Hellooo !

J'avais envie d'écrire un petit OS kuroshou et… Et des choses sont arrivées, et au final je me retrouve avec une fic (c'est passé d'une one shot à un two shots à quelques chapitres de 12k à encore plus de chapitres à 6k please KILL ME). Du coup voilà, j'ai rien à dire pour ma défense, si ce n'est que tout m'échappe et c'est pas vraiment de ma faute, je promets.

J'ai plusieurs chapitres d'avance MAIS j'ai pas du tout fini l'écriture de cette fic, donc pour l'instant on va y aller à un chapitre par semaine et après ça on avisera mdr.

ALORS PASSONS AUX CHOSES SÉRIEUSES. Ceci est une fic principalement axée sur nos chers amis Kuroo et Daishou, avec en fond du BokuAka et Kenma et Mika parce que Kuroo et Daishou seraient morts quinze fois sans eux. En fait c'est plus ou moins un ua Kick Ass, mais en vrai c'est plus que je me suis inspirée du principe du film (aka : des gens qui pensent que mettre des costumes de super-héros c'est cool alors qu'ils ont zéro pouvoir) en incluant tout ça sur le cadre du manga du coup vous avez pas besoin de voir Kick Ass (d'ailleurs je suis pas fan du film en soi, à certains trucs qui me font bien rire haha bref). Et honnêtement je crois que c'est le fandom Miraculous Ladybug qui a déteint sur moi avec les bails d'identités secrètes parce que du coup je me sens obligée d'en inclure ailleurs HA.

Daishou a les cheveux châtains dans cette fic (pas toujours, mais vous comprendrez) pour des raisons. Oui je sais que c'est triste. Mais il aura aussi des cheveux verts donc no worries my dudes, i gotcha.

Sinon le warning c'est que… Tout est stupide. Kuroo is dumb (cette fic me fait détester Kuroo je vous jure). C'est quasi que du crack et parfois je dois me reprendre en mode AH MAIS WAIT IL FAUT DES ÉLÉMENTS DE ROMANCE ! Donc je vous jure qu'il y en aura. Pour l'instant c'est essentiellement du crack tho.

Puis spéciale dédi à ma partenaire in crimes Mindell, qui m'accompagne dans tous mes fandoms et qui m'a aidée pour quelques noms de super-héros/méchants haha, merci de m'avoir écoutée raconter des conneries à propos de cette fic et tu as intérêt à écrire cet OS dont tu me parlais ou je vais te HARCELER. Sinon Aeliheart974 est responsable de tout ceci vu qu'elle m'a ouvert les yeux sur le kuroshou.

J'ai une playlist qui va avec cette fic et je vais donner quelques titres (genre un ou deux à chaque chapitre quoi), d'ailleurs les bouts de lyrics qui traînent viennent d'elles. La première c'est No More Heroes de The Stranglers, solo de guitare les amis. Et je me tais, comme d'habitude mes notes d'auteur sont beaucoup trop longues bYE.

Bonne lecture !

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i. whatever happened to the heroes

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— Écoute, Bokuto, j'ai beau voir le problème sous tous les angles possibles inimaginables, je n'arrive toujours pas à comprendre comment tu as pu te couper avec une crêpe.

Voici le genre de phrase que l'on peut entendre au repère des Super-héros de la préfecture de Tokyo. Si Kuroo ne l'avait pas lui-même prononcée, il l'aurait probablement trouvée déplacée ou au moins un peu bizarre. Mais honnêtement, vu le contexte, c'est une remarque parfaitement valide.

— Arrête de me parler de ça, rétorque Bokuto d'un ton plaintif. J'en fait des cauchemars.

Il est affalé sur le vieux canapé rouge de la pièce, la tête enfouie dans un coussin et les pieds battant inutilement l'air. À sa droite, Akaashi est assis, droit comme un piquet. Il acquiesce très sérieusement, comme si c'était un problème des plus inquiétants et qu'il passait ses nuits à devoir rassurer Bokuto d'avoir vécu une expérience aussi traumatisante.

— Mec, même si je cherchais à me couper avec une crêpe, je n'y arriverais pas.

— Ce genre de trucs, ça t'arrives que dans les moments de faiblesse… Tu penses être à l'abri, mais non. Quand tu t'y attends le moins, je te jure.

— Ouais, fait Kuroo, moyennement convaincu. Enfin bon, je sais même pas pourquoi je suis encore surpris. Il t'arrive toujours les choses les plus improbables.

La semaine précédente, il l'avait appelé en pleine détresse parce qu'il avait perdu ses clés d'appartement, juste avant de se rendre compte qu'elles étaient planquées dans ses cheveux. Même à Kuroo, ce genre de truc n'arrive pas — franchement, dans ses cheveux.

— Avoir une vie remplie comme la mienne n'est pas de tout repos, tu sais, continue son ami en se redressant légèrement. Entre le volley, l'université, les missions de super-héros, les crêpes qui s'en prennent à moi et tout le reste, tu vois…

Il termine sa phrase avec un regard vers Akaashi, et un clin d'oeil mal dissimulé qui ne tire qu'une très légère réaction de ce dernier. Parfois, quand il n'est pas occupé à se lamenter sur sa pauvre existence, Kuroo se demande comment ces deux-là ont fait pour finir ensemble (ou pourquoi est-ce que quelqu'un comme Akaashi accepterait de sortir avec un enfant), mais il y a une lueur douce dans leurs regards et il décide de ne pas chercher à comprendre.

— On pourrait tout aussi bien arrêter le truc des super-héros, marmonne Akaashi.

Il leur jette un regard blasé, l'air de dire, regardez. Regardez autour de vous, vous voyez pas que passer des après-midi entières dans un vieux salon en échangeant des anecdotes sur les crêpes n'a aucune sorte d'utilité ?

— Ça, c'est très impoli, décide Kuroo. Le truc des super-héros est ultra important.

— Mmh-mh, et ça explique certainement pourquoi toi, le super-vilain du quartier, est assit avec nous dans la base des gentils, je suppose.

— On fait une trêve ! s'exclament Kuroo et Bokuto avec un même ton agacé.

Akaashi les fixe quelques secondes supplémentaires, un air de jugement certainement sans aucune arrière-pensée peint sur son visage. Puis il retourne à son journal, probablement prêt à les ignorer pendant le reste de la journée (ou du moins jusqu'à ce que l'un d'entre eux se mette à faire quelque chose d'un peu trop dangereux, auquel cas il se permettra d'intervenir — comme la fois où Bokuto a voulu voir jusqu'à quel point il pouvait se pencher par la fenêtre sans en tomber, et non, Bokuto n'a aucune notion de survie). Kuroo est familier avec ce genre de truc ; vous êtes habitués à être ignoré quand votre ami d'enfance n'est autre que Kenma.

— Tu devrais te méfier, quand même, reprend Kuroo avec un sourire méchant. Je pourrais m'introduire dans votre base pour préparer un mauvais coup.

— J'ai pas peur, la dernière fois que t'as dit ça, tu as passé deux jours à manger des céréales en te plaignant d'un personnage d'une série que personne ne connaît.

— À t'écouter, Bo, on pourrait croire que je suis un sale branleur.

— Ben voyons, pourquoi est-ce que quelqu'un irait penser ça…

— Pour ma défense, les super-héros du coin sont trop doués et ne me laissent pas commettre le moindre méfait, continue Kuroo avec un clin d'oeil.

Ça semble réveiller un peu Bokuto, qui se redresse cette fois-ci entièrement, mais étant toujours sur le ventre, cela lui donne juste la même pose qu'Ariel sur son rocher dans La Petite Sirène.

— Crois-moi, on galère aussi ! Faut dire que les super-méchants du coin sont sacrément doués !

Akaashi leur jette un nouveau regard de par-dessus son journal. Il est très bref, mais Kuroo peut presque y lire un vraiment ? Comme la fois où vous avez remplacé les contenus de nos paquets de céréales par d'autres céréales ? Parce que ce n'était pas très intimidant. Si Akaashi leur disait toujours ce qu'il avait sur le coeur, Kuroo est à peu près sûr qu'il passerait sa vie à se remettre en cause. Heureusement pour lui, il est du genre silencieux et décent, ce qui l'empêche de passer son temps à les rabaisser (ce qui serait assez simple, soyons réalistes). Ainsi, Kuroo peut encore se convaincre qu'il est une personne digne de respect, comme n'importe qui d'autre.

Pour être tout à fait honnête, Akaashi n'a pas tort quand il insinue que ce qu'ils font ici est parfaitement inutile. Il y a quelques années, le lieu regorgeait d'étudiants en costumes à la con, prêts à donner de leur temps pour effectuer telle ou telle bonne action. Les super-héros étaient de mode : tout le monde pouvait se revêtir d'une identité secrète pour se donner bonne conscience. Bien sûr, ça incluait aussi une bonne part de délires et une quantité d'alcool non-négligeable, mais en somme, ça avait été une période très paisible et positive. Personne n'avait de super pouvoirs, ils n'étaient pas dans un putain de film. Alors ils s'abaissaient aux tâches plus ingrates : nettoyer les rues, animer des ateliers, faire rire les autres, ce genre de trucs.

Bokuto avait été enchanté par l'idée, bien sûr. Il en avait parlé à Kuroo pendant des semaines, jusqu'à ce qu'il cède à son tour — Akaashi devait avoir subi le même traitement, probablement plus intense encore. Ça n'avait rien d'étonnant : c'était à la fois enfantin et presque classe, et Bokuto n'aimait rien plus que d'être au-devant de la scène. Quant à Akaashi, il semblait vouloir prêter sa vie à regarder Bokuto briller.

Kuroo était différent. Il n'avait pas envie d'être au centre de quoi que ce soit : il voulait juste faire des conneries. Le terme de super-héros lui paraissait prétentieux mais pas dans le bon sens. Ce n'était pas fait pour lui, de toute évidence. Mais Bokuto avait proposé une alternative qui l'avait convaincu — il se souvient encore de son visage gonflé d'excitation, contenant mal son sourire, quand il avait gueulé, tu seras mon rival, Kuroo ! Les méchants sont plutôt cools dans les films, non ? — Kuroo avait immédiatement accepté, bien sûr. Être un super-vilain lui semblait à peu près dix fois plus cool que d'être du côté des gentils (il s'était cependant promis de ne plus critiquer les goûts de Bokuto depuis que ce dernier avait piqué une crise après une petite remarque sur les tatanes qu'il avait porté tout l'été en Terminale). À cette époque, le QG des méchants n'avait pas encore cramé (certaines personnes ne devraient juste pas essayer de cuisiner, même pour faire des pâtes) et ils ont tous eu leurs bons moments là-bas.

Tout cela appartient au passé, bien sûr. La plupart des gens ont suffisamment de bon sens pour admettre qu'il vaut mieux indiquer « participe à des actions bénévoles » que « se balade en collants dans la ville » sur son CV. Mais il est évident que ni Bokuto, ni Kuroo ne font partie de ces personnes (pour tout un tas de raisons qui apparaîtront évidentes durant leurs aventures).

— Kenma n'est pas là ? finit par demander Bokuto, qui doit probablement commencer à s'ennuyer (et la présence de Kenma n'y changera rien du tout, d'ailleurs, vu que Kenma semble avoir décidé que gérer Kuroo lui demandait assez d'énergie comme ça et se contente de regarder Bokuto dans le blanc des yeux dès qu'il ouvre la bouche, et de l'éviter le plus possible).

— Non. Il a quelque chose de très important à faire.

— Je suis sûr qu'il te dis ça pour t'éviter et jouer à je sais pas quoi encore.

— Bokuto, pour qui est-ce que tu me prends ? Je sais bien distinguer les excuses des choses réellement importantes. C'est un nouveau jeu. Il l'a attendu toute la semaine. Ce matin, quand il a pu l'acheter, il a presque souri.

Bokuto semble légèrement perturbé par le sens des priorités de son ami mais ne revient pas dessus. En fait, Kuroo aurait presque aimé qu'il le fasse. Ça aurait été une très bonne raison de lui rappeler qu'il a séché trois jours entiers de cours juste parce qu'il avait juré de trouver un trèfle à quatre feuilles dans son jardin, et qu'il avait fini à moitié en larmes parce qu'il en avait repéré un mais dont le quatrième pétale s'était malencontreusement détachée au moment où il l'avait cueillis (ben voyons). Bokuto est le genre de personne qui préfère porter un de ces maillots de sport transparents sans rien en dessous plutôt que de faire une machine, il n'a rien à dire.

— Allons faire des trucs de super-héros, répond-il finalement.

— Pas moi. Je suis un méchant.

— On s'en fiche ! Fais des trucs de méchants, genre jeter des paquets de bonbons par terre ou intimider des petits vieux, peu importe.

— Oh, je vois. Tu espères encore que des gens te reconnaissent dans la rue. Mon pauvre, ça ne risque pas d'arriver !

Bokuto prend un air très contrarié, comme si Kuroo venait de dire quelque chose de choquant alors qu'ils savent tous que c'est la stricte vérité.

— Si t'as envie d'entendre des gens prononcer ton nom de super-héros, on est là, tu sais, ajoute Kuroo en lui posant une main sur l'épaule. Toujours là pour toi, mon pote. N'hésite pas.

Son ami semble hésiter, au point de s'en mordre la lèvre inférieure. Il baisse les yeux un instant et les relève pour croiser le regard de Kuroo puis d'Akaashi. Puis d'un ton plus confiant, il déclare :

— Non, ça ira, je suis pas désespéré à ce point.

Kuroo remercie le ciel. Le pseudo de Bokuto est une espèce d'horreur à laquelle il ne veut jamais avoir à penser à nouveau, jamais, mais il se trouve qu'il est un ami plein de considération. Sa gentillesse le perdra, vraiment.

Akaashi semble penser exactement la même chose. Le nez légèrement froncé, il pousse un infime soupir de soulagement.

— Hey, et toi c'est quoi déjà ton identité secrète ? lui demande Kuroo avec un grand sourire. Tu ne l'utilises tellement jamais que je l'ai oubliée.

Son cadet lui répond par un regard d'une neutralité effrayante.

— Hedwige, répond-il.

Hedwige ! s'exclame Bokuto au même moment. Je me demande quel genre de génie a eu cette idée !

— Je me demande aussi, rétorque Akaashi d'un ton glacial.

— Tu as dit oui, tu peux pas m'en vouloir !

Kuroo retient un petit ricanement. Il est bien placé pour savoir que refuser quoi que ce soit à Bokuto est une tâche complexe, qui se résulte souvent par du sang et des larmes.

— Les autres propositions étaient Archimède, Monsieur Hibou et Big Mama. Bien sûr que j'ai choisi Hedwige.

Big Mama, répète Kuroo avec un grand sourire.

— Dans Rox et Rouky. Inutile de préciser que c'était mon dernier choix.

Pendant un instant, Kuroo se met à imaginer comment ça aurait pu être d'appeler Akaashi comme ça, et l'expérience est si satisfaisante qu'il hésite à revenir à la réalité. Mais il le faut : Bokuto est déjà debout, en train de fouiller dans le bac posé juste à côté du canapé. Il en ressort munit d'un masque blanc, décoré de quelques plumes, qu'il vient poser sur son visage avec entrain.

— Tu veux que je te refile le tien ? demande-t-il à Kuroo.

Il acquiesce, et deux secondes plus tard, il a en mains son propre masque : il est issu d'un costume complet de Batman, bien qu'il en ait découpé le haut (ses cheveux ne passaient pas dedans). Il le positionne avec un demi-sourire.

— Je le sens bien, aujourd'hui. Je crois que je vais même mettre ma cape, dit-il.

— Oh, dans ce cas je vais aussi prendre la mienne ! Ce sera le grand retour de Super Chouette et Catman !

Le petit yey de Kuroo lui reste coincé dans la gorge lorsqu'il entend les deux noms. Super Chouette. Il y a des choses qu'on ne devrait tout simplement pas dire. Bokuto pourrait faire comme lui et choisir un pseudo un tant soit peu convenable aux yeux de la société — Catman, c'est sobre, c'est vendeur, c'est élégant — mais non. Il faut qu'il décide de ruiner le plaisir de tout le monde parce qu'il a le pire sens de l'humour au monde (mais Kuroo, tu comprends pas ! Quand les gens me verront, ils pourront dire « c'est Super Chouette » ! Et on ne saura pas s'ils pensent que c'est vraiment chouette ou s'ils prononcent juste mon nom de super-héros ! — ce à quoi Kuroo avait répondu, allons, Bokuto, ça n'arrivera jamais, jamais de toute ta vie). Mais personne n'a envie de contrarier Bokuto et ils sont donc condamnés à faire comme si c'était un bon jeu de mots. Parfois, Kuroo déteste sa vie.

Bokuto sort un nouveau bout de tissu du bac.

— Tu crois qu'on devrait mettre nos collants, aussi ? demande-t-il le plus sérieusement du monde.

— Ça dépend. Si Kenma débarque dans pas longtemps, pourquoi pas.

Les yeux de Bokuto se rétrécissent avec incompréhension.

— Qu'est-ce que ça a à voir avec Kenma ?

— Il déteste nous voir dans ces collants. Il dit que c'est la pire chose qui lui a jamais été donnée de voir.

— La meilleure, tu veux dire ! Ces trucs-là sont moulants et nous avons des atouts à montrer au reste du monde ! s'exclame Bokuto en désignant ses propres mollets.

— C'est exactement ce que j'ai essayé de lui expliquer, mais il m'a regardé comme si j'étais une chaussette sale dans un coin de sa chambre.

C'est d'ailleurs avec une expression similaire qu'Akaashi le regarde à présent. Mais Kuroo est immunisé. Tout cela ne lui fait plus rien du tout.

— Bon ! reprend Bokuto. On fait quoi, du coup ? Tu ne veux porter les collants que si Kenma vient ?

— Écoute, je vais pas m'emmerder à les enfiler si ça ne fait pas chier au moins une personne.

Bokuto hoche la tête avec un air entendu, comme si c'était un argument imparable. C'est le moment qu'Akaashi choisit pour intervenir :

— S'il vient d'acheter un nouveau jeu, il ne risque pas de débarquer maintenant. Pas la peine de s'embêter avec ça.

Et Kuroo doit faire appel à ses plus grandes capacités de déductions pour savoir si cela veut dire qu'Akaashi ne veut pas lui-même les voir avec les collants, ou si tout ceci n'est qu'une stratégie visant à donner cette impression pour que Kuroo tombe dans le piège et que Bokuto l'imite par la même occasion — et Dieu sait que Bokuto a des jambes qui en valent la peine (des épaules aussi, et même un torse, et— et Kuroo va s'arrêter là, ce sera préférable pour tout le monde). On ne sait jamais, avec Akaashi. Tout est possible.

L'enfilage de cape se passe relativement bien. Kuroo ne porte pas son habituel uniforme de l'université, car c'est le week-end : il est vêtu d'un ensemble jean t-shirt noir qui d'après lui met vraiment sa silhouette en valeur. Avec une cape Batman et un demi-masque Batman, tout cela fonctionne très bien. On ne peut malheureusement pas en dire autant de Bokuto, qui porte un de ses horribles joggings vert fluo. De toute façon, sa cape ne s'accorde avec rien du tout : elle est beige et recouverte de petits dessins de plumes visant à nous faire croire que ce sont des ailes. Mais encore une fois, Kuroo ne dit rien. Il a lui-même eu ses beaux jours, porté un sweat bleu recouvert de petits canards avec un pantalon rose (tout cela pour faire honte à ses amis, bien entendu, mais toujours est-il qu'il ne peut plus critiquer les tenues des autres depuis ça).

Une fois bien parés (peut-être que bien n'est pas le bon mot), ils se décident tout deux à quitter la pièce sous le regard légèrement soulagé d'Akaashi, qui pourra enfin goûter au doux privilège de finir ses mots croisés dans la solitude.

Le repère des gentils n'est qu'à deux pas de leur université. En fait, Kuroo suppose (et sait d'expérience) que ce n'est pas le seul de Tokyo, malgré un nom qui indiquerait le contraire. Il ne faut pas non plus déconner : ils ne sont pas les derniers super-héros/méchants de la préfecture, il reste bien quelques dingos suffisamment naïfs pour continuer à croire que c'est cool (et ça l'est !), qui sont juste logés dans d'autres repères. Mais dans le monde des super-héros, on aime se penser spécial. Dire qu'il y a bien six ou sept endroits du genre dans la ville n'est pas très flatteur, alors on fait genre y en a qu'un. Cela a mené à tout un tas de quiproquos, autrefois. Kuroo se souvient de cette phrase magique, rendez-vous au QG, qui mettait tout le monde dans la confusion la plus grande car ils ne savaient pas quel endroit était évoqué.

Celui-ci est juste à côté de chez eux, donc, et ils ne le lâcheraient pour rien au monde. La pièce est spacieuse, au dernier étage d'un immeuble plus que respectable (du style suffisamment moderne pour qu'ils y soient bien, et assez modeste pour qu'ils ne s'y sentent pas mal à l'aise). Ils ont même un accès au toit (bon, c'est sans compter sur Akaashi, qui a annoncé que plus jamais ils ne devraient y retourner depuis que Bokuto a voulu en descendre en s'accrochant à des draps liés les uns aux autres, comme dans les films). Kuroo ne sait pas qui paye pour un tel appartement — ni lui, ni Bokuto, ni personne qu'il ne connaît, mais il aime se dire que la ville leur réserve ce lieu. À vrai dire, ce serait l'endroit idéal pour organiser d'immenses soirées mais il a peur de se faire virer, et puis il n'a pas envie de partager le repère. C'est réservé aux supers, un point c'est tout.

La descente en ascenseur se révèle légèrement embarrassante lorsqu'une dame relativement bien habillée les y rejoint, jugeant longuement leurs tenues improbables avant de hausser les épaules et d'appuyer sur le bouton correspondant à son étage. Kuroo garde un grand sourire tout le long de l'expérience — il a appris que c'était la chose à faire pour mettre les gens mal à l'aise, tout en les regardant droit dans les yeux. Cela lui donne l'illusion de ne pas être complètement pathétique.

Une fois dehors, ils décident de patrouiller. C'est une chose qui se faisait beaucoup avant — on les saluait même (enfin, on saluait Bokuto, qui était un gentil. Kuroo se faisait juste vaguement mépriser). Malgré les temps durs, il n'est pas rare de croiser des gens en costume dans la rue. Kuroo se met à chercher une connerie à faire pour contrarier son ami. Son objectif de la journée est de créer une scène à la fois tragique et hilarante. Un tableau équilibré, assez impressionnant pour attirer un peu l'attention, mais pas trop non plus pour pas qu'ils aient d'ennuis. Il ne faut pas non plus déconner. Si Kenma avait été là, ça aurait été plus facile : il a beau dire qu'il se fout royalement de son rôle de sidekick et qu'il n'est là que parce que Kuroo serait insupportable s'il ne venait pas, il se prend au jeu. Sous son ton désintéressé se cache un grand manipulateur, probablement bien plus effrayant que Kuroo, même dans ses meilleurs jours. Enfin bon. Les jeux vidéo restent quand même sa top priorité.

— Bon, on fait ça comment ? finit par demander Bokuto, visiblement fatigué de parcourir les rues en ramassant les mégots de cigarette qu'il trouve par terre. Tu achètes de la chantilly et asperges les passants avec, et je les sauve en léchant leurs visages ?

— Bokuto, c'est dégueulasse. On ne va pas faire ça. Tu vas finir en prison.

— Je peux juste enlever la chantilly de leur visage à la main avant de la manger, sinon…

— Non. Et de toute façon, j'ai pas un rond. Je vais pas me ruiner pour avoir des emmerdes.

Il décide de passer à autre chose avant que Bokuto ne se rende compte que son discours ne tient pas trop la route.

— On peut faire le truc de la course-poursuite, sinon. Ça fonctionne à tous les coups.

Le truc de la course-poursuite repose en fait sur un système très simple : Kuroo se met à courir et Bokuto doit le rattraper. En soi, ça n'a rien d'original ou même d'intelligent, mais la pratique peut se révéler particulièrement incroyable. Déjà, c'est une bonne occasion de gueuler des répliques de personnages de films, et de bousculer pleins de gens dans la rue. Et puis, Bokito peut se permettre de crier « arrêtez cet homme ! » à qui veut l'entendre, ce qui augmente sa bonne humeur de, disons, au moins soixante pour-cent.

— Y a pas assez de monde, ça va être gênant, grogne son ami.

— Tu portes un costume de hibou, je ne vois pas ce qui peut être plus gênant que ça…

— Toi, rétorque Bokuto. Quand tu essayes de nous faire croire que tu peux communiquer avec les chats.

— C'est parce que je peux le faire.

— Kuroo…

— Juste— écoute

— J'ai déjà assez donné, dit Bokuto avec un soupir presque triste.

Kuroo trouve ça très gonflé de la part de quelqu'un qui a réussi à se couper avec une crêpe. Il se défend en saisissant une peau de banane qui dépasse d'une poubelle pour la lancer au visage de son ami. Avec une grimace de dégoût, ce dernier s'apprête à riposter quand un claquement au sol se fait entendre.

Avec un sursaut, Kuroo tourne la tête et observe bêtement la bombe à eau qui vient de tomber à vingt centimètres de lui. Un ballon bleu ciel éclaté sur le bitume. C'est très certainement l'oeuvre d'un génie du mal, pense-t-il.

Un sifflement se fait entendre, les amenant tous deux à hausser le regard. Les hauteurs de Tokyo sont encore tendres, sous le doux Soleil de Printemps. Les toits se succèdent avec une imperfection familière, comme un étrange puzzle. Deux silhouettes découpent le ciel.

Le profil d'une femme dont Kuroo ne pourrait donner l'âge à cette distance. Ses cheveux ramenés en une queue-de-cheval, son costume clair et brillant lui semble-t-il — de longues paires de bottes et de gants. Son masque est d'un rouge qui rappelle les longs tapis de velours dans les châteaux, et elle aborde un sourire satisfait qui lui donne des frissons. À côté d'elle, se tient un jeune homme, certainement son coéquipier. Il est assis sur le toit, une jambe repliée contre son torse, l'autre qui se balance dans le vide — une posture qui indique une certaine nonchalance, pense immédiatement Kuroo. De loin, seules des couleurs vertes et dorées lui sautent aux yeux. Il doit essayer de se concentrer plus longtemps sur son visage pour voir si c'est bien le cas, mais oui : ses cheveux sont également d'un affreux vert. Quel mauvais goût.

— Hé oh ! gueule Kuroo. C'est quoi ce bordel, au juste ?

Il reçoit comme réponse une nouvelle bombe à eau qu'il esquive de peu.

— Mais ça va pas ?

Impossible de savoir de quel côté sont ces individus masqués. Kuroo pencherait pour le côté des méchants, vu leurs méthodes douteuses, mais ça n'expliquerait pas pourquoi il se fait attaquer, lui. Enfin, peut-être que si. La plupart des super-vilains veulent juste plonger le monde dans le chaos, tout le monde peut-être visé. Mais quand même. Quitte à choisir une victime, autant prendre le gentil, qui est genre, juste à côté.

— Ils viennent pour toi ? demande Bokuto. Tu les connais ?

— Alors là, pas du tout. Je vais aller les emmerder.

— Tu veux que je vienne, ou—

Kuroo secoue la tête et place une main sur l'épaule de son ami avec un sourire en coin.

— Nos chemins se séparent ici, mon pote. De quoi j'aurais l'air, si tu me donnais un coup de main ? Je gère.

Quelque chose dans le regard de Bokuto lui dit qu'il a bien trop souvent prononcé ces mots sans rien gérer du tout, mais il en fait abstraction. Inutile de vivre dans le passé.

En évitant une dernière bombe à eau, lancée par le garçon avec un ricanement qui paraît vaguement familier à Kuroo, il se dirige vers la maison sur laquelle sont postés ses deux attaquants. Il y a bien une petite chance qu'il parvienne à escalader la façade jusqu'au toit, en empruntant les deux balcons apparents, mais Kuroo n'est plus aussi suicidaire qu'avant, et il se dit que se mettre dans une position si vulnérable alors que ses attaquants sont munis de bombes à eau n'est pas un si bon plan que ça. En toute simplicité, il décide de sonner à la porte.

Une femme qui doit avoir au moins soixante ans lui répond, à peine surprise par son accoutrement.

— Madame, fait Kuroo avec le ton le plus mielleux dont il est capable (qui d'après Kenma n'est franchement pas terrible. Il faut dire que Kuroo est plus la personne qui fait fuir les petits vieux dans la rue et qu'on prend comme exemple pour dire aux enfants « tu vois, tu n'as pas envie de terminer comme ça », que celle qui fait craquer les dames de soixante ans). Je voulais juste vous faire savoir qu'il y a deux super-vilains sur votre toit.

— Oh, fait-elle avec une impassibilité qui lui échappe. C'est… Embêtant.

— Oui, en effet. Je me présente, je suis Catman.

— Catman, répète-t-elle, comme si c'était la chose la plus stupide qu'elle n'ait jamais entendue.

— Je me proposer de virer ces charlatans pour vous. Serait-il possible d'avoir un accès à votre toit ?

Il tente un sourire peu convainquant, mais elle accepte avec un haussement d'épaules.

— Tout en haut, fait-elle tout simplement. Ne touchez à rien.

— Entendu !

Il se précipite dans les escaliers et bouscule au passage un gosse qui le regarde avec de gros yeux avant de gueuler « Tata, c'est qui ce bouffon ? » et Kuroo se retient fortement de lui faire un doigt d'honneur. Il ne voit pas en quoi porter un masque et une cape Batman pourrait être naze.

Arrivé au grenier, il trouve une trappe qui donne accès au toit et s'y glisse sans trop efforts. Au final, il n'a rien perdu de ses prouesses passées.

Il est attendu.

— Une minute et onze secondes, siffle la fille. Pas trop mal.

Le garçon se retourne vers elle avec un sourire mauvais.

— Mouais. Si tu veux mon avis, ma grand-mère aurait fait le même score. Et elle fait de l'arthrose.

— Tu peux parler, tu as voulu escalader la maison voisine pour arriver ici en passant par le local à poubelles, et tu as dû te traîner jusqu'aux genoux dans les ordures avant de réussir à agripper quoi que ce soit.

— Kami, pas maintenant ! grogne-t-il. Un peu de tenue, nous sommes face à notre grand ami, euh, Catman.

Kuroo ne sait pas s'il doit être heureux que quelqu'un le reconnaisse (ce doit être le rêve de Bokuto, et il avoue ressentir un éclat de fierté, cependant bien vite balayé par le ton moqueur de ses ennemis) ou juste méfiant vis-à-vis de ces individus qui paraissent très louches.

— Vous êtes qui ? demande-t-il, tout en posant ses mains sur ses hanches dans une posture très classique. Vous me connaissez ?

— On peut dire ça comme ça, mon minou, fait le garçon.

Sa voix a quelque chose de si agaçant que Kuroo se demande s'il ne va pas juste partir et fuir toute cette situation avant qu'il ne se retrouve embarqué dans des affaires qui le dépassent. Mais honnêtement, pour une fois qu'il se passe quelque chose…

Il détaille ses opposants du regard. Avec ses cheveux verts, le type est au moins aussi chelou que lui. Il porte un masque qui recouvre toute la partie supérieure de son visage — les joues comprises — d'un vert sapin, soulignant un regard sec et odieux. Ses yeux sont d'un horrible jaune qui trahit immédiatement la présence de lentilles. Le reste de son costume n'a pas grand-chose de particulier ; il est plutôt moulant, comme le veux la tradition (et personne ne se plaint de ça, vraiment), vert pâle jusqu'aux articulations. Ses gants et bottes sont plus sombres, et un immense serpent de la même couleur et brodé de dorures vient barrer son torse, descendant jusqu'à ses cuisses. Si Kuroo n'avait pas été aussi agacé, il aurait presque pu penser que c'était un travail convenable.

Le costume de la fille est bien plus classique : d'un blanc pailleté, adoptant des couleurs qui vont dans les dorés ou rouges aux extrémités. Elle dégage une aura plus héroïque qu'effrayante, mais Kuroo se figure que c'est une technique plutôt vicieuse, quand on veut tendre un piège.

— Je suis Snake, fait le garçon en lui tendant la main. Et voici Kami.

Kuroo hausse un sourcil. Là, il perd des points pour l'originalité.

— Jamais entendu parler, grogne-t-il.

Il regarde la main de Snake avec un dégoût apparent, et l'autre finit par la retirer avec un soupir. Kami laisse échapper un petit rire joyeux, ce qui semble l'irriter d'avantage.

— Qu'est-ce que vous voulez ? continue Kuroo.

— Oh, rien du tout, on ne fait que se présenter. On est les nouveaux méchants du quartier, donc fais gaffe à ton cul.

— Ah, c'est une façon un peu tordue de me demander de vous accepter dans la Ligue des Super-Vilains de la préfecture ? Parce que c'est pas très convainquant.

Il n'existe bien évidemment aucune Ligue des Super-Vilains, mais Kuroo prend note d'en créer une, qui sera uniquement composée de Kenma et lui. Le nom a quelque chose de cool.

La Ligues des— non, non, absolument pas, rétorque Snake, apparemment effaré par l'idée même d'être associé à un tel truc. On te dis ça pour que tu sois un peu préparé pour nos grands projets. Tu peux prévenir tous tes gentils copains.

— Euh— je vais prévenir personne. Je suis un méchant aussi, je te rappelle.

Il aime bien Bokuto, mais faut pas déconner.

Un rire étouffé échappe à Snake, qui lui jette un regard peu convaincu, l'air de dire, arrête ton char, personne ne va tomber dans le panneau. Bien évidemment, Kuroo est très contrarié.

— Je dis pas ça pour déconner, vous savez…

— Ben voyons…

— Mais je t'emmerde !

Snake secoue sa main en l'air, comme pour balayer ses arguments. Il échange un regard avec son acolyte, avant de revenir à Kuroo en secouant la tête en mode, allons, ça ne va pas du tout.

— Mon cher petit Catman, tu ne peux pas être le grand méchant et le meilleur ami du gentil ! C'est juste pas crédible !

— Déjà, comment est-ce que tu peux savoir que je suis le meilleur ami de Bo— de Super Chouette (il grimace en prononçant le nom), et ensuite, mec ! Xavier et Magnéto !

— Tu m'excuseras, mais Magnéto est un peu plus impressionnant qu'un pauvre type qui lance des peaux de banane quand il est contrarié. Et je ne suis pas idiot, Kuroo Tetsurou, il n'y a que deux personnes dans ce quartier avec des coiffures aussi improbables.

— Comment oses-tu ? se révolte Kuroo.

— Tu vois, c'est ce que les vrais méchants font.

Kami semble se sentir obligée d'intervenir.

— Ouais, enfin tu casses pas non plus trois pattes à un canard, hein, descend un peu sur Terre. Pour l'instant, ta seule action maléfique a été de marcher dans des ordures et de balancer des bombes à eaux sur une cible facile.

— Kami, de quel côté es-tu ? demande Snake avant que Kuroo n'ait eu le temps de s'indigner d'être qualifié de cible facile.

— Du côté des gagnants. Tu te la ramènes beaucoup trop, c'est gênant. Moi je veux bien qu'on fasse équipe avec Ku— avec Catman pour profiter de son expérience, aussi limitée soit-elle. Je trouve ça presque excitant, et j'ai bien envie de m'amuser !

— Crois-moi, c'est pas avec Kuroo— euh, Catman— qu'on va s'amuser…

— Au point où vous en êtes, vous pouvez juste m'appeler par mon nom, hein, raille Kuroo. Je vous dirais rien.

Il se fait royalement ignorer.

— De toute façon, c'est toi qui m'as traînée dans cette histoire, continue-t-elle. J'ai accepté pour te faire une fleur, alors j'ai le droit de rigoler aussi.

— Oh, t'en fais pas pour ça, on va bien se marrer.

— Ouais, ben ce sera sans moi, fait Kuroo. Je me tire, vous êtes fatiguant et louches.

Les deux autres se retournent vers lui, presque outrés. Enfin, c'est un bien grand mot. Kami aborde une moue légèrement déçue alors que Snake lève les yeux au ciel.

— Tout de suite les grands mots…

— Vous connaissez mon nom et j'aime pas ça, c'est tout.

— Moi non plus je n'apprécie pas particulièrement le fait d'avoir déjà vu ta sale tête sans masque, et alors, j'en fais pas un drame.

— Vous êtes chiant, dit Kami, on pourrait faire équipe tous les trois, vous n'y mettez vraiment pas du votre.

— Excuse-moi, je suis supposé le prendre comment ? Vous m'attaquez et vous m'insultez, donne-moi une bonne raison de vous rejoindre.

Snake se met à ricaner, un son que Kuroo pense avoir entendu bien trop de fois en l'espace de genre, cinq minutes.

— T'as entendu ça, Kami ? On l'a attaqué.

— Ta gueule.

— Oh, mais c'est qu'il a de la répartie ! T'as raison, faut qu'on l'embarque avec nous, on a bien besoin d'un gars intimidant comme ça.

C'est à ce moment précis que Kuroo décide qu'il n'en a plus rien à foutre et qu'il n'a pas à subir tout ça. Il leur adresse un dernier geste très peu courtois avant de faire demi-tour et se glisse dans la trappe pour sortir de ce trou à serpents. Il entend Kami s'énerver légèrement, cracher un ah bah bravo, tu l'as fais fuir ! auquel Snake répond immédiatement mais enfin, c'est pas de ma faute s'il est si susceptible ! puis il est plongé dans le silence de la maison.

En arrivant au premier, il croise de nouveau la maîtresse de maison, qui le regarde pendant une poignée de secondes avant d'engager la conversation.

— Alors, l'homme-chat, vous avez réussi à virer les autres ?

— Non, mais bonne chance, répond Kuroo (qui au point où il en est ne trouve même plus l'énergie de corriger les autres sur son nom).

Elle a l'air à peu près aussi embêtée que si quelqu'un avait renversé de la sauce tomate sur une nappe jetable.

— Ah, d'accord. Bonne journée.

Kuroo la salue rapidement et quitte le bâtiment pour retrouver Bokuto. Son ami a visiblement réussi à se garder occupé en nourrissant des pigeons, et il se retourne vers lui avec un sourire ravis quand il l'entend débarquer.

— Alors, tu t'es pas fait tuer ?

Kuroo n'est pas sûr d'avoir quoi que ce soit à répondre à ça.

— Ils te voulaient quoi ? continue Bokuto.

— Juste me faire chier, je crois. Enfin, je suis pas sûr. Apparemment ils étaient pas d'accord sur ce point.

— Oh, et tu as pu apprendre des choses sur eux ?

— Oui, une : le type est un sale con. La fille a l'air décente, par contre.

— Ils sont super-vilains ?

— Ouais. Je crois qu'ils veulent me prendre la place dans le classement…

— Il y a un classement ?

Kuroo soupire longuement et croise ses bras contre son torse.

— C'est une façon de parler, Bo, bon aller, on se casse. Je veux pas rester près de ces gens bizarres.

Habituellement, c'est en parlant de lui qu'on dit ce genre de chose. Changer de côté lui fait un peu de bien.

Bokuto se relève, tout content de lui — nourrir les pigeons doit figurer dans son top cinq des missions les plus satisfaisantes — et lui donne une grande tape dans le dos visant probablement à lui remonter le moral. C'est le geste qui compte, se dit Kuroo en grimaçant de douleur. Ils redescendent la rue bras dessus-dessous et son ami a la gentillesse de l'écouter insulter Snake et ses horribles cheveux verts. Quand ils arrivent enfin à la base, Bokuto sort les clés de sa poche et se retourne vers Kuroo avec un drôle de regard.

— Il va pas non plus être ton pire ennemi, hein ?

Un rire lui échappe.

— Y a pas moyen. Quelqu'un occupe déjà cette place et il est impossible à détrôner.

— Ouais, c'est bien ce que je me disais.

Un sourire vague flotte sur les lèvres de Bokuto, et Kuroo prend note. Il est trop crevé pour lui poser des questions maintenant, mais il aimerait vraiment savoir pourquoi est-ce que personne ne semble le prendre au sérieux quand il évoque son ennemi mortel.

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Voilà pour aujourd'hui. J'ai vraiment une amie qui s'est coupée avec une crêpe (ET UNE CLÉMENTINE MAIS CETTE MEUF) et tous mes soucis me paraissent très futiles, à côté.

J'espère que ce début vous aura plu ! Moi je me suis bien amusée à l'écrire en tout cas, c'est vraiment pas une fic sur laquelle je me prends la tête (enfin un peu quand même faut pas déconner haha). N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé, en tout cas :) !

Des bisous et à la semaine prochaine (si tout se passe bien) !