La Reine des Neiges ne m'appartient pas. La licence appartient à Disney.
A lire en écoutant « Vuelie » x)
Bonne lecture !
La grande salle était silencieuse. Le soleil éclairait doucement tapisseries et tableaux. Seul le tintement de la cuillère sur la porcelaine troublait cette quiétude matinale. Elsa buvait son thé à petite gorgée, agrémentant son doux breuvage par de petite brioches à la cannelle. Elle siégeait en lieu et place en bout de table, sa sœur Anna à sa droite. Cette dernière se servait une deuxième tasse de chocolat chaud. Elle savourait la chaleur de la tasse entre ses mains froides et engourdies. Ses cheveux roux et ébouriffés encadrait un visage encore endormi.
- « Qu'as-tu de prévu aujourd'hui ? Nous pourrions nous balader en forêt et faire du patin à glace sur le lac, proposa Elsa.
- Oui, c'est une bonne idée, je... »
Alors les portes s'ouvrirent à la volée. Olaf arriva, dodelinant d'un pied à l'autre. Sven sur ses talons, suivit de près par un Kristoff encore tout couvert de blanc. Elsa le regarda semer la neige dans son sillage comme un petit Poucet soucieux de retrouver son chemin. Elle cacha sa moue désapprobatrice derrière sa tasse de thé.
Kristoff prit la couronne de fleurs dont il avait affublé Sven et la posa sur la tête d'Anna. La couronne vacilla d'un côté car trop grande. Kristoff dégaina son petit banjo et entonna de la grosse voix, saccadé et presque chevrotante, qu'il attribuait à son renne :
« Aujourd'hui cela fait un an
que Kristoff et Anna s'aiment tant
Il faut dire qu'il l'aime
bien plus que son pauvre renne. »
Un sourire radieux illumina le visage d'Anna qui, prise d'un élan théâtral, se jeta au cou de son aimé, tandis que Sven réalisait doucement qu'il avait été détrôné dans le cœur de son ami. Olaf lui tapota doucement la patte, compréhensif.
L'amoureux transi la souleva et la vit tournoyer tandis que leurs rires, joyeux et complémentaires, résonnaient dans la grande pièce. Il échangèrent un baiser passionné, de circonstances et se séparèrent alors.
- « Je t'ai préparé une fabuleuse journée », chantonna Kristoff.
Elsa sentit le regard de sa sœur se poser sur elle. Aussi, elle la devança afin de lui ôter toute culpabilité :
- « Ne t'en fais pas, je souhaitais terminer mon livre. »
Anna lui offrit un sourire d'excuses puis sortit au bras de Kristoff, le renne leur ouvrant la marche.
- « Ce sont des larmes de joie ? » demanda une voix niaise.
Elsa posa ses yeux sur Olaf qui avait investi la place d'Anna et commençait à manger le reste des gâteaux. Elsa essuya le coin de ses yeux.
- « Oui, Olaf, ce sont des larmes de bonheur. Je suis heureuse qu'Anna soit si comblée. »
Elsa baissa le regard. Elle avait menti, en partie du moins. Son cœur de pinçait, piqué d'envie face à ce bonheur qu'elle ne connaissait pas.
Elsa se para d'une robe au tissu d'un bleu si profond, qu'il magnifiait la blancheur de sa peau laiteuse et de ses cheveux de glace. Afin de parfaire sa tenue, elle mit une épaisse cape dont le col était bordé d'une épaisse fourrure de nacre. Des bottes épaisses à ses pieds lui permettait de se mouvoir dans la neige sans s'y enfoncer.
Elle partit à pied. La neige fraîche craquait sous ses pas. Olaf trépignait en chantonnant à côté d'elle. Elsa prenait plaisir à vaquer entre les arbres, écouter les animaux dont la neige étouffait les bruits. Elle marcha ainsi en silence, se contentant d'observer les pitrerie d'Olaf.
- « Oh ! C'est chez Oaken ! , s'écria soudain Olaf. On peut y aller, s'il te plaît, s'il t plaît, s'il te plaîîît. »
Il joignit les brindilles qui lui servaient de main en prière. Elsa roula des yeux et approuva dans un sourire. Olaf ouvrit la porte. Il salua le maître des lieux. Oaken était toujours affublé d'une salopette aux bretelles brodées, vêtu d'un pull bariolé aux ribambelles de motifs. Son teint rougit était imputé aux chaleurs du sauna mais Elsa soupçonnait un quelconque breuvage d'en intensifier la couleur... Un petit chapeau, du même motif de son pull couronnait sa tête.
- « Olaf !, le salua-t-il d'une voix fluette qui contrastait avec sa carrure imposante. Bienvenue, je vois que tu amènes Elsa avec toi.
- Bonjour, le salua la reine. Nous souhaiterions utiliser le sauna. »
La moustache rousse d'Oaken frétilla, remuant jusqu'à ses rouflaquettes. Ce dernier alla préparer le sauna et leur distribua, à chacun, une grande serviette de bain. Olaf s'enguirlanda dans la serviette et tout fier de son pagne qui au demeurant, n'avait pas grande utilité, et se rua vers le sauna.
Elsa alla dans une pièce pour se dévêtir, avant se s'asseoir sur les bancs de bois du sauna, le serviette soigneusement enroulée autour d'elle et rejoignit son fidèle bonhomme de neige. Voyant Olaf fondre à vue d'œil, elle décrivit un léger geste de la main pour faire naître un nuage neigeux qui eut vit fait de consolider l'état de son ami. Ce dernier soupira, tout aise, les bras étalés de part et d'autre du banc. Elsa rajouta de l'eau chaude sur les pierres afin de raviver le nuage de vapeurs. Elle en savoura la chaleur, éprouvant grand plaisir à ne plus se perdre dans ces questionnements sans fin.
Comme il était d'usage, ils s'allongèrent ensuite dans la neige avant de retourner à une température plus usuelle. Elsa se rhabilla, se sentant détendue. Elle se dirigea vers le comptoir afin de payer la somme due à Oaken. Il faisait tournoyer un enfant dans ses bras, tandis que deux autres se cramponnaient à ses jambes. Un grand homme aux cheveux blonds et courts, vêtu d'un pull aussi festif que celui d'Oaken portant un quatrième enfant dans ses bras. Oaken arrêta de tournoyer en apercevant Elsa. Il désigna l'homme de la main :
- « Je vous présente Heinrik.
- Je suis enchantée, répondit Elsa sans bien savoir à qui elle avait affaire.
- Tout l'honneur est pour moi, répondit Heinrik en faisant une révérence. Je vais emmener les enfants faire de la luge. A ce soir.
- A ce soir ». répondit Oaken en lui faisant un au revoir de la main.
Henrik et les quatre enfants s'engouffrèrent par la porte à grands cris. La rumeur de leurs voix s'éloignèrent.
Elsa comprit alors.
- « Ne sont-ils pas adorables ?, jubila Oaken dont la moustache sertissait son franc sourire.
- Oui, ils le sont. »
Elsa hésitait à poser cette question qui lui brûlait les lèvres. Olaf déambulait entre les quelques rayons de la modeste boutique, à la recherche d'une merchandising qu'il n'avait pas déjà en sa possession. Il secoua une boule à neige dans laquelle on apercevait la boutique et un Oaken qui accueillait son client à bras ouverts, avant d'hésiter avec une serviette de bain brodée à l'effigie du sauna.
- « Comment l'avez-vous connu ? », demanda Elsa.
Face à l'intimité de sa question, elle en rougit mais le pourpre de ses joues avait aisément être attribué à la chaleur étouffante du sauna ou la froideur brûlante de la neige.
- « Je l'ai connu quand je ne l'attendais plus. », répondit la maître des lieux.
A l'évidence, il n'en dirait pas plus. Elsa lui donna les quelques sous qu'il demandait et quitta la boutique. Olaf était tout à son bonheur et agitait la boule à neige frénétiquement afin de contempler les flocons artificiels tomber sur les sapins et la boutique.
Elsa s'arrêta. Elle se tourna vers Olaf et s'agenouilla. Ce n'est qu'à ce moment que ce dernier consenti à quitter la boule à neige du regard.
- « Tu devrais rentrer au château pour montrer ta nouvelle trouvaille à Anna.
- Oh oui ! », s'enthousiasma Olaf.
Il tourna aussitôt les talons puis s'arrêta, au bout de quelques pas, se rendant compte qu'Elsa ne le suivait pas.
- « Je te rejoindrais plus tard. Je voulais ramasser quelques... quelques pommes de pin. »
Olaf se contenta de cette réponse et commença à dévaler le flan de la montagne à grandes enjambées. Elsa le suivit du regard, jusqu'à ce qu'il disparaisse à l'orée des pins. Elle soupira et poursuivit sa route.
Elle retrouva un peu plus loin, soigneusement nichée sur le haut flan de la montagne, son palais de glace. Elle referma la porte derrière elle. Elle écouta le silence et se détendit. Dans le hall, sous la grande coupole où les flocons de glace étaient suspendus, Elsa décrivit quelques pas, sa cape léchant le sol dans son sillage sol sur lequel un flocon géant était reconnaissable.
- « A quoi pourrait ressembler son visage... » murmura-t-elle à sa propre intention.
D'un geste, des gerbes de glace bleutées sortirent du sort et façonnèrent une vague silhouette aux épaules larges. Elsa s'en approcha afin d'évaluer sa taille au plus juste. Elle fit la moue.
- « Hum, trop grand.. »
Elle rabota un peu la glace d'un geste.
- « ...Trop large. »
Elle affina la largeur des épaules. Elsa sembla s'en satisfaire. Elle caressa la glace du bout des doigts, pensive. A quoi pouvait ressembler le visage du véritable amour ?
Pour l'heure, ce n'était qu'une vague silhouette humaine, un grossier pantin de glace. Elle continua son œuvre, allongeant tantôt les jambes, raccourcissant les bras... avant de revenir sur son précédent tracé.
Elsa réalisa alors l'heure tardive. Elle regarda une dernière fois sa piètre sculpture puis ferma la porte de son palais de glace.
A table, Anna ne tarissait pas d'éloges sur la balade en renne, les sucettes de sirop d'érable et autres fantaisie romanesques auxquelles Kristoff l'avait initiée aujourd'hui. Elsa écoutait attentivement en découpant soigneusement sa viande avant de la porter à sa bouche. Elle hochait la tête de temps à autre pour inciter sa sœur à poursuivre, ce que cette dernière exécutait de bonne grâce, et ce, sans se faire prier.
- « Et il a sculpté ce cœur pour... moi », articula difficilement Anna en le posant sur la table.
Cette dernière sursauta et Elsa rattrapa son verre avant qu'il ne se renverse. Elle se fendit d'un sourire bien que la sculpture suscitait davantage de scepticisme que d'admiration. C'était un grossier cœur de pierre sur lequel Kristoff avait gravé leurs prénoms.
- « C'est... ravissant. », souffla Elsa sans conviction.
Anna poursuivit la récit de sa journée. Quand elle s'eut acquittée de cette lourde tâche, elle entama son dîner qui était, somme toute, déjà froid.
Elsa reposa sa fourchette et s'affaira à la disposer symétriquement à celle prévue pour la salade. Elle se racla la gorge et essayant de paraître légère, demanda :
- « Qu'est-ce que... Comment as-tu su que Kristoff était l'amour de ta vie ? »
Anna, les joues gonflées comme celles d'un écureuil qui s'apprête à cacher ses denrées pour l'hiver, prit le temps de mastiquer avant de répondre à sa sœur.
- « Eh bien..., réfléchit Anna. Nous avons sympathisé en chemin et...
- Y avait-il quelque chose dans son allure à laquelle tu as été sensible ?
- Il était... gentil.
- Rien dans son allure donc..., conclut Elsa à voix basse.
- J'ai réalisé à quel point sa présence m'était précieuse lorsque je me suis rendue compte que je ne le verrais peut-être plus. »
Elsa hocha la tête, pensive.
- « Pourquoi cette question ?, l'interrogea Anna, un brin de taquinerie dans la voix. Y a-t-il un damoiseau qui aurait su trouver grâce à tes yeux ?
- Nullement, répondit Elsa dans un sourire gêné. J'étais simplement curieuse.
- Souhaites-tu que nous organisions un bal ?
- Il faut dire que le dernier que nous avons donné nous a apporté son lot de malheur... »
La bouche d'Anna se tordit en un sourire navré. Hans avait été invité lors du dernier bal. Elles connaissaient déjà la fin de cette histoire.
- « Je ne pense pas qu'un bal soit la meilleure solution.
- Nous pouvons tout de même en organiser un. Dans le pire des cas, ce sera l'occasion de donner une grande fête. »
Elsa n'ajouta rien. Elle savait que sa sœur était déjà trop heureuse à l'idée d'organiser ces festivités. Elle ne perdait rien à essayer, n'est-ce pas ?