Miou tout le monde !

J'espère que vous allez bien, que le soleil brille et que les oiseaux chantent. Et si c'est pas le cas, ben... tant pis, la vie est trop courte pour accepter que seuls la météo et les pioupious puissent nous rendre !

Disclaimer : Vous avez entendu parler de Himaruya ? Un mec formidable, il parait.


Chez lui, Ivan s'était reclus dans un coin de sa chambre. Coincé entre deux angles de murs, c'était l'endroit où il avait le moins l'impression d'étouffer de solitude. Un peu plus tôt, il avait entendu la voix de sa soeur ainée lui dire qu'elle et Natalya devaient s'absenter, mais qu'elles reviendraient le voir dès qu'elles pourraient.

Le russe en était au point où il n'avait même plus envie de boire. Même sa chère vodka semblait prendre un goût amer lorsqu'il tentait d'en boire un verre. Il avait l'impression que tout le renvoyait à un regard embarrassé et des mots maladroits.

Quand Alfred lui avait rendu son baiser après lui avoir sauvé la vie, le russe avait naïvement cru que c'était une preuve d'amour suffisante pour baisser sa garde et ouvrir son coeur. Presque un millier d'année d'existence, et il s'était laissé berner comme un débutant. Tout ça pour trois jours de rêve et un réveil horriblement douloureux. La maladresse de l'américain avait parachevé le tout, démontrant qu'il n'avait même pas eu conscience des sentiments qu'il lui portait.

Et depuis, Ivan ressassait tout ce qui s'était passé entre eux. Il se rappelait chaque caresse, chaque baiser, chaque montée au septième ciel dans les bras de cet imbécile qu'il n'arrivait même pas à détester. Une chance que personne ne le voie, sans quoi sa réputation de nation qui ne pleure jamais aurait été foutue pour de bon.

Plongé dans le noir, il n'avait pas vraiment conscience du temps qui passait. De toute façon, ça n'avait aucune importance. Les nations qu'il avait patiemment unifiées étaient parties vivre seules, et son propre pays tombait en ruines face à la puissance économique du capitalisme américain.

Il sourit tristement en constatant que même penser à la géopolitique ne pouvait pas lui permettre d'éloigner Alfred de son esprit. Il allait devoir accepter l'idée de le revoir à chaque réunion internationale, avec son sourire de soleil arrogant. Au bout d'un moment à réfléchir un tel avenir, Ivan commença froidement à envisager de nouveau la possibilité de ne plus être là pour le voir. L'URSS venait juste de tomber, il pouvait encore avoir le temps de disparaître pour permettre la renaissance d'une nouvelle nation russe.

Un coup de sonnette vigoureux le tira de ses pensées suicidaires, mais il l'ignora. Ses soeurs avaient les clés, et il ne voulait voir personne. Un nouveau coup de sonnette retentit toutefois. Puis un troisième. Et au bout de quelques minutes, il devint évident que le sonneur n'allait pas s'arrêter avant qu'on lui ouvre.

En soupirant, Ivan se leva en se promettant de tuer la personne qui osait le déranger si elle n'avait pas un motif valable. Sa liste de motifs valables étant à l'heure actuelle composée d'un total de zéro proposition, il y avait peu de chances que le sonneur reparte en vie.

Le temps qu'il traverse l'entièreté de la demeure pour arriver jusqu'à la porte d'entrée, le bruit strident lui vrillait les tympans et avait exacerbé son envie de meurtre. Il attrapa son robinet avant d'actionner la poignée, avec la ferme intention de l'envoyer directement dans la tête de l'importun.

Ivan ouvrit la porte, entama le geste avec le robinet, mais s'interrompit avant que l'arme ait effectué un quart du trajet.

Devant lui ne se tenait pas un être humain mais un énorme bouquet mêlant tournesols et roses rouges. L'ensemble respirait la chaleur de l'été, comme un rayon de soleil au coeur de l'hiver. En revanche, personne n'était derrière pour le tenir, et les fleurs étaient simplement posées sur le paillasson.

Intrigué, le russe les ramassa et les ramena à l'intérieur pour leur trouver un vase. Une fois que ce fut fait, il resta immobile à les contempler. Ce ne fut qu'après avoir intensément profité de la vision et du parfum de chaque fleur qu'il remarqua une enveloppe au milieu des tiges. Il s'en saisit et constata rapidement qu'il n'y avait rien d'écrit dessus. Ivan l'ouvrit et dégagea la note qu'il y avait à l'intérieur.

« Je pensais pas que tu voulais plus. Pardon.

Alfred »

Ivan écarquilla les yeux et sa main s'éleva mécaniquement pour se poser sur sa poitrine. Il regarda de nouveau les fleurs, puis la porte.

Une seconde plus tard, il l'ouvrait à la volée en espérant apercevoir quelque chose, quand bien même il était hautement improbable qu'un livreur reste planté une demi-heure devant une porte une fois sa livraison effectuée.

Sa respiration se changea en buée dans l'air froid du soir, et il serra les poings de dépit en constatant que la rue était déserte. La main qui n'était pas en train de serrer la lettre alla frapper le mur le plus proche. Aucune trace de sang n'apparut et le russe s'assit directement sur le perron, amer d'avoir laissé passer sa chance.

Juste à côté de lui, dissimulé par l'angle du mur contre lequel le russe avait cogné, Alfred avait le coeur qui battait à cent à l'heure. Il ne savait pas trop quoi faire, il ne savait même pas vraiment pourquoi il était resté. Il avait présenté ses excuses de la façon la plus gentille qui lui soit venue à l'esprit après des heures de réflexion, mais restait insatisfait. En étant à la fois sobre et honnête avec lui-même, il devait bien admettre qu'il avait l'impression que c'était insuffisant, et surtout qu'il s'agissait d'une méthode plutôt lâche.

Mais tout héros qu'il était, l'idée d'aller s'excuser verbalement auprès de son ex-ennemi pour lui avoir brisé le coeur sans le vouloir le tétanisait. Ses jambes semblaient s'être transformées en coton à la simple idée d'aller parler à Ivan.

Ce dernier soupira, puis se releva avec l'intention évidente de rentrer, déçu et énervé par son manque de réactivité.

Sans réfléchir, Alfred se déplaça sans un bruit pour se poser juste de l'autre côté du mur. Il était positionné de façon à sortir du champ de vision d'Ivan lorsqu'il passerait la porte, mais à devenir immédiatement visible si jamais il se retournait. Dans une feinte décontraction nonchalante, il s'appuya contre le mur.

- Elles te plaisent ?

Le russe se figea, la main sur la porte, puis se retourna lentement.

Dans sa tête, l'américain sentit une flopée de phrases surgir à toute vitesse. « Mais quel abruti je suis, pourquoi je lui demande !? J'ai pris ses préférées ! Quelle merde, maintenant il m'a entendu et il va me voir ! Je suis un imbécile, qu'est-ce que je vais lui dire maintenant !? De quoi j'ai l'air à avoir attendu aussi longtemps ? J'aurais dû me barrer dès que j'ai posé les fleurs !»

- Elles sont magnifiques.

La réponse d'Ivan était venue le tirer de ses pensées.

- Cool.

S'il n'avait pas été aussi tendu, Alfred se serait giflé pour une réponse pareille. Ivan demeurait impassible, tout en ayant l'air d'hésiter sur la conduite à tenir.

Mortellement mal à l'aise, l'américain finit par réussir à se décoller du mur, et enfonça ses mains dans ses poches.

- Bon, ben... je vais y aller, hein.

Incapable de réagir, le russe le regarda s'éloigner de quelques pas, puis son cerveau se remit à fonctionner et il lâcha la poignée.

- Alfred attends, tu...

Il n'eut pas le temps d'en dire plus qu'un ouragan blond lui fonçait dans les bras en pleurant.

- Je suis désolé ! Je me suis comporté comme le dernier des crétins ! Je pensais pas que tu voulais plus que du cul ! Tu m'as toujours dit que j'étais trop jeune, que j'étais qu'un gamin, je pensais pas que tu voudrais d'une vraie relation avec moi ! Alors quand tu m'as demandé ce que je voulais, j'ai paniqué et j'ai dis n'importe quoi ! Je te jure que je le pensais pas !

Au milieu de cette avalanche d'excuses et d'explications imprévues, Ivan, d'abord abasourdi, sentit doucement son coeur se réchauffer. Il referma ses bras autour d'Alfred et le fit rentrer avec lui avant que l'américain ne les fasse tomber tous les deux.

Le russe sourit en remarquant ironiquement qu'il était en train de réconforter celui qui l'avait laissé tomber moins de vingt-quatre heures plus tôt. Mais aussi bizarre que puisse être la situation, sentir Alfred contre lui, caresser ses cheveux et respirer son odeur lui donnait l'impression de revivre.

Il le laissa parler un long moment, puis s'éloigna un tout petit peu pour pouvoir le regarder dans les yeux.

- Tu restes dormir ? proposa-t-il.

Bouche bée et les yeux encore brillants d'avoir pleuré, Alfred trouva toutefois le moyen d'acquiescer.

- Tu m'en veux pas ? réussit-il à dire.

- Bien sûr que si.

L'américain s'immobilisa et il sentit son coeur rater un battement. En une fraction de seconde, il comprit ce qu'il avait fait ressentir à Ivan pendant les dernières heures. Il se mit à prier très fort pour que le russe ne place pas la vengeance au-dessus de ses sentiments.

- Mais comme ça venait d'un crétin immature, j'imagine que je pourrais envisager de te pardonner.

Ivan avait parlé en souriant tendrement. Alfred lui répondit par un sourire entre soulagement et vexation, mais d'autres larmes repartirent de plus belle, trahissant l'importance prépondérante du soulagement.

- You fucking...

- Tsss, ton langage. Ça fait moins de dix minutes qu'on est réconciliés et tu redevient déjà vulgaire...

- Tu devrais avoir l'habitude depuis le temps.

- Justement, il serait peut-être temps de changer ça.

- Et toi, il serait temps que tu te mettes aux hamburgers.

Les deux supers-puissances échangèrent un sourire complice en reprenant leurs joutes verbales. Le sourire d'Ivan disparut toutefois et son regard se détourna des yeux de l'américain, en même temps qu'il prenait une grande inspiration.

- Qu'est-ce que tu comptes faire pour ton gouvernement ?

Alfred fit une grimace ennuyée, mais répondit assez rapidement en haussant les épaules.

- Evidemment, ils n'accepteront jamais que le représentant des Etats-Unis se tape celui de la Russie.

- Donc ?

- Donc je vois trois solutions. Soit on laisse tomber l'idée d'être ensemble. Soit on va à l'encontre de nos dirigeants et de la scène internationale en les envoyant se faire foutre s'ils ne sont pas contents. Soit...

- Soit ? répéta le russe.

Il commençait à comprendre où le plus jeune voulait en venir.

- Soit on fait en sorte que personne ne sache pour nous deux.

- Quand tu dis personne...

- Je veux dire que même tes soeurs ou mes parents ne seront pas mis au courant. Et qu'on devra faire semblant en public. Mais... tu te sens de tenir une relation comme ça, toi ?

Alfred était tendu, et Ivan ne sut pas déterminer à qui était vraiment adressée la question. Tout en le gardant dans ses bras, le russe entreprit de répondre.

- La tension entre nos pays ne durera pas éternellement. On ne serait pas obligés de se cacher pour toujours. Deux ou trois décennies devraient être suffisantes pour que les relations politiques s'apaisent.

L'américain se détendit un peu avec la logique de la réponse.

- Et puis, sourit malicieusement Ivan, ose me dire que nos années à s'espionner ne vont pas te manquer... Et je te garantis que l'adrénaline peut avoir des effets électrisants dans certaines situations.

Alfred vira aussitôt pivoine, provoquant un rire attendri de la part de son presque-bientôt-peut-être-petit-ami.

- Alors on essaie ? fit-il en redressant la tête.

- Da. Ma proposition de rester dormir tient toujours, sourit le russe.

Une moue désapprobatrice apparut sur le visage du plus jeune, légèrement démentie par une lueur dangereuse au fond de ses yeux.

- Seulement pour dormir ? fit-il innocemment.

En parlant, il se mordit la lèvre et son bras droit s'enroula autour des fesses du russe, pendant que son bras gauche passait derrière son cou.

- Peut-être pas que dormir, concéda Ivan.

Quelques instants plus tard, un chemin de vêtements éparpillés menait jusqu'à la chambre principale de la demeure.

-oOo-

Alors qu'il profitait des délicieux coups de reins de son amant, Alfred posa sa bouche sur son cou avec l'intention évidente de lui laisser une jolie marque violette. Ivan se redressa en moins d'une seconde avant de venir mordiller le torse de l'américain.

- Les secrets de ce genre ne sont pas gardés longtemps si on se promène avec des marques...

- Shit ! protesta Alfred en rougissant. J'ai envie que tout le monde sache que tu... qu'on...

Un mouvement particulièrement précis de son amant le coupa au milieu de sa phrase en lui arrachant un gémissement.

- Qu'on est ensemble ? murmura Ivan au creux de son cou.

Haletant, Alfred acquiesça. Pour toute réponse, Ivan fondit sur sa bouche pour l'emporter dans un baiser passionné et reporter de facto la question à plus tard.

-oOo-

A une heure bien avancée de la nuit, les deux anciens ennemis parvinrent à être momentanément repus.

- Ivan...

- Da ?

- J'ai pas envie de dormir...

- Parfois, j'ai l'impression que tu n'as jamais envie de dormir, se moqua gentiment le russe.

Une adorable moue boudeuse régna deux ou trois secondes sur le visage d'Alfred, puis il reprit la parole.

- J'étais sérieux tout à l'heure. J'ai vraiment envie de montrer à tout le monde qu'on est ensemble.

- Je sais, soupira Ivan. Moi aussi.

- Et si on disait qu'on envoyait tout le monde se faire foutre ? tenta l'américain.

- On ne peut pas faire ça, Alfred. Tu imagines le bordel que ça mettrait dans les relations politiques mondiales ?

- C'est frustrant.

- Et encore, ça fait seulement quelques heures qu'on est en couple, le taquina Ivan.

- Tu veux dire que ça va être comme ça tout le temps ? s'exclama le plus jeune.

Le russe pouffa avant de venir le prendre dans ses bras pour un câlin obligatoire, aucune protestation ne parvenant à être réellement prise en compte.

- Ce que je veux dire, c'est qu'on risque d'avoir du mal à se voir régulièrement, et que même lorsqu'on se verra, il faudra être discrets. Pas de cris dans les hôtels, pas de marques, retourner à sa chambre avant que tout le monde se réveille... Ce genre de choses.

- Je tiendrais jamais trente ans à ce régime, se plaignit Alfred.

- Après, on peut toujours prétendre être hostile l'un à l'autre, proposa Ivan. Personne ne s'étonnera en voyant que tu me prends à part pour qu'on aille se battre dans un coin tranquille...

Le ton particulièrement tendancieux sur lequel le russe prononça la dernière phrase réveilla certaines envies chez l'américain.

- En attendant, cette nuit on est tranquilles non ?

- En effet.

- Si on en profitait ? Sauf si tu es trop fatigué, bien sûr, insinua Alfred.

- Tu veux voir lequel de nous deux est le plus endurant ? se moqua Ivan.

- Pourquoi pas ?

- Parce que si c'est le cas, il va falloir qu'on se trouve un endroit et une excuse pour au moins les deux prochains jours.

- Le héros relève toujours les défis !

- Le héros risque d'avoir du mal à se relever tout court s'il me provoque comme ça...

-oOo-

Deux jours plus tard, Alfred rentra atrocement vexé aux Etats-Unis, avec beaucoup de courbatures. Il fut d'autant plus vexé lorsqu'il apprit que son frère avait eu le temps de transmettre deux photos à Gilbert avant de recevoir un appel de Katya lui confirmant qu'Alfred s'était excusé et qu'Ivan allait mieux.

De son côté, Ivan eut beaucoup de mal à s'empêcher de sourire lorsque ses soeurs rentrèrent. Son amant lui avait garanti qu'il se vengerait à la prochaine réunion internationale, et il lui tardait d'y être.

FIN


Et oui, cette fic est déjà terminée et ne fera donc que ces trois chapitres... pour être honnête, j'ai hésité à la continuer mais je n'ai pas réussi à écrire la suite.

Bref, j'espère que ça vous a plu, si c'est le cas et que vous voulez me faire plaisir aussi, n'hésitez pas à laisser un avis :)

Bisous sucrés et plein de chocolat pour vous ! (le chocolat c'est la viiiiiiie)