Hyoga était toujours en train de jouer avec les deux autres enfants quand une forte secousse ébranla le bateau. L'instant d'après, l'alarme résonna. Immédiatement, les parents attrapèrent quelques affaires et crièrent aux enfants de mettre leurs manteaux et de sortir.

- On va dans les canots de sauvetage ! expliqua le père en s'efforçant de garder son calme.

- Et ma maman ? s'inquiéta Hyoga.

- Elle est sûrement déjà dans les canots et si elle n'y est pas, elle nous rejoindra ! Viens, on va pas te laisser tout seul !

Le petit garçon les suivit à contrecœur. Autour de lui, les adultes s'agitaient et criaient très fort. Lui-même cherchait du regard le manteau rose de sa mère. Où était-elle donc ?

- Je dois retourner chercher ma maman ! cria-t-il en essayant de s'échapper.

- NON ! Personne ne laissera jamais un enfant retourner en cabine, c'est trop dangereux ! Reste avec nous, on retrouvera vite ta mère !

Le père pensait sincèrement ce qu'il disait. Natassia lui avait fait l'effet d'une femme intelligente et raisonnable et il était certain qu'elle avait rejoint les canots de sauvetage dès que possible, comme tout le monde. Toujours inquiet, Hyoga les suivit cependant.

Ce fut la nuit la plus longue de sa vie. Serré dans un canot au milieu d'inconnus, il regarda le bateau couler en frissonnant de froid, les deux mains sur sa petite croix. Bientôt, les secours arrivèrent et il finit par se retrouver dans un hôpital avec un médecin qui l'examinait. Il répéta la même question encore et encore : « où est ma maman ? ». Et puis, une dame à l'air gentil s'assit devant lui et lui tendit un mug de chocolat chaud.

- Merci, Madame, énonça-t-il. Vous savez où est ma maman ?

- Elle s'appelle Natassia Almaz, c'est ça ?

- Oui. Quand est-ce que je retrouverai ma maman ?

La dame lui prit la main et lui sourit avec tristesse.

- Ecoute, mon petit, il va falloir être très courageux, dit-elle d'une voix qui tremblait un peu. Ta maman ne reviendra pas.

- Mais si, elle reviendra ! Elle m'aime !

- Elle était dans le bateau quand il a coulé. Je suis vraiment désolée. Est-ce que ton papa peut s'occuper de toi ?

Hyoga détourna la tête et des larmes se mirent à couler sur ses joues. Il savait ce que cela voulait dire. L'eau froide de Sibérie tuait toutes les personnes qui s'y plongeaient. Sa mère était piégée sous l'eau, belle et morte à jamais.

- Mon père est dans le ciel ! balbutia-t-il.

- Tu as des grands-parents ? Un oncle ou une tante qui pourraient s'occuper de toi ?

- Non.

- Ecoute, je suis travailleuse sociale et je vais m'occuper de toi en attendant que tu sois pris en charge. D'accord ?

Hyoga hocha la tête et prit une gorgée de son chocolat, qui ne lui sembla même pas bon. Il ne comprenait pas ce qui lui arrivait. C'était quoi, une travailleuse sociale ? Par qui allait-il être pris en charge ? Et pourquoi lui avait-on pris sa maman ? Qu'avait-il bien pu faire pour mériter ça ?


Le petit garçon se posait encore ces questions quand un inconnu vint le chercher quelques jours plus tard. Il ne l'avait jamais vu mais lui semblait le connaître.

- Je m'appelle Mitsumasa Kido ! dit-il en lui tendant la main. Ta mère m'a beaucoup parlé de toi et j'ai une proposition à te faire.

Il lui expliqua tout : Athéna, le cosmos, le destin qui l'attendait… Hyoga l'écouta en silence et resta pensif un long moment, les doigts crispés sur le crucifix qu'il avait gardé sur lui depuis le naufrage.

- Donc, si je fais tout ça, à la fin j'aurai des superpouvoirs ? demanda-t-il enfin.

C'était tentant. S'il devenait chevalier, il pourrait plonger sous la glace et rendre visite à Natassia sans être affecté. En tout cas, ce serait mieux que de rester ici. Le petit Hyoga ne supportait plus d'être regardé avec pitié par tous les gens qu'il croisait.

- Je veux faire ça ! décida-il enfin.


Sur le chemin du retour, Mitsumasa Kido se demanda si Natassia avait mangé les chocolats à la liqueur et si oui, s'ils étaient la cause de son décès. Il n'avait pas eu l'intention de la tuer, c'était pour cela qu'il les avait fait empoisonner avec une substance qui cause simplement des pertes de connaissance. Il avait pensé que si Natassia était déclarée incapable de s'occuper de son fils, il aurait été facile de demander la garde du petit Hyoga et d'en faire un chevalier.

Il était difficile d'éloigner ces enfants de leurs mères. Certaines avaient accepté de mener leurs grossesses à terme et de lui céder la garde définitive en échange de grosses sommes d'argent mais d'autres comme Natassia s'étaient un peu trop attachées à eux et il s'était senti obligé de kidnapper leurs fils et de les déposer dans divers orphelinats en leur faisant croire que leurs mères étaient décédées.

Et puis, il y avait le problème des sœurs : la moitié des bébés qu'il avait conçus étaient des filles mais Kido s'imaginait que les filles ne seraient pas des chevaliers valables, c'est pourquoi il se contentait de verser une pension à leurs mères avant de disparaître de leur vie. Il avait commis l'erreur de laisser le petit Seiya passer plusieurs années avec sa sœur aînée et le gosse s'était tellement attaché à elle que cela ne présageait rien de bon.

Dans le cas de Natassia, c'était encore pire : Kido la savait prête à tout pour protéger son fils. Il avait pensé que ces chocolats empoisonnés étaient une bonne solution mais maintenant, il se posait des questions. Le poison l'avait-elle empêchée de quitter le bateau à temps ? Etait-il un meurtrier ? Il ne saurait probablement jamais…

- Tu sais, dit-il, je crois que ta mère aurait voulu que tu deviennes chevalier très vite. On va commencer le plus tôt possible…

La fin !

Note : oui, je sais que j'ai fait pas mal d'entorses à l'histoire originale. Désolée, pas désolée. Bonne journée !