Once Upon a Time ne m'appartient pas. La série appartient à la ABC.

Cette fanfic est la suite de La part du Lion. Je me suis prise de passion pour l'Histoire donc vous noterez peut-être le changement de ton... En espérant que cela de vous déplaise pas.

La fanfic est terminée, elle compte 5 chapitres.

Bonne lecture !


Robin savourait pleinement le soleil de ces jours nouveaux. La belle saison avait été rythmée par les taxes d'usage. Elles étaient immuables, indépendantes de la clémence des récoltes. Les paysans étaient telles des abeilles dont on dérobe fourbement le miel du labeur en les enfumant de belles théories et qu'on regarde mourir lentement quand vient l'hiver.

Robin parfaisait ses nombreux larcins qu'il s'efforçait de commettre sans avoir à prendre la moindre vie. Marianne l'accompagnait dans sa noble quête. Elle rivalisait d'ingéniosité et d'adresse. Égale en tous points, elle avait une préférence notable pour l'épée, courte et légère, dont elle pouvait aisément menacer ses assaillants.

Ainsi menaient-ils leur existence presque paisible. Marianne avait coupé la route de la carriole. Robin avait momentanément abandonné son arc au profit d'une épée. Il faut dire que Marianne avait réussi à faire de lui un bretteur presque acceptable. Robin, le visage toujours caché par une large capuche, désarma non sans mal le représentant royal et asséna un grand coup du plat de la lame sur son casque. La résonance finit de l'assommer et il s'effondra sur le sol. Marianne fit de même avec le second. Neutralisés, ils n'eurent plus qu'à se servir. Ils s'emparèrent des sacs de sel qui constituait la gabelle colossale.

Soudain, quelqu'un attrapa Marianne par derrière, lui remonta bien haut le bras dans son dos tandis que le froid d'une lame caressait son cou. Au même moment, alors que Robin commençait à décharger la carriole, il sentit la pointe pressante dans son dos. Il préféra lever les mains en signe de reddition.

« Tourne-toi. »

Robin s'exécuta. La pointe de l'épée suivait le pourtour de son corps. Robin dévisagea le brigand de son propre brigandage. Son imposante stature rendait presque ridicule l'usage d'une arme blanche. Son acolyte, qui tenait toujours Marianne, était bien jeune et freluquet pour la tâche ingrate qui lui était assignée.

- « Allez, on y va, le pressa le jeune homme chétif.

- Oui oui, on y va, répondit son sbire. Mais assomme la bonne femme.

- Mais c'est une femme, je...

- Si elle s'adonne au brigandage comme nous, elle est soumise aux mêmes lois », fit valoir le géant.

Robin esquissa un pas, voulut défendre Marianne.

« Hey », l'interpella l'homme.

Robin eut à peine le temps de tourner la tête vers lui que son poing fermé s'abattit sur son visage, avec la force de la pierre. Il sombra momentanément dans les ténèbres et ne sut ce qu'il était advenu de son amour.


Robin émergea de ses ténèbres. Il avait un affreux mal de crâne. Son visage, qu'il devinait tuméfié, était empreint de douleur. Marianne était agenouillée à côté de lui. Elle ne semblait pas avoir pâti de la rudesse de ces malotrus.

- « Tu vas bien ?, demanda Robin, la bouche engourdie.

- C'est plutôt moi qui devrait te poser la question.

- Ils ne t'ont rien fait ?

- Le géant aurait bien voulu m'assommer mais le jeune garçon s'est débattu comme un diable pour qu'il se contente de m'attacher. »

Elle expliqua brièvement comment elle s'était saisie de l'épée pour ronger ses liens. Ce laps de temps permit à Robin de regagner ses esprits. La colère la gagna alors.

- « Il faut les retrouver.

- Tu n'y songes pas ?, tenta de le dissuader Marianne.

- Oh si, je vais les détrousser. »

Sa fierté avait été blessée et il était bien déterminé à obtenir réparation. Marianne soupira. Robin enfourcha sa monture et lui tendit la main. Elle la saisit et monta à sa suite. Robin observa avec minutie les traces au sol. La pluie avait inondé les terres la nuit précédente, le sol était meuble et il était aisé d'en repérer les traces dans la boue fraîche. Comme pour davantage renseigner sur leurs parcours, les branches cassées des arbres et les brindilles au sol les guidaient. Ils auraient tôt fait de les retrouver.


Après s'être aventuré dans les profondeurs de la forêt de Sherwood, ils entendirent les rumeurs des voix et aperçurent même un discret filet de fumée s'élever dans le ciel d'azur. Robin posa le pied à terre et pria Marianne de rester à l'abri dans les fourrés. Il s'avança à pas de loup près des quelques baraques de bois qui constituaient un bien modeste village.

Il guetta l'apparition du géant, qu'il finit par repérer aisément. Il devina le lieu qui recelait les sacs de sel : l'un d'eux s'étaient trouée et une discrète ligne tranchait sur la couleur boueuse du sol.

« Tu ne pourras pas tous les semer. »

Robin sursauta. Marianne l'avait rejoint.

- « Tu ne m'écouteras donc jamais ?

- Jamais. Surtout si cela me dispense de participer à tes larcins.

- Qu'est-ce que tu suggères ?

- Que nous rebroussions chemin et tirions un trait sur cette histoire. Il se sert à rien de mourir pour trois sacs de sel. »

Estimant la discussion close, et que Robin entendrait raison, Marianne commença à retourner sur ses pas, ver leur cheval. Elle entendit alors un bruit de végétation. Elle devina, las, que Robin s'était mit à découvert, ce qui ne tarda pas à se confirmer.

« Je défie le géant qui m'a volé ! »

Les villageois, et sans doute fiefs brigands s'interrompirent dans leurs tâches. L'homme fendit la foule.

- « A qui ai-je l'honneur ?, demanda-t-il dans un sourire.

- A Robin.

- Je vois que tu es le Robin Oeil Poché au Beurre Noir, se moqua-t-il.

- Je vais te rendre la monnaie de ta pièce. Quel est ton nom ?

- Je suis Petit Jean et je serais ton adversaire avec plaisir. »

Petit Jean s'avança encore. Il faisait à présent face à Robin et le dominait de toute sa hauteur. Il devait être aussi grand et imposant qu'un ours.

« Puisque tu es chez moi, on choisira la défi usuel ici. Tous à la rivière ! », cria-t-il à ses compagnons.

Dans une allégresse bien étrange, chacun se dirigea vers le cours d'eau. Marianne se mêla à la foule. Elle se glissa près de Robin.

- « Qu'est-ce que tu fais ?, le sermonna-t-elle.

- Je vais regagner mon honneur. »

Marianne leva les yeux au ciel, désabusée.

Les villageois se répartirent de part et d'autre du lit de la rivière. Un large tronc d'arbre enjambait le cours d'eau. Un jeune garçon tendit deux grands bâtons de bois. Ils avaient été polis avec soin. Ceci lui rappelait sa jeunesse quand son maître d'armes – du moins le maître de Richard – tentait de lui apprendre le rudiment des armes blanches.

Petit Jean en tendit un à Robin qui s'en saisit. Une femme se plaça entre eux deux, sa voix couvrit les acclamations de la foule :

- « Chacun a un bâton. Le premier qui fait tomber l'autre à gagner. Qu'est-ce que vous miser ?

- Tu ne mises pas ta femme ?, fit Petit Jean goguenard. En échange, je pourrais miser ma place de chef.

- Jamais, répondit Robin d'une voix ferme et tranchante. »

Petit Jean rit de sa pique qui visait à le désamorcer. Puis, il répondit qu'il s'agissait d'un duel dont seul l'honneur était le prix.

Petit Jean traversa le tronc arbre, s'arrêta vers le milieu et, avec une habilité qui n'avait d'égale que sa stature, il fit volte face. Robin tâcha de faire bonne figure. Il s'avança d'un pas qu'il espérait assuré et volontaire. Il manqua de glisser, ce qui n'échappa nullement à son adversaire qui ricana. Ceci n'eut que pour effet d'attiser sa colère et sa soif de vaincre.

Au milieu de la foule qui scandait le nom de l'adversaire de son compagnon de route et amant, Marianne se faisait remarquer par son silence.

« Commencez ! » héla une voix.

Le ton était donné. Les cris de la foule redoublèrent. Robin empoigna fermement le bâton. Il se maudit d'avoir ainsi défié son adversaire sur son terrain, de n'avoir exigé l'arc.

« Alors ? On tremble comme une nubile lors de sa nuit de noces ? » se moqua Petit Jean.

Le duel commença. Les bâtons s'entrechoquaient avec force. Robin avait le plus grand mal à encaisser les coups tout en gardant son équilibre. Les villageois et leurs encouragement féroces pour Petit Jean n'arrangeaient rien.

« Allez Robin ! Utilise ta tête ! » hurla Marianne.

Son cri avait couvert et étonné les autres voix qui s'étaient tues un bref instant avant de reprendre.

Marianne avait raison. Il ne pouvait gagner en usant de la force pure. Il ne gagnerait jamais à la loyale. Robin croisa le bois avec force, contraignant son ennemi à ancrer son équilibre. Il écrasa alors son bâton sur son pied. La vive douleur le fit tressaillir. Saisissant ce bref instant qui serait, à coup sûr, salvateur, il arma son bâton et héla son ennemi pour qu'il le regarde. Alors il abattit le bâton sur son visage et eut raison de lui. Petit Jean perdit l'équilibre et tomba dans la rivière.

La foule se tut. Elle était sidérée par la tournure du combat. Petit Jean n'avait jamais perdu jusqu'alors. Puis, la foule s'exalta, porta aux nues son nouvel héros.

Petit Jean, quelque peu penaud, s'extirpa de la rivière. Son visage était rouge de sang et au vue de la ligne étrange de son nez, il était sans nul doute cassé.

Il tendit une main franche et honnête à Robin. Les deux hommes se serrèrent la main.

« Un vrai truand parmi les truands, le félicita Petit Jean en reconnaissant ses qualités. Si tu acceptes de rester, nous t'accepterons comme le nouveau chef. »

Robin eut un regard pour Marianne. Cette dernière opina du chef, lui donnant sa bénédiction. Robin accepta l'offre de bon cœur. Petit Jean déclama, d'une voix rauque et claire :

« Voici Robin, notre nouveau chef, Robin Hood ! »

Il attrapa le bras de Robin et le leva bien haut, manquant de le soulever lui-même. La foule, les nouveaux siens, joyeux compagnons de fortune scandèrent son nom. Marianne perçut son sourire gêné, son humilité rougissante. Quelle étrange satisfaction que d'exister aux yeux des autres. Elle sourit à son tour, applaudissant son nouveau couronnement.


Notes :

La gabelle est une taxe sur le sel. Le sel est longtemps resté une denrée rare et précieuse. Dans la Rome antique, l'argent donné en contrepartie d'un travail porte le nom de salaire en référence au sel.

Un bretteur est un épéiste.

Une nubile est une femme en âge d'être mariée.

J'avoue avoir largement visualisé Philoctète dans Hercule de Disney hurler « Utilise ta tête » lorsque j'ai placé cette réplique dans la bouche de Marianne xD

« Hood » signifie à la fois « capuche » et « truand ».

Le combat entre Robin et Petit Jean fait partie de la légende de Robin. C'est en défiant Petit Jean que Robin devient le chef des Joyeux Compagnons.

Je posterai la suite dimanche soir. A bientôt !