Bonjour !

Attention, je vais écrire un pavé.

Cette fic est, comme indiqué dans le résumé, la suite de "Couteaux Papillons". Il vaut mieux avoir lu la première partie avant, puisqu'il s'agit d'un univers un peu particulier. C'est un AU basé sur "Orgueil et Préjugés et Zombies", et sans magie. Si ça vous tente, elle est facilement accessible sur mon profil.

Pour celleux qui ont déjà lu "Couteaux Papillons", j'espère que ça vous plaira autant !

J'avais prévu de l'écrire entièrement en février, mais comme j'ai fini ma fic précédente en avril, j'ai pris du retard et elle n'est pas finie. J'ai écrit 10 chapitres sur les 15 prévus, et avec le confinement et la montagne de travail que j'ai, mon rythme d'écriture est un peu chamboulé. Des fois, j'écris plusieurs chapitres en une semaine, des fois, je passe des semaines sans toucher à mon texte. Néanmoins, ne vous inquiétez pas, je ne vous laisserai pas avec une fic inachevée.

Je pense d'abord la publier de manière hebdomadaire, et j'accélérerai probablement le rythme de parution par la suite.

Cette fic est aussi basée sur un film, je vous dirai lequel au prochain chapitre. Il y a toujours des zombies et toujours pas de magie. Il y a aussi pas mal d'approximations historiques (que j'essaierais de préciser dans les chapitres correspondants) et de clichés auxquels je n'ai pas su résister.

Je vous avoue être un peu stressée de la poster, j'espère que vous apprécierez cette histoire et que vous ne serez pas "déçu.e.s " par cette suite. (Je me rassure en me disant qu'au pire, libre à vous de l'ignorer et d'apprécier la première partie. I mean, c'est littéralement le principe de la fanfiction et des fandoms en général que d'ignorer des parties du canon à loisir, donc je suppose qu'il n'y aura aucun problème à le faire ici.)

Je crois que c'est tout ce que j'avais à vous dire, je vous laisse avec le premier chapitre, bonne lecture !


La chambre était plongée dans la pénombre. Un rai de lumière transperçait l'obscurité, révélant une silhouette endormie sous les draps. Allongée sur le dos, elle aurait pu être confondue avec ces gisants de marbre que l'on rencontre dans les nécropoles médiévales. À ceci près qu'une légère agitation trahissait son réveil.

Harry ouvrit les yeux. Il les referma aussitôt, et s'assit avec précaution, une main à son front comme pour conjurer la douleur. Son mal de tête était intense. À force de battements de paupières, le jeune homme réussit à s'habituer au demi-jour. Il réalisa avec horreur que sa jambe droite était couverte d'une attelle, et que sa main droite était bandée et reposait en écharpe. Il ne s'essaya pas à la bouger.

Dans un brouillard confus, Harry tâtonna vers la table de chevet à sa gauche, mais ne rencontra qu'une lampe et un pichet. Voilà qui était surprenant, d'habitude c'était là qu'il posait ses lunettes. Il tourna la tête, les yeux plissés, et s'avança de l'autre côté du lit. Il entraperçut sa monture posée sur la deuxième table de chevet et la posa sur son nez.

La pièce lui apparut alors dans toute sa netteté. Il était assis dans un lit double à barreaux de bois sculpté noir, encadré par les deux tables de chevet. Un petit banc affublé de quelques coussins était accolé au bout du lit.

En face de lui, la cheminée était surplombée d'un portrait de lui et d'un homme blond, apparemment assez récent. Deux fauteuils confortables étaient placés devant l'âtre.

À sa gauche, le mur était percé de deux hautes fenêtres cachées par des rideaux épais, et entre les deux, une lourde tapisserie. À l'angle, un paravent d'inspiration japonaise créait un petit espace d'intimité.

À sa droite, un autre tableau dominait le mur. La pièce était trop sombre pour qu'Harry puisse en évaluer les détails, mais il semblait y avoir plusieurs personnages représentés presque à taille réelle. En dessous, un petit secrétaire en bois sombre, presque vide, était escorté par une chaise, à côté d'un placard immense. Entre le placard et le mur où était adossé le lit, on pouvait deviner une porte trompe-l'œil, probablement celle de la salle de bain. La porte principale se trouvait à l'exact opposé de celle-ci, de l'autre côté du secrétaire.

Mais Harry ne reconnaissait rien. Une subtile angoisse commençait à l'étreindre alors qu'il passait en revue la chambre. Mais rien. Il était certain de n'avoir jamais mis les pieds ici. Il n'arrivait pas non plus à se rappeler comment diable avait-il pu arriver là.

La porte s'ouvrit avec douceur, révélant un homme habillé de noir. Quand il remarqua Harry, son visage s'éclaira. Il referma la porte derrière lui, posa une mallette sur le secrétaire et entreprit d'ouvrir les rideaux.

- Vous êtes enfin réveillé ! sourit-il alors que la lumière du jour inondait la pièce. Vous avez fait une belle frayeur à votre mari, jeune homme !

- Mon mari ? croissa Harry en se protégeant les yeux de sa main valide.

Il la regarda plus attentivement, et remarqua qu'il portait effectivement une fine bague en argent à son annulaire gauche.

- C'est lui qui m'a demandé de veiller sur vous jusqu'à votre réveil, expliqua l'homme. Je suis le docteur Lockwood.

Il alla chercher sa mallette et s'assit sur le lit. Il commença à en sortir des bandages et onguents, mais Harry l'interrompit.

- Excusez-moi, mais où sommes-nous ?

- À une bonne douzaine de kilomètres de Chipenden, répondit le médecin.

- Chipenden ? répéta Harry.

- Un petit village déjà bien perdu, à bien deux jours d'Aberdeen, acquiesça le docteur. Vous ne vous en souvenez pas ?

- Aberdeen…en Écosse ? interrogea Harry.

Que faisait-il en Écosse ?

- Monsieur, de quoi vous rappelez-vous au juste ? demanda le Dr Lockwood avec inquiétude.

- Je, je ne sais pas…souffla son patient.

- Parlez-moi de vous, alors, dit le docteur d'un ton rassurant.

- Je m'appelle Harry, et j'ai…vingt ans, je crois ? Quel jour sommes-nous ?

- Le 8 septembre, répondit le médecin.

- Alors j'ai vingt ans.

Harry fouilla son esprit à la recherche de plus amples informations, mais rien ne lui vint. Un élan de panique lui traversa le cœur alors qu'il réalisa qu'il ne pouvait rien dire de plus.

- Calmez-vous, reprit Lockwood. C'est normal, j'aurai dû le prévoir.

- Prévoir quoi ? Que je ne me souvienne de rien ?

- Vous avez fait une grave chute de cheval, expliqua Lockwood. Vous vous êtes fracturé la cheville et le poignet, et vous vous êtes fait un choc à la tête. Votre mari vous a retrouvé assommé et m'a appelé ici. Vous êtes resté inconscient et fiévreux une bonne semaine, Monsieur.

- Donc je suis amnésique ? souffla Harry.

Le médecin eut un sourire contrit.

- Oui, répondit-il. Mais je ne doute pas que vos souvenirs reviendront avec le temps.

Harry se calma un peu face à l'air confiant du docteur. Ce n'était que temporaire.

- Combien de temps ? Quelques jours ? interrogea-t-il avec empressement.

- Impossible de le dire, répondit le médecin. Mais je parierais plus sur quelques semaines, voire quelques mois.

Harry soupira de déception. Et si ses souvenirs ne revenaient jamais ?

- Votre mari m'a dit que vous vous étiez réveillé en délirant il y a quelques jours, reprit Lockwood.

- Eh bien, je n'en ai aucun souvenir, Docteur, sourit tristement Harry.

Le médecin eut un petit rire et proposa de l'ausculter. Harry se laissa faire alors qu'il prit son pouls et sa pression. Lockwood changea ensuite ses bandages après lui avoir passé une pommade antidouleurs, qui arracha un soupir de soulagement au jeune patient.

Le docteur avait tout juste fini de resserrer son attelle qu'un homme entra dans la chambre.

Le nouveau venu se figea à la vue de Harry. Il se tourna vers Lockwood, interrogateur.

- Il s'est réveillé il y a peu. Mais je dois vous prévenir Monsieur, que votre époux est encore amnésique, dit le médecin d'un ton prévenant.

L'homme ne parut pas entendre la seconde partie de la phrase puisqu'un large sourire s'épanouit sur son visage. Il se précipita vers le lit avec un « oh Harry » soulagé, mais le concerné battit en retraite en se plaquant contre la tête de lit, remontant hâtivement les draps sur sa poitrine. Il était en kimono de nuit, tout de même.

L'inconnu, un homme blond, un peu plus âgé que lui, n'eut pas l'air de se rendre compte de sa peur, puisqu'il s'assit juste devant lui et prit son visage entre ses mains. Il paraissait avoir assisté à un miracle.

Harry ne savait pas trop comment réagir, alors que l'inconnu lui caressait la joue de son pouce avec un sourire attendri en lui répétant à quel point il avait eu peur pour lui. Le jeune homme jeta un regard plein de détresse à Lockwood, espérant que celui-ci ne le libère. Le médecin dût le comprendre car il posa sa main sur l'épaule de l'homme blond, l'écartant avec douceur.

Il se rassit et lança un regard confus à Lockwood et à Harry. L'air terrifié de ce dernier dût le trahir, parce que l'homme prit soudain un visage soucieux. Il se pencha vers Harry, avec moins de précipitation.

- Harry, tu te souviens de moi ? Tu sais qui je suis ? demanda-t-il.

Harry, gêné, secoua la tête. L'homme se détourna et serra son poing contre ses lèvres. Il laissa le silence se diluer dans la pièce, avant de se lever brusquement et de se poster devant la fenêtre.

- Vous m'aviez dit que ses souvenirs reviendraient quand il serait réveillé, dit-il d'un ton tranchant.

- J'ai dit que ce serait probable, corrigea Lockwood. Et je vous rappelle que je n'étais pas là quand il a eu sa crise de panique.

L'homme tiqua. Il se retourna de nouveau vers eux, la mâchoire serrée. Harry ne savait plus où se mettre.

- Il va finir par retrouver la mémoire, reprit le médecin. Ça prendra du temps, certes, et peut-être qu'il ne retrouvera pas tous ses souvenirs, mais il va guérir.

Le mari oublié soupira, et se rassit sur le lit, dos au docteur.

- Je vais vous laisser un peu d'intimité, puis nous parlerons un peu de l'état d'Harry, Monsieur.

Lockwood rangea ses affaires dans sa mallette et quitta la pièce, laissant Harry seul avec l'inconnu. Il se prit la tête entre les mains, soupira de nouveau et se tourna vers lui.

- Tu dois être complètement déboussolé, n'est-ce pas ? dit-il avec tendresse.

- Un peu, acquiesça Harry timidement.

- Je suis désolé si je t'ai fait peur, ajouta-t-il. Je croyais…je croyais que tu allais mieux.

Harry se mordit la lèvre.

- Tu ne te souviens pas de moi, alors ? demanda l'homme avec une certaine tristesse.

- Je ne me rappelle même pas de votre nom, avoua Harry.

L'inconnu sourit.

- Cédric Diggory, enchanté, dit-il en lui tendant la main.

Harry la lui serra avec un « Enchanté » murmuré.

- Tu ne t'en souviens pas, dit Cédric, mais je t'ai fait la promesse d'être toujours à tes côtés. On traversera cette épreuve ensemble. Je ne t'abandonnerai pas, Harry.

Il lui fit un baisemain et se leva.

- Je vais rejoindre Lockwood. Repose-toi bien, mon amour.

Il referma la porte derrière lui, cédant Harry à ses pensées.

Le jeune homme évalua la situation : certes, elle était tragique, mais pas irréversible. Il aurait pu se retrouver amnésique perdu dans les bois et se faire abattre par un promeneur qui l'aurait confondu avec un innommable. Ici, il avait un toit, plutôt aisé, un médecin compétent et un époux qui l'aimait.

Harry observa son alliance de plus près et la retira de son doigt. À l'intérieur de l'anneau, il aperçut un H et un D entremêlés, gravés dans le métal.

Harry Diggory.

Il pourrait s'y habituer.