« Édition Spéciale ! Des distorsions du continuum espace-temps ont été détectées à de nombreux endroits au cours de ces dernières semaines, ces dernières ayant entraîné des étrangetés un peu partout en ville. Selon notre expert, Gouloum Delanno, il s'agirait plus précisément d'une fissure dimensionnelle qui exercerait une influence sur notre dimension. Plus clairement, les conditions physiques et psychologiques d'une personne pourraient être influencées par celles de son double de l'autre dimension voir, dans les cas les plus graves, causer un changement de personnalité. »

Izuku écoutait la journaliste avec une certaine hantise. Si Kacchan avait été victime de cette influence, alors ça expliquait pourquoi il venait dormir dans son lit. Peut-être que dans la dimension de l'autre Katsuki, sa chambre se trouvait à l'exact emplacement de la sienne, et il ne ferait alors qu'aller se coucher, persuadé qu'il s'agissait de sa chambre à lui. Izuku sentit un profond désespoir silencieux et étrangement calme peser sur ses épaules, comme si ce dénouement était évident, comme s'il avait été stupide pour croire que Kacchan serait intéressé par lui, qu'il l'aurait quasiment embrassé hier soir et c'était le cas, ça avait été stupide de sa part de croire que Katsuki pouvait possiblement l'aimer. Il passa une main fatiguée sur son visage. Il aurait aimé avoir pu venir à la même conclusion le concernant mais ce n'était malheureusement pas d'hier que le blond explosif occupait son cœur, y prenant toute la place ou presque.

Il observa ses bracelets et soupira longuement avant de les retirer. Il ne voulait pas voir Kacchan lui rendre son intérêt si ce n'était que dû à un phénomène extérieur. Il les fourra dans sa poche, inconscient des sourcils froncés du blond sur lui et décida d'aller prendre un peu l'air. Il sortit de la salle commune des dortoirs et prit automatiquement le chemin de sa maison. Peut-être que sa mère arriverait à le faire relativiser comme à chaque fois. Mais était-il vraiment bon de ne jamais renoncer à quelque chose qui, visiblement, n'arriverait jamais ? Il s'arrêta dans une rue au hasard, s'adossa contre le mur, les yeux vissés sur ses grosses chaussures rouges. Il savait qu'il était stupide d'espérer mais l n'arrivait simplement pas à s'empêcher de voir des signes là où il n'y avait rien. Peut-être ferait-il mieux de s'éloigner de lui pour enfin faire le deuil d'un amour impossible ? Après les examens, soit d'ici quelques mois à peine, il pourrait travailler dans une agence loin de cette ville, loin de lui. Ce serait dur au début mais c'était un mal nécessaire pour avancer.

- Qu'est-ce que tu fous ?!

Izuku sursauta comme un lapin et braqua son regard sur la source de son malheur qui , une fois encore, ne manqua pas de faire battre son cœur plus fort.

- R-rien, je prends l'air.

- Je parle pas de ça crétin, grogna-t-il, son regard passant rapidement sur le poignet nu de Deku.

Izuku devait forcément avoir rêvé ce détail de rien du tout, Kacchan avait forcément regardé quelque chose derrière lui ou alors...

- Bordel de merde ! s'exclama Katsuki, ses pieds s'enfonçant soudainement dans le sol, comme si le goudron s'était subitement changé en eau.

- Kacchan ! s'écria Izuku juste avant qu'ils ne se fassent engloutir à son tour.

L'instant d'après, ils s'écrasaient par terre, tombant sur leurs fesses sans grande délicatesse. Les sens en alerte, ils prirent connaissance de leur nouvel environnement qui, étonnamment, ne présenta aucune différence.

- C'est quoi ce délire Bordel ? grogna le blond en se relevant, le bitume étant redevenu normal sous leurs pieds.

- Peut-être à cause de l'influence dimensionnelle ?

- Nos doubles auraient chuté dans leur dimension et on en aurait ressenti les effets ?

- C'est pas impossible.

- Cette connerie commence à bien faire, quand est-ce que nos doubles régleront ce problème ? Des incapables, c'est pourtant pas difficile de trouver le responsable avec la base de données.

- Tu veux dire que c'est l'œuvre d'un alter chez eux ? s'étonna Izuku.

- Quoi d'autre ? Si ça avait été de notre côté, on l'aurait su crétin.

- Pas faux.

- Évidemment ! Sinon, concernant t...

- Hey Izuku ! Katsuki ! Déjà de retour ! s'exclama une Uraraka sortie de nulle part.

Et cette dernière, à la plus grande horreur du blond totalement estomaqué, faufila une main dans son cou, joua un bref instant avec les mèches de sa nuque tandis que lui était occupé à se demander ce qu'il lui prenait, niveau réactivité il avait honte, et elle retira finalement sa main non sans caresser sa mâchoire au passage. Les deux jeunes hommes la regardèrent avec des yeux quasi sortis de leurs orbites.

- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-elle, confuse. Vous vous êtes encore engueulé ? C'est ça ? Katsuki, ce n'est pas parce que tu es un soumis que tu dois mettre ta vie en danger pour prouver ta valeur, tous les pros savent que tu es un des meilleurs de ta génération.

La confusion la plus totale tordit les traits du blond. Encore une fois : C'est quoi de délire Bordel ?!

- Soumis ? osa Izuku, tout bas néanmoins, de peur d'attirer les foudres sur le point de s'abattre.

Ce qui ne manqua pas.

- Mais qu'est-ce que tu baves putain ?! C'est quoi ce cirque Nom de Dieu ! Redis encore une fois que je suis un soumis et je t'encastre dans le premier mur c'est clair ?! hurla-t-il, des explosions surgissant de ses deux mains.

- Tu sais bien ce que je veux dire par là, s'exaspéra Ochako, pourquoi faut-il toujours tu fasses une scène ?

- Ah parce que en plus c'est moi qui exagère ?! Va te faire foutre ! Et qu'est-ce que tu racontes bordel ?! Je m'en souviendrais si quelqu'un me sortait une connerie pareil face de ballon !

- Rhalala, quand est-ce que vous allez vous coupler ? Ça devient invivable pour nous aussi à force, rit-elle.

Un long silence s'en suivit. Les deux « amis d'enfance » restaient interdits tandis que Uraraka avait un grand sourire.

- T'as fumé la moquette ou quoi ? grogna alors le blond. Quoi que tu prennes, faut que t'arrêtes, sérieux. Comme si on allait s'accoupler un jour... renâcla-t-il, rien que le terme lui donnant envie de frapper Izuku.

Izuku qui était d'ailleurs occupé à regarder ses chaussures qu'il trouvait plus rouge que d'ordinaire soit dit en passant, ou peut-être était la chaleur dans ses joues qui lui donnait cette impression ?

- Vous savez, je comprends totalement que vous vouliez faire passer votre carrière de héros avant tout mais ça ne vous empêche pas d'avoir également une vie de couple, fit-elle avec la bienveillance incarnée dans son regard chocolat.

- Tu dis vraiment de la merde !

Et sur ce, Katsuki fit volte-face et s'en alla, dignement.

- Heu... Uraraka, fit timidement Izuku. Pourquoi tu as dis ça ?

- Comment ça ? C'est pas ton rêve d'être avec notre chère Ground Zero ?

- Heu... Et et bien... Si m-mais comment tu sais ça ? Je l'ai jamais dit à personne...

- Mais qu'est ce que tu racontes Izuku ? fit avec une légère inquiétude la brune. Tout le monde sait que tu courtises Katsuki.

- … Quoi ? souffla Izuku, choqué et époustouflé à la fois.

Il osait lui faire la court ? Mais...

- Bah... oui. Ça fait des mois maintenant, depuis que ton second genre s'est manifesté et tu l'as pas caché d'ailleurs.

- Mon second genre ?

À cette question-ci, Uraraka fronça les sourcils, bel et bien inquiète maintenant.

- Mais enfin, qu'est ce qui vous arrive à tous les deux ?

- Comment ça nous ? C'est plutôt toi qui dit des trucs sortis d'une autre... dimension... écarquilla-t-il les yeux. C'est pas vrai...

- Quoi ?

- Uraraka ! s'exclama-t-il subitement. Vous avez bien un alter qui cause des trous dans votre dimension !

- Hein ! Heu Oui, en effet. Un vilain utilise ce quirk pour passer d'une dimension à une autre, le rendant très difficile à capturer mais je ne t'apprends rien.

- Si ! Justement ! Ton Kacchan et ton Izuku ont dû attaqué par ce vilain et ont été envoyé dans ma dimension et j'imagine qu'une personne ne peut pas être en deux exemplaires dans un même monde alors pour rééquilibrer le tir, on a été envoyé dans votre dimension !

- Que... Je...

- Uraraka ! cria-t-il à nouveau en bondissant pour rien, encore plus excité. Il faut que tu me dises tout sur ton monde et cette histoire de second genre et Kacchan est un soumis ? Qu'est-ce que ça veut dire ?! Et comment mon moi d'ici pourrait-il avoir le cran de le courtiser ?! Il y parvenait ? Est ce que son Kacchan a des sentiments pour moi ? Heu je veux dire, pour lui ?! Dis moi absolument tout !

- T'es sérieux ? souffla-t-elle, estomaquée.

- Évidemment ! Kacchan est tellement...

- Non, je veux dire pour cette histoire de dimension.

- Absolument, assura Izuku, à part si tout ce que tu as dis n'était qu'une blague...

- Non, pas du tout.

- Incroyable, c'est totalement dingue ! s'enjoua-t-il en sortant son calepin dans lequel il consigna des notes à toutes allures. Vas-y, dit moi tout !

- Heu... Et, et bien, bégaya-t-elle, encore sous le choc de la révélation. Que qu'est ce que tu voulais savoir déjà ?

- Le second genre ? C'est quoi ? Ça à un rapport avec le fait que Kacchan soit un soumis ici non ?

- Oh et bien, oui, c'est son second genre et, et toi tu es un dominant.

- Sérieux ?

- Bah … Oui, répondit-elle sans partager l'engouement de son ami... ou plutôt la copie de son ami venu d'une autre... dimension. Heu, vers l'adolescence, on découvre notre second genre qui définit notre dynamique, ce dont on a besoin pour être stable psychologiquement parlant. C'est un peu comme... une addiction ! Mais en moins violent évidemment. Les soumis ont besoin de se sentir aimé et protégé et les dominants à contrario d'aimer et de protéger. C'est très schématisé évidemment mais, c'est l'idée.

- Et donc, mon moi d'ici à jeter son dévolu sur le Kacchan d'ici ?

- Heu... c-cest un peu plus compliqué que ça. Vous deux faite partie des « magnétisés », fit-elle des guillemets avec ses doigts. En gros, il y a une attirance certaine et réciproque entre vous, si intense que même les personnes externes le voient. Heu... comment te dire... l'instant ou son second genre s'est manifesté, celui de Bakugo s'est éveillé aussi et rien que ça, c-c'est très révélateur. Généralement une réponse à un magnétisme naissant dû à l'apparition d'un second genre est synonyme de paire, âme-sœur ou quelque chose dans le genre.

- Âme-sœur... répéta rêveusement Izuku. Moi et Kacchan ? Oh mon dieu ! Moi et Kacchan !

- Oui, enfin ça tient surtout du folklore mais c'est très rare et il est vrai que c'est déjà arrivé que ces personnes toutes leurs vie toutes leurs vie dans ce genre de cas.

- Oh mon Dieu ! Je vais exploser ! rit avec euphorie Izuku et s'éventant et tournant en rond, ne tenant déjà plus place.

- Oui, beaucoup pensent que c'est votre cas aussi mais Bakugo ne l'a jamais entendu de cette oreille.

- J'imagine oui, le connaissant... Fin connaissant mon Kacchan, le tient doit pas être si différent.

- C'est les mêmes rit-elle nerveusement. Le problème c'est que dans le cas des paires, l'attirance et le besoin d'assouvir la dynamique dominant/soumis est beaucoup plus forte, voir essentielle.

- Sauf que Kacchan préférerait crevé plutôt que de me laisser le dorloter...

- Exact.

- Alors c'est pour ça ce contact avec lui ? Pour l'aider puisqu'il … ne veut pas de moi...

- C'est ça, je suis une dominante alors ça aide un peu. Kirishima et tous les autres le font aussi, même si à chaque fois on se fait engueuler, on sait qu'il en a besoin mais est trop fière pour le demander.

- Je vois...

Izuku avait maintenant envie de pleurer. Un rire amer passa ses lèvres. Décidément, qu'importe la dimension, Kacchan ne voulait pas de lui, ne voudrait sans doute jamais de lui...

- Hey ! l'appela-t-elle doucement en redressant sa tête d'une main tendre. Ne perds pas espoir, Bakugo peut être un vrai enfoiré mais tu ne voudrais pas de lui depuis si longtemps si tu doutais qu'il en valait pas peine.

Izuku sourit tristement.

- Certes, mais s'il ne veut pas de moi, il n'y a rien que je pourrais faire pour changer ça. Il faudra bien qu'un jour je me résigne à ne jamais être avec lui.

- Oh, Zuku, crois moi, il veut de toi et c'est justement ça qui le bloque. Tu sais à quel point sa fierté démesuré peut l'handicaper parfois.

- Oui, soupira avant d'enlacer Uraraka qui passa une main dans sa tignasse verte.

- Tu verras, un jour on en reparlera et je pourrais te dire que je te l'avait dit.

- J'espère, c'est ce que je désire le plus. Lui et devenir un héro évidemment.

- Évidemment, sourit Uraraka. Vous êtes vraiment pareil, toi et mon Izuku d'ici.

TBC …

Alors vous l'avez vu venir ce retournement de situation ? Non ? Bah Moi Non Plus ! XD

C'est surtout que je voyais pas trop ce que je pouvais faire avec ces bracelets colorés ^^'''

Shame on me !