Bonjour à toutes et tous ! Voici enfin le chapitre 7 ! Je suis tellement désolée d'avoir mis autant de temps à le sortir ! L'écriture et moi n'avons pas été très amies, ces derniers temps, mais on est en train de se réconcilier ;p

En attendant, la parution de cette fic devient mensuelle. Dès que je le pourrai, je referai deux chapitres par mois, mais, pour l'instant, ça reste compliqué. J'espère que vous comprendrez.

Sinon, un tout grand, un immense merci à Moira-chan ! Elle a agité ses pompons tout au long de la correction et elle a accepté de bêta ce chapitre. Elle m'a beaucoup aidée et rassurée ! Elle a fait un super travail, sincèrement ! MERCI !

J'en profite aussi pour répondre aux reviews guest que j'ai reçues :

Yellow-sama : merci beaucoup ! La suite est là :)

Mio : merci, c'est super gentil ! T.T La suite, c'est maintenant ;p

Soreiyu : oh eh bien, je suis contente que vous n'ayez pas suivi votre promesse du coup. Je remercie "cette saleté de Pikachu" d'avoir conseillé ma fic :) Merci beaucoup pour vos compliments, ça me touche énormément ! Pour la fréquence de publication... ahem... j'étais censée en avoir une fixe, mais je me suis un peu plantée... Ceci dit, pour l'instant, je vais essayer de la mettre à jour aux alentours du 13 de chaque mois du coup. Encore merci pour cette longue review, j'étais très heureuse en lisant vos mots !

Coucou : Merci ! Ça me fait super plaisir de lire ça :) Voilà la suite !

Et merci à vous tous pour votre soutien ! J'espère de tout coeur que ce chapitre vous plaira ! Je vous souhaite une bonne lecture !


Chapitre sept

Fuyumi marchait auprès de Natsuo, pensive. Sans même s'être concertés, ils se dirigeaient naturellement vers le parc de leur enfance, celui-là même où ils avaient passé d'innombrables heures à s'amuser à toutes sortes de jeux. Petite, c'était un endroit qu'elle avait toujours adoré. Mais, après la disparition de Touya, c'était devenu un lieu un peu trop chargé en souvenirs pour elle. Seulement aujourd'hui... ça lui paraissait normal d'y revenir. C'était un peu comme un retour aux sources. Elle avait besoin de se reconnecter à son passé.

Après sa rencontre avec Touya, elle avait appelé le reste de sa famille pour leur expliquer la situation. Mais – à part avec Natsuo – elle avait minimisé certains détails de crainte de trop les heurter. Elle avait surtout peur pour sa maman. Alors, même si elle avait insisté sur le fait que Touya n'était pas prêt à les revoir, elle ne leur avait pas tout dit. D'ailleurs, les conversations n'avaient pas duré très longtemps. Elle n'avait pas eu envie de trop s'épancher. La douleur avait été encore trop fraîche dans son cœur. Elle avait eu besoin de réfléchir à tout ça. Mais, maintenant que quelques jours s'étaient passés, elle sentait que ça lui ferait du bien d'en parler plus franchement avec Natsuo. Parce qu'elle savait que lui seul pourrait réellement la comprendre. Elle avait beau tout donner pour reformer sa famille, il n'y avait rien à faire, le vrai noyau dur, ça avait toujours été eux trois. Touya, Natsuo et elle. Ils avaient été si soudés, à une époque, se promettant même d'être toujours là les uns pour les autres. Fuyumi aimait sa vie actuelle, mais elle restait, malgré tout, nostalgique de ces moments-là...

« Eh, ça va ? »

La voix de Natsuo la sortit de ses pensées. Elle se tourna vers son frère et se força à sourire.

« Ce n'est rien, répondit-elle d'une voix douce. Je repense juste au passé. »

Natsuo hocha la tête. Bien sûr, il pouvait la comprendre. C'était si dur, en même temps, de rester ancré dans le présent au vu de la situation.

« Tu sais, Natsuo, reprit Fuyumi alors qu'ils arrivaient au parc, je crois que je me suis trompée. Ce n'est pas moi qui aurais dû aller voir Touya en premier.

—Ne raconte pas n'importe quoi, Fuyu ! Tu n'y peux rien s'il s'est comporté comme un enfoiré ! »

Natsuo regretta aussitôt ce qu'il venait de dire. Il ne voulait pas traiter son frère aîné comme ça. Mais c'était difficile pour lui de garder son calme, avec tout ce que Fuyumi lui avait raconté. Touya avait carrément osé demander si ça en valait la peine, qu'ils se réconcilient ! Et ça, ça lui restait en travers de la gorge ! Et pire, il ne semblait pas regretter ses actes et pensait encore à Shigaraki ! Natsuo ne reconnaissait pas Touya à travers les mots qu'avait prononcés Fuyumi pour lui raconter leurs retrouvailles. Non, ce type-là, Natsuo ne le connaissait pas et il ne l'aimait pas.

« Il n'était pas très ouvert, c'est vrai, reconnut Fuyumi, mais j'ai fait une erreur. Je n'aurais pas dû lui parler comme ça. Et je l'ai pris de court en venant à l'improviste. Tu sais comment il est... Même si j'étais seule, il s'est braqué. J'avais trop besoin de savoir s'il était toujours Touya. Je lui ai posé les mauvaises questions. »

Fuyumi inspira profondément. Elle y avait beaucoup réfléchi depuis. Et, avec le recul, elle pouvait voir toutes les erreurs qu'elle avait commises. Elle avait été trop vite. Elle était trop restée centrée sur ses propres peurs.

« Je n'étais pas prête, avoua-t-elle. Je pensais que je l'étais, mais au final... j'ai tout raté. Je n'ai pas réussi une seule fois à lui parler comme je le voulais. »

Elle afficha un sourire triste. Dans le fond, elle ne savait même pas pourquoi elle était si surprise. Après tout, Touya et elle n'arrivaient déjà plus à se parler avant qu'il ne s'en aille. Elle aurait dû se douter que les années n'y changeraient rien. Même si elle savait encaisser. Même si elle restait calme. La connexion ne s'était pas faite. Et, au final, elle n'était pas aussi forte qu'elle le croyait.

« Ne dis pas ça, Fuyu, la contredit Natsuo tout en fronçant les sourcils. Arrête de prendre toute la faute sur toi. Il est responsable aussi ! C'est lui qui s'est mis à l'écart ! Il a fait ses propres choix ! Tu aurais eu beau dire n'importe quoi, vu son attitude, je doute que ça aurait changé quoi que ce soit !

—Je ne sais pas Natsu... »

Ça n'avait plus d'importance maintenant. C'était fait après tout. Fuyumi inspira profondément. Elle aurait aimé que la situation soit plus simple, mais elle ferait avec. Elle n'abandonnerait pas aussi vite.

« Est-ce que tu vas l'appeler ? » demanda-t-elle alors à Natsuo.

Elle lui avait, en effet, transmis le numéro de Touya, mais Natsuo n'y avait pas encore touché. Le regard de ce dernier se troubla quelque peu.

« Tu sais, Fuyu... Pendant des années, j'aurais tout donné pour avoir son numéro de téléphone. Je n'aurais pas douté un seul instant. Je lui en veux d'avoir rendu la situation si compliquée. »

Au fond de lui, Natsuo avait tant espéré que la rencontre entre Touya et Fuyumi se passe bien. Il aurait voulu que sa colère s'en aille enfin. Qu'il n'ait plus à penser à Dabi. Qu'il retrouve juste son frère, qui lui manquait tant. Mais les paroles de Fuyumi n'avaient fait que confirmer ses craintes. Il les avait pourtant retournées dans tous les sens pour trouver quelque chose, le moindre mot auquel se raccrocher, mais rien... Il n'avait rien trouvé. Peut-être parce qu'il n'y avait effectivement plus rien.

« Alors, tu ne vas pas le faire ? » demanda Fuyumi d'une voix tremblante.

Elle ne pouvait pas le blâmer s'il refusait de reprendre contact avec Touya. Mais cet abandon signifierait tellement de choses... tellement de choses que Fuyumi n'était pas encore prête à accepter.

« Ce n'est pas ce que j'ai dit. »

La voix de Natsuo se fit plus forte. Ce dernier sourit à Fuyumi. Malgré sa colère, il était sûr de lui.

« Je vais l'appeler, assura-t-il. Je veux d'abord me concentrer sur l'anniversaire d'Aiichiro, mais après, je le ferai. Et crois-moi que je ne compte pas le lâcher. »

Natsuo avait également pas mal réfléchi à la situation, de son côté. Il avait réalisé que toutes ces dernières années, il s'était bercé d'illusions. Il avait été fâché, mais au fond de lui, il n'avait jamais réellement relié Touya à Dabi. Comme si c'étaient deux personnes différentes. Une part de lui avait toujours été persuadée que le jour où Touya sortirait, Natsuo retrouverait son frère. Que derrière ces crimes horribles se trouvait une explication plausible... Que Dabi n'était qu'une façade... Que Touya n'était pas si loin... Natsuo avait cru qu'il aurait alors pu recommencer... le sauver une deuxième fois... Non, le sauver tout court. Mais les paroles de sa sœur avaient ramené ses pieds sur terre. Il ne serait ni un sauveur, ni un héros. Touya avait changé. Et peut-être bien que Natsuo l'avait perdu depuis bien plus longtemps qu'il ne le croyait. Lorsqu'il avait commencé à se faire du mal. Il devrait sans doute faire le deuil du frère que Touya était resté dans ses souvenirs.

Pourtant, malgré la colère qu'il ressentait, malgré l'amertume et la déception, un autre sentiment subsistait. Il ressentait toujours de l'affection pour son frère. Peu importe ce qu'il était devenu. Et au nom de cette affection, au nom de leurs souvenirs en commun, Natsuo allait se battre. Il ne pouvait plus sauver Touya, mais il pouvait peut-être encore sauver leur relation. Il allait essayer, en tout cas, pour n'avoir aucun regret.

De son côté, Fuyumi l'observa un moment, soulagée. Elle avait eu tellement peur que Natsuo abandonne. Mais ils restaient une équipe. Malgré tous les obstacles qui se dressaient entre eux et Touya, ils avaient décidé de rester unis. Emue, elle s'arrêta devant la plaine de jeux et dut se poser un instant sur un banc. Sans rien dire, Natsuo s'assit auprès d'elle. Le regard de Fuyumi se perdit sur le toboggan qui lui faisait face. Elle pouvait sans peine se souvenir du rire de Touya lorsque Natsuo l'avait descendu si vite qu'il était tombé violemment sur le sol. Elle sourit légèrement.

« Tu sais déjà comment tu vas l'aborder ?

—Pas vraiment, lui répondit Natsuo. Mais je ne compte pas mettre de gants. Je ne vais pas lui cacher ma colère. De toute façon, je crois que j'en serais incapable. Et je ne pense pas que ce soit une bonne idée de le brosser dans le sens du poil. Je lui dirai ma façon de penser et je compte bien le secouer un peu. Après... on verra selon sa réaction. »

Fuyumi acquiesça. Peut-être que c'était une bonne idée, dans le fond. Est-ce que ce serait mieux que l'approche douce qu'elle avait tentée ? Sans doute... Touya lui avait semblé à la fois fragile et insensible. Les mots de Natsuo le bousculeraient sûrement. Peut-être un peu trop... mais peut-être aussi qu'il fallait en passer par là pour briser la glace qu'il avait construite tout autour de lui.

« Ne t'en fais pas, Fuyu, reprit alors Natsuo d'une voix paisible. On va trouver une solution. Ça prendra du temps, on va se heurter à un mur, c'est sûr. Mais on ne va pas lâcher l'affaire aussi facilement. On va montrer à Touya qu'on peut être aussi têtus que lui. »

Fuyumi sourit, un peu apaisée. Elle ne se sentait plus seule et ça lui faisait un bien fou. L'espoir renaissait en elle, même si elle savait que le chemin à parcourir serait encore long. Au moins, elle pouvait se reposer un peu sur quelqu'un.

« Merci Natsuo. »

Elle lui était tellement reconnaissante de la comprendre, de la soutenir et de la décharger un peu de cet horrible poids.

« Merci à toi, Fuyumi. »

Il voulait tant remercier sa sœur pour son courage et pour sa force. Parce que c'était, en partie, son énergie qu'il lui donnait l'envie de se battre. Si Fuyumi n'avait jamais baissé les bras, il n'allait pas le faire non plus.

Et à eux deux, peut-être qu'ils arriveraient à atteindre le cœur glacé de Touya... de Dabi... Peu importe de qui. Tant que son frère pouvait, au moins, les entendre...


À plusieurs dizaines de kilomètres de là...

Atterrissant en douceur sur le sol, Shoto finissait tout juste un sauvetage. Les ambulances s'éloignaient, toutes sirènes hurlantes, la police transportait le vilain dans un fourgon blindé. Shoto avait fait du bon travail. Mais alors qu'il aurait voulu se poser un peu, il devait encore supporter une tornade de colère.

« J'étais là avant toi ! s'énerva Katsuki dès qu'il fut à moins de cinq mètres de lui. Mais évidemment, il a fallu que tu n'en fasses qu'à ta tête ! Eh, je te parle double-face !

— Tu cries tellement fort que ce serait difficile de ne pas le remarquer.

— Ne commence pas à me prendre de haut comme ça ! J'en supporte déjà assez avec cet imbécile de Deku ! »

Shoto tourna légèrement la tête vers l'homme explosif. Il avait l'habitude de ce genre de crises. Même après toutes ces années, Katsuki ne réussissait toujours pas à rester calme bien longtemps, surtout lorsqu'il était question de Deku. Mais Shoto était légèrement curieux de voir ce qui l'énervait cette fois-ci.

« Avec son programme stupide de réinsertion, tous les visages sont tournés vers lui ! C'est ridicule ! Et les combats des autres héros, hein ?! Nous, on risque notre vie pendant que cet enfoiré de Deku fait mumuse avec les vilains ! Tss et il a même embarqué Eijiro dans son délire !

— Kirishima s'occupe d'un libéré sous condition ? demanda Shoto qui n'avait retenu que cette information parmi toutes les phrases inutiles de Katsuki.

— Ouais. Et il est à fond dedans en plus ! C'est n'importe quoi ! Comme si on pouvait leur faire confiance !

— ... Il s'occupe de qui ? »

Pour la première fois depuis le début de leur conversation, Katsuki regarda réellement Shoto et se calma un peu.

« Pas de Dabi si c'est ta question. Juste d'une meuf qui a commis plusieurs braquages qui ont mal tourné.

— Je vois...

— Si tu veux savoir qui s'occupe de ton frère, Deku pourra sûrement te le dire, non ? »

Cette phrase aurait pu être gentille, voire même compatissante. Mais vu le ton qu'avait employé Katsuki, ça ressemblait plus à un reproche qu'autre chose.

« Il m'a déjà donné son adresse, je ne peux pas trop lui en demander. »

Katsuki fixa Shoto un instant. Même s'il était toujours fâché que ce dernier lui ait volé la vedette un peu plus tôt, il ne pouvait s'empêcher de se montrer curieux.

« Tu l'as revu alors ? demanda-t-il l'air de rien.

— Non. »

Shoto examina le bout de ses doigts. Il était fatigué. Il allait retourner à l'agence, finaliser quelques détails et rentrer chez lui.

« Comment ça "non" ?! s'énerva Katsuki. Pourquoi tu lui as demandé son adresse si c'est pas pour aller le voir ?!

— C'est ma soeur qui l'a demandée. Elle a pensé que c'était mieux si elle était la seule à aller le voir. »

Famille de cinglés, pensa Katsuki. Peuvent rien faire normalement, non ? Et Shoto qui n'ajoutait toujours rien. Bien, c'était pas demain la veille qu'il allait en savoir plus. Parfait ! De toute manière, il n'en avait rien à foutre ! Le frère de Shoto était un sale bâtard ! Katsuki n'était pas prêt d'oublier ce que ce connard lui avait fait ! Dabi... Rien que ce nom le mettait en pétard ! Il n'en revenait pas que le comité ait autorisé sa libération ! Conditions ou non, tout ça, c'était des conneries ! Des conneries signées Deku ! Il en avait plus qu'assez de tout ça ! Et puis, d'abord, pourquoi il lui parlait à ce double-face ?! Il avait bien mieux à faire !

Il partit donc d'un pas rageur. De son côté, Shoto fit à peine attention à lui et continua sa route, soucieux. Fuyumi lui avait envoyé un message ce matin. Il savait donc qu'elle était avec Natsuo, en ce moment même. Shoto aurait bien voulu être inclus dans leur conversation. La discussion qu'il avait eue avec sa sœur à propos de Dabi ne lui avait pas appris grand-chose. Fuyumi n'avait pas été très loin dans ses explications. C'est vrai que Shoto ne s'était jamais montré très intéressé par tout ce qui touchait Touya, mais il n'avait pas envie d'être à l'écart pour autant. C'était... compliqué...

Maintenant qu'il savait qu'il était dehors et que Fuyumi l'avait vu... il commençait à se montrer un peu... curieux. Une part de lui avait envie de le voir, lui aussi. D'essayer de comprendre ce qu'il pouvait bien avoir en commun avec cet homme qui était supposé être son frère... Touya... Ce prénom sonnait étrangement dans sa bouche. Fuyumi avait eu beau lui parler un peu de lui, dans sa tête, Touya restait toujours ce frère qu'il n'avait pas eu la chance de connaître. Il voyait bien que la situation inquiétait beaucoup Fuyumi et Natsuo, mais lui... Ce n'était pas qu'il n'était pas inquiet, c'était plutôt qu'il se sentait un peu déconnecté. Lui ne voyait que Dabi dans son esprit. Le combat qu'il avait dû livrer contre lui avait été compliqué. Il ne pouvait pas vraiment en parler avec sa sœur et son frère. Ils avaient du mal à comprendre. Ils connaissaient les faits, mais ils n'avaient jamais dû faire face à Dabi.

Seulement, en y pensant, la curiosité remonta en lui. Aurait-il la chance d'apercevoir Touya, à présent ? Dans tous les cas, il ne voulait pas être laissé sur le côté. Il souhaitait s'investir lui aussi, par rapport au retour de Touya.

Enfin, il verrait bientôt Natsuo et Fuyumi, lors de l'anniversaire d'Aiichiro. Il se promit de leur en parler à ce moment-là. Après tout, il était temps, pour lui aussi, de s'affirmer dans cette famille.


Quelques jours plus tard...

La semaine touchait à sa fin. Le samedi, la veille de la fête d'anniversaire d'Aiichiro, Fuyumi s'apprêtait à se rendre chez son père. Mais son esprit était ailleurs. Comme toujours, ces derniers jours, elle ne cessait de penser à Touya. Elle essayait, pourtant, de ne pas se laisser submerger par ses craintes. Par expérience, elle savait que ça ne servait à rien, de toute façon. Il fallait plutôt qu'elle s'accroche à ce que lui avait dit Natsuo. À deux, ils y arriveraient forcément. Et puis... elle faisait de son mieux. Il valait mieux se tromper que rester inactif, non ? En tout cas, c'était de cette façon-là qu'elle voulait vivre... Trop souvent, dans le passé, elle était restée passive. Il n'était pas question, pour elle, qu'elle revive ça.

Les derniers jours qu'elle avait passés au calme lui avaient fait du bien. Elle avait repris confiance. Elle était prête à faire une deuxième approche envers Touya. Oh, bien sûr, elle n'allait plus accourir chez lui. Elle était trop refroidie pour ça. Et, en toute sincérité, elle ne pensait pas qu'elle tiendrait le coup. Elle n'était toujours pas prête. Mais elle savait aussi qu'elle ne pouvait pas rester trop longtemps sans rien faire. Elle ne voulait pas perdre le maigre contact qu'elle avait avec lui.

Son approche ne serait peut-être pas la meilleure, mais, au moins, elle essayerait. Et Natsuo tenterait de l'approcher d'une autre façon. À force d'essayer, une technique allait bien finir par fonctionner, non ? Fuyumi sortit alors son téléphone. Elle hésita un instant, avant d'écrire son message.

« Salut Touya, c'est Fuyumi. Je ne sais pas si tu travailles aujourd'hui. Mais je te souhaite un bon weekend. »

Elle ne voulait pas s'épancher plus que ça. C'était suffisamment neutre pour ne pas le braquer, normalement. Elle ne se montrait pas invasive en lui posant une question directe. Mais elle lui permettait, malgré tout, de rebondir facilement à son message s'il le souhaitait. Ce n'était pas si mal, non ? Elle inspira profondément, puis elle l'envoya. Après ça, elle rangea son téléphone dans son sac et termina de se préparer. Elle tentait de ne plus trop y penser. Elle verrait bien plus tard s'il lui avait répondu ou non. Maintenant, elle comptait bien profiter de sa soirée avec son père.

Fuyumi espérait qu'il allait bien. Après tout, même si elle était toujours très tracassée au sujet de Touya, elle n'en oubliait pas pour autant son père. Elle respectait, bien sûr, la volonté de Natsuo de ne pas l'inviter le lendemain, mais elle n'aimait pas le savoir seul aussi longtemps.

Dès qu'elle fut prête, elle se rendit donc dans la maison de son enfance. Elle y fut accueillie par son père qui, comme à son habitude, ne montrait pas beaucoup d'émotion. Mais ça n'avait pas d'importance pour Fuyumi. Depuis le temps, elle avait appris à lire sur son visage. Elle savait donc qu'il était content de la voir.

Enji avait préparé du thé. Il invita sa fille à s'asseoir avec lui dans la cuisine, pendant que le repas mijotait. Fuyumi but une gorgée bien chaude et sourit. Elle se sentait bien ici. Malgré tous les malheurs qu'elle avait pu vivre dans cette maison, elle aimait toujours autant y revenir. Parce qu'elle gardait, également, en tête tous les bons souvenirs.

« Comment s'est passée ta semaine ? demanda-t-elle alors, tout en reposant sa tasse.

— La routine, grogna Enji. Ces élèves sont tous des incompétents. Ils ne savent absolument rien. On accordait plus d'importance que ça aux études, avant ! »

Fuyumi retint un rire. C'était son père tout craché, ça.

« Je suis contente que tu t'y plaises alors, sourit-elle.

— Ce n'est pas ce que j'ai dit !

— Non, mais je te connais. Dans le fond, ça te plaît de leur enseigner ton savoir, non ? En plus, ils doivent être terrifiés de t'avoir comme professeur. Je suis sûre que ça t'amuse.

— Je ne dirais pas ça non plus, marmonna Enji, bien que ce soit entièrement vrai.

— Au final, on fait le même travail, sourit longuement Fuyumi.

— Pas tout à fait. Je ne pourrais pas m'occuper des enfants trop jeunes qui sont incapables du minimum syndical de réflexion. »

Fuyumi leva les yeux au ciel. Les réflexions de son père la faisaient toujours rire. Mais, ceci dit, savoir qu'ils exerçaient le même métier la remplissait de fierté. C'était peut-être un peu stupide... mais jamais elle ne s'était sentie aussi proche de son père que le jour où il avait accepté cette proposition. Elle qui avait tant souffert de son désintérêt dans son enfance était tellement touchée quand il l'avait enfin regardée... Elle était devenue importante à ses yeux. Et rien ne pourrait jamais atténuer la joie que ça lui procurait.

« Tu t'es fait des amis ?

— Fuyumi, soupira Enji, on ne va pas reparler de ça.

— Mais ce serait bien que tu voies des gens en dehors du travail. Tu essayes, au moins ? »

Enji lui lança un regard significatif. Ce n'était clairement pas un sujet qu'il voulait aborder. Non, il n'essayait pas, et alors ? Hawks était son ami et ça lui suffisait. Bien sûr qu'il pourrait faire des efforts, mais hors de question de l'avouer à Fuyumi. S'il lui racontait la soirée qu'il avait déclinée chez Hizashi, ils n'en auraient jamais terminé.

Peu désireux de s'épancher davantage, il se leva donc et jeta un coup d'oeil au repas qui finissait de cuire.

« C'est presque prêt », grogna-t-il.

Derrière lui, Fuyumi hocha la tête et se leva pour l'aider à mettre la table. Pendant un instant, Enji crut que sa stratégie avait fonctionné et que le sujet était clos. Mais Fuyumi, elle, ne voulait pas en rester là.

« Tu sais, reprit-elle tout en plaçant les assiettes, tu pourrais aussi rencontrer quelqu'un qui... enfin tu vois quoi... qui pourrait te plaire. »

Enji observa sa fille un instant, sans comprendre. Mais lorsqu'il saisit ce qu'elle voulait dire, il s'énerva aussitôt.

« Ne raconte pas n'importe quoi ! Je ne veux pas de ce genre de relation !

—Bien... Mais je voulais que tu saches que ça ne me dérangerait pas si c'était le cas... Ça fait un moment que le divorce est prononcé et maman et toi méritez d'être heureux. Vous avez le droit de passer à autre chose.

—... Rei est toujours heureuse avec Naomasa ?

—Oui, sourit Fuyumi. Elle va bien. Et je pense que toi aussi, tu peux t'autoriser à aller de l'avant... non ? »

Enji resta un moment songeur. Ce n'était pas aussi simple que ça. À vrai dire, il avait accepté le divorce parce que c'était la meilleure solution. Rei le désirait et il ne se voyait pas le lui refuser. Après tout ce qui s'était passé entre eux, il n'avait pas le droit d'espérer quoi que ce soit d'elle, mais... mais ça n'effaçait pas pour autant ce qu'il ressentait. Même après tout ce temps, il ressentait encore de l'affection pour elle. Il n'avait pas le droit de vouloir la réciprocité, il le savait. Et il était content pour elle. Elle méritait d'être avec un homme bien. Malgré tout, il avait encore du mal à tourner la page. Il ne se mêlerait plus jamais de la vie personnelle de Rei, parce que ce n'était pas son rôle, mais ça restait encore dur à accepter quelquefois.

« Non, je ne peux pas, répondit-il alors. De toute façon, ça ne fait pas partie de mes préoccupations. En ce moment, j'ai d'autres... choses en tête. »

Fuyumi acquiesça. Bien qu'elle soit triste pour son père, elle pouvait le comprendre. La situation actuelle était tellement compliquée... Sans vraiment le vouloir, Fuyumi jeta un œil à son sac, posé un peu plus loin. Touya avait-il lu son message ? Lui avait-il répondu ? Son père la tira de ses réflexions en commençant à servir le repas.

« Ton coup de fil de l'autre jour était bien court, lui lança alors Enji tout en s'installant à table.

—Je sais... Désolée... Comme je te l'ai dit, je ne voulais pas trop en parler au téléphone. »

Enji l'observa. Il avait bien compris qu'elle ne lui avait pas tout dit. Il avait déjà été surpris par son appel. Il n'avait pas été mis au courant du fait qu'elle comptait aller voir Touya. Peu importe. Ce qui comptait maintenant, c'était que sa fille lui en dise plus.

« Raconte-moi, dit-il alors d'une voix abrupte. Tu n'as pas besoin de me ménager. »

Bien sûr, Fuyumi le savait, mais... mais ça restait compliqué pour elle. Elle inspira profondément. Ce n'était pas son rôle de protéger autant sa famille, Makato le lui avait encore dit la veille. Mais même en se répétant cette phrase, elle avait toujours du mal. Elle ne voulait blesser personne.

« Ça ne s'est pas bien passé du tout, souffla-t-elle. C'est vrai que j'ai minimisé certains détails au téléphone. Mais... Touya s'est vraiment montré très froid... Je ne l'ai pas reconnu. J'ai essayé de lui parler, mais ça n'a pas marché. Il ne semble pas motivé à l'idée de renouer le contact avec nous. Et il n'a pas l'air d'avoir changé d'avis sur les héros...

—Je vois, murmura Enji d'un ton sombre. De toute manière, ce n'était pas à toi d'aller le voir. C'est moi qui dois régler ce problème.

—Tu ne comprends pas, papa..., murmura Fuyumi d'une voix faible. J'ai réussi à avoir son numéro de téléphone, mais il n'y a que Natsuo et moi qui pouvons le contacter. Il a bien insisté là-dessus. »

Enji la regarda un moment, étonné. Que Touya ne veuille pas lui parler, il pouvait comprendre. Il ne s'était pas vraiment attendu à autre chose, en réalité. Mais qu'il rejette également sa mère et Shoto ?

« Rei ne peut pas le joindre ? » demanda-t-il alors.

Fuyumi secoua tristement la tête.

« Touya... Touya s'est montré très insensible envers elle. Il ne faut pas le lui dire ! Maman... ça pourrait la détruire. »

Enji fronça les sourcils. Ça ne lui plaisait vraiment pas d'entendre ça. Rei et lui avaient fait des erreurs, mais Touya était responsable de ses actes lui aussi !

« Dis-moi ce qu'il a dit exactement.

—À propos de maman ?

—À propos de tout, lui répondit Enji. Tu n'as pas besoin de me cacher certaines informations. Je peux l'encaisser. »

Fuyumi hésita un instant. Bien sûr, elle aurait aimé pouvoir se confier à son père, de la même façon qu'elle avait pu se livrer à Natsuo. Mais ce n'était pas pareil.

« Je suis désolée, papa, mais je ne peux pas tout te dire, non plus. C'est entre Touya et moi, tu comprends ? »

Même si Touya ne le saurait sans doute jamais, Fuyumi ne voulait pas le trahir pour autant. Elle savait qu'il n'apprécierait pas si elle rapportait leur conversation à leur père. Enfin... Le Touya qu'elle connaissait aurait très mal réagi, en tout cas. Mais le Touya qu'elle avait rencontré semblait tellement blasé que peut-être... peut-être qu'il n'en aurait rien à faire... Seulement Fuyumi ne voulait pas parier là-dessus.

Enji l'observa un instant. Il ne voulait pas s'imposer, il savait qu'il n'en avait pas le droit. Mais la situation était bien trop complexe ici que pour faire simplement un pas en arrière.

« Dis-moi au moins ce qu'il en est de ses convictions de vilain. J'ai besoin de savoir, Fuyumi. »

Cette dernière hésita, à nouveau. Mais elle se souvenait parfaitement bien des paroles de Touya par rapport à Shigaraki.

« Je n'ai pas vraiment l'impression qu'il ait changé d'idéologie, avoua-t-elle tristement. Même si je ne crois pas qu'il va refaire du mal autour de lui. »

C'était bien ce qu'Enji craignait. Touya restait accroché aux pensées de ce fou-furieux de Stain. Et ça, c'était sûrement de sa faute. Il était vraiment temps qu'il prenne ses responsabilités. Il voulait pouvoir confronter Touya et lui donner la possibilité de lui dire tout ce qu'il lui reprochait.

« Je vais aller le voir, commença-t-il alors. Il ne va pas bien m'accueillir, mais ça n'a aucune importance. Je me fiche bien de ça ! Il faut que je lui parle. Je ne compte pas l'ignorer. Je ne céderai pas à la facilité ! »

Fuyumi le regarda un moment, avant d'afficher un doux sourire. Son père ne baissait pas les bras, il ne lâchait rien. Et c'était une partie de sa personnalité qu'elle ne pouvait qu'apprécier. Elle était heureuse de voir que même lui n'abandonnait pas Touya. Mais après avoir revu son frère, elle savait... elle savait qu'il était beaucoup trop tôt pour qu'il ne rencontre leur père. De son point de vue, cela ne pouvait que mal se finir.

« C'est encore trop tôt, papa... »

Enji n'aimait pas cette phrase. Il aurait voulu régler ça au plus vite. Et lui aussi, quelque part, avait envie de revoir Touya... Mais il savait aussi que sa fille avait raison. Il ne fallait pas brusquer les choses. Il savait se montrer patient, même s'il détestait ça. Il finit donc par acquiescer. Ceci dit, ça ne l'empêcherait pas de réfléchir déjà à la manière dont il reprendrait contact avec lui. Enji était adepte des manières frontales, mais il n'était pas convaincu que cela serait des plus efficaces avec Touya. Il ne fallait pas qu'il se sente acculé. Enji connaissait par coeur ses conditions de libération – grâce à Hawks – et il n'allait pas prendre le risque de provoquer un combat entre eux. Mais il n'avait encore aucune solution en tête. Il allait falloir qu'il y songe sérieusement.

« Tiens-moi au courant si Natsuo ou toi le revoyez, d'accord ? demanda-t-il d'un ton un peu abrupt.

—Je le ferai.

—Et faites attention à vous. Je ne veux pas que vous soyez blessés.

—Touya ne nous fera rien ! »

Enji n'ajouta pas un mot, mais il restait septique à ce sujet. Il ne pensait pas que Touya s'en prendrait physiquement à eux, mais psychologiquement... c'était un autre débat. Il ne voulait pas que sa fille et son fils soient blessés par le comportement de Touya. Il était bien placé pour savoir que le poids des mots pouvait parfois être bien plus destructeur que les coups. Et là-dessus, Touya semblait lui ressembler...

Un petit moment de silence s'installa entre eux, seulement entrecoupé par le bruit des baguettes sur leur assiette. Aborder tous ces problèmes avait rendu l'ambiance un peu pesante. Ne voyant pas ce qu'ils pouvaient encore bien se dire pour l'instant, Enji préféra donc changer de sujet.

« Ne parlons plus de ça, décréta-il alors. Parle-moi plutôt de Makato. Tu vas avec lui à l'anniversaire d'Aiichiro demain ?

—Oui, on y va ensemble. »

Fuyumi retrouva vite un vrai sourire. Elle avait hâte d'y être. En plus, Makato aimait beaucoup Aiichiro.

« Il adore les enfants, ajouta-elle avec un regard un peu rêveur. Tu devrais voir comment il s'occupe de sa classe. C'est un très bon professeur ! »

Enji l'observa un instant, avant de reprendre.

« Vous aimeriez avoir des enfants un jour ? »

Fuyumi rougit un peu en entendant sa question. D'accord, c'était peut-être indiscret, mais ça faisait un moment qu'Enji se la posait. Fuyumi avait plus de trente ans, ce serait légitime qu'elle ait des enfants maintenant. Lui avait bien eu Touya à vingt-et-un ans et Fuyumi deux ans plus tard. Mais aucun de ses enfants n'avait suivi son exemple. Shoto était toujours célibataire et Natsuo ne semblait pas pressé de faire d'autres enfants. Enfin, dans le fond, ça n'avait rien d'étonnant. Avec le modèle qu'il leur avait montré, ses enfants n'avaient sans doute pas une très belle image de la famille nombreuse.

« Tu sais, commença alors Fuyumi, la voix un peu tremblante, je pense que Makato et moi, on est très heureux avec nos classes respectives. »

Enji fronça les sourcils, essayant de la comprendre. Mais pour lui, très clairement, ça n'avait rien à voir. Fuyumi le vit bien, puisqu'elle poursuivit.

« ... Et si je n'avais pas du tout d'enfant ? Est-ce que ce serait si grave que ça ? »

Enji resta un moment silencieux. Cette pensée ne lui avait jamais effleuré l'esprit. Pour lui, il lui avait toujours paru normal de perpétuer le sang, les alters... Mais il avait eu tort sur tellement de choses...

« C'est ce que vous voulez ? demanda-t-il.

—Oui, répondit Fuyumi. Makato et moi en avons pas mal discuté et on est sur la même longueur d'ondes. On aime les enfants, mais on ne veut pas en avoir. »

Enji ne s'était pas attendu à ça. Etait-ce à cause de lui ? À cause de tout ce qu'il avait subir à sa famille, que Fuyumi ne voulait pas en construire une ? Ces questions lui brûlaient les lèvres, mais il se gardait bien de les lui poser. Parce que ça n'avait peut-être rien à voir avec lui, non plus. Les raisons de Fuyumi ne regardaient qu'elle, après tout.

« Tu fais comme tu veux, lui répondit-il alors. Si tu n'en veux pas, non, ce n'est pas grave. »

Fuyumi sourit en entendant ses paroles. Elle était sincèrement touchée par sa réaction. Jusqu'à présent, elle n'avait jamais osé lui avouer son non-désir d'enfant. À vrai dire, il n'y avait même que Natsuo qui était au courant. Malgré l'évolution de la société, cette question restait toujours taboue pour les femmes. Elle se sentait donc vraiment soulagée que son père réagisse aussi bien.

Ils finirent alors de manger, tout en abordant des sujets plus légers. Fuyumi voulait tout savoir sur ses élèves. Ils s'échangèrent ensuite quelques anecdotes sur leur métier d'enseignant. C'était presque... presque comme une discussion normale entre un père et sa fille. Ce genre de moments était devenu très précieux pour Enji. D'autant plus que Fuyumi avait retrouvé son air enjoué. Même si Enji ne le dirait probablement jamais à haute voix, il appréciait ces rendez-vous hebdomadaires. Peu importe les circonstances – et vu la situation avec Touya, Enji aurait compris que cela change leur plan – Fuyumi venait toujours le voir au moins une fois par semaine. Il ne le méritait pas. Non, il ne méritait clairement pas la bienveillance de Fuyumi. Mais elle lui faisait tellement de bien...

Lorsque le repas fut terminé, ils débarrassèrent la table ensemble.

« C'était très bon, le complimenta Fuyumi. Je trouve que tu t'améliores en cuisine.

—C'est une recette de Hawks, soupira Enji. Pour une fois que ce qu'il m'envoie sert à quelque chose ! »

Fuyumi rigola, avant de reprendre un air plus sérieux.

« Il va mieux ? demanda-t-elle alors d'une voix douce.

—Je ne crois pas. Il cache bien son jeu. »

Fuyumi hocha la tête. Elle ne connaissait pas bien Hawks. Elle ne l'avait rencontré qu'à deux reprises, mais elle savait qu'il avait très mal vécu son infiltration dans la Ligue des Vilains. Fuyumi se demandait de quelle façon il pouvait bien percevoir la libération de Touya. Mais bon... elle avait suffisamment de problèmes à régler pour penser réellement à lui.

Une fois que tout fut rangé, ils burent une autre tasse de thé ensemble. Puis, Fuyumi dut reprendre la route. Elle avait passé une bonne soirée, comme toujours. Et elle était tellement heureuse de voir que son père faisait des efforts pour l'écouter et pour s'intéresser à elle. Même s'il était à l'écart, sa famille comptait toujours pour lui. Et ça, Fuyumi le voyait bien.

Mais alors qu'elle s'apprêtait à partir, Enji la retint encore une seconde.

« Attends... Tiens, tu pourras donner ça à Natsuo pour moi ? »

Il prit un paquet emballé sur l'étagère de l'entrée et le lui remit.

« C'est un cadeau pour Aiichiro. »

Fuyumi le prit, un peu perdue.

« Je... Je ne sais pas si Natsuo acceptera, murmura-t-elle.

—Ce n'est pas grave, s'il ne veut pas. »

Enji avait bien conscience que c'était une possibilité. Mais il voulait au moins essayer. C'était important pour lui, même si c'était dur de réussir à bien se positionner. Il voulait s'investir, sans s'imposer. Enfin... Il ne souhaitait pas trop y penser pour l'instant. Il enchaîna alors rapidement sur autre chose.

« La prochaine fois, tu peux venir avec Makato si tu veux. »

Fuyumi retrouva bien vite son sourire. Son père n'avait rencontré son petit ami qu'en de très rares occasions. Ils ne se connaissaient pas très bien, du coup. Enji n'avait même jamais manifesté l'envie de le voir davantage. Mais là... cette invitation remplissait Fuyumi de joie.

« Je le ferai. À la semaine prochaine, papa. »

Enji la salua tandis que Fuyumi s'éloignait. Elle était heureuse. Pour la première fois depuis bien longtemps, elle se sentait même légère. Lorsqu'elle remonta dans sa voiture, elle songea, un instant, à Makato. Quand il allait savoir qu'il était invité chez son père, il allait déjà commencer à s'angoisser. Fuyumi ne put s'empêcher de se sentir amusée à cette idée...

Puis, avant de démarrer le moteur, elle ouvrit son sac et attrapa son téléphone. La nervosité monta en elle. Elle regarda l'écran. Elle avait un message ! Son cœur rata un battement.

« À toi aussi. »

Touya n'avait pas répondu à sa question indirecte sur son travail. Il ne faisait rien pour relancer la conversation. Mais ça n'avait aucune importance. Il lui avait répondu. Seulement quelques minutes auparavant, mais ce n'était pas grave. Il lui avait envoyé un message. Et ça, c'était déjà une vraie victoire pour elle. Elle n'en revenait pas. Les larmes lui montèrent aux yeux. Elle laissa échapper un petit rire. Touya laissait la porte ouverte... Malgré toute la froideur dont il avait fait preuve lors de leur rencontre, il l'avait laissée ouverte...

Fuyumi se dit que la soirée n'aurait pas pu mieux se terminer. Elle finit par sécher ses larmes et démarra enfin la voiture. Elle avait hâte de rentrer et de raconter tout ça à Makato...


Le lendemain, un peu avant quinze heures, Natsuo s'affairait partout dans la maison. Ses invités n'allaient pas tarder à arriver et il avait encore plein de choses à préparer ! Aiichiro avait été une vraie pile électrique toute la journée. Hanayo et lui avaient dû batailler pour qu'il fasse enfin sa sieste de l'après-midi. Là, il venait tout juste de se réveiller et Hanayo était en train de le changer. Natsuo, lui, posait déjà les apéritifs sur la petite table du salon.

Même s'il n'avait pas arrêté depuis ce matin, il était vraiment heureux de recevoir sa famille et celle de sa femme pour l'occasion. À vrai dire, il avait toujours aimé les inviter. À chaque fois qu'ils venaient, ça le remplissait de fierté. C'était peut-être un peu stupide, mais il se sentait fier de pouvoir les recevoir chez lui. Ça lui montrait que, malgré tous les obstacles qu'il avait rencontrés dans sa vie, il avait réussi à s'en sortir.

Quelques minutes plus tard, Hanayo et Aiichiro descendirent. Aiichiro se dirigea directement vers ses jouets. Ce qui permit à Hanayo de venir l'aider à tout finaliser. Ils terminaient tout juste de sortir les verres lorsque l'on sonna à la porte. Natsuo alla ouvrir. C'était sa maman.

Rei lui sourit et l'embrassa, avant d'entrer dans la maison et de retirer ses chaussures.

« La route s'est bien passée ? lui demanda Natsuo.

—Oui. Naomasa s'excuse encore de ne pas pouvoir venir.

—Pas de souci. Il faudra qu'on trouve un autre moment pour qu'il puisse passer. Il a encore beaucoup de boulot ?

—Oui, soupira Rei. Il n'arrête pas. Mais bon... »

Elle s'approcha de Natsuo et lui serra doucement la main. Elle avait encore en tête la conversation qu'ils avaient eue par téléphone après la rencontre de Fuyumi avec Touya. Elle sentait bien que Natsuo souffrait beaucoup de cette situation... Elle aurait tant aimé pouvoir faire quelque chose. Mais elle se sentait impuissante. Si Touya n'était pas prêt à la revoir, elle n'allait pas le forcer. Elle attendrait. Seulement... c'était tellement difficile pour elle de laisser ses enfants gérer cette situation. Ce n'était pas leur rôle. Elle aurait dû faire plus...

Natsuo lui sourit alors et l'enlaça un moment. À son regard, il voyait bien où s'étaient échappées ses pensées.

« Ne t'en fais pas, maman... On va y arriver. »

Rei hocha la tête. Allez... C'était l'anniversaire d'Aiichiro aujourd'hui. C'était tout ce qui comptait.

« Où faut-il mettre les cadeaux ? demanda-t-elle alors.

—Oh, mets-les sur la table de la cuisine, ça ira très bien. »

Rei s'éloigna donc. Natsuo n'eut pas l'occasion de l'accompagner. La sonnette retentit à nouveau...

Très vite, tous les invités arrivèrent. Tout s'enchaîna assez rapidement. Alors que les autres s'installaient dans le salon avec Hanayo et Aiichiro, Natsuo retrouva Fuyumi dans la cuisine. Il commença à servir les boissons, lorsqu'il la vit sortir deux grands paquets cadeaux de son sac.

« Eh bien, tu as bien gâté ton filleul ! commenta Natsuo, amusé.

—En fait... celui-ci vient de papa. Il m'a demandé de te l'apporter.

—Ah... »

Natsuo se sentit un peu mal en entendant sa phrase. Il ne s'y attendait pas du tout. Enji n'avait jamais rien offert à Aiichiro avant ça. Pourquoi le faisait-il cette année ?

« C'est une idée à toi ? demanda-t-il alors.

—Pas du tout. Je ne lui en ai même pas parlé. Il m'a dit que si tu ne voulais pas le donner à Aiichiro, ce n'était pas grave... Je n'ai pas eu l'impression qu'il forçait. Et ça... je trouve ça bien, non ?

—Si si... »

Natsuo lui répondit distraitement. Il regardait le paquet cadeau, un peu perturbé. Jusqu'ici, Natsuo avait trouvé ça plutôt normal, cette absence de cadeau. Après tout, Enji n'avait jamais été invité, il ne connaissait pas réellement Aiichiro. Ils s'étaient vus en tout et pour tout trois fois. Dont deux fois qui avaient été un mauvais concours de circonstances. C'était donc plutôt logique qu'il ne lui offre rien. Les deux dernières années, Enji s'était contenté de lui envoyer un message pour souhaiter un bon anniversaire à Aiichiro. Et ça convenait parfaitement à tout le monde, non ? Alors pourquoi changer ça cette année ?

« Je crois que la libération de Touya le travaille beaucoup, reprit Fuyumi d'une petite voix, comme si elle lisait dans ses pensées. Peut-être que ça lui a donné la force d'essayer un nouveau rapprochement avec Aiichiro.

—Ouais... peut-être... »

Natsuo ne savait pas vraiment quoi en penser. Il ressentait toujours beaucoup de colère envers son père, mais le geste était quand même là...

« Si tu veux, je peux le remettre dans mon sac, lui dit alors Fuyumi. Tu ne dois pas te sentir obligé.

—Non, c'est... c'est bon. Tu peux le laisser sur la table. »

Aiichiro n'était pas responsable des problèmes entre Enji et lui. Natsuo ne se voyait donc pas lui refuser ce paquet. Et puis... dans le fond... ce n'était qu'un cadeau, non ? Malgré tout, il pouvait sentir la tension monter en lui. Il se sentait un peu perdu et perplexe...

Il était prêt à donner une deuxième chance à Touya malgré les crimes atroces qu'il avait commis, mais il n'avait jamais pu en faire de même avec son père. Etait-ce de l'hypocrisie ? De la lâcheté ? Dire qu'en plus, Touya était celui qui s'en moquait, alors que son père faisait de son mieux pour recoller les morceaux...

Il inspira profondément. Non. Ce n'était pas le moment de penser à ça. Il y réfléchirait plus tard. Souriant à Fuyumi, il lui demanda de l'aide pour apporter les verres. Ils rejoignirent ensuite les autres au salon. Chacun s'assit alors sur les divans, tandis qu'Aiichiro commençait déjà à s'empiffrer de friandises. C'était sa journée, après tout. Il avait bien le droit d'en profiter. Il s'amusa ensuite à demander des câlins à tout le monde. Puis, il prit sa grand-mère paternelle par la main et l'emmena un peu plus loin pour lui montrer ses jouets. Aiichiro avait toujours beaucoup aimé Rei. Il lui souriait sans cesse, avec des yeux rieurs.

Au bout d'un moment, Hanayo demanda à Aiichiro s'il voulait ouvrir ses cadeaux. Aussitôt, ce dernier s'éloigna de la petite cuisine où il s'amusait à faire semblant de préparer le repas avec Rei et courut rejoindre les autres adultes. Tour à tour, tout le monde lui offrit son cadeau. Aiichiro était aux anges. Il venait de recevoir plusieurs petits livres, un jeu de société pour enfants, une belle peluche de dragon et un nouveau set de casseroles pour sa cuisine. Hanayo veilla à ce qu'il remercie bien tout le monde. Puis, lorsqu'il ne resta plus qu'un paquet, Natsuo le prit, un peu mal à l'aise, et le donna à son fils.

« Tiens, c'est de la part de ton grand-père. »

Aiichiro se tourna alors vers son grand-père maternel, avec un grand sourire.

« Non, reprit Natsuo d'une voix un peu tremblante, je veux parler de ton autre grand-père. Mon père.

— Oh, souffla Aiichiro avec émerveillement. Un cadeau d'Endeavor ! »

Il sembla complètement fasciné par le cadeau et déchira rapidement le papier, avec l'aide de Natsuo. Il ouvrit ensuite de grands yeux lorsqu'il vit que c'était un ensemble de locomotives avec des rails en bois. Aussitôt, il balança la boîte dans les bras de son père et sautilla, tout excité.

« Ouvre, ouvre, ouvre !

—Et qu'est-ce qu'on dit ? demanda Natsuo, amusé.

—S'il te plait !

—C'est bien. »

Natsuo ouvrit la boîte et sortit les différents éléments. Puis, une fois que tout fut mis à même le sol, Aiichiro sollicita l'aide de son tonton Shoto pour attacher les rails ensemble. Il semblait vraiment heureux de son cadeau. Natsuo l'observa un moment, songeur. Son petit frère avait l'air si concentré que c'était amusant à regarder. Natsuo se rendit alors compte qu'il ne ressentait plus de tension dans son corps. Tout se passait bien...

D'un air attendri, il observa ensuite Aiichiro tester tous les nouveaux jouets qu'il avait reçus. Il demandait, à chaque fois, à une personne différente de venir jouer avec lui. Il profitait clairement de la situation et du fait que tout le monde était aux petits soins avec lui. Natsuo le trouvait juste adorable...

La fête se poursuivit dans la bonne humeur. Natsuo pouvait voir que tout le monde semblait bien s'amuser. Sa mère parlait longuement avec les parents de Hanayo tandis que Fuyumi et Makato jouaient avec Aiichiro. Un peu plus loin, Shoto et Hanayo s'échangeaient quelques phrases. Son petit frère semblait, malgré tout, un peu à l'écart. Comme souvent lorsqu'il y avait beaucoup de gens. Natsuo s'approcha alors de lui et le poussa gentiment d'un mouvement d'épaule.

« Tu veux encore quelque chose ? demanda-t-il.

— Non, ça va, répondit calmement Shoto.

— Tu as l'air un peu ailleurs, tout va bien ?

— Oui, je crois. »

Shoto sembla pensif un instant. Puis, il reprit la parole.

« Il faudra que je vous parle, à Fuyumi et à toi. Quand tout le monde sera parti.

— D'accord, comme tu veux... »

Natsuo n'était pas vraiment surpris par sa demande. Il se doutait bien que Shoto voulait leur parler de Touya... Mais oui, pour une fois, le sujet pouvait bien attendre. Il sourit à sa femme, avant d'aller rejoindre sa maman qui parlait toujours avec ses beaux-parents. Il s'incrusta alors dans leur conversation. Il s'était toujours très bien entendu avec les parents d'Hanayo. Ils avaient su être là pour lui à des moments difficiles... presque comme... des parents, oui...

Mais même s'il se plongeait dans la conversation, Natsuo continuait de garder un œil sur tout le monde. Makato et Fuyumi s'amusaient toujours avec Aiichiro. Natsuo ne connaissait pas aussi bien Makato qu'il ne l'aurait voulu – Fuyumi avait gardé leur relation secrète pendant un bon moment – mais il l'appréciait beaucoup. C'était un homme qui était droit dans ses bottes. Il bossait beaucoup, il semblait intelligent, mais surtout, il ne cessait de lancer des regards doux à Fuyumi. Natsuo était persuadé qu'il prenait bien soin d'elle. C'était tout ce qui comptait pour lui.

Les conversations se poursuivirent alors. Et bientôt, la journée toucha à sa fin. Lorsqu'il fut temps pour Aiichiro d'aller au lit, la plupart des invités en profitèrent pour partir à leur tour. Au moment où Natsuo redescendit dans le salon, après avoir couché Aiichiro avec Hanayo, il ne restait plus que Shoto et Fuyumi. En apprenant que Shoto voulait lui parler, Fuyumi avait demandé à Makato si ça ne le dérangeait pas de rentrer seul. Shoto avait promis de la raccompagner. Makato n'avait même pas discuté et les avait laissés seuls sans aucun problème.

Hanayo en fit d'ailleurs de même. Elle passa une main dans le dos de Natsuo et déclara qu'elle allait se poser un peu. Natsuo acquiesça. Il savait que c'était juste une excuse pour leur laisser leur intimité. Il commença alors à ranger le salon et la cuisine avec son jeune frère et sa soeur.

« Pourquoi vous ne m'avez pas appelé ? finit par demander Shoto.

—Quand ça ? s'étonna Fuyumi.

—L'autre jour... Quand vous vous êtes retrouvés au parc. Vous avez parlé de Touya, non ? J'aurais bien voulu être présent. »

Natsuo et Fuyumi s'échangèrent un regard, un peu surpris.

« Désolé, commença Natsuo. Ecoute, ce n'est vraiment pas contre toi. On ne pensait juste pas que tu voulais être dérangé avec ça.

—C'est l'impression que je te donne ?

—... Disons que... tu n'as jamais été proche de Touya. »

Shoto commença à remplir le lave-vaisselle, tout en réfléchissant. C'était vrai... il n'avait jamais passé beaucoup de temps Touya, mais ce n'était pas une raison.

« J'aimerais le connaître, dit-il alors d'une voix assurée. Comme j'ai appris à vous connaître.

—Je ne sais pas si ça en vaut le coup, grimaça Natsuo. Touya était un bon frère. Le genre de mec sur qui tu pouvais compter. Mais il n'est plus le même.

—C'est vrai, soupira Fuyumi. J'ai eu beaucoup de mal à lui parler. Je ne veux pas que tu sois blessé, Shoto, ou que tu places trop d'espoir dans cette relation

—Vous vous posez trop de questions, leur répondit Shoto. Je ne connais pas Touya, mais j'ai connu Dabi. Je me suis même battu contre lui. Je sais déjà qu'il n'est pas quelqu'un sur qui on peut compter. Je sais déjà à quel point il peut blesser les autres. »

Shoto lâcha ces phrases de son habituel ton impassible. Le visage neutre, il ne faisait que déclarer la stricte vérité. Il avait eu plusieurs contacts avec Dabi, tous plus meurtriers les uns que les autres. Il se souvenait encore de ses flammes brûlantes qui essayaient de l'engloutir. Il n'avait pas tellement d'attaches avec lui. Ce serait facile pour lui de le laisser tomber, de ne plus faire attention à lui. Mais Dabi était son frère. Et depuis qu'il le savait, il n'avait jamais renié ce fait.

« J'ai bien aimé cette après-midi, déclara-t-il alors. En vous regardant tous, je me dis que c'est à ça que devrait ressembler une famille, normalement. »

Fuyumi lui lança un regard triste. Même si Shoto ne montrait jamais ses émotions, elle se doutait qu'il devait encore souffrir de son passé.

« Vous pensez que Touya n'aurait pas mal tourné si notre enfance avait été normale ? finit-il par demander, le regard un peu ailleurs.

— ... J'aimerais te répondre que non, soupira Natsuo après quelques secondes de silence, mais malheureusement, je n'en sais rien. Enji n'est peut-être pas le seul responsable dans tout ça. »

Fuyumi observa longuement Natsuo. Elle pouvait ressentir toute sa souffrance et sa désillusion. Mais il avait raison. Leur père avait mal agi, mais pour le coup... on ne pouvait pas tout lui mettre sur le dos...

« En parlant de ça, reprit Shoto d'une voix toujours aussi calme, c'est sympa le cadeau qu'il a offert à Aiichiro.

— Ouais... J'imagine, ouais. »

Natsuo détourna les yeux, mal à l'aise. Il n'avait pas vraiment envie de reparler de ça. Heureusement, Shoto sembla le comprendre. Il se contenta de hocher la tête, avant de reprendre.

« En tout cas, si vous deviez reparler de Touya, j'aimerais participer à la conversation. C'est mon frère aussi... Même si je n'en ai pas l'impression. Je ne veux pas rester à l'écart.

—Bien sûr Shoto ! Ce n'était pas notre intention ! répliqua aussitôt Natsuo.

—Je sais... Et donc, vous pensez vraiment que c'est sans espoir ?

—Je ne crois pas, répondit doucement Fuyumi. Il a répondu à mon message, hier. »

Natsuo lui lança un regard surpris. Sa sœur ne lui avait rien dit !

« Je voulais attendre que l'anniversaire d'Aiichiro soit passé pour vous en parler. »

Même si, techniquement, elle n'en aurait parlé qu'à Natsuo de prime abord. Shoto avait bien fait de remettre les choses au clair.

« Ce n'était pas très long, ajouta-t-elle. Il m'a juste souhaité un bon weekend en retour. Mais je me dis... c'est déjà ça... non ? »

Natsuo fit la moue. Il n'avait pas envie de décourager sa sœur, mais il ne comptait pas non plus sauter au plafond parce que Touya avait répondu à un simple message. Shoto, lui, se contenta de hocher la tête.

« Vous pensez que je pourrais essayer un jour d'entrer en contact avec lui, moi aussi ? demanda-t-il ensuite.

—Ça va être compliqué, répondit Natsuo en grognant. Il n'a clairement pas l'air motivé à l'idée de nous revoir. »

Fuyumi aurait aimé pouvoir le contredire, mais elle ne pouvait que rester silencieuse. Il avait raison. Une simple réponse n'effaçait pas la façon dont il s'était comporté avec elle. Il fallait garder espoir, oui, mais il fallait protéger Shoto également.

Ce dernier resta silencieux, tout en rangeant les dernières assiettes. Il ferma ensuite le lave-vaisselle et le mit en route. Les yeux perdus dans le vide, il attendit un certain temps avant de reprendre la parole.

« Et si j'étais motivé pour deux ? demanda-t-il sous le regard éberlué de Natsuo.

— ... Euh... Eh bien, je n'en sais rien... Mais tu es sûr de toi... ?

— Non, mais je n'ai pas envie de passer mon temps à me demander ce que j'aurais pu ou dû faire. Quand vous estimerez que c'est le bon moment, je lui proposerai qu'on se voie. »

Fuyumi sourit légèrement. La situation avait beau être compliquée, ils restaient tous soudés. Et même si Touya les avait rejetés, ni ses parents, ni Shoto ne baissaient les bras pour autant. Fuyumi se rendait compte que tout se mettait en place autour de Touya. Peut-être que ce dernier n'y croyait plus, qu'il n'avait plus d'énergie à dépenser pour eux, mais ce n'était pas leur cas. Même Natsuo finit par sourire... Ils voulaient tous revoir Touya et lui parler. Leur famille était peut-être dysfonctionnelle, mais ils s'accrochaient malgré tout à leur dernier membre. Parce qu'il était hors de question de laisser tomber Touya aussi facilement.

« On va y arriver, murmura alors Fuyumi. L'an prochain, peut-être qu'on sera même tous réunis pour les quatre ans d'Aiichiro. »

C'était un voeu pieux, sans aucun doute. Naïf même. Mais ça lui réchauffa le coeur en même temps.

« Ce serait bien. »

Shoto ne sourit pas, mais ses yeux semblèrent se réchauffer. Lui non plus ne serait pas forcément contre cette idée...

« Qu'allez-vous faire, à présent ? demanda-t-il ensuite.

—Je pense que je vais continuer à lui envoyer quelques messages, répondit Fuyumi. Pour l'instant, c'est tout ce que je peux faire.

—Je vais l'appeler, dit, à son tour, Natsuo. Après votre départ, je le ferai. »

Il sentait que leur conversation était pile ce dont il avait besoin pour réussir enfin à se lancer.

« Tu te sens prêt ? lui demanda Fuyumi.

—Pas vraiment, sourit tristement Natsuo. Mais je pense que je ne le serai jamais. Shoto a raison. À un moment, on ne peut pas attendre que la motivation vienne de lui. Il faut qu'on se force. J'ai dit que je le ferai après l'anniversaire d'Aiichiro, il n'y a donc plus de raison de reculer. »

Fuyumi acquiesça. Elle savait que ce n'était pas facile à vivre comme situation. À ses côtés, Shoto semblait rester de marbre. Pourtant, il finit par hocher la tête.

« Courage, Natsuo. »

Ces simples mots eurent beaucoup d'effet sur ce dernier. Il sourit alors tendrement à son jeune frère et le remercia. Fuyumi et Shoto lui demandèrent ensuite de les tenir au courant, puis, ils ne tardèrent pas à quitter la maison.

Lorsqu'ils eurent passé la porte, quelques minutes plus tard, Natsuo resta donc encore un moment en bas. Il savait que sa femme l'attendait, mais il avait besoin d'être seul pour passer ce coup de téléphone. Il s'éloigna dans la véranda et laissa son regard s'égarer à l'extérieur. Il faisait tellement froid... La neige qui était tombée la nuit dernière avait tenu toute la journée. Un duvet blanc recouvrait tout son jardin. C'était une belle vision. Il inspira profondément. Allez... C'était le moment... Il n'avait plus envie de reculer. Il voulait profiter de l'élan de motivation que la discussion qu'il venait d'avoir lui avait donné. Après tout, c'était déjà suffisamment compliqué comme ça...

Il sortit alors son téléphone de sa poche. Il envoya d'abord un message à son père pour le remercier de son cadeau. Puis, il composa le numéro que lui avait donné Fuyumi. Il y avait réfléchi suffisamment longtemps, maintenant. Hanayo avait raison, il devait faire de son mieux pour vivre une vie sans regret. Il avait vu où pouvaient mener la rancoeur et la haine. Il ne voulait pas finir comme Touya, perdu au milieu de tous ses combats inachevés. Il était temps pour lui de se battre. Peu importe le résultat, il allait aller jusqu'au bout pour avoir ce qu'il voulait.

La conviction de Shoto lui avait fait du bien. Il se sentait porté par elle. Tant pis si Touya n'était pas très motivé à renouer avec lui, lui l'était... alors, il était temps qu'il le montre. Oh ça non, Touya n'allait pas se débarrasser de lui aussi facilement...

Et pourtant, l'oreille contre le téléphone, Natsuo ne pouvait entendre que la tonalité. Evidemment... Quelles étaient ses chances pour que Touya décroche ? Aucune, visiblement... Mais ça n'avait pas d'importance. Natsuo lui laissa alors un message sur sa boîte vocale.

« Touya, c'est moi, Natsuo, commença-t-il d'une voix plus assurée qu'il ne l'aurait cru. Je voudrais te voir. Dis-moi quand est-ce que tu serais disponible. Et ne pense même pas à m'ignorer. Cette fois-ci, je ne te laisserai pas fuir. Je ne t'aiderai même plus jamais à fuir, Touya. Alors, rappelle-moi ou envoie-moi un message, comme tu préfères. J'attends de tes nouvelles. À bientôt. »

Il raccrocha et, aussitôt, ses épaules se détendirent. Toute la tension quitta son corps. Il ne savait pas du tout comment son frère allait réagir, mais, au moins, il avait fait ce qu'il fallait. Il avait été droit au but et il ne comptait plus le lâcher, à présent. Il était plus que temps qu'il parle à Touya et qu'il lui dise enfin tout ce qu'il gardait en lui depuis des années...

Il envoya ensuite rapidement un message à Fuyumi et à Shoto, puis il monta enfin à l'étage et rejoignit sa femme. Peu importe ce qui se passerait dans le futur, Natsuo se sentait fier de lui...


Et voilà... J'espère que ça vous a plu. Et promis, on retrouve Dabi au prochain chapitre ! Il me manque ;p

Je vais donc essayer de poster le chapitre 8 aux alentours du 13 juillet.

Merci de m'avoir lue !