Alya sortit son téléphone et pianota furieusement dessus. Bientôt, celui de Marinette vibra dans sa poche. Elle le sortit, fébrile, et vit que sa meilleure amie lui avait envoyé un message. Le contenu de celui-ci lui fit marquer un temps d'arrêt. Adrien serra de nouveau sa main et se pencha vers elle avec sollicitude.

— Rien de grave, hein ? Ça nous concerne ? murmura-t-il à sa petite amie, qui opina. Je... je peux lire ou tu préfères pas ?

Pour toute réponse, en rougissant, elle lui tendit machinalement son téléphone, où il put lire : « Je comprends que tu sois très, très, très occupée, mais je pensais que tu m'appellerais ou que tu m'enverrais un message pour me dire que tu sors ENFIN avec le garçon de tes rêves ! ;) Plutôt que de me laisser découvrir ça toute seule ! »

Marinette se mordit les lèvres en guettant la réaction d'Adrien, qui éclata de rire, à sa grande surprise, tout en serrant davantage encore sa main dans la sienne. Il se tourna vers leurs amis.

— Si ça peut te consoler, Alya, je n'ai pas non plus pensé à appeler Nino pour lui en parler, indiqua-t-il sur un ton amusé.
— Hein ? Quoi, tu avais un truc à me dire ? s'étonna celui-ci.

Alya donna un coup de coude à son petit ami pour le faire taire. Elle craignait qu'il ne gâche le moment et trouvait que, décidément, les garçons pouvaient être sacrément aveugles.

— Ben Nino ! Tu n'as pas vu qu'ils sortent enfin ensemble ?

Tandis que Marinette rougissait et qu'Adrien opinait à l'intention de son meilleur ami, ils entendirent brusquement un grand cri choqué.

Rentrant instinctivement la tête dans les épaules à l'idée de la tempête qui s'annonçait, Marinette s'attendait à voir surgir Chloé en furie.

En réalité, ce fut Lila qui se dressa devant eux.

Fugitivement, elle lança un regard meurtrier à Marinette, avant de se tourner vers Adrien et de lui attraper le bras tout en le faisant avancer d'un pas. Évidemment, ce n'était pas son bras libre qu'elle avait attrapé, mais celui que tenait sa petite amie jusque-là, ce qui énerva passablement celle-ci. Surtout que, surpris, le jeune homme ne réagit pas immédiatement, malgré son inconfort manifeste face à cette intrusion.

— Oh, pauvre Adrien... susurra Lila d'une voix faussement compatissante. J'ai bien vu à quel point Marinette essayait de te mettre le grappin dessus, ces derniers temps ! Mais, tu sais, tu n'es pas obligé d'avoir pitié d'elle et de te sacrifier pour lui faire plaisir...

Choqué, Adrien en resta tout d'abord bouche bée. Marinette n'avait pas été aussi énervée par les propos de Lila depuis bien longtemps mais, là, c'était vraiment la goutte d'eau qui faisait déborder le vase. Rouge de colère, elle s'apprêtait à intervenir lorsqu'Alya posa une main sur son bras et lui glissa sagement quelques mots à l'oreille, afin qu'elle seule entende.

— Laisse-le gérer, fais-lui confiance...

Marinette déglutit. Elle se força à se calmer et à rester en arrière. Elle avait totalement confiance en lui, son Chat Noir, son Adrien. C'est en Lila qu'elle n'avait pas confiance du tout. Mais elle savait qu'il avait toujours été de son côté face à elle, même s'il ne prenait pas forcément les choses de la même manière qu'elle. Et de toute façon, en y réfléchissant bien, ce que l'Italienne venait de dire était totalement stupide, quand on connaissait leur histoire.

Adrien n'avait pas du tout conscience de ce que sa petite amie pouvait ressentir, mais il n'était lui-même pas à l'aise du tout. Une fois sorti de son choc premier, il s'arrangea pour retirer fermement son bras de l'emprise de sa camarade de classe. Impulsivement, il tendit sa main en arrière afin de reprendre celle de Marinette, qui comprit son geste et le laissa faire, à son grand soulagement.

Tout en la tirant à lui, il pivota vers elle afin de l'accueillir contre lui, le dos de la jeune fille contre son torse, ses deux bras bien noués autour de la taille de sa petite amie. Le jeune homme retint difficilement un soupir de soulagement lorsqu'il sentit combien elle se laissait aller contre lui, la tension la quittant visiblement en partie. Marinette lui faisait confiance. Sa Lady lui faisait confiance. C'était tout ce dont il avait besoin.

Il se jeta à l'eau, s'adressant enfin à Lila, qui avait du mal à masquer son dégoût ou, du moins, ce qu'elle semblait éprouver.

— Écoute, Lila, c'est gentil de t'inquiéter pour moi, commença-t-il d'une voix conciliante, mais... Je ne suis pas du genre à me sacrifier comme ça. Marinette est ma petite amie, que cela plaise ou non, conclut-il sur un ton sans réplique.
— On dirait qu'elle t'a bien manipulé... soupira Lila sur un ton faussement compatissant tout en s'approchant à nouveau de lui.

Chloé s'interposa alors entre l'Italienne et son ami. Elle posa une main sur l'épaule d'Adrien, sans envahir son espace personnel pour une fois, mais comme un soutien visible, tout en se tournant vers Lila avec dédain.

— Tu es ridicule, totalement ridicule ! Laisse Adrien tranquille ! Ou sinon, je serai obligée d'en parler à mon père.

La fille du maire déposa alors un rapide baiser sur la joue de son ami d'enfance avant de s'éloigner sans se retourner, laissant Adrien et Marinette bouche bée et incrédules. Lila changea alors d'expression pour un air malheureux, avant de se détourner d'eux d'un pas vif, le menton levé.

Tandis que les deux jeunes gens se retournaient l'un vers l'autre, comme pour vérifier qu'ils n'avaient pas rêvé, Alya avait rattrapé Chloé de l'autre côté de la porte.

— On peut savoir ce qui t'arrive ?
— Oh ça va, hein ! Tu ne vas pas me dire que Lila n'était pas ridicule, quand même !
— C'est vrai que c'était assez ridicule, son éclat de voix, sorti de nulle part comme ça. Mais c'est pas ton genre de t'effacer devant Marinette.

Chloé la regarda d'abord de haut, réfléchissant visiblement à ce qu'elle allait rétorquer, avant de soupirer et de lui répondre à voix basse.

— Moi, m'effacer ? Rien à voir ! Bon, bon, d'accord, fais pas ta sceptique ! Franchement ? Ta copine a tout plein de défauts mais elle, au moins, elle ne risque pas de l'éloigner de moi par calcul...
— Oh.
— Mais bon, il finira bien par se lasser de sa boulangère et, à ce moment-là, je serai disponible pour le consoler ! termina Chloé sur un ton sans réplique.

Sur ces mots, elle redressa la tête fièrement et prit le chemin de leur salle de classe, imperturbable, comme si rien ne pouvait la toucher.

Alya se retourna et s'aperçut qu'elle était toujours seule. Elle passa donc la tête par la porte de la salle des casiers. Marinette était toujours dans les bras d'Adrien, dans la même position que face à Lila, et ils discutaient avec Nino.

— Bon, vous venez tous les trois ? Le cours va bientôt commencer ! s'écria Alya vivement.

Adrien sursauta et pencha sa tête vers Marinette avec un air coupable, avant de lui embrasser tendrement les cheveux. Il écarta ensuite les bras, à regret, pour la laisser libre de ses mouvements. La jeune fille se tourna vers lui, lui sourit et déposa un petit baiser au coin de ses lèvres. Elle se dirigea ensuite vers son casier, tandis qu'il la fixait, figé et le cœur gonflé de tendresse. Jusqu'au moment où Nino, amusé, lui donna un coup de coude qui le fit sortir de sa transe.

Au final, c'est main dans la main que les quatre amis, Marinette et Adrien d'une part, Alya et Nino de l'autre, rejoignirent leur salle de classe. Et durant toute la matinée, Adrien eut tout le temps de réaliser que sa situation était loin d'être confortable...

En effet, ces derniers temps, savoir que sa Lady était derrière lui en classe était déjà dur, et il avait eu tendance à se retourner vers elle un peu trop fréquemment. Mais maintenant qu'elle était sa petite amie... maintenant qu'il savait que Marinette l'aimait autant qu'il l'aimait... maintenant qu'elle le regardait avec un tendre sourire chaque fois qu'il posait son regard sur elle... il devait réellement se faire violence pour suivre les cours correctement, et ne pas passer tout son temps les yeux dans les yeux de la fille qui occupait la majorité de ses pensées.

Dès que la cloche sonna pour la pause du milieu de matinée, Adrien se tourna vers elle et lui tendit la main pour l'inviter à le suivre. Elle attrapa sa main sans la moindre hésitation et ils quittèrent la salle de classe presque aussi vite que s'il y avait un akuma à combattre. La différence étant qu'ils n'avaient besoin ni de se transformer, ni de quitter le collège pour profiter de ce moment rien qu'à eux.

En revenant en classe, ils se séparèrent à regret et reprirent leurs places respectives. Ils se fixaient encore amoureusement, sans prêter attention à leurs amis, lorsqu'Alya interpella le jeune homme.

— Dis donc, Adrien, ça ne te dérangerait pas qu'on change de place ? J'aimerais bien être avec Nino.
— Non, bien sûr, pas de problème ! s'empressa-t-il de répondre avec un sourire éblouissant. Enfin... si Marinette est d'accord, évidemment.

La jeune fille approuva sans hésitation et Adrien se leva aussitôt, son sac à la main.

— Pas si vite ! s'exclama Alya en riant. C'est Marinette qui va changer de place. Je veux profiter du spectacle, moi !

Le jeune homme se tourna en rougissant vers sa petite amie, qui était aussi rouge que lui. Leur relation n'avait rien d'un spectacle ! Tandis qu'ils se fixaient, Nino se leva et se dirigea vers la place de Marinette. Celle-ci sursauta en le voyant arriver à ses côtés, mais se reprit rapidement et attrapa à son tour ses affaires pour les installer sur le bureau du dessous et prendre place.

Après tout, se dit Adrien en la regardant faire, le plus important était d'être avec Marinette, peu importait l'opinion d'Alya. Il adressa à sa petite amie un sourire très Chat Noir. En retour, elle leva les yeux au ciel à la manière Ladybug, sans masquer pour autant un sourire attendri. Tandis que Madame Bustier entrait dans la salle de classe et que tout le monde se tournait vers leur professeur, ils se prirent la main sous le bureau, discrètement.

Fin