Bonjour !

Me revoilà avec une petite histoire estivale. Je la posterai en petits chapitres pour espérer poster au moins une fois par semaine.

Je tiens à signaler que je vais écrire dans les mois à venir une petite suite pour De tous les maux, alors si vous avez lu cette histoire et souhaitez savoir ce qu'il advient des Griffin-Woods, quelques chapitres vous l'expliqueront.

En attendant, voici une histoire estivale. Je n'ai pas d'avance, d'où l'idée de poster des courts chapitres. Si j'arrive à écrire le deuxième chapitre avant la semaine prochaine, je le posterai, sinon on se voit lundi prochain. Cette histoire ne se veut pas si longue, dans l'idée elle ne dépassera pas les dix chapitres, mais cela dépendra de mon avancée.

Bonne lecture, en espérant que vos vacances se déroulent bien. :)


Les lettres gravées s'assombrissaient au fur et à mesure que l'on s'en approchait, creusées jusqu'à la limite du bois fragile, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus assez de matière pour aller plus loin. Une force surhumaine avait dû traverser le bois pour marquer le territoire et construire cet immense camp protégé par une barrière d'arbres.

Clarke frissonna en passant sous le sigle. Elle n'était pas venue ici depuis ses sept ans. Le camp Arkadia s'était agrandi depuis son ouverture. Enfant, Clarke avait refusé de participer à ce projet fou. Elle avait fait mille caprices pour ne jamais avoir à y poser un pied. Elle avait une fois foulé ces terres par la force de conviction de ses parents, et plus jamais elle n'y avait adressé un regard.

- Ton père serait fier de toi, lui lança sa mère restée de l'autre côté de la porte.

Du côté de la liberté. Le côté que Clarke avait été obligée de quitter.

Elle ne répondit pas. Elle s'avança dans le camp. Le chemin était tracé en ligne droite. Les arbres sur les côtés offraient un semblant d'intimité qui ne rassurait pas Clarke. Plus elle avançait, plus elle avait l'impression que cette lisière de forêt se refermait sur elle.

Le ciel bleu était caché par les feuillages verts des chênes. Ceux-ci avaient grandi ces dernières années. Clarke les voyait immenses, effrayants. Des gardes qui l'empêchaient de quitter le camp. Ce n'était qu'un camp de vacances. Un camp d'été pour nageurs. Cette année, pour la deuxième édition, le camp accueillait des nageurs expérimentés, médaillés olympiques, qui allaient donner des cours dans les bassins d'Arkadia. Les lettres gravées à l'entrée avaient été rendues célèbres par Jake Griffin, ancien médaillé d'or, champion de renommée mondiale, grand athlète, comme beaucoup aimaient énumérer. Il avait été entraîneur pendant douze ans. Seul son décès était parvenu à l'éloigner des bassins.

Voilà trois ans que Clarke essayait d'ignorer sa culpabilité. Son père était mort sans qu'elle puisse l'aider à réaliser son plus grand rêve. Elle avait honte de la personne qu'elle était. Jamais elle n'aurait osé mettre les pieds ici si sa mère ne l'y avait pas obligée.

Le large chemin forestier s'ouvrit devant Clarke, lui présentant la foule impatiente qui faisait la queue devant des tables de métal. Une banderole en tissu montée sur deux tiges de bois ordonnait aux nouveaux venus de venir se présenter aux animateurs. Ceux-ci n'étaient pas les nageurs que les campeurs attendaient impatiemment de rencontrer. Ils n'étaient là que pour gérer l'administratif et l'animation. Il y avait là trois tables. Clarke se plaça dans une ligne au hasard. Les personnes autour d'elle parlaient forts, l'étouffant d'une excitation qu'elle ne partageait pas.

Elle contempla les alentours. Elle se tenait dans la file de gauche, lui laissant un angle de vue sur le chalet d'accueil. Il était haut de dix mètres et, aux souvenirs de Clarke, accueillait les bureaux administratifs du camp. C'était ici que se trouvait autrefois le bureau de son père, que Clarke avait pu visiter quelques fois pendant son unique séjour. Ce chalet de bois était monté sur un étage. Clarke avait trouvé le lieu chaleureux, enfant. Le seul souvenir positif qu'elle avait su garder, car c'était là qu'elle s'était cachée de nombreuses fois. Elle détourna le regard, assaillie par des souvenirs qu'elle avait essayé d'oublier. Elle s'était promis de ne pas craquer. Elle allait tenir le séjour, rentrer chez elle, annoncer à sa mère qu'elle avait accompli sa part de leur marché et elle pourra enfin aller en fac d'arts à la rentrée. Ce n'était que trois semaines.

- Bah ça alors, t'es vraiment venue !

Clarke sursauta, parcourue d'un frisson désagréable à cette interpellation. Elle avait reconnu cette voix, mais voir la personne s'arrêter devant elle ne fit qu'empirer son malaise.

- Raven, chuchota-t-elle, qu'est-ce que tu fais là ?

Raven Reyes était sa voisine, ni son amie, ni son ennemie. Elle était naturellement sympathique, mais une dispute avait entaché leur relation. Depuis cinq mois, Raven en voulait à Clarke. Son petit-ami, Finn, avait osé l'abandonner pour poursuivre Clarke, avec qui il avait eu une aventure au début du lycée. Clarke l'avait repoussé, au grand soulagement de Raven, mais cette dernière avait tout de même eu le cœur brisé par la trahison du garçon. Leurs diplômes en poche, Clarke et Raven ne pensaient plus rien partager. La fin du lycée était censée tourner la page d'une vie que les deux jeunes femmes souhaitaient oublier.

- Ta mère m'a envoyée te surveiller, s'esclaffa-t-elle. Ma mère a pensé que ça serait pas mal pour ma rééducation, c'est grâce à ça que j'ai obtenu ma place ici. Enfin, ça et le fait que je sois la voisine des Gri-

- Tais-toi ! l'arrêta Clarke.

Elle ne voulait pas qu'on sache qui elle était. Tandis qu'elle chuchotait, Raven parlait fort, comme à son habitude. La jeune femme avait un handicap, mais elle n'était pas malentendante. Elle levait la voix pour agacer Clarke. Cela fonctionnait toujours.

La file s'était épurée depuis l'apparition de Raven. Cette dernière s'était rangée aux côtés de Clarke. Elle avait sa pochette de bienvenue. Arrivée en avance, elle était déjà passée par l'accueil.

- Tu ne peux pas te cacher éternellement, répondit Raven qui boitait auprès de sa voisine.

Raven avait été fauchée par une moto à l'âge de quinze ans. Sa survie était miraculeuse. Elle se battait depuis pour rééduquer sa jambe droite, dont les hanche et genou avaient pris le plus gros choc.

Clarke se figea devant la table. L'animateur, un jeune homme brun avec des tâches de rousseur et des yeux noisettes, venait de lui demander son nom. Clarke l'annonça calmement, juste assez fort pour que l'homme l'entende. Celui-ci la dévisagea longuement, puis pivota sur sa chaise pour se tourner vers le chalet.

- MARCUS ! hurla-t-il. TA FILLEULE EST ARRIVÉE !

Un homme surgit de la maison, un grand sourire collé au visage. Raven le salua tandis qu'il s'approchait des jeunes femmes. Clarke, quant à elle, ne bougeait plus. Son corps entier s'était arrêté de bouger à l'instant où l'animateur avait hurlé son nom. Un mince souffle s'échappa de ses lèvres entrouvertes quand Marcus l'enlaça brièvement. Figée, elle sentait tous les regards sur elle. C'est à peine si elle respirait, étouffée par l'attention de dizaines de personnes affamées d'informations.

- Je suis heureux de te voir, Clarke, annonça Marcus. J'ai eu peur que tu ne viennes pas. Ton père serait fier de toi, tu sais, ta présence est déjà un grand pas, allez viens, allons à l'intérieur, dans mon bureau, enfin, le bureau de Jake, de ton père, je vais t'expliquer le déroulement du camp...

Il déblatérait. Elle allait s'écrouler. La main de Marcus dans son dos la poussait pour l'aider à avancer. Sous le choc, elle piétinait devant la foule jusqu'à se retrouver envahie par l'odeur du vieux bois. Elle allait décéder. Il la guida dans les escaliers, laissant Raven passer en première. Il lui parlait, elle n'entendait rien. Elle qui avait souhaité se faire discrète, tout le monde savait déjà qui elle était. Ils avaient vu son visage. Ils allaient la scruter pendant trois semaines.

C'est seulement une fois assise dans l'un des deux fauteuils qui faisaient face au bureau de Marcus, ancien bureau de son père, que Clarke inspira enfin. Elle n'avait plus la notion du temps depuis qu'elle s'était figée à l'extérieur. La honte la rongeait. Raven se marrait sur la chaise d'à côté. Les yeux globuleux de Clarke coupa Marcus dans son discours. C'est ainsi qu'elle se rendit compte du fait que le directeur du camp lui parlait encore.

- Elle est déjà à côté de ses pompes, s'esclaffait toujours Raven. Vous croyez vraiment que c'était une bonne idée de la ramener ici ?

Marcus soupira. Sa joie s'estompait, l'inquiétude voilant peu à peu son visage.

- Je n'ai pas le choix. J'ai promis à Abby de l'aider. Je tiens beaucoup à ta mère, Clarke. Je tiens aussi à toi. Ne crois-tu pas qu'il soit grand temps de sauter le pas ?

Clarke baissa les yeux. La honte, toujours. Ce sentiment qui l'étouffait, lui serrait la gorge, lui tordait l'estomac, la pesait tant qu'elle se sentait chuter dans un puit sans fond. Elle ne voulait pas être là, mais elle ne pouvait plus partir.

- Je n'ai pas le choix, déclara-t-elle à son tour.

Son regard vagabonda dans le bureau de son père. L'odeur de bois était différente ici. Elle semblait plus fraîche. Elle chercha l'origine de l'odeur et retrouva ce même pendentif accroché au-dessus de la porte. Son père adorait l'eucalyptus. Il en avait toujours mis dans sa voiture, dans sa chambre, dans son bureau. Clarke ravala un sanglot. Elle ne pouvait pas pleurer si tôt.

Elle écouta les explications de Marcus, cette fois. Elle se concentrait sur lui pour essayer de ne pas penser à son père. Marcus avait conservé la mémoire de son meilleur ami, si bien que tout dans ce bureau rappelait Jake. La vitrine contre le mur derrière le bureau où siégeait Marcus montrait les prouesses de Jake Griffin.

Ne regarde pas. La honte. Encore.

Les trois prochaines semaines allaient être parsemées de cours et d'activités ludiques. Les cours étaient préparés pour pousser les élèves à leur maximum et devaient aboutir sur un relevé de notes et appréciations individuel ainsi qu'un classement général. Les activités ludiques nautiques n'étaient là que pour se détendre et s'amuser. Ce camp devait préparer de futurs champions, mais il se voulait aussi divertissant et agréable.

Les deux cent campeurs avaient été répartis en huit groupes de vingt-cinq élèves, pour huit moniteurs. Les cours et autres activités aquatiques auraient lieu dans tous les bassins du camp. Chaque groupe irait de bassin en bassin pour profiter de toutes les infrastructures du camp. Les élèves profiteraient de plus des talents de chaque moniteur, une équipe éducative complète et variée.

- Cinq de nos moniteurs étaient là l'an dernier pour la première édition, poursuivit Marcus, mais nous avons voulu accueillir plus de monde cette année. Nous avons revu le programme, construit deux nouveaux bassins, et obtenu un contrat avec trois nouveaux moniteurs, dont Bellamy Blake et Lexa Woods. Tu dois savoir, Clarke, que-

- Blake a été formé par l'adversaire premier de Papa et Lexa par Papa lui-même, je sais, il en parlait souvent à Maman.

Un court silence suivit la réponse de Clarke. Raven n'osa pas le briser. Un soupir de Marcus indiqua qu'il allait s'en charger lui-même.

- Bellamy n'est pas comme son ancien entraîneur. Il a rompu son contrat avec lui il y a deux ans à cause de la déclaration de ce dernier sur la mort de Jake. Tu n'as rien à craindre de lui. C'est de Lexa dont tu dois te méfier. Elle admire toujours autant Jake et sait que tu compteras parmi nos élèves. Elle n'est cependant pas au courant de ta situation. Elle s'attend peut-être...

Il s'arrêta. Clarke fronça les sourcils. Son père avait toujours été discret à propos de sa famille, mais de là à ne rien dire à sa favorite ? Il avait entraîné Lexa Woods pendant cinq ans, portant celle-ci jusqu'à son premier titre mondial à l'âge de seize ans. Ne lui aurait-il pas parlé de sa propre fille ?

- Elle aussi a été fortement affectée par la mort de Jake, ajouta Marcus. Je ne sais pas comment elle réagira quand elle rencontrera sa fille.

- Tu lui as parlé ? demande subitement Raven. À Woods, tu l'as prévenue aussi pour Clarke ?

Le regard de Marcus glissa de Raven à Clarke. S'il avait suivi les ordres d'Abby, il l'aurait fait. Mais il avait craint que Clarke refuse de venir s'il s'était comporté selon les instructions de sa mère. Une discussion téléphonique avec Clarke avait établi des petites conditions à leur marché qui avaient quelque peu rassuré Clarke.

- J'ai promis de ne pas le faire. Clarke s'expliquera d'elle-même. Tu le feras comme convenu, Clarke, n'est-ce pas ?

Cette dernière hocha la tête. Marcus la fixa un instant pour vérifier cette faible approbation. Il termina son explication sur les règles de vie du camp et le championnat de fin de séjour. Les cinq meilleurs au classement de chaque groupe affrontera les moniteurs dans un tournoi final. Les meilleurs de ce tournoi pourront participer à un stage intensif auprès de l'équipe nationale tandis que ceux qui parviendront à battre au moins l'un des moniteurs se verront accorder une place dans l'équipe pour la saison prochaine. Une opportunité que les deux cents nageurs sont déterminés à saisir.

Clarke et Raven sortirent par la porte arrière du chalet d'accueil. Elles allaient rejoindre leur cabanon, qu'elles étaient vouées à partager. Raven était joyeuse. La situation l'amusait, au grand dam de Clarke. Le camp comptait environ soixante-dix chalets, qui pouvaient accueillir entre quatre et huit personnes pour les logements des campeurs. Le personnel avait droit à des chalets individuels. Raven et Clarke traversèrent le camp parsemé d'arbres. Il était boisé par endroits, la disparition des arbres signifiant la proximité d'un bassin. Il comptait huit bassins, petits et grands, dont un lac, plus une aire de jeux aquatiques. Clarke traînait des pieds au fur et à mesure qu'elle s'enfonçait dans le camp. Elle avait déjà aperçu deux bassins. Le malaise grandissait en elle, tout comme la poudre de terre sèche s'insinuait dans ses baskets.

- Clarke, t'as deux jambes valides alors respecte-moi et lève les pieds quand tu marches, la rabroua Raven.

Clarke grogna. Sa voisine n'allait pas se montrer tendre avec elle. Elle était la seule avec Marcus à connaître son secret. Secret qu'elle n'était pas prête à révéler.

Le chalet numéro quarante-huit se présenta devant elles. Petit, il était entouré d'arbres dont les capacités régénératrices ne suffisaient à cacher l'odeur de chlore qui émanait du grand bassin à deux cents mètres. Si elle ne le voyait pas d'ici, Clarke le sentait. Les arbres les cachaient, mais ils étaient là, pas très loin, tous ces bassins que Clarke haïssait.

La porte déverrouillée, les deux jeunes femmes entrèrent. Clarke laissa tomber son sac au sol, repoussant la porte derrière elle pour se cacher de ce terrible monde extérieur. Raven posa sa petite valise sur l'un des deux lits.

- Ils ont aménagé le chalet rien que pour nous, t'as vu ? lui lança Raven avec un clin d'œil et un sourire narquois que Clarke se prit en pleine face.

Marcus avait permis à Clarke de ne pas avoir à partager son chalet avec au minimum deux autres personnes qui lui auraient posé des milliers de questions sur son père. Son parrain se montrait plus compréhensif que sa mère.

Clarke fit un rapide tour de la cabane. Deux lits, deux armoires de part et d'autre, une pièce dans l'angle qui cachait une petite douche, un lavabo et des toilettes. Le minimum. Cela suffisait à Clarke pour se cacher pendant trois semaines.

- Je pensais qu'il y avait trois grandes salles d'eau communes dans le camp, s'étonna Clarke en s'asseyant sur son lit, à la gauche de celui de Raven.

Deux tables de nuit et un petit espace vide les séparaient.

- Ils ont aménagé un des chalets du personnel pour nous. La douche a une barre pour que je puisse me tenir.

Avec l'embarras, Clarke avait failli oublier le handicap de sa voisine. Cela faisait dix ans qu'elles se connaissaient, et si elles avaient été amies au collège, elles s'étaient séparées au lycée, jusqu'à ce que Finn ne rompe définitivement le lien qui les liait. Elles se comportaient comme des connaissances, alors qu'elles en savaient beaucoup l'une sur l'autre. Elles avaient su s'entraider dans le besoin, notamment après la mort de Jake Griffin et l'accident de Raven. Elles s'étaient soutenues en silence sans oser admettre qu'elles partageaient encore un profond lien. Elles préféraient faire comme s'il n'y avait jamais eu d'amitié, encore moins de fraternité, malgré les événements de ces dernières années.

- Tu me diras si t'as besoin de quoi que ce soit, j'irai le chercher, dit Clarke, par vieille habitude envers sa voisine.

Raven rit, s'étalant de tout son long sur son lit.

- C'est toi qui vas avoir besoin d'aide. Tu comptes l'annoncer quand ? Ce soir, au buffet d'accueil ? Y aura les moniteurs, faudra que tu les préviennes avant le début des cours.

- Commence pas avec ça, Raven.

Clarke se leva pour aller attraper son sac. Elle l'apporta jusqu'à son armoire, plaquée au mur à côté de la fenêtre latérale. Elle ouvrit les portes et se mit à ranger mécaniquement ses affaires. Raven la regardait faire. Elle n'était pas étonnée par le comportement défensif de sa voisine.

- Bah, pour ma part tous les mono' sont au courant. Ils vont adapter les exercices pour moi. Tu devrais demander pareil, Clarke. Le plus vite ça sera dit, le mieux tu te porteras, crois-moi. Je connais le déni, et plus t'y restes, plus tu t'y enfonces.

Clarke, qui faisait dos à Raven, continua de ranger ses affaires en silence. Elle ne voulait pas en parler. Elle ne voulait pas même y penser. Elle avait réussi à obtenir le silence de Marcus. Si sa mère avait été là, elle l'aurait déjà dit à tout le monde. Non, c'était à elle de le dire, Marcus était d'accord sur ce point. Clarke était majeure. Elle avait dix-huit ans, venait d'obtenir son diplôme du lycée et une fois cet horrible séjour terminé elle pourra poursuivre ses études en arts. Elle ne pouvait échouer. Sa mère n'acceptait de la laisser entrer en fac d'arts seulement si elle remplissait sa part du marché. Autrement, Clarke serait obligée d'entrer en médecine. Son cursus lycéen avait été composé de sciences. Seules les deux options artistiques avaient sauvé Clarke de la noyade. Il fallait qu'elle survive à ce séjour. Mais elle ne voulait pas faire face à la vérité. Son père lui-même avait conservé le secret. Elle ne saurait pas le dire. La honte la foudroierait sur place. Comment avouer cela à un camp de nageurs fanatiques de Jake Griffin ? Ils ne la connaissaient pas. Ils seraient déçus. Elle ternirait la mémoire de son père. Ce n'était pas envisageable.

Elle ne pouvait avouer au monde que, elle, Clarke Griffin, la fille de Jake Griffin, nageur à la si grande carrière, ne savait pas nager.