Repère temporel: à la suite de Oblivio
ChatNoir fonçait sur une longue rangée de toits en direction de la seine après avoir vaincu un akuma aux côtés de Ladybug.
Le plan était simple. Tourner à gauche avant chez Marinette. Passer par le toit de l'école. Nourrir Plagg dans les vestiaires avec le fromage qui s'y trouvait. Récupérer son devoir oublié. Et rentrer chez lui avec une nouvelle transformation.
Mais durant le tonneau lui permettant de survoler la rue, l'éclat d'un objet rouge accrocha son regard vers le ciel au-dessus du balcon de Marinette. Posant le pied sur le toit, il se retourna pour se voir confirmer la présence de sa Lady. L'objet rouge devint alors une boule de lumière rouge et rose et Ladybug laissa sa place à Marinette et sa kwami.
Bien après que la jeune fille soit entrée dans sa chambre, Adrien fixait encore le balcon désert, ignorant le tonnerre annonçant l'orage qui se rapprochait rapidement dans la nuit tout juste tombée.
Plagg se positionna devant le visage de son porteur et récita : «Cher Adrien, J'espère que ce message atteindra ton cerveau à temps. Je voudrais simplement t'aviser que tu es coincé sur le toit de ton école, en pleine nuit, sans pouvoir et que tu fixes présentement du regard la chambre d'une jeune fille qui peut, selon toutes les apparences, te faire passer un très mauvais quart d'heure si elle le découvre. Mes amitiés, ton kwami, Plagg qui se meurt de faim.»
Éclatant de rire, Adrien prit Plagg dans sa paume et le rassura : « Ne t'inquiètes pas glouton. Il y a une échelle d'évacuation pour les urgences et du fromage dans mon vestiaire également pour les urgences.»
Le devoir, l'autorisation parentale et le fromage récupéré, ChatNoir était à nouveau sur le toit prêt à foncer vers chez lui pour faire son travail. Mais un coup d'œil vers le balcon de l'autre côté de la rue poussa ses pieds dans cette direction ou peut-être était-ce son côté chevaleresque? Surement pas ses propres sentiments.
Maintenant qu'il avait découvert l'identité de sa Lady, il comprenait que son désir de partager une relation amoureuse avec elle était vain. Marinette et Adrien ensemble était une idée absurde.
Elle était beaucoup trop bien pour lui et deviendrait une brillante femme de carrière comme son père qui plaçait son travail au-dessus de sa famille. Sa camarade de classe ne pensait qu'à ses études, ses talents en dessin et prendre soin des autres. Elle n'avait pas de temps à perdre avec les facéties de l'amour.
ChatNoir était vraiment heureux d'avoir découvert que Ladybug et Marinette était la même personne. Elle lui paraissait ainsi magnifique, éclatante, céleste… renfrognée.
Un rideau de pluie c'était abattu sur ChatNoir lorsqu'il avait frappé à la trappe de la jeune fille. Et ce n'est pas une expression de bienvenue qui se peignit sur le visage de Marinette lorsqu'elle le découvrit sur son balcon.
«Bonsoir!» fit ChatNoir de la pluie plein les yeux.
«Laisse-moi deviner. Tu veux un abri à cause de la pluie? Pourquoi tu ne rentres pas chez toi, ChatNoir?»
«Non, ce n'est pas pour ça que je suis ici. J'ai quelque chose d'important à te dire mais je préférerais te le dire à l'intérieur. Je risque de me noyer ici.» fit-il sans tenir compte de sa mauvaise humeur.
Les yeux au ciel, Marinette s'effaça pour qu'il se glisse sous la trappe. Ses pattes laissèrent des empreintes sur le couvre-lit qui fut également trempé par la pluie sur lui et celle venant de l'extérieur.
Il s'écarta rapidement et n'osa plus bouger. Elle lui lança un grand drap de bain et retira la housse de la couette avant que l'eau ne pénètre jusqu'au rembourrage.
L'eau retirée de sa combinaison, il la suivit dans l'espace travail de sa chambre. Elle prit la chaise à roulette de son ordinateur et il s'installa sur la méridienne terminant d'éponger ses cheveux.
«Je t'écoute. Qu'est-ce qui est si important que tu doives sortir en pleine orage pour me le dire?» questionna-t-elle.
«Tout d'abord, tu sais très bien que la pluie vient seulement de commencer et que j'étais sortie pour combattre un akuma. Je suis vraiment, profondément désolé d'avoir mouillé ton lit et de te déranger à cette heure, chez toi. Ensuite, tu dois savoir que j'ai appris cette information complètement par hasard et par un concours de circonstance complètement hors de mon contrôle. Je ne passe pas par ce chemin pour rentrer chez moi, normalement.» s'expliqua-t-il.
En effet, Ladybug avait dû suivre un autre chemin pour rentrer elle aussi afin qu'il ne la voit pas. Cela l'avait mit en retard et elle avait touché son balcon à la dernière seconde.
«J'étais sur le toit de l'école, de l'autre côté de la rue et… c'est quoi tout ça?» reprenait ChatNoir avant de s'arrêter.
Elle suivit son regard et ils observèrent tout deux la collection de photos que Marinette avait amassé d'Adrien. Il y en avait sur les murs, l'écran d'ordinateur, certaines étaient encadrées. «C'est euh, de l'inspiration pour mon passe-temps. Je veux devenir dessinatrice de mode.» expliqua-t-elle comme elle l'avait déjà fait.
ChatNoir sembla accepter l'excuse puisqu'il fit un signe de tête et changea de sujet. 'Il y en a encore plus qu'avant, si c'est possible.' Pensa-t-il. Il reprit ensuite avec l'objet de sa visite : « Si je te raconte tout ça, c'est que je veux être complètement honnête avec toi. Je pense que c'est très important qu'on soit transparent l'un envers l'autre le plus possible. Et du coup, je suis moi aussi prêt à te rendre la pareille.»
«ChatNoir, je ne comprends pas du tout ce que tu me dis. Qu'est-ce qui se passe?» pressa Marinette vaguement inquiète. Sa relation avec ChatNoir n'était pas si profonde avec son identité secrète qu'il en vienne à lui parler de la sorte sans une bonne raison.
«J'étais sur le toit de l'école et… je t'ai vu te transformer. Je, je sais.» ChatNoir retomba ensuite dans le silence et Marinette l'imita perdue dans ses pensées.
Après deux bonnes minutes passée à fixer honteusement le plancher, ChatNoir releva subitement le regard lorsqu'elle dit : «Qu'est-ce que tu veux?»
«Quoi?» fit-il surprit et un peu perdu.
«Qu'est-ce que tu veux pour oublier tout ça?» appuya-t-elle.
«C'est vraiment ce que tu penses de moi? Que je suis un escroc prêt à te faire chanter? Un pervers qui voudrait t'avoir à lui contre ta volonté? Un charmeur qui veut te séduire puis te laisser sur le bord de la route?» s'emporta ChatNoir. «Mes sentiments pour toi sont sincères. Tu le sais très bien, en plus! Je me suis confié à toi sur mes sentiments pour toi!»
Après son éclat, ChatNoir se tut et laissa sa respiration revenir à la normale. Son cœur était blessé.
«Je voulais parler de ton silence au combat!» s'exclama-t-elle. «Je te connais trop bien! Tu vas passer ton temps à te moquer de moi et à faire des blagues et des jeux de mots que je ne supporterai pas sur la couture et la boulangerie. Tu vas venir me voir à pas d'heure et me faire une cours acharnée jusqu'à ce que je meure étouffée sous les cadeaux. Alors, dis-moi ce que tu veux que je te donne pour oublier que tu sais où me trouver et sortir de ma tête. Que veux-tu pour arrêter de me déranger même quand tu n'es pas là?»
«Est-ce que ma Lady rêverait de son chaton la nuit?»
«Non, pas du tant que ça mais après un combat, tes blagues stupides me restent en tête comme un ver d'oreille et je n'arrive plus à me concentrer sur … l'autre garçon.» les joues de Marinette étaient toutes rouges suite à son aveu mais elle voulait s'expliquer clairement pour qu'il comprenne sa demande.
Tous deux mal à l'aise, ChatNoir parcourut la chambre du regard. Pourquoi était-il encore là à se faire du mal? Ce n'était pas lui que Ladybug (ou Marinette) voulait aimer. Puis, il remarqua quelque chose de vaguement familier. Il se leva pour aller voir de plus près la feuille froissée épinglée à un tableau de liège. Oui, c'était bien le poème qu'il avait écrit pour sa Lady. Elle l'avait reçu finalement, quelle ironie! Puis, il trouva un parapluie noir posé tout près. Rien d'étrange, mais associé à Marinette et à cette lettre… et là, cet agrandissement de la photo de classe où ils étaient côte à côte.
«Attends une minute!» émit-il. Il parcourut les photos de lui-même plus attentivement certaines étaient décorées de cœurs autocollants et le carnet de croquis abandonné sur le bureau était orné d'un cœur entourant leur initiales. …Et elle avait répondu à son poème 'Mon cœur t'appartient.' «L'autre garçon, le garçon mystérieux à qui tu penses… c'est Adrien Agreste… C'est de lui dont tu es amoureuse?» s'exclama-t-il.
«Oui.» admit-elle. «Il est dans ma classe et on est plutôt proche. Je voudrais être en couple avec lui. Il ne me voit que comme une amie mais… moi, je l'aime. J'aime tout de lui. C'est vraiment quelqu'un de bien.» défendit-elle ses sentiments.
Une unique larme coula sur la joue de porcelaine de la jeune fille. La poitrine de ChatNoir se serra en voyant cette larme. Il aurait voulu la faire disparaître et elle était en même temps le plus beau témoignage d'amour qu'il n'eut jamais reçu. Tellement sincère. Personne ne lui avait jamais dit l'aimer de cette manière et il avait désiré ce genre de serment si longtemps mais il n'aurait jamais pensé que quelqu'un déclarerait à ChatNoir aimer Adrien.
«Tu dois lui dire. Tu dois lui dire que tu l'aimes. Je ne veux plus que tu pleures.» Il avait laissé passer beaucoup trop d'occasion de laisser Marinette atteindre son cœur, il pouvait toutes les voir clairement dans sa tête avec cette nouvelle perspective mais il pouvait aussi très bien s'imaginer face à elle dans la cour de l'école.
Elle lui remettrait une lettre d'amour. Il la parcourrait avidement en une bouchée planifiant de la savourer encore et encore par la suite mais brûlant de se concentrer sur la jeune fille tremblante et adorablement rougissante qui la lui avait remise. Il se tournerait vers elle. La prendrait par la taille pour la rapprocher de lui et…
«NON!» l'exclamation paniquée de Marinette le tira de sa bulle. « Je ne peux pas lui dire. Je n'y arrive pas! J'en suis incapable peu importe comment je tente de le faire, rien ne marche. J'essaie depuis deux ans de lui parler mais tout va toujours de travers. Et même parfois, c'est simplement moi le problème. Je fais un blocage et je nie tout. Tous mes sentiments.»
«Et si je lui disais moi-même? On pourrait écrire un télégramme chanter et j'irais lui lire pour toi…» proposa-t-il. À son avis, c'était le plus simple.
L'idée seule l'embarrassait déjà tellement, qu'elle resta sans répondre. Et elle n'avait pas à 100% confiance en ChatNoir sur ce sujet en particulier mais ça, elle ne pouvait pas lui dire.
«Tu dois lui dire. Marinette, ma princesse, ma Lady.» chantonna-t-il en prenant sa main. «Tu n'es pas heureuse présentement. Ton cœur est torturé par l'amour plutôt que de si réchauffé. Tu dois changer cela. D'abord, parce que tu te rends vulnérable aux akumas dans cet état d'esprit et aussi… parce que je ne supporte pas de te voir souffrir.»
Ils restèrent longtemps en silence, se tenant par la main et écoutant la pluie. Encore une fois, c'est ChatNoir qui brisa le silence. Presque sans l'avoir voulu : «Je veux trois sorties.»
«Quoi?» fit Marinette un peu perdue.
«Tu m'as demandé ce que je voulais pour mon silence, je te réponds. Trois rendez-vous galants.» appuya-t-il avec détermination, improvisant un plan à voix haute. «Il ne t'a jamais regardé comme tu voudrais qu'il te voit. N'est jamais allé vers toi. Mais moi, je me suis dévoué par amour pour toi. J'ai toujours veillé sur toi. Je me suis déclaré. J'ai été patient. J'ai supporté sans rien dire toute tes rebuffades. Je veux moi aussi ma chance dans ton cœur. Je veux te prouver que je peux être aussi adéquat que lui en tant que ton amoureux.»
«ChatNoir, tu n'as rien à me prouver. Je sais à quel point tu es quelqu'un de valeur. Je sais que tu as des tas de qualités. Mais tu as aussi des défauts et si je l'ai choisit plutôt que toi c'est qu'il est… parfait.»
«Rien que ça?» fit ChatNoir sarcastique.
«Chat!» le sermonna-t-elle «Tu es peut-être ex-cep-tionnel mais lui au moins ne flirte pas avec toutes les filles qui passe près de lui!»
«Je ne flirte qu'avec toi, ma Lady!» fit ChatNoir blessé par son manque de confiance.
«Bien sur! Et Rena?»
«J'étais juste surprit par son apparition. J'ai fait quelques blagues pour savoir comment elle réagirait. Il ne m'est jamais venu à l'esprit de sortir avec elle!»
«J'espère, parce qu'elle est avec quelqu'un. Mais Queen Bee? Sérieusement?»
«C'est vrai que j'ai fait des blagues avec elle mais ce n'était pas du flirt, en aucune façon! Seulement une façon de la guider, de me faire écouter d'elle.»
«Volpina?» questionna encore Marinette.
«J'étais juste poli! Aaww!» s'impatienta ChatNoir «Je suis peut-être un peu courtois avec les filles. Mais c'est seulement parce qu'en fait, je n'en fréquente pas beaucoup et qu'elles me rendent timide lorsque je les rencontre. Par exemple, avec Rena, maintenant que je la connais, elle est mon amie et il ne me viendrait pas à l'esprit de lui faire du charme.»
«Et avec moi?» demanda encore Marinette d'une petite voix en détournant le regard.
ChatNoir comprit tout ce qu'il y avait dans cette petite phrase.
Il l'enlaça par les épaules par derrière pour dire d'une voix douce : «L'opinion d'une fille qui n'est pas ma Lady n'avait jamais autant compté que celle de Marinette. Ma belle princesse, tu es merveilleuse, tu m'éblouie. J'ai toujours pensé que tu étais trop bien pour moi. Que de sortir avec toi était comme de te retenir prisonnière et t'empêcher de vivre ton destin. J'ai toujours visualisé mon avenir avec Ladybug parce qu'elle me ressemble plus. Le lien qui nous uni est plus fort qu'avec Marinette. Mais tu as toujours fait battre mon cœur trop vite pour être complètement désintéressé.»
«Pourquoi tu veux faire ça, chaton? Les rendez-vous. Qu'est-ce que ça t'apporteras si au final je reste avec lui?»
«Je ne te l'ai jamais dit, ni à personne d'autre, mais je suis quelqu'un de très seul. Te laisser partir vers un autre est très difficile pour moi. Tu es mon rêve depuis si longtemps! Si au bout de trois vrais rendez-vous où tu me donnes une vraie chance, tu le préfère toujours à moi alors, je ne t'embêterai plus. Je serais ton loyal partenaire et nous nous concentrerons pour faire tomber le Papillon. Et je ferai tous ce qu'il faudra pour que vous soyez réunit.»
«Bon alors, tu m'expliques ce qui t'es passé par la tête?» fit Plagg une nouvelle part de camembert en main, alors qu'Adrien s'installait pour travailler peu après.
«Je me suis simplement dit que Marinette et moi, on ne se connaissait pas autant que je le pensais. Je n'aurais jamais pensé qu'elle était Ladybug et d'apprendre qu'elle m'aimait m'a complètement jeté par terre! D'un autre côté, si elle a pu rejeter le garçon dont elle se dit amoureuse, c'est qu'elle ne me connait pas du tout non plus. Je sais que trois rendez-vous c'est court pour apprendre à se connaître. Mais elle n'aurait probablement pas accepté plus et oui j'ai l'intention de lui dire mon secret ensuite.»
«Alors, tu lui as mentis en disant qu'elle pourrait choisir?»
«Non, Plagg. Je tiendrai ma promesse. Si elle ne veut pas être avec ChatNoir, je ne la forcerai pas. Je serai avec elle en tant qu'Adrien. C'est simplement que je trouverais ça dommage.»
Adrien profita du congé de deux semaines d'école qui arrivait la fin de semaine suivante pour y planifier un premier rendez-vous. Il serait tout aussi occupé que pendant les jours de classe mais Marinette serait plus détendue.
Lorsqu'il arriva à l'école le lendemain, il était très nerveux. D'abord, il avait eu du mal à faire accepter à son père de signer l'autorisation parentale pour aller en sortie scolaire le mois suivant. Ils en étaient venu à un compromit où Adrien irait mais avec son garde du corps.
Mais maintenant, il était nerveux de parler avec Marinette. Il se recoiffa toutes les trois minutes. C'était bien la première fois qu'il s'inquiétait de son apparence pour autre chose que pour ne pas être réprimandé! De plus, plus que tout, il allait s'asseoir toute la journée sous l'œil attentif de sa Lady.
Il trouvait si injuste qu'elle puisse l'observer toute la journée et qu'elle soit l'une des seules personnes qu'il ne pouvait pas voir. Si seulement elle était assise à la place de Chloé!
Il essaya autant qu'il le pu d'approcher Marinette dès qu'il en avait l'occasion, de découvrir ses goûts, comment la mettre à l'aise. Mais plus il se rapprochait et plus elle se refermait.
Il trouva finalement un compromit intéressant. Être proche d'elle mais pas trop. La regarder plus souvent mais très brièvement. Il découvrit aussi quel était son dessert préféré. Du gâteau au fromage, rien que ça!
Il déposa un billet doux accroché à la tige d'une rose rouge sur son balcon le jeudi après-midi. Il lui proposait un rendez-vous samedi en soirée.
Au moment venu, il atterrit sur son balcon pour la trouver joliment vêtue d'un jean et d'une blouse rouge. Elle était maquillée et avait même des fleurs dans les cheveux. Elle l'attendait appuyée contre sa balustrade légèrement sur la défensive et Tikki flottait doucement à ses côtés.
«Bonsoir Buguinette. Tu es magnifique ce soir.» Il serra ses mains dans les siennes et embrassa sa joue.
«Bonsoir chaton. Écoute euh, je voudrais que Tikki vienne avec nous. Je me doute que tu préférerais qu'on soit seuls mais je préfère ne pas me séparer d'elle question de sécurité. Et elle est très discrète.»
«Bonsoir» salua la petite kwami.
«Bonsoir Tikki, enchanté de te connaitre. Euh, je suis désolé de te demander ça mais est-ce que ça te dérangerais de transformer Marinette pour la soirée. Ce n'est pas pour t'exclure, c'est plutôt une question pratique.»
«Je croyais que tu avait toujours voulu découvrir mon identité secrète pour être avec moi sans le masque…» accusa Marinette.
«C'est tout à fais vrai et c'est bien mon intention pour les autres rendez-vous seulement, ce soir j'ai prévu pour nous le rendez-vous que je n'ai jamais pu avoir avec Ladybug. J'aimerais le faire juste une fois. Sauf si, tu préfères que je te transporte à travers Paris en te gardant dans mes bras toute la soirée, ce à quoi je ne dirais pas non. En plus, je pourrais t'admirer toute la soirée…»
«Non, tu as raison.» admit Marinette en souriant du fait qu'il prenait ses volontés en considération. «Je préfère me déplacer par moi-même. Tikki, transforme-moi.»
«Tu es prête?» questionna-t-il en embrassant rapidement sa main.
«Oui, je te suis.» fit-elle avec un sourire plus calme et un air moins buté.
Il la guida par les toits jusqu'à arriver sur l'un d'entre eux qui offrait une magnifique vue sur la Tour Eiffel. Niché entre plusieurs pentes, un petit espace plat ceinturé d'une bordure anti-chute de neige avait été aménagé avec des coussins. Cette fois, ChatNoir n'avait pas placé de chandelles mais la lune était pleine et le ciel clair. Les flammes n'étaient pas nécessaires. Par contre l'air embaumait des roses rouges disposées près des coussins.
Ladybug se pencha au dessus d'un bouquet et remplit ses sens de la capiteuse odeur. Puis, elle se retourna pour complimenter ChatNoir alors que celui-ci déposa un téléphone émettant maintenant un romantique air de violon.
Il lui tendit la main et l'aida à se relever mais la garda contre lui ensuite pour bouger doucement avec la musique.
Alors que la deuxième chanson débutait à un volume plus bas, il brisa le silence doucement installé entre eux en lui demandant simplement comment avait été sa journée. Maintenant que la barrière du secret était brisée, elle pouvait parler librement de sa vie et ne s'en priva pas. Lui non plus, ne cacha pas grand-chose, seulement ce qui était trop évident parce qu'il savait que bientôt il n'aurait plus à ce cacher.
Elle fut agréablement surprise par le caractère qu'elle découvrait à ChatNoir en dehors des combats. Celui qui était doucement charmeur et doucement joueur. Il lui rappelait un chat de salon jouant près d'une cheminée entre deux siestes. Une vision domestique délicieusement confortable mais loin d'être inintéressante.
Dans ses bras, elle avait l'impression d'être dans une bulle qui gardait le monde extérieur loin d'eux. Rien d'autre n'y existait que ce qu'ils partageaient.
Après un moment, un délicieux silence confortable tissé de bien-être c'était installé entre eux, leurs corps moulés l'un à l'autre dans une étreinte toute naturelle. Il lui glissa à l'oreille : « Voudrais-tu un dessert? J'ai apporté une collation.»
«Hum-hum» approuva-t-elle calmement. Il se détacha d'elle et alla s'installer sur les coussins pour servir deux parts de gâteau au fromage.
«J'ai toujours pensé qu'un rendez-vous parfait avec ma Lady inclurait une collation venant de la boulangerie de tes parents. Mais je me suis finalement dit que ça ne t'impressionnerait pas beaucoup et même si tu ne peux pas voir toutes les difficultés que j'ai eu pour faire ce gâteau, j'espère que tu apprécieras l'attention.» expliqua-t-il.
«Tu veux dire que tu l'as fait toi-même?» s'étonna-t-elle.
«Oui, c'était la première fois que je faisais quelque chose de plus compliqué qu'un sandwich. Mais, j'y ai goûté d'abord et je ne suis pas tombé malade.» fit-il sans plaisanter.
«Hum, je le trouve réussit. Et si c'est vraiment ton premier gâteau, je suis impressionnée. Mais comment tu as su lequel je préférais?»
J'ai mes sources.» fit-il mystérieusement. «Si je te le disais ce soir, ça gâcherait la surprise.»
«Quelle surprise?»
«Mon identité secrète. Lorsque je te montrerai mon visage, tu vas en être complètement chavirée!» promit-il
«On peut peut-être éviter dans ce cas. Je n'ai vraiment pas besoin de savoir qui tu es. C'est beaucoup plus sécuritaire si je ne sais pas.» donna-t-elle son avis.
«Mais, il y a tellement d'avantages à ce que tu le saches! On pourrait se parler, se voir, se rejoindre en cas de problèmes…»
«Et si j'étais akumatisée? Ça pourrait m'arriver tu sais. Des akumas m'ont approché dernièrement.»
«Raison de plus pour que tu ais toujours quelqu'un vers qui te tourner. Je voudrais que tu me croies lorsque je dis que je ne veux pas te laisser seul. Je veux être là pour toi. Même si tes sentiments ne deviennent pas réciproques. Lorsque tu m'as offert ton amitié, cela à été pour moi un cadeau formidable.»
Ladybug se releva et prit ChatNoir dans ses bras, le serrant contre son cœur. Après un instant de silence, il s'écarta d'elle sans la laisser complètement. «Tu veux qu'on aille se promener, on pourrait faire la course?»
Elle devina qu'il voulait éviter de devenir trop émotif et proposa plutôt : «Et si on faisait une chasse aux trésors? Essayons de découvrir les merveilles que Paris ne nous à jamais révéler?»
Souriant, il attrapa sa main et l'entraîna parmi la ville des lumières.
Beaucoup plus tard, il la reconduit sur son balcon et elle le remercia de la soirée en déposant un baiser sur sa joue. Pour chaste qu'il était, ce baiser était aussi tendre et aimant.
Ladybug se transforma près de son lit et sautilla en allant chercher son vêtement de nuit. Puis, elle revint vers Tikki en rigolant avec un énorme sourire sur le visage. Ses pas dansaient d'eux-mêmes sur le sol, emportés par une soirée de mouvements continus.
«La soirée à été tellement formidable Tikki, j'ai passé un moment merveilleux.»
«Marinette, serais-tu en train de développer des sentiments amoureux pour ChatNoir?» demanda la kwami qui ne cessait de découvrir l'âme humaine depuis cinq mille ans.
«Non Tikki, ce n'est pas du tout d'amour dont il est question. Je crois juste que j'ai découvert ce soir que si Adrien ne veut pas être avec moi, je ne chercherai pas d'autre amoureux. L'amitié de ChatNoir est tellement formidable qu'elle pourrait me combler tout autant que l'amour d'Adrien.»