Bonjour à tous !

Voici donc le dernier chapitre de Moonlight Shadow. J'espère qu'il répondra à toutes les questions que vous vous posiez.

Merci beaucoup à LambdaOfTheDeath, Zeugma412 et Destrange. Merci aussi à celles/ceux qui m'ont mis en favorite ou follow. Ca me fait vraiment plaisir aussi !

Trêve de bavardages et bonne lecture !


Le Diable avance toujours masqué

Lorsqu'elle se réveilla le lendemain matin en ayant l'impression qu'une horde de trolls dansait la samba dans son crâne, Aurora Sinistra regretta son expédition nocturne de la veille. Malgré toutes ses précautions, il semblait qu'elle avait attrapé un bon rhume qui allait rendre sa journée abominable. Malheureusement, la seule façon efficace de se soigner étant la Pimentine, elle se demanda brièvement si avoir de la fumée lui sortant des oreilles serait un prix trop élevé pour sa tranquillité.

Avec un gémissement, elle se leva et se prépara à descendre dans la Grande Salle pour le petit déjeuner. Le week-end, celle-ci restait ouverte un peu plus tard pour les élèves retardataires, mais elle ne pouvait pas trop s'attarder.

Curieusement, elle se sentait légèrement rassérénée. Au fond d'elle, elle savait que sa sœur était probablement morte, mais rester dans l'incertitude était pire que tout. Maintenant, elle savait ce qu'il s'était réellement passé et qu'elle n'avait pas souffert inutilement. Ses idées l'avaient conduite à sa perte et son ralliement au Seigneur des Ténèbres était une chose qu'Aurora ne pouvait pas lui pardonner. Mais elle restait sa sœur, celle avec qui elle avait grandi, celle qui la connaissait le mieux. Elle ne pouvait pas rejeter leur histoire commune, malgré tout ce qu'elle avait fait après être passé dans les ténèbres. Elles n'avaient pas été élevées dans ces idées intolérantes mais lorsqu'elle avait découvert la Marque sur son bras, elle s'était sentie profondément trahie. Après cela, elles n'avaient plus eu de contacts, mais elle restait sa sœur et elle s'inquiétait pour elle. Vesper...

En arrivant dans la Grande Salle, elle remarqua qu'elle est presque pleine. Habituellement, elle se levait plus tôt le samedi matin et venait avant la plupart des élèves. Malgré tout, elle parvint à trouver une dernière place libre à la table des professeurs. Sans surprise, elle se situait à côté de l'acariâtre Maître des Potions. Même si il n'était pas professeur depuis longtemps, les autres membres du personnel avaient rapidement remarqué qu'il était encore moins sociable le matin que le reste du temps, ce qui n'était pas peu dire. Ils faisaient donc en sorte d'éviter de s'asseoir à côté de lui avant qu'il n'ait bu ses deux cafés serrés.

Malgré la réussite de leur expédition, il n'avait pas l'air de meilleure humeur pour autant. Elle se contenta donc du strict minimum :

"Bonjour Professeur."

Ne s'attendant pas à la moindre réponse, au mieux un vague grognement, elle fut stupéfaite d'entendre un poli :

"Bonjour. Comment allez-vous ce matin ?

- Euh, bien, je vous remercie. Et vous ?

- Etes-vous malade ? Vous avez l'air fatigué.

- J'ai peut être pris froid hier, mais ce n'est rien de grave.

- Avez-vous prit de la Pimentine ? J'en ai fait pour l'infirmerie, je pourrais vous en fournir une dose si vous le souhaitez."

Aurora faillit lâcher sa tasse de thé en entendant cela. Quelle mouche l'avait piqué ? Etait-il en train de lui proposer de l'aide spontanément ? Elle devait encore être en train de rêver. Mais voyant qu'il la regardait fixement, elle comprit qu'il attendait une véritable réponse.

"Je n'aime pas trop utiliser cette potion. J'ai fait cette erreur une fois au début de ma carrière, mais il est totalement impossible d'assurer un cours avec les oreilles qui fument.

- J'ai développé une version de ce remède qui n'a pas cet effet secondaire. En modifiant légèrement la composition, on obtient une potion moins spectaculaire mais tout à fait efficace. Je vous en ferrai parvenir une dose dans la journée.

- C'est très aimable de votre part. Mais pourquoi continuez-vous à produire celle avec des effets secondaires plutôt que celle-ci ?

- Les élèves ne sont pas les seuls à trouver amusant de voir de la fumée sortir des oreilles de leur interlocuteur."

Elle se tourna brusquement vers lui, une expression totalement stupéfaite sur le visage :

"C'est pour vous moquer d'eux ? Etes-vous sérieux ?

- On ne peut plus."

En se levant pour quitter la table, il lui fit comprendre que la discussion était terminée. Achevant rapidement son petit déjeuner, elle quitta la salle quelques minutes après lui pour retourner dans ses appartements. Aucune sortie à Pré-au-Lard n'était prévue pour ce week-end, elle aurait donc tout le temps nécessaire pour corriger les copies de ses élèves de troisième année, puis de préparer un cours pour ceux de cinquième.

S'asseyant à son bureau, elle attira le tas de parchemin et armée d'une plume et d'encre rouge, elle commença le long et fastidieux travail qui allait certainement lui prendre des heures. En lisant les premières copies, elle fut surprise, celles-ci étaient assez bonnes et les élèves avaient travaillé sérieusement. Cela lui remonta un peu le moral, ce qu'elle faisait avec eux commençait à porter ses fruits.

Elle fut cependant brusquement interrompue par des coups secs frappés à sa fenêtre. Un hibou moyen duc, au plumage mordoré tapait impatiemment en la regardant de ses grands yeux jaunes. Il tenait un petit colis attaché à la patte qui se balançait doucement au rythme des rafales de vents à l'extérieur.

En ouvrant la fenêtre, une bourrasque fit tomber un bloc de neige, qui finit par s'écraser sur le sol dans un bruit mat. D'un mouvement de baguette négligent, elle le fit disparaître avant de reporter son attention vers le hibou. Celui-ci s'était posé sur son bureau et attendait qu'elle daigne s'occuper de lui. Le paquet était accompagné d'un morceau de parchemin sur lequel une seule ligne d'une écriture hérissée s'étalait :

Je m'en voudrais de priver vos élèves de leur professeure d'Astronomie. Bon rétablissement. SS

Sans la moindre surprise, la potion fit immédiatement effet et elle sentit le brouillard dans lequel elle flottait depuis le matin se lever progressivement quelques minutes seulement après avoir avalé la potion. Griffonnant un mot de remerciement, elle renvoya le hibou et reprit ses corrections. Curieusement, il lui semblait que les copies qu'elle lisait à présent étaient de moins bonne qualité. Son refroidissement avait dû affecter ses capacités de jugement plus profondément qu'elle ne l'avait imaginé.

Elle décida de rester dans ses appartements pendant le reste du week-end. Elle n'avait rien de particulier à faire à l'extérieur et les courants d'air froids qui régnaient dans les couloirs du château la dissuadèrent définitivement de sortir. Elle ne prit pas non plus la peine de se rendre dans la Grande Salle, elle pourrait prétexter un aggravement de son rhume car elle sentant que son collègue ne la trahirait pas sur ce sujet.

Ce n'est qu'en réapparaissant le lundi matin qu'elle croisa le regard si noir de Severus Snape. Il la suivit du regard pendant tout son trajet entre la porte d'entrée et la table des professeurs. Encore une fois, la seule place disponible était à côté de lui. Personne n'avait remarqué le petit manège du professeur de Potions et seule Minerva McGonagall adressa un petit sourire contrit à Aurora Sinistra, navrée pour elle d'avoir à supporter l'humeur détestable du directeur de Serpentard.

"La potion ne vous pas convenue ?

- Pardon ? Si, bien sûr. Je vous remercie encore, vous avez sauvé mon week-end.

- Alors pourquoi vous êtes-vous terrée dans vos appartements ?

- Je n'avais pas vraiment envie de sortir. Vous étiez inquiet ?" Demanda-t-elle, un peu stupéfaite.

"Non, absolument pas. J'ai moi-même passé une grande partie de mon temps dans mon laboratoire pour faire avancer notre...projet. C'est Monsieur le Directeur qui m'a demandé de vos nouvelles ce matin et m'a informé de votre absence.

- Pourquoi vous l'avoir demandé ? Comment auriez-vous pu le savoir ?

- Je suis la dernière personne à vous avoir vue vivante, comme disent les moldus. J'étais donc le principal suspect.

- Il pensait que vous m'aviez fait du mal ?

- Manifestement." Ce mot lui arracha un rictus amer. Le directeur disait qu'il lui faisait confiance, mais il le surveillait quand même de très près. Sentant qu'il ne valait mieux pas s'attarder sur le sujet, Aurora demanda :

"Et êtes-vous satisfait de l'avancer de votre projet ?

- Plutôt, oui. J'ai fait quelques avancées majeures récemment et je pense que je n'ai jamais été aussi près du but. Il reste encore de nombreuses étapes, mais le mélange est stable et réagit correctement.

- C'est une excellente nouvelle. Je suis très...

- Je préfère éviter de me réjouir trop vite. Rien n'est encore acquis et la plus grande prudence est de rigueur. Les tests sur les sujets vont peut-être anéantir tous nos efforts.

- Vous avez trouvé des personnes volontaires pour faire les tests ?

- Compte tenu de ma réputation, nous avons décidé avec le professeur Dumbledore de ne pas révéler mon nom aux sujets. Il a de nombreux contacts parmi les victimes de... Greyback" Il avait murmuré ce dernier mot en faisant en sorte de masquer son visage avec ses cheveux afin de ne permettre à personne de lire sur ses lèvres.

Elle comprenait la raison de sa discrétion, mais cette contrainte devait être un sérieux frein à l'avancée de ses recherches. Même si c'était lui qui avait fait la plus grosse partie du travail, elle se sentait progressivement gagnée par le défi que la recherche présentait. S'il parvenait à accomplir son objectif, il rendrait la vie de dizaines de loup-garou bien moins pénible. La laissant terminer son repas, il se leva et quitta la pièce sans un seul mot pour le reste de l'équipe enseignante.

Un an. Il lui avait fallu un an pour parvenir à une formule stable et efficace. Il avait fallu revoir ses ambitions à la baisse car si la transformation ne pouvait toujours pas être évitée, les lycanthropes gardaient tout de même l'esprit lucide et pouvaient continuer à contrôler leur corps. Ce n'était pas la solution miracle qu'il avait espéré, mais c'était tout de même une avancée majeure dans le domaine.

Au fil des mois, il avait tenu sa collègue au courant des aléas du projet. Toujours à mots couverts car ils ne se voyaient qu'à l'heure des repas. Elle seule était au courant de son projet, elle y avait contribué et était en droit de savoir.

Et ce soir, il fallait qu'il parle à quelqu'un. Il frappa à sa porte en repensant à l'année précédente, la première fois où il lui avait demandé de l'aide et l'échec cuisant qu'il avait essuyé.

"Severus ? Que faites-vous ici ?" demanda-t-elle en le voyant seul dans ce couloir.

"J'aimerais vous parler. Sans risque d'être entendu."

A son visage encore plus fermé que d'habitude, elle comprit que quelque chose de grave était arrivé. Elle se recula pour lui laisser le passage.

"Je sors d'une réunion avec le Directeur," Commença-t-il d'une voix sourde, "au sujet de la potion contre la lycanthropie. Elle est à présent quasiment terminée et je comptais la rendre publique dans les prochaines semaines. Mais il a refusé.

- Ah bon ? Mais pourquoi ?

- Pour la même raison qui m'empêchait de faire mes essais : ma réputation. Il pense que les patients pourraient douter de l'efficacité de ma découverte.

- Mais vous avez fait des tests depuis un an. Cette potion fonctionne parfaitement.

- Bien sûr que oui, je sais bien qu'elle est efficace !

- Il ne vous demande tout de même pas de la garder secrète, n'est-ce pas ?

- Non. Il pense proposer la composition à un autre potionniste, qui revendiquerait mon travail.

- Mais… C'est totalement injuste ! Comment peut-il vous demander cela ? Vous avez passé des mois à travailler dessus.

- Je le sais. Selon lui, je ne peux pas rendre ma découverte publique moi-même, et je ne peux pas non plus la garder secrète alors que j'ai le moyen de soigner des patients. La seule solution à ses yeux est de demander à un prête-nom."

Au ton de sa voix, elle comprit que malgré toute la colère qu'il ressentait, il avait décidé d'accepter la proposition du directeur.

"Il a peut-être raison. C'est injuste, mais vous ne faites pas ces recherches pour la gloire, non ? Vous ne vouliez pas travailler pour l'avenir et éviter de nouvelles attaques ?

- Si, bien sûr."

Il poussa un profond soupir en réalisant qu'elle avait raison. Malgré ce qu'il pouvait en penser, sa satisfaction personnelle était à reléguer au second plan, et donner la priorité au succès de la potion. C'était le principal.

"Vous avez raison. Je suis désolé de vous avoir dérangée à une heure pareille. Je ferai ce qu'il faut pour que le directeur ait toutes les informations nécessaires pour que cette potion soit correctement présentée au public. Souhaitez-vous que je vous cite ?

- Lorsque j'ai accepté de vous aider, cela faisait partie de mes conditions. Je ne veux pas que mon nom apparaisse, encore moins maintenant que je sais comment les choses vont se passer.

- Bien. Comme vous voudrez. Bonne soirée, professeur."

Après lui avoir souhaité une bonne nuit aussi, elle referma la porte derrière lui. Cet homme n'était pas agréable, ni aimable, mais ce qui lui arrivait ce soir devait être atrocement blessant.

Il a fallu un an supplémentaire pour que le remède soit enfin commercialisé. Une cérémonie a été organisée à cette occasion. Toute la fine fleur des potionnistes et des guérisseurs est réunie pour célébrer cette avancée majeure dans la médicomagie. Damoclès Belby vient de terminer son discours de présentation et les applaudissements jaillissent de la foule. Le directeur a demandé à son vieil ami de revendiquer la paternité de la potion à la place du maître des potions de Poudlard. D'abord réticent à l'idée de prendre à son compte la découverte de Severus, il a fini par se rendre aux arguments d'Albus Dumbledore. Il sourit à la foule car il sait que cette découverte le rendra immensément célèbre mais je le vois aussi qui jette régulièrement des coups d'œil à mon voisin, comme s'il voulait s'excuser de cette injustice.

Le vacarme que fait cette respectable assemblée nous submerge comme une vague irrépressible. Un bref coup d'œil autour de moi, tout le monde est debout autour de nous. Severus Snape me regarde, je lui souris pour lui montrer mon soutien, son visage insondable ne laisse rien paraître, mais il doit bouillir intérieurement. Je l'encourage du regard à se lever lui aussi et à applaudir. Il doit affronter ce dernier sacrifice aux bonnes manières puis nous partirons, c'est certain.

Un jour, il sera correctement réhabilité et le monde sorcier découvrira, stupéfait, ce qu'il lui devait.


Ca y est, le monde sait ce qu'il doit à Severus et que la potion Tue-Loup n'est pas une invention de Damoclès Belby...

Merci à tous d'avoir suivi la publication de cette fic, j'espère que la fin est à la hauteur de vos attentes. N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé. Les retours des lecteurs sont précieux pour les auteurs. Ils permettent de nous améliorer et de nous motiver.

J'ai plusieurs projets en écriture. Pendant les vacances, je publierai plusieurs textes courts et des OS. Une nouvelle fic commencera en Aout et un autre en Septembre.

Merci encore et à bientôt !

Lycoris