est un surnom ? »
« Ouais. » Stiles lui montra du doigt un de ses rapports de police et Derek le regarda.
« Mieczysław Stilinski. » dit-il, et il vit la bouche de Stiles s'ouvrir légèrement à l'entente de la prononciation parfaite. « Polonais ? »
« Euh, ouais. Ouah. Comment tu sais ? »
« J'ai beaucoup voyagé quand j'étais enfant. Fils de militaire. J'ai passé trois ans dans une base en Allemagne et j'ai fini par avoir l'oreille pour les langues européennes. Mets une page de polonais devant moi et je saurais la lire en prononçant parfaitement, mais je n'aurais aucune idée de ce que ça veut dire. »
« Donc, je peux toujours t'insulter en polonais ? OK, bon à savoir. » répondit Stiles et il sourit. « Allez, viens, je vais te faire visiter. »
Vingt minutes plus tard, ils se trouvaient dans la voiture de police et Derek essayait toujours de comprendre contre quoi Parrish l'avait mis en garde. Bien sûr, il pouvait déjà voir en quoi Stiles pouvait être agaçant pour certaines personnes. Il débordait constamment d'énergie, ne cessant jamais de parler, ne restant jamais en place. Cela ne dérangeait pas Derek ; il n'y prêtait pas trop attention et les babillages incessants glissaient sur lui comme l'eau sur les plumes d'un canard, mais il pouvait comprendre que cela donnait des envies de meurtre à certaines personnes. Il pouvait aussi imaginer que l'attitude je-sais-tout de Stiles concernant les procédures policières, pouvait être insupportable. Mais cela n'avait rien à voir avec le fait que Stiles était un oméga. C'était juste Stiles étant Stiles.
À la fin du premier jour, Derek laissa tomber. Peu importait ce dont Parrish avait voulu parler ; il s'agissait certainement d'une méprise de ce qu'étaient les relations alphas-omégas. Rien qui ne le préoccupait vraiment.
À moins que Stiles souhaitait parler du fait qu'il était un oméga, Derek estimait que cela ne le concernait pas. À l'âge de Stiles, il était plutôt logique de supposer qu'il avait un partenaire stable, ou tout du moins, qu'il savait où en trouver un s'il en ressentait le besoin. Derek devrait également se trouver un partenaire, mais les alphas avaient leur chaleur bien moins souvent que les omégas – à peu près une fois tous les six mois contre une fois toutes les six semaines – donc il avait encore du temps pour s'en préoccuper.
Une fois que Derek réussit à faire abstraction des divagations perpétuelles de Stiles, ce dernier se révéla vraiment être un excellent coéquipier. Il était extrêmement compétent, mais ne se prenait pas trop au sérieux. Il connaissait également tout le monde. « J'ai grandi ici. » déclara-t-il à Derek, après qu'il fut reconnu pour la troisième fois par quelqu'un durant leur ronde. « Et mon père a été le shérif du comté pendant des années, donc, fondamentalement, tout le monde me connaît. »
Le job était beaucoup moins stressant qu'à L.A. Bien sûr, il ne se passait pas rien non plus. Ils devaient gérer au quotidien des violences conjugales, des vols, du vandalisme, des affaires de drogues ou des conduites en état d'ivresse. Mais, il n'y avait pas de gangs à Beacon Hills, pas de courses poursuites en voiture, ni de fusillades. Derek passa sa première semaine sans avoir besoin de sortir son arme à feu.
Le plus souvent, le job consistait à ramasser les ivrognes lors du dernier appel nocturne, aller configurer le radar de vitesse dans le virage où on passait de quarante-cinq à trente kilomètres-heure, et gérer les accidents de voiture. Il y eut aussi un enfant de quatre ans qui fut porté disparu avant d'être retrouvé quelques heures plus tard, jouant avec des grenouilles dans un ruisseau à proximité ; quelques adolescents attrapés avec bien plus de marijuana qu'ils n'auraient su quoi en faire ; un mec arrêté dans un bar pour avoir mis de la drogue dans des verres.
Derek se retrouva à admirer Stiles bien plus qu'il ne l'aurait imaginé : il était honnêtement un bon flic. Il avait été méticuleux lorsqu'il avait interrogé les parents du garçon disparu ; assez compatissant pour avoir laissé les adolescents s'en sortir avec juste un savon, même s'ils auraient pu être arrêtés pour possession de drogue (mais pas assez compatissant pour ne pas appeler leurs parents) ; totalement impressionnant lorsque le connard-violeur avait dégainé un flingue sur eux alors qu'il avait été pris la main dans le sac.
Au bout d'un mois, Derek avait pour ainsi dire oublié la mise en garde de Parrish. Il ne s'en souvint que lorsqu'il sentit les chaleurs de Stiles arriver. De ce qu'il savait, la plupart des omégas ne commençaient à dégager un parfum caractéristique qu'environ vingt-quatre heures avant le début de leurs chaleurs. Mais Derek fit comme si de rien n'était. Même pour les gens qui ne considéraient pas cela comme tabou, le faire remarquer n'en restait pas moins impoli.
Ce jour-là, à la fin de leur garde, alors que Derek était en train d'enfiler ses vêtements de ville, Stiles se racla la gorge et déclara : « Alors, euh. Je vais être absent quelques jours. »
Derek le regarda du coin de l'œil et acquiesça. Il était impossible pour un oméga de travailler durant sa période de chaleur, donc cela demandait quelques aménagements. « Je pense que le Capitaine Parrish voudra probablement que je rattrape un peu de paperasse, que je fasse du tri dans les archives ou quelque chose du genre. »
« Nan, il va juste t'affecter à la signalisation de sortie des écoles pendant quelques jours. » C'était une blague mais elle vint sans le sourire habituel de Stiles. Derek songea à demander à ce dernier si tout allait bien, mais le châtain se mit dos à lui et retira son T-shirt en vue de se changer. En voyant cela, Derek oublia quelques instants leur conversation et se sentit obligé de se tourner. Bien sûr, les alphas savaient contrôler leurs instincts, mais de temps temps, cela pouvait être difficile... Il y avait tout de même un oméga qui s'apprêtait à avoir ses chaleurs, et pour qui il avait une attirance certaine, en train de se déshabiller devant lui...
Il n'osa pas se retourner avant d'avoir entendu le casier de Stiles se refermer. « On se voit dans quelques jours, alors ? »
« Ouais. » Stiles hésita un bref instant. « Écoute, hm… Si, euh, quand je reviens, si... »
Derek fronça les sourcils. « Oui ? »
« Rien. » Stiles attrapa son sac. « Laisse tomber. Profites bien de la salle d'archives. »
Derek était de nouveau confus, mais il ne dit rien, laissant Stiles partir. Certaines personnes devenaient étranges à l'arrivée de leurs chaleurs. Et il était possible que - pouvait-il vraiment espérer que c'était possible ? - si Stiles était attiré par lui, il avait pensé à lui demander de le rejoindre durant ses chaleurs. Mais si cela avait été le cas, c'était une bonne chose qu'il ne l'ait pas fait. Prendre ce genre de décisions à cette période de son cycle n'était pas une bonne idée. Stiles pouvait passer ses chaleurs avec n'importe quel partenaire de son choix avec lequel il s'était arrangé auparavant, et ils pourraient éventuellement avoir cette conversation plus tard s'il le fallait.
Derek rentra chez lui, nourrit son chat, se prépara un burger et dîna. Le lendemain, le travail fut aussi ennuyeux que prévu. Il fit un peu de paperasse et prépara une affaire judiciaire à laquelle il devait aller la semaine suivante pour une histoire de vols de voiture. La journée d'après fut plus ou moins similaire.
Il fut un peu surpris lorsque Stiles ne fut pas de retour le troisième jour, mais pas totalement. Les chaleurs des omégas duraient entre vingt-quatre heures et quarante-huit heures. Certains d'entre eux étaient aptes à reprendre des activités normales dans la foulée, mais parfois, certains ne l'étaient pas. Il n'était pas anormal d'avoir parfois besoin d'un troisième jour pour récupérer. Derek eut une pointe de jalousie passagère en pensant à ce que l'alpha de Stiles avait dû lui faire pour qu'il ait eu besoin d'un jour de repos supplémentaire.
Il oublia tout cela lorsqu'il vit Stiles arriver le lendemain dans les vestiaires. Il avait l'air épuisé, pâle et triste, comme s'il avait perdu beaucoup de poids au cours des trois derniers jours. Il avait des cernes sous les yeux et ses lèvres étaient en lambeaux de les avoir sûrement trop mordues.
Derek oublia totalement ce que le tact et les bonnes manières voulaient dire, et il s'écria sans même réfléchir, « Est-ce que tu as passé tes chaleurs tout seul ? »
Stiles sursauta, et il s'empourpra légèrement, détournant le regard. Sa voix s'éleva de manière brusque et agressive. « Pas que ce soit tes affaires, mais sache que je passe toutes mes chaleurs seul. »
La mâchoire de Derek se contracta et il fixa Stiles. Son cerveau mit un temps à essayer de traiter l'information. Il n'avait jamais passé une seule de ses chaleurs seul, mais il avait déjà entendu parler de ce que cela faisait. Il avait entendu dire que c'était une véritable agonie, impossible à décrire avec des mots. Il avait entendu parler de personnes qui s'étaient blessées dans leurs efforts pour se soulager. Chaque fois qu'il avait entendu des omégas ayant dû supporter leurs chaleurs seuls témoigner, ces derniers avaient dit ne plus jamais vouloir revivre ça. Derek avait aussi entendu que cela empirait avec le temps, que chaque chaleur passée seule était plus douloureuse que la précédente. « Pourquoi ? » demanda-t-il finalement.
Stiles claqua la porte de son casier pour la refermer, et quand il se retourna vers Derek, son visage semblait peiné plus qu'autre chose. Il s'arrêta et prit une profonde inspiration. « Écoute. Je comprendrais que tu ne veuilles plus être mon coéquipier. La plupart des alphas n'arrivent pas à s'y faire. Ils veulent... » Il déglutit difficilement. « Ils veulent m'aider. Tu vois ? Mais j'ai des raisons pour faire ce que je fais. Donc si c'est un problème pour toi, dis-le simplement à Parrish. Il peut te mettre avec quelqu'un d'autre. »
« Ce n'est pas ça... Écoute, ça te regarde, je ne vais pas... m'imposer. » répondit Derek. « C'est juste que tu es visiblement en souffrance et... et oui. C'est très difficile pour un alpha de voir un oméga souffrir. Surtout pour cette raison. »
« Je sais. » Stiles passa une main sur sa nuque. « Et je sais que tu ne le comprends pas. Mais tu n'as pas à le faire. Tu n'as pas besoin de me comprendre. J'ai juste besoin que tu respectes mon choix. »
« Oui, évidemment. » Derek ne pouvait pas s'empêcher de le fixer. Il ne comprenait pas. Qu'est-ce qui pouvait pousser quelqu'un à se faire autant de mal comme ça ? « Tu sais, si tu as été élevé dans une de ces familles où - »
« Non. » répondit Stiles. « Arrête. Stop. Je n'ai pas été élevé dans une famille fondamentaliste. Je sais qu'il n'y a rien de mal à être oméga. Et je ne juge pas les autres alphas ou omégas pour faire ce qu'ils font. Donc ne me juge pas pour faire ce que je fais. Sinon, c'est moi qui parlerais à Parrish. »
« Très bien. » Derek leva les mains en l'air comme en reddition. « Est-ce que tu seras capable d'aller en patrouille ? »
« Je ne serais pas revenu au travail si ce n'était pas le cas. Allons-y maintenant. »
Dire que la journée avait ensuite été gênante aurait été un euphémisme. Derek avait essayé de ne pas y penser, mais il n'avait pas pu s'en empêcher. Cela restait ancré dans un coin de son cerveau. Il n'arrêtait pas d'imaginer comment avaient dû se passer les derniers jours de Stiles. Il n'avait jamais passé une seule de ses chaleurs seul, mais une fois, un de ses partenaires s'était retrouvé coincé dans les embouteillages et avait eu une heure de retard. Derek se souvenait très bien de cette heure d'attente durant laquelle il s'était senti à deux doigts d'arracher sa peau avec ses ongles pour échapper aux vagues de chaleurs intenses qui l'avaient envahi. Entendre que Stiles traversait cela à chaque fois, et qu'il le faisait volontairement,… il n'arrivait tout simplement pas à le comprendre.
Heureusement pour Derek, la journée fut bien remplie. Le matin, à l'heure de pointe, il y eut un accident impliquant trois voitures, et l'un des conducteurs tenta littéralement de tabasser celui qui lui avait coupé la route et avait provoqué l'incident. Cela prit deux bonnes heures pour régler l'histoire. Il y eut ensuite un autre appel, impliquant un imbécile qui était devenu hystérique dans un café après avoir reçu une commande qui n'était pas celle qu'il avait demandée.
La journée qui suivit, Stiles se sentit clairement mieux, même s'il restait silencieux. Il continuait de regarder Derek comme s'il attendait une autre pique de sa part. Au troisième jour, il redevint lui-même. Derek ne pouvait s'empêcher de se demander combien de coéquipiers le jeune homme avait perdu à cause de cette histoire. Stiles n'était pas seulement préoccupé par la raison qui le poussait à passer ses chaleurs seuls, il était aussi clairement convaincu que Derek allait le laisser sur le carreau et demander à changer de partenaire. Derek décida que ça n'arriverait pas.
C'était facile d'oublier tout ça en plein milieu du mois, mais les semaines passèrent et toute cette histoire revint à nouveau sur le tapis. Dès qu'il sentit les chaleurs de Stiles arriver, Derek dut pratiquement se souder la bouche pour s'empêcher de lui demander s'il allait les passer seul, ce dont il était sûr. Derek avait voulu lui dire qu'il aurait été ravi de pouvoir les passer avec lui, et qu'il n'y avait aucune raison pour qu'il s'impose encore ça. Lorsque Stiles partit avec le même discours de « Je vais être absent quelques jours. », Derek s'effondra sur sa chaise et se rendit compte que ses ongles s'étaient enfoncés dans les paumes de ses mains.
« Merde. » lâcha-t-il. Il ne demanderait pas à changer de coéquipier. Hors de question. Mais il avait l'impression qu'il devait vraiment essayer de comprendre Stiles.
Après avoir fouiné un peu, il se rendit dans un bar de la ville voisine qui était le QG de beaucoup de flics. Il n'y avait qu'un seul alpha dans le groupe de policiers qui traînaient là, et Derek hésita mais s'approcha du type. « Scott McCall ? »
« Ouais ? » Scott avait à peu près le même âge que Stiles, et lui donnait l'impression d'être quelqu'un d'assez ouvert et amical.
« Je, euh... je suis Derek Hale. Police de Beacon Hills. »
« Oh, hey ! Ravi de te rencontrer. » Scott lui serra la main comme s'ils étaient de vieux amis. « Qu'est-ce que je peux faire pour toi ? »
« Je me demandais si je pouvais te poser quelques questions incroyablement impolies et personnelles. » répondit Derek et Scott rigola. « En fait, hm. Je viens d'arriver il n'y a pas très longtemps, et… on m'a affecté avec Stilinski. »
Le sourire de Scott disparut immédiatement de son visage. Il n'avait pas l'air en colère mais bouleversé. Il détourna le regard brièvement et déclara, « OK, ouais. Et tu veux me poser des questions parce que j'étais le dernier coéquipier en date de Stiles. Allons prendre un verre. »
Derek était heureux d'avoir de l'alcool pour faciliter cette conversation. Ils prirent une table dans un coin. « Je suis vraiment désolé de m'immiscer comme ça. C'est juste - »
« Tu as besoin de comprendre. » Scott hocha la tête. « Je sais, j'ai été à ta place. Et j'aimerais pouvoir t'aider, mais je ne peux pas. Il refuse d'en parler. Tout effort pour essayer de le faire parler ne servira à rien. Il te dira juste d'aller parler au Capitaine et de changer de coéquipier si tu ne supportes pas la situation. » Il prit une gorgée de sa bière. « Je m'étais dit que j'arriverais à le supporter, tu sais ? Que ce n'était rien. J'ai une partenaire fixe, merde, j'ai une femme. » Scott leva la main pour montrer son alliance. « Ça n'aurait pas dû me préoccuper autant. J'ai tenu durant quatre cycles avant de finir par lâcher l'affaire. Je me suis fait transférer de station, je me suis éloigné parce que je ne pouvais pas continuer de le voir s'infliger ça. »
« J'en suis au deuxième. » Derek passa une main dans ses cheveux et essaya de cacher sa déception. Il ne savait soudainement pas pourquoi il était venu ici, pourquoi il s'était attendu à ce que ce mec puisse lui apporter des réponses.
« Écoute, ce n'est que mon opinion, mais si j'étais toi, je demanderais à me faire transférer maintenant. » Scott posa sa bière. « Tu le feras tôt ou tard, et le plus tôt sera le mieux pour vous deux. »
« Peut-être. J'ai juste l'impression… qu'il attend que quelqu'un ne le lâche pas. » Derek secoua la tête. « C'est ce que j'ai ressenti. Il avait l'air tellement abattu quand il m'a dit que je pouvais demander à changer de partenaire si c'était ce que je voulais. »
« Je comprends, mais c'est son choix, tu sais ? Il sait que ça arrivera. » Scott soupira. « Je ne sais pas, mec. J'aimerais avoir des réponses à te donner. J'aimerais vraiment. »
Derek le remercia et retourna chez lui. Il arpenta la ville une bonne partie de la nuit, devenant presque fou à l'idée que le sarcastique Stiles, si débordant d'énergie, était en train de souffrir le martyr en ce moment même. Il fit du sport pendant un moment, et but quelques verres pour s'aider à dormir. Il aurait aimé que ce ne soit pas le week-end. Le travail aurait été une distraction bénie dans un moment pareil.
Il finit tout de même au poste de police et frappa à la porte de Parrish. Ce dernier leva les yeux et lorsqu'il le vit, il soupira. « Entre. »
C'est ce que fit Derek, puis il referma la porte derrière lui. « Je ne viens pas demander à changer de partenaire. » commença-t-il. « Je venais juste te poser des questions, si tu le permets. »
« J'imagine que pour commencer, tu veux savoir pourquoi je mets Stiles en équipe avec des alphas ? » demanda Parrish, souriant légèrement. « Tu n'es pas le premier à me poser la question. Et non, avant que tu fasses tes propres hypothèses, ce n'est pas parce que j'espère trouver un coéquipier qui le fera changer d'avis. Je connais Stiles depuis qu'il a dix-sept ans, et rien ne le fera changer d'avis. »
« Est-ce qu'il a été... » La voix de Derek s'éteignit au milieu de sa phrase. De toutes les choses qui ne le regardaient clairement pas, celle-ci en faisait définitivement partie.
Parrish répondit tout de même. « Pour autant que je sache, oui. Il n'en parle pas, mais de ce que je crois comprendre, Stiles n'a jamais passé une seule de ses chaleurs avec un partenaire. »
Pendant un instant, Derek se voila la face. « Alors, peut-être qu'il ne comprend juste pas - »
Mais Parrish lui lança un regard las et Derek se reprit.
« Bien. » Il passa nerveusement une main sur son visage. « Il a ses raisons et c'est son choix. Mais, sincèrement, pourquoi est-ce que tu lui attribues des coéquipiers alphas ? »
« Tu es le quatrième alpha à être son partenaire, et les raisons ont été à chaque fois différentes. » répondit Parrish. « La première fois, c'était parce que nous ne savions pas. Ça… c'est mal passé. On n'était pas vraiment préparés. Le type a été transféré dans une autre ville. La deuxième fois, on pensait que ça irait. OK, on savait que ça pouvait être problématique, mais des raisons personnelles m'ont un peu forcé à faire ce choix. Sa partenaire habituelle partait en congé maternité et je n'avais personne d'autre avec qui le mettre en binôme. Tout le monde a accepté en toute connaissance de cause et dès que c'est devenu problématique, on a tout arrêté et j'ai dû affecter Stiles à du travail de bureau jusqu'à ce qu'Erica revienne. Il est resté deux ans avec elle, puis elle a été promue sergent et mutée. Encore une fois, j'ai dû faire faute de mieux. On en a discuté et on a décidé de réessayer. On avait pensé que s'il y avait bien un alpha qui arriverait à supporter ça, ce serait Scott McCall. Il était marié avec des enfants, et il était avec la même partenaire oméga depuis son adolescence, donc on savait que ça ne lui poserait pas de souci. Il a essayé, Dieu sait qu'il a essayé, mais il a fini par dire qu'il n'arrivait pas à le supporter et il a demandé à être transféré. »
« Et maintenant, c'est mon tour. » déclara Derek.
« Stiles était affecté à du travail de bureau depuis six mois, et il était en train de nous rendre tous fous. On a fait des roulements au sein des binômes du commissariat et je l'envoyais sur le terrain dès que j'en avais la possibilité, mais ce n'est pas pareil que d'avoir un coéquipier régulier. Quand je t'ai engagé, je n'avais pas vu dans ton dossier que tu étais un alpha. J'avais déjà dit à Stiles qu'il allait avoir un nouveau partenaire, qu'il allait revenir sur le terrain, et il était ravi. J'ai réalisé le problème la veille de ton arrivée. Il m'a supplié d'essayer quand même. Il m'a dit qu'il allait devenir fou de rester cantonné à faire de la paperasse. On a pensé qu'on avait peut-être mis trop de pression sur les alphas auparavant, donc on a décidé cette fois de laisser les choses se faire naturellement, et de te dire de nous prévenir si tu rencontrais un problème. »
Derek soupira. « Je n'ai pas envie de ne plus être son partenaire, donc, je suppose que je vais juste devoir apprendre à faire avec. »
« Merci. De lui laisser une chance. C'est un super flic et je ne supporte pas de devoir gâcher ça. Donc… tiens-moi au courant, OK ?
« Oui. OK. »
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À suivre…
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Note de la traductrice, Sloe Balm :
Alors que pensez-vous de cette histoire ? :)
Bon week-end ! Bisous