Bonsoir mes bichons !

Et oui, c'est reparti pour un tour. On s'attaque à Saint Seiya, et à un de mes Saints préféré... Je ne vous dit pas lequel mais, Spoiler Alerte, il est dans le résumé ! A l'heure ou je poste ceci, quatre chapitre et demi sont écris. Encore une fois, je ne garantie pas de poster régulièrement, mais si vous me connaissez, vous êtes habitués.

Le Rated T n'est pas là pour les prunes; pas de scènes de sexe prévues, mais des sujets durs abordés, comme la dépression, la solitude et d'autres choses chouettes du genre. Donc, soyez prévenus, je vous aime !

Une fois n'est pas coutume, je peut mettre un thème musical à ce chapitre. Je ne le ferais pas à chaque, mais là, ça à fait tilt dans ma tête.


Animal I Have Become - Three Days Grace

CHAPITRE 1 : RUNNING IN CIRCLE

L'été grec était étouffant, lourd, il pesait sur les hommes comme une chape de plomb. Il n'y avait que tard dans la nuit que la torride atmosphère s'allégeait un peu et permettait aux habitants du Sanctuaire de sortir de leurs tanières. Il y avait de l'activité dehors malgré les onze heures passées. La discrète clameur montait jusqu'au quatrième temple, mais son propriétaire n'y prêtait pas la moindre attention

A l'intérieur des appartements privés du Cancer, il faisait une chaleur à en crever. Plongée dans le noir, la chambre émanait un relent de sueur désagréable. Des vêtements traînaient çà et là. Dans un coin, la boîte de l'armure du Cancer luisait doucement.

Poussé contre un mur, le lit était défait. Un drap était repoussé aux confins du matelas, un oreiller balancé sur le sol. Le propriétaire du lit était recroquevillé contre le mur. Vêtu d'un caleçon trempé de transpiration, Deathmask avait les mains crispées dans ses cheveux. Les yeux fermés avec force, il tentait de reprendre une respiration qui se bloquait dans ses poumons.

Une douleur insupportable lui enserrait la poitrine. C'était comme si quelqu'un pesait de tout son poids sur sa cache thoracique et s'amusait à lui murmurer des mots pleins de fiel à l'oreille.

Tu vas payer pour tes crimes.

Il gémit et mordit profondément dans son avant-bras pour se soustraire à cette bouffée d'angoisse qui menaçait de le faire définitivement basculer. La crise durait depuis des heures maintenant. Son bras était marqué de dizaines de marques de morsures profondes -tout pour ressentir autre chose que ce vide et ce trop-plein d'angoisse qui menaçait d'éclater. La douleur des dents enfoncées dans sa chair écartait celle de son esprit malade.

Malade, il l'était, bien sûr qu'il était fou, qui prenait plaisir à tuer autant que lui en étant sain d'esprit ? Personne. Fou, il l'était et il le savait, il l'acceptait, il le revendiquait même, mais cette folie le détruisait à chacune de ses crises, toujours plus.

Tu vas payer pour chacune des vies que tu as prises.

Il avait l'impression que son cœur allait sortir de sa poitrine. Les âmes murmuraient à ses oreilles leurs paroles maudites, à quel point il n'était qu'un monstre, indigne de porter cette armure qui luisait dans un coin de la pièce.

« - Ferme là, marmonna-t-il en tirant sur ses cheveux. Arrête ! »

Tu n'aurais jamais dû revenir à la vie.

Oh, il le savait. Pourquoi lui avoir donné une nouvelle vie si c'était pour qu'elle ressemble à la précédente ? Meurtre. Sang. Rire. Nuit solitaire à repousser les âmes qui venaient murmurer à ses oreilles. Crises, encore. Son corps qui se mettait à trembler et ses ongles qui griffaient sa peau dans l'espoir d'en faire sortir cette douleur insupportable.

Il eu un sanglot silencieux. Le goût du sang dans sa bouche lui ramena tout un tas d'images. La famille de Bangkok. Le vieil homme de Madrid. La politicienne de San Andreas, et tout les autres, morts de sa main pendant que lui prenait son pied à leur arracher les entrailles. Assassin du sanctuaire, c'était comme ça qu'ils l'appelaient, tous. C'était faux, il n'était qu'un psychopathe qui avait besoin d'assouvir ses pulsions lorsque se mordre les bras ne suffisait plus à endiguer la douleur.

Il avait l'impression de sombrer un peu plus à chaque crise, seul entre les murs de son temple qui se refermait autour de lui comme un tombeau. Il étouffait sous des tonnes de pierres, mais était incapable de sortir, incapable d'affronter le regard de ses pairs. Dégoût, jugement, il savait ce qu'il allait y voir, ce qu'il y voyait tous les jours.

Il ne pouvait pas sortir, mais si seulement quelqu'un pouvait rentrer, comprendre, s'asseoir à côté celui pour éloigner les âmes qui tourbillonnaient et ses pensées obsédantes qui tournaient et retournaient dans sa tête. Juste quelqu'un qui le prendrais dans ses bras en silence pour le laisser pleurer sur son âme souillée.

Tu seras toujours seul.

Mais personne ne venait jamais, pourquoi est ce qu'ils l'auraient fait ? La maison du Cancer, la plus horrible, hantée par des fantômes que seul lui pouvait voir, ornée de ces monstrueux visages qu'il exhibait comme des trophées. Qui voudrais venir voir le psychopathe qu'il était, qui pourrais bien s'interroger sur la santé de Deathmask ? Rien que son nom révélait à quel point il était tordu. Deathmask, le visage de la mort, on ne pouvait pas faire plus spécifique, pas vrai ?

Une nouvelle bouffée d'angoisse le prit à la gorge et lui arracha un gémissement étranglé. Il ne pouvait plus respirer. Tout était flou, les murs se rapprochaient, ils allaient s'effondrer sur lui et l'étouffer, il allait mourir là et ça serait tout ce qu'il méritait.

« - A l'aide, bredouilla le maléfique chevalier en se cognant la tête contre les pierres froides. N'importe qui, quelqu'un, je vous en supplie... »

Mais à quoi bon supplier ? Ses voisins de temple ne l'entendraient jamais, et si c'était le cas, pourquoi est ce qu'ils viendraient ? Il avait trahi leur cause deux fois, en toute connaissance de cause. Une fois, il s'était vanté de l'avoir fait, ça le faisait tellement rire. Il avait joui de chaque bataille qu'il avait menée, de chaque armure qui s'était brisé entre ses doigts. Il avait adoré chaque goutte de sang versé, le siens ou celui des autres.

Tu vas mourir seul.

Seul.

Seul.


Rosario avait l'habitude de recevoir des chevaliers. Ils étaient le seul village des alentours à connaître l'existence du sanctuaire, c'était donc toujours à eux qu'on appelait en cas de besoin. Les hommes et femmes du sanctuaire, une fois leur entraînement terminé, apprenaient vite à se repérer dans les rues étroites et pavées du village. Il n'était pas rare d'en croiser deux ou trois dans un bar lorsqu'ils avaient un peu de temps libre, ou quelques-uns dans les bras des femmes de nuit. Il n'y avait pas beaucoup de femmes parmi les chevaliers d'Athéna… Les mâles éconduits par ces féroces guerrières venaient se consoler dans le lit des femmes de Rosario. Ou dans l'alcool, parfois.

Le patron d'un petit bar coincé entre deux magasins se demandait bien quelle demoiselle avait refusé les avances de ce chevalier-là, pour qu'il vienne se noyer dans l'alcool quasiment quatre soirs par semaine depuis quelques mois.

Oh, le jeune homme ne portait pas d'armure, mais le tenancier avait appris à les reconnaître avec les années. Ils avaient le même air dans les yeux… Hanté, peut-être. Il ne posait pas de question. Tous ses jeunes gens étaient justement, si jeunes…

« - Hé, le vieux. Tu m'en remets un. »

Il aurait dû dire « non, vous avez déjà trop bu », mais il ne le fit pas. A la place, il resservit un verre de liquide ambré au type attablé non loin de là.

Deathmask récupéra son verre avec un geste de remerciement. C'était le cinquième. Sixième ? Il ne savait plus trop. Il n'était pas de garde aujourd'hui, et comme à chaque fois, il descendait dans ce petit troquet miteux perdu dans les rues de Rosario. Ici, il était sûr de ne croiser aucun de ses collègues… Les seuls qui descendaient parfois au village préféraient les bars de la place principale. Ici, il ne risquait pas de tomber sur un servant d'Athéna, et c'était très bien. Ils lui sortaient par les yeux, tous autant qu'ils étaient…

Il avait rapidement pris conscience de la barrière entre lui et ses collègues d'or. Ils étaient des combattants, il était un assassin. L'assassin du Sanctuaire… Même son armure, pourtant réputée pour accueillir les plus violents, avait fini par l'abandonner à force de folie.

Il fini son verre d'un trait.

« - Un autre ! »

Il y avait bien Milo. Le scorpion était un assassin, lui aussi. Mais ça ne les avait pas rapprochés. Ils avaient un caractère tellement différent… Milo tuait par devoir, pas par plaisir. C'était là la différence entre eux, et ce pourquoi on passait sans peur par le neuvième temple alors qu'on évitait le quatrième comme la peste. Après tout, personne ne voulait finir sur les murs de la maison du Cancer !

Qui aurait pus avoir l'idée que, si Deathmask attachait les âmes à ses murs, c'était pour qu'elles cessent de le suivre et de le tourmenter sans jamais s'arrêter ? La malédiction du Cancer. Bien fait, auraient dit certains. Il n'avait qu'a pas tuer.

Si simple à dire.

« - Un autre !

- Vous avez beaucoup bût, non ? »

Deathmask releva le nez. Une main légère s'était posée sur la sienne. Au bout de cette main, il y avait un bras pâle, et au bout de ce bras, une jeune femme.

Le chevalier fronça un peu les sourcils pour forcer ses yeux à faire le point sur cette inconnue floue. Elle avait une peau satinée, blanche, mais légèrement roses sur les joues rebondies. De longs cheveux d'un roux foncé retombaient en lourdes boucles sur ses épaules, encadrant deux yeux d'un vert pâle, presque délavés, qui fixaient le chevalier avec un rien d'inquiétude. Vêtue d'une vaporeuse robe rose, elle était belle.

« - Qu'est ce que ça peut te foutre ? Grogna le chevalier du Cancer en dégageant sa main. »

Il récupéra son verre plein. La jeune femme le regarda le porter à ses lèvres en silence.

« - Vous avez l'air malheureux. »

Deathmask éclata d'un rire sans joie et dût reposer son verre pour éviter de le renverser.

« - J'ai l'air malheureux, moi ? A la bonne heure, ricana-t-il en secouant la tête.

- Vous ne boiriez pas autant, sinon.

- Qu'est-ce que t'en sais ?

- Vous n'avez pas l'air de ce genre d'homme. »

Il cessa brusquement de rire et la darda de son regard bleu glacial. Pourquoi elle venait lui causer ? Elle ne pouvait pas le laisser vivre sa dépression dans l'alcool, comme tout le monde ?

« - Tu n'a aucune idée de quel homme je suis, minette.

- Vous êtes un chevalier. N'est ce pas ? »

Il grogna et reporta une nouvelle fois son verre à ses lèvres. Chevalier. Jamais autre chose. Ils avaient dédié leur entière vie à Athéna, hein ? Ils n'étaient plus que ça. Chevaliers. Aucune identité derrière. Aucun eux, réel. Ils étaient tous interchangeables.

« - Qu'est ce que tu me veux ?

- Vous aviez l'air… Déprimé. Souffrant.

- Et alors ? »

La jeune femme battit lentement des paupières. Elle semblait confuse, comme si elle attendait une autre réponse que simplement « et alors ». Si Deathmask n'était pas aussi imbibé d'alcool, il aurait presque trouvé ça mignon.

« - Et alors… Je me suis dit que vous voudriez, peut-être, un peu de compagnie…

- Si j'avais voulu de la compagnie, je serais resté au Sanctuaire, pas dans un bar pourri au fond d'une ville miteuse.

- Vous ne les appréciez pas.

- Quoi ? »

Il tourna son regard vers elle. Elle semblait calme, assise là comme si ça avait toujours été sa place, comme si elle ne détonnait pas complètement avec l'ambiance du lieu. Ces yeux d'émeraude restaient fixés sur l'italien, comme si rien d'autre n'existait autour d'eux.

« - Vos collègues, fit-elle de sa voix douce. Vous ne les appréciez pas. »

Il rit une nouvelle fois. Si naïve.

« - Personne ne s'apprécie là-haut, ma belle. On se supporte. Ou pas. Personne ne me supporte et je ne supporte personne. Plus ils restent loin de moi, mieux tout le monde est. Depuis les deux dernières années, on arrête pas de se tuer les uns les autres, et on est toujours ramené à la vie ! T'y croit à ça ? »

Il pouffa dans son verre presque vide. La situation était soudain hilarante à ses yeux.

« - On est ramenés à chaque fois, tout ça pour se faire balancer dans une autre guerre et crever à nouveau ! On est que des pions, poulette. Rien de plus que des pions ! On reste pas en vie suffisamment longtemps pour créer des liens, et même si c'était le cas, j'en voudrais pas. A quoi ça servirait ?

- Il n'y a donc personne que vous aimez, là-haut ? »

Il la regarda et battit des paupières une seconde. Elle avait l'air triste, suppliante, presque. Ça n'avait aucun putain de sens -pourquoi est ce qu'elle s'inquiéterait pour lui alors qu'elle ne le connaissait même pas, et qu'il s'appliquait à détruire toutes ses illusions depuis le début de leur conversation ?

« - Aimer ?

- Oui, aimer. Vous devez bien savoir ce que c'est, l'amour ! »

Cette fois, il n'avait pas envie de rire. Il se contenta de la regarder, un air incrédule au visage. Est ce qu'elle pensait réellement ce qu'elle disait ? Comment pouvait-elle être aussi naïve, dans un monde comme le leurs ? Comment pouvait-elle être assise là, avec ses bons sentiments, à côté d'un des plus grands tueurs du monde ?

« - Mais l'amour, ça existe pas, poulette. C'est un compte pour les mômes ça, pour leur faire croire que grandir vaut le coup. »

Il fixa le fond de son verre, orné d'un fond de liquide ambré, et sourit un peu pour lui même.

« - Et même si ça devait exister, qu'est ce que ça aurait à voir avec moi ? »

Qu'est ce que ça aurait à voir avec le chevalier le plus bestial du Sanctuaire ?

« - Je suis pas con au point de me bercer d'illusion. J'sais bien que j'suis un psychopathe. J'aime voir le sang couler, entendre les gens supplier que je les épargne, j'adore charcuter leurs cadavres une fois qu'ils on clamsé. J'ai trahi deux fois ma déesse, et deux fois elles à fait comme si de rien n'était, comme si ça n'avait pas d'importance. Je suis tellement fou que des fantômes me collent aux basques depuis que je suis môme. Alors dit moi, poulette, qui pourrait bien donner de l'amour à un mec comme ça ? »

Il releva la tête pour la regarder. Elle le fixait, comme toujours, mais avec cette infinie tristesse au fond des yeux. Elle ne répondit rien. Deathmask secoua la tête, un sourire ironique aux lèvres.

« - C'est bien ce que je pensais. »

Il repoussa sa chaise et laissa une poignée de billets sur la table. Les murs tanguaient un peu autour de lui, mais n'essayaient pas de lui tomber dessus pour l'étouffer.

Pas encore, souffla l'une des âmes.

Sans un regard de plus pour la jeune femme, il sortit du bar et laissa l'air chaud de l'été grec lui caresser le visage. Il faisait nuit, mais le visage restait illuminé par de vieilles lampes, des lanternes, des guirlandes. Un paysage de rêve.

Le chevalier du Cancer s'alluma une cigarette, dont il souffla la fumée au dessus de sa tête. Le nouage s'étendit lascivement, capturant la lumière en des arabesques hypnotisantes. Loin au dessus de sa tête, il reconnut la constellation de la Balance qui luisait doucement, accrochée sur un ciel noir.

Deathmask reprit son chemin, les mains enfoncées dans les poches.

Il y avait des années qu'il n'arrivait plus à repérer la constellation du Cancer.


Shion soupira et recula dans son fauteuil. Il jeta un coup d'oeil par la fenêtre. La nuit pâlissait lentement sous l'effet d'un lever de soleil qui annonçait des températures encore plus élevées que la veille. Encore une fois, le Pope avait passé la nuit dans son bureau, plongé dans des papiers qu'il clamait important. Ça n'était pas forcément le cas, mais il se répugnait à regagner son lit, dans ses appartements privés.

Retrouver sa jeunesse était certes agréable, mais ses tourments de vieil homme, eux, n'avaient pas disparus. Contrairement à son ami de la Balance, lui avait vécu ses deux cents ans complètement… mais il avait fallu se résoudre. Son temps n'était pas arrivé à son terme.

Soit. Il servirait sa déesse jusqu'à ce que celle-ci juge qu'il était temps pour lui de mourir.

Et puis, gérer le Sanctuaire était une habitude maintenant. Après deux cents ans à la tête de l'endroit, s'atteler à l'administratif était comme glisser dans une vieille charentaise. Il pourrait le faire les yeux fermés. Il n'avait pas mis longtemps à réparer tout ce qui avait été passé sous le coude lors du règne de Saga. Le Gémeaux avait été un excellent Pope sur le plan militaire, mais sa gestion du budget avait été catastrophique.

« - Grand Pope ? Je peux entrer ? »

Shion rouvrit des yeux qu'il n'avait pas conscience d'avoir fermé. A la porte, le chevalier du Sagittaire le regardait, dans l'attente d'une confirmation. Brave Aiolos. Le Pope lui fit signe d'entrer. Le jeune homme s'exécuta et ferma la porte derrière lui.

« - Je suis désolé de vous déranger.

- Tu ne me déranges pas. Qu'est-ce que je peut faire pour toi ? »

Le jeune homme s'assit en face de son supérieur. Lui aussi était revenu à la vie, en même temps que les autre chevaliers… Mais lui était mort depuis treize ans. Le retours à la vie, dans un corps adulte, l'avait bien plus secoué que tous les autres. Même en comptant sur le soutien inconditionnel de son frère, il avait eu du mal à se remettre sur les rails. A présent, ça allait mieux… Pas vrai ?

« - Je venait vous parler d'un des apprentis.

- Un apprenti ? C'est à dire ?

- Dalia, l'aspirante pour l'armure des Chien de Chasse. »

Dalia… Oui, il se souvenait. Tout petit bout de fille d'à peine dix ans, elle portait fièrement son caractère cubain et était chez eux depuis bientôt deux ans. Son maître, le chevalier de la Colombe, était optimiste à son propos.

« - Je vois de qui tu parles. Quel est le problème avec elle ?

- Ce n'est pas réellement un problème, grand Pope. Au contraire. »

Il se tut, semblant chercher la bonne façon de présenter son propos. Shion attendit patiemment qu'il trouve les mots pour exprimer sa pensée.

« - Je ne sais pas comment expliquer ça, fit Aiolos au bout d'une seconde. Je l'ai regardé s'entraîner hier, et quelque chose était… J'ai eu l'impression…

- Son cosmos raisonnait avec le tien ? »

Surpris, Aiolos ouvrit grand ses yeux verts. Shion se permit un sourire.

« - C'est exactement la chose que j'ai ressentit lorsqu'on m'a présenté Mu pour la première fois, sourit le Pope avec un rien de nostalgie. Nos cosmos sont entrés en résonance… Le siens n'était qu'une petite étincelle, à l'époque…

- Vous voulez dire que…

- Dalia serait le prochain Chevalier du Sagittaire ? C'est fort probable, mon ami. »

Sur le visage d'Aiolos se bouscula une myriade de sentiment. Réalisation. Joie. Peur. Incompréhension. Excitation. Shion eu l'impression de se voir vingt ans plus tôt, lorsqu'on lui avait déposé dans les bras un bébé aux cheveux parme et qu'il avait su que ça serait lui qui porterais son armure.

« - Mais qu'est ce que… Je veux dire, comment… Elle est déjà promise à une armure, elle a déjà un professeur…

- Si l'armure du Sagittaire l'appelle, elle ne pourra pas résister, répondit doucement le vieil Atlante. Tu le sais aussi bien que moi, n'est ce pas ?

- Bien sûr, mais… Je ne suis pas sûr d'avoir les qualifications pour être un professeur... »

Il avait l'air si angoissé ! Ça aurait presque fait rire Shion, mais il se retint. Ça n'aurait pas été très courtois de rire du désarroi de son chevalier…

« - Allons, chevalier ! Vous avez vaincu une armée de Spectre, ça n'est pas une petite fille qui va vous faire peur ! »

Il vit avec contentement le visage du Sagittaire s'éclairer d'un sourire.

Le monde s'arrêta une seconde.

Ce fut comme s'il était plongé dans un baquet d'eau glacée, qu'on lui brûlait le visage au fer blanc. Il sentit un cosmos se recroqueviller sur lui même.

Il explosa violemment, lui faisant tourner la tête.

Il agrippa l'accoudoir de son fauteuil et ferma les yeux pour empêcher son propre cosmos de réagir à la terreur profonde qu'il venait de ressentir par procuration. Lorsqu'il rouvrit les yeux, la chaise d'Aiolos était renversée et le chevalier du Sagittaire était debout, tendu comme son arc.

« - Vous avez sentit ça ?! »

Il hocha la tête. L'explosion avait été assez puissante pour être ressentie par le moindre garde du Sanctuaire. La terreur communiquée avait été telle qu'il avait cru s'évanouir un moment. Mais plus que la terreur elle même, c'était sa source qui le sonnait.

« - Deathmask ! »


Et voilà ! A la semaine prochaine pour la suite. N'oubliez pas que je lis vos review avec grand plaisir !