Chapitre 1 : Arrivée imprévue

Dans la nuit d'une fraiche matinée, Lily-Rose Garnet attendait son bus. Il était 5h00 et elle commençait les cours à 9h00, mais habitant plutôt loin de la faculté, aucun bus ultérieur ne lui permettait d'arriver à l'heure. Elle était donc là à attendre dans le froid, tiraillée par la fatigue d'un réveil bien trop tôt à son goût. Toutefois, elle ne se plaignait pas car c'était son père seul qui lui payait ce petit appartement, et elle savait que c'était déjà dur pour lui, d'autant plus qu'il n'habitait pas dans la région.

Elle souffla un coup dans ses mains jointes pour tenter de les réchauffer et regarda une nouvelle fois l'horaire du bus : 5h05. Encore cinq petites minutes à attendre avant que le bus ne vienne. Elle ferma donc les yeux un instant en soupirant, puis elle inspira un coup en écoutant les bruits de la ville nocturne et de la pluie qui tombait lentement autour de l'abribus. Parfois, elle se disait que sa vie était bien ennuyeuse...

Après cette pensée, elle eut une drôle d'impression l'air autour d'elle se réchauffa, les bruits disparurent, remplacés par d'autres qui lui étaient inconnus et elle eut la sensation de ne plus être au même endroit. Elle rouvrit donc les yeux et eut la surprise de découvrir qu'elle se trouvait dans une pièce plutôt richement décorée et assez grande, ressemblant vaguement à l'idée qu'elle se faisait d'une suite d'hôtel luxueux. Elle sentit alors l'air se bloquer dans ses poumons à cause de la panique et tenta désespérément de comprendre ce qu'il s'était passé, tandis que sa tête commençait à tourner. Comme pour finir de l'achever, débarquait alors de nulle part, nul autre que l'un de ses personnages préférés : L, de Death Note. Il commença à s'adresser à elle, désirant des réponses à ses questions sur son arrivée ici, mais, ce dernier parlant en japonais, elle ne comprenait pas un traître mot de ce qu'il disait, et sentait que sa tête tournait de plus en plus. Elle essaya de lui répondre en anglais, qu'elle ne comprenait rien, mais c'était peine perdue, sa bouche ne voulait pas s'ouvrir ni former le moindre mot. Un bruit sourd s'installa lentement autour d'elle tandis que les lèvres de L continuaient à former des mots et des phrases. Bientôt, ses jambes lâchèrent, et ce fut le noir complet.

L regarda cette jeune fille évanouie dans sa suite d'hôtel, curieux. Comment avait-elle bien pu rentrer ici ? Comment avait-elle pu déjouer les caméras de surveillance et ses systèmes de sécurités ? Il n'en avait aucune idée, mais avait hâte de l'interroger.

Il la prit donc délicatement, et la porta jusqu'au canapé le plus proche avant de s'asseoir en face d'elle, attendant qu'elle se réveille pour lui poser des questions.

Enfin, après une petite minute, il vit le signe tant attendu de son réveil. Ses yeux se plissèrent, puis papillonnèrent un instant, après s'être ouverts.

Lily-Rose ouvrit les yeux en se disant qu'elle avait encore fait un drôle de rêve. Imaginer être transportée dans le monde de Death Note, elle manquait vraiment de sommeil pour en arriver là. Et en même temps, ça paraissait tellement réel ! Elle se souvenait d'avoir déjeuné, de s'être changée, d'avoir marché jusqu'à l'arrêt de bus, et du froid mordant sa peau. C'était la première fois qu'un de ses rêves était aussi réaliste. Elle se redressa donc et son lit lui parut bien étroit, et puis où était passée sa couverture ? Elle regarda alors autour d'elle et tomba sur le visage impassible de L. Elle secoua donc la tête comme pour chasser cette hallucination, mais il resta là. Et enfin, la réalité la frappa. Ce n'était pas un rêve, c'était bien réel... Elle bondit donc du canapé, en passant par-dessus le dossier pour se réfugier derrière : réflexe de survie.

L la regarda faire de plus en plus intrigué, mais que lui prenait-il ? Pourquoi le fuyait-elle ? C'était pourtant elle qui était venue ici, elle devait bien s'attendre à lui faire face, non ? Tout cela lui paraissait de plus en plus étrange. Il réitéra donc sa question.

- Comment êtes-vous entrée ici ? Lui demanda-t-il en japonais.

Ne comprenant toujours pas le japonais, Lily plissa les sourcils avant de bafouiller en anglais qu'elle ne comprenait pas le japonais. Elle était toujours cachée derrière son canapé, ne laissant que sa tête dépasser, et regardant son interlocuteur avec une légère touche de curiosité. Il n'avait pas exactement la même voix que dans la version originale, et il semblait aussi légèrement plus grand. De plus, sa peau blanche était moins terne, mais faisait d'autant plus ressortir ses cernes. Ses cheveux étaient également coiffés de façon plus naturelle. En même temps, qui pouvait bien avoir des cheveux qui partaient naturellement sur le côté et restaient dans cette position. C'était impossible ! Physiquement IMPOSSIBLE ! Quoique, sa situation actuelle l'était aussi.

L ne comprenait plus, elle n'était pas japonaise ? C'est vrai que ses cheveux blonds coupés aux épaules avec sa raie sur le côté et ses yeux bleus presque mauves ne faisait pas penser à une japonaise, tout comme ses traits européens. Mais alors qui pouvait-elle bien être, et comment avait-elle bien pu savoir qu'il se trouvait ici ? Décidément cette histoire lui paraissait de plus en plus étrange.

- De quel pays venez-vous ? La questionna-t-il en anglais.

- Je suis française, lui répondit-elle, toujours en anglais.

Elle ne savait pas trop où se mettre, mal à l'aise d'utiliser une langue dans laquelle elle n'excellait pas vraiment.

- Oh, une française ! S'exclama L, en français et avec un accent qui la fit presque rougir.

Elle ne s'attendait pas vraiment à ce qu'il parle français, et en même temps, c'était L alors elle n'était pas vraiment surprise. Elle le voyait un peu comme un génie, avec juste une légère déficience en ce qui concerne les contacts humains et un gros problème avec sa consommation de sucre.

- Expliquez-moi comment êtes-vous arrivée dans cette suite sans que je ne vous détecte ?

- Je... Si je vous disais la vérité, vous ne me croiriez pas... Affirma la jeune fille en lâchant un soupir.

Il plissa légèrement les yeux et amena son pouce à sa bouche. Quelle sorte de réponse était-ce ? Il s'attendait à quelque chose de concret et elle lui disait qu'il ne la croirait pas, il avait du mal à penser qu'elle puisse dire la vérité. Peut-être voulait-elle seulement échapper à l'interrogatoire.

- Dites toujours, je vous écoute.

Lily prit donc une grande inspiration, et se lança, de plus en plus mal à l'aise.

- J'étais en train d'attendre tranquillement mon bus, pour aller à la faculté de sciences, et j'ai fermé les yeux un instant. Quand je les ai rouverts, je me trouvais ici, et je n'avais aucune idée de comment, j'avais fait pour changer de monde. Ça me parait tellement invraisemblable, et pourtant, le fait que le grand L se trouve devant moi, est bien la preuve que j'ai atterri dans le monde de Death Note.

Elle lâcha encore un soupir. Le dire lui paraissait encore plus invraisemblable, et pourtant c'était la vérité. Elle hésita alors à regarder L, sachant parfaitement qu'il devait la prendre pour une folle.

L resta bouche bée. Était-elle folle ? Il y avait 80% de risques que ce soit le cas. Mais, et si son histoire était réelle ? Il y avait certains points qu'il devait éclaircir.

- Votre histoire semble en effet, assez tirée par les cheveux, mais admettons qu'elle soit vraie, il y a certains points que vous allez devoir éclaircir. Premièrement, pourquoi dites-vous que vous avez changé de monde, et comment savez-vous qui je suis ?

Il était vraiment curieux de connaitre la réponse à la deuxième question.

- Je... Bafouilla l'étudiante. En fait, dans mon monde... il y a un manga appelé Death Note, dans lequel le plus grand détective du monde, L, enquête sur un être abject surnommé Kira, qui s'est donné pour objectif de purifier le monde du mal. Toutefois, son but a changé, et légèrement dégénéré, en même temps que sa morale est devenue floue.

Elle pensa en même temps à celui que Light était devenu entre le premier épisode et celui où il faisait tuer L, et elle ne put s'empêcher de faire une grimace. Ce gars avait vraiment de gros problèmes psychologiques et moraux.

- Donc vous essayez de me dire, que pour vous, je ne suis qu'un personnage de fiction, répliqua L.

Ce qu'elle disait correspondait bien à sa situation, mais en même temps, tout le monde était au courant pour l'enquête, elle pouvait donc avoir tout inventé. La seule preuve de son côté était le fait qu'elle sache qu'il était L. Néanmoins, ça ne suffisait pas, il lui fallait d'autres preuves, s'il voulait pouvoir la croire.

Watari arriva à ce moment-là avec deux tasses de thé, sachant que L avait une invitée surprise. Il tendit la sienne à L avec le pot de sucre, et en proposa une à la jeune fille.

- Voulez-vous une tasse de thé Mademoiselle ?

- Avec plaisir Watari, merci, accepta-t-elle surprise qu'il parle français aussi bien.

- Vous connaissez mon nom Mademoiselle ? Puis-je savoir comment et puis-je connaitre le vôtre ?

- Je m'appelle Lily-Rose Garnet, mais vous pouvez m'appeler Lily, et pour votre nom, c'est une longue histoire que je tentais justement d'expliquer à L.

Elle s'assit en même temps sur le canapé, lentement, comme une biche effrayée par le grand-méchant loup qui se trouvait devant elle.

L la regardait de plus en plus suspicieux en touillant son thé. Elle connaissait Watari ce qui appuyait à nouveau ses propos, mais ce n'était pas suffisant pour le convaincre.

- Selon Lily, elle vient d'un autre monde dans lequel toute l'affaire Kira est en fait une œuvre de fiction, et nous faisons partie des personnages.

- Oh vraiment...

L sentit que cela amusé Watari et il lui jeta un regard, mais le vieil homme se contenta d'un sourire chaleureux innocent.

- Je m'apprêtais donc à lui demander de nous apporter des preuves. Si ce qu'elle dit est vrai, alors elle doit connaitre les personnages et leur histoire.

Lily lui lança alors un regard plein de défi, sentant qu'il voulait la piéger, mais il n'avait aucune chance à ce jeu-là.

- Watari vous a trouvé quand vous étiez enfant et vous a amené à le Wammy's House, où vous avez grandi. Vos aptitudes exceptionnelles et l'aide de Watari vous ont permis de devenir L le plus grand détective du monde, mais vous êtes en réalité les trois plus grands détectives du monde sous différentes identités. Ce trouve également à la Wammy's House, où s'y trouvait, je ne sais pas trop, je n'ai pas vu tout le manga, Near et Mélo deux génies également. Je n'en sais pas plus sur eux, car je n'ai pas vu les épisodes les concernant. Vous mangez énormément de sucre et dormez très peu. Et enfin, votre véritable nom est Lawliet. Tout le reste vous concernant et concernant Watari est laissé à l'imagination de chacun dans l'œuvre original.

Le silence se fit dans la pièce tandis que le détective lâchait sa cuillère.

C'était impossible, personne ne pouvait être au courant de ses informations confidentielles à part lui et Watari. Alors elle disait vrai ? Elle venait réellement d'un autre monde ! Non, il avait toujours des doutes, mais décidait de les laisser de côté, reconnaissant que la possibilité qu'elle dise la vérité était de 91%.

- Dans ce cas, je suppose que vous savez qui est Kira !

- En effet, mais ne comptez pas sur moi pour vous le dire. Je sais que cela causera la mort de nombreuses personnes, et je devrais vivre avec cela sur la conscience, mais je ne peux simplement pas répondre, surtout sans preuve.

Il la regarda d'autant plus intrigué. Il comprenait sa réaction, et aurait certainement eu la même, mais ça le surprenait qu'elle accepte de porter le poids de la mort de nombreuses personnes alors qu'elle pourrait simplement donner un nom. D'autant plus que ce n'était pas réellement son monde ! Pourquoi agissait-elle ainsi alors même que ça l'affectait, comme il le voyait dans son regard. Décidément, cette fille était bien étrange.

- Vous semblez bien nous connaitre, et je pense qu'il semble naturel que ce soit en partie réciproque. Donc accepteriez-vous de nous parler de vous, Mademoiselle Lily ? Demanda Watari qui avait bien sentit le trouble chez son protégé.

- Euh... Bien sûr, même si c'est loin d'être aussi intéressant, ajouta-t-elle tout bas. Vous savez-déjà comment je m'appelle, donc je vais passer cette étape. J'ai dix-neuf ans bientôt vingt et je suis en deuxième année de faculté d'informatique, autant dire que je suis encore très nul avec un ordinateur, compléta-t-elle à nouveau tout bas. Je vis dans un appartement, seule, et je n'ai que mon père, ma mère étant partie quand j'avais quatre ans, sans dire au revoir. Elle avait commencé à se droguer et à boire depuis ma naissance, et finalement, c'était le mieux à faire pour nous deux. Voilà à peu près tout ce qu'i savoir.

Décidément, Watari se dit qu'à bien des égards, cette jeune femme conviendrait parfaitement à L. Elle était plutôt intelligente, mais pas très sociable, et n'avait pas une haute estime d'elle-même, bien au contraire malheureusement. De plus, elle ne semblait pas être trop féminine comme beaucoup d'autres filles, aux vues du pantalon à poches et du pull de sport qu'elle portait. C'était donc une candidate idéale.

Cette idée de trouver une petite amie pour L, le tracassait depuis quelques temps maintenant, et le hasard lui avait amené la fille parfaite.

L était surpris. Pourquoi cette fille avait-elle si peu d'estime pour ce qu'elle faisait ? Elle étudiait l'informatique, ce qui n'était pas donné à tout le monde, et elle avait réussi à grandir sans une mère à ses côtés, ce qui devait être compliqué parfois. Il ne comprenait pas comment elle pouvait donner si peu d'importance à son parcours.

Il réalisa alors quelque chose. Pas un instant depuis qu'il l'avait vue dans sa suite, il n'avait pensé qu'elle pouvait être Kira. Pourquoi ? Il ne savait pas, mais elle semblait dégager quelque chose qui lui faisait dire qu'il pouvait lui faire confiance.

Le silence reprit lentement ses droits dans la pièce et Lily ne savait plus vraiment où se mettre. Elle s'attendait à une réaction quelconque, mais rien.

Elle reposa donc sa tasse de thé qu'elle avait à peine goûtée, et baissa la tête.

- J'ai une dernière question à vous poser, si vous me le permettez.

D'un hochement de tête, L l'incita à continuer.

- Qu'allez-vous faire de moi ? Puis-je rester quelques temps ou désirez-vous que je quitte la suite au plus vite ? Bien sûr, je garderai pour moi le secret de votre identité, je sais que c'est important. Je comprendrai également aisément que vous ne vouliez pas que je reste, après tout, je vous serai plutôt inutile, et je gênerai plus qu'autre chose.

L comprenait de moins en moins pourquoi elle accordait si peu d'importance à ce qu'elle était. Toutefois, il avait le sentiment que la laisser partir serait une erreur. Pas parce qu'elle pourrait lui être utile ou parce qu'il avait peur qu'elle représente une menace, mais simplement parce qu'il avait la sensation qu'il fallait qu'il la garde près de lui un maximum de temps possible.

- Vous pouvez rester. Votre histoire m'intrigue, et je suis curieux d'en savoir plus.

Il put à ces mots clairement voir le soulagement sur le visage de Lily, en même temps qu'elle le remerciait.

- Watari, veux-tu bien réserver une chambre à l'étage pour notre invitée, et l'y amener, je vais retourner travailler.

- Bien sûr. Mademoiselle Lily, si vous voulez bien me suivre.

- Pouvez-vous retirer le « mademoiselle » ? Ce n'est pas nécessaire, et ça me met légèrement mal à l'aise.

- Si vous le désirez.

- On verra plus tard pour supprimer le vous, on va y allez progressivement, murmura-t-elle alors, tout bas, pour elle-même.

Watari guida Lily en dehors de la suite, puis lui demanda d'attendre le temps qu'il réserve une suite, avant de l'y emmener. Elle était légèrement moins luxueuse et constituée d'une simple chambre, mais tout de même très impressionnante pour la jeune femme.

- Euh... Vous êtes sûr de bien vouloir me payer une chambre ? Je ne doute pas que ça coûte très cher, et je comprendrai que vous refusiez, vous savez. Je me trouverai un travail et...

- Non, non, non. Ça ne nous dérange pas. Et puis, un peu de compagnie ne peut faire de mal à personne, d'autant plus que je suis sûr que vous n'avez nulle part où aller et comme vous ne parlez pas japonais, il sera difficile pour vous de vous loger ce soir et de trouver un travail rapidement.

Lily rougit légèrement, sachant parfaitement qu'il disait la vérité. S'ils n'avaient pas accepté de la laisser rester, elle aurait eu du mal à s'en sortir.

Elle sentit la fatigue s'emparer d'elle, mais elle ne voulait pas le montrer. Une idée lui vint soudain à l'esprit.