Hellooooo les amis !

Non, vous ne rêvez pas. Mais c'est le confinement pour tous, alors du coup j'ai du temps à revendre !

Promis juré, ce n'est pas une Error 404, ou que sais-je.

1) The Lealyn a retrouvé comment on publiait sur le site (MDR j'avais juste rien écrit depuis des mois et oublié de publier celui-ci en janvier... Mais bon passons, ne nous éternisons pas sur ce sujet fâcheux)

2) C'est du DraMione !

Eh oui, tout arrive. J'ai retrouvé le début d'un OS DraMione, que j'avais commencé je ne sais même plus quand (je suis désespérante en vrai).

Mais je l'ai fini!

Soumis à ma bêtalectrice chérie, Lily Jem, vous le voilà enfin !

J'espère qu'il vous plaira, en attendant de se retrouver sur une nouvelle fiction longue.

Bonne lecture !

Lealyn


Hermione faisait les cent pas devant le bureau du Professeur Rogue. En ce début du mois de mars, elle se demandait bien ce que le Directeur de la maison Serpentard lui voulait. En son for intérieur, elle redoutait que cela ait un lien avec ce qui s'était passé avec Harry après la soirée chez Slughorn. Cette fichue soirée à laquelle elle était allée en compagnie de Cormac McLaggen pour rendre Ronald Weasley jaloux. Mais qu'est-ce qui lui avait pris de choisir comme cavalier cet être répugnant ? Elle frissonna de dégoût en repensant au moment où il avait tenté de la tripoter contre son gré – elle ne remercierait jamais assez Luna d'avoir renversé son verre de jus de citrouille sur sa chemise en passant à côté de lui. Elle secoua la tête pour chasser ses pensées et se reconcentrer sur le moment présent. Allait-il lui demander des comptes sur les agissements de Harry ?

Elle n'eut pas le loisir de se pencher plus longuement sur la question, la porte du bureau du Professeur de Potions s'ouvrit à la volée, et sa silhouette intimidante se présenta dans l'encadrement.

— Miss Granger, commença-t-il avec un mépris à peine dissimulé. Entrez.

Elle s'exécuta dans le silence le plus royal. Il était aussi froid et condescendant qu'habituellement, ce qui ne l'étonnait plus. Il s'était toujours comporté ainsi avec elle depuis sa première année à Poudlard. Mais jamais il ne l'avait convoquée, même quand elle avait vainement essayé d'obtenir de lui des cours particuliers ou même juste des exercices supplémentaires. Elle était inquiète, d'autant plus qu'elle voyait la ride du front de Rogue se creuser de plus en plus.

— Vous n'êtes pas sans savoir ce qui est arrivé à Drago Malefoy il y a deux jours. Je suppose que Potter s'en est allègrement vanté.

— Il… commença à vouloir répondre Hermione.

— Néanmoins, pour couper court à toute tentative de votre part de le défendre – ce qui est bien évidemment inutile – nous ne sommes pas ici pour parler de tout ceci. Drago a malheureusement dû rater quelques cours et vous devrez les lui faire rattraper.

C'était une blague, ce n'était pas possible autrement. Elle devait rêver, quelqu'un avait dû mettre une potion hallucinogène dans son pudding le midi. Sinon, elle ne voyait pas pourquoi il lui demanderait, à elle, de s'occuper de l'être le plus détestable qu'elle connaissait. Il fallait dire que Malefoy avait tout fait pour qu'elle le considère ainsi depuis le début de leur première année. Jusqu'ici, elle s'en était plutôt bien sortie face à lui – elle se souvenait encore du soulagement qu'elle avait ressenti lorsqu'elle lui avait collé son poing en pleine mâchoire en troisième année – réussissant à lui répondre intelligemment ou à l'ignorer. Mais jamais elle n'avait eu à traiter plus étroitement avec lui, et elle avait toujours remercié Merlin de lui avoir épargné un tel affront. En cours, lorsque les professeurs avaient exigé des élèves qu'ils forment des groupes inter-maisons, elle s'était toujours débrouillée pour se retrouver avec quelqu'un de Poufsouffle ou Serdaigle, et lorsqu'il s'était agi de Serpentard, elle avait à chaque fois réussi à former un binôme avec quelqu'un de fréquentable. Depuis l'année dernière, elle était Préfète, au même titre que lui. Et pourtant, ils ne s'étaient jamais retrouvés à faire de ronde ensemble.

— Monsieur Malefoy sortira de l'infirmerie juste avant le repas du soir, continua Rogue sans se préoccuper de la mine déconfite de la sorcière. Demain, le Professeur Chourave étant absente, les deux heures qui vous étaient réservées pour la Botanique vous serviront à commencer le rattrapage des cours. J'ai pris l'initiative de changer le planning des rondes pour cette semaine, et vous effectuerez ensemble celle de demain soir étant donné qu'il n'a pu exercer ses fonctions de Préfet depuis deux jours.

Hermione n'en revenait pas. Elle allait se coltiner son ennemi juré toute la sainte journée, et ce pendant une durée indéterminée. Et tout ça, parce que son insupportable Directeur de Maison l'avait décidé !

— Vous pouvez disposer, assena-t-il sur un ton sans équivoque.

Un véritable coup de poignard qui acheva la jeune femme. Elle se leva et se dirigea vers le couloir des cachots, sans pour autant avoir retrouvé l'usage de la parole. Elle n'arrivait pas à assimiler ce que le Professeur de Potions venait de lui apprendre. Elle allait devoir faire rattraper les cours à celui qu'elle haïssait le plus depuis le début de sa scolarité. L'heure du repas du soir approchait mais elle avait perdu toute trace d'appétit. Elle décida de se rendre directement au dortoir, elle devait relire ses notes de Métamorphose pour le lendemain, et elle ne tenait pas à ce que sa nouvelle « mission » lui fasse perdre du temps sur son programme de révisions.

oOo

— Hermione ? Ça ne va pas ? demanda Ginny, alors qu'elle entrait dans le dortoir de sa meilleure amie. On ne t'a pas vue au repas, on s'inquiétait.

— Si, ça va, je n'avais juste pas vraiment l'appétit, et j'avais mes cours à relire pour demain.

D'un côté, elle ne mentait pas, elle n'avait pas faim, et elle avait effectivement voulu réviser. Elle omettait seulement de raconter la véritable raison de son absence du soir à la Grande Salle. Elle ne tenait pas à ce que Harry reparte dans ses lubies concernant Malefoy, ni à ce que Ron se mette – enfin – à se souvenir qu'elle existait. Elle ne se leurrait pas, depuis qu'il était en couple avec Lavande, rien ne l'intéressait plus si ce n'était de se faire bécoter par la blonde à longueur de journée. Harry lui avait confié que le frère de Ginny commençait à en avoir un peu marre, mais pour autant, Ron ne s'était aucunement rendu compte du mal qu'il avait fait à la jeune fille, qui avait toujours pensé qu'ils finiraient ensemble. Hermione ne se faisait pourtant plus aucune idée à leur sujet depuis quelques temps, elle était fixée désormais sur ce qu'elle ressentait pour lui. Il n'était rien d'autre que son meilleur ami, au même titre que Harry, bien qu'actuellement la communication soit relativement rompue. Et elle ne voulait surtout pas que Ginny fasse état de ce que Rogue lui avait demandé devant Ron, ne souhaitant pas renouer contact avec lui de cette manière.

— Tu es sûre que c'est seulement ça ?

— Oui Ginny, avec les quelques devoirs que nous allons avoir prochainement je ne veux surtout pas prendre de retard !

Lorsqu'elle vit la rouquine lever les yeux au ciel, elle sut instantanément que sa réplique avait fait mouche et qu'elle la croyait. Elle retint un soupir de soulagement lorsque Ginny fit demi-tour en direction de la salle commune, non sans lui faire la morale sur le fait qu'elle révisait bien trop.

oOo

Le lendemain, Hermione avait reçu une missive par un hibou de l'école pendant le petit-déjeuner, lui indiquant qu'une salle de travail dans la bibliothèque leur avait été réservée pour le début d'après-midi, comme vu avec le Professeur Rogue, sur la plage horaire du cours de Botanique. Elle avait retenu tant bien que mal une moue contrite, et lorsque ses amis lui avaient demandé de quoi il s'agissait, elle leur avait répondu que cela avait un rapport avec ses fonctions de Préfète. Sachant qu'elle s'investissait beaucoup dans son rôle, cela ne les avait donc pas étonnés. Elle s'en voulait de ne rien leur dire, mais leur réaction était beaucoup trop prévisible à son goût. Elle ne voulait pas être à l'origine d'une nouvelle catastrophe et n'avait pas envie que Harry la supplie de mener un interrogatoire avec Malefoy pour vérifier ses soupçons. Elle était déjà bien assez fatiguée par avance à l'idée de passer plusieurs heures en tête-à-tête avec le blond peroxydé qui lui pourrissait la vie.

Après le repas de midi, elle congédia ses amis et se dirigea d'un pas assez nonchalant vers la bibliothèque. Elle était en avance par rapport à l'heure de rendez-vous, comme à son habitude, et souhaitait avoir le temps de s'installer avant que le cauchemar ne commence. Arrivée dans son antre, Mrs Pince lui fit signe de se diriger vers la petite salle de travail au fond de la bibliothèque à côté de l'entrée de la Réserve. Elle soupira de soulagement, au moins ils seraient isolés et les autres élèves ne les verraient pas, ce qui éviterait les fausses rumeurs à leur sujet.

Elle s'installa à la table de la petite salle, sortit ses parchemins et sa plume, et décida de s'attaquer à ses devoirs en étude des Runes pour s'avancer avant que son camarade de Serpentard ne la rejoigne. Ce qui, contrairement à ce qu'elle espérait, ne tarda pas, puisque quelques minutes plus tard, elle sentit quelqu'un s'affaler brutalement sur une chaise autour de la même table qu'elle, et poser son sac lourdement sur la table. Elle soupira bruyamment, montrant clairement à son voisin de table qu'elle n'appréciait pas son entrée en matière.

— Bonjour à toi aussi Malefoy. Ne t'en fais pas, ce n'est pas non plus une partie de plaisir pour ma part.

— J't'ai rien demandé, file-moi les cours et j'me casse, assena-t-il avec un ton sans appel.

Elle le foudroya du regard pour toute réponse. Elle attrapa son sac de cours et commença à sortir ses parchemins.

— Un peu plus vite peut-être ? Je n'ai pas que ça à faire.

— Tu te fiches de moi ? Le Professeur Rogue… commença-t-elle

— Mon Directeur de Maison m'a bien fait comprendre que je devais rattraper tes cours oui oui, merci maman. Maintenant active, j'ai autre chose de prévu.

— Eh bien si c'est comme ça débrouille-toi ! Il est hors de question que je gaspille mon temps précieux et ma salive à aider un infâme petit con dans ton genre. Si tu ne sais pas être aimable deux heures dans ta vie, ce n'est pas mon problème. Tiens, les cours, et dégage de ma vue !

Elle sortit sa baguette, utilisa un sort de duplication sur ses parchemins, et envoya le double de ses cours en plein dans la figure de Malefoy, qui ne s'attendait pas à ce qu'elle lui réponde ainsi avec une telle violence.

— Tu ne m'as pas entendue ? Tu as les oreilles bouchées en plus d'avoir le cerveau atrophié ?

Le jeune Serpentard était abasourdi devant la répartie de sa camarade. Alors qu'il s'apprêtait à lui répondre, elle leva sa baguette vers lui. Prestement, il se baissa, ramassa les feuilles lancées par la jeune fille, et il décida que partir était finalement la meilleure solution.

oOo

La Préfète des Gryffondor avait été d'une humeur massacrante le reste de la journée. Harry avait essayé de savoir ce qui la mettait tant en colère, mais elle ne lui avait décroché pour toute réponse qu'un regard aussi noir que le Seigneur des Ténèbres. Il avait alors pris ses jambes à son cou avant de subir son courroux – dans ces moments-là, elle avait la fâcheuse tendance à le rabrouer sur ses devoirs non faits et à lui faire passer un sale quart d'heure. Il était alors parti rejoindre Ron, mais tenir la chandelle alors que celui-ci passait son temps à bécoter sa copine ne lui avait pas plu. Il avait croisé Ginny alors qu'il se dirigeait vers la salle commune des Gryffondor, qui cherchait Hermione. Il l'avait avertie du comportement étrange de leur meilleure amie, et la rouquine lui promit de le tenir au courant si elle arrivait à lui sortir les vers du nez.

Elle rejoignit son amie à la bibliothèque et la trouva sans étonnement à sa table habituelle. La brune ne lui adressa même pas un regard, mais elle l'entendit soupirer avec agacement. Cela commençait mal, Ginny allait devoir prendre des pincettes et marcher sur des œufs pour obtenir des réponses.

— Hermione ?

L'intéressée finit par la regarder. Elle fut surprise de ne pas lire de colère dans ses yeux. Au contraire, elle y trouva de la lassitude.

— Tu as besoin de quelque chose ? s'enquit l'aînée.

— Savoir ce qui te rend aussi agacée et étrange depuis hier serait un bon début. En parler te ferait peut-être du bien, tu ne crois pas ? Et je serai une vraie langue de plomb, si c'est ça qui te turlupine.

A nouveau, la Préfète soupira. Elle posa sa plume dans son encrier, plia consciencieusement son parchemin, et regarda son amie.

— D'accord, mais pas ici. Laisse-moi ranger mes affaires et repasser par la salle commune, on ira en discuter dehors.

La jeune Weasley acquiesça d'un signe de tête, et son amie rassembla rapidement ses affaires. Quelques minutes plus tard, elles se trouvaient emmitouflées dans leurs écharpes aux couleurs de Gryffondor dans le parc de Poudlard. Elles marchaient en silence, et Ginny n'osait rompre le silence de peur de braquer son amie.

— Malefoy est un connard.

Ginny écarquilla les yeux sous le coup de la surprise. Premièrement, elle parlait de Malefoy de but en blanc, comme ça, sans explication aucune, alors que c'était quelqu'un qu'elle ne fréquentait pas. Deuxièmement, elle venait de jurer, alors qu'habituellement elle faisait très attention au langage qu'elle employait – la rouquine savait que c'était un trait de son éducation sur lequel ses parents avaient beaucoup appuyé et elle souhaitait plus que tout les rendre fière d'elle.

— Malefoy ? Comme dans Drago Malefoy ?

— Tu en connais d'autres à Poudlard ? Parce que si c'est le cas, je retourne de ce pas à la bibliothèque apprendre l'incantation du sort le plus puissant pour les faire tous disparaître jusqu'au dernier.

— Ose me dire que tu ne la connais pas déjà.

— C'est un sort impardonnable, et je compte quand même pouvoir valider mes ASPIC un jour.

— Explique-moi ce que cet idiot de serpent a fait pour te mettre dans cet état, s'enquit Ginny.

— Tu te souviens de ce qu'il s'est passé avec Harry dans les toilettes le soir de la fête chez Slughorn ?

— Oui.

— Suite à ça, Malefoy a passé deux jours entiers à l'infirmerie et a raté les cours. Rogue m'a demandé de les lui faire rattraper, et a réorganisé nos emplois du temps pour nous dégager des moments en commun.

— Hein ? Comment ça ? Mais pourquoi toi ? C'est une blague ?

— Non, ce n'en est pas une. Nous devions nous rejoindre à la bibliothèque cet après-midi. Il est venu, et a été, comme à son habitude, détestable, et s'est mis à me parler pire que si j'avais été son Elfe de Maison – et vu comme sa famille traitait Dobby, je te laisse imaginer. Je suis sortie de mes gonds et je l'ai littéralement viré de la bibliothèque.

— Wow, Hermione… Et Rogue ne va pas t'en tenir rigueur ?

— J'ai quand même pris soin de dupliquer mes cours avec ma baguette et je les lui ai balancés à la figure, lança la brune encore en colère.

Ginny explosa de rire en imaginant la scène. Hermione leva les yeux au ciel devant l'euphorie de son amie. Elle ne trouvait décemment pas ça amusant, étant toujours sur les nerfs, et se rappelant qu'en plus elle ne pourrait pas juste ignorer ce fichu malotru puisqu'elle partageait sa ronde avec lui le soir-même.

— Excuse-moi, réussit à articuler la rouquine entre deux fous rires, mais je vous imagine à la bibliothèque et sa tête quand tu lui as lancé les cours, et… Ahahah c'est trop drôle !

— Vu comme ça… soupira Hermione en esquissant un léger sourire. En y repensant c'est vrai que sa tête valait le détour.

— Ah tu vois ! Rassure-moi quand même, dit Ginny après avoir repris son sérieux, il ne t'a pas insultée ?

— Pas à proprement parler, mais à la façon dont il s'est adressé à moi, on aurait vraiment dit que j'étais son Elfe de Maison. Et il est hors de question que je laisse un petit con dans son genre me traiter de la sorte, ni lui, ni qui que ce soit d'autre.

— Et tu as raison.

— Mais… Il y a aussi le fait que je sois de ronde avec lui ce soir, se plaignit Hermione.

— Ce n'était pas avec Parkinson que tu devais la faire ?

— Elle a dû le remplacer pendant qu'il était à l'infirmerie pour louper les cours… Et tu te doutes bien que pour son Dragonichou ou je ne sais quoi elle s'est bien entendu portée volontaire.

— Pas étonnant venant d'elle… Mais tu sais bien que ce n'était pas pour ça qu'il était à l'infirmerie.

— Oui, je sais. N'en parle surtout pas aux garçons s'il te plaît. Je ne veux pas qu'Harry pense que je fraternise avec l'ennemi ou qu'il pourrait se servir de moi pour obtenir des informations sur les pseudo-activités de ce crétin de Scrout-à-Pétards. Et quant à Ron… Eh bien il n'a pas à savoir.

— Ah, donc pour toi, se rapprocher de l'ennemi c'est leur envoyer les cours en pleine face ? se moqua son amie.

— Pas vraiment, je te l'accorde !

Elle se mit à rire de concert avec son amie. Cela lui faisait le plus grand bien après la journée qu'elle venait de passer, et une bonne pause avant la ronde du soir.

oOo

Le repas à la Grande Salle venait de se terminer, et le couvre-feu n'allait pas tarder. Hermione n'était pas tranquille, l'heure de la ronde qu'elle allait devoir effectuer avec Malefoy approchait et elle avait autant envie d'y aller que d'aller manger dans un restaurant moldu avec Voldemort. Elle veillait cependant à ne pas trop montrer sa contrariété. Certes, Ginny était au courant de ses déboires, mais Harry et les autres Gryffondor de leur entourage ne l'étaient pas, et elle ne voulait en aucun cas que cela vienne à se savoir.

Hermione veilla, comme chaque soir, à ce que chaque Gryffondor regagne la salle commune après le repas, et s'installa pour les quelques minutes qui la séparaient de sa ronde, dans son fauteuil fétiche. Harry l'avait regardée avec étonnement, puisque contrairement à d'habitude, elle n'avait pas pris de livre pour attendre le début de sa ronde. Elle avait prétexté qu'elle voulait se faire pardonner de son humeur maussade pendant la journée, et il n'avait, heureusement pour elle, pas cherché plus loin.

Le moment de sa ronde était finalement arrivé. Son regard croisa celui de Ginny, qui lui enjoignit silencieusement d'être courageuse. Bien entendu, elle le serait, comme à chaque fois qu'un obstacle s'était dressé sur sa route. Elle n'avait pas été répartie à Gryffondor pour rien. Mais elle n'avait simplement pas envie de recroiser son détestable camarade de Serpentard.

Elle inspira un grand coup, se leva et sortit de la salle commune, non sans souhaiter une bonne soirée à ses amis et leur rappeler qu'à son retour ils devraient tous avoir regagné leur dortoir.

oOo

Hermione venait d'arriver dans le Hall du château, lieu habituel de rassemblement des Préfets avant chacune de leur ronde. Elle avait toujours réussi à éviter de faire ses rondes avec Malefoy ; quand elle était avec un élève de Serpentard, elle se coltinait souvent Parkinson, et elles passaient le plus clair de leur temps à s'ignorer, mais au moins se toléraient-elles pendant leurs obligations. Sans grand étonnement, elle était seule dans le Hall, Malefoy ne s'était pas encore présenté. Elle soupira, pour la énième fois de la journée. Elle avait hâte de retourner dans son dortoir, cela signifierait que la ronde serait terminée et qu'elle n'aurait plus à se coltiner le blond peroxydé qui la faisait sortir de ses gonds.

Un bruit retentit dans le Hall, faisant se retourner la Préfète, un peu trop vivement sûrement puisqu'un sourire narquois était apparu sur les lèvres de son homologue Serpentard. Il entreprit d'ouvrir la bouche pour parler, mais elle ne lui en laissa pas le temps. Comme il était arrivé, ils pouvaient désormais commencer leur ronde, et elle ne voulait pas que cette soirée traîne en longueur plus que de raison. Elle lui tourna à nouveau le dos et se dirigea d'un pas sans appel vers les escaliers. Le bruit des pas de Malefoy résonnait derrière elle, lui indiquant qu'il la suivait. Ainsi, elle ne se retourna pas et ils arpentèrent les trois premiers étages de l'école sans s'adresser la moindre parole. Hermione remercia Merlin silencieusement qu'aucun élève n'ait eu l'idée saugrenue de braver le couvre-feu ce soir-là, cela lui évitait d'avoir à être courtoise avec son vis-à-vis – dans la limite du raisonnable – pour discuter de la sanction possiblement donnée aux fraudeurs.

Pourtant, le ravissement d'Hermione fut de courte durée – Merlin n'avait pas dû entendre ses prières. Arrivés au quatrième étage, en passant devant un corridor, Malefoy et elle perçurent des gémissements à peine étouffés. Ils s'arrêtèrent, à l'affut, baguettes en main. Leurs regards se croisèrent pour la première fois depuis l'après-midi même à la bibliothèque. D'un signe de tête entendu, ils levèrent leurs baguettes en direction du corridor et dévoilèrent ceux qui se trouvaient derrière.

Les silhouettes de Ron et Lavande se dessinèrent devant eux. Le rouquin s'écarta vivement de sa petite amie lorsqu'il reconnut Hermione, dont le visage s'était soudainement fermé.

Drago, toujours posté aux côtés de son homologue, s'esclaffa bruyamment.

— C'est du propre, Weasmoche !

— Ta gueule, Malefoy, rétorqua Ron rouge de gêne.

— Ron-Ron, geignit Lavande.

Hermione eut envie de vomir à l'entente du surnom ridicule dont été affublé le Gryffondor. Heureusement pour elle qu'elle avait eu une précédente expérience avec Viktor Krum, parce que si elle n'avait eu que cela comme description de l'amour à l'adolescence, elle aurait très certainement demandé à ses parents de la sortir de Poudlard pour l'inscrire dans un couvent.

— T'es au courant que ce que tu fais là est interdit, Weasmoche ? demanda le Serpentard, hagard.

— J'ai encore le droit de bécoter ma copine, se défendit Ron en provoquant une nouvelle moue de dégoût chez la brune. Ce n'est pas de ma faute si tu ne peux pas faire pareil, tout le monde n'est pas doué au Quidditch.

— La ferme, sale traître à ton sang !

— Stop ! hurla Hermione. Je t'interdis de proférer de tels propos, Malefoy. Quant à vous deux, ajouta-t-elle, menaçante, en se tournant vers ses camarades. Deux heures de retenue chacun avec Rusard la semaine prochaine, et vingt points en moins chacun pour batifolage intempestif dans les couloirs après le couvre-feu.

Ron et Lavande la dévisagèrent, incrédules. Alors que la blonde s'apprêtait à riposter véhément, la Préfète reprit.

— Maintenant, filez. Et que je ne vous y reprenne pas, ou ce sera directement dans le bureau du Professeur Dumbledore.

Le rouquin envoya un regard désolé et confus à sa meilleure amie, puis le couple n'attendit pas son reste et fila en direction du septième étage.

Hermione et Drago reprirent leur route, tandis que la jeune femme continuait à fulminer tout bas.

— Bah alors, on est jalouse, Granger ? ricana le Serpentard dans son dos.

La sorcière se figea. Malefoy, qui ne faisait que la suivre sans trop se préoccuper de la ronde, lui fonça alors dedans.

— Putain mais préviens quand tu t'arrêtes ! vociféra-t-il.

Elle ne lui répondit pas. Elle restait dos à lui, mais ses épaules, qui tressautaient, démontraient son agacement.

— Ne réponds pas, surtout, râla-t-il.

— Sérieusement ? éclata-t-elle en se retournant brusquement, lui collant sa baguette sous le menton. Ce n'est pas parce que toi, tu es incapable de bienséance, que c'est pour tout le monde pareil ! Les règles sont les règles, et elles doivent être respectées, au cas où ta cervelle de Scrout-à-Pétard aurait du mal à le comprendre ! Que ce soit Ron ou un autre élève n'y change rien !

— Alors, d'avoir trouvé ton Ronichou dans les bras de Brown ne t'a rien fait ? demanda-t-il, goguenard, ignorant les réprimandes de la Préfète.

— Ce n'est pas parce que ton idiote de fan hystérique te donne des surnoms à faire mourir de rire les Mangemorts que tout le monde fait comme elle ! Et quelles que soient nos relations récentes – qui ne te regardent en rien, qu'on se le dise – Ron reste mon ami.

— Ton « ami », ricana Drago.

— Et ça te pose un problème ? s'énerva Hermione en se rapprochant de lui, jusqu'à enfoncer un peu sa baguette sous le menton du Serpentard.

— Je n'ai pas des amis comme ça, s'esclaffa-t-il.

— Ouais, tu n'en as pas du tout, lui fit-elle remarquer.

La répartie de la jeune femme fit mouche, et Drago se tut instantanément. Hermione se félicita intérieurement d'avoir fait taire cet infâme personnage qui ne lui inspirait rien d'autre que de la haine. Elle vit le visage de son homologue se décomposer, puis se fermer totalement.

— On a une ronde à terminer, Granger, furent les derniers mots que le jeune homme prononça de la soirée.

oOo

Hermione avait regagné son dortoir dès que Malefoy avait fait subitement demi-tour pour redescendre aux cachots, alors qu'ils se trouvaient au septième étage. Elle avait bien senti que sa remarque avait blessé son homologue, mais celui-ci était tellement désobligeant qu'elle avait fini par exploser. Elle avait trouvé Ginny seule dans la salle commune en revenant, qui l'attendait de pied ferme. La Préfète lui avait alors raconté les événements de la soirée, et la cadette des Weasley l'avait dévisagée, les sourcils froncés. Elle lui avait confié qu'elle trouvait la réaction de Malefoy à son égard assez étrange, mais n'avait pas plus d'explications à lui donner.

Les deux amies avaient fini par hausser les épaules et se souhaiter une bonne nuit. Après tout, la nuit portait conseil…

Le lendemain, Hermione se trouvait à nouveau à la bibliothèque en début d'après-midi. Elle n'avait pas recroisé Malefoy depuis la veille, mais celui-ci était censé la rejoindre dans la petite salle de travail, comme cela avait été prévu par Rogue. Elle avait prévu de faire comme si de rien n'était en sa présence, et seulement lui donner le reste des cours qu'il avait manqués.

Seulement, le blond peroxydé ne se présenta pas.

Hermione trouva son absence pour le moins étrange. Quand bien même il était blasé à l'idée de devoir passer du temps avec elle, il était venu la veille à la bibliothèque et pour la ronde – alors qu'avec quelques allusions salaces, il aurait pu se faire remplacer haut la main par Pansy Parkinson.

Son prochain cours s'apprêtant à commencer, elle ne put pas approfondir ses réflexions plus longtemps et se rendit devant la salle de Sortilèges.

oOo

Hermione était épuisée. Les deux heures de Sortilèges l'avaient vidée de toutes ses forces, et c'était complètement rincée qu'elle se rendait à la salle commune des Gryffondor. La journée avait été rude, d'autant plus qu'avec sa ronde la veille, elle s'était couchée tard et qu'elle manquait visiblement de sommeil.

Arrivée au septième étage, elle ne cacha pas son soulagement en apercevant le tableau de la Grosse Dame. Elle ne désirait désormais qu'une chose : pouvoir se prélasser dans son fauteuil fétiche, un bon livre en main – qui serait très certainement l'Histoire de Poudlard.

Pourtant, tout ne se passa pas comme elle l'escomptait.

Alors qu'elle parcourait les derniers mètres qui la séparaient de l'antre des lions, une main se posa sur son épaule avec force et détermination. Elle fut stoppée dans son élan et se retourna vivement vers le propriétaire de ladite main. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'elle reconnut le blond peroxydé qui lui avait fait faux bond plus tôt dans la journée.

— Malefoy ! s'exclama-t-elle. Mais qu'est-ce que tu fais là ?

Drago ne prit pas la peine de lui répondre, lui empoigna le bras et la traîna derrière lui dans le couloir. Hermione fut forcée de lui emboîter le pas – c'était ça ou elle sortait sa baguette et lui jetait un sort, au risque de faire encore perdre des points à sa maison, et ça, il en était hors de question.

Le jeune homme marchait à vive allure devant elle, la forçant à trottiner derrière lui. La sorcière se mit à prier Merlin de ne croiser personne. Jamais elle n'aurait pu donner une quelconque explication sur ce qui était en train de se produire. Après tout, entre Malefoy et elle avait toujours régné la haine, et la scène qui se déroulait à présent au septième étage sortait particulièrement de l'ordinaire.

Le Serpentard stoppa net sa course devant le portrait de Barnabas le Follet. Il lâcha la main d'Hermione, avant de se mettre à passer trois fois devant le tableau. A la grande surprise de la Gryffondor, une porte apparut lentement devant eux, prouvant que le blond avait réellement besoin du pouvoir qu'offrait la salle. Celui-ci, d'ailleurs, reprit fermement possession de sa main, et l'entraîna à sa suite dans l'embrasure de la porte, qu'il referma aussitôt.

La sorcière observa l'environnement que la salle sur demande avait reproduit. La pièce était sombre et la décoration très sobre. Ils étaient entourés d'armoires et de bibliothèques, et un canapé se trouvait non loin d'une cheminée dont le feu crépitait doucement. La salle reflétait ce que le jeune homme qui l'avait forcée à le suivre voulait. Un endroit calme, sombre comme ses pensées actuelles, pensait Hermione. Pourtant, une inconnue demeurait dans l'équation. Que faisait-elle là ?

— Malefoy, fit-elle, brisant ainsi le silence qui s'était installé entre eux. Peux-tu me dire ce que je fais ici ?

Pas de réponse. Elle aurait dû s'en douter. Le blondinet ne la regarda même pas, se contentant de rester impassible. La jeune femme serra les poings, se contenant du mieux qu'elle pouvait alors qu'elle sentait la colère s'insinuer petit à petit en elle. De quel droit ce petit prétentieux de malheur se permettait-il de l'emmener ici, si c'était pour en plus l'ignorer ?

— Je te cause, pour information, lui signala sèchement Hermione.

Elle perçut une légère tension transparaître des membres de Drago. Seulement, celui-ci ne lui répondit toujours pas, et se contenta de lui tourner le dos. Cela acheva d'énerver Hermione, qui perdit patience.

— Tu es sérieux ? Tu m'emmènes de force ici, pour je ne sais quelle raison obscure sortie de ton imagination de petit con prétentieux, et tu m'ignores ? Tu ne daignes même pas me donner d'explications ? Puisque c'est ça, je m'en vais. Tu n'as qu'à aller chercher Pansy ou je ne sais quelle idiote de ta propre maison pour écouter ta pantomime.

Cette fois-ci, la Gryffondor n'attendit pas une quelconque – absence de – réaction de son vis-à-vis et tourna les talons. Elle s'apprêtait à ouvrir la porte, quand une main ferme s'enroula autour de son avant-bras, la forçant à se retourner. Le blond la regardait, le visage dur.

— Lâche-moi, Malefoy, lui ordonna Hermione en essayant de se défaire de l'emprise du Serpentard.

— Non, répondit-il enfin, avec autant de fermeté.

— Ravie de voir que tu as retrouvé l'usage de la parole, ironisa-t-elle en lui souriant faussement. Maintenant, lâche-moi, je m'en vais.

— Non, répéta Drago en ne la quittant pas des yeux.

Hermione plongea alors un regard rempli de défi dans celui du Serpentard, qui demeurait toujours autant fermé. Elle ne comprenait pas le comportement de Malefoy. Ils étaient ennemis, censés s'ignorer quand ils ne se pourrissaient pas la vie. A cause de l'incident entre Harry et le blond, elle se l'était coltiné pour qu'il rattrape ses cours – et fasse enfin ses missions de Préfet. Mais cela s'arrêtait là. Cela devait s'arrêter là.

Pourtant, Merlin ne devait pas être de son avis.

Drago se passa une main sur le visage. Un combat semblait faire rage dans sa tête, attisant quand même la curiosité de la sorcière. Puis, après quelques secondes d'hésitation qui semblèrent s'écouler le plus lentement possible, le blond rompit le silence.

— Tu m'emmerdes, Granger.

Hermione manqua de s'étouffer, atterrée. D'un coup sec, qui surprit le Serpentard, elle réussit à se défaire se son emprise, avant de l'incendier verbalement.

— Tu te fiches de moi, Malefoy, c'est ça ? s'époumona-t-elle, énervée. C'est toi, le fauteur de troubles dans l'histoire, et c'est moi qui t'emmerde ? Mais va te faire voir !

— C'est moi le fauteur de troubles ? répéta-t-il en s'agaçant un peu lui aussi. C'est toi, l'emmerdeuse. Tout est de ta faute, et tu ne t'en rends même pas compte.

La sorcière le dévisagea, sans comprendre où il voulait en venir, la colère lui brouillant toute lucidité. Avant même qu'elle ne puisse lui demander à nouveau ce qu'il entendait par là, le blond reprit.

— Tu ne sais même pas dans quelle merde je suis, à cause de toi. Si tu n'étais jamais venue à Poudlard, si tu n'étais pas aussi Miss-Je-Sais-Tout, je n'en serais pas là ! Je ne remettrais pas en doute tout ce que j'ai appris depuis que je suis né ! s'emporta le jeune homme dont les yeux lançaient à présent des éclairs.

Drago se détourna d'elle après son demi-aveu, qui laissa Hermione pantoise. Que voulait-il dire par là ?

— C'est-à-dire ? tenta-t-elle de demander.

Le Serpentard lui fit à nouveau face, le regard désormais perdu.

— Tout ce que j'ai appris, ce ne sont que des conneries, pesta-t-il. Mais ça, tu le savais déjà, hein ?

Hermione n'osa pas acquiescer, commençant à saisir l'enjeu de la conversation.

— Bien évidemment que tu le savais, ricana-t-il. J'ai tenté de faire fi de ce que je constatais en t'observant. Je vous ai insultés tous les trois, catégorisés en fonction de ce que j'avais appris. J'ai essayé de suivre le chemin tout tracé par mon paternel. Tout ça pour rien, parce que toi et ton savoir à la con vous étiez encore et toujours sur mon passage.

Alors que la Gryffondor ne pipait toujours mot, il se rapprocha dangereusement d'elle.

— Et puis, il y a eu ce putain de Tournoi à la con. Et le soir du bal, tu t'es permis d'arriver au bras de cet abruti d'attrapeur bulgare. Même Weasmoche s'est trouvé comme l'imbécile qu'il est en te voyant, j'avoue que ça m'a bien amusé de voir sa réaction. La mienne beaucoup moins, parce que je n'avais pas le droit de commencer à ressentir ce sentiment qui venait de naître en moi.

Hermione déglutit difficilement. Avait-elle bien saisi ?

— Depuis, tu trottes dans ma tête comme une comptine qu'on aurait trop répété, ricana-t-il. Tu t'imposes dans mon esprit, toi, la née-moldue, le fruit interdit pour un Sang-Pur comme moi.

En prononçant ces derniers mots, le jeune homme avait avancé vers la sorcière, de façon à ne se trouver plus qu'à quelques centimètres d'elle. Elle sentait même son souffle sur son visage.

— Et pourtant, Merlin seul sait à quel point j'ai envie d'y goûter, termina le Serpentard tout bas.

Le silence s'installa à nouveau entre eux. Les deux jeunes gens se dévisageaient, n'osant plus esquisser le moindre geste. Hermione assimilait petit à petit les révélations que Drago venait de lui faire. Le sorcier, quant à lui, ne savait pas comment elle allait réagir. Le cerveau de la Gryffondor tournait à plein régime, comme il pouvait s'en douter.

Alors que le silence n'était brisé que par le crépitement du feu, le temps semblait s'être arrêté. Il ne s'attendait certes pas à ce qu'elle lui saute au cou, mais il pensait qu'elle aurait eu au moins un peu plus de réaction que cela. Et même qu'elle le baffe – il aurait encaissé, sans répondre. Il avait bien conscience que ce qu'il venait de lui avouer lui faisait sûrement l'effet d'un cataclysme, seulement il avait besoin de savoir ce qu'elle en pensait réellement. Oh, bien sûr, il aurait pu pratiquer la Légilimencie – après tout, il était expert en la matière. Mais il voulait tenter d'établir une nouvelle relation entre eux, basée sur la confiance, et cela aurait été une terrible entrée en matière.

Le temps s'écoulait toujours plus lentement selon le Serpentard, qui commençait à perdre patience et le peu de contenance qui lui restait. Hermione continuait à le fixer avec un mélange d'étonnement, d'incompréhension, de stupeur et de méfiance. L'énervement avait, lui semblait-il, disparu au profit de ces dernières émotions. Et lui, en retour, il la dévorait du regard. Il profitait de cet instant de réflexion pour l'observer de plus près. Chose qu'il n'avait jamais pu faire avant ce moment précis. Il détailla son visage, ses traits, le contour de ses yeux, de son nez, ses pommettes légèrement rosées, ses lèvres…

Ses lèvres.

Et sans crier gare, sans même demander son consentement, il combla l'espace qui les séparait et déposa ses lèvres sur celles qu'il convoitait depuis quelques années maintenant.

Hermione ne le vit pas venir. Elle songeait à la déclaration que celui qui était censé la haïr venait de lui faire, tentant d'en trouver la moindre fêlure qui dévoilerait la supercherie dont elle faisait encore l'objet. Elle ne savait pas sur quel pied danser. Elle n'avait jamais considéré le Serpentard sous cet œil, cela allait sans dire vu la manière dont il l'avait traitée depuis leur première année à Poudlard, allant même jusqu'à l'insulter de Sang-de-Bourbe dès le début de leur deuxième année. Il n'avait pas non plus été tendre avec elle récemment, alors qu'elle n'avait pas eu d'autres choix que de l'aider à rattraper les cours qu'il avait manqués à cause de Harry.

Mais ce jour-là, il décidait de l'emmener de force pour lui avouer qu'il avait des sentiments pour elle, qui remettaient en cause tout le socle éducatif sur lequel il avait grandi.

Et là, il l'embrassait.

De prime abord, Hermione ne réagit pas, sous le choc. Ce n'était pas un baiser violent, contre toute attente. Malefoy était maladroit, ça c'était certain, mais elle avait senti qu'il y mettait toute la tendresse qu'il ressentait à son égard.

De la tendresse.

Elle n'en revenait tout simplement pas. Mais elle reprit bien vite le contrôle de son corps et de son esprit, et repoussa vivement le Serpentard, avant de le gifler. Drago encaissa, sans rien dire, augmentant la surprise et l'énervement de la jeune femme.

— Mais tu es malade ? s'écria-t-elle. Qu'est-ce qui ne tourne pas rond dans ta tête ?

— D'après Mrs Pomfresh, je vais très bien, merci de t'en soucier, lui répondit-il sarcastique.

— Ah bah oui, bien sûr ! Après le retournement de veste, le baiser volé, on va plaisanter ! Comme si on était des vieux amis ! Tu es malade, c'est bien ce que je disais !

— Ose me dire que tu n'as pas aimé.

— Là n'est pas la question, bredouilla Hermione.

— Justement, je te la pose, insista Drago.

Le jeune homme tentait le tout pour le tout. Il avait voulu une réaction de la part de la Gryffondor, il l'avait eue. Il avait senti sa fébrilité lorsqu'il avait remis sur le tapis son geste qu'il pourrait lui-même qualifier de désespéré. Il se trouvait quelque peu pathétique, le Drago Malefoy élevé par ses parents ne se serait jamais abaissé à un acte empreint de désespoir. Seulement, le petit garçon éduqué selon les principes de suprématie du sang s'effritait de jour en jour, et il avait besoin de la brunette qui se tenait devant lui, les yeux toujours écarquillés par la stupeur.

Hermione représentait l'effilochage des principes qui régissaient autrefois son quotidien. Il souhaitait qu'elle représentât désormais sa bouée de sauvetage. Une idée soumise par son parrain, Severus Rogue, au détour d'une conversation bienveillante. Une idée qui le travaillait sournoisement depuis l'été, et qu'il tentait de concrétiser d'une façon particulièrement maladroite.

— Mais tu ne peux pas me demander ça, Malefoy ! s'énerva la Gryffondor, le sortant de ses pensées. Comme tu ne peux pas te permettre d'embrasser n'importe qui quand ça te chante !

— Tu n'es pas n'importe qui.

— Quand bien même !

— Et donc ? insista-t-il à nouveau. Ça ne me dit toujours pas ce que tu en as pensé.

Le rouge monta aux joues d'Hermione. En réalité, quand elle y réfléchissait, elle ne pouvait pas dire qu'elle avait détesté le contact des lèvres du blond sur les siennes. Seulement, ce n'était pas du tout en accord avec ce qu'elle pensait encore de lui quelques dizaines de minutes auparavant. Malefoy avait eu tout le loisir – aussi difficile cela avait-il pu être par rapport aux préceptes qu'il avait appris depuis sa plus tendre enfance – de se faire à l'idée qu'ils puissent éventuellement faire évoluer leur relation en ce sens. Elle, elle était à mille lieues de ces pensées-là à l'heure actuelle. Pourtant, quelque chose faisait pencher la balance en faveur du Serpentard. Elle le sentait réellement sincère dans ses propos. Et il avait besoin de son aide pour s'en sortir.

Seulement, Malefoy ne lui laissa pas le temps de lui exposer le fond de sa pensée.

— En fait, oublie, fit-il au bout d'un moment. Faisons comme s'il ne s'était rien passé. Tu peux partir, je ne t'en empêcherais pas.

Hermione écarquilla les yeux. La lâcheté du Serpentard refaisait surface en ce moment même. Par peur d'essuyer un cuisant refus, il préférait se défiler. Elle comprit alors qu'il était effrayé par la situation. Tout ce qu'il vivait le faisait sortir de sa zone de confort, le forçant à se confronter à des choses, des émotions nouvelles. Comme le pensait Harry depuis le début de l'année, quelque chose clochait effectivement avec Drago. Mais ce n'était pas du tout sa soumission au Seigneur des Ténèbres, et encore moins sa potentielle nouvelle condition de Mangemort. Le Survivant était loin du compte.

Drago Malefoy était tout simplement sur le point de changer de camp, et tout cela à cause d'elle.

La Gryffondor maudit intérieurement sa sensibilité exacerbée d'avoir mis en veille son cerveau, l'empêchant de voir clair dans le jeu de son homologue plus tôt. Et, alors que Malefoy lui avait tourné le dos et se dirigeait d'un pas lent vers le canapé, elle le rattrapa et enroula ses doigts autour de son bras. Le Serpentard lui fit face, le regard dur.

— Va-t'en, lui dit-il fermement.

— Non.

— Ne joue pas à ce jeu-là, la prévint-il sans desserrer la mâchoire.

— Ça tombe bien, je ne joue pas, lui répondit-elle effrontément.

Ils se défièrent alors du regard. L'un était désormais las, l'autre était déterminée à lui faire entendre raison.

— Ecoute, Drago, lui dit-elle avec douceur. Je ne peux pas répondre en toute objectivité à tes sentiments, tout simplement parce que tu as l'air d'y avoir longuement réfléchi, contrairement à moi.

Le visage du jeune homme restait impassible, mais elle sentit son corps se tendre. Elle ne se démonta pas pour autant.

— Ce que je peux toutefois te proposer, c'est qu'on puisse s'aménager du temps ensemble, pour mieux se connaître, et que je puisse t'aider.

Drago se tendit encore plus et s'apprêtait à répliquer, mais elle ne lui en laissa pas le temps.

— Si tu veux vraiment savoir ce que j'ai pensé de ton baiser, c'est à prendre ou à laisser, ajouta-t-elle avec un sourire mutin.

La réplique d'Hermione eut le mérite de faire sourire le blond.

— Alors on devrait commencer à regarder nos emplois du temps respectifs, lui répondit-il avec un sourire en coin.


Voilà, fin de cet OS tout mignon.

A priori pas de suiiite. J'ai bien une idée de DraMione sous le coude, mais ça ne doit pas commencer comme ça, faudra patienteeeer !

J'espère que vous avez apprécié :)

Je vous souhaite à tous bon courage pour le confinement. Restez chez vous le plus possible.. Et surtout, courage à ceux qui doivent aller travailler.

Prenez soin de vous !

Bises

Lealyn