Fudou sourit en voyant Kiyama ressortir de la pièce et marquer un temps d'arrêt pour souffler et recomposer son visage avant de les rejoindre. Lui avait occupé le gardien remplaçant durant les 15 minutes d'intimité dont avait eu besoin son poulain, ça n'avait pas été si dure puisque Saginuma était le genre de personne à faire des monologues tout seul. Fudou rejoignit alors celui qui lui avait vendu son âme.

-ça valait le coût ?

-Je pense que oui. Et pour Haizaki ?

À peine eut il fini sa phrase que le diable passa en rage à travers la pièce.

-À vu de nez je dirais que ça s'est mal passé, ironisa Fudou.

-Tu sais que si tu veux ton paiement faut qu'il soit de bonne humeur, enfin autant qu'il est capable de l'être.

-Bordel...

-Vas y tu me fais pitié, tu veux de l'aide ?

-Ouais je veux bien, tu peux retenir le démon, je vais juste aller demander à notre nouvel ami ce qu'il a bien pu faire.

Fudou sortit pour rejoindre le-dit ami, celui-ci n'avait pas bougé depuis le départ d'Haizaki. Son regard semblait torturé, allant et venant d'un point vide à un autre.

-Donc c'est toi qui a fauté ? Qu'as donc tu pût bien faire pour lui faire péter les plombs à ce point ?

-La même chose que ce que lui m'a fait il y a quelque mois. Mais apparemment quand c'est moi c'est intolérable.

-Ouais enfin c'est pas comme si ton démon avait les nerfs solides. Il pète régulièrement les plombs quand même .

-ça fait son charme.

Fudou haussa les épaules, il ne pouvait pas comprendre lui que la stabilité mental de son copain faisait chavirer. Il sourit tendrement en pensant à son copain qui devait probablement être chez Genda ce soir. Il souffla et se ressaisit, il devait absolument mener sa mission à bien pour l'anniversaire de Kidou, peu importe ce qu'il en coûtera.

-Je te propose tout simplement d'aller t'excuser, ça devrait suffire non ? Proposa Caleb.

-Et si je n'en ai pas envie ? Il m'a déjà lâché une fois...

Caleb souffla intérieurement, bordel il ne voulait pas lui rendre la vie facile. Il devait jouer sa dernière carte, le sentimentalisme.

-Tu sais, être en couple c'est pas toujours facile mais imagine toi juste aller chez lui, te poser à côté de lui et... Je sais pas moi, regarder la télé ou lire pendant qu'il joue à la console, bref n'importe quoi de chiant normalement mais qui, fait ensemble, devient assez sympa.

-C'est ce que tu fais durant votre temps libre avec Kidou ? Je l'imagine bien lire l'intégralité des misérable avec toi jouant à Fire Emblem.

-C'est pas autant un intello que ça ! Il lit plutôt Glukhovsky en ce moment. Bref je sais pas pourquoi je te dis ça, soupira Fudou avant de reprendre : tu lorgnes sur lui depuis que t'es arrivé, et d'après Kidou c'était déjà le cas lors du tournois. C'est bon saute le pas. Tu risques rien.

-Facile à dire non ? On galère déjà alors qu'on est même pas ensemble. Une fois qu'on y sera rien ne nous dit que ça ira mieux. En vrai y'a même de grosse chance que ça soit pire, et qu'on puisse même plus se voir en peinture d'ici quelque mois et qu'on ruine l'équipe de notre école, et tout les efforts de ton précieux Kidou par la même occasion.

Caleb sourit et s'assit par terre, sa main tapota l'herbe pour intimer à l'autre de s'asseoir à côté. Il obéit, le regard suspicieux, mais après tout il ne risquait pas grand chose.

-ça ira mieux, ce qui fout autant la rage à ton démon c'est qu'il sait pas où il va. Ça le rend fou de pas contrôler. Oui, quand il est parti, il contrôlait donc ça allait, mais là il contrôle pas donc ça ne va plus, anticipa Fudou. Si vous sortez ensemble, il saura au moins où il va et ça le rassurera. Donc il sera moins con. En plus tu auras le droit de râler de ses choix et lui dire ce qu'il doit faire. En soit c'est mieux que de se lorgner chacun du coin de l'œil sans pouvoir rien dire et en ruminant sa frustration.

-ça sent le vécu. Je peux être indiscret ? Comment Kidou et toi vous en êtes arrivé là ? Continua t'il après le feu vert.

-On s'est rencontré la première fois chez Sakuma Jirou, pour son anniv. Dans la soirée on s'est fait une partie d'échec, c'était la première fois que je galérais à battre quelqu'un depuis des lustres. Puis on a bien parlé et ça a plutôt bien accroché. Le lendemain un ami commun m'a filé son num, et après j'ai appris qu'il avait fait pareil pour lui puisque c'est lui qui a envoyé le premier message. On a pas mal parlé.

Il marqua une pause, repensant aux discutions profondes au milieu de la nuit. Un sourire doux naquit sur son visage alors qu'il reprenait.

-En toute honnêteté j'étais un peu comme toi, persuadé que ça n'irai nul part. On parlait par période pendant quelque mois. Puis un jour je me suis dit merde, je pensais sincèrement me prendre un mur, que soit je me prendrai un stop soit que je serais qu'un coups d'un soir. J'avais décidé de me prendre ce mur, peu importe les conséquences. Puis le jour où je me suis lancé je me suis rendu compte que c'était la voie 9 ¾ . Alors sincèrement, fonce.

Non loin de là Hiroto tentait de retenir Haizaki, non pas en lui parlant de manière posée mais en le narguant, faisant augmenter l'énervement ambiant. Il l'insultait de manière plus ou moins déguisé, vantant les mérites de Kozoumaru et en critiquant sa manière de ne pas réussir à se mettre en couple. Haizaki lâchait un flot d'insulte en continuant, incapable d'avancé à cause de la poigne sur sur bras. Ils étaient dehors de l'autre côté du bâtiment, prêt à partir, si bien que personne ne pouvait les voir ou les entendre.

-Lâche moi bordel !

-Oui lâche le je voudrais le récupérer, lança une voix derrière eux.

Les deux se figèrent. Hiroto arborait un sourire satisfait d'avoir rempli sa mission et rendu service à son ami. Sans se faire plus prier il partit en donnant au passage une tape d'encouragement sur l'épaule du défenseur aux cheveux bleu.

Haizaki et Mizukamiya se regardèrent, seuls. Un silence inconfortable s'installa, la colère se lisait toujours dans les prunelles de l'attaquant. D'un geste peu assuré le défenseur lui pris la main et se mis à marcher en direction de la ville. Haizaki résista un peu puis céda, le suivant sans même marmonner. Au fond de lui une boule d'espoir se formait et il espérait qu'elle n'explose pas, ça lui réchauffait le ventre. Ils s'installèrent sur un banc face au fleuve. Aucun n'osa parler alors qu'ils étaient côte à côte depuis un certain temps maintenant. Toujours dans un silence inconfortable, l'attaquant se décida à bouger, il prit ses écouteurs et son téléphone. Après quelques secondes il tendit un écouteur à l'autre qui l'accepta sans un regard. Une tonalité rock, une musique qui lui rappelait vaguement quelque chose sans qu'il puisse dire d'où il la connaissait. Elle était entraînante mais Mizukamiya écoutait avant tout les paroles. Après 4 minutes précisément ce dernier se tourna vers l'attaquant et posa avec toute la douceur possible ses lèvres sur celle de son vis-à-vis. Une longue mèche grise frôla sa joue électrisant tout son être. Bouger n'était plus une option, rester comme ça jusqu'à la fin du monde par contre en était totalement une. Une main glissa le long de son bras avant de se poser paresseusement sur sa main, tandis qu'une autre remis ses mèches bleus derrière son oreille.

Mizukamiya se décida alors à bouger, il remit alors lui aussi les mèches de l'autre et recula un peu avant de lui adresser un sourire tendre. Haizaki commença à ouvrir la bouche, mais fût coupé par son vis-à-vis.

-On va pas gâcher ce moment, sourit Mizukamiya.

Il reposa tendrement ses lèvres sur celles de l'autre, profitant un dernier instant de ses lèvres humides. Il finit par se lever et tendit une main à son vis-à-vis le tout avec un sourire rayonnant.

Une mèche grise glissa devant les yeux d'Haizaki lorsqu'il se leva et prit la main de l'autre. Les deux se dirigèrent vers le lieu de la fête main dans la main.

À peine entrèrent ils dans le champs de vision d'un quelconque passant qu'ils se lâchèrent la main, pas tout à fait sur de l'attitude à adopter en public. Mizukamiya était particulièrement rouge d'ailleurs. Ils hâtèrent le pas et rejoignirent rapidement leurs amis. Hiroto adressa un regard interrogatif à Haizaki qui lui adressa un doigt d'honneur, le dieux sourit et hocha la tête avant de reprendre sa conversation avec Tatsuya.

Au loin Fudou sourit, sa mission était menée à bien, il n'avait plus qu'à espérer que les deux attaquants respectent leur parts du pacte.