Eh bien.
Une nouvelle histoire, donc. Cette fic est un peu particulière pour moi. J'ai commencé à l'écrire il y a un bout de temps (au moins deux ans). La finir maintenant, c'est un peu surréaliste. Allez savoir pourquoi, je suis plutôt inspirée en ce moment.

En tout cas, j'espère que vous apprécierez.

Aussi: j'ai toujours du mal avec la mise en page de fanfiction net qui retire systématiquement mes sauts de lignes. Donc, désolé pour ça.


Golden Trio

Minho voit

Le nouveau est le tremblement de terre qui ébranle le bloc il apporte avec lui toutes les incohérences d'un monde extérieur qui leur est interdit.

Mais dix minutes après l'avoir rencontré, et pour toujours par la suite, ce n'est pas ce qui importe. Ce qui importe, c'est la façon dont il semble chercher Newt du regard, de la même façon que Newt le regarde.

Ça, c'est nouveau et c'est étrange, parce que Newt n'est pas du genre à se livrer facilement. Mais il le connait assez pour voir, commencer à voir, la façon dont ils se tournent l'un vers l'autres et dont les esquisses de sourire sont plus sincères qu'elles ne le devraient avec une personne rencontrée il y a quelques jours.

Et un jour Newt s'est assis avec le nouveau; et avec Chuck aussi, mais il semble à Minho que c'est plus le nouveau que Chuck qui a eu son importance, et ça aussi c'est nouveau.
Newt ne s'attarde pas, d'ordinaire. Newt est celui qui papillonne entre eux et parce qu'il est, eh bien, Newt, celui qui les lie tous au final, plus qu'Alby qui est souvent presque plus un survivant qu'un leader.

Et à ce moment-là Minho se dit qu'il y a vraiment quelque chose – il ne sait pas quoi, pas encore, mais il y a quelque chose et surtout, c'est sérieux.

Et Newt est comme un frère pour lui il ne lui dit rien, parce que cet imbécile est assez grand pour gérer sa vie tout seul. Mais il garde un œil sur les choses, sur eux, et même encore plus quand il commence à se rapprocher de Thomas.

Alby dirait que c'est son côté possessif.

Les portes du labyrinthe sont en train de se refermer je vais mourir pense-t-il alors. Il peut voir la sortie, il peut voir le bloc, mais il se sait incapable d'abandonner Alby là.
Il peut voir Newt, en première ligne devant les portes, et toutes les détresses que porte son regard. Les bloqueurs, crient, l'encourage, et Newt a le regard d'une personne qui voit son monde disparaitre.

La sortie est désormais une fente lumineuse de plus en plus mince et il ne va pas pouvoir sortir.

D'un coup, Thomas est là. D'un coup, Thomas cours.
Et à ce moment-là il y a dans ses yeux quelque chose, et d'une certaine façon, il sait.
Thomas n'abandonnera jamais ses amis.

Sans qu'il s'en rende compte, Thomas est entré dans sa vie comme l'une de ces personnes qu'il n'abandonnera jamais non plus.
Et c'est l'un de ces moments de réalisation, quelque chose qui clique dans sa tête et oh. Peut-être qu'il peut comprendre comment Newt s'est attaché aussi rapidement – en parti, du moins.

(Parce qu'il y a entre Newt et Thomas quelque chose de plus sur laquelle il ne met pas de mot parce qu'il ne s'y autorise pas.)

Minho reste à distance. C'est entre eux que les choses se passent.

(Au final, je n'étais que l'intrus de votre histoire, dit-il à Thomas, un mauvais soir, des années plus tard.
Qu'est-ce que tu dis ? le reprend son ami tu as toujours fait partie de l'histoire. Tu nous as toujours sauvé, Minho.)

Minho espère de tout son cœur que ces deux-là auront une fin heureuse. Ils sont les personnes les plus importantes de sa vie, après tout.

Le tatouage sur sa nuque peut dire qu'il est le chef il veut bien mener les bloqueurs ou n'importe qui qui soit prêt à le suivre.

Mais avec eux deux, juste eux deux, il se sent comme si vivre pouvait être tellement plus.


Newt sait

La traversée de la terre brulée est un supplice sa jambe lui fait mal, et, au bout de quelques jours, c'est un autre genre de douleur qui semble s'installer à l'arrière de son crâne. C'est indéfinissable, et un peu étrange. Il n'en dit rien, ne se pose pas de questions.

Cela ne doit pas être si important.

Il essaie d'y croire de tout son cœur.

oOOo

La tension de la traversée devient insoutenable il le sentiment qu'un poids constant lui pèse sur le cœur.
Qui sera le prochain à mourir ? Quelle sera cette nouvelle horreur ?

Et si c'était Minho ?
Thomas ?

Il ressent des choses et il fait comme s'il ne comprenait pas. Parfois, il a l'impression qu'il pourrait, d'un coup, ne plus être maître de lui-même. Souvent, c'est juste comme s'il avait les nerfs à vifs.
L'absence d'Alby est encore une douleur lancinante dans son torse. Minho le sait. Minho est là. Parfois ils parlent et parfois Minho reste juste à côté de lui dans un silence réconfortant, et alors tout va bien.

A d'autre moment, il est avec Thomas.

Minho se met souvent en retrait, alors. Minho est loin d'être stupide, et il le connait mieux que personne.

Entre eux, il y a des non-dits. C'est les conversations qu'ils ont pu avoir au bloc. C'est la façon dont ils marchent côte à côte parfois, trop proches l'un de l'autre alors qu'il fait aussi chaud, en traversant la terre brulée. C'est les regards qu'ils se portent depuis si longtemps (le début).
(Pas si longtemps, en vérité, mais pourtant c'est déjà tellement important.)

Quand Janson annonce son nom il ne s'effondre pas.

Ne bronche pas.
Ne dis rien.

Ça explique tout. Comme s'il le savait sans oser y croire.

Alors il accepte son corps avec les changements qu'il porte depuis plusieurs semaines déjà.

Mais Thomas, lui, tombe, et il veut le prendre dans ses bras.
Faire disparaitre le détresse qui habite tout son être de façon si évidente et lui dire que tout ira bien parce qu'ils sont encore ensemble, ils sont encore tous les trois.

Il sait que c'est faux.

Mais parce qu'il ne peut malgré tout pas voir la souffrance dans les yeux de l'une des personnes les plus importantes de sa vie, il trouve quelque chose à dire.

(Reste avec moi, s'il te plait, ne murmure-t-il pas. Jusqu'à la fin, je t'en prie.
J'ai besoin de toi.

Peut-être aurait-il dû.)

Minho et Thomas sont les ancres qui portent son monde tout entier et lui permet de savoir encore où il est.

Et d'un coup ils ne sont plus là. Parfois il réalise qu'il ne leur en veut pas vraiment, qu'il les comprend et qu'il les aime assez pour vouloir juste leur bonheur. Qu'ils soient en sécurité. Le reste du temps, c'est comme si une rage indescriptible prenait contrôle de son esprit et de son corps tout entier. Alors, le monde entier ne semble pas assez grand pour recevoir toute sa colère et il leur en veut, tellement, tellement, de l'avoir abandonné alors qu'il n'a qu'eux.

Après, c'est à lui qu'il en veut.

Le corps des fondus qu'il a vu jusque-là est ravagé il comprend enfin pourquoi. Ce n'est pas la maladie, c'est cette colère intense et profonde et parfois lui aussi il a juste envie de s'arracher les yeux pour s'empêcher de voir et s'arracher la langue pour s'empêcher de dire des mots qu'il regrette après.

oOOo

Ses pensées et s'emmêlent et il ne sait même plus pourquoi il hurle comme ça il veut que tout s'arrête il veut dire à Thomas qu'il lui a manqué il veut arrêter d'être ce monstre qu'il ne peut qu'imaginer il veut demander si Minho va bien il veut arrêter de voir cette détresse dans les yeux de Thomas.

Il ne peut que supplier.
Essayer de se rappeler qui il est.
Juste assez pour regarder Thomas.
Tenter de lui transmettre tout ce qu'il souhaite par l'intermédiaire de ce regard.

Il aurait voulu voir le monde.

Être heureux.

Il a envie de dire à Thomas de le faire pour lui.
Il a envie de dire à Thomas de ne pas l'oublier.
Il veut dire tout ce qui va rester en suspend entre eux – et pourquoi est-ce qu'il n'a rien dit plus tôt et toute les épreuves et toute la souffrance lui semblait être un frein alors.
C'est pour cela qu'il aurait dû parler, en vérité. (Il est un peu tard, maintenant).

Il ne peut pas. (Ne peut plus).

Il y a dans le regard de Thomas, quand il appuie sur la détente, toute la détresse et toutes les promesses du monde.

(Lui et Thomas méritaient plus.
Plus qu'une histoire à demi-mot qui n'a jamais trouvé de réalité dans laquelle s'ancrer.
Ce sera pour une autre vie, peut-être, mais c'est une pensée qui lui laisse un goût amer.)


Thomas part

Après tout ce qu'ils avaient pu traverser, reconstruire et s'installer semblait la chose la plus importante à faire.

La plus saine, aussi. Tout le monde ou presque semble trouver un équilibre ou un réconfort dans le fait d'empiler des pierres, de se reconstruire une vie qui pourrait être qualifiée de normal.

oOOo

Des mois après, Thomas n'en peut plus. Les morts qu'il porte avec lui semblent le suivre partout. Il a l'impression de s'enfermer dans une routine qui lui donne envie de hurler. Ce n'est ni intéressant, ni enrichissant il n'a pas la stabilité de Minho qui semble renaître en même temps que la petite population qu'il représente.

Parfois il a des flashs d'avant – avant le labyrinthe, avant la perte de mémoire, avant que sa vie devienne celle d'un survivant.

Dans ces moments il a envie l'espace d'un instant d'être de retour dans un laboratoire scientifique où la recherche le fait jubiler l'instant d'après il a envie de vomir et il sait qu'il sera incapable de s'y remettre un jour.

Il sait que c'était sa passion avant que WICKED ne s'empare de tout ce qui le définissait il n'est pas fait pour la vie monotone du travail de la Terre il aimait l'adrénaline de la recherche, l'enthousiasme de la nouveauté. Il aimait réfléchir des jours à un problème qui devient une obsession, envisager toutes les solutions possibles pour y remédier.
C'est un chercheur et un scientifique. Mais il ne lève pas le petit doigt face aux quelques propositions des immunes de recherches et de nouvelles innovations.

Qu'est-on sensé faire de sa vie lorsque même les choses que l'on aimait le plus nous donne envie de s'enfuir en courant ?

Quand tout est trop difficile – souvent. Presque tout le temps. - Minho est son sauveur, Minho est là. De proche, ils deviennent presque inséparable. Les autres semblent comprendre le lien inaltérable qui les lie ils ont traversé ensemble plus que n'importe qui. Les bloqueurs qui restent plus que personne.

oOOo

Et un jour ça fait déjà un an.

(Un an que Newt l'a supplié de le tuer, un an qu'il voit son regard désespéré dans son sommeil et un an qu'il pense qu'il aurait dû lui dire, il aurait dû lui dire.)

Il est le seul à savoir ce que cette date signifie et il a juste envie de pleurer. Un poids insurmontable s'est installé sur ses épaules et dans son ventre, et il se sent juste si mal.
Un soir, pas si longtemps après, Minho et lui sont là, tous les deux.

Il parle.
Minho se tait Minho pleure.

« On était un trio en or, dis Minho en riant – mais cela sonne faux. Maintenant, on n'est plus que deux abrutis assis sur un tronc d'arbre. »

Après ça, les choses semblent un peu plus clair.

Il continue d'aider aux travaux de la communauté il plante des choux, et arrache de mauvaises herbes. C'est toujours insupportable, mais au moins, son esprit est un peu plus paisible.

Doucement, il commence à comprendre ce qu'il doit faire.

Il retourne voir Minho.

Je pars, dit-il et Minho, d'abords, ne dit rien. Il sourit, et hoche la tête. Un sourire un peu triste qui pourtant porte tout l'espoir et le soulagement du monde.

Je le savais, répond-t-il simplement.

Evidemment, pense Thomas. Minho connait Thomas mieux que personne, et il voit les choses. (C'est aussi pour ça qu'il était – est – un bon leader.)

Mais derrière cette phrase, il sait que Minho ne parle pas que de son départ. Ils n'ont pas encore parlé de tout. Ils n'en parleront pas avant qu'il ne parte.

Quand il reviendra. (Il est bien obligé maintenant un jour viendra où il aura besoin de tout dire à Minho.)

Comme si tu avais une fois dans ta vie été le genre de personne à pouvoir vivre une vie ordinaire, une vie de routine et de travail simple, lui a dit Brenda avec un petit rire, quand il fait son sac.

oOOo

Alors Thomas s'en va.

Il marche. Les muscles de ses jambes agonisent, parfois, lorsqu'il force trop dans une même journée, et qu'il y a eu quelques passages difficiles ses omoplates le font souffrir sous le poids du sac qu'il porte partout.

Il ne s'est jamais senti aussi libre. Aussi vivant. D'aussi loin qu'il se souvienne.

(Ou peut-être que si, parfois, et c'était au bloc, paradoxalement, là où il était plus emprisonné que jamais mais uniquement physiquement. Mais c'était une liberté partielle, une liberté imaginaire, qui avait ses heures de gloire lorsque, avec Newt, c'était presque comme s'ils étaient deux ados dans les bois.)

Il voit des cascades immenses gravit des falaises dont la vue est à couper le souffle traverses des forêts luxuriantes.

Dans un champ de fleur, immense, qui s'étend à perte de vue, il érige une croix. Doucement, avec déférence et alors qu'une unique larme coule sur sa joue, il grave les lettre TERESA.

Il voit des paysages extraordinaires les reste de ces civilisations oubliées. Il note tout. Dessine des cartes. Croque quelques espaces malgré ses maigres compétences.

Il pense à tout ce qu'i raconter, toutes ces nouveautés. Il se dit que peut-être, il a envie d'en parler à Minho.

Un jour.

Pas encore.

(Il ne l'oubliera pas.

Peut-être dans dix ans, quinze ans, ne se souviendra-t-il pas de tout.
De toutes leurs conversations de la couleur de ses yeux ou du son de son rire. De sa taille et des traits de son visage.

Mais il n'oubliera jamais, comme un indescriptible mélange de sensation, tout ce que Newt a pu lui apporter.

Il n'est plus là.
Il n'a plus ses mots, il ne peut entendre sa voix.

Mais il y aura toujours en lui le sentiment rassurant d'avoir rencontré l'une des personne qui devait combler sa vie.)

Il admire la grandeur de la nature. Il s'arrête devant la mer des jours entiers. Il risque sa vie pour aller de plus en plus loin. Se perd en essayant de revenir sur ses pas.

Il se sent bien. Complet.

Et parfois c'est comme s'il y avait derrière lui la présence d'un jeune garçon aux cheveux blonds et aux yeux clairs.

(Un jour il arrive face à la mer.

Il s'arrête. S'assoit sur le sable de la plage.

« Hey, Newt. Il y a des choses que j'ai à te dire… » Commence-t-il)