Hermione pousse lentement la porte du bureau du professeur de métamorphose et directrice de Poudlard, Minerva McGonagall. Les yeux humides, elle s'avance vers le bureau, bien rangé et ordonné, comme à son habitude. Elle caresse du bout des doigts le bois avant de s'asseoir en fermant les yeux.

Voilà des années qu'elle n'était pas revenue ici malgré sa promesse, des années qu'elle ne communiquait presque plus avec Minerva, qu'elle ne l'avait pas revu… Jusqu'à le mois dernier…

La grande docteure Granger avait fait les gros titres de tous les journaux sorciers suite à sa démission, surprenant tout le monde, même Ron et Harry. Celle qui réparait les vivants avait démissionné après avoir raté une seule fois, après n'avoir pas réussi à sauver une seule personne. Beaucoup pensaient qu'elle avait démissionné car elle n'avait pas sauvé la directrice de Poudlard, son ancienne école, alors que la vérité était bien plus déchirante.

Hermione ouvre lentement les yeux et observe la pièce. Elle avait passé beaucoup de temps ici, dans ce bureau qui est dans le prolongement des appartements du professeur. Une pièce chaleureuse où un feu crépitait toujours dans la cheminée et une théière toujours pleine, avec des petits gâteux, sur la petite table, entre deux fauteuils où Hermione et Minerva s'asseyaient et discutaient pendant des heures, le soir, alors que Poudlard s'endormait. Comme à son habitude, le bureau est bien organisé : Livres de métamorphose et copies à corrigé d'un coté, papiers administratifs ou punitions d'élèves de l'autre. Et au centre, un cahier à la couverture en cuir, neutre, qu'Hermione n'a jamais vu.

Du bout des doigts, elle caresse la couverture avant d'ouvrir le carnet.

« Hermione Granger,
Histoire de celle qui répare les vivants. »

Hermione prend une profonde inspiration avant de tourner la page, se retrouvant face à la première lettre qu'elle avait envoyé au professeur, première d'une longue liste. Elle continue de tourner les pages, faisant passé des jours, des mois, des années en quelques secondes. Elle avait l'impression d'être face à un roman épistolaire mais allant que dans un sens.

Puis, les lettres étaient entrecoupées d'articles de journaux vantant les mérites d'Hermione, de ce nouveau médecin sensationnelle. Les articles ont pris toute la place, marquant le moment où Hermione n'a plus envoyé de lettres, trop prise par son travail, et où Minerva remplissait elle-même les blancs laissées par la docteure.

Elle tourne une page et se retrouve face à un texte écrit par Minerva où l'encre avait bavé, comme si elle avait pleuré quand elle l'avait écrit.

« Voilà bien longtemps que je n'ai plus de ces nouvelles, que je n'ai plus de lettres.
Je peux seulement avoir une bride de sa vie dans les journaux.
La grande et talentueuse docteure Hermione Granger,
Celle qui repart les vivants.
Peut-elle réparer les cœurs ?
Les cœurs brisés par l'amour, par le manque.
Qui aurait cru qu'une vielle femme comme moi aurait pu retomber amoureuse.
Des fois, je me dis que j'ai peut-être laissé transparaître quelque chose dans mes lettres,
Quelque chose qui lui a fait peur, qui l'a fait fuir…
Car oui, j'aime le docteur Hermione Granger »

Une larme coule sur la joue d'Hermione, très vite rejoint par d'autres. Elle a l'impression de se prendre un coup dans le ventre, que son cœur est broyé à mains nus.

Minerva l'aimait.
Minerva est morte sans savoir que son amour était réciproque.
Minerva est morte sans savoir que Hermione l'aimait.

Elle referme lentement le carnet et se prend la tête dans les mains, en larmes. Elle avait tout gâche, tout. Et aujourd'hui, il fallait qu'elle apprenne à vivre avec, avec le poids des remords.

Sans elle.
Sans le joli conte de fée qu'elle aurait pu vivre.
Sans lui dire.