Merci de vos retours. Vos messages m'ont réchauffé le cœur.

Ce chapitre, je le dédis à une personne qui comptait énormément pour moi et qui a été emporté par le cancer il y a quelques semaines. C'est un chapitre que j'ai aimé écrire à l'époque (que j'aime moins à présent) et qui contient beaucoup d'amour et de guimauve, et cela me semblait approprié de le dédier à cette personne qui a été une source de joie et d'amour inépuisable jusqu'à la fin.

Encore une fois, c'est un chapitre assez long (9 400 mots), et je suis sûre qu'il reste quelques petites fautes horribles malgré mes nombreuses relectures. Je vous prie de m'excuser.

De plus, le récit ci-dessous contient des modifications de l'œuvre originale concernant les origines d'un personnage.

Bien à vous

Snow

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A l'Amour de ma vie

Merci pour tout

Puissions-nous nous retrouver

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°oOo°

Chapitre 11 :

Celui dont le cœur est ressuscité par l'amour ne mourra jamais.

- Proverbe persan

°oOo°

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Les rayons du soleil se posèrent doucement sur elle et réchauffèrent son corps.

Bella fronça légèrement les sourcils. Un soupir à peine audible s'échappa de ses lèvres. Encore légèrement endormie, elle demeura quelques instants immobile à profiter de la chaleur du soleil. Ses yeux chocolats finirent pas s'ouvrir avec difficulté. La fenêtre apparut dans son champ de vision. Elle s'étira comme un chat. Il faisait beau. Aucune trace de la tempête d'hier.

En parlant de tempête…

Elle se retourna, pour trouver la place à côté d'elle vide. Son cœur se serra dans sa poitrine.

Avait-elle rêvé ?

Non, assurément. Elle ne se serrait jamais couchée nue.

Alors il n'était pas resté.

Un autre soupir déçu lui échappa.

Qu'espérait-elle, au juste ?

Elle ferma les yeux, et se remémora la nuit dernière.

Elle sentait encore ses lèvres froides et dures sur les siennes, ses mains de glaces qui exploraient son corps et qui laissaient une traînée de feu où qu'elles aillent. Elle se rappelait encore de la façon dont elle avait répété son nom, comme une prière. Oui, elle se souvenait parfaitement s'être endormie à ses côtés, satisfaite, pendant qu'il lui murmurait des choses en italien.

Elle tourna la tête, avisant l'horloge qui traînait dans un coin de la pièce.

10h45

Son sang se glaça.

Si tard ! Pleura-t-elle intérieurement.

Balançant ses jambes hors du lit, elle se leva précipitamment. Elle chercha sa chemise du regard, et ne la trouva pas, ce qui l'énerva profondément. Elle grogna quelque chose d'incompréhensible avant de se jeter sur la porte de la salle de bain. Bella s'arrêta brusquement. Tournant la tête vers le grand miroir de la salle de bain, elle prit le temps d'inspecter son corps. Chaque parcelle de sa peau nue fut examinée de son regard inquisiteur, à la recherche de blessures, de bleus. Mais rien. Aucune ecchymose. Pas une seule.

Comment est-ce possible ?

Après pure réflexion, son corps ne la faisait absolument pas souffrir. Pourtant, il ne s'était pas privé de la toucher, ni de la prendre dans ses bras. Mais sa prise, il est vrai, n'avait jamais était douloureuse et elle ne se rappelait pas avoir souffert d'une quelconque façon la nuit dernière.

Il avait...un contrôle incroyable.

Son âge, sans doute.

Ou l'habitude. Lui lança une petite voix dans sa tête.

Bella grimaça.

Elle se lava et s'habilla rapidement. Aro devait être à la bibliothèque depuis longtemps. Au moins, il ne perdait pas le sens des priorités.

En revenant dans la chambre, elle remarqua un petit mot posé sur la table de chevet. Les battements de son cœur s'accélérèrent. Elle se jeta sur le billet, le dépliant soigneusement. Les mots qui dansaient sous ses yeux confirmaient ses doutes.

Je suis à la bibliothèque. Tu dormais si paisiblement, je n'ai pas osé te réveiller.

Aro

« Je t'aime » furent les seules paroles qui franchirent de ses lèvres.

Elle replia le mot, avec un soin et une délicatesse exagérés, et le fourra dans sa poche.

Les rues de Rome furent traversées à une vitesse surhumaine alors qu'elle se demandait comment aborder le sujet avec lui. Elle se voyait mal arriver comme une fleur en disant '' Hé, bébé, c'était sympa hier soir. On peut en parler ou… ?''

Les portes de la bibliothèque claquèrent derrière elle. Un religieux lui lança un regard noir. Ne prêtant aucune attention à lui, Bella se dirigea immédiatement vers la partie ''interdite'' de la bibliothèque.

Elle le trouva, assis là, à la même table que les jours précédents, la tête baissée sur un livre. Son cœur bondit dans sa poitrine malgré elle.

Elle tâcha de paraître détendue en arrivant à sa hauteur et échoua superbement.

Aro leva timidement les yeux.

« Hé, mon grand, c'est un vilain tour que tu m'as joué ce matin » lâcha-t-elle nerveusement, « Tu es parti comme un voleur. »

Elle pouvait dire qu'il était surpris et incroyablement gêné. Elle s'installa en face de lui en silence, attendant patiemment (ou presque) qu'il parle.

Aro se racla la gorge, « Je n'étais pas sûr...que ma présence à tes côtés quand tu te réveillerais soit...désirée... » expliqua-t-il maladroitement.

Bella trouvait sa timidité mignonne même si son raisonnement était stupide. Elle regarda brièvement le livre étalé devant lui, avant de se concentrer sur ses yeux. « Est-ce qu'on en parle ? »

Il lui sourit gentiment « Je n'ai rien à dire à ce sujet. »

Bella haussa les épaules avec une nonchalance impressionnante. « Bien. Moi non plus. »

Aro continuait de la fixer de son regard pénétrant, comme cherchant à lire dans ses pensées, « Es-tu...sûre… ? Je veux dire, je ne suis pas celui qui a le plus de choses à perdre, dans cette histoire... »

Elle savait qu'il faisait référence à Edward mais elle n'était pas encore prête à aborder ce sujet-là. Pas maintenant. Et sûrement pas avec lui.

« Est-ce vrai ? » demanda-t-elle d'une voix faussement innocente « Le roi des vampires qui préfère aimer une humaine l'espace d'une nuit plutôt que la vider de son sang… Ta réputation va en prendre un sacré coup... »

Les yeux d'Aro brillèrent légèrement, « Vas-tu me dénoncer, chérie ? »

« Je vais probablement en toucher deux mots à Caius » répondit-elle avec un léger clin d'œil.

Il rejeta la tête en arrière, posa une main sur son cœur qui ne battait plus. Feignant d'être peiné par ses mots, il demanda doucement « Veux-tu ma mort, Isabella ? »

« Bien sûr que non, soleil de ma vie »

Il arqua un sourcil avec défi, « Sommes-nous vraiment assez proches pour commencer à nous donner des surnoms affectueux, ma petite fleur ? »

« Cela dépend entièrement de ta définition de ''proche'', mon chaton »

« C'était une question stupide au vu des événements qui se sont déroulés dans notre chambre, la nuit dernière. Pardonne-moi alors, petit Wienerbrød »

« C'est la chose la plus insultante qu'on m'ait jamais dite ! » s'écria-t-elle légèrement, « Et je ne sais même pas ce que ça veut dire. »

« Un Wienerbrød est une pâtisserie viennoise. » expliqua-t-il avec amusement

« C'est vraiment adorable de ta part de me comparer à un gâteau, mon petit pudding. »

« Tu trouves cela adorable, mon ange, parce que tu n'as pas vu la tête du gâteau en question »

Bella plissa les yeux, « Est-ce que tu aurais osé me comparer à un gâteau moche ? »

« Mais délicieux, parait-il. » répondit-il doucement « Mais comme tu viens de mon comparer à un pudding, j'imagine que nous sommes quittes. »

Un rire incrédule s'échappa des lèvres de Bella, « Très bien, tu as gagné. »

« Je gagne toujours. »

Ils se turent quelques instants. Leurs yeux ne se quittèrent jamais. Ils y virent le même amusement et la même passion.

C'était un jeu dangereux.

« Est-ce qu'on va toujours au théâtre ce soir ? » demanda brusquement en se raclant la gorge.

« J'ai acheté nos places ce matin. »

« Que va-t-on voir ? »

Il soupira légèrement, « Shakespeare. »

« Wow. Cette idée a l'air de t'enchanter. » s'amusa-t-elle

« Je connais toutes les pièces de Shakespeare. »

« Eh bien, une de plus, une de moins. Qu'importe ! »

« Oui...qu'importe. J'imagine que le spectacle le plus intéressant de la soirée sera juste à mes côtés... »

Elle lui jeta un regard mauvais et il rit, « Je vais devoir me trouver une belle robe et essayer de me faire jolie, pour ne pas te faire honte. »

Il pencha doucement la tête sur le côté, un sourire malicieux naquit sur ses lèvres « Tu n'a pas besoin de robe pour être jolie. »

« C'est soit la chose la plus vulgaire qu'on m'ait dite, soit la plus belle. Je n'ai pas encore décidé. En tout cas, l'absence de romantisme est totale. »

« J'oubliais. Tu aimes la littérature anglaise. Je promets de me rattraper » dit-en soupirant.

« Ah oui ? »

« Oui, ce soir je serai un parfait gentleman. »

« Dommage. J'avais d'autres projets. »

Bella se reconnaissait à peine. Cependant, elle était parfaitement consciente de sa situation. Le fait qu'elle ait abandonné la lutte avec Aro ne la rendait pas moins lucide. Tout allait se compliquer. Qu'elle soit amoureuse d'un autre homme que son mari était une chose, qu'elle succombe à la passion en était une autre.

Edward n'allait jamais lui pardonner.

Jamais.

Et, elle ne se le pardonnerait jamais non plus.

Mais le mal était fait à présent.

Aucune parole, aucun geste n'arrangerait les choses.

Elle se repositionna sur sa chaise en se raclant la gorge, « Alors, hum, tu es sur quoi ? » demanda-t-elle en montrant du menton le livre qu'il avait ouvert.

« J'étais juste entrain de lire un article pornographie pour me donner des idées » lâcha-t-il dans le plus grand des calmes.

Cette fois-ci, elle rougit affreusement. Elle s'y reprit à plusieurs fois avant répondre, « Ah. Oui. Vraiment ? Et la vérité, ça donne quoi ? »

Il soupira doucement, « La vérité est bien mon excitante, j'en ai peur. Je vérifiais juste qu'il n'y avait pas d'autres témoignages comme celui que nous avons trouvé hier. »

« Et alors ? »

« Et alors rien. » répondit-il en fermant le livre un peu trop brutalement.

Bella hocha la tête « Je vais en chercher d'autres » dit-elle en se saisissant de l'ouvrage.

Il la regardait avec amusement, « J'aime quand tu me sers »

« Je sais. Mais je préfère quand tu me sers »

La bulle de légèreté prit fin ainsi et ils se plongèrent assidûment dans leur travail toute la journée. Ils ne trouvèrent rien d'autre. Ils étaient très concentrés dans leur quête d'informations et ne laissèrent rien, ou presque, les distraire. Ils échangèrent quelques regards brûlants, et deux ou trois plaisanteries. En fin d'après-midi cependant, Bella décida qu'elle en avait assez de tous ces livres et de cette maudite bibliothèque. Elle referma violemment son ouvrage et s'étira ouvertement.

Aro leva les yeux vers elle.

« Bien, je vais me faire jolie pour ce soir. Je te laisse ranger » lâcha-t-elle en se levant, ne lui laissant aucune chance de répondre.

Bella fit venir une couturière à l'appartement. Pas qu'elle soit soudainement devenue coquette. Elle voulait juste faire un effort. C'était une soirée spéciale. Elle ne voulait pas tout gâcher. Elle avait décidé de bien se comporter, d'être d'une telle politesse et d'une telle élégance qu'il s'en évanouirait de stupeur.

Elle passa toute la fin d'après-midi devant sa coiffeuse à tenter de se rendre potable. Elle alla même jusqu'à appliquer du rouge sur ses lèvres et ses joues. Elle n'avait jamais fait ça de sa propre volonté. Elle espérait sincèrement qu'il allait applaudir ses efforts.

Bella détestait la robe qu'elle avait choisi. D'ailleurs, elle détestait les robes. C'était, en apparence, une robe à la française classique. Les paniers qui faisaient la forme de ses hanches étaient moins volumineux que ceux de la robe qu'elle avait porté pour se rendre à la fameuse réception de Florence. Elle était de la couleur du ciel d'Italie. Les manches s'arrêtaient aux coudes par de la dentelle. Et des nœuds, un peu partout. C'était une horreur. Les épaules étaient découvertes, ce qui était sans doute considéré comme incorrect pour une femme de bonne société, à l'époque.

Incroyablement indécent, pensa-t-elle avec ironie. Je connais des duchesses qui vont s'évanouir d'effroi.

Elle ne se souciait absolument pas de ce qu'on allait penser d'elle. Une seule opinion comptait.

La sienne.

Et justement, vers vingt heures, elle l'entendit renter, faire quelques pas dans le salon et s'arrêter devant la porte de la chambre.

Deux coups raisonnèrent.

Toujours assise à la coiffeuse, elle avisa l'entrée de la chambre dans le reflet du miroir.

Bella finissait à peine de se préparer. Elle apporta le collier qu'il lui avait offert à son cou tout en répondant, « Oui ? »

La porte s'ouvrit sur lui. Il s'arrêta au pallier en rencontrant ses yeux dans le miroir, elle fut satisfaite de ce qu'elle y vit.

Elle lui offrit le regard le plus innocent qu'elle put. Mais il ne semblait pas dupe à son petit jeu.

La porte fut refermée lentement derrière lui. Ses yeux étaient toujours sur elle.

« Eh bien… qu'avons-nous là ?» murmura-t-il, pour lui-même.

« Bonsoir. Tu m'aides à le mettre ? » demanda-t-elle en lui montrant le collier.

« Buona sera, cuore puro. Sei divino, dimmelo. »

Alors que l'anglais était brusquement remplacé par la douceur de l'italien, Bella se questionna sur la santé mentale. Elle n'était pas tout à fait sûre de ce qu'elle faisait. C'était trop tard, de toute façon. Il s'approchait déjà lentement d'elle. Ses yeux n'avaient jamais quitté les siens.

Bella était impressionnée par leur contrôle.

« Je me dois de te prévenir, petite fleur. » murmura-t-il doucement en arrivant derrière elle, « Tu joues à un jeu dangereux. »

« Et si je ne joue pas ? »

Elle apprécia la façon dont ses lèvres se relevèrent doucement pour lui offrir un sourire malicieux. Il prit le collier et le passa à son cou. Ses doigts froids frôlèrent sa nuque plus que nécessaire. Les paupières de Bella devinrent brusquement lourdes.

« Sei bellissima... » les mots glissèrent de sa langue avec abandon. Il releva lentement les yeux vers les siens. Elle y vit le reflet de son propre désir, « Peut-être devrions-nous passer directement à l'acte deux. »

« Non » dit-elle en se levant et en lui faisant face « Tu m'as promis un théâtre, alors tu me dois un théâtre. »

Il laissa ses yeux traîner paresseusement sur sa forme.

« Cette robe est... » commença-t-il.

Bella l'interrompit « Je sais. C'est une catastrophe. La couturière a osé me dire que c'était la robe la plus simple qu'elle avait ! On dirait que je me suis empêtrée dans un vieux rideau et qu'un lustre de cristal m'est tombé dessus. »

Il plissa les yeux « Non. On dirait plutôt que tu as vogué à travers le ciel nocturne, tel un ange, et que tu es arrivée sur terre nimbée d'étoiles. »

Elle rougit légèrement « Il fallait une robe qui ne fasse pas honte au Duc qui m'accompagne. »

« Cette robe est digne d'une déesse. Et elle sera encore plus belle quand elle sera à tes pieds. »

Aro se pencha vers elle et lui vola un baiser. Elle battit des paupières.

« Cependant, je dois dire que je suis outré. »

« Pourquoi ? »

« Tu me fais passer pour un gueux. »

Un sourire narquois étira les lèvres de la brune, « Je ne le dirai à personne, promis. » elle le dépassa sans un regard de plus « Y allons-nous ? »

Un soupir frustré s'éleva derrière elle pour seule réponse.

Le trajet jusqu'au théâtre fut étrangement calme et silencieux. Aro était redevenu maître de lui-même et était, en parfait gentleman, d'une froideur polie. Bella était très excitée par la perspective de cette soirée, mais tachait de dissimuler au mieux son euphorie.

Cependant, quand leur voiture passa devant le Colisée, elle ne put retenir une exclamation admirative.

« C'est si beau. J'aimerais rester ici pour toujours. »

Sa phrase resta en suspend dans l'air. Elle fut elle-même étonnée par ses paroles. Elle se racla bruyamment la gorge et préféra changer de sujet « Alors, quelle pièce allons-nous voir ? »

« Titus Andronicus. »

« Je n'ai jamais lu cette pièce » répondit-elle immédiatement.

« Ce n'est pas une de ses meilleures. Tiens, nous y voilà. »

Le théâtre de Rome était à la mode antique, l'entrée était soutenue par de grandes colonnes de marbre typiquement romaine.

Aro l'aida à descendre.

Il regarda un instant leurs mains jointes. Les picotements avaient disparu. Ils avaient disparu depuis la nuit dernière.

Ses yeux noirs rencontrèrent les siens. La froideur qu'il avait affiché jusqu'à présent n'était plus qu'un vaste souvenir. Le masque qu'il portait toujours s'était évaporé, à force de la côtoyer. Il y avait presque quelque chose d'humble dans ses manières. Comme si l'impitoyable roi était rester à Volterra. Ici, il était juste Aro. Le collier en forme de V ne pendait d'ailleurs plus à son cou. Pour sa propre sécurité, il ne portait rien qui pouvait le rattacher aux Volturi. Alors qu'elle regardait dans la profondeur de ses iris noirs, ses entrailles éclatèrent en un millier de papillons. Bella connaissait très bien ce sentiment. Et brusquement elle n'était plus aussi pressée de se rendre à la représentation. Elle préférait rester dehors avec lui, et que cet instant dure éternellement.

« Didyme avait raison...» murmura-t-il finalement. Sa voix était si basse qu'elle dut tendre l'oreille pour comprendre ses paroles.

« A quel sujet ? »

Il se racla brusquement la gorge, leva sa main à ses lèvres, il embrassa doucement ses doigts. « C'est sans importance. Viens, rentrons. » dit-il, en tendant son bras, « Tu vas attraper la mort. »

Il guida Bella dans le hall prestigieux du théâtre. Quelques regards curieux se posèrent sur eux. Mais ils n'y firent pas attention. Ils empruntèrent un grand escalier qui donnait sur un couloir, tout aussi immense. Aro les mena directement dans une loge luxueuse. Deux fauteuils tendus de velours faisaient face à l'avant-scène.

Bella resta figée à l'entrée tandis qu'Aro s'avançait déjà dans la loge. Elle balaya la salle prestigieuse du regard. De l'or, partout. Face à cette richesse indécente, Bella eut une pensée pour les gens du peuple, dehors, qui mourraient de faim. Les voix des autres spectateurs lui arrivèrent aux oreilles. Elle ne les voyait, mais les imaginait. Tous ces nobles, imbus d'eux-mêmes. Et brusquement, elle se demandait ce qu'elle faisait là. Ce n'était pas sa place. Pas son monde.

Aro se retourna vers elle. Une main posée sur le dossier d'un fauteuil, il tapotait impatiemment son doigt contre celui-ci.

« Tu vas bien ? » demanda-t-il doucement en souriant.

Elle sursauta au son de sa voix. Son regard attendri et inquiet la laissa émue. Elle lui sourit à son tour.

« Oui. J'essayais juste de me rappeler de la misère du peuple. » répondit-elle sincèrement.

Une ombre passa brièvement sur le visage de l'homme, avant que l'éternel sourire poli reprenne sa place.

« Viens t'asseoir. » fut tout ce qu'il répondit.

Ils s'installèrent comme un, sur les deux sièges côtes à côtes. Alors qu'elle s'adossait à son fauteuil, il lui sembla que son cœur fondait comme de la neige au soleil. Il l'emmenait voir cette pièce, qu'il avait sûrement du lire et voir une centaine de fois, et qu'il n'avait pas l'air d'apprécier plus que ça.

Elle l'aimait.

Elle le savait déjà mais cette soirée s'annonçait comme le marteau qui enfoncerait un clou dans son cœur. Cela faisait horriblement mal, pourtant, impossible de l'enlever, au risque de se vider de son sang.

La pièce commença et Bella donna tout pour se concentrer sur les dialogues des acteurs.

En dépit de tous les efforts employés, il ne semblait pas aimer la représentation. Il soupirait, pianotait sur son genou, mais ne parlait pas. Au bout d'un moment, elle sentit ses doigts froids frôler le dos sa main. Elle tourna sa paume vers le haut et il glissa sa main dans sienne. Il ne la retira plus. Il semblait même se calmer.

Pourtant, la deuxième scène du quatrième acte venait à peine de commencer qu'il se pencha vers elle « Cette représentation est à la fois horrible et interminable » murmura-t-il « Allons-nous en »

« Sans attendre la fin ? Mais je veux savoir comment ça se termine ! »

« La sage-femme est poignardée tout comme Mutius, Bassianus et Saturnius. Marcus et Quintus sont décapités. Tamora meurt de douleurs à l'estomac dont tu ne veux pas connaître la cause et Aaron est enterré vivant. D'autres questions ? »

Elle se tourna vers lui, incrédule et amusée « Tu... Tu gâches mon plaisir ! »

« C'est une tragédie shakespearienne, Isabella. Elles sont toutes pareilles. Tout le monde meurt et le rideau tombe. », il serra sa petite main dans sienne « Allez, viens. »

« Pourquoi es-tu si pressé de partir ? »

« Tu veux vraiment rester là, à regarder cette représentation minable alors que nous pourrions faire des choses cent fois plus agréables et intéressantes ? » Sa langue apparut l'espace d'une seconde entre ses lèvres.

Elle déglutit.

« Ok, viens, on s'arrache. » dit-elle en se levant précipitamment.

Le rire fou d'Aro résonna dans tout le théâtre. Les acteurs arrêtèrent brusquement de jouer. Des regards outrés se posèrent sur leur loge et la trouvèrent vide. Ils dévalèrent les escaliers à une vitesse folle. Elle chercha sa main et la trouva rapidement, comme si il cherché la sienne au même moment.

Avant que Bella ne le comprenne, ils étaient dehors et Aro la traînait vers leur voiture. Il la poussa carrément à l'intérieur pour la rejoindre quelques secondes plus tard. Elle riait toujours, sans pouvoir s'arrêter.

« Tu as vu leurs têtes ! » réussit-elle à placer entre deux rires, « Ils étaient scandalisés ! »

Il se retourna vers elle, tout à fait sérieux.

« Tu es ma mort. » gronda-t-il avant de plonger sur ses lèvres.

Elle tira son visage vers elle, prenant un malin plaisir à emmêler sa chevelure noire, d'habitude si parfaite. Il soupira contre sa bouche mais ne l'en empêcha pas. Ses cheveux étaient de la soie sous ses doigts.

Elle se retira en hâte de ses lèvres, lui soufflant doucement. « Oui, c'est une tragédie shakespearienne : tout le monde meurt à la fin. »

« Assez. Tais-toi. »

Sa belle main blanche était soudainement dans sa nuque, il la tira vers lui. Ses gestes étaient rapides, autoritaires mais doux. Puis soudain, ses lèvres étaient de nouveau contre les siennes. Il embrassa sa bouche, ses joues, son front, son cou, ses épaules : toutes les parties de son corps qui avaient le malheur d'être découvertes. Ses lèvres étaient de la neige sur sa peau brûlante. Elle se tortillait dans ses bras, essayant vainement de lui rendre la pareille. L'attirant à elle, elle pressa ses lèvres sur sa bouche, son nez, ses paupières tremblantes. Chaque baiser était une bénédiction dont il n'était pas digne.

Le trajet leur parut court, étant occupés à autre chose. Quand la voiture s'arrêta devant leur appartement, il se sépara de ses lèvres à regret et lui prit la main.

Ils grimpèrent les marches deux par deux pour rejoindre leur chambre. Leurs rires raisonnaient dans tout le bâtiment, et durent réveiller quelques voisins.

Elle riait toujours en entrant dans leurs chambres. La porte claqua violemment derrière elle et soudain elle était à nouveau dans ses bras. Ses lèvres trouvèrent naturellement les siennes.

Elle l'aimait, elle l'aimait, elle l'aimait…

Les mots jaillissaient de son cœur à chaque battement, mais elle ne pouvait lui dire. Elle n'avait pas le droit de l'aimer.

Alors, elle était déterminée à profiter de tout ce qu'il pouvait lui offrir. Du peu qu'il pouvait lui offrir. Elle s'accrocha à lui comme à une bouée de sauvetage, alors que la menace venait de lui. Elle avait du mal à respirer. Elle ne s'appartenait plus. Elle était toute à lui désormais.

Un bruit de déchirure la ramena à la réalité.

Elle se détacha de ses lèvres, abaissant son visage à son propre corps. Une expression scandalisée apparut sur son visage.

« Ma robe ! » s'écria-t-elle, relevant ses yeux furieux vers lui, « Je l'aimais ! »

C'était faux. Elle détestait cette robe.

Aro rit d'elle, « Théoriquement...il s'agit de ma robe. Je l'ai payée. »

Ses mains blanches écartaient déjà les lambeaux de tissus. Et le corset qui compressait sa poitrine ne fut jamais aussi vite enlevé.

« Pourquoi as-tu fait ça ? » dit-elle, haletante. La question était stupide et la réponse d'une tragique évidence.

« Parce que les seules activités que je puisse imaginer pour l'instant relèvent de la dépravation la plus totale, et impliquent toutes que tu sois nue. »

Il l'embrassa presque durement, tandis que ses mains s'affairaient autour du nœud qui retenait son jupon. Celui-ci rejoint enfin le sol, dans bruissement d'étoffe élégant, la laissant en simple chemise blanche.

« Un gentleman n'aurait jamais dit une telle chose ! »

« Je ne vois pas de gentleman dans cette pièce »

« Tu avais promis de l'être cependant.»

« C'est de ta faute. Tu m'as rendu la tâche presque impossible. »

« Je vois. Est-il nécessaire d'être aussi bavards ? »

Son dos rencontra brusquement la porte de leur chambre tandis qu'il la pressait contre lui. Elle gémit doucement.

« Tu penses vraiment que je te suis totalement soumis, ma précieuse Isabella, pour supporter toutes tes mesquineries ? » gronda-t-il doucement contre sa joue.

« Mesquineries ? Quelles mesquineries ? » réussit-elle à répondre, malgré la difficulté flagrante de se concentrer sur autre chose que le corps pressé contre elle.

« Cette robe, par exemple. »

« C'était pour ne pas te faire honte devant la haute société ! » se défendit-elle vainement.

« Menteuse. »

Il arracha le peu de choses qui couvraient encore sa modestie et ouvrit la porte de leur chambre, l'entraînant avec lui à l'intérieur.

« C'est tellement archaïque de ta part ! » s'amusa-t-elle.

« Tu as remarqué aussi ? »

Le matelas était moelleux et les draps doux sous elle. A peine consciente, elle avait l'impression d'être ivre. Pas d'alcool, mais d'amour. Lui, était momentanément introuvable. Quand il revint près d'elle, sa peau de porcelaine, parfaite, brillait dans la nuit. Le gentil petit Aro était parti. Bella le contempla longuement, ce beau visage déterminé penché sur elle, ses pommettes saillantes et sa mâchoire solide.

« Tu es à moi. Si tu pars, je te suivrai. Je te retrouverai et je te ramènerai à la maison.»

Les paupières de Bella était soudainement très lourdes. Elle lutta pour garder les yeux ouverts. Elle ne savait plus ce qu'elle faisait. Ni où elle était. Une chose était sûre cependant, ils étaient maudits.

Maison

Il abaissa son visage jusqu'à elle et prit ses lèvres. La douceur était revenue dans ses manières. C'était à nouveau lui.

Elle soupira contre sa bouche, levant ses mains son visage.

Maison

Ce mot n'avait jamais été aussi beau.

oOo

Plus tard, dans la nuit, ils étaient tous les deux trop paresseux pour se lever afin d'aller, éventuellement, manger. Se lever pour aller manger signifiait se séparer, pire encore, sortir du lit. Il n'en était pas question.

Alors, ils étaient juste là, étendus comme deux vieilles larves (selon la propre comparaison de Bella) à discuter de tout et de rien, à se moquer d'eux-mêmes mais surtout du monde entier.

Sa tête reposait tranquillement sur son épaule, près de son cou. Son odeur épicée, conçue pour attirer et envoûter les mortels, était partout autour d'elle. Sur elle. Elle ne pouvait s'empêcher de toucher sa peau. Elle était si douce. Et chaude à présent, à force d'être en contact avec son corps. Lui, avait le nez enfoui dans ses cheveux. Il jouait avec ses longues mèches brunes et se perdait parfois, jusqu'à embrasser le sommet de son front. Leurs jambes étaient emmêlées. Ils étaient demeurés silencieux pendant un long moment, conscient du moment unique qu'ils partageaient. Et du côté éphémère de l'instant.

Elle glissa brusquement sa main dans la sienne, emmêlant ses doigts avec les siens.

« Racontes-moi des choses sur toi » dit-elle brusquement en levant la tête vers lui.

Aro lui sourit avec indulgence, « Que veux-tu savoir ? »

Elle se cala contre lui, « Tout. Je veux tout savoir. »

Il resta silencieux quelques instants, avant d'avouer « Je n'aime pas vraiment parler de moi...»

« Oh, s'il te plaît ! Je ne sais presque rien de toi.»

Il soupira dans ses cheveux, « Par où dois-je commencer ? »

« Par le commencement. N'as-tu jamais raconté des histoires ? »

« Non, jamais. »

Bella regarda leurs mains jointes. Elle les apporta doucement à son visage et embrassa les doigts d'Aro. « Allez, » dit-elle, « je t'écoute. »

« Eh bien...je suis né en Grèce...en 1 300...»

Elle le coupa brusquement « Je pensais que tu avais trois milles ans ? »

«… avant Jésus-Christ... Je suis né en 1 300 avant Jésus-Christ»

« Ah... », elle rit nerveusement, « Alors...tu es grec... »

Aro secoua négativement la tête « Pas vraiment. Pour être tout à fait exact, je suis mycénien. »

« Mycénien ? »

« Les mycéniens sont considérés comme les ancêtres des grecs. » expliqua-t-il brièvement, « Pour la simple raison qu'ils ont vécu sur le territoire appelé aujourd'hui ''Grèce'' »

« Je vois. »

« Que dois-je dire d'autre ? Ma vie humaine est loin d'être passionnante. »

Elle soupira lourdement, relevant la tête vers lui. Il lui vola un baiser « Je veux savoir ce que tu faisais dans la vie. Je veux savoir si tu as eu des enfants. Je veux tout savoir. Alors étais-tu déjà une sorte de juge impitoyable à l'époque ? »

Il lui sourit doucement « Non. »

« Hum, attends. Laisses moi deviner. Tu étais sénateur. »

Aro secoua négativement la tête, « Non. Pas du tout. »

« Étais-tu...un commerçant ? »

« Non. J'ai été vendu comme esclave à l'âge de quinze ans. »

Un silence mortel suivi sa déclaration. Elle se hissa sur ses coudes pour mieux le regarder. Il avait dit ça avec une telle désinvolture et un tel détachement qu'elle aurait pu douter de lui si elle ne le connaissait pas mieux. Il continuait de la fixer avec ces yeux doux et elle fut bouleversée.

« Seigneur...Aro, je suis désolée. »

Il cligna des yeux, « Pourquoi ? Tu n'y es pour rien. »

« Je n'aurais pas dû me montrer aussi indiscrète. Ce n'est sûrement pas une chose dont on rigole.»

Elle semblait vraiment paniquée à présent. Il lâcha sa main et la leva à son visage délicat, « Je n'ai pas de problème avec mon passé, Isabella. » affirma-t-il en douceur.

Bella hocha la tête, « Je vois...Alors...tu as été esclave toute ta vie… ? »

« Non. Mon maître m'a libéré quand j'ai eu 31 ans. »

Elle déglutit difficilement, « J'ignorais que les maîtres pouvaient...libérer leurs esclaves. »

« Ils le faisaient rarement. De toute façon, je devenais trop vieux pour travailler. »

« Pour…travailler...» répéta-t-elle.

Aro hocha la tête « Oui, je suis de ces hommes qui ont œuvré pour construire les grands palais de Mycènes, de Pylos et j'en passe. Il fallait beaucoup de main d'œuvre. Les palais mycéniens étaient de vraies forteresses... » expliqua-t-il brièvement, « Parfois j'aidais aussi les paysans dans les champs. Mais c'était beaucoup plus rare. Généralement, je devais juste aider à la construction des palais des grands hommes... »

Elle inspira profondément par le nez pour calmer son petit cœur qui battait à se rompre dans sa poitrine. Elle ferma brièvement les yeux.

« Tu as été libéré... parce que tu as fait ce qu'ils attendaient de toi ? »

Elle ne pouvait pas croire qu'elle lui posait cette question. C'était horrible. Il avait dû vivre l'enfer.

« Non. Je te l'ai dit, ils m'ont libéré parce que j'étais trop vieux. »

« Tu n'avais que 31 ans. »

Il sourit doucement « L'espérance de vie à mon époque était moindre par rapport à ce siècle-ci, voire même par rapport au tien. J'imagine. »

Bella acquiesça d'un signe de tête, « Oui, bien sûr. Je n'y avais pas pensé. Alors, qu'as-tu fait ensuite ? »

« Je me suis rangé. J'aidais les paysans dans les champs. J'ai gagné assez d'argent pour m'acheter une maison et des terres à cultiver. J'ai vécu de ces terres jusqu'à ma mort. »

Les lèvres de Bella se pincèrent légèrement avant de poser la question qui lui brûlait les lèvres depuis le début, et qui torturait son âme « Et...Daphné ? »

Les yeux d'Aro remontèrent lentement à son visage, « Quoi, Daphné ? »

« Comment l'as-tu rencontrée ? »

« C'est un sujet qui t'intéresse beaucoup, piccola fiore. Es-tu jalouse ? »

Il semblait amusé de la situation. Il ignorait sans doute à quel point il avait raison. Ou alors il le savait, et s'en amusait.

« Et si je l'étais vraiment ? » demanda-t-elle brusquement.

Il arqua un sourcil avec désinvolture, « Il n'y a pas à être jaloux des morts, Isabella. »

« Peu importe. Alors, tu l'as épousée après avoir été libéré par ton maître, j'imagine. »

Il hocha brièvement la tête, trop distrait à promener ses doigts dans son dos, la conversation ne semblait pas vraiment l'intéresser « Je l'ai épousée à 35 ans. Elle était plus jeune que moi. Je crois que nous avons eu une fille ensemble. »

« Tu crois ? »

« Je ne suis pas sûr, Isabella » répondit-il dans un soupir, « C'était il y a des années. »

« Ça ne t'intéresse pas de savoir si tu as des descendants ? »

« Je ne vois pas ce que cela m'apporterait. »

« Une famille ? »

« J'ai déjà une famille, Isabella »

Elle soupira doucement, « Je sais. Pardonne-moi. » Elle traça les muscles de son bras du bout des doigts, troublée par toutes ces révélations.

Il disait ne pas avoir de problème avec son passé. Mais il mentait. Elle le savait. Son visage était légèrement assombri par un froncement de sourcils.

Isabella songea à Daphné. Elle était intriguée par cette femme qui avait su le séduire. Elle devait être exceptionnelle pour qu'il décide de la transformer après être devenu vampire. Bella essayait de se persuader qu'elle n'était pas jalouse de Daphné, mais envieuse de leur relation.

Edward, lui, ne l'avait pas transformée. Peut-être n'était-il pas aussi amoureux qu'il le prétendait.

Elle fut surprise que cette pensée ne lui cause pas de douleur. Pas de souffrance. Il n'y avait pas non plus d'indifférence. Quoi qu'elle fasse, Edward était son mari. Son premier amour. Elle se soucierait toujours de lui et de son bien-être, même si elle n'était plus amoureuse de lui.

Elle cligna des paupières. Était-elle, d'ailleurs, toujours amoureuse de lui ?

Pouvait-elle aimer deux hommes à la fois ?

La main d'Aro frôla doucement sa joue, la sortant de ses pensées. Elle leva les yeux pour rencontrer les siens.

« Où étais-tu partie, petite fleur ? » murmura-t-il.

« Pardon. Je réfléchissais. »

Il lui sourit, amusé, « Je me demande souvent ce qu'il se passe dans cette jolie petite tête brune. » il tapota son index contre son front et elle sourit.

« Frustrant, hein ? »

« Intriguant, plutôt. »

Ses yeux bruns balayèrent le visage parfait de l'homme, « Daphné devait être une femme merveilleuse. Je suis envieuse de votre relation. »

Le sourire de l'homme mourut lentement. Son regard semblait s'éteindre. Sa main cessa de caresser son visage. Il se détacha doucement d'elle pour se laisser tomber sur le dos, à ses côtés, en silence. Isabella resta paralysée un instant. Leurs épaules se frôlaient. C'était le seul contact physique qu'ils partageaient à présent.

« Ne le sois pas. » fut tout ce qu'il répondit. Sa voix était si basse qu'elle doutait qu'il ait vraiment parlé.

Elle se coucha sur le côté pour l'observer en silence. Les yeux rivés au ciel, il admirait les boiseries du plafond d'un air détaché.

« Pardon. Je ne voulais pas- »

« Ce n'était pas aussi merveilleux que tu sembles le penser. Nous nous aimions, mais à des degrés différents. »

Alors elle comprit.

Aro l'avait aimée plus qu'elle ne l'avait aimé.

Bella continuait de le regarder fixement, sans un mot. Elle avait peur de parler à présent. De dire quelque chose qui pourrait le blesser. Elle le voulait heureux. Aro était toujours heureux. Toujours.

« C'était de ma faute. » souffla-t-il doucement, « A l'époque, seul le pouvoir m'intéressait. J'ai dû la négliger, au fil des années. »

« Tu... n'es pas sûr...» constata-t-elle en douceur. « Tu n'as pas lu son esprit pour savoir ce qu'elle ressentait ? »

Il secoua négativement la tête « Non. Je n'en avais pas besoin. Je la connaissais par cœur. Elle n'aimait que les fleurs, la nature et les animaux. Elle n'a jamais voulu de couronne. Alors, quand le clan roumain a été vaincu, les Volturi sont devenus les maîtres de notre monde. Et ma soif de pouvoir, loin d'être apaisée, semblait au contraire grandir de jour en jour, de siècle en siècle. C'est là qu'elle m'a été arraché. » il marqua une courte pause durant laquelle un rire sans humour franchit ses lèvres rouges, « A croire que je ne pouvais pas avoir et l'amour et le pouvoir. »

« Mais tu les as eu pourtant » répondit Bella. Aro tourna légèrement la tête vers elle en arquant un sourcil. Elle se racla brièvement la gorge avant d'expliquer « J'ai vu comment ils te regardent tous. Comment ils te servent. Comment ils te respectent. Je sais que la plupart d'entre eux descendent de toi, dont ta propre sœur, Didyme. Ils te sont fidèles, parce qu'ils croient en toi. Ils t'aiment tous. »

Il battit doucement des paupières. Un sourire reconnaissant vint se répandre lentement sur ses lèvres. « J'espère que ton mari sait à quel point tu es exceptionnelle. Et s'il ne le sait pas encore, permet-moi de lui faire la leçon. »

Mais Bella ne voulait pas évoquer Edward. Son souvenir était suffisamment présent dans son esprit. « Parle-moi encore d'elle, s'il te plait. »

Aro soupira doucement. Il leva les yeux au plafond, rêveur.

« Elle était vraiment…merveilleuse. Même quand elle était humaine. » reprit-il après un moment, « Elle était aussi plus jeune, plus riche, que moi. Si gentille et si belle. Elle avait une tonne de prétendants. Mais elle m'a choisi, moi. Je ne sais toujours pas pourquoi. »

« Peut-être parce qu'elle savait que tu étais un homme bien et que tu ne lui ferais jamais de mal. » laissa-t-elle échapper.

Elle maudit sa spontanéité, un fois de plus. Elle ne réfléchissait pas assez avant de parler. Elle serra ses lèvres l'une contre l'autre pour empêcher toute parole d'en sortir.

Aro tourna la tête vers elle.

« Arrête de dire ça. »

« Quoi? »

« Je ne suis pas un homme bien. »

« Tu devrais vraiment arrêter de te dénigrer. »

« Tu devrais vraiment arrêter de parler. » répondit-il. Mais il souriait à nouveau et se retourna sur le ventre, se hissant sur ses coudes pour pouvoir l'observer tranquillement.

Ce fut au tour de Bella de se laisser tomber en arrière pour observer le plafond. Malgré tous ses efforts, elle n'arrivait pas à sortir Daphné de son esprit. Ni Edward. Elle ne pouvait pas s'empêcher de faire le parallèle entre les deux histoires. Edward était la version de Daphné au masculin. Il était beau, gentil, plus riche qu'elle. Il avait eu sans doute une tonne de prétendantes. Mais il avait choisi, elle. Et pour quelle raison ? Elle ne saurait le dire. Bella était une fille banale. Elle n'était pas plus belle, ni plus intelligente que les autres filles. Bien au contraire. Elle n'était pas non plus une bonne personne, car elle le trompait ouvertement avec un autre homme. Mais elle était sa chanteuse. Son sang l'appelait constamment.

Il devait être amoureux d'un fantasme. La pure et naïve petite Bella au sang si doux.

Elle pesta contre ses propres pensées en remarquant qu'elle était injuste. Qu'elle lui reprochait tout. Encore une fois. Alors qu'elle était loin d'être innocente.

Bella cligna des yeux, pour chasser ses pensées. Elle tourna la tête vers Aro qui l'observait attentivement.

« Tu crois que...je suis un monstre ? » demanda-t-elle doucement.

La bouche de l'homme se contracta vers le haut, « Tu as des regrets ? »

Bella détourna les yeux en se pinçant les lèvres, « Parfois. » avoua-t-elle dans un murmure.

« Alors, félicitation, tu n'es pas un monstre. Tu es juste humaine. »

Elle le regarda de nouveau, « Pourquoi ? »

« Les monstres n'ont jamais de regrets, piccola. Ils se nourrissent du mal qu'ils font aux autres. »

« Est-ce que tu as des regrets, toi aussi ? »

Il ne répondit jamais à sa question. Ses yeux noirs étaient rivés sur elle. Il semblait enregistrer les traits de son visage pour l'éternité. Un mince sourire était toujours ses lèvres rouges.

« Tu es belle. »

Bella détourna les yeux. Elle se fichait bien d'être belle ou pas. Elle trouvait sa remarque ironique, cependant. Un vampire qui louait la beauté d'une mortelle « Pour une humaine ? »

Il se rapprocha. Ses doigts fins s'emmêlèrent dans ses cheveux bruns. « Les vampires ont pris l'habitude de dénigrer la beauté humaine. Quelle prétention, tu ne trouves pas ? »

« Les vampires sont parfaits. Ils pensent juste savoir ce qu'est la véritable beauté. »

« Mais la beauté est subjective. »

Elle préféra demeurer silencieuse. Elle ne voulait pas poursuivre ce sujet-là.

Daphné. Edward.

Edward. Daphné.

Leurs noms revenaient en boucle dans sa mémoire et leur souvenir était du poison. Malgré tous ses efforts, elle n'arrivait pas s'en défaire. Les ombres d'Edward et de Daphné semblaient planer au dessus d'eux. Amours déçus et brisés. Bella voulait se détacher de la figure de Daphné. Mais une chose l'en empêchait.

Une question, qui demeurait sans réponse.

De quoi la bien-aimée Daphné était-elle morte ?

En tant que vampire immortel, elle n'était certainement pas morte de cause naturelle. Elle avait été assassiné. Bella n'en doutait pas. Aro avait beaucoup d'ennemis. Lui ôter la femme qu'il aimait était un moyen efficace de l'atteindre. De se venger.

Elle tourna la tête pour rencontrer son regard bienveillant, « Qui l'a tuée ? »

Alors, l'expression douce s'envola. Son visage était désormais assombri par des pensées désagréables. Ses lèvres étaient légèrement pressées l'une contre l'autre. L'espace d'un instant, Bella eut honte d'elle-même. De son indiscrétion. Après tout, Aro ne lui devait rien. Il avait à peiné posé des questions sur Edward.

L'atmosphère était tendue à présent.

Il ne répondit pas. Mais Bella n'avait plus besoin de réponse. Son silence en disait assez. Il l'avait sincèrement aimée. Elle n'en doutait pas. Et pourtant, elle avait senti, dès le premier jour où il avait commencé à parler de Daphné, une forme de rancœur. Un ressentiment tenace, perceptible dans sa voix, quand il évoquait son souvenir. Quelle était la cause de cette rancune ? Bella l'ignorait. Le goût amer d'une trahison était pourtant perceptible dans l'air.

Bella se redressa lentement. Une fois assise, son regard glissa sur lui alors qu'elle murmurait doucement, « Est-ce que c'est toi ? »

Ses yeux noirs charbon se posèrent sur les siens dès que les mots furent prononcés. Il arqua un sourcil. Bella réussit à soutenir courageusement son regard. Elle avait besoin de savoir. Elle devait savoir si cet homme si doux avait pu commettre l'irréparable. Paradoxalement, même si elle voulait la vérité, elle était tétanisée par la réponse qu'il allait donner.

C'est avec une certaine appréhension qu'elle l'observa se redresser avec la grâce d'un félin, pour lui faire face. Ses yeux noirs balayèrent longuement son visage. Bella n'osait pas bouger. Le silence dura quelques instants. Il leva brusquement la main à son visage pour repousser une mèche brune derrière son oreille. Ses doigts froids frôlèrent brièvement sa joue, « J'aimais ma femme. Une partie de moi ne cessera jamais de l'aimer. » il marqua une pause durant laquelle il ancra son regard dans le sien, « Isabella, je ne l'ai pas tuée. »

Elle se contenta d'hocher la tête en réponse. Sa gorge était serrée. Aucun mot ne pouvait en sortir.

« Veux-tu que je le jure? »

Bella déglutit difficilement. « Non. Je te crois. »

Il se pencha pour embrasser son front, « Bien. »

Puis avec la grâce surhumaine qui le caractérisait, il retomba dans les oreillers. Bella, elle, était toujours assise et silencieuse. Elle sentait son regard sur elle. Maintenant que la vérité avait été révélé, l'atmosphère était déjà moins pesante. Et le cœur de Bella battait de soulagement à présent.

« Tu as enlevé ton alliance. » remarqua-t-il avec douceur.

Elle tourna la tête pour le regarder. « Toi aussi. »

« Ma femme est morte. »

« Et mon mari n'est pas encore né. »

Il souffla brusquement par le nez, amusé. « Regarde-nous… ne sommes nous pas pathétiques à évoquer nos mariages catastrophiques ? »

« Mon mariage n'est pas une catastrophe ! » se défendit-elle brusquement.

Aro plissa des yeux futés et tendres « Ah ? »

Bella gémit bruyamment « Mon mariage est un véritable désastre. Et tout est de ma faute. »

« J'en doute... » répondit-il avec bienveillance, « Vous êtes tous deux responsables de cet échec. L'ivresse de l'amour vous a aveuglé.»

Elle se mordilla nerveusement la lèvre inférieure, « Aro, je suis la seule responsable de cet échec. Je le sais. J'ai rejeté trop longtemps la faute sur l'égoïsme présumé d'Edward sans me rendre compte à quel point j'avais été moi-même égoïste. J'ai été injuste. La vérité est que je n'étais pas prête à me marier. »

« L'égoïsme est ennemi du bonheur, il défend d'admirer et d'aimer, Isabella. Ce n'est pas grave de faire des erreurs. Ce sont des leçons qui nous font grandir… et on peut toujours les corriger. Peut-être devriez-vous discuter, et réfléchir sur les causes de cet échec ? Votre mariage est loin d'être perdu. »

Bella le regarda fixement. Est-ce qu'il essayait vraiment de la rabibocher avec son époux alors qu'elle était nue, dans ce lit, avec lui ?

« Tu es vraiment...bizarre. »

Il pencha la tête sur le côté, souriant doucement « Et...c'est mal ? »

Elle haussa les épaules, « Les gens bizarres sont les plus intéressants. Mais ils sont d'éternels optimistes qui craignent le désespoir »

« Tu dois avoir raison » murmura-t-il doucement « Je crois que je suis devenu bizarre en vieillissant... et en m'accrochant à des lubies aberrantes. »

« Du genre ? »

« Une fois j'ai demandé à Jane d'utiliser son pouvoir sur moi… juste pour savoir ce que ça faisait... »

Bella secoua la tête, partagée entre l'amusement et l'horreur, « Dis-moi qu'elle ne l'a pas fait. »

« Elle ne l'a pas fait, non. » répondit-il en levant les yeux au ciel. Un sourire rêveur ornait ses lèvres, « J'arriverais bien à la convaincre un jour... »

« Tu es quelqu'un de très persuasif. »

« Je sais. Mais malgré mon don inné pour la persuasion, je n'ai toujours pas réussi à convaincre Caius de vendre sa collection de porcelaines chinoises. »

Elle éclata d'un rire franc, « Caius a vraiment une collection de porcelaines chinoises ? »

« Oui, bien sûr. Pourquoi es-tu étonnée? »

« Je pensais qu'il serait plutôt du genre à avoir une collection d'épées ou de couteaux très aiguisés pour mieux torturer ses victimes. »

« Eh bien, non. Il préfère ces chinoiseries hideuses qu'il place un peu partout dans les salons royaux. Il pense même avoir bon goût. » Il marqua une courte pause durant laquelle son regard noir glissa sur elle, « Ne lui répète surtout pas ce que je viens de te dire. »

« Pourquoi pas ? » taquina-t-elle

« Parce qu'il brûlera ma collection de cravates en dentelle pour se venger. »

« Tu as vraiment une telle collection ? »

« Non. Mais j'ai beaucoup de cravates. Pourquoi es-tu si loin de moi ? Viens ici. »

Elle ne se le fit pas dire deux fois et posa sa tête là où son cœur avait battu. Autrefois. Alors, ils laissèrent les bizarreries de Caius derrière eux pour se laisser envahir par le silence. Inerte dans ses bras, elle n'existait plus que par les pression de ses doigts, qui taquinaient doucement la peau de son dos.

« Tu n'as pas fini ton histoire. » murmura-t-elle finalement.

« Toutes les histoires ont la même fin, petite fleur. »

Bella ne répondit pas.

Oui, toutes les histoires finissaient de la même façon.

« Est-ce que tu te rappelles de..Je veux dire...comment es-tu... »

« Mort ? »

Elle hocha timidement la tête sans oser le regarder.

« J'ai été lapidé. »

Elle se hissa sur ses coudes, ses yeux chocolats remontèrent vivement à son visage choquée, « Non. J'espère que tu plaisantes. Mais pourquoi ? »

Il haussa doucement les épaules, « J'ai pris la défense d'une femme infidèle. Un crime punissable de mort, à l'époque. Ils l'ont accusée à tort. Nous la savions tous innocente. Mais personne n'a levé le petit doigt pour la défendre. »

« A part toi ? »

« C'était injuste de la condamner pour une chose qu'elle n'avait pas faite. C'était d'autant plus cruel que c'était son propre mari qui l'accusait pour se débarrasser d'elle et épouser sa maîtresse. J'ai juste fait ce que j'avais à faire. J'étais loin de me douter que mon intervention servirait la cause de son mari. Il a juste prétendu que j'étais l'amant de sa femme. Et comme il était un homme respectable et influent, tout le monde l'a cru.»

« Qu'est-il arrivé à la femme ? »

« Nous avons été lapidé ensemble. Son sort a été moins enviable que le mien, cependant. »

« Ils l'ont violée. » devina-t-elle froidement

Aro hocha brièvement la tête. Ses yeux étaient vides de toute expression, alors qu'il se laissait happer par ses souvenirs.

« Je les hais. » cracha-t-elle.

Il sortit de ses pensés, reportant son attention sur elle, « Toi, tu sais haïr ? » demanda-t-il doucement.

Bella sut qu'il faisait écho à ce qu'elle avait dit à Didyme, ce jour-là, dans les jardins de Volterra.

- Vraiment ? Vous ne le haïssez pas ?

- Je n'ai jamais détesté personne.

Elle hocha vivement la tête pour répondre à sa question, « Oui, je les hais. Ton maître. Les habitants de ton village. Le mari de cette pauvre femme. Je les hais tous. Ils t'ont fait du mal. »

Il demeura silencieux quelques instants. Un faible sourire revint sur son visage.

Il souriait, mais il était triste.

« Personne ne s'est jamais offensé en mon nom. » avoua-t-il doucement.

Encore une fois, le manque d'apitoiement dans sa voix la choqua. Il parlait comme si la situation était tout à fait normale. Comme si il était habitué à ce qu'on ne voit rien d'autre en lui qu'un monstre détestable. Comme si tout ça était une vérité avérée et que dire le contraire de ce que les autres pensaient de lui était une aberration.

« Eh bien, il va falloir t'y habituer. Je vais continuer de m'offenser en ton nom. » répondit-elle en embrassant son nez.

Il l'attira vers lui et l'embrassa lentement, soupirant contre sa bouche.

S'éloignant brièvement, elle se recala contre lui.

« Alors, tu as été sauvé par un vampire. »

Elle le sentit hocher la tête, « J'ai été laissé pour mort. Il m'a sauvé. »

« Comment s'appelle-t-il ? »

« Je ne sais pas. Il m'a mordu et est parti directement après. Je n'ai pas été formé. J'ai dû apprendre tout seul. »

« Cela semble horrible. »

« C'était compliqué. »

« Qu'en est-il de Didyme ? »

« Mes parents étaient des anciens esclaves, tout comme moi. Ils ont eu cinq enfants ensemble. J'étais l'aîné et elle était la petite dernière. Nous avions vingt ans d'écart, elle et moi. Elle était néanmoins celle qui me ressemblait le plus et celle pour qui j'avais le plus d'affection. J'ai attendu d'avoir suffisamment de contrôle et je l'ai transformée. »

Elle le serra contre elle, « C'est beau. »

« Assez parlé de moi » souffla-t-il, dans ses cheveux. « A ton tour, maintenant. »

Elle gémit dans ses bras, « Hors de question. Je déteste parler de moi »

« Comme je déteste parler de moi. Mais tu m'y as obligé. »

Bella leva les yeux au ciel, « D'accord, je t'accorde une seule et unique question. »

« C'est incroyablement injuste de ta part. Comment vais-je te punir ? »

« J'ai peut-être quelques idées... »

Il rit dans ses cheveux, « Je serais ravie de les entendre. »

Ils se turent quelques instants, profitant de la sensation de leurs peaux, l'une contre l'autre, de l'odeur particulièrement que dégageait le feu de cheminée à quelques mètres d'eux ou encore du bruit réconfortant de la pluie qui tombaient contre la vitre.

Finalement, il brisa le silence, et posa la seule question qu'elle lui avait accordé.

« Étais-tu...heureuse, malgré tout ? »

Elle s'attendait à tout, sauf à cette question. Elle avait songé qu'il l'interrogerait sur ses études, ses parents ou sur Edward. Elle n'avait pas pensé à cette éventualité.

Bella était d'autant plus gênée que la réponse n'était pas évidente, et ne lui sauta pas naturellement aux lèvres.

« Je ne crois pas que je l'étais... » finit-elle par avouer dans un murmure à peine audible.

Au fond, c'était un soulagement de l'admettre enfin à haute voix.

Il embrassa son front en douceur en levant la main à son petit visage pour essuyer ses larmes. C'est par ce geste doux que Bella réalisa qu'elle pleurait.

« Il mio sole, dis-moi comment te rendre heureuse. »

Elle essuya ses joues d'un geste grossier avant de passer un bras autour de lui.

« Serre-moi plus fort. »

Il le fit.


AVERTISSEMENT(S) :

- Relation charnelle sous-entendue

- Évocation de maltraitances physiques

- Évocation d'un viol

Traductions :

- Sei bellissima : Tu es belle

- Piccola fiore : Petite fleur

- Piccola : Petite

- Il mio sole : mon soleil

Les origines d'Aro :

Je sais parfaitement qu'il est présenté dans l'œuvre originale comme étant grec. Cependant, d'un point de vue historique, c'est faux. La civilisation grecque telle qu'on la conçoit n'apparaît qu'au VIIIe siècle av JC. Aro serait né vers 1300 : donc d'emblée, c'est impossible. En revanche, si on part du principe qu'il a passé son existence humaine dans le territoire appelé« Grèce » il peut être considéré comme mycénien, la civilisation mycénienne s'étendant de – 1630 à – 1200 et dominant tout le territoire de l'Égée. C'est une grande civilisation considérée comme l'ancêtre de la civilisation grecque ( Les dieux du panthéon grec apparaissent durant l'époque mycénienne). J'ai inventé le fait qu'Aro soit esclave, et qu'il ait participé à la construction des palais mycéniens (qui sont cependant une réalité historique) Je trouvais plus intéressant de le faire esclave durant son existence humaine, que de lui conférer tout de suite des pouvoirs, car cela signifie qu'il s'est vengé sur la vie, qu'il a dû construire sa légende lui-même et qu'il n'est parti de rien. Cela sert également mon récit , car son passé « explique » en partie son obsession pour la justice.