Samedi, 9h34

« C'était bien ta nuit avec la superbe Black Widow ? » ricana Mary-Jane en rentrant dans l'appartement d'Emma.

« J'ai pas passé la nuit avec, » riposta la blonde d'un air agacé. « Et pourquoi t'es ici ?

-Pour te demander de m'épouser, bien sûr ! » éructa la journaliste avant d'éclater de rire. « Je venais d'abord te proposer de dîner avec moi, et ensuite il faut qu'on parle de SABLE.

-J'ai ni l'envie ni l'intention de dîner avec toi, MJ…

-T'es quand même venue passer une nuit avec moi cette semaine… Si ça ne présage pas un retour ensemble, je ne vois pas trop ce que ça veut dire d'autre…

-Tu sais très bien que ça ne signifie rien, à mes yeux, » râla la scientifique. « J'avais juste besoin de…

-De coucher avec quelqu'un, ouais. Jusque là, j'avais compris le principe. Oh et sûrement de te détendre, parce que la sulfureuse Regina Mills s'est jouée de toi. Étonnant venant d'une catin, non ? Et puis ce n'est pas comme si je ne t'avais pas prévenue…

-Ne l'insulte pas, » la coupa Emma d'un ton sans appel. « Qu'est ce que tu voulais me dire sur SABLE ? » Sa voix était plus rauque que d'habitude, et Mary-Jane sut donc par instinct que la blonde était furieuse. Elle préféra ne pas insister sur le sujet, et lui expliquer la réelle raison de sa visite chez la super-héroïne.

« J'ai un ami très bien placé qui les a sur écoute… On pense qu'ils ont prévu de t'éliminer, ou du moins de t'enlever plus ou moins discrètement.

-Plus ou moins discrètement ?

-Écoutes, on n'a pas vraiment de détails, ok ? » répliqua la rouquine. « Il s'agit surtout de conversations téléphoniques et d'appels entre leurs membres. On n'a aucune idée de quand ou comment ils comptent faire, mais si j'étais toi j'envisagerais peut être de quitter la ville pour quelques jours…

-Hors de question.

-Come on, » râla la journaliste. « Il te suffit de prévenir le commissaire et de partir quelques jours en vacances. Y a rien de bien compliqué !

-Il est hors de question que je quitte la ville. Je ne veux pas mettre la population en danger sans être là pour les aider…

-Et ils ne seront pas plus avancés si tu te fais tuer comme une conne ! » tempêta Mary-Jane, qui sentait sa voix trembler d'émotions. « Je me fous de ton envie de revenir avec moi ou non, mais je ne te laisserai pas te faire tuer bêtement. Je ne l'accepterai pas. »

Contre toute attente, elle fit volte face et quitta l'appartement en toute hâte, ne souhaitant pas dévoiler ses émotions à son ex-petite amie. Emma fut surprise du ton que Mary-Jane avait employé mais résista à son envie de la suivre. La rouquine n'aurait de cesse de continuer ses avances si la blonde se laissait aller à l'empathie, et Emma Swan n'avait certainement pas besoin de ça pour le moment.

19h21

« …Henry passe le weekend chez ses amis… » grogna la brunette d'un air las. « Et je fais ce que je veux. Arrête de me faire chier… »
Regina finit son verre de scotch d'une traite et s'en resservit un sur le champ. N'ayant pas la responsabilité de son fils pour la fin de semaine, elle s'était laissée aller à ses émotions et avait commencé à boire dès le milieu de l'après-midi.

« Tu as conscience de l'image que tu donne à ton enfant, au moins ? » ricana la quinquagénaire.

Cora était venue rendre visite à sa fille sans s'annoncer, comme d'habitude, mais, l'avait trouvée ivre et larmoyante dans son salon. Ne se préoccupant même pas de refermer correctement la porte derrière elle, la journaliste s'était décidée à donner une leçon à sa fille qui la décevait véritablement par son comportement défaitiste.

« Ce n'est pas avec ce genre de mentalité que tu iras aussi loin que moi… » insista-t-elle en faisant claquer sa langue. « C'est quoi qui te met dans cet état, hein ? L'amour ? Parce que tu t'es encore entichée d'une personne qui n'en vaut pas la peine ?! Au moins cette fois tu n'es pas tombée enceinte, c'est déjà ça !

-Ferme-la… » râla la jeune femme qui se sentait désormais aussi désespérée qu'enragée.

« Tu n'as aucunement la force ou la capacité d'affronter le monde. Tu n'as rien appris de tout ce que je t'ai enseigné, mija. Il ne faut jamais se laisser aller à l'amour parce que c'est une faiblesse inutile, et il ne faut jamais se laisser dépasser par ses sentiments. Tu n'as jamais été capable de te contrôler ou de te maîtriser. Tu n'as jamais été capable de comprendre tout ce que je t'ai appris. T'as toujours suivi les conseils de ton idiot de père, et regarde où ça t'a mené !
-Ferme la, s'il te plait…

-Honnêtement je ne suis même pas étonnée que tes sentiments envers je-ne-sais-qui ne soient pas réciproques. Regardes-toi ! Tu es une loque ! Même pas capable de te tenir debout parce que tu n'es pas assez forte pour accepter l'échec ou la défaite. Tu n'es même pas assez forte pour assumer ton rôle de mère devant tes amies… Comment veux-tu espérer montrer le bon exemple à ton fils si tu as honte de ce que tu es ?! Et comment penses-tu pouvoir aller loin si tu n'es même pas capable d'endurer une simple déception ?

-Va t'en… je t'en prie…

-Tu veux que je parte ?! Pourquoi ?! Parce que ça fait mal d'être confronté à ses réalités, peut être ?! Parce que ça fait mal de réaliser qu'on ne vaut finalement pas grand chose ?! »

La porte entrouverte s'ouvrit sur une jeune femme blonde, et, comprenant rapidement la situation, Emma s'approcha de Cora pour l'empêcher de continuer. La quinquagénaire hurlait des insanités à sa fille qui était visiblement désespérée, et la scientifique ne put s'empêcher d'intervenir. Elle saisit la journaliste par les épaules et la poussa vers la sortie aussi prudemment qu'efficacement.

« Je pense qu'il est temps de vous en aller, Cora… » suggéra-t-elle d'un ton sec.

« Qui êtes vous pour oser me toucher ? Et comment connaissez vous mon nom ?! » se débattit la quinquagénaire avant de réaliser qu'elle ne pouvait se défaire de l'emprise de la blonde. Emma la repoussa vers la sortie de l'appartement en contrôlant au maximum sa force pour ne pas la blesser, mais essayant tout de même d'exécuter l'opération le plus rapidement possible.

« Je ne vous conseille pas de revenir de sitôt. Je ne désire pas que vous fassiez plus de mal à Regina, » trancha la scientifique qui essayait au mieux de contrôler sa rage.

« Qui êtes vous pour oser me dire ce que je ne peux pas faire ?! » hurla la journaliste qui était visiblement à bout de nerfs.

« Disons que vous parlez assez souvent de moi dans vos chroniques, et de ce que je dois ou ne dois pas faire. Alors je pense que je peux me permettre d'inverser les rôles, pour une fois, » lança la blonde avant de claquer la porte. Elle vit un instant le regard de Cora changer alors qu'elle comprenait le sens des paroles d'Emma, avant que la lourde porte blindée ne se referme sur la journaliste.

Emma fit donc volte-face pour rejoindre Regina dans son salon. La portoricaine s'était affalée sur un des luxueux canapés de son appartement, son verre de scotch toujours à la main. La blonde lui prit le verre des mains et le posa sur la table basse avant de s'asseoir délicatement aux côtés de son amie.

« Pourquoi t'es venue ici… » soupira la brunette d'un air triste. De petites larmes filaient encore sur ses joues mais elle ne semblait pas s'en soucier, ayant l'esprit aussi embrumé que le cœur vide.

« La dernière fois que t'es venue réviser chez moi t'as oublié ton écharpe… » marmonna la blonde d'un air sérieux. « Je voulais juste te la ramener…

-C'est gentil… » bredouilla Regina en fermant les yeux comme pour oublier un peu la situation dans laquelle elle était. « Et merci pour... merci pour ce que t'as fait… t'étais vraiment pas obligée d'intervenir…

-Je crois que je ne peux toujours pas supporter l'idée qu'on te fasse du mal, » déclara la blonde d'un ton sans appel. Regina sourcilla et l'interrogea du regard un instant, avant de se ressaisir et réaliser que ses pensées étaient dérisoires.

« Mais avec tout ça… Cora sait qui tu es… T'aurais pas dû te mettre en danger pour ça… » bredouilla la portoricaine avec difficulté.

« Pourquoi tu te mets dans un tel état ? » interrogea la scientifique qui avait décidé d'ignorer la remarque de son amie. « Qu'est-ce qui se passe ?

-Je ne pense pas que tu sois prête à rediscuter de tout ça… » suggèra Regina d'un air triste.

« Alors je ne crois pas que ce soit constructif d'en parler pour le moment… Je vais juste… ça va aller, ok ? T'en fais pas pour moi…

-Je n'ai aucune envie d'imaginer que tu fasse quelque chose de complètement stupide à cause de tout ça, » indiqua Emma d'un ton sérieux.

« Je ne ferai rien de stupide… fais juste… t'en fais pas, ok ? » répliqua la portoricaine.

Emma eut envie de répondre qu'elle ne pourrait pas s'empêcher de s'en faire pour la jeune femme tant qu'elle aurait des sentiments pour elle, mais elle préféra se taire. Elle ne saisissait pas vraiment ce qui tourmentait Regina ni pourquoi elle avait décidé de se jouer d'elle, mais elle préférait l'ignorer pour le moment. Aborder de nouveau ce sujet ne serait que plus douloureux pour elle, et elle n'était vraiment pas prête à s'infliger ça pour l'instant.

Elle se contenta de hocher la tête en silence et passa son bras autour des épaules de la brune d'un geste amical. Comme automatiquement, Regina se blottit contre elle et se laissa aller à pleurer. La scientifique ne comprenait pas si c'était l'effet de l'alcool qui rendait la journaliste si vulnérable ou elle se mettait véritablement à nu devant elle, mais elle choisit de ne pas se poser plus de questions. Elle s'attela à prendre soin de la portoricaine, et songeait que moins elle s'interrogerait sur tout cela, moins elle risquait d'en souffrir encore…