Bonjour à tous, voici une nouvelle histoire que j'ai commencé. Je pense qu'elle ne sera pas très longue, ça m'étonnerait qu'elle fasse plus de trois ou quatre chapitres. J'espère qu'elle vous plaira, n'hésitez pas à me faire part de vos impressions, et si vous trouvez qu'elle colle trop à ce que j'ai déjà pu écrire (si vous avez lu mon autre fanfic). En tout cas, bonne lecture !

Ah putain, Granger. Qu'est-ce que je n'aurais pas donné pour voir ça. Crois-moi, je t'aime plus que je n'ai jamais aimé personne et que je n'aimerais jamais. Alors pourquoi est-ce si difficile de te le dire ? Au point de te laisser partir loin de moi pour rejoindre le rouquin Weasley qui ne te mérite pas.

Il n'a pas idée de la chance qu'il a de t'avoir. Il est tellement grossier, tellement benêt qu'il ne réalise pas comme tu es exceptionnelle. Ton intelligence ne l'impressionne pas, ta beauté ne le subjugue pas comme tu me subjugues, ton regard chocolat ne le transcende pas de la tête aux pieds. Pas comme moi. Personne ne pourra t'aimer comme je t'aime, tu sais. Ça, je le sais.

Alors qu'est-ce que je fais là, appuyé contre ce mur, à fumer ma cigarette, te regardant sans m'en dissimuler alors que tu discutes avec tes collègues, un gobelet de café dans les mains. Chaque jour, je prends ma pause clope en même temps que toi, simplement pour pouvoir profiter de ton profil si parfait, de ton rire si divin. Alors je monte au 186ème étage, le dernier des étages, là où chacun vient prendre sa pause sur le toit. Et je te bouffe du regard alors que tu bois si délicatement ton café. Pourquoi même la façon dont tu bois ton café me fait cet effet.

Ça y est. Tu as accroché mon regard. Je détourne le mien, un peu mal à l'aise d'être pris sur le fait. D'habitude, tu ne me remarques pas. J'écrase ma cigarette contre le mur et jette le mégot par terre. Je sais que ça t'énervera, mais je le fais quand même. Après tout, elle est là, la nature de notre relation : tu me détestes et moi je t'aime en secret. Parce que le seul moyen d'attirer ton attention, que ton regard te fixe sur moi plus d'une seconde sans indifférence, c'est d'attiser ta colère et ta rancœur contre moi.

Alors comme d'habitude, c'est ce que je fais. Je te titille et je tourne les talons sans un regard pour toi et pourtant, dieu sait que je crève de te regarder encore une fois, rien qu'une seconde. Parce que tout chez toi me subjugue. Chacun de tes mouvements est si envoutant, tes cheveux bouclés dansant autour de ton visage si harmonieux. Tes lèvres sont si souvent ornées d'un sourire qui ne m'est jamais destiné que j'en rêve la nuit.

Pourquoi es-tu si belle ? Si intelligente, si attirante, si indispensable à ma vie ?

Tu n'en fais même pas partie. De ma vie. Et pourtant le simple fait de t'apercevoir chaque jour dans les couloirs du ministère de la magie suffit à embellir ma journée. Quand je ne te vois pas, mon humeur est exécrable. Tous mes collègues pourraient te le dire. Mieux vaut ne pas m'adresser la parole lors de ces journées privées de ta lumière chaleureuse. Je ne vis que pour toi, et pourtant tu es si loin.

On entre dans l'ascenseur. Le même ascenseur. Il est blindé.

Si tu savais comme je me sens pathétique à m'arranger pour être le plus proche de toi, pour sentir ton épaule contre mon bras. Je suis plus grand que toi. Parfois, je peux sentir l'odeur de tes cheveux sous mon nez, et crois-moi que j'inspire à fond. Parce que je ne veux rien rater de cette odeur si agréable. Le soir, quand je vais me coucher, j'essaie de m'en rappeler. Ça me fait du bien.

Aujourd'hui, je n'y manque pas non plus. Je bouscule deux personnes pour me retrouver juste en face de toi. Je dois me retenir de toutes mes forces pour ne pas te regarder, pour que tu ne soupçonnes pas l'obsession malsaine que j'ai pour toi. Je me tiens à la poignée qui pend du plafond. Je te vois tendre la main et l'attraper aussi, timidement. Tu fais des efforts pour ne pas effleurer ma main.

Je te dégoute à ce point.

L'ascenseur démarre en trombe et tu perds ton équilibre. Presque aussitôt, je te sens me bousculer. Ton visage s'écrase contre ma chemise et je peux sentir la chaleur de tes joues à travers le tissu. Tu t'éloignes avec précipitation, les joues rouges et tu détournes le regard marmonnant vaguement :

- Désolée.

- Pas de souci, dis-je la voix rauque, trop rauque pour que ce soit naturel.

Ouais, Granger, c'est l'effet que tu me fais.

Je croise ton regard et tu le détournes aussitôt.

L'ascenseur s'arrête enfin à notre étage, la voix fluette d'une femme annonçant :

- Ministère de la magie, 72ème étage, département de la justice magique.

Ça fait bientôt 3 ans qu'on travaille ensemble au département de la justice magique, dans le couloir de droite. Moi, j'ai commencé tout de suite après avoir validé ma septième année. Tu avais choisi de bosser à la régulation des créatures magiques. Ça m'avait bien fait rire quand je t'avais entendu parler de la défense des elfes de maison. J'ai moins rigolé quand tu as réussi à leur obtenir un salaire mensuel.

J'aurais dû le savoir, on ne sous-estime pas Hermione Granger. Tu es tenace et assez intelligente pour obtenir ce que tu veux.

Et le jour où je t'ai vu débarquer dans le bureau de la justice magique, chargée avec ton carton plein d'affaires, je n'en avais pas cru mes yeux. J'étais l'homme le plus heureux du monde. Et même si ton bureau se trouve à l'autre bout de la pièce, je n'ai qu'à relever la tête pour t'apercevoir penchée sur ton travail.

Putain, je me fais pitié.

- A plus tard, Granger, te dis-je en prenant la direction de mon bureau.

- A plus tard, réponds-tu rapidement.

Je suis un peu surpris. D'habitude tu ne réponds jamais, tu te contentes de t'enfuir presque en courant. J'imagine que c'est l'effet que je suis voué à te faire : te dégouter au point que tu te barres presque en courant quand tu me vois.

Je m'installe à mon bureau. Il est parfaitement rangé au contraire du bureau contre le mien de mon cher collègue Zabini. On était vaguement amis à Poudlard. Il était à Serpentard et on trainait un peu ensemble à l'époque. Lorsque les tensions entre l'ordre du phénix et le mage noir s'étaient fait sentir, Zabini s'était rapidement fait la malle. Il n'avait jamais trop été du côté de Voldemort celui-là. Il n'aimait pas particulièrement les nés-moldus, mais ils ne les détestaient pas au point de risquer sa vie pour un vieux timbré à la tête de Serpent. Alors, il avait réussi à obtenir une place au département de la justice magique.

La guerre venait à peine de terminer à l'époque alors on voyait d'un assez mauvais œil l'arrivée de deux anciens Serpentard qu'on connaissait comme fréquentant les forces du mal. On n'avait pas vraiment eu le choix de s'installer aux deux bureaux les plus reculés.

Si j'ai réussi à obtenir une place dans ce département, c'est uniquement parce que Potter avait plaidé en ma faveur et celle de ma famille. Grand bien lui fasse. Saint Potter pouvait encore se targuer d'être un grand héros. On a obtenu une amnistie complète.

Je suis retourné à Poudlard et j'ai eu mes ASPICS avec mention. J'ai dû user de plusieurs relations de la famille pour avoir simplement une petite chance d'obtenir une place au département de la justice magique. Après plusieurs entretiens pour s'assurer que je n'allais pas être le prochain mage noir, on avait été forcé de m'accorder une place. J'étais doué et intelligent après tout. Il n'avait pas fallu si longtemps que cela pour m'accorder d'autres tâches que celles qui étaient ingrates et que personne ne voulait accomplir.

Sans me vanter, je suis l'un des meilleurs éléments du bureau avec Granger. Personne ne peut me retirer cela.

Je pense pouvoir dire plutôt sûrement que tout le monde avait suffisamment confiance en Drago Malefoy pour se fier à mon travail.

Je m'étire de tout mon long, la tête en arrière. C'est la seule façon d'apercevoir Granger depuis mon bureau sans bouger de ma chaise. Je n'ai pas envie d'éveiller les soupçons.

- Malefoy, t'as le dossier de …

J'attrape la chemise sur mon bureau sur lequel un post-it rose indiquait « famille Rosier ».

- Super, soupira le gros bonhomme transpirant à l'idée d'avoir égaré son dossier. Tu viens au pot de départ de Robin ?

- Robin ?

- Oui. Robin. Tu sais qu'il part à la retraite, n'est-ce pas ? On fête son pot de départ à 17h00, ce soir, me dit Spencer.

Je suis le doigt de Spencer qui me montre qui est Robin. Il bosse avec moi, lui ? On dirait un vieux papy gâteux qui peinait à se lever de son fauteuil sans craquer de partout. Je retins difficilement un sourire. Le bureau de Robin était celui attenant au bureau de Granger. Si le vieux partait en retraite, il allait libérer son bureau.

- Zabini, ce soir, on se pointe au pot de départ de Robin.

- C'est qui Robin ? me demanda Zabini sans relever la tête de son dossier.

- Le vieux croulant là-bas, je lui réponds avec un signe du menton vers le vieux gâteux qui tentait de se baisser avec difficulté pour ramasser un dossier qui était tombé.

- Franchement, je ne suis pas chaud, Malefoy.

- Allez, Zabini. On pourra se foutre de sa gueule, je ricane.

Zabini semble hésiter mais finit par hocher de la tête.

- Pas longtemps alors.

Je ne réponds pas. Je n'ai pas besoin de rester longtemps pour aller installer mes affaires sur le bureau de Robin dès qu'il aura fini de le vider. Je ne suis pas le seul à avoir en vue le bureau de Robin et ça ne me plait pas. La belle Hermione Granger faisait tourner plus d'une tête.

A la différence que moi, je ne suis pas un gros porc. Froidement, je dévisage les quelques collègues qui jettent des coups d'œil réguliers au bureau qui se vide peu à peu. Putain, je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi lent. Il n'est pas bureaucrate pour rien. J'aperçois Hermione qui lui propose gentiment son aide. Pourquoi est-elle si parfaite alors que je suis si imparfait ?

Un peu aigre, je détourne le regard. Il faut que je pense à quelque chose d'autre ou mon humeur sera exécrable. Or, si je veux obtenir ce foutu bureau, j'ai intérêt de me montrer plus poli et pernicieux que jamais. Et ça, c'est ma spécialité.

Le soir-même, je dois me retenir de toutes mes forces pour ne pas lever les yeux au ciel toutes les cinq secondes. Tout est pathétique, du gâteau mal fait et sec de Patty, notre secrétaire, au jus de fruit en gobelet apporté par deux ou trois collègues. Je ne parle même pas de la vieille boite à chaussures qui a été décorée par les enfants de Bailey où une fente a été creusée pour que chacun y mette quelques galions pour le départ de Robin. Pas la peine de rêver, je n'y mettrai rien.

Moi, je suis un Malefoy, je n'assiste pas à des gouters d'anniversaire digne d'un enfant. Zabini n'a pas l'air beaucoup plus inspiré par cette fête à côté de moi. Si toutes les lois en faveur des sangs purs avaient été abolis, pour autant, les familles de sangs purs restaient riches et puissantes. Aucun de nous n'a jamais assisté à une fête si peu préparée.

- Je crois que je vais faire une syncope si on doit chanter une chanson de bouseux supplémentaire, me dit Zabini entre ses dents et je ricane.

Je porte mon gobelet à ma bouche et boit le fond de jus de fruit d'une traite. Il n'est même pas bon. Et cette affreuse boite à galions toujours dans mon champ de vision … elle est atroce. Je jette un coup d'œil autour de moi et je m'en approche. J'attrape un stylo et griffonne sur une feuille que je pose en équilibre sur la boite.

Je n'aperçois Granger que trop tard, alors que je ricane de ma propre blague : « Cagnotte pour l'achat d'un déambulateur à Robin ». Elle ne dit rien au début, reniflant sèchement et je la vois enfin. Quand je la vois d'aussi près, c'est toujours dans l'ascenseur au milieu de quinze personnes qui nous bousculent. Là, elle est juste à côté de moi et il n'y a rien ni personne pour me déranger dans ma contemplation. Rien pour me déranger si ce n'est son regard plein de dégout.

Je sais qu'elle fait des efforts pour ne pas me regarder avec ce regard chaque fois qu'elle me voit, mais quand elle aperçoit l'indélicat Drago Malefoy faire l'une de ses plaisanteries méchantes et mesquines, elle ne peut se retenir. Je lui rappelle sans doute celui qui se moquait d'elle chaque jour à Poudlard, et comment lui en vouloir ? Elle est déjà assez gentille pour ne pas me faire sentir sa rancœur à longueur de journée. Moi, je n'aurais jamais eu cette gentillesse. C'est en ça qu'elle est bien meilleure que moi.

Mais quand je croise ce regard plein de dégout et de pitié pour moi, je me sens mal. Tellement mal. Je n'ai jamais eu honte de moi, pourtant elle arrivait à me faire sentir ainsi : honteux.

- C'est juste une blague.

Sans trop m'en rendre compte, je me justifie à demi voix, le son s'échappant de ma bouche presque dissimulée par la musique qui noie le bureau.

Je l'aime. Je l'aime d'une telle force que je peux entrer dans sa tête et deviner ce qu'elle pense de moi. Je l'aime d'une telle force que je me vois comme elle me voit : un être monstrueux qui a toujours profité de privilèges, mesquin et égoïste, lâche et sans aucun intérêt. Elle ne voit que le Malefoy de Poudlard, celui de l'avant-guerre et du pendant guerre. Cette image de moi je la déteste, et j'ai essayé de la faire oublier dans ce bureau. J'ai presque réussi. Mais il y a toujours Granger qui me la rappelle. Plus violemment que quiconque.

- Ce n'est pas drôle, Malefoy.

Et vlan.

Elle s'éloigne un peu alors que Robin commence à faire son discours d'adieu. Et moi, je me sens tellement mal que je retire cette fichue feuille et la chiffonne avant de la fourrer dans ma poche. Elle me voit faire. J'imagine qu'elle est un peu surprise, mais moi je me sens tellement mal que j'en ai presque envie de dégueuler.

Elle ne me parle jamais, et le peu de fois où j'entends le son de sa voix qui m'est destiné, c'est avec un tel mépris, un tel jugement de mes actes que ça me retourne les entrailles. Qu'est-ce que je ne donnerais pas pour qu'elle m'aime, pour qu'elle me voit comme l'homme que je suis devenu.

J'essaie de faire le bien, j'essaie de faire avancer les choses. Je voulais faire mes preuves ici, mais je me rends compte qu'il y a une personne que je ne pourrais jamais convaincre : elle. Et ça me retourne, ça me détruit de l'intérieur parce qu'il n'y a que son avis à elle qui est important. Je sais que je suis toujours le même homme, celui qui aime se moquer, à la voix parfois un peu trainante, l'allure fière et toujours un peu trop bien habillé pour les circonstances pour rappeler à tout le monde que je suis de la famille Malefoy, mais au fond de moi, j'ai changé. Le Lord noir, les mangemorts, toute cette haine contre les sangs de bourbe … je m'en suis débarrassé. Et ça, je l'ai compris quand c'était déjà trop tard. Quand Voldemort avait déjà posé le poids de mon destin sur mes épaules et que je ne pouvais plus m'en débarrasser sans mourir.

Je déglutis. Un peu difficilement. Robin va terminer son discours. Il se dirige vers son bureau pour récupérer son carton. Je vois Easter qui le suit de près. Il veut sans doute son bureau lui aussi.

- Bonne retraite, mon vieux, dis-je à Robin avec une claque dans le dos.

Robin semble un peu surpris mais me sourit chaleureusement.

- Merci beaucoup, Malefoy. Je reviendrai de temps en temps faire un petit coucou aux collègues.

Il soulève son carton et une seconde je crois qu'il va s'écrouler par terre. Il tient finalement le choc, à ma grande surprise. Robin s'éloigne et Easter se précipite sur le bureau. Je sors le triangle à mon nom et le pose bruyamment sur le bureau, à la barbe et au nez de Easter qui, surpris, sursaute.

- Désolé, Easter. La prochaine fois, il faudra être plus rapide, dis-je avec un sourire froid.

Je n'ai jamais aimé ce mec. C'est un gros mec qui fait une fixation sur toutes les filles qu'il croise. Et il est hors de question qu'il nourrisse une obsession malsaine pour Granger. Il était trop dégoutant pour cela. Il y avait quelque chose de bizarre qui émanait de cet homme. Ce n'était pas pour rien qu'il n'avait pas d'ami dans le bureau. Tout le monde l'évitait comme la peste. Moi, je n'en ai rien à faire de ce gars. Je me moque de lui allègrement et c'est bien le seul dont je peux me moquer sans qu'on me fasse la moindre réflexion sur ma méchanceté. Tout le monde le déteste. Mais Hermione elle, me destine toujours un regard froid quand j'agis de la sorte.

Elle, qui est assise à l'angle de son bureau, soupire, l'air soulagé.

- Tu vois, je t'ai sauvé de l'autre pervers d'Easter, je lui dis avec petit sourire.

- Toi à la place d'Easter… Je ne suis pas sûre de gagner au change, me répond-t-elle avec un léger sourire qui se dissipa presque aussitôt.

Mais je n'ai pas besoin de plus pour que mon cœur explose de bons sentiments. Je n'ai pas besoin de plus pour que ça fasse ma soirée, que dis-je, ma semaine et même l'année. Granger ne m'a jamais souri. Pas à moi. Je l'ai vu sourire un million de fois, mais jamais ce sourire ne m'était destiné. Alors même si cela n'avait duré qu'une seconde et que ça avait été accompagné d'une comparaison assez douteuse avec un pervers, je l'acceptai. C'était mieux que rien. Elle ne semblait pas si dégoutée de m'avoir en face d'elle pour les prochaines années.

- A demain alors, Malefoy.

- A demain, Granger.

J'ai du mal à dissimuler mon sourire, mais elle ne semble rien remarquer.

- Alors c'est pour ça que tu tenais à assister au départ de Robin ? Pour lui prendre son bureau. T'es vraiment un sale traitre de me laisser tout seul au fond. Tout ça pour Granger, me dit-il avec un sourire moqueur.

- Ta gueule, Zabini. Granger n'a rien à voir avec ça. Ce bureau est bien plus proche de celui du chef.

- Pas à moi, Malefoy.

Il enfile sa veste et me regarde toujours avec cet air goguenard que j'ai envie de lui enlever, cet air qui veut dire « je sais tout et tu ne pourras pas m'en faire démordre ».

- Ne t'inquiète pas, Malefoy. Je ne t'en veux pas. Tout le monde tombe sous le charme de la belle Hermione Granger.

Je ne réponds rien, les dents serrées. Si je veux que Zabini arrête ses allusions, j'ai plutôt intérêt à jouer au mort. Si Granger apprend pourquoi je convoitais tant ce bureau, ce que je ressens pour elle depuis si longtemps, elle ne tarderait pas à déguerpir et à m'éviter plus que tout. Granger est la personne la plus droite que je connaisse. Et si je suis sûr d'une chose, c'est qu'elle mettra plus de distance entre nous qu'elle ne le faisait déjà par respect pour Weasmoche.

Cet abruti rouquin est le seul à avoir sa place dans le cœur de Hermione, le seul à partager son lit et moi, j'en suis jaloux. Maladivement jaloux. Ce putain de rouquin ne se doute pas de la chance qu'il avait, il ne l'aime pas à sa juste valeur. J'en suis sûr et certain. Il ne l'aime pas comme moi je l'aime, pas autant. Rien que pour cela, il ne la mérite pas.

Mais lui, c'est un Gryffondor, courageux si on peut dire ça. Moi je suis persuadé qu'il ne se rend simplement pas compte des risques qu'il prend. Il n'y a plus de courage quand il n'y a pas de peur. Et lui, il est bien trop stupide pour avoir peur de quoi que ce soit. Lui, même si c'est un rouquin, qu'il manque de classe et de délicatesse, qu'il ne fait pas attention à Hermione Granger, il a le mérite de faire partie du trio d'or. Alors il vaut bien 15 fois plus que moi, j'imagine.

Ça fait 5 ans que je bosse au département de la justice magique et que mes exploits font le tour de tous les services, mais on commence à peine à ne plus me regarder avec effroi et à changer de côté dans les couloirs quand on me croise. Alors que Hermione Granger m'apprécie plus qu'un Weasley… on n'y est pas encore. On n'y sera jamais.

Pourquoi je dois penser à ça alors qu'aujourd'hui est une belle journée ? J'enfile ma veste et je me dirige vers l'ascenseur. Je vois Granger à l'intérieur. Elle a dû rencontrer quelqu'un dans les couloirs, autrement elle serait déjà loin. La chance me sourit. Je rentre à l'intérieur, mais cette fois, il n'y a personne dans l'ascenseur. Je n'ai pas d'excuse pour me retrouver trop proche d'elle alors je vais au fond de l'ascenseur, sans un mot. Dommage. A peine l'ascenseur parti, il s'arrête à nouveau. Weasley et Potter entrent à l'intérieur. C'est bien ma veine.

Weasley me destine un regard froid et Potter un vague signe de tête. Après qu'il ait témoigné à mon procès, on a eu une relation cordiale. Nous ne serons jamais amis, mais si on ne se saute pas dessus pour se battre dans l'ascenseur, c'est déjà un bon début. Chacun d'eux encadre Granger. Weasley n'adresse pas un mot à Granger, tandis que Harry semble mal à l'aise. Même de dos, je peux le voir. Il a une façon de se dandiner bizarre et maintenant que nous sommes quatre dans l'ascenseur, je constate que l'ambiance est particulièrement tendue, la tension à son comble.

- Tu as pu consulter le dossier que je t'ai fait envoyer ? demande finalement Potter, au comble du malaise.

- Oui, je te l'ai fait renvoyer cet après-midi, Harry, dit-elle sèchement.

Nouveau silence. Est-ce qu'il y aurait des tensions au sein du trio d'or ? Et plus particulièrement entre Weasley et Granger ? Je n'en demande pas tant, mais maintenant, je me prends à espérer. Je sais bien que je n'ai aucune chance de draguer Granger, mais si au moins elle pouvait être seule, ma jalousie ne m'empêcherait pas de dormir le soir. Parce que, putain, que ça me dégoute de savoir qu'il peut la toucher.

On arrive enfin et la voix de l'ascenseur annonce :

- Ministère de la magie, hall du ministère.

Et même moi je suis soulagé de sortir de ce foutu ascenseur. Granger et ses amis se dirigent vers une cheminée, moi vers celle en face. Je croise son regard. Il n'exprime rien. Pas de rancœur, pas de haine, du moins pas pour moi. Je crois qu'elle est trop occupée à penser à ses autres problèmes. Elle disparait dans le feu verdâtre de l'antre et j'en fais de même, rejoignant la froideur du Manoir Malefoy.

C'était une journée bien remplie. A vrai dire, il ne s'était pas passé grand-chose à proprement parler, mais Granger m'a souri, j'ai obtenu le bureau jumeau au sien et il semblait qu'il y avait de l'eau dans le gaz dans le trio d'or. Demain, je vais me renseigner auprès de Zabini. Celui-là, il est toujours fourré dans les messes basses du ministère. C'était déjà le cas à Poudlard. S'il y avait quelque chose qui n'allait pas entre Granger et Weasley, celui qui serait susceptible de le savoir, c'était lui.

J'ai vraiment essayé d'effacer cet air réjoui de mon visage le lendemain matin. Un Malefoy était parfaitement impassible et là, c'était loin d'être le cas. Je mets ma plus belle chemise – noire – et enfile ma veste. Il était tant que j'y aille si je voulais la croiser dans l'ascenseur. Le matin, c'est toujours là que l'ascenseur est plein à craquer. J'ai mes chances de l'approcher.

- Je suis vraiment un pauvre malade, je soupire à moi-même.

Pour autant, je ne change pas mes habitudes.

Et ça ne rate pas. Elle est juste à côté de moi, attendant que l'ascenseur arrive. Elle semble plongée dans ses pensées et je ne suis même pas sûr qu'elle m'ait remarqué. Je la laisse passer devant moi pour entrer dans le petit compartiment qui est vide pour le moment. On se retrouve acculé au fond de l'ascenseur, poussé par ceux qui tentaient d'entrer à l'avant. Je sens sa poitrine contre mon torse et je prie pour qu'il n'y ait pas un organe bien particulier qui réagisse.

- Ministère de la magie, 72ème étage, département de la justice magique.

- Pourquoi faut-il toujours que je sois à côté de toi quand l'ascenseur est plein à craquer ? marmonne-t-elle en sortant de l'habitacle avec peine.

Je retiens difficilement mon sourire. Si elle savait. Elle partirait probablement en courant et je peux la comprendre.

- Tu as l'air d'excellente humeur, Granger.

Elle m'adresse un faux sourire avant de presser le pas pour mettre de la distance entre elle et moi. De toute façon, je vais me retrouver à un mètre d'elle dans quelques minutes. Je vais pouvoir me languir de son visage si harmonieux, de ses cheveux si magnifiques. Je n'aurais plus à me contenter d'une vague pause cigarette pour la contempler.

Il me faut bien dix minutes pour déménager l'intégralité de mes affaires devant le sourire conspirationniste de Zabini. Je ne fais pas le moindre commentaire de peur qu'il parle un peu trop fort et que les autres puissent entendre ses folles théories. C'est avec soin que je range mes affaires dans mes nouveaux tiroirs et disposent mes plumes sur le bureau. Je la vois qui me regarde faire du coin de l'œil. J'étais passé maitre dans l'art d'observer sans être vu.

Elle a l'air préoccupé. Je crève d'envie de lui demander ce qui ne va pas, en espérant que la réponse soit « je déteste Ron Weasley et je t'aime toi ». Evidemment, tel ne serait pas le cas mais cela ne change pas le fait que j'ai envie de savoir ce qui se passe dans la tête de la belle Gryffondor.

- Granger, tu aurais le dossier 403-62-526-890 ?

Elle farfouille dans ses dossiers parfaitement rangé une seconde et me tend une chemise pas bien épaisse.

- C'est tout ce que tu as ?

- Si tu n'es pas content, tu n'as qu'à le faire toi-même, Malefoy.

- Ce n'était qu'une simple question, je me défends.

- Désolée, Malefoy, dit-elle finalement en posant brusquement sa plume. Je n'ai pas à passer mes humeurs sur toi.

Je n'en attendais pas tant. Je hoche de la tête, un peu raide, sans trop savoir quoi dire. Lorsqu'elle me parle, je sens mes mains devenir moites, mon cœur s'emballer et tous les mots que je manie si bien d'habitude s'échappent de mon esprit. C'est l'effet qu'elle a sur moi, un total blackout. Jamais une fille m'a mis dans un tel état.

La conversation s'éteint après avoir duré l'espace de quelques secondes. Je l'observe parfois entre deux dossiers. Elle est si concentrée sur son travail qu'elle ne me remarque pas. C'est là que je reconnais le rat de bibliothèque de Poudlard. Le bon vieux temps de Poudlard. Quand chacun de nous était innocent.

L'innocence s'est évaporée avec la guerre ne laissant que des âmes noircies et douloureuses. Il ne reste plus rien des rires, des conversations dans les couloirs et des rivalités stupides entre maisons. Tout ça a laissé la place à la peur de mourir, la peur d'avoir fait les mauvais choix, celle de ne plus jamais entrapercevoir la lumière dans la noirceur de la guerre. Même lorsque la guerre fut terminée, la peur est restée. La peur de sortir de chez soi, la peur qu'on nous révèle que Voldemort était finalement de retour, plus puissant que jamais. Toute cette peur s'est transformée en rancœur. Notre jeunesse a été gâchée et nous ne sommes plus que ça : colère, rage, rancœur. Parce que c'est ce qui nous a fait tenir pendant la guerre. On était si jeune.

Chacun porte les cicatrices de la guerre, invisibles mais plus douloureuses que n'importe quelle marque visible. Ça vaut pour moi, mais aussi pour Granger. Elle est toujours aussi souriante qu'au temps de Poudlard, toujours si consciencieuse et accro aux livres, éternelle miss je sais tout, mais il y a une sorte d'ombre qui voile son regard. Qui voilait tous les regards de ceux qui ont plongé au cœur de la guerre. Et personne n'avait été plus touché que Hermione Granger, Ron Weasley, Harry Potter et moi-même.

Je relève la tête alors qu'Easter vient harceler Granger pour la troisième fois depuis ce matin. Il me tape sur les nerfs d'une force que peu peuvent imaginer. J'ai envie de lui arracher la tête alors que Granger n'ose pas trop l'envoyer bouler.

- On pourrait aller prendre un café ? dit-il avec son sourire sale qui me dégoute.

- Non, je ne peux pas, j'ai encore beaucoup de boulot.

- Juste cinq minutes, insiste-t-il.

- Non, je…

La voix de Granger se perd dans des bafouillements et je m'affale dans le fond de mon fauteuil.

- T'as pas compris, Easter ? Tu dégages et tu lui fous la paix. Vieux pervers.

- De quoi tu te mêles, Malefoy ? réplique lamentablement Easter, tout rouge.

- Dégage, je répète en me levant de mon fauteuil. Elle ne veut pas de toi. Va mater les filles aux toilettes comme tu as l'habitude de le faire et fiche-lui la paix.

Easter se confond en marmonnements sans queue ni tête et s'éloigne. Je me rassois dans mon fauteuil et passe une main dans mes cheveux pour les ordonner.

- Tu n'étais pas obligé, bredouille Granger.

La voir dans un tel état de malaise, un peu chamboulée me fait du mal. Elle plus que n'importe qui mérite le bonheur et la paix.

- C'est un pervers. Il faut qu'il foute la paix aux filles. Je ne comprends pas que le chef ne l'ait pas déjà viré.

Ma voix n'avait été qu'un grondement et une seconde, j'ai peur d'avoir effrayé Granger. Pourtant, elle ne semble pas en faire fi. Elle me regarde. Sans le mépris habituel et mon cœur s'apaise un peu. Elle semble pensive l'espace de quelques secondes avant de m'adresser un vague sourire rapide et se replonger dans son dossier. J'essaie de faire de même mais je suis en ébullition alors qu'Easter me reste en tête.

- Dis, Malefoy, me demande-t-elle alors me faisant lever la tête. Il mate vraiment les filles aux toilettes ?

Elle s'était un peu redressée pour murmurer par-dessus son bureau, espérant que personne ne l'entende.

- A ce qu'il parait, je réponds avec un haussement d'épaule. J'ai reçu quelques plaintes que j'ai transmise au chef, mais il n'a visiblement pas réagi.

- Quel malade, murmure Granger. C'est vraiment un pervers alors.

Elle a les yeux ronds. J'y aperçois l'innocence qui nous a quitté il y a si longtemps de cela. Mon cœur gonfle et je détourne le regard. Putain, que je l'aime. J'aimerais le hurler sur tous les toits, j'aimerais qu'elle puisse me rendre cet amour, qu'elle puisse me pardonner toutes les horreurs que j'ai pu lui faire subir. J'aimerais simplement pouvoir passer le restant de ma vie avec elle.

Mais ça ne se passerait jamais. Parce que j'ai ruiné les quelques années de paix qu'elle aurait pu passer à Poudlard en lui rappelant toujours son statut de sang de bourbe. Parce que j'ai été lâche et j'ai provoqué la mort de Dumbledore, unique protecteur de Potter et par conséquent, Granger. Parce que je l'ai laissé se faire torturer par Bella, incapable d'agir. Parce que je n'ai été qu'un lâche bien trop longtemps.

Elle ne m'adressa plus la parole de toute la journée. Granger ne m'appréciait pas et je me retrouvais confronter à son indifférence, bien plus difficile à supporter alors que je n'étais qu'à quelques dizaines de centimètres d'elle. Je n'existais pas à ses yeux. Je n'étais que le Malefoy qu'elle avait toujours détesté. Le Malefoy qui ne valait pas la peine qu'elle apprenne à le connaitre.

Granger était si gentille, si enjouée qu'elle cherchait toujours à connaitre quiconque apparaissait dans son entourage. Sauf moi. Moi, je n'avais le droit à aucune question sur mon weekend, mes passions, mon ressenti. Je n'avais le droit qu'à un vague bonjour lorsqu'elle arrive au bureau et que j'y suis déjà.

Elle va souvent discuter avec Patty, la secrétaire. Elles sont très copines toutes les deux d'après ce que j'ai compris. Je les vois qui pouffe et au fond, ça me suffit. J'aime la voir rire. J'ai l'impression que je n'ai pas complètement détruit sa vie avec mes conneries à Poudlard.

Granger part en pause-café et moi, j'hésite une seconde. C'est un peu étrange de partir au même moment qu'elle maintenant que je suis sur le même bureau qu'elle. Comme répondant à mes prières, Zabini vient à ma rencontre et me désigne la porte du menton. Il a un café à la main et une clope entre deux doigts qui attend d'être allumé. L'excuse parfaite.

Je vérifie que j'ai mon paquet dans ma veste et le suit. Granger rejoint le même ascenseur que nous. Elle est bientôt rejointe par Lovegood qui ne travaille pas au ministère mais qui doit être venu lui faire un petit coucou.

- Ministère de la magie, 186ème étage, le toit.

On rejoint notre muret habituel et je ne quitte pas Granger du regard. Quand elle est avec ses amis, elle ne me remarque jamais. Ou presque. Je croise son regard et j'allume ma cigarette pour reporter mes yeux sur Zabini qui boit son café à grande lampée.

- Arrête tes conneries, Malefoy. Elle n'est pas faite pour toi, cette fille.

- Tu crois que je ne le sais pas, je dis entre mes dents.

L'entendre dire à voix haute, c'est encore plus dur. Je sais que je ne l'aurais jamais, mais j'ai l'impression que je ne pourrais jamais aimer quiconque d'autre. Toutes les autres filles sont d'un intérêt bien pâle à côté de la belle Gryffondor. J'ai une boule dans la gorge, mais je n'en dis rien. C'est comme ça entre Serpentard, on ne dit pas vraiment ce qu'on ressent, ni ce qu'on pense. On se protège car on sait que n'importe qui pourrait nous trahir en profitant de nos faiblesses. Y compris nos amis les plus proches.

- Quand je suis parti hier, je suis tombé avec elle, Potter et Weasley dans l'ascenseur. L'ambiance était tendue.

Zabini hoche de la tête en portant son regard sur Hermione Granger. Tous les deux assis sur le muret à fumer, observant une fille, on devait avoir l'air bien bizarre de l'extérieur.

- Il parait que ça ne va pas trop avec le rouquin.

- Pourquoi ?

Je crois que je n'ai pas réussi à dissimuler l'empressement dans ma voix, mais Zabini n'a pas l'air de s'en préoccuper.

- Il l'a trompée.

J'en aurais recraché mon café si j'en avais. Je regarde Zabini, interdit qui ne semble pas si ému que cela.

- Tu rigoles ?

Je suis complètement ahuri. Qui pourrait tromper la belle Hermione Granger ? Elle est une femme forte et indépendante, de celles qu'on ne trahit pas. Je ressens la colère qui gronde dans mon ventre. J'avais raison. Weasley ne la méritait pas. Il lui avait fait du mal.

- Pas du tout, dit Zabini en écrasant sa cigarette contre le muret et en allumant une autre.

- Comment tu le sais ?

- J'ai mes sources, dit-il avec un sourire en coin.

Je n'insiste pas. Je sais qu'il ne me le dira pas. Zabini a toujours été un peu secret, même plus jeune. Après tout, j'ai aussi mes secrets. Je ne peux pas lui réclamer une honnêteté parfaite. Le silence retombe, chacun plongé dans ses pensées. A ce même moment, Potter passe la porte. Son regard se promène et se pose sur moi, puis sur Zabini. Je crois y voir un minuscule sourire mais presque aussitôt, il rejoint Hermione.

Il ne tarde pas, puisque Hermione Granger reprend la direction du bureau. Je me lève et la suit, tout comme Zabini. Comme presque à chaque instant de la journée, l'ascenseur est blindé. Je passe juste derrière Granger et me retrouve devant elle. Je peux sentir le parfum de ses cheveux alors que je sens l'épaule de Zabini contre moi. Il est grand et dépasse bien d'une bonne tête et demi Potter qui redresse ses lunettes sur son nez, l'air mal à l'aise d'être coincé avec deux anciens camarades de Serpentard. Il regarde Granger, quelque chose de bizarre dans ses yeux verts. Je ne m'y attarde pas, profitant de cet instant avec Granger.

Il fait chaud dans le ministère, particulièrement dans les ascenseurs bondés qui le parcourent, pourtant j'ai toujours la sensation d'avoir froid jusqu'à ce que je sois réchauffé par le contact, aussi bref soit-il, de Granger contre moi. C'est comme si le sang circulait à nouveau dans mes doigts, que mon cœur n'était plus si figé.

- Malefoy ! Tu bouges ?

Je sors de mes rêveries. L'ascenseur s'est arrêté à notre étage. Zabini s'est déjà glissé à l'extérieur et Granger me regarde avec impatience.

- Excuse-moi, dis-je entre mes dents.

Je me fraye un chemin entre les individus entassés de l'ascenseur, Granger se glissant dans mon sillage. Je vais me chercher un café avec Zabini dans le couloir de gauche, tandis que Granger part dans le couloir de droite. Quand je retourne à mon bureau, Granger s'est déjà replongé dans son boulot. J'envoie quelques hiboux pour des affaires importantes, espérant obtenir une réponse rapide sans vraiment y croire. Je vois bien qu'elle est préoccupée à la façon qu'elle a de triturer son col roulé, de soupirer excessivement. Je ne dis rien parce que je sais que ça ne me regarde pas et que ce n'est certainement pas à moi qu'elle a envie d'en parler. Je tends l'oreille alors qu'elle discute avec Patty, les sourcils froncés.

Il n'y avait plus aucun sourire qui ornait ses lèvres, aucun rire qui brisait le silence seulement perturbé par le bruit des plumes grattant les parchemins. Patty semble compatir à son malheur et moi, je crève d'envie de savoir de quoi elles peuvent discuter. L'ignorance me tue. J'agonise lentement alors que j'imagine des scénarii plus horribles les uns que les autres. Je ne peux m'empêcher de penser à Weasley qui trompe Granger. Comment peut-il ?

J'ai envie de lui faire du mal jusqu'à ce qu'il comprenne à quel point Granger mérite mieux que lui, jusqu'à ce qu'il supplie à genoux pour la délivrance. J'ai envie qu'il s'excuse auprès d'elle, qu'il lui dise à quel point il ne la mérite pas. Et par-dessus tout, j'ai envie que Granger l'oubli. Je ne veux pas qu'elle en ait quelque chose à faire de cet imbécile. J'ai envie qu'elle se rappelle qu'elle n'a besoin d'aucun homme pour briller et exceller. Qu'elle est mieux seule qu'avec cet énergumène qui ne lui apporte que de la honte.

Alors c'est ainsi que je passe mes journées. Je l'observe le plus clair de mon temps, cherchant à glaner quelques informations au détour d'un couloir mais Granger ne s'étendait pas beaucoup sur sa vie privée, à mon grand désespoir. Si je suis frustré de ne pas savoir ce qui se trame dans la tête de Hermione Granger, je suis forcé de constater que je suis apaisé depuis qu'elle travaille au bureau en face du mien. La voir toute la journée ne m'aide pas, car je tombe plus amoureux chaque jour de cette fille. Mais j'aime être amoureux d'elle. J'aime la torture qu'elle m'inflige et je ne pourrais m'en passer.

Alors je subis en silence, accueillant la peine et la douleur les bras ouverts. Je vois comme elle reste distante avec moi, ne me parlant que pour m'emprunter une plume ou me demander un dossier, mais ça me va. J'aime entendre le son de sa voix, surtout lorsqu'il m'est destiné. On ne discute jamais comme elle le faisait avec Robin.

Je vois le dédain dans son regard lorsqu'elle me regarde faire mes blagues de mauvais gout aux collègues sous les yeux hilares de Zabini. Personne ne s'était jamais aperçu de nos petites manigances, nous laissant dans notre coin au fond du bureau alors que nous préparions nos plaisanteries sournoisement. A présent, Granger était témoin de cela et elle me jugeait.

Je le sais car je le vois dans ce regard plein de mépris qu'elle me destine quand je piège le tiroir de Spencer ou lorsque je lance un sortilège aux plumes de Darius pour qu'elle se transforme en canard en caoutchouc lorsqu'il les touche.

Je pourrais m'arrêter, car ce regard plein de mépris me fait plus de mal plus que n'importe quoi d'autre, mais je continue car je vois que cela la tire de sa tristesse habituelle. Ses ennuis avec Weasley jouent sur son moral et la voir dans un tel état me fait plus mal encore que cette haine qu'elle me voue.

Alors je continue. Encore et encore. Chaque fois je guette son regard, lui adressant mon sourire le plus fier alors que je redouble d'inventivité pour la distraire.

Ça fait des semaines que je fais cela, et mon travail porte ses fruits. Parfois elle se lève, furibonde pour retirer mes plumes piégées ou me hurler dessus. A présent, sa colère je la reçois presque avec bonheur. Elle ne se doute sans doute pas de mon manège, je le sais bien.

Et parfois la colère laisse place à un sourire qui est mal retenu alors qu'elle me voit réduire la taille de la chaise d'Easter. Je le sais parce qu'elle se cache dans sa main, les sourcils excessivement froncés, mais je le vois à ses yeux rieurs. Le brun de ses yeux s'éclaircit l'espace d'une seconde, et rien ne pourrait me faire plus de bien. Alors mon cœur se gonfle et je crève d'envie de lui dire à quel point je l'aime, à quel point je serais capable de tout pour qu'elle puisse sourire pour l'éternité. Alors chaque fois qu'elle me hurle à quel point je ne suis qu'un abruti avec mes blagues mesquines et stupides, je n'entends qu'un merci. Je l'aime. Je l'aime de toutes mes forces, plus que personne n'a jamais aimé.

Je le sais parce que je pourrais crever pour elle. Et je peux vivre pour elle. Je ne vis que pour son bonheur. Chaque jour, je ne me lève que pour apercevoir son beau visage. Et lorsque je rentre chez moi, je ne suis qu'un pantin sans âme, attendant le sommeil pour mieux recommencer ma journée en sa compagnie encore une fois le lendemain. Elle est tout pour moi. Tout ce que j'ai.

- Malefoy, si tu ne laisses pas Easter tranquille, je te jure que je vais le signaler au chef, dit-elle sèchement.

Je suis en train de jeter un sort de dissimulation au bureau d'Easter lorsqu'elle me parle. Je relève les yeux vers elle. Elle est debout devant moi, les mains sur les hanches, alors que je suis accroupi, dissimulé derrière le bureau pour ne pas être remarqué. Elle me juge de toute sa hauteur.

- Ne fais pas l'innocente, Granger, je ricane. Je sais très bien que tu adores mes blagues.

Un sourire en coin, le regard joueur, je sais que je n'affiche plus mon éternelle froideur en sa présence. Je ne sais pas si elle l'a remarqué. En tout cas, elle semble moins me mépriser qu'autrefois. En fait, j'ai l'impression qu'elle cherche surtout à éviter aux autres mes bêtises, me hurlant dessus, abandonnant l'habituelle indifférence et le seul mépris de son regard à propos de ma personne.

- Ce que tu fais, c'est méchant, Drago, dit-elle avec un froncement de sourcils.

Mon cœur explose en milliers de morceaux alors que mon prénom sort de sa bouche pour la première fois. Sa voix si douce et vive à la fois, prononce mon prénom d'une façon si différente. Ce prénom si froid, si pompeux semble presque chaleureux et humain dans sa bouche.

- - Je… Ok. Je le laisse tranquille alors.

Je passe une main dans mes cheveux, les lissant un peu. Je suis complètement décontenancé. Tout ce travail que j'avais fait sur moi-même pour apprendre à me contrôler en sa présence, à ne plus perdre mes mots, il était réduit à néant et elle ne s'en rendait même pas compte.

- Vraiment ? dit-elle, un peu surprise par mon abandon si rapide.

- Tu as raison. J'en suis à ma troisième blague du mois pour Easter. Je reprendrais le mois prochain.

Elle cligne des yeux. Son regard brun exprime la surprise.

- Tu veux un café ? Je vais m'en chercher un, dis-je.

J'avais besoin de m'éloigner d'elle au plus vite pour réussir à reprendre mes esprits, ne serait-ce que l'espace de quelques minutes. C'est tout ce dont j'avais besoin pour réussir à me remettre les idées en place et agir correctement face à elle.

- Merci beaucoup, dit-elle plus surprise encore que je lui propose. Café noir, sans sucre.

Je hoche de la tête et je disparais rapidement du bureau. Je n'ai jamais été si heureux que la machine à café soit si loin de notre département. La cafétéria est déserte et je soupire de soulagement. J'avais besoin d'être seul.

Cet endroit est extrêmement calme comparé au bourdonnement constant du département de la justice magique. Je m'appuie contre la machine alors qu'elle bip, indiquant que le café coule dans le gobelet.

Granger.

Comment peut-elle me faire un tel effet ?

Je ferme les yeux une seconde, respirant profondément. Je reste bien cinq minutes ainsi, profitant de ce moment. Je prends les deux cafés, grimaçant alors que les gobelets de plastique sont trop chauds. Lorsque j'arrive au bureau, je manque de lâcher les deux cafés. Ron Weasley est là. Granger est toujours assise à son bureau. Elle semble très mal à l'aise que Weasley soit là.

Il était tout rouge, visiblement en colère. Il faisait de grands gestes et il semblait faire des efforts pour ne pas hurler au milieu du bureau. Je dois me retenir de toutes mes forces pour ne pas me ruer sur lui et le frapper. Jamais je n'ai vu Granger dans un tel état. Je n'entends pas ce qu'elle dit, mais je vois ses lèvres bouger. Je suis sûr qu'elle exhorte le rouquin à parler moins fort. Je n'y vais pas car je sais que je ne ferais qu'empirer la situation et elle n'a pas besoin de ça. Alors je reste là, derrière la porte observant la scène d'un mauvais œil. Si je pouvais, je lui ferais suffisamment de mal pour qu'il ne parle plus jamais ainsi à Granger. La tête penchée sur son bureau, elle observe la réaction de ses collègues qui ne semblent pas prêtés attention à la scène. Moi, je sais très bien qu'ils écoutent tous.

Elle m'aperçoit derrière la porte et croise mon regard. Elle me fixe plusieurs secondes et moi je ne lâche pas son regard. Parce que c'est tout ce que je peux faire pour la soutenir. Je désigne Weasley du regard et elle hoche doucement de la tête en signe de « non ». Elle ne veut pas que j'intervienne. Et ça me tue. Alors je ne bouge pas. Parce qu'elle me l'a demandé.

Il se penche brusquement sur elle, au point de la faire sursauter. Il est plus rouge que jamais. Je ne l'ai jamais vu dans un tel état de fureur. Dans mes souvenirs, Weasley n'était pas si terrifiant. Il y avait quelque chose d'étrange qui émanait du dernier des garçons de la famille Weasley.

Cette fois, je n'y tiens plus. Je passe la porte à grands pas et rejoint mon bureau. Je tire ma chaise bruyamment et pose les deux gobelets à côté de mes plumes. Je m'assois sans la moindre délicatesse et Weasley semble sortir de sa transe. Son regard furibond se pose sur moi avec surprise.

- Weasley.

J'étais froid, glacial. J'emploie encore à merveille ce ton qui vous fait sentir comme une pauvre merde, plein de suffisance et de dédain. Weasley revient à la réalité, se redressant en observant autour de lui. Il a l'air satisfait que personne ne les regarde. Ils le font exprès, espèce d'imbécile. Il n'y a que toi qui es assez stupide pour croire qu'ils n'ont vraiment rien remarqué.

- Nous verrons ça à la maison. Ce soir.

Son ton me donnait envie de dégueuler. Comment peut-elle être séduite avec ce gros porc ?

Il tourne les talons et je tends le café de Granger par-dessus nos bureaux. Elle l'attrape d'une main tremblante, mais je fais semblant de ne rien remarquer. Je n'ose même pas lever les yeux vers elle. Je ne veux pas qu'elle voit la colère qui brûle dans mon regard. Je ne veux pas qu'elle voit l'effet que ça me fait quand j'aperçois Weasley la traiter ainsi.

- Merci, souffle-t-elle en prenant son café.

Je ne sais pas si elle me remercie pour l'avoir débarrassé de Weasley ou pour le café. Je décide que ce sera pour le café.

- Pas de quoi, dis-je un peu rudement.

Le silence retombe. Mais c'est un silence lourd. Personne ne discute dans le bureau et c'est assez inhabituel. Granger se sent toujours mal à l'aise, je le vois. Elle n'ose pas lever les yeux de son dossier. Moi, j'essaie de faire comme si de rien n'était mais la colère gronde toujours en moi.

- Il n'est pas toujours comme ça, tu sais, dit-elle à demi voix.

Elle a parlé si bas que je pense l'avoir imaginé une seconde. Je relève la tête et croise son regard. J'y lis comme de la peur. Pourquoi a-t-elle peur de moi ? Je ne lui ai rien fait. Je ne l'ai jamais touché, je ne lui ai jamais hurlé dessus comme le faisait son « fiancé ».

- C'est moi que tu essaies de convaincre, Granger ? Ou toi ?

Pourquoi le préciser s'il n'était pas toujours comme ça ? Son regard flanche et j'ai l'impression que ses yeux sont un peu mouillés.

- Je ne sais pas quand ça a dégénéré, dit-elle en se prenant la tête entre les mains. Tout devait se passer parfaitement. Nous étions faits l'un pour l'autre.

Mon cœur s'effrite peu à peu alors qu'elle m'explique comme ils étaient des âmes sœurs.

- L'amour n'est pas toujours là où on l'attend, Granger.

Cette fois, c'était ma voix qui n'avait été qu'un vague murmure. Il n'y avait rien de plus vrai que cela. Moi je l'aimais. Je l'aime de tout mon cœur et rien ne m'y destinait. Tout comme elle aime Ron Weasley, alors que rien ne l'y destinait. Il est bourru, pas du tout intelligent, pas si beau que cela. La force du destin a fait que Hermione Granger est tombée amoureuse de Ron Weasley.

- Et là où il y a eu de l'amour, il n'y en a pas forcément pour toujours.

Granger me dévisage un long moment en silence. Je détourne le regard avant et elle, et honnêtement, je ne sais pas quand est-ce qu'elle a arrêté de me regarder de cette façon. Elle boit son café qui a refroidi. Elle semble pensive et moi je ne lui demande pas ce qui se passe dans sa tête de je sais tout.

Le lendemain, elle semble plus déterminée que jamais quoiqu'un peu triste parfois. Elle a des chutes de moral brusque au milieu de la journée sans que je ne comprenne vraiment pour quoi. Je ne pose pas de questions. Je demanderai à Zabini. Ce qui est certain, c'est qu'elle est d'une humeur massacrante. Et pas qu'avec moi. Easter reçut une soufflante impressionnante qui m'impressionna. Je déserte mon bureau alors que j'ai manqué de recevoir trois fois une plume dans l'œil du fait d'une Granger remontée au possible. Je rejoins le bureau de Zabini et m'y assoit.

- Putain, dégage, Malefoy, proteste-t-il.

J'ai éparpillé ses plumes et chiffonné quelques parchemins mais je n'en ai pas grand-chose à faire. Je regarde Granger du coin de l'œil, la surveillant toujours un peu.

Elle est d'une humeur terrible, je soupire.

J'attrape l'une des balles anti-stress de Zabini qui tente de remettre de l'ordre sur son bureau en me bousculant.

- J'imagine que sa discussion avec Weasley s'est mal passée hier soir, marmonne Zabini.

- Comment tu sais ça, toi ? je réplique aussitôt en détournant le regard de la Gryffondor. Tu es bien trop loin pour avoir entendu ce qu'a dit Weasley.

- Je te l'ai dit, j'ai mes sources. Casse-toi de mon bureau, Malefoy.

- Et que s'est-il dit entre les deux hier soir ? je m'impatiente.

- Je n'en sais rien !

Zabini me bouscule et je consens à me lever.

- Alors renseigne-toi, Zabini ! Je veux tout savoir pour notre prochaine pause-café.

Je lui adresse mon sourire le plus machiavélique et il roule des yeux. Je ricane et rejoins la machine à café. Je récupère deux cafés et retourne à mon bureau. Granger relève les yeux vers moi, courroucée. Je sais qu'elle cherche la moindre opportunité pour me hurler dessus et je lui tends un café en gage de paix.

- Pour que tu arrêtes de me hurler dessus le temps d'une petite heure, Granger. Deal ?

Elle me fusille du regard mais soupire avec un sourire.

- Je vais essayer, dit-elle en retenant du mieux qu'elle peut son sourire.

Putain ce que j'aime voir ce sourire, celui qui m'est destiné. Je crois que j'aime encore plus son sourire lorsqu'elle le retient parce qu'elle ne veut pas assumer qu'elle me trouve drôle. Peut-être même qu'elle m'apprécie un peu. Peut-être.

Elle réussit à tenir sa promesse. Elle ne me hurle pas dessus, ni sur quiconque, se concentrant du mieux qu'elle pouvait sur son dossier. Zabini me fait signe qu'il part en pause déjeuner et je hoche de la tête. Nous ne mangerons pas ensemble ce midi. Il va sans doute aller glaner quelques informations pour moi. Je vais devoir manger seul ce midi. Tant pis.

Je rejoins la cafétéria en même temps que tout le monde. Installé à un bout de table, j'observe Granger qui se sert une assiette de brocolis. Je la vois qui s'installe à une table seule, Weasley ne tarde pas à prendre sa pause déjeuner à son tour. Il travaille au département des aurors mais cela ne l'empêche pas de venir manger au 72ème étage. Pour manger avec Granger, j'en suis certain.

Il cherche Granger du regard alors qu'elle ne l'a pas encore remarqué. Lui, il l'a vu. Il la rejoint et je vois la jolie Gryffondor se tendre. Elle affiche un air impassible mais je peux sentir d'ici qu'elle est loin de l'indifférence qu'elle essaie d'afficher. Je mordille ma cuiller alors que je les observe. Elle se brise sous mes dents alors que Weasley attrape la main de Granger sur la table. Elle retire sa main presque aussitôt, comme brûlée. La tension semble à son comble à leur table. Potter arrive à la rescousse, s'asseyant avec ses amis. Weasley semble décolérer presque instantanément. La présence de son ami le calme, ou alors il ne veut pas montrer à Potter à quel point il est un être dégoutant. Potter ne semble se rendre compte de rien, commençant déjà à discuter. Je ne les vois plus une seconde alors que Zabini vient d'apparaitre devant moi. Il s'assoit et je tends le cou pour apercevoir à nouveau le trio d'or. Granger semble faire un effort pour maintenir une conversation civilisée avec Potter, mais Weasley lui est plongé dans un mutisme buté.

- Zabini. Aurais-tu quelques informations pour moi ?

J'ai déjà fini de manger mon plat, mais je veux bien rester avec Zabini s'il a quelque chose à me donner en échange.

- Peut-être. Il semblerait que Weasley soit arrivé en pleurs chez Potter hier soir. Granger l'aurait largué.

Mon cœur fait un bond dans ma poitrine et je me penche vers Zabini. Je n'en demandai pas tant. Elle avait largué Weasley, je peine à le croire. Granger était du genre à croire au grand amour, ça, j'en suis certain. Alors qu'elle largue son amour d'enfance, c'est une surprise. Après tout, si Weasley l'a trompé, je peux le comprendre. Je l'encourage même. Elle mérite bien mieux que ça.

- Largué ? T'es sûr ?

- Plutôt sûr, dit-il avec un regard entendu. Weasley a du mal à l'accepter, mais il devra s'y faire. Elle est plutôt sûre d'elle, il parait. C'est ce qui se dit.

Je crève d'envie de lui demander d'où viennent ces informations mais je ne le fais pas. Si je me montre trop insistant, Zabini ne voudra plus rien me dire.

- Merci beaucoup, Zabini. J'essaierais de ne pas oublier ta date d'anniversaire cette année, je concède en remerciement.

- Ne te donne pas trop de mal surtout, ironise Zabini.

Mais je suis déjà parti alors que je vois Granger s'éloigner avec Potter. Weasley lui n'a pas bougé. Potter quitte rapidement Granger et elle prend la direction de l'ascenseur. Un gobelet de café à la main, elle rejoint certainement le carré de pause sur le toit. Je la suis, sortant une cigarette de mon manteau et la portant à mes lèvres. Je fouille mes poches et finit par y trouver mon briquet.

- Tu ne devrais pas fumer, Malefoy, dit-elle en m'observant. C'est mauvais pour la santé.

Je crois que c'est l'une des premières fois où elle m'adresse la parole par elle-même en dehors du bureau. Je suis un peu surpris. Je retire la cigarette d'entre mes lèvres pour lui répondre.

- Tu t'inquiètes pour ma santé maintenant, Granger ?

Elle hausse des épaules. J'appuie sur le bouton de l'ascenseur qui nous emmènera au dernier étage. Il n'y a personne dans l'ascenseur. Juste nous deux. Il faut dire qu'elle a mangé à toute vitesse et moi aussi pour être sûr de pouvoir la suivre.

- Ça a été avec Weasley ?

Je prends un risque en lui posant la question. Elle et moi, on ne discute jamais de choses personnelles. Elle parce que ça ne l'intéresse certainement pas de savoir ce qui se passe dans ma vie et qu'elle n'a pas non plus envie d'étaler sa vie auprès de son ennemi de toujours. Moi, parce que j'ai toujours peur qu'elle se braque et qu'elle se rappelle qu'elle me déteste. Mais aujourd'hui, je me sens prêt à prendre ce risque. Parce que quand je vois la triste, je n'ai qu'une envie, la prendre dans mes bras et lui dire à quel point elle mérite que la vie soit belle pour elle. J'ai envie de lui dire tout ce qui pourrait la réconforter. Alors je ne tiens plus, et je lui demande.

- Je vous ai vu à la cantine.

- Tu ferais mieux de te mêler de tes affaires, Malefoy, tu sais.

Sa réponse aurait pu être cinglante si elle ne l'avait pas dit avec un tel épuisement. Elle a la tête basse et j'ai plus envie encore de démonter ce putain de Weasley.

- Je l'ai quitté.

- Oh.

C'est tout ce que j'arrive à dire. J'ai peur qu'elle devine que je me suis déjà renseigné à ce sujet.

- Il m'a trompée.

- Weasley ? Je ne pensais pas que c'était son genre.

- Moi non plus.

Sa voix n'avait été qu'un murmure. L'ascenseur s'arrête et la voix nasillarde de l'ascenseur nous interrompt.

- Ministère de la magie, 186ème étage, le toit.

Le grillage s'écarte pour nous laisser sortir. Il fait froid dehors et le vent est puissant à de telles hauteurs. Il n'y a pas grand monde. Personne de notre bureau en tout cas.

- C'est qu'un con, Granger.

Je sais que je suis maladroit. Ma voix est moins assurée que d'habitude, j'ai le regard un peu fuyant et j'ai l'air mal à l'aise. Elle semble le remarquer, s'asseyant sur le muret à côté de moi, mais elle ne me le fait pas remarquer.

- Il faudrait être fou pour tromper Hermione Granger, pas vrai ?

J'essaie de rire, mais il se transforme en une quinte de toux alors que je manque de m'étouffer avec ma propre salive. Le grand Drago Malefoy n'a pas grand-chose de prestigieux quand il est impressionné par Granger. Je me fais honte.

- Tu n'as jamais trompé aucune de tes copines, toi, un Malefoy ? dit-elle avec un sourire moqueur.

- Si. Mais elle n'était pas toi.

Je me retiens de faire les gros yeux alors que ma pensée m'a échappé à voix haute. Evidemment, il fallait que je fasse une énorme connerie. Je ne pouvais pas bien m'en sortir. A peine avais-je une première vraie conversation avec elle que je lâchais déjà le morceau.

Elle rit un peu et me prend ma cigarette, inspirant une grande bouffée avant de me la rendre. Elle se redresse alors que Patty vient d'arriver sur le toit pour prendre sa pause elle aussi. Granger veut la rejoindre.

- Fais attention, Malefoy. Je pourrais croire que tu es amoureux.

Je ne réponds rien, parce que je suis trop soufflé pour ça. Elle ne pouvait pas taper plus juste. Ce n'était qu'une plaisanterie, mais moi, ça me serrait le cœur. Parce que j'étais amoureux d'elle. De cette fille qui me faisait chavirer chaque fois qu'elle ouvrait la bouche. Chaque fois que je la voyais. Chaque fois que je l'entendais.

Chaque jour, je l'aime un peu plus profondément. C'est la plus douce des tortures. Je ne pense pas pouvoir aimer plus, mais tous les jours, je me rends compte de la supercherie : je l'aimerais toujours plus. Elle semble taillée pour moi. Tout chez elle me plait, tout me rend amoureux. Même ses défauts.

Quand est-ce que je m'en suis rendu compte ? Je crois que c'était en quatrième année, quand elle était venue au bal avec Krum. C'est là que je m'étais rendue compte de sa beauté. Que j'avais compris pourquoi elle m'obsédait tant depuis leur première année. Elle m'attirait comme un moustique avec la lumière. Après ça, je l'avais observé un peu différemment. Je n'étais pas vraiment amoureux, mais elle m'attirait. Chaque jour, un peu plus. Jusqu'à ce que je me languisse d'amour pour cette fille. Jusqu'à ce que je me rende compte ce jour où elle et Potter avaient atterri au manoir, attrapés par des rafleurs que je ne pouvais pas trahir Potter. Parce qu'il était le seul à pouvoir renverser le courant de la guerre. Parce que s'il ne le faisait pas, Granger mourrait. Et ça, je n'aurais pu le permettre.

Je finis ma cigarette en pensant que ses lèvres avaient touché le même filtre que moi. C'est un peu retourné que je rejoins le bureau. J'ai du mal à me concentrer et mon travail s'en fait ressentir. Le chef ne me dit rien. De toute façon, je suis tellement performant – sans me vanter – que j'ai plusieurs semaines d'avance. S'il y a un point où je rejoins Granger, c'est que je fais mon travail méticuleusement. Moi et Granger, on est toujours les derniers à quitter le bureau. Nous sommes aussi les deux meilleurs agents.

Les semaines suivantes, elle ne me parle pas de Wesley. Et moi, je ne relance pas non plus la discussion. Je n'ai pas oublié le fiasco sur le toit. Je ne peux pas prendre le risque qu'elle apprenne ce que je ressens pour elle. L'humeur de Granger s'améliore un peu. Je crois que Weasley lui fiche un peu la paix. Du moins, c'est ce que je croyais.

Le chef nous avait lâché une pile de dossiers monstrueuses sur nos bureaux sous nos yeux, éberlués.

Le département de régulation des créatures magiques vient de nous transférer leurs dossiers. Le stagiaire a oublié de le faire depuis trois semaines, fulminait le chef en coiffant son impressionnante moustache.

Il y a au moins 45 dossiers, j'avais fait remarquer.

Oui, et ce ne sont que les dossiers urgents. Il faut que vous vous en occupiez. Ce soir.

J'avais protesté lourdement, Granger aussi. Elle avait quelque chose de privé ce soir-là d'après ce que j'avais compris, mais le chef était resté intraitable. On devait boucler ces dossiers ce soir avant de partir. Résignés, on s'est mis à la tâche.

Je bosse bien depuis quatre heures et j'en suis à mon douzième dossier. Granger me talonne de près. On ne tient que grâce au café alors que la petite horloge au-dessus de la porte indique 1h17.

- On parie combien qu'il ne nous payera pas nos heures supplémentaires ? je marmonne.

- Je pourrais parier une main. Même les deux, répond Granger.

Elle s'étire de tout son long et je la regarde. Ça fait longtemps que je ne l'ai pas observé de cette façon. Elle m'a rendu moins bizarre, moins inquiétant à la suivre partout. Maintenant qu'elle est face à moi, que j'ai un contact régulier avec elle, je me sens moins obsédé par elle. Du moins, pas obsédé comme avant.

- Tu avais un truc de prévu ce soir ? je demande.

- Evidemment. On est vendredi soir, Drago.

Je frissonne. Il lui arrive de plus en plus souvent de le prononcer. Mon prénom. Et chaque fois, ça ne me laisse pas de marbre.

- Et toi ? demande-t-elle.

- Rien de spécial.

Je n'ai jamais vraiment quelque chose de prévu. La plupart de mes amis étaient morts ou enfermés à Azkaban. Il m'arrivait parfois d'aller boire un verre avec Zabini, mais ce n'était jamais très palpitant. L'époque où nous sortions jusqu'au bout de la nuit était loin.

Je ne lui aurais jamais avoué que je préférais mille fois être ici, au bureau, à clôturer des dossiers à 1h00 du matin, si tant est qu'elle était avec moi plutôt qu'au manoir Malefoy, s'ennuyant ferme. Elle regarde souvent sa montre. J'imagine qu'elle n'a pas le même sentiment que moi à ce sujet.

On ne discute jamais beaucoup. A vrai dire, on ne discute pas. La plupart du temps, on se parle seulement de façon utilitaire. Il lui arrive de me demander un dossier, et moi une plume de rechange, mais ça ne va jamais beaucoup plus loin. Les quelques fois où nos échanges ont duré plus d'une minute se comptaient sur les doigts des deux mains. Il y avait la fois où je lui avais sauvé la mise pour Weasley, dans l'ascenseur lorsqu'on avait pris une pause-café et quelques fois où elle m'avait hurlé dessus pour que j'arrête mes fichues blagues.

Il ne reste que trois dossiers. Je commence à voir le bout et au fond, ça m'attriste un peu. J'aurais aimé passer la nuit avec Granger, même si ce n'était qu'au bureau et pas au lit. J'attrape l'un des derniers dossiers et papillonne des yeux. Ils me brûlent et je commence à ne plus voir clair. La fatigue me rattrape. Granger aussi. Je la vois qui s'endort sur son coude alors qu'elle lit un dossier sur les centaures de Poudlard.

- Café, Malefoy ? dit-elle en se redressant brusquement.

Elle peine à garder les yeux ouverts et je peux la comprendre. Je hoche de la tête. Un café nous fera du bien. A peine se lève-t-elle de son bureau qu'un bruit sourd me fait sursauter, me réveillant définitivement. Quelque chose à cogner contre la porte. La vitre de la porte manque de se briser sous le poids de Ron Weasley qui tangue dangereusement. Il entre dans le bureau et Granger se rassoit, l'air surprise de sa présence.

- Hermione…, bredouille Weasley.

Je serre les dents et me taie. La relative paix que j'ai réussi à instaurer avec Granger ne tient qu'à un fil. Je sais qu'à la moindre erreur, elle aura tôt fait de se rappeler le Malefoy de Poudlard.

- Mais qu'est-ce que tu fais là, Ron ? Je t'ai envoyé un hibou pour te dire que j'avais du travail.

- Tu ne crois pas que le boulot pourrait attendre ?

Il se cogne dans un bureau et étouffe un grognement de douleur.

- Tu ne crois pas que notre couple est plus important ?

Je suis horrifié de devoir assister à cette conversation et je vois bien que Granger l'est aussi. Elle me jette un coup d'œil gêné et moi je détourne le regard.

- Nous ne sommes plus ensemble, Ron, dit-elle entre ses dents. Si j'avais accepté de te voir ce soir, c'était simplement pour que tu récupères tes affaires.

- Non !

Weasley a hurlé. Je suis tendu, prêt à lui sauter dessus. Je vois bien que Granger n'est pas en confiance. Il lui fait peur et je peux le comprendre. Il a trop bu, et il semble trop en colère pour se rendre compte de la portée de ses actes.

- Rentre chez toi, Ron.

- C'est lui ! C'est lui qui t'a mis ces idées dans la tête ?! vocifère-t-il. C'est à cause de lui que tu m'as quitté ! Je croyais que ça allait mieux entre nous ! On s'était expliqué et je me suis excusé. Lui, il m'a toujours détesté. Depuis que tu travailles avec lui, tu t'es éloignée de moi !

Le discours de Weasley manque de cohérence et moi, je crève d'envie de le frapper. Evidemment, je suis la cause de tous ses maux. Cela n'a rien à voir avec ses tromperies. Rien du tout. Granger se lève et se met entre moi et lui.

- Malefoy n'a rien à voir avec ça, laisse-le en dehors de notre histoire. Si je suis partie, c'est parce que je ne peux pas supporter l'idée que tu aies pu me trahir, point à la ligne.

- Tu avais accepté de me pardonner !

- Eh bien j'ai changé d'avis ! Maintenant va-t'en !

- Non !

Il l'empoigne par le bras, la tirant vers lui. Il n'en faut pas plus pour mettre le feu aux poudres. Mon sang ne fait qu'un tour. Je saute presque sur mes pieds et retiens Granger par l'épaule.

- T'as entendu Granger, Weasley. Laisse-la tranquille.

Ma voix n'avait été qu'un sifflement glacial mais Weasley ne comprend pas le danger de la situation.

- Toi, lâche-la. C'est ma fiancée.

- Plus maintenant, Weasley. Alors casse-toi.

- Ne la touche pas, gronde Weasley.

Il relâche Granger et je vois son poing se lever. Il ne faut qu'une seconde pour que son poing s'écrase sur le visage si parfait de Malefoy. Il ne faut pas plus pour me donner une raison de répliquer. C'est à mon tour de lui envoyer mon poing dans la figure. Trop ivre, il s'écroule par terre. J'essuie le sang qui coule de ma lèvre coupée.

- Touche-moi encore une fois et je te défigure, Weasmoche.

Je sais que mes menaces feront sans doute fuir Granger, mais je suis trop en colère. Je ne peux pas laisser Weasley me frapper ni faire du mal à Granger. Je ne le permettrai pas.

- Et si tu l'approches une nouvelle fois…

Je laisse ma menace en suspens. Weasley se redresse avec difficulté. Sa joue commence à gonfler. Granger est toujours derrière moi. Le rouquin s'en va, titubant à moitié.

- N'oublie pas ce que je t'ai dit, Weasley.

Il ne répond rien et je me retourne. Granger est toujours dans mon dos. Ses épaules tremblent un peu et je vois qu'elle fixe la porte avec un air terrifié. Elle doit avoir peur qu'il revienne. Son bras a rougi là où Weasley l'a attrapé.

- Granger, tout va bien ?

Elle me regarde. Ses yeux sont mouillés. Je crois qu'elle se retient de pleurer, et ça, ça me tue. Weasley n'était qu'un abruti. Il lui faisait du mal. Et moi, j'ai laissé ça faire. J'aurais dû la protéger. Attiser la colère de Weasley pour qu'il se venge sur moi et pas sur elle.

- Pardon, Granger.

Ma voix n'a été qu'un souffle plein de peine et de regrets. Je ne sais pas comment j'en suis arrivé là, mais mes mains sont sur ses épaules, les pressant pour essayer de lui faire passer tout mon amour, toute la force que j'aimerais lui donner. Elle me regarde bizarre. Elle n'a plus l'air si triste, l'air de réfléchir, mais moi, je ne comprends pas à quoi elle réfléchit.

A quoi pense-t-elle ? Elle est si intelligente, si unique, comment puis-je le deviner ? Et l'ignorance me tue. J'ai besoin de savoir ce qui se passe dans sa tête, savoir si elle me déteste plus encore pour avoir frappé son ancien fiancé ou si elle m'apprécie plus car je l'ai sauvé des griffes de cet insupportable mec.

- Merci, Drago, dit-elle finalement.

Sa voix est neutre, mais je sais qu'elle le pense. Je le vois à son regard brun qui déborde de reconnaissance. Mais moi, j'ai honte de moi. J'ai honte parce que je n'ai pas réussi à empêcher qu'il la touche avant que ça ne soit trop tard.

- Et tu n'as pas à t'excuser pour son comportement.

Elle a repris contenance. Ses épaules ne sont plus courbées, son menton s'est relevé et son regard s'est un peu durci. Elle me tend un mouchoir que je presse contre ma lèvre. Il ne m'a pas raté. La culpabilité que j'éprouve est remplacée par de la colère contre Weasley et ça m'aide à me sentir un peu mieux.

- Il est souvent comme ça ?

Ma voix est un peu rauque à cause de la colère. Je déglutis. Elle tire sur son col roulé mais ne dit rien. Je devine que c'est sans doute parce que ce n'est pas la première fois qu'il est agressif.

- Tu devrais faire attention, Granger. Ne le laisse pas te toucher.

- Je suis assez grande pour m'occuper de moi, dit-elle sèchement.

- Je ne plaisante pas, j'insiste.

Je croise son regard. Elle ne dit rien. Elle prend un dossier et se met à le lire, les sourcils froncés. Comment peut-elle réussir à se concentrer alors que Weasley vient à peine de partir ?

Je l'imite tout de même. On ne parle pas, mais ce n'est pas le silence paisible du début de soirée. C'est un silence lourd de non-dit, de rancœur, de peur et de regrets. La tension perdure même lorsqu'on rejoint l'ascenseur. J'ai envie de dire quelque chose, n'importe quoi, pour briser ce silence. J'ai envie de lui dire que je l'aime, qu'elle ne doit pas prêter attention à Weasley. J'ai envie de lui dire que si je lui dis tout ça, c'est parce que je ne veux que son bonheur et que le rouquin ne fait que la rendre malheureuse. Mais je ne peux pas.

- Ministère de la magie, hall du ministère.

Le grillage s'écarte dans un grincement.

- Au revoir, Malefoy.

Il n'y a personne dans le hall du ministère. Elle cherche déjà à rejoindre la cheminée pour me fuir.

- Granger, je la retiens.

J'ai le cœur qui bat à toute allure, j'en ai presque envie de vomir. Je prends un risque ce soir. Elle me regarde, m'interrogeant de ses yeux bruns.

- Si tu as besoin de quoi que ce soit … N'hésite pas.

Elle est surprise par ma proposition et moi je suis mal à l'aise de lui dévoiler en partie que je m'inquiète pour elle. Que je tiens peut-être à elle aussi. Je ne sais pas si elle le prend ainsi, mais elle hoche de la tête. Je tourne les talons, incapable de soutenir cette tension une minute de plus. Je n'ai même pas le courage de la regarder une dernière fois.

Je suis toujours le lâche que j'ai toujours été. Ça fait partie de moi, c'est ma nature profonde. Et il n'y a qu'elle pour le rappeler si brutalement. Il n'y a qu'elle qui me fait sentir si honteux. Elle seule a le pouvoir de me faire sentir si bien et si mal à la fois. Elle est la pluie et le beau temps. Elle est celle pour qui je vis, pour qui je mourais et pour qui je pourrais vivre un calvaire sans protester si tant est que je peux la préserver.

Je crois que c'est l'amour de ma vie.

J'espère que ce premier chapitre vous a plu, si vous avez une théorie sur comment Zabini obtient des informations, je suis toute ouïe !