Bonjouuuuur, je suis de retour ! Me revoilà pour un petit OS de confinement. Je donne à Emma le courage que moi je n'ai pas, et ça me permet de me défouler durant cette période plus que complexe. En espérant que ça parvienne à vous décrocher un petit sourire dans cette atmosphère plutôt anxiogène. J'espère également que tout va bien pour vous, et que vous passez ce temps à la maison à faire des choses que vous rêviez d'avoir le temps de faire, ou tout simplement, à en profiter pour ne rien faire. Je vous souhaite une bonne lecture, et si éventuellement, vous voulez une suite à cet OS, n'hésitez pas à m'en faire part. A bientôt !

DK


Quand on a que l'amour


Confinement jour 7.

« Regina,

J'imagine ô combien recevoir cette lettre peut te sembler improbable (dans l'optique où tu la recevrais) mais il y a tant de choses que j'ai voulu te dire depuis tant d'années, que je profite d'un foutu confinement pour au moins parvenir à les articuler sur du papier que tu ne liras jamais. J'écris ça dans un carnet que tu m'as donné l'an dernier, pour m'insulter, en me disant qu'avant de vouloir devenir une mère pour Henry, je devais apprendre à écrire et à lire. Ça m'avait vexée au début, je dois dire, tout ça parce que j'ai fait une faute de français en corrigeant un devoir d'Henry. Tu en fais toujours des drames. Mais au moins, j'avais l'impression d'avoir quelque chose de toi, un pauvre carnet noir. C'est TOUT ce que j'ai de toi. Ça fait maintenant sept jours que je ne te vois plus, sept jours que tu ne débarques plus à mon bureau pour me disputer, sept jours que je n'ai plus le droit à tes regards noirs, à tes yeux de charbon prêts à me lancer des boules de feu.

Sept jours que je ne peux plus te détester, que la colère ne me gagne plus quotidiennement, que la rage ne me consume pas, et que je n'ai plus la moindre envie de te plaquer contre un mur pour te faire autant de mal que tu voudrais m'en faire, toi aussi. Sept jours que mon cerveau ne fulmine plus pour réfléchir rapidement au pic à te répondre, sept jours que tu ne me détaille plus du regard en croyant que je ne te vois pas, sept jours que l'on ne se fait plus la guerre. Je n'irais pas jusqu'à dire que ça me manque, mais je dirais que ça me désoriente. J'ai l'impression que tout a changé, que tout va changer à jamais et je ne supporte pas de ne plus te voir déambuler dans la ville comme dans mes cauchemars.

Quand je parle avec Henry par webcam, je ne t'y vois jamais, pas que j'aurais espéré que tu me demandes comment je vais, mais j'aurais au moins voulu voir comment toi tu allais. Je n'ose pas demander à Henry, je ne veux pas que tu penses que je m'inquiète pour toi, ni même que je pense à toi. Même si c'est le cas. C'est égoïste si je pense plus à toi qu'à notre propre fils ? Si j'entends plus le son de ta voix dans ma tête, que celui du rire d'Henry ? Sept jours que mes yeux me font mal tant ils n'ont plus rien à regarder. Si ça dure des années, j'aurais besoin de t'inventer de nouveau.

Emma. »

Confinement jour 14.

« Regina…

Deux semaines, Regina, deux semaines. Ce matin, j'ai vu ta voiture passer près du clocher, tu allais sans doute faire tes courses. Je n'ai pas lâché ta Mercedes du regard, espérant que tu lèves les yeux vers ma fenêtre, mais tes vitres sont trop teintées pour que je parvienne à t'apercevoir au volant. J'aurais tellement voulu que tu t'arrêtes, que tu descendes, et que tu me fasses ne serait-ce qu'un signe. Ce foutu confinement me fait espérer des choses que de coutume je n'aurais jamais osé penser. Tu sais depuis combien de temps je craque pour toi ? Je dis craquer parce que c'est comme si j'étais une vieille branche qui craquait quand on marche dessus. Je suis abîmée de toi, c'est tout. Je craque comme si on me cassait en deux, comme si tu m'avais marché dessus.

Mais pour répondre à ma question, ça a commencé quand tes yeux m'accordaient trop d'importance, quand tu commençais à me regarder comme si j'étais susceptible de te plaire, comme si tout ton corps voulait me faire partir, mais que tes yeux me disaient de rester. Je ne sais pas si c'est moi qui l'imagine, ou si c'est toi qui me le fais imaginer volontairement, mais j'imagine que ça ne me déplaît pas, si je suis là à écrire tout ça.

Si tu savais comme tu es belle, Regina. Je ne comprends même pas que les gens qui peuvent te regarder ne soient pas encore mort. On est sûr que je suis bien en vie, au moins ? Mes parents t'appellent encore « L'Evil Queen », d'autres t'appellent « La sorcière », je suis sûre que même eux n'osent pas avouer qu'ils sont ensorcelés de leur plein gré, c'est sans doute pour ça qu'ils te détestent encore. Moi je dois avouer que je serais prête à te laisser m'ensorceler encore, jusqu'à ressentir autre chose que le dégoût d'être enfermée ici jusqu'à ce que mort s'en suive. Même si j'étais dans ton donjon, crois-moi, j'aurais le sourire.

Mes parents sont infernaux à la longue. Tu dois le savoir mieux que moi. Je suis parfois à deux doigts d'aller m'enfermer dans ma voiture pour y dormir, mais je ne veux pas subir une séance de thérapie quand ils s'en rendront compte demain matin. C'est la première fois de ma vie que je ne peux pas fuir. Que tout me fait peur, et que je ne peux pas m'enfuir. Je vais devenir folle, je suis en train de devenir folle. Je voudrais tellement me disputer avec toi.

Emma.»

Confinement Jour 18 :

« Regina,

Je suis sortie sur le parking aujourd'hui, tu savais que le clocher faisait « tic-tac » et qu'on l'entendait jusqu'ici ? Tout est tellement silencieux. J'écoute des chansons qui me font mal à l'âme, je bois du vin rouge presque chaque soir. Comment passes-tu tes journées ? A quoi tu penses toute la journée ? Est-ce que tu penses à moi, quelque fois ? Tu me déteste ? Tu es ravie de ne plus me voir ? Qu'est ce qui te manque le plus… ? Je voudrais tellement t'entendre. Je me demande des tas de choses sur toi, si tu portes tes tailleurs même en période de confinement, si tu prends la peine de faire tes brushings, si tu te maquilles encore, ou si tu traînes en peignoir toute la journée, les cheveux dans un chignon décoiffé à manger des chips sur le canapé. Est-ce que quelqu'un te manque ? Robin peut être ? Je suis sûre que tu pourrais utiliser tes pouvoirs pour t'éclipser dans ton caveau et y faire ce que bon te semble. J'espère que tu ne le vois pas. Je ne supporterais pas que lui en ai le droit et pas moi.

18 jours que je deviens de plus en plus folle. J'ai ton visage incrusté dans la tête et dans mes rêves j'ai le droit de passer la main dans tes cheveux, et je te vois même sourire. Quand le confinement sera fini, pas que je me promette de faire des choses folles mais j'irais sans doute juste manger un hamburger chez Granny avec Henry, puis quand je te verrai, mon dieu, je ne suis même pas sûre de ne pas trembler. Je devrai retenir un sourire, sûrement, et peiner pour avoir une bonne répartie sur le premier pic que tu me lanceras. Ce sera sur quoi, dis-moi, le poids que j'aurai pris ? Ma coupe de cheveux, ma mine épouvantable ? Mon idiotie ? Je te connais presque par cœur et tu ne t'en rends même pas compte. Je suis sûre que tu souffres autant que moi. Allez, je te manque au moins un peu, pas vrai ?

Emma. »

Confinement Jour 25 :

« Regina,

Plus de trois semaines. Je me sens manquer d'air tant je ne supporte plus d'être ici. Si tu savais comme je t'envie. J'aurais dû déménager bien avant. Je crois que ce sera l'une des premières choses que je ferais une fois tout ça derrière moi : déménager. Pouvoir profiter d'une maison pour moi toute seule, une chambre pour Henry, une chambre pour moi, sans personne. Et profiter d'être seule pour penser à toi sans avoir peur de me faire surprendre. Ils disent que je suis bizarre en ce moment, qu'ils ne me reconnaissent pas. Ça fait 25 jours qu'on m'a coupé en deux, comment je pourrais être moi ?

Comment fais-tu pour ne pas avoir encore réduit la ville en cendre ? J'ai envie de le faire avec le monde entier. Henry m'a glissé qu'il jouait aux jeux de sociétés avec toi ce dimanche. C'est la première information que je gagne en 25 jours. Toi et Henry, des rires, des jeux, je vous jalouse. Je voudrais juste gagner ton cœur. Je commence à penser que la première chose que je ferai, c'est de venir te voir, pour voir Henry. Mais surtout pour te voir. A un mètre de distance de toi, je suis sûre que ce sera électrique quand même. Ou alors je suis seule à le sentir ? Non… Tu dois le savoir, tu dois le sentir toi aussi. A chaque fois qu'on est dans la même pièce toi et moi c'est comme si des tonnes d'électrons se promenaient autour de nous, prêt à imploser au creux de notre ventre. Tout mon corps est comme aimanté et si tu savais la difficulté que je m'impose à rester loin sans bouger, sans ciller, sans plier. A chaque fois que je te quitte je suis vidée, épuisée. Te résister est pire que de résister à une drogue dure, à une cigarette, à un verre d'absinthe, pire que de résister au sexe.

Tu es tous les vices incarnés, toutes les drogues. Je deviens folle. Malheureusement folle de toi.

Emma. »

Confinement jour 30 :

« Regina,

Un mois. C'est comme des années, comme des siècles. Un mois que tu me manques, que tu me hantes. J'ai l'impression que ça fait des plombes. Un mois, ce n'est rien. Comment je faisais quand tu n'existais pas ? Quand je ne te connaissais pas, c'était comment ? J'ai été idiote de ne pas te laisser voir plus tôt que j'étais réceptive. J'aurais pu peut-être gouter ta peau avant d'en être privée. Je me suis disputée avec mes parents, ils ne comprennent pas que je puisse boire autant de vin. J'ai juste l'impression de frôler tes lèvres, comme ça. J'imagine qu'elles ont le gout du raisin.

On a appris aujourd'hui qu'on était coincé pour un mois de plus. Ça fera deux mois sans te voir. Si je me jetais d'une fenêtre, là maintenant, et que tu découvrais un jour ce cahier, ce sera pire que ma propre mort, mais au moins tu sauras. J'ai toujours été lâche dans les relations, je ne sais pas bien comment garder quelqu'un. Celui qui te perd doit être complètement fou. Ça ce serait une raison de se jeter par la fenêtre. Alors imagine ne jamais t'avoir de sa vie ? Comment font les hommes qui ont partagés tes nuits pour vivre désormais loin de toi sans devenir dingue ? J'en perdrais la tête, c'est pire qu'une maladie.

Parfois je commence à croire que tu m'as jeté un sort, que tu l'as fait volontairement, que j'ai un problème. Puis je me souviens que mon seul problème est celui de ne pas être ensorcelée. C'est pire que tout, parce que tout est réel. Je suis éprise, de mon plein gré, et je passe des heures à écrire dans un carnet insignifiant, des suites de mots que je finirai par déchirer quand tout sera terminé, de peur que tu puisses lire un jour, ce qui aura été mon salut dans une période compliquée.

Je me demande comment font les gens qui ont perdus leur amour ? Comment font les gens qui se sont fait quittés, comment font les gens qui ont quittés mais en aimant toujours. Comment font qui aiment toujours mais qui n'ont jamais osés.

Tu m'auras sans doute sauvé, par le simple fait d'exister. Je résiste surement à tout ça grâce à l'espoir de te retrouver ensuite. Ce jour là j'aurais le sourire, et sans doute voudras tu me tuer. Je commence à ne plus supporter le soleil, il me brûle la rétine à ne faire que briller. Puis je le trouve trop cynique pour tous les gens enfermés. Toi tu n'as même pas besoin de lui pour briller.

Emma. »