Chapitre 3
Sirius était collé à un corps chaud d'où se dégageait une douce odeur d'un passé heureux. Il ne voulait pas ouvrir les yeux de peur que le rêve ne s'évapore. Ce rêve, il l'avait fait des milliers de fois. Chaque fois, la réalité l'avait douloureusement déçu. Mais le rêve remua. Le rêve grogna légèrement. Le rêve se colla un peu plus à lui. Il entrouvrit les yeux et tomba sur le visage détendu de Severus qui dormait paisiblement.
Sirius n'osait croire en son bonheur. Il resta de longues minutes à observer ces traits qu'il aimait et chérissait. Il ne comprenait pas comment on pouvait trouver cet homme laid. Pour lui, toutes les imperfections et asymétries de son visage ne faisaient que contribuer à sa beauté. C'était un diamant brut, magnifique. Il ne put résister et finit par déposer un baiser léger sur ses lèvres. Peut-être serait-ce la dernière fois. Severus avait été clair : cette petite parenthèse ne serait rien d'autre que cela, une simple parenthèse. Mais cette nuit avait été si merveilleuse. Ils s'étaient aimés, comme lorsqu'ils étaient adolescents. Cette nuit, la pureté de leur amour avait été une évidence. Malgré les réticences de Severus, Sirius savait que leurs sentiments étaient toujours présents, plus forts que jamais et cette constatation fit battre le cœur de Sirius un peu plus.
Severus enfonça son visage dans le cou de Sirius en grognant. Sirius en profita pour respirer son odeur et glisser amoureusement une main dans les cheveux tout emmêlés de son amant.
« Réveille-toi petite marmotte » murmura-t-il.
« Mmmh » fut la seule réponse qu'il put obtenir de Severus qui se blottit un peu plus encore près du corps chaud de Sirius.
« Albus et Remus ne vont plus tarder. »
« … quelle heure ? »
« Sept heures passées. »
Severus releva la tête, les sourcils froncés.
« Impossible. Je ne dors jamais autant. »
« Moi aussi, j'ai bien dormi... Pourquoi ai-je l'impression que ça te contrarie d'avoir si bien dormi ? »
« Tu délires, Black. Bon, je file à la douche. »
Severus se leva et s'étira, levant les bras, étirant les muscles de son cou, dévoilant son corps nu au regard lubrique de Sirius. Ça et les souvenirs de la veille réveillèrent pleinement une certaine partie de son anatomie.
Severus ramassa ses vêtements, s'apprêtant à sortir de la chambre.
« Je t'accompagne ? » demanda Sirius d'un air coquin.
« Où? »
« Bah, sous la douche. »
« Non. »
« T'es pas drôle ! »
« Sirius, on en a parlé hier. Cette nuit était incroyable mais on ne peut pas faire comme si c'était normal. Nous ne sommes pas un couple. Nous sommes... j'en sais rien. Des ex ? Voyons, Black, tu sais bien que ce n'était que du sexe ! »
Sirius prit cette réponse comme un coup de poignard planté droit dans le cœur au point où celui-ci rata un battement ou deux. Quelques secondes à peine avant cela, il avait l'amour de sa vie blotti tout contre lui et pendant un instant, il avait crut que ce bonheur durerait.
« C'est une blague ? » fut tout ce qu'il put dire.
« Pas du tout. Tu croyais quoi ? Je n'ai plus le moindre sentiment pour toi, mais tu restes un bon coup. »
« Alors c'est comme ça que tu vas te venger ? Ce n'était que du sexe ? On croirait m'entendre, il y a quinze ans. Œil pour œil, dent pour dent ? Sev… Ne fait pas les mêmes erreurs que moi, s'il-te-plaît, tu vaux mieux que ça. »
« Et pourtant, ce n'était vraiment que du sexe. Une bonne baise, comme on dit ! Mais il faut regarder les choses en face, on n'est pas fait l'un pour l'autre, c'est une évidence. Me quitter a été la meilleure décision que tu aies prise dans ta vie »
« Dis ce que tu veux. J'encaisserai toutes tes insultes, tous tes mépris. Je serai patient, je t'attendrai. »
« Ne sois pas ridicule. Le seul sentiment que j'ai pour toi, c'est du dégoût. »
« Tu vois que tu ressens quelque chose pour moi... »
« Toujours à vouloir le dernier mot, Black ? »
« C'est ça. Allez, file sous la douche et habille-toi, parce que là, à te voir nu comme ça... je déteste avoir des conversations sérieuses quand j'ai la gaule ! »
Severus eut un rictus mauvais puis, après avoir jeté un bref coup d'œil vers le sexe tendu de Sirius, il sortit promptement de la chambre.
Oui, il l'avait prévenu, ce n'était que pour une nuit, rien de plus. N'empêche que ça faisait mal. Sirius n'avait pas pu s'empêcher de croire que cette nuit avait changé la donne. C'était sans compter sur cette tête de mule de Snape. Étant lui-même une bonne tête de mule, il se promit que Severus craquerait avant lui et qu'il le récupérerait, parole de Gryffondor.
Vers 8 heures, Remus et Albus arrivèrent, trouvant Sirius seul dans la cuisine qui observait d'un air morose une tasse fumante de café.
« Bonjour Sirius, comment allez-vous ? » demanda Dumbledore tout guilleret.
Sirius ne répondit pas, se contentant de hausser imperceptiblement les épaules.
« Severus n'est pas avec vous ? »
« Effectivement. »
Sirius lui avait répondu sèchement, un peu trop peut-être.
« Oh ! Très bien. Alors je pars à sa recherche. »
Albus laissa Remus et Sirius dans un silence de glace. Leur dispute de la veille revint brutalement à Sirius qui sembla plus abattu encore qu'il ne l'était quelques instants plus tôt. À cet instant, il aurait eu besoin de se confier au seul ami qui lui restait, mais il l'avait tellement envoyé balader la veille qu'il ne pouvait se le permettre.
«!tu veux un café ? » demanda Sirius dans l'espoir de briser ce froid glacial.
« Vous vous êtes déjà engueulés ? »
« Bah… ce n'était que du sexe. »
« Alors, pourquoi tu tires la tronche ? »
Remus connaissait encore son meilleur ami, pas qu'il soit difficile à comprendre lorsqu'il s'agissait de ses peines de cœur.
« Parce que… parce que ce n'était pas que du sexe. Rem', je suis désolé pour hier, vraiment. Je ne voulais pas te blesser. Je fais tout de travers. Je suis le pire ami du monde, je ne t'embêterais plus avec mes histoires, promis. »
« Je n'y crois pas une seule seconde mais peut-être qu'un jour, tu seras moins égoïste. »
« Je vais tout faire pour. »
« Ouais… Bon allez, je retourne voir ce que je peux faire pour faire taire ta pourriture de mère. »
« Tu ne m'en veux plus ? »
« Si, encore un peu mais ça va passer. Comme d'habitude. Je finis toujours par te pardonner. »
Dans la bibliothèque où Severus était en plein combat avec une armoire qui essayait de l'écraser, Albus entra en ricanant.
« Albus ? Qu'est-ce que vous faites là ? »
« Je suis venu vous donner un coup de main. Je ne m'étais pas rendu compte de l'étendu du travail à faire pour que cette maison puisse accueillir l'Ordre. Je me suis dit qu'une baguette de plus ne serait pas de trop. Un peu d'aide avec cette armoire ? »
« Ce n'est pas de refus. »
Ensemble, ils lancèrent différents sortilèges afin d'empêcher l'armoire de bouger. Finalement, ils décidèrent de la réduire en cendres.
« Alors, mon garçon, j'ai cru comprendre que vous vous étiez rabibochés avec Sirius ? »
« Euh... non, pas vraiment. Vous savez, c'est compliqué. »
« Ça l'est toujours. »
« Je vais juste avoir besoin de plus de temps. »
« Je comprends. Mais n'oubliez pas que nous sommes en guerre. Le temps est un luxe que vous n'avez peut-être pas. Combien de temps avez-vous déjà perdu ? Mais ce ne sont pas mes affaires, après tout vous êtes adultes, même si j'ai tendance à l'oublier... Bon, sinon, hier, j'ai cru percevoir un maléfice au dernier étage. J'y monte. »
La journée passa très vite, chacun absorbé par sa tâche. Ils se retrouvèrent le soir dans la cuisine où ils partagèrent un repas dans le silence complet. Seul Albus semblait indifférent à l'ambiance lourde et gênante qui régnait.
« Nous avons bien travaillé ! Jeunes gens, je suis si fier de vous ! J'aurais presque envie de vous attribuer cinquante points chacun pour le merveilleux travail réalisé ! Oh, mais voyez-vous ça, il est déjà 22 heures. On ne voit pas le temps passer lorsqu'on s'amuse, pas vrai ? »
« Je vais rentrer avec vous, Albus. »
« Vous êtes sûr, Severus ? »
« Parfaitement. »
« Alors, allons-y ! »
Sirius était abattu. Il ne s'était pas préparer à tant de froideur. Il n'avait pas pu lui parler depuis le matin. Et il se retrouva vite seul avec Remus.
« Patmol, je t'accorde cinq minutes. »
« Pour ? »
« T'épancher. »
« Il n'y a vraiment rien à raconter. »
« Rien ? Ce n'est pas ce que j'ai entendu hier... et plusieurs fois ! »
« Oh, non ! J'en reviens pas qu'on a osé faire ça avec Albus et toi en bas... »
« Allez, c'est pas grave. »
Mais Remus rougissait. Il était gêné, contrairement à Sirius qui n'avait eu l'air gêné que par convenance.
« C'était... merveilleux ! Comme avant. J'ai cru que je ne pourrais jamais m'arrêter, que je ne serais jamais rassasié de son corps. Il était tellement... il m'a appelé mon amour. Tu te rends compte ? J'étais tellement heureux. Et puis, ce matin, j'étais de nouveau Black, l'abruti qui lui a brisé le cœur. Il m'a fait le coup du : c'était qu'une bonne baise, rien de plus. »
« Je vois. Peut-être devrais-tu l'inviter à sortir, un soir. »
« Tu veux dire, comme un rencard ? Ça se fait encore ce genre de chose ? »
« Au moins, vous pourrez être dans un endroit neutre, où vous pourrez discuter vraiment sans vous sauter dessus au bout de deux secondes. »
« Il n'acceptera jamais. »
« Tu ne le sauras pas si tu ne lui demandes pas. »
« Tu as raison, comme toujours. Merci d'être toujours là, même après toutes mes conneries. »
« C'est l'habitude... je te pratique depuis qu'on a onze ans. »
« Vrai ! Et toi, alors ? Tu ne me racontes jamais rien. Tu as quelqu'un ? »
« Non. Tu sais, ce n'est pas facile avec ma condition. »
« Mais il doit bien y avoir quelqu'un qui t'intéresse. »
« Oui, il y a quelqu'un... mais laisse tomber, c'est mort d'avance. »
« Un très bon ami m'a dit récemment : Tu ne le sauras pas si tu ne lui demandes pas. »
« Non mais là, c'est sûr. Bon allez, il faut que je rentre, je suis crevé. À demain. »
Remus le laissa seul. Sirius détestait être seul mais pour une fois, il était tellement fatigué qu'il alla dormir directement.
Le lendemain, la journée fut aussi chargée que la veille. Ils ne parlèrent pas beaucoup à part pour l'organisation de la décontamination de la maison. Sirius eut tout de même le courage d'aller parler à Severus en fin de journée.
« Je peux te parler ? »
« Black ? Qu'est-ce qu'il y a ? Tu as un problème avec un maléfice ? »
« Non, en fait... je voulais te dire que j'ai réfléchi et... »
« ...tu ne vas pas recommencer ! »
« S'il-te-plait, écoute. Je me demandais si tu accepterais qu'on aille boire un verre dehors un de ces soirs. Que tous les deux. Nous devons vraiment discuter mais pas ici, pas maintenant. Qu'en penses-tu ? »
« D'accord. »
« D'accord ? Tu veux dire que tu acceptes ? »
« C'est ça. C'est une idée de Lupin ? »
« Euh... oui. »
« Je me disais aussi que c'était un comportement trop réfléchi et adulte pour que ça puisse venir de toi. »
« Demain soir, alors ? »
« Si on en a fini avec la maison. »
« Mais... on n'aura jamais fini. »
« On verra demain. »
« Bon, okay, je te laisse alors. Au fait, qu'est-ce qui t'a fait changé d'avis ? »
« Albus », répondit simplement Severus, aussi étonné que Sirius de cette réponse.
Le lendemain, Sirius mit les bouchées doubles sous le regard amusé d'Albus.
« Eh bien, Sirius, je crois que ne vous ai jamais vu aussi motivé, à part lorsqu'il s'agissait de faire des bêtises. Je suis très heureux de voir que tout le monde est conscient de l'urgence et de l'importance du nettoyage de cette maison. Vingt points pour Gryffondor ! C'est drôle parce que Severus a, lui aussi, remonté ses manches aujourd'hui, ce qui n'est pas peu dire quand on connaît sa capacité de travail. J'ai bien l'impression que nous aurons terminé ce soir. »
Le soir arriva rapidement et, en effet, ils avaient réussi à éliminer les plus gros maléfices. Mais Sirius n'était pas tout à fait satisfait. Il attendait Severus. Allait-il changer d'avis ? C'était à prévoir. Mais au moment de partir, Severus prétexta une soudaine envie de boire une tisane, laissant Albus et Remus partir sans lui.
« Bon... on dirait qu'on n'est plus que tous les deux... » dit Sirius nerveusement.
« C'est bien ce que tu voulais, non ? »
« Euh... oui. Absolument. Alors... »
« Tu m'avais parlé de sortir ? »
« Ah, oui ! Alors, allons-y... »
Sirius toucha du bout des doigts le bras de Severus et les fit transplaner en plein milieu d'une forêt. La nuit était tombée et la seule source de lumière provenait d'une petite auberge.
À l'intérieur, une vieille dame essuyait des verres très lentement. Elle ne sembla pas les remarquer. Les quelques tables de la minuscule salle étaient vides, à se demander si l'endroit était vraiment ouvert.
« Charmant... Tu n'as pas trouvé plus lugubre ? »
« Comme tu le sais, je suis recherché par Lord Voldy et ses amis, le Ministère, soit à peu près tout le monde sorcier, et j'ai fait la Une de tous les journaux moldus il y a deux ans alors... c'est le bar le plus paumé d'Angleterre que je connaisse. Ils ne reçoivent même pas la télévision ici, tu sais, la boîte avec des images dedans... »
« Black, tut te souviens que j'ai grandi avec des moldus..? »
« Ah, oui. J'oublie toujours. On va s'asseoir ? Tu veux boire quoi ? »
« Quelque chose sans alcool. »
Severus voulait rester maître de lui-même lorsqu'il était avec Sirius. Il savait qu'il pourrait craquer s'il baissait ne serait-ce qu'un peu les barrières qu'il avait érigées contre Sirius.
« Très bien, alors je vais commander. Tu nous trouves une table ? »
« Ça ne devrait pas être compliqué... », dit-il en regardant les tables alentour, toutes libres.
Sirius revint quelques minutes plus tard avec deux limonades. Il n'avait jamais goûté et fut agréablement surpris.
« C'est pas mal pour un truc moldu et sans alcool, tu ne trouves pas ? »
« Tu veux vraiment qu'on parle limonade ? »
« Non, tu as raison. Je ne sais pas trop par où commencer. Remus m'a conseillé de te dire des trucs d'adultes mais en fait... je n'ai pas la moindre idée de ce que se disent les adultes. Je n'ai pas parlé à beaucoup de monde depuis que je suis adulte. On est d'accord que les Détraqueurs, ça ne compte pas ? »
« Et si tu en venais au fait ? Dis-moi juste ce que tu attends de cette discussion. »
« J'aimerais pouvoir trouver un terrain d'entente. J'ai bien compris que tu n'étais pas vraiment disposé à me pardonner, ce que je comprends et respecte. Mais je ne veux pas qu'on se batte sans arrêt. Je ne veux pas non plus que nous nous comportions comme deux étrangers, comme si rien n'avait jamais existé. Nous allons être amenés à nous voir souvent avec l'Ordre. »
« Alors, quoi ? Tu veux être mon ami ? »
« Non, pas ton ami. En fait, c'est... »
« ...compliqué ? »
« Ouais. »
« Je sais. Écoute, je vais réfléchir. Mais toi, j'aimerais que tu respectes mon choix de prendre un peu mes distances, pour le moment. »
« Je te l'ai dit, Severus. Je ferai tout ce qu'il faut. »
« Alors, en public, on ne change rien. Et lorsqu'on ne se voit que tous les deux... une relation cordiale, c'est bien ça que tu veux ? »
« Non, ce que je veux, c'est toi et moi ensemble comme avant, te faire l'amour tous les soirs, m'endormir à tes côtés pour pouvoir te faire l'amour chaque matin aussi, et t'embrasser quand je le veux, te prendre la main, te dire des mots doux et des mots coquins pour te voir rougir. Mais, à défaut de pouvoir avoir ce que je veux, un peu de cordialité ne peut pas faire de mal. »
Aux mots de Sirius, Severus rougit aussitôt, ne pouvant se contrôler.
« Oui, voilà, comme ça », murmura Sirius un peu essoufflé, complètement hypnotisé par la vue de cet homme magnifique qu'il ne pouvait toucher.
« Et bien, je crois que tu viens de battre ton propre record. Tu es resté sérieux quoi ? Deux minutes ?»
« Le sarcasme, c'est vraiment ça ton truc. Et sinon, il y aurait une dernière chose... »
Sirius se tordait les mains de nervosité, ce qui fit rire Severus.
« Le célèbre Sirius Black serait-il nerveux ? Vas-y, lance-toi. Après tout, ce n'est que moi. »
« Justement. Ce n'est pas que toi. Tu es la personne la plus importante à mes yeux. Bon allez, je me lance ! J'aurais voulu savoir si tu m'avais réellement aimé. »
« À ton avis, sombre idiot ? »
« Justement, je ne sais plus. Et si j'avais inventé mes souvenirs ? »
« Bien sûr que je t'ai aimé. »
« Moi aussi, vraiment. Et c'est toujours le cas. Et... tu m'aimes encore ? »
« Je ne sais pas, Sirius. C'est... »
« … compliqué ? »
« Ouais. »
La discussion était posée, simple et sans la moindre animosité, ce qui était rare pour eux. Ils discutèrent amicalement, pendant encore deux heures, Sirius flirtant plus ou moins ouvertement de temps en temps, avant de repartir chacun de son côté en se promettant qu'ils reviendraient dans cette taverne prochainement pour faire le point. Sirius était satisfait d'avoir réussi à agir comme l'adulte qu'il apprenait à être. Pour la première fois, il était optimiste quant à leur futur.
Il se retrouvèrent alors régulièrement dans cette petite auberge et, petit à petit, l'ambiance se fit de plus en plus légère, leur complicité d'autrefois refaisant parfois surface. Aucun d'eux n'avait beaucoup rit ces dernières années, ils retrouvaient le bonheur que cela pouvait procurer. Sirius en était certain, la stratégie de Lupin fonctionnait. Dans quelques semaines, il essaierait de l'embrasser, peut-être. Il voulait être certain de ne pas le bousculer. Il se promit de ne plus succomber au sexe pour du sexe. Il allait faire les choses par étape, tel le gentleman qu'il n'avait jamais su être.
Mais en dehors de leurs rendez-vous hebdomadaires, ils faisaient comme s'ils ne se connaissaient pas. Ainsi, lors des réunions de l'Ordre, qui avaient finalement commencées, personne ne trouva leur comportement étrange. Aux yeux de tous, ces deux-là ne s'étaient jamais appréciés. Seuls James et Remus avaient été au courant de leur relation. Bien sûr, Albus ne pouvait s'empêcher de les regarder avec attendrissement, glissant quelques sous-entendus par-ci par_là que eux seuls comprenaient vraiment, et, lorsque leurs yeux se trouvaient dans ces moments-là, on y lisait le même sentiment mi-agacé, mi-amusé envers Albus.
Ils avaient trouvé un équilibre convenable, même si pour Sirius, la situation n'avançait pas assez vite. Il avait dit qu'il serait patient, mais cela n'avait jamais été sa plus grande qualité. Les jours devenaient semaines puis des mois et il ne l'avait toujours pas embrassé, bien qu'ils se voyaient toujours aussi régulièrement, partageant leurs idées, leurs pensées, quelques blagues aussi.
Et puis, un soir de novembre particulièrement frais, alors qu'ils sortaient de leur auberge, car c'est ce que cet endroit été devenu, un frisson parcourut le corps de Sirius. Severus retira sa longue cape noire pour venir la déposer sur les épaules de Sirius. Ce dernier, enveloppé par la chaleur et l'odeur enivrante de son amour de jeunesse attrapa sans réfléchir la main de celui-ci, avant de l'embrasser, le serrant dans ses bras, pour le remercier, pour lui dire combien il l'aimait toujours. Et alors Severus arrêta de réfléchir et se laissa porter par ce baiser, leurs langues se retrouvant, leurs corps pressés l'un contre l'autre.