LA VIE EST UN GRAND HUIT

Chapitre Un

La musique était la plus forte possible. Elle vrillait les tympans, elle faisait battre les cœurs et, mieux que cela, elle le faisait vivre. Il est vrai que certaines personnes auraient eu tendance à dire l'inverse, que cette musique, loin d'être agréable, était un vrai calvaire pour les oreilles et qu'il fallait mieux éteindre ça au plus vite mais, pour lui, elle était synonyme de bonheur. Depuis tout petit, et ceci peu de monde le savait, il adorait la musique. Il raffolait des nombreux sons enivrants qu'elle avait à offrir, ainsi que des différentes sensations qu'elle lui procurait. A ses yeux, il s'agissait là d'une des plus belles formes de magie car, grâce à elle, il avait la chance de voyager à la minute même où il décidait d'appuyer sur le bouton « On ». Emporté par les notes mélodieuses, il pouvait refaire le monde à sa façon, sans que rien ni personne ne l'en empêche ou ne lui dise qu'il prenait ses rêves pour la réalité. Oui, pour lui, la musique était sa sirène, et pour rien au monde il ne cesserait de l'écouter. Au Terrier pourtant, sa famille n'avait pas pour habitude d'écouter quoi que ce soit qui y ressemblait, loin de là. Au contraire, ils étaient tellement nombreux à la maison que les bruits seuls des enfants courant et criant dans la maison suffisaient à emplir le foyer d'un doux son de cacophonie. Souvent, il s'étonnait tout seul à arriver à supporter les plus hauts volumes mais en fait, il avait tendance à oublier qu'il avait grandi dans une bassecour, là où le bruit régnait comme maître.

Ce soir, rien n'était différent de la vie à la maison, s'il réfléchissait bien. Il regarda autour de lui, dans un moment de lucidité. Des gens, beaucoup de gens. Du bruit, énormément de bruit, venant de personnes cherchant toutes à parler les unes au-dessus des autres. Une fille rousse de cinquième année criant sur un garçon en dernière année parce qu'il avait renversé sa boisson sur son chemisier préféré. Non vraiment, seule la musique distinguait l'endroit où il se trouvait de son chez-soi. A moins que…

Ron ! Je te resserre ?

Euh, non mer-

Et avant qu'il n'ait pu finir sa phrase, cette dernière légèrement trouble, soit dit en passant, Seamus Finnigan lui versait déjà une énième dose d'il ne savait quel alcool dans son verre. Le rouquin jeta un œil dans son gobelet et soupira. L'odeur lui piquait les narines, et c'était peu dire. Non, il n'y avait définitivement pas ça, à la maison. D'ailleurs, il pensa que si sa mère le voyait, il serait probablement déjà mort. A cette pensée, l'image de sa chère et tendre maman lui traversa l'esprit, comme si elle se trouvait devant ses yeux, et il but une grande gorgée pour la faire disparaître. « Ronald Weasley ! L'alcool est dangereux pour la santé, combien de fois faudra-t-il que je vous le répète ? Attends de voir quand tu rentres à la maison ! » Sa voix stridente reconnaissable entre mille résonna à travers la musique, s'insinuant en lui. Il reprit une deuxième gorgée. Cela ne pouvait pas faire de mal, tout compte fait.

Ronald Weasley !

Il sursauta. Non, c'était impossible. Que faisait-elle ici ? Elle n'avait aucun moyen de savoir ! Se préparant au pire, il se retourna néanmoins afin de faire face à une mort certaine. Il tenta tout de même de garder une expression neutre, afin qu'elle ne voie pas l'étendue des dégâts que l'alcool avait fait sur lui, et il se dit ironiquement qu'il devait avoir l'air bien fin. Mais en pivotant sur ses talons, essayant misérablement de garder l'équilibre, il fut surpris de voir une tête blonde plutôt qu'une tête rousse… et un peu grise, mais ça jamais il ne l'avouerait à sa mère.

Lavande ?

Sa voix était terriblement pâteuse, et comme s'il n'avait pas assez honte comme ça, il émit un petit gloussement au son qu'elle rendit. On aurait dit que quelqu'un lui avait fourré une patate chaude dans la bouche et qu'il n'arrivait pas à s'en débarrasser.

Non c'est le Pape ! A qui est-ce que tu t'attendais, mon chou ? T'es vraiment amoché toi, et pas qu'un peu… T'es au courant qu'il y a cours demain, tout de même ? J'ai hâte de voir la tête du Professeur Rogue quand il va voir que t'as la gueule de bois.

Elle rigola à son tour, son rire volant haut dans les airs et retombant dans la foule de jeunes sorciers, et il ne put s'empêcher de remarquer que ses cheveux ressemblaient étrangement à du foin. Oui, voilà. Du foin ondulé. Il ricana. Il n'avait jamais vu de foin ondulé auparavant. Peut-être qu'il pourrait essayer d'en parler dans un de ses devoirs, à l'occasion. Sans doute que le Professeur Chourave serait surprise de constater que tout compte fait, il n'était pas si bête et que lui aussi avait des connaissances en herbologie. Il fit de son mieux pour se concentrer sur la chevelure de son amie il avait étrangement envie de la toucher, juste pour savoir s'ils étaient doux. Avaient-ils la même texture que le foin ? Cela le démangeait de savoir.

C'est qui Pape ? fut la seule chose qu'il réussit à sortir de sa bouche. Était-ce un nouvel élève dont il n'avait jamais entendu parler ?

Lavande esquissa un sourire, l'air dubitative et presque inquiète.

Ne me dis pas que tu es aussi pété… Fais voir tes yeux ? elle lui saisit doucement le visage, et il sourit au contact de ses longs doigts fins sur sa peau. Ça faisait du bien, lui qui avait l'impression de prendre feu à chaque gorgée. Il n'était pas trop sûr, mais il lui sembla qu'elle inspecta ses pupilles.

Qu'est-ce que tu fais ? maugréa-t-il.

Il tenta de s'extirper de son emprise. Il n'avait jamais fumé de sa vie et ce n'était pas maintenant qu'il allait commencer. De plus, il avait horreur qu'on s'occupe de lui comme s'il n'était qu'un enfant. Il n'avait plus six ans, et il était très bien capable de se débrouiller seul.

Je regarde si t'as pas fumé, ça ne se voit pas ?

Ça va pas la tête ? Et puis quoi encore, j'suis pas un junky…

Oh ça va, tu serais pas le premier ni le dernier ! elle s'esclaffa. Et puis…, ajouta-t-elle avec un sourire aguicheur au coin des lèvres, si jamais tu sais où je peux m'en procurer moi aussi… Je ne serais pas contre un petit tête-à-tête pour qu'on s'en grille une.

Il plissa les yeux. Non pas parce qu'il trouvait la situation louche, mais plutôt parce que le monde tanguait autour de lui. Il avait un petit peu de mal à saisir toutes les informations qu'on lui envoyait en ce moment même. S'il avait été un peu plus sobre, peut-être aurait-il été capable de mieux gérer la situation. Là, s'il comprenait bien, Lavande lui faisait du rentre dedans. Intéressant. Le seul problème, c'est qu'il n'avait pas du tout l'habitude de ce genre de chose. Lavande était très gentille comme fille, et surtout très attirante, c'était indéniable, surtout avec pas mal d'alcool dans le sang. Mais il n'était pas sûr de vouloir ce genre de relation avec elle. Après tout…

Il tourna les yeux en direction des tables dans un coin de la pièce. La personne qu'il cherchait était bien là, assise toute seule, les mains sur les oreilles pour empêcher la musique de la déconcentrer de son livre. Il sourit imperceptiblement. Il ne voyait pas pourquoi elle s'embêtait à se concentrer ainsi lui savait que rien ne pouvait pas la détourner de son sujet d'attention. En plus, elle avait les cheveux adéquats pour lui servir de casque-bouclier. De nouveau il ricana à cette idée. Après six ans avec elle, il la connaissait presque par cœur. Mais à cette pensée, son sourire s'évanouit aussitôt, le laissant avec un goût amer dans la bouche. Ils avaient beau se connaître depuis six ans, ce n'était pas pour autant qu'ils s'entendaient à merveille. Non, c'était en réalité tout le contraire. Ils ne faisaient que de se disputer, et parfois même très fort. Si fort que lorsque l'on entendait crier dans la salle commune des Gryffondors, l'on savait immédiatement de qui il s'agissait. « Tu n'es qu'un imbécile, Ronald Weasley ! » « Et toi une vieille morue ! » Ce n'était pas souvent très beau à entendre, il voulait bien le reconnaître, mais eux au moins arrivaient à briser le verre de La Grosse Dame, malheureusement. Ils se chamaillaient énormément, c'était un fait avéré, et pourtant…

Il tourna la tête en direction de Lavande. Elle se tenait devant lui, lui souriant bêtement. Ça pour être belle, elle l'était. Il plongea son regard dans le sien, et se demanda pourquoi de tels yeux bleus ne pouvaient le faire chavirer totalement. Ils étaient rassurants pourtant, bien plus rassurants que ceux froids et souvent colériques de son amie de toujours. Son regard parcouru son visage ses traits étaient avenants et sympathiques. Il ne savait si c'était sous l'effet de l'alcool ou non, mais il avait l'impression qu'ils l'appelaient. « Viens Ron, » lui disaient-ils. « Viens un peu plus près. » Mais un seul coup d'œil un peu plus au sud lui confirma qu'il avait très envie de venir plus près, en effet. Il tenta de résister, mais l'homme était faible, après tout. Tout le monde le savait.

J'ai pas trop envie de fumer, lui dit-il en essayant de garder une voix digne de ce nom, mais si ca te tente on peut aller danser ?

oOo

Il ne savait pas trop si cela était possible, mais la musique était encore plus forte qu'auparavant. Son taux d'alcool dans le sang aussi, d'ailleurs. Autour de lui, tout le monde dansait. Peut-être un peu trop même, parce que devant lui Lavande se trémoussait d'une manière très sensuelle. Ce n'était pas pour lui déplaire, loin de là il appréciait sentir son corps aux belles formes contre le sien, il appréciait sentir sa peau chaude contre la sienne, ainsi que chaque centimètre carré de son anatomie, mais ce qu'il lui plaisait moins était les regards choqués et légèrement dégoutés de ses amis. Il grimaça. Bien sûr, il était conscient de ce qu'il faisait, mais pas assez pour se ressaisir et stopper l'énorme erreur qu'il était en train de commettre.

Lavande le saisit par le cou et rapprocha sa tête de la sienne. Il grimaça encore plus, mais il espéra que cela ne se voyait pas trop. Après réflexion, il se dit qu'avec les lumières tamisées il n'y avait aucune chance. D'autres couples dansaient autour d'eux, tout aussi sensuellement. Il vit un garçon de septième année mettre une main aux fesses d'une fille du même âge que lui, et ce n'était apparemment pas pour lui déplaire. Elle colla ses hanches contre celles du garçon et reprit de plus belle sa danse effrénée. Pour faire bonne mesure, Ron glissa tout de même sa main dans le creux des reins de sa partenaire, et un immense sourire de la part de Lavande lui fit comprendre que c'était la bonne chose à faire. Ou du moins, la bonne chose à faire pour elle. Car derrière eux, Harry semblait sur le point de faire une syncope. Mais à ce compte-là, peut-être que Ron aussi. Il fixa intensément son ami binoclard, dans l'espoir qu'il vienne à son secours. Tout d'abord, celui-ci n'eut pas l'air de comprendre. Pire encore, il lui sembla qu'il cru que Ron lui souriait. Harry fronça encore plus les sourcils, et il était sur le point de tourner les talons, exaspéré au plus haut point, quand un signe au-dessus de l'épaule de Lavande de la part de Ron le ravisa. Ce dernier laissa échapper un soupir de soulagement par-dessus la tête blonde de son amie. Il était parfaitement conscient que passer des bras de Lavande à ceux d'Harry ne serait pas indolore, mais il fut tout de même soulagé à l'idée de mettre fin à cette erreur monumentale. Il n'osait même pas imaginer tous les châtiments que ses amis allaient lui infliger. Le temps d'un instant, il pensa à Hermione, et se surprit à ressentir de l'inquiétude quant au fait si elle l'avait vu danser avec Lavande ou non. Si tel était le cas, c'en était fini de leur amitié, il en aurait mis sa main à couper. Son inquiétude commençait tout juste à évoluer en une angoisse saisissante quand il se rappela qu'après tout, elle l'avait bien cherché. Pourquoi accepter de venir à une telle fête, qui plus est clandestine, en refusant de s'amuser et en sachant pertinemment que s'ils se faisaient prendre c'en était fini de leur scolarité à Poudlard ? Parfois, il se demandait pourquoi il était ami avec une telle fille ce n'était pas faute d'avoir essayé de l'inviter à danser. Oui vraiment, tant pis pour elle. Si elle voulait restée coincée comme une vieille grand-mère du siècle dernier, ce n'était pas son problème.

Du coin de l'œil, il vit une tête brune arriver comme une furie dans sa direction. C'était le moment ou jamais.

Lav-, il ouvrit la bouche pour parler, mais sa partenaire ne lui laissa pas le temps de finir sa phrase.

Ooh j'adore quand tu m'appelles comme ça ! C'est tellement mignon !

Sa voix stridente lui vrilla les tympans, et il du se retenir de faire la grimace. Pourquoi les filles se sentaient-elles obligées de parler comme des nunuches à chaque fois ? Cela devenait réellement agaçant. Il baissa sa tête pour être plus près de son oreille. Cette fille était vraiment petite, jamais il n'avait vu une telle chose.

Lavande, je dois y aller-

On s'éclate, hein ! Oh ! J'adore cette musique ! Viens plus près, qu'on danse encore !

Non Lavande, je dois-

Ron !

Le rouquin releva la tête quand il entendit son nom. Son sauveur était là.

Oh Merlin soit loué ! Harry, je t'aime !

Ouais, ouais. Tu me remercieras plus tard, pour l'instant faut qu'on parle toi et moi.

Et avec ceci, son meilleur ami l'entraîna loin de la foule dansante et à l'abri des regards. Ron serra les dents sous la poigne firme de son ami. Quand était-il devenu aussi musclé ? Harry s'arrêta près du bar, et Ron tendit la main vers un verre qui avait été posé là. Une tape sur son bras l'empêcha de s'en saisir.

Hé ! s'exclama-t-il. Qu'est-ce que tu fais ?

Sa voix était plus pâteuse qu'il ne l'aurait pensé, et il se fit peur tout seul. Non pas parce qu'il redoutait la gueule de bois ou quoi que ce soit dans ce genre-là, mais plutôt parce qu'il savait pertinemment que cela voulait dire double dose de sermon.

Je t'empêche de boire ! T'as vu la gueule que t'as, tu ferais peur à un troll.

Harry l'incendia du regard. Ron devait admettre, il n'avait jamais vu son meilleur ami comme cela avec n'importe lequel de ses amis.

Ow, tu mâches pas tes mots toi…

Tant mieux, ça t'apprendra face de crapaud. Tu pues l'alcool à des kilomètres à la ronde !

Oh t'exagères…

Pour faire bonne mesure, Ron tenta de s'asseoir dignement sur l'un des tabourets disposés à côté d'eux, mais il évalua mal la distance qui l'y séparait et failli tomber à la renverse. Harry le saisit juste à temps par le bras pour éviter qu'il ne tombe misérablement.

Tu disais ?

Oh ça va, hein.

Harry souffla, et un moment de silence entre les deux amis passa. Ron avait horriblement mal à la tête, mais il essaya tout de même de le cacher, de peur de se faire encore plus incendier. Et puis merde, il détestait qu'on le prenne pour un gamin de six ans !

Peut-être parce que tu te comportes comme un gamin de six ans, justement ?

Ron releva la tête, les yeux ronds comme des bavboules. Il avait dit ça à voix haute ? Le regard semi-amusé d'Harry lui confirma son hypothèse, et il passa sa main sur son visage pour se cacher.

Non mais c'est vrai quoi, râla-t-il. Tout le monde s'amuse et moi, on m'engueule…

Si tu avais voulu continuer à « t'amuser », tu ne m'aurais pas appelé.

Difficile de profiter avec la tête que vous tiriez tous…

Une fois de plus, Harry fit une drôle de tête. Visiblement, quelque chose le dérangeait, et Ron aurait parié n'importe quoi qu'il savait ce qu'il allait dire.

En même temps, Harry dit d'une voix traînante, comme s'il n'était pas sûr de comment l'aborder, tu ne voyais pas comment tu dansais. D'ailleurs, je pense que je vais m'auto-amnésié.

Quoi ? Ron ricana, semi-conscient de ce qu'il disait.

Ça va, je sais pas comment on dit mais tu m'as compris !

Un silence s'installa entre les deux amis, sans que Ron ne sache quoi faire ou quoi dire. Était-il supposé s'excuser ? Devait-il une quelconque explication à son ami ? Il voyait déjà le tableau : « Hé mec, si j'ai dansé avec Lavande tout à l'heure, c'est parce que je voulais faire enrager Hermione. Ah, et puis parce qu'elle a un corps à tomber par terre, aussi. » Il n'était pas tout à fait sûr que cela passe sans pépin. En revanche, la seule chose dont il était sûr, c'était qu'il avait une furieuse envie de se coucher. Là, tout de suite, maintenant. La musique lui tapait désormais sur les nerfs et les gens l'exaspéraient. Par la barbe de Merlin, c'était donc ça d'être bourré ? Il détestait cette sensation, et ce n'était sûrement pas demain la veille qu'il recommencerait. Il n'osait même pas imaginer la tête qu'il devait tirer en ce moment même. Comme lui avait si bien dit Harry, cela ne devait pas être très beau à voir.

Hé, Harry.

Non, je n'empêcherai pas Ginny de tout raconter à ta mère. D'un parce que tu l'auras mérité, et de deux parce que j'ai très envie de rigoler.

Va te faire, Harry. Non, je me demandais si… enfin tu sais, si…

Il avait du mal à trouver ses mots, et il douta que cela soit à cause de l'alcool.

Si ?

Est-ce que tu penses qu'Hermione m'a vu ? Enfin, tu sais, avec-

Oui.

Quoi ? Non.

Si, elle t'a vu.

T'es pas sérieux…

Il avait tort, tout à l'heure, quand il pensait que c'était sa mère qui allait mettre fin à ses jours. Loin d'une tête rousse et grisonnante enragée, c'était une crinière de lionne qui allait lui asséner le coup fatal. Il sentait déjà son cœur battre plus fort sous l'effet de l'adrénaline.

Enfin Ron, tout le monde t'a vu, espèce de crétin ! Harry gronda à voix basse. Si des gens aussi bourrés que les jumelles Parvati t'ont vu, tu ne t'attends tout de même pas à ce qu'Hermione, qui n'a presque rien bu de la soirée, ne remarque rien.

Elle va m'assassiner… dit-il en plongeant sa tête entre ses mains.

Et pas qu'un peu, si tu veux mon avis.

Harry leva le menton en direction des tables situés dans le coin de la pièce et désigna Hermione. Celle-ci avait fermé son livre, et regardait maintenant fixement le mur en face d'elle, comme si elle voulait y percer un énorme trou. Ron fit la grimace. Ce n'était pas bon signe, pas bon signe du tout. Quand elle faisait cela, cela voulait soit dire qu'elle était contrariée à cause d'un devoir qu'elle jugeait trop difficile, soit que quelqu'un l'avait blessé. Dans le cas présent, Ron doutait qu'il s'agisse de la première option. Il était cuit.

Du coup…, Harry le regarda, est-ce qu'on peut dire que les carottes sont cuites ? Enfin tu sais, parce que t'es roux, et les carottes c'est-

Mais merde quoi ! C'est quand même pas de ma faute !

Non non, c'est sûr ! son ami s'empressa de le rassurer. Je rigolais, c'était une blague. Ce serait plutôt la faute de tes parents, puisque c'est eux qui sont roux à la ba-

C'est elle qui n'a pas voulu aller danser avec moi, d'abord ! continua Ron, loin d'écouter un seul mot des bêtises que racontait son ami. Je lui ai gentiment proposé de venir s'amuser avec moi, et Madame a dit non ! Non mais sérieux, c'est pas parce qu'elle est coincée comme des toilettes que je dois m'emmerder moi aussi !

Sa voix était plus aigüe que d'habitude, et il peinait à garder les yeux grand ouverts.

Coincée comme… Hein ?

Ça va, je sais pas comment on dit mais tu m'as compris ! Pour qui elle se prend, d'abord. Si elle croit que je vais aller ramper vers elle…

Harry le regarda, dubitatif. Ron avait sans doute l'air en ce moment même d'un poivrot habitué à faire les fermetures de bar, mais il s'en moquait. Il avait besoin de laisser échapper la vapeur qui lui montait à la tête.

C'est pas elle qui a dû essuyer un râteau, d'abord…

Du coin de l'œil, Ron vit qu'Harry leva les yeux au ciel, exaspéré.

D'abord, Harry prit la parole, je pense que tu devrais faire profil bas et aller t'excuser.

Mais-

Et ensuite, il continua, tu devrais essayer de te mettre à sa place. Tu sais bien que ce genre de fête n'est pas ce qu'elle préfère, et ce n'est pas parce qu'elle a refusé une danse avec toi qu'il fallait l'offenser comme tu l'as fait. Pour te dire, même moi j'ai été offusqué. Il marqua une pause. J'en ai encore des frissons.

Ron ouvrit grand la bouche, visiblement choqué. Le rouge lui monta aux joues, et il ne put s'empêcher de s'énerver :

Moi, l'offenser ? Non mais tu plaisantes ! C'est la meilleure celle-là ! De quel côté es-tu, Harry ?

Ce dernier souffla, complètement désabusé. Mais Ron pensa que si quelqu'un devait être désabusé, c'était bien lui. Il n'allait tout de même pas céder au moindre des caprices de Madame.

Oh arrête un peu, Harry le réprimanda. Si tu me disais plutôt comment tu lui as demandé de venir danser ?

Pardon ?

Tu m'as bien entendu.

Je sais plus moi…, Ron fit mine de réfléchir. Je crois que je lui ai dit quelque chose du genre « Tu viens danser ? » et puis c'est tout.

Harry secoua la tête, et Ron fronça les sourcils. Qu'est-ce qui n'allait pas ?

Et puis c'est tout ? C'est ça que t'appelles « gentiment proposer de venir s'amuser avec toi » ?

Bah oui, Ron insista. Qu'est-ce que tu voulais que je dise d'autre ? « Hermione, veux-tu venir danser avec moi ? »

Harry ouvrit grand les bras et tourna les mains vers le ciel, comme pour dire « Tu le fais exprès ou quoi ? ».

Bah oui, imbécile ! Hermione a raison, ce que tu peux être stupide des fois Ronald.

Ça va, ça va, j'ai compris…

Ron grommela sous sa barbe. Il en avait marre de cette soirée. Tout ce qu'il voulait, c'était rentrer à Poudlard et en finir. Et dire qu'il allait encore devoir s'excuser. Il n'aurait jamais dû venir ici, voilà tout. Cela lui servira de leçon, à l'avenir. Le grand rouquin se leva péniblement de son tabouret, et regarda misérablement son ami à lunettes.

Si je reviens pas… Je te lègue mon échiquier favori, tu sais où il est.

Merci frère. Et bon courage pour affronter le boss.

Ron n'était pas sûr, mais il aurait juré avoir entendu Harry ricaner quand il partit. Lui avait plutôt envie de pleurer.

oOo

Désormais, c'était sûr, la musique était assourdissante, la tête lui tournait et il avait une terrible envie de vomir. Les quelques sorciers et sorcières qui restaient avaient pour la plupart cessé de danser, et étaient soit avachis dans des chaises ou effondrés par terre. Ron se félicita de ne pas avoir fini comme cela, et se demanda si cela jouerait en sa faveur auprès d'Hermione. Sûrement pas, vu la tête qu'elle tirait. Ses joues étaient incroyablement roses et, si cela était possible, ses cheveux encore plus en bataille que d'habitude. Elle avait l'air exténué, et Ron se demanda ce qu'elle faisait encore ici, de toute manière.

Au fur et à mesure qu'il s'approchait d'elle, il sentait de plus en plus tous ses sens qui étaient en alerte. « L'instinct de survie », pensa-t-il. Mais aussi, au fur et à mesure qu'il avançait vers elle, il sentait quelque chose de différent au fond de ses entrailles. Quelque chose qu'il qualifierait de doux et chaud. C'était agréable, mais également légèrement perturbant. Il pensa tout d'abord à tous les verres de bièraubeurre et autres alcools qu'il avait ingurgités, mais se ravisa. Il savait parfaitement qu'il ne s'agissait pas de cela. Comment se faisait-il qu'il avait à la fois peur et hâte d'être à ses côtés à chaque fois qu'il s'approchait d'elle ? Ce qui était sûr en tout cas, c'était que cette fille, tout à fait différente de toutes les autres qu'il connaissait, était un réel mystère pour Ronald Weasley, un mystère qui ne risquait pas de s'élucider de sitôt.

Alors qu'il approchait de son but, il essaya tant bien que mal de maîtriser sa démarche. Il était bien conscient que tituber devant Hermione n'arrangerait pas son cas, loin de là, alors il fit un effort. Mais là encore, il le fit quelque peu à contre cœur. Qui aurait envie de faire des efforts pour quelqu'un qui pouvait se montrer aussi aimable qu'une porte de prison ? Pas lui en tout cas, mais pourtant il était là, pour elle. S'il avait été sobre, jamais il n'aurait fait une telle chose.

Il arriva finalement près de sa table. Le moment fatidique était enfin là. Il prit son courage à deux mains, et dit d'une voix qu'il espéra virile :

Hermione.

Mais dès que sa voix s'échappa de ses lèvres, il regretta aussitôt d'avoir ouvert la bouche. Lui-même pouvait sentir qu'il empestait l'alcool, et sa voix passait des aigus aux graves sans aucune logique et à une vitesse affolante. Il plaqua sa main contre sa bouche dans un moment de panique, mais la retira aussitôt. Pas besoin d'avoir l'air encore plus stupide qu'il ne l'était déjà.

Hermione leva lentement la tête vers lui, et seul un regard assassin croisa le sien. Il déglutit. Non, Ronald Weasley n'était pas encore couché.

Je peux m'asseoir ? demanda-t-il d'une plus petite voix que tout à l'heure, dans l'espoir de cacher l'étendue des dégâts de sa corde vocale.

Elle ne lui répondit rien, et il prit cela pour un oui. Il s'avança alors vers la chaise à côté d'elle et s'assit, non sans difficulté. Hermione ne releva pas, et il laissa échapper un souffle. Il ne chercha pas tout de suite à s'expliquer, ni à parler du tout, en fait. Cela aurait été une grossière erreur de procéder ainsi. Non, Ron avait l'habitude. Avec Hermione, il fallait tout d'abord tâter le terrain, la tester, afin de voir si elle était encline à discuter. Poliment, bien évidemment. En fait, Ron jugea qu'avec elle il était préférable de la brosser dans le sens du poil.

Ça va, toi ?

Autre regard assassin, plus venimeux cette fois. Ses yeux bruns brulaient d'une lueur ardente, comme si quelqu'un y avait allumé un puissant feu que personne ne pouvait éteindre. Ron espéra du moins qu'il serait capable de le maîtriser. Il n'avait aucune envie de prendre feu. Mais ses chances d'y parvenir étaient maigres, surtout avec il ne savait combien de grammes d'alcool coulant dans ses veines. Le rouquin retenta sa chance.

Il est bien ton livre ?

Il se gifla mentalement. Pourquoi avait-il dû boire tant de verres ? Comme si c'était difficile de dire non à Seamus Finnigan ! Il essaya tant bien que mal de fixer son regard sur la couverture du bouquin que tenait son amie dans les mains, mais rien à faire, il ne pouvait arrêter de loucher. Cela ne faisait qu'empirer son mal de crâne, en plus. Il jeta un coup d'œil à Hermione, qui restait muette. Cette fois, son regard était baissé et ses cheveux cachaient une partie de son visage. A cette vue, il eu la terrible envie de les repousser délicatement afin de regarder ses jolies pommettes roses. Il fut étonné de penser cela, alors qu'il y avait à peine quelques minutes il ne pouvait la dépeindre que comme une affreuse harpie dévoreuse d'âme. La vie était étrange parfois, vraiment étrange. Il réessaya, cette fois-ci encore moins convaincu de sa réussite.

Allez Mione, murmura-t-il, en grande partie parce qu'il n'avait pas la force de parler plus fort. S'il le faisait, il était persuadé qu'il vomirait. Tu ne vas pas me faire la tête pour le restant de ta vie, non ?

Une ou deux secondes de silence s'écoula et enfin la petite brunette prit la parole. D'une voix basse, lasse et en colère, elle murmura à son tour :

Ah tu crois ça ?

Ah, enfin une réponse ! s'enthousiasma son ami, ravi qu'elle ne l'ait pas déjà trucidé.

Il rigola, et il vit qu'elle se retint de sourire. C'était bon signe. Presque trop facile, mais c'était bon signe. Bien évidemment, il la savait beaucoup trop fière pour faire le premier pas ou quoi que ce soit qui y ressemble, alors il prit sur lui et continua.

Je… ne sais pas trop quoi dire, en fait.

Ne dis rien, vraiment ça vaut mieux.

A ceci, Ron déchanta très vite. Malgré le fait qu'il savait qu'il s'était comporté comme un imbécile, il ne put s'empêcher de lui en vouloir quand même. Après tout, il ne fallait pas oublier qu'elle lui reprochait de s'être amusé, bon sang. Avec Lavande Brown, certes, mais tout de même.

Tu ne peux quand même pas m'en vouloir parce que je me suis amusé-

Avec la belle et douce Lavande ? cracha-t-elle, sa voix emplie de venin. Tu n'es vraiment qu'un imbécile, Ronald Weasley.

Merci, rétorqua-t-il tout aussi agacé qu'elle ne l'était, on me l'a assez fait comprendre ce soir, crois-moi.

Aucun des deux ne continua, Hermione se contentant de le fusiller du regard avant de secouer la tête et de souffler. Elle croisa les bras par-dessus sa poitrine, visiblement contrariée.

Je déteste quand tu m'appelles comme ça, dit Ron dans un souffle, à peine audible.

Quoi ?

Au ton de sa voix, Ron comprit qu'elle était surprise. Elle resta interdite, mais peu importait. Cela lui aura au moins permis de capter son attention. Il poursuivit, malgré la tête qui lui tournait.

Je n'aime pas quand tu m'appelles par mon prénom, parce que… parce que…

Il sentait le rouge lui monter aux joues et il n'aimait pas ça. Il ne comprenait pas pourquoi il agissait de la sorte. Qu'est-ce qui lui arrivait ? Il avait l'impression que quelqu'un avait pris possession de son esprit et contrôlait désormais ses moindres faits et gestes. C'était comme s'il était devenu qu'un simple et vulgaire spectateur de sa vie, et qu'il ne pouvait rien faire pour la maîtriser. D'habitude, il arrivait pourtant à se contrôler, mais ce soir était une autre paire de manche. Avec tout l'alcool qu'il avait bu quelques heures plus tôt, il ressentait l'irrépressible envie de lui avouer ses moindres pensées. C'était inhabituel pour lui, et cela lui faisait peur.

Il lança un coup d'œil à son amie et vit qu'elle le fixait intensément, son regard inquisiteur et désireux de savoir ce qu'il avait à dire. Néanmoins, elle gardait tout de même un aspect froid et inaccessible, et il se surprit à l'admirer pour ça. Seule elle en était capable, et il s'était toujours demandé comment elle réussissait à y parvenir. Il repoussa ses pensées et les mit de côté pour se concentrer sur ce qu'il avait à dire.

Parce que j'ai toujours l'impression que nous ne sommes que de simples étrangers et…

Il déglutit. Il ne voulait pas dire ce qui lui brulait les lèvres. Non, il ne voulait pas du tout. « Par Merlin, que quelqu'un m'aide, maintenant ! »

… et je ne veux pas qu'on soit de simples étrangers, Mione.

Sa voix était aussi légère que le vent lui-même, et aussi imperceptible que l'air. En résumé, il pria pour qu'elle n'ait pas entendu ce qu'il venait tout juste de dire. Mais apparemment, Merlin en décida autrement, à en juger par l'expression d'incompréhension et de gêne que la brunette lui rendit.

Quant à moi, commença-t-elle par dire lentement, je ne suis pas sûre de comprendre ce que tu veux dire par là.

Son regard se colla sur elle, paniqué, puis déguerpit de son visage aussi vite qu'il n'était venu. Il se mordit la lèvre inférieure, fort. Qu'était-il supposé répondre ? Il ne le savait pas lui-même. Son visage le brûlait, et il sentit son cœur s'accélérer. C'était un vrai cauchemar, vraiment. Il finit par choisir l'option de facilité.

Tu sais quoi ? Lai- Laisse tomber, c'est rien.

Il fit un geste de la main pour lui montrer que c'était insignifiant, et qu'elle ne devrait pas y accorder beaucoup d'importance. Il pensa que c'était suffisant pour lui faire oublier, mais Hermione avait d'autres idées en tête.

Non, insista-t-elle, tu vas me dire ce que tu entends par là, parce que d'un, je déteste ne pas savoir quelque chose, et de deux je te rappelle que tu n'es pas en état de discuter avec moi, Ronald Weasley.

Des yeux bruns rencontrèrent des yeux bleus, et Ron savait qu'ils ne les lâcheraient pas jusqu'à ce qu'ils aient obtenus ce qu'ils désiraient. Soupirant d'une façon très dramatique, il prit son courage à deux mains.

Je ne veux pas que toi et moi on soit… des étrangers, parce que je veux dire, j'aime bien comme on est, et je ne voudrais pas que cela change, enfin si pourquoi pas... Enfin non, non j'aime bien comme on est mais tu vois-

Qu'est-ce que tu me chantes, Ron ?

Si lui était paniqué, elle le semblait encore plus. Dans quel pétrin s'était-il encore fourré ? Il aurait dû se taire. En fait non, il n'aurait jamais dû aller la voir du tout. Il aurait dû se douter que cela se retournerait contre lui. « Je ne pensais pas que ce serait de cette manière », pensa-t-il, désespéré.

N-Non mais vraiment, glapit-il d'une petite voix qui lui était inconnue. Depuis quand bégayait-il, d'abord ? Laisse tomber, j'te jure c'est rien, c'est juste l'alcool, j'ai-

Beaucoup trop bu ? railla Hermione. Oui j'avais cru remarquer, merci Ron. Maintenant tu me dis ce que tu entends par là ou je m'énerve !

Sa voix était montée d'une octave, et il trouva cela incroyablement sexy. Il adorait quand elle se mettait en colère. « Tu dérailles mon pauvre gars », il se réprimanda lui-même.

Ah parce que tu ne l'es pas déjà ? il rigola.

C'était fini, il se sentait déjà partir. Il n'était plus maître de ses paroles et il commençait déjà à regretter chaque mot qui sortait de sa bouche. Il n'arrivait pas à finir ses phrases, et c'était le signe qu'il avait beaucoup trop profité du bar. Le regard qu'elle lui lança fut assez pour lui faire baisser les yeux.

Non mais, comprends-moi, je t'aime beaucoup, enfin pas comme ça, enfin si-

Quoi ? s'exclama la jeune fille.

Elle avait fait un bond dans son siège, et ses yeux en disait long sur ce qu'elle en pensait. « Mais quel imbécile ! ». Il se gifla mentalement. C'était officiel, il se détestait.

Non ! Je ne t'aime pas, mais je t'apprécie… beaucoup ?

Hermione resta figée sur place. Il crut qu'elle allait le gifler, ou pire encore le laisser là comme un idiot, mais elle n'en fit rien. Au lieu de cela, il vit un léger sourire naître aux coins de ses lèvres. Ron fronça les sourcils. Il ne comprenait plus rien.

Ah oui ?

Sa voix était douce, presque moqueuse. Il cligna des yeux.

… Oui ?

Son sourire moqueur s'agrandit et elle pencha la tête sur le côté. Ron savait. Il était désormais devenu sa proie et rien ne pouvait l'aider à se défaire de ses filets. Il était à sa merci. Bizarrement, il aimait cela.

Et pourquoi ?

Il réfléchit un instant.

Parce que tu es… tu es…

Hermione leva un sourcil, innocemment.

Parce que tu es d-drôle, et-et intelligente…

Et c'est tout ?

Il fuit son regard, presque instinctivement. C'était trop dur pour lui, s'il se faisait prendre au piège par ses yeux il n'en sortirait jamais vivant, il en était sûr et certain.

Et puis tu b-belle aussi, enfin je veux dire tu n'es pas horrible à regarder, enfin-

Hermione éclata de rire, visiblement amusé. Il vit le rose lui monter aux joues serait-il possible qu'elle soit gênée par ce qu'il venait de dire, et que cela lui ait plu ?

Oh, merci ! s'exclama-t-elle, l'amusement très clairement perceptible dans sa voix. Tu ne me l'avais jamais dit ça avant, je me trompe ?

Non, enfin oui, enfin non. Oh et puis tu sais quoi Hermione ? Merde, voilà.

Il décida de mettre sa tête dans sa main et tourna le visage de l'autre côté, de façon à ce qu'elle ne puisse pas le voir. Elle l'emmerdait avec ses questions, d'abord. Est-ce qu'il la mettait dans l'embarras lui ? Non, eh bien voilà. Pour qui se prenait-elle ?

J'ai quand même une dernière chose à dire, insista-t-elle, fronçant les sourcils face à son manque de délicatesse.

Oui ? s'empressa-t-il de répondre.

« Pas si vite, idiot ! » se reprit-il immédiatement.

Pourquoi danser avec Lavande comme tu l'as fait et venir me dire tout cela après ?

Là où lui était hésitant et inquiet dans sa façon de parler et d'agir, elle n'hésita pas un instant à être franche et directe, ses yeux bruns rivés sur lui. Elle l'intimidait, en quelque sorte. Mais il aimait ça. C'était comme qui dirait une puissance charmante, envoûtante.

Il fit mine de réfléchir.

J'sais pas. Probablement à cause de l'alcool. Sûrement que j'aurais tout oublié d'ici demain.

Il haussa les épaules, alors que tout ce qu'il avait envie de faire était de garder son regard fixé sur son visage. Il aura au moins réussi à contrôler cela, c'était déjà pas mal.

Elle sembla déçue de sa réponse, mais cette impression fut fugace. Ron n'eut même pas le temps de l'analyser qu'elle était déjà partie. Hermione le regarda et soupira, l'air contemplative. Finalement, elle dit :

On devrait rentrer, il se fait tard. Et il est hors de question que je te ramène à Poudlard à l'aube, j'ai cours moi.

Elle se leva de sa chaise et pris son sac. Une fois mis sur l'épaule, elle le regarda avec impatience.

Alors ? Tu te dépêches ?

Oui, oui.

Il se leva lui aussi, en titubant légèrement, et la suivit jusqu'à la porte de la taverne, laquelle avait amicalement accepté d'accueillir les « quelques » élèves de Poudlard pour leur fête. Il regarda derrière lui. Il ne restait plus que Dean et Seamus, livrés à eux-mêmes pour se charger de nettoyer la salle que les sorciers avaient saccagés. Ron se félicita d'être ivre, tout compte fait.

Une fois dehors dans le froid glacial, une question lui revint à l'esprit.

Mione ? appela-t-il.

Au son de sa voix, Hermione se retourna, ses cheveux dignes de ceux d'Hagrid volant autour d'elle. Elle avait déjà serré son gros manteau noir autour de son menu corps, et seul une partie de son visage était visible à travers son écharpe épaisse. Elle était belle. La scène avait quelque chose de magique aux yeux de Ron.

Je me demandais… Si tu ne voulais pas t'amuser ce soir, avec nous tous, pourquoi es-tu restée tout ce temps ?

La jeune sorcière sourit, un regard semi-exaspéré prenant possession de ses yeux.

Parce que qui t'aurait ramené, sinon ? dit-elle comme si cela était évident. Elle fit un geste circulaire de la main. Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, il n'y a plus personne Ron.

Il regarda autour de lui. Hermione disait vrai, plus aucun élève ne se trouvait dans les environs. Sûrement avaient-ils eu peur de se faire prendre par Rusard si jamais ils rentraient trop tard. « Tout le monde, sauf Hermione », pensa-t-il, un sourire complice aux lèvres. Lorsqu'il se retourna vers elle pour lui adresser un sourire plein de gratitude, elle était déjà dos à lui, marchant d'un pas déterminé en direction du château.

Allez, Ron ! lui cria-t-elle. J'ai pas toute la nuit, moi. Bouge-toi un peu.

Hé, mais attends-moi quand même ! J'te rappelle qu'il y en a qui voient trouble ici.

Oui eh bien, tu n'aurais pas dû autant boire, tant pis pour toi !

Sa voix commençait déjà à s'éloigner. Ron accéléra, amusé par son attitude.

Dépêche-toi ou je rentre sans toi !

Tu ne ferais jamais ça, rigola-t-il. Tu tiens trop à moi pour ça !

Ah tu crois ça ? Regarde-moi faire.

Et sur ce, la brunette s'en alla au pas de course, ce qui fit rire Ron. Mais au moment même où il réussit enfin à la rattraper, celle-ci se retourna brusquement, les yeux plissés et foudroyants.

Mais n'oublie quand même pas une chose, Ronald Weasley.

Son ton menaçant fit froncer les sourcils à Ron. Quoi encore ?

Je t'en veux toujours pour ce soir, et tu ne t'en tireras pas comme ça.

Ron fit la grimace. Il aurait dû s'en douter. Rien n'était facile avec Hermione Granger.


A/N: Ta-da ! Voilà une nouvelle histoire sur Harry Potter, et plus particulièrement mon personnage préféré, j'ai nommé Ron Weasley ! Dieu que je l'aime *.* Enfin, s'il vous plaît dites-moi ce que vous en avez pensé, et surtout si vous avez aimé, cela me ferait très plaisir et m'encouragerait à écrire encore plus ! :)

Aussi, je tiens à préciser que les fanarts que j'ai utilisé pour réaliser ma couverture d'histoire ne m'appartiennent pas, j'ai en effet trouvé ces magnifiques œuvres sur Google.

A bientôt,

ME