Bonjour à toutes et à tous et bienvenue !

Commençons, je vous prie.

« Fantastic Beasts and What Newt Scamander Forgot To Mention In His Books » signifie en bon français « Animaux Fantastiques et ce que Newt Scamander a oublié de mentionner dans ses bouquins ».

Rating : Je n'ai pas prévu d'être crue pour le moment. Cependant, je vais traiter de sujets assez sensibles tels que la torture, la violence et la cruauté. Si j'ai plus ou moins la trame principale de l'histoire déjà écrite (c'est-à-dire que je sais quel tournant l'histoire prendra et comment est-ce qu'elle va se finir), je n'ai pas fait de prédiction concernant la relation entre Graves et Newt. Est-ce que ce sera du slow-burn ou est-ce qu'ils vont se sauter dessus au troisième chapitre ? Aucune idée, je vais faire ça feeling, mais ne vous inquiétez pas, il y aura quelque-chose à se mettre sous la dent. Pour en revenir au Rating, je ne sais donc pas s'il y aura des scènes de fesses. Pour le moment, le Rating reste à T mais je le modifierai si je vois que j'ai besoin de rentrer dans les détails.

Disclaimer : Les personnages ne m'appartiennent pas et je ne touche aucun bénéfice !

Disclaimer numéro deux : Cette fiction contiendra des traces de d'ANGST.

Disclaimer numéro trois : La couverture de cette fiction est une œuvre de sssilkworms ( 275boxes sur twitter et sssilkworms sur tumblr) et NE M'APPARTIENT PAS.

Un merci : À J. K. Rowling pour son univers. À Alis M. W. Ombrage pour m'avoir donné le courage nécessaire et la motivation pour écrire dans l'univers HP. Aux futures reviews. À Potatofu grâce à qui cette fanfiction sera bientôt publiée en anglais.


I — Le bénéfice du doute

« Scamander ! C'est la dernière fois que je vous le dis et cette fois-ci, je serai catégorique. Je vous autorise à effectuer vos études sur le sol américain et j'ai accepté de prendre en considération vos propositions de législation. Cela doit vous sembler être une maigre consolation pour le magizoologue qui a défait Grindelwald mais je ne peux pas vous proposer davantage. Mes oubliators m'ont déjà rapporté quatre incidents en deux semaines ! Revoyez vos méthodes ou je révoquerai les miennes. Je n'ai pas envie d'envoyer Percival Graves à votre porte. Et vous non plus.

Séraphina Picquery. »

La première chose qui vint à l'esprit de Newt fut de remettre en cause son opinion sur Percival Graves. Jusqu'ici, il le pensait mort. L'anglais ne savait pas s'il devait se réjouir ou non. Si le directeur était fidèle à l'interprétation que Grindelwald en avait fait, alors il aurait été ravi de ne pas avoir à connaître — pour de vrai — un homme aussi peu commode. Sinon... Il s'en accommoderait. Picquery avait été claire. Comme un enfant, on lui avait imposé des limites. Et comme un enfant, il avait tenté de les franchir. Newt se plaisait à chercher ses propres défauts, ses propres tares incohérentes — comme celle-ci d'ailleurs.

Le MACUSA lui avait octroyé un bel appartement presque luxueux mais toujours très proche du Woolworth Building puisque... Il était à l'intérieur. Comme quoi, il ne fallait pas non plus trop en demander. Cependant, le magizoologue avait catégoriquement refusé qu'on lui accorde un elfe de maison. Il était si fasciné par l'espèce en question que l'idée lui était inconcevable. Quoi qu'il en soit, le MACUSA n'avait pas pris le risque de lui en proposer un. Tous savaient que l'elfe se serait retrouvé libre comme l'air le lendemain.

Newt ne se faisait pas d'idées. Le changement de bord si soudain de Picquery était étroitement lié aux débordements récents qui avaient fait suite à l'affaire Grindelwald. Un Oiseau-Tonnerre qui sauve New York ? Plutôt que d'y voir une rédemption animalière, le sorcier américain lambda préféra y voir un animal de compagnie, ou bien de la décoration. Et quand l'anglais avait entendu parlé de ces œufs d'Occamy interceptés dans un aquarium vide... Picquery n'avait pas eu besoin de se faire prier. La contrebande avait explosé et plutôt que d'instaurer un contrôle des bêtes, elle s'était résignée à déléguer à Newt une nouvelle responsabilité. Sa seule mission ? Récupérer ces animaux de contrebande et... En faire ce qu'il voulait.

C'était un pas vers un monde meilleur. Certes, Picquery n'était pas encore prête à instaurer une législation correcte et plus détendue sur la magizoologie… Mais, elle considérait le magizoologue et avait promis de l'écouter.

Mais étant donné que rien ne vient jamais sans peine, Newt refusa après mûre réflexion. Le désir de vouloir sauver toutes les bêtes du monde était égoïste si mal réalisé. Sa seule condition ? Que Picquery fasse aménager des réserves pour accueillir tout ce beau monde. Sa valise n'était pas assez grande pour sauver New York.

Picquery fit bien mieux que ça.

Dans le sellier de son nouvel appartement — avec dans sa poche l'un des meilleurs sorciers du MACUSA, naquit d'un charme d'extension la nouvelle réserve provisoire de Newt Scamander. Réserve qu'il personnalisa avec ses propres compétences en magie. Plusieurs climats, différents espaces. Cette idée avait eu beaucoup de succès auprès du magizoologue. Il était proche de ses animaux si un problème survenait et bénéficiait d'un meilleur accès pour les étudier ainsi que de quelques sortilèges de protections — auxquels il ne croyait guère cependant, à en croire les sorties récurrentes de ses niffleurs.

Les réserves demandaient des autorisations diverses, des lois et plein d'autres conditions auxquelles l'anglais ne s'intéressait pas. Après tout, la paperasse était une entité qu'il estimait bien plus dangereuse que le plus agressif de tous les nundus si on en croyait son épouvantard. Mais Scamander avait sa propre vision des choses. C'était bien connu.

Une vision des choses si évasive, si personnelle… Qu'il ne comprit pas bien lorsqu'il entendit la sonnette de son appartement hurler dans ses oreilles et effrayer Pickett — qui ne se fit pas prier pour retourner se cacher à l'intérieur de sa manche. Intrigué et dérangé, Newt se mut lentement jusqu'à sa porte d'entrée avant de coller un œil au judas.

Percival Graves, en personne. Le regard déjà foudroyant et exaspéré. Newt ne l'avait pas vu depuis… Eh bien, à vrai dire, Newt n'avait encore jamais rencontré Percival Graves et cette simple pensée le fit frissonner. Il courut à travers son immense salon — peut-être que cet appartement était beaucoup trop spacieux pour une personnalité si… Hasardeuse et réservée — et attrapa la beuglante qu'il avait reçu pour en relire le contenu. Cette lettre datait d'il y a une semaine ! Newt fut submergé par le flot d'informations. Déjà parce qu'il avait eu de la chance que l'enveloppe n'explose pas et… Parce qu'il se demandait combien d'infractions avait-il pu commettre en sept jours ? Et lesquelles d'entre elles furent assez graves pour que Picquery mette à exécution ses menaces ?

Graves attendait encore devant la porte. Newt se fit la réflexion qu'avec un peu de chance, le directeur de la sécurité n'avait pas remarqué, ni entendu les pas d'Éruptif de Newt et ainsi le magizoologue pourrait feindre l'absence. Mais la voix calme et sèche du directeur de la sécurité perça le bois de sa porte d'entrée.

« Je sais que vous êtes là, Scamander. Ouvrez cette porte, avant que je ne m'en charge à votre place. »

Pourquoi Newt pensait-il à autre chose qu'aux animaux ? C'était toujours un bon moyen de s'attirer des ennuis. Ce fut donc avec une moue boudeuse qu'il se rendit à ouvrir à Graves. Pour sa propre sécurité — et parce que Graves s'était déjà fait volé son identité par Grindelwald lui-même — il ne fit qu'entrouvrir, sa baguette en main, plaquée contre la porte. Graves ne put s'empêcher de le trouver incroyablement ridicule… Et innocent. C'était typiquement ce que reflétait son bouquin de sa personnalité. Percival inclina la tête et arqua un sourcil, l'air cynique. Newt se rendit compte que c'était le moment de parler avant de paraître bizarre, sa première impression ayant déjà été gâchée

« Plait-il ? »

La main assurée — mais peu rassurante — de Percival Graves vint s'abattre sur la porte en bois sombre, laquelle il poussa sans même se demander si Newt n'allait pas se la prendre en pleine figure. Il fit un pas en avant pour entrer, joignant ses mains dans son dos. Newt s'écarta juste à temps et referma derrière ce dernier, tout de même outré par son geste.

Était-ce le moment de se présenter ? Après tout, Newt Scamander et Percival Graves ne se connaissaient que de par leurs noms et leurs réputations. Devait-il faire comme s'il ne l'avait jamais vu avant ? C'était pour ce genre d'auto-tortures psychologique que Newt détestait rencontrer de nouvelles personnes. Newt était asocial, antisocial et détestait l'interaction nouvelle. Tiraillé entre l'envie de bien faire et celle de lui dire d'aller voir ailleurs s'il y était… Newt se tut. Il avait déjà entamé la discussion — même avec deux pauvres mots dénués de sens, alors il n'avait rien à se reprocher.

« Dois-je énumérer le nombre incessant d'articles du code international du secret magique que vous avez enfreint, Scamander ? »

C'est une question rhétorique. C'est une question rhétorique. C'est une question rhétorique.

« Techniquement, un seul mais c'est pour ça que Picquery a affecté deux de ses oubliators à mon cas, il y a des dommages collatéraux et… »

Percival n'interrompit pas Newt à proprement parlé, mais son regard s'était suffisamment assombri pour qu'il se taise à jamais. Aussi terrifiant était-il, il n'égalerait jamais les prestations de Grindelwald. La puissance du sorcier était telle qu'il avait rendu Graves plus épouvantable que Graves lui-même. C'était… Un exploit digne de respect. Mais Newt n'avait pas eu de mal à discerner la performance de Gellert de celle de Percival. Pourtant fondamentalement les mêmes, seuls le langage corporel employé et les motivations douteuses de Grindelwald tenaient à les différencier. Newt en était maintenant sûr : Graves n'était plus Grindelwald. Mesurant la puissance de la magie du criminel, rien ne l'aurait empêché de se fondre sous plusieurs sortilèges de protection et d'usurpation. D'autant plus que Grindelwald semblait ne pas apprécier Scamander.

Newt se rendit compte qu'il s'était évadé pendant de longues secondes et revint à lui, secouant brièvement la tête.

« Actuellement, je ne vois pas ce que je pourrais faire de plus si ce n'est m'excuser, Sir Graves. »

S'excuser n'était pas la plus sage des réactions à avoir face à un homme de pouvoir. Graves était puissant de réputation. Était-il intelligent ? Probablement, à en croire le poste qu'il occupait. Diriger les aurors de New York était à la fois une tâche délicate et complexe. Il fallait être un bon stratège. Et gérer une équipe de gens presque tout aussi puissants nécessitait une certaine poigne. Était-ce de là que le naturel acerbe et sévère de Percival venait ?

Sans plus attendre, Graves fit demi-tour pour faire face à Newt, dos à l'immense fenêtre du salon. Même si Newt surplombait Percival de cinq ou six bons centimètres, la prestance du directeur de la sécurité et le réflexe de Newt à s'affaisser — pour fuir les regards qui se posaient sur lui — rendaient Graves incroyablement menaçant. L'effet de contre-jour n'aidait en rien.

« Non. Vous pouvez faire mieux que ça. » S'écria-t-il, le ton parfaitement modulé, sans arrière-pensée.

Voilà une déclaration qui effraya Newt. Il était très ardu de dicter à Newton Scamander ce que Newton Scamander devait faire. Mais il n'avait d'autre choix que de courber l'échine devant le MACUSA, surtout si c'était pour pouvoir continuer à écrire sur les animaux fantastiques sans trop être entravé.

« La Présidente ne m'envoie pas pour vous remettre à votre place, contrairement à ce que vous croyez. »

Il inclina doucement la tête, jetant son regard ébène vers l'enveloppe maudite posée sur le rebord de la fenêtre. C'était un moyen de faire comprendre à son interlocuteur qu'il devrait consulter son courrier de façon plus assidue, et qu'il n'avait certainement pas intérêt à essayer de lui cacher des choses. Newt avait touché une corde : Graves était perspicace et observateur. Deux qualités que le magizoologue ne pouvait s'abstenir de respecter. Newt se savait lui-même très attentif à son environnement. Il fut surpris lorsque Graves sorti de l'intérieur de son manteau une enveloppe noire remplies de photographies magiques. Percival n'avait pas l'air très bavard et les images parlaient sûrement mieux que le plus éloquent des sorciers.

Newt s'étrangla presque lorsqu'il vit entre les mains d'un inconnu, un magnifique Vivet d'Or, qu'il levait en signe de victoire. Il arracha le document des mains de Graves et devint pâle en voyant que l'animal était mort. Du Quidditch, et à l'ancienne.

« Où sont-ils ? Ils ne pourront pas se cacher éternellement, on parle tout de même de Quidditch. Un terrain de Quidditch, ça ne passe pas inaperçu ! Cent-cinquante-deux mètres Sir Graves ! Est-ce que vous avez… »

Newt s'arrêta brutalement. Bien-sûr qu'ils avaient cherché. Il soupira et fixa l'image pendant plusieurs secondes.

« Nous pensons qu'un sortilège de Dissensium « étendu » a été utilisé pour faire apparaitre un terrain de Quidditch dont seuls ceux qui auraient connaissance du lieu seraient admis. »

Si l'information avait rendu Newt complètement fou, il ne voyait pas vraiment où Graves voulait en venir. Le MACUSA employait déjà des sorciers bien plus puissants que lui pour déceler l'emplacement d'un tel charme, et son « Revelio » n'était pas le meilleur, bien qu'on aurait pu en douter en sachant que c'était ce dernier qui avait décelé la transfiguration de Grindelwald. Quand Percival vit l'incompréhension noyer le regard du magizoologue, il reprit.

« La Présidente a jugé son personnel inefficace pour infiltrer ce réseau. Leurs « videurs » connaissent les visages de nos aurors et de nos espions les plus efficaces. »

Le regard de Graves et sa gestuelle en disait long sur la discussion qui s'était déroulée entre lui et Picquery. La façon dont il rapportait les propos de sa supérieure concernant sa propre équipe, qu'il avait formé, qu'il protégeait et menait semblait l'exaspérer au plus haut point. C'était comme si une carrière entière de préparation n'était pas suffisante pour cette dernière.

Mais ce qui suivit justifia d'autant plus l'expression agacée du directeur.

« Elle a décidé de s'en remettre à vos talents de faux-criminel qui n'écoute rien et qui multiplie les infractions. » Newt écarquilla les yeux, prêt à refuser. « Si vous pensez que vos bavures sont passées inaperçues auprès de Miraphorumus, vous vous fourrez le doigt dans l'œil, Scamander. Vous devriez lire les journaux. »

Graves fit tournoyer sa baguette et une édition du New York Ghost tomba dans les mains de Newt. En lettres capitales, la une hurlait « NEWTON SCAMANDER, L'ÉLECTRON LIBRE DU MACUSA ? par M. Miraphorumus ». Ce n'était pas bon du tout. Pour sa discrétion et pour sa sécurité. Newt avait réussi à échapper aux nombreux courriers de Theseus, pour qu'au final le journal New Yorkais le vende comme la starlette rebelle du coin.

« La Présidente pense que votre succès auprès de ces criminels et votre bagage matériel et culturel en termes de magizoologie fera de vous l'homme de la situation. »

Le ton qu'employait Graves était si calme qu'il pouvait difficilement ne pas cacher quelque-chose. Ce dernier se sentait insulté par la décision de sa hiérarchie mais n'avait aucun coupable à se mettre sous la dent : Picquery était bien trop respectée pour qu'il daigne se lever contre sa volonté. Newt… Newt aurait pu être le parfait coupable. Il ne comprenait pas pourquoi Graves n'était-il pas en train de relâcher toute cette pression accumulée sur sa personne. Pourquoi se contenait-il ? Il ne risquait rien face à lui.

Puis Graves lui-même éclaira sa lanterne.

« Je ne vous cache pas mon désaccord vis-à-vis de cette décision que je juge absurde et déplacée à mon égard. » Newt s'était, une fois de plus, trompé. Graves allait probablement lui en faire voir de toutes les couleurs. « Mais Séraphina Picquery m'a laissé le choix. Je ne peux donc pas vous blâmer pour cette décision. » Newt ouvrit la bouche et fit un effort monumental pour ne pas faire tomber sa mâchoire sur le sol. « Je ne vous fais absolument pas confiance, Scamander, soyons clairs là-dessus. Mais vous m'avez sauvé la vie et avez tenu tête à Grindelwald, c'est indéniable. »

Était-ce une forme de remerciement que Graves faisait là ? Après avoir joué à l'ascenseur émotionnel, en passant du mépris à la compréhension à l'appréhension puis au doute. Percival Graves venait de laisser à Newton Scamander le bénéfice du doute. Ça n'avait l'air de rien, mais c'était quelque-chose d'incroyablement… Incroyable ? Ou surprenant. Mais plutôt incroyable.

Puis Newt se fit la réflexion que Graves parlait depuis un moment maintenant. Était-ce de la gêne, du respect, de la politesse ou du laxisme ? Un peu de tout ça, sans trop comprendre pourquoi.

« Je suis… Profondément touché par votre démarche — et par « votre » j'entends la démarche du MACUSA ! Ne vous méprenez pas… » Graves était un homme aussi difficile à critiquer qu'à complimenter. « Mais j'ai bien peur de ne pas avoir les compétences requises. Toutes ces… Infractions ! Que vous me reprochez. Il ne s'agit que de pure maladresse. J'ai bien conscience de mon manque de professionnalisme, je ne veux pas ternir davantage l'image du MACUSA. » Il se coupa net. « Enfin, je considère fortement votre proposition ! Mais je ne pense pas en être digne. Lorsque je m'éloigne de mon domaine de prédilection, je perds très vite pied, voilà tout. Mais je ne verrai aucun problème à m'occuper des Vivets d'Or que vous trouveriez sur place avec le plus grand soin ! »

Son discours sonnait si peu cohérent. Il avait au moins réussi à former quelques phrases, un succès lorsqu'on le voyait balbutier au bout de deux mots. Là encore, ses propos n'étaient pas sans accrochages. La seule phrase claire et concise qu'il avait bien pu former depuis le début de cette conversation touchait aux Vivets d'Or. Comme quoi, lorsqu'on s'éloignait du sujet de magizoologie, Newt se perdait bien vite dans le labyrinthe des mots.

« Malheureusement, cette proposition n'en est pas une. » Ses mains regagnèrent le creux de son propre dos, il s'attarda sur la décoration de l'appartement, allant et venant. « Je crains que vous soyez bien obligé de me suivre jusqu'au bureau de la président qui veut vous voir pour discuter de votre mission. »

Voilà quelque-chose qui ne plaisait pas à Scamander. Mais plus vite la tempête serait passée, plus vite il pourrait retourner s'occuper de l'œuf d'Hippogriffe qui allait éclore d'ici quelques heures. Newt murmura un « Accio » discret qui attira son vieux manteau bleu au col relevé vers lui et saisit le bras déjà tendu de Percival Graves pour transplaner. Son regard peu convaincu croisa celui empli d'assurance du directeur.


« Très bien. Puisque vous refusez de coopérer, je révoque vos fonctions, Sir Scamander. Vous pouvez disposer. »

Percival Graves lui-même en fut presque indigné. Il haussa les sourcils, pris par la surprise mais Newt n'eut pas le temps de le remarquer tant il se sentit submergé par la trahison. C'était comme donner une sucette à un enfant et l'empêcher de pouvoir croquer dedans à la fin. C'était une honte. C'était un acte lâche, stupide, sans aucune forme de réflexion fondée ! Newt eut envie de se révolter et c'était bien la première fois que Picquery vit une telle expression sur le visage du magizoologue.

« Je… Est-ce dû aux récents manquements ? Laissez-moi une dernière chance Mrs. Picquery. Je ne vous décevrai plus et… »

De sa main, elle mima le silence. Newt n'eut pas à se faire prier pour aussitôt se taire. Mais il bouillonnait intérieurement. Même si Newt n'excellait pas en matière de confiance en soi, il savait mieux que quiconque que son travail était méticuleux, précis, et surtout : bon. Newt ne livrait jamais de mauvais renseignement sans être convaincu de ses résultats et Newt n'employait jamais la manière « forte » s'il n'avait pas d'abord essayé toutes les autres possibilités. Il assumait avoir utilisé la magie devant trois moldus. C'était un fait pour lequel il était prêt à payer, mais il avait prévenu Picquery le jour où elle lui avait proposé ses fonctions. Les deux oubliators, c'était son idée !

Non, décidément, Newt ne comprenait pas.

« Écoutez, Sir Scamander. » Sa voix se fit plus grave que précédemment. « Cette histoire d'infiltration ne vous plaît peut-être pas mais l'enjeu n'est pas seulement lié aux Vivets d'Or. Leurs agents sont très bons et nous avons fait quelques erreurs avec les nôtres. C'est pour cette raison que j'ai besoin de votre personne, et votre personne seule. Graves vous formera si nécessaire et un de ses aurors pourrait vous accompagner sous polynectar pour assurer votre protection. Je n'insisterai pas si cette mission n'était pas aussi importante, mais pour pouvoir vous communiquer les détails, vous devez accepter. »

Newt vit le visage de Graves se crisper en entendant les propos de sa supérieure. Ce qui ne vint pas rassurer le magizoologue qui s'apprêtait, une fois de plus, à protester mais…

« Acceptez et je vous rendrai vos droits. »

C'était… C'était du chantage. Du vrai. Ça ne plaisait pas à Scamander, ni à Graves. Plus les jours passaient, plus les manières de Picquery tombaient bas. Il ne chercha pas le regard du directeur, de peur qu'il soit en total accord avec les propos de la Présidente. Newt trouvait l'idée écœurante mais n'avait d'autre possibilité que celle de se résigner à accomplir les désirs et les ordres de Picquery. Maintenant qu'elle lui avait donné la liberté d'élever dans sa réserve personnelle une multitude d'espèces, elle menaçait de les lui confisquer sous son nez. Et à qui comptait-elle les confier ? Ou les vendre ? Il n'y avait d'autre mot que celui d' « outré » pour caractériser l'état d'esprit de Scamander. Il tendit une main hésitante à Picquery, qui afficha le plus beau de tous ses sourires.

« Contente de voir que vous ne perdez pas vos objectifs de vue, Scamander. »

Elle serra sa main avec fermeté. Soit Picquery souffrait d'un immense complexe d'infériorité qui la poussait à se faire respecter pour ne pas tomber en dépression, soit… Il y avait un enjeu politique derrière toute cette histoire. Les Vivets d'Or n'étaient qu'une excuse pour aller creuser plus loin. Là où Scamander ne mettrait jamais les pieds. Mais les choses sérieuses ne tarderaient plus à commencer. Le pacte fait, Picquery ne tarda pas à dévoiler une date de réunion entre les meilleurs aurors du MACUSA, Percival Graves, Newton Scamander et elle-même. Dans la liste des aurors conviés se trouverait probablement Porpentina Goldstein. Il devait à tout prix la trouver avant que Picquery ne le fasse à sa place. Tina, aussi gentille était-elle, était d'un naturel un peu trop… Influençable. Et Picquery pouvait être très convaincante. Pour éviter une nouvelle catastrophe, il fallait qu'il lui parle et dans les plus brefs délais. Aussitôt la séance levée, Newt recula de quelques pas et s'inclina en signe de salut.

« Sir Graves, Mrs. Picquery. »

Le moment aurait été approprié pour transplaner mais… Nous n'étions pas dans un film. On ne transplane pas à l'intérieur du Woolworth Building. Newt tourna les talons pour sortir aussi vite que possible de ce maudit bâtiment. Il aurait aimé croiser Tina mais elle devait probablement se trouver dans son bureau, ou en compagnie de Queenie. Se saisissant d'une feuille de papier trouvée sur un bureau quelconque, Newt fit virevolter sa baguette en un sortilège d'écriture. Les mots vinrent couvrir de noir le papier jauni.

« Tina,

J'ai fait une découverte intéressante. Pourrais-tu me rejoindre d'ici au plus tôt, dans mon appartement ? Je ne serai jamais loin, passe quand tu veux.

Newt. »

De nouveau, il agita sa baguette et le Memorandum Rodentium courut vers le bureau de Goldstein.


Newt était encore dans sa valise lorsqu'il entendit l'éclat de la transplanation au-dessus de sa tête. Il n'y avait que quelques personnes qui pouvaient transplaner dans son appartement. Porpentina Goldstein, Queenie Goldstein et désormais, Percival Graves — qui portait la parole de la Présidente. Sans plus tarder, il déposa dans sa cage un niffleur dont il venait de soigner la patte et referma soigneusement la cage. Qu'importe celui ou celle qui venait de transplaner à l'intérieur de son appartement, Newt n'était jamais trop prudent : Il gravit l'échelle pour sortir de sa valise sa baguette entre les dents et fut surpris — mais rassuré — de faire face à la plus sombre des sœurs Goldstein.

« Tu voulais me montrer quelque-chose, Newt ? »

Tina avait changé depuis l'incident. Ce n'était plus un visage crispé auquel Newt avait le droit, mais de beaux sourires radieux, emplis d'une énergie qu'il ne connaissait pas encore venant d'elle. Elle s'était éprise de sa passion pour les animaux fantastiques. Et de lui. Ça, c'était un sujet qu'il ne fallait certainement pas aborder car Newt était ancré dans un profond déni d'amitié. Tina était une amie, qui le percevait comme un ami, c'était évident.

Maintenant, il était question d'expliquer à Tina que Newt lui avait menti. Il n'avait pas fait de découverte intéressante et allait de nouveau risquer sa peau pour pouvoir s'occuper de ses bestioles en toute liberté. Tina n'allait pas être contente. Elle avait presque sauté de joie en apprenant qu'il restait à New York pour une durée indéterminée, comment allait-elle réagir si Newt lui demandait de le laisser s'en aller de nouveau, sans jamais être sûr qu'il reviendrait en chair et en os ? C'était sans compter sur le fait que Tina était excessivement émotive. Il n'y avait pas besoin d'être un Legilimens expérimenté pour savoir à quoi pensait Tina en toute circonstance. Mais Newt n'était pas en reste : Il se savait quelque peu charmé par cette facette naïve de Tina.

Pourtant, il ne ressentait rien de charnel, de puissant à son égard. Il avait un faible pour sa personne, pour la beauté et la pureté de ce qu'elle était. Et ça n'allait pas plus loin.

« Tina, je… Je te dois des excuses. »

Mieux valait partir doucement pour ne pas s'effondrer sous les foudres de ses yeux naturellement sombres bien que tout aussi brillants — à leur manière.

« Je t'ai menti, je n'ai rien découvert mais… Mais il faut qu'on parle de quelque-chose d'important. C'est à propos du MACUSA. »

Newt avait parlé suffisamment vite pour que l'évocation du mensonge ne la fasse pas exploser. Dès lors qu'il avait employé le terme « MACUSA », son visage avait changé du tout au tout. Passant de la passion au sérieux en moins d'une seconde. Pour que Newt fasse appel à elle, Tina se doutait bien que quelque-chose clochait et quelque-chose de grave. Elle resta dubitative et ses sourcils se froncèrent. Elle attendait clairement des explications.

« Picquery veut m'envoyer jouer les espions pour le MACUSA. » C'est à partir de cet instant que Newt n'arriva plus à concentrer son regard sur Tina. « Ils ont des preuves concernant une sorte de contrebande de Vivets d'Or. Il s'agit de petits oiseaux qu'ils utilisaient pour jouer au Quidditch, il y a longtemps, c'est d'ailleurs de là que vient le terme « Vif d'Or ». Et il semblerait que les organisateurs soient intéressés par mes am… Mes animaux. Picquery ne m'a pas encore donné les détails de cette mission mais je pense qu'elle cache un plus gros poisson. Elle a mentionné le fait que je serai accompagné par un auror qui assurerait ma protection mais… »

Décidant qu'elle en avait suffisamment entendu, Tina le coupa, la voix fragile.

« Elle est complètement folle ! Pourquoi est-ce qu'elle n'envoie pas ses propres agents, sous polynectar ? »

C'était une question que Newt s'était déjà posé. Il avait d'abord soupçonné un sortilège de « Revelio » étendu mais s'était bien vite retiré, étant donné que Picquery avait insinué le fait d'infiltrer avec lui un auror déguisé pour assurer sa protection.

« Je n'en ai… Aucune idée ! »

Il était limpide que Newt se sentait… confus et frustré de ne pas comprendre. Sa curiosité prenait souvent le dessus sur sa raison. Et c'était un parfait exemple. Ce dont il était sûr, c'était que l'auror qui lui serait affecté n'aurait certainement pas pour seule fonction d'assurer sa protection. Et c'était de là que partiraient les ennuis. Newt le sentait, même s'il était incapable de l'expliquer.

« Pourquoi… Pourquoi m'en parler ? Picquery nous sait proches, elle ne m'enverra pas pour te protéger. »

Proches. Ce mot fit frissonner Newt. Il était étranger à la proximité avec d'autres sorciers — c'était différent pour les moldus. Aussi empathique était-il, il ne réussissait pas à intégrer son amitié rapprochée avec les sœurs Goldstein, plus précisément avec Tina Goldstein. L'amitié elle-même était un concept abstrait qu'il redoutait : Où se trouvait la barrière entre l'amour et l'amitié ? Pouvait-on quantifier cette donnée ? Évidemment que non, nous ne pouvions pas. Alors est-ce que nous étions amoureux de nos amis, mais moins que de nos amours ? Pourtant, Newt était adepte de tout ce qui était subtil et somptuaire. Pourquoi avait-il tant de mal à cerner l'attachement, l'attirance, le désir ? C'était une question à laquelle il refusait de répondre. Celui qui savait mettre des mots sur ce que l'amour pouvait être n'était plus capable d'en ressentir : C'était un fait établi et il défierait quiconque de le convaincre du contraire. Son innocence et sa volonté de briser la routine et le quotidien le faisait espérer, de temps à autre qu'il trouverait un jour une personne pour laquelle il ressentirait quelque-chose d'incompréhensible, une relation sur laquelle il ne trouverait plus aucun mot.

Tina ne semblait pas se poser ce genre de questions. C'était une aubaine dont Newt aurait aimé profiter. Sa naïveté la protégeait autant qu'elle la rendait vulnérable. Il prit quelques secondes à répondre à sa question — ce qui ne tarda pas à inquiéter l'auror.

« Parce que… Nous sommes amis n'est-ce pas ? Je suis sûr que tu prendras la bonne… Décision, le moment venu. »

Quel moment ? Quand ? Newt n'en savait rien mais se persuadait qu'il y aurait un instant où ses propos feraient sens. La moue déçue que reflétait Tina lui fit l'effet d'un pincement au cœur. Il aurait aimé qu'elle ravale sa naïveté à cet instant précis. Pour ne plus jamais être déçue comme elle venait de l'être à l'instant. Mais quelque-part, Newt n'y pouvait rien. Il avait déjà du mal à suivre les règles, alors il ne pouvait pas s'en imposer de nouvelles et finir par ne plus être que du paraître. En faisant semblant d'aimer Porpentina Goldstein, par exemple.

La discussion qui suivit ne fut pas des plus intéressantes. Tina parlait de sa semaine, de ses tracas au travail et Newt l'écoutait attentivement, tout en prenant soin du nouveau-né Hippogriffe. Le petit dernier était un peu le favori de la troupe, ces derniers temps. Newt avait eu tellement de mal à présenter sa nouvelle femelle au mâle qui vivait déjà ici qu'il pensait que les deux créatures se détestaient et continueraient sur cette voie-là. Mais de fil en aiguille — et avec beaucoup, beaucoup de patience — ils étaient parvenus à s'entendre et il n'était pas rare, lorsqu'ils n'étaient pas enchantés par un sort de désillusion, qu'on les voit dormir dans le creux d'une clairière. Newt migrait petit à petit les habitants de sa valise vers sa nouvelle réserve, bien plus spacieuse et mieux aménagée que l'intérieur de sa valise.

Les jours s'enchaînèrent et Newt profitait du mieux qu'il pouvait de sa tranquillité. Actuellement, il vivait une vie de rêve. Peu de réprimandes, beaucoup d'animaux, peu d'humains, beaucoup de rédaction. Et le calme semblait être revenu sur New York. Cela faisait un petit moment que Newt n'avait pas entendu parlé d'une catastrophe liée à une bête magique. C'était un bon moyen de se faire oublier du MACUSA pour quelques temps et aussi un moyen d'occulter le fait qu'il aurait bientôt rendez-vous avec les pires crapules de son époque : Les trafiquants d'animaux. Il redoutait plus que tout cette réunion en compagnie de Picquery et de ses croups. Parce qu'il savait qu'elle comptait lui demander l'impossible et qu'il serait contraint d'accepter.

Hors de question de se défiler cette fois-ci, Newt serait prêt. Picquery lui demandait la Lune ? Newt exigerait Saturne.


J'espère que vous avez apprécié ce premier chapitre ! N'hésitez pas à laisser une review.