Bonjour à tous et à toutes,

Merci à vous pour vos review, vos mises en favoris...

J'espère que vous allez tous bien, ainsi que vos proches.

Et un nouveau chapitre pour dépeindre les conséquences du rituel d'Ostara. Qu'a donc manigancé le Seigneur des Ténèbres ? Que vont pouvoir faire nos Sentinelles ?

À bientôt !

Disclaimer : Tous les personnages et l'Univers de Harry Potter appartiennent à JK Rowlings.

Rating : M+ pour les chapitres futurs

Genre : Aventure / fantastique / romance / slash / yaoi

Couple : HPDM / DMHP

Bonne lecture !


Chapitre 41 – Répercussions

Jeudi 20 Mars 1997 – Stonehenge

Un silence surréaliste régnait sur le site, entrecoupé de gémissements de douleur et de halètements. Ceven resta un long moment figé de stupeur devant les événements qui venaient de se dérouler. Un frisson d'horreur parcourut sa colonne vertébrale tandis que son regard voyageait sur ce qui l'entourait. Un sanglot plus prononcé d'un enfant étendu non loin le ramena au présent.

Un nouveau coup d'œil autour de lui confirma qu'il était le seul à être en pleine possession de ses moyens. Quoique Voldemort ait pratiqué comme rituel, il en avait été protégé, probablement grâce à sa nature de Gardien. Ce fut cette fonction qui lui dicta la conduite à tenir. Il ne disposait pas des compétences nécessaires pour porter secours aux personnes en détresse, mais il avait les connaissances adéquates pour tenter de récupérer des informations sur ce qui venait de se produire.

Il s'élança vers l'autel dans l'espoir de relever quelques indications ou traces du rituel maudit. Il tourna autour de la table, scrutant chaque relief de la pierre, frôlant çà et là la surface pour retrouver le dessin des runes et divers symboles qui avaient été utilisés, mais en vain. Seul restait dans l'air une fragrance âcre, mêlant résidus d'ozone et relents de pourriture. Il s'approcha d'un des menhirs mais là aussi sa recherche fut un échec. Les pulsations lumineuses qu'il avait pu remarquer étaient hors de sa portée et il ne doutait pas que, même s'il avait pu aller examiner leurs sommets, ceux-ci ne lui auraient rien révélés.

A cet instant, le bruit de sirènes approchant l'alerta. Se rendant compte qu'en tant que seul individu conscient sur le site il ne pourrait être considéré que comme suspect, il décida de s'éloigner rapidement et de rejoindre l'Ordre pour tenter de comprendre la situation.

Il s'éloigna rapidement, prenant la direction opposée à l'entrée du site. Il avança d'un pas rapide et observa avec une grande attention les victimes qu'il croisait et releva le plus d'informations possible sur les personnes encore étendues au sol.

Ceux qui s'étaient déjà relevés étaient sans nul doute des individus non magiques. L'absence d'aura était un signe révélateur et cela l'inquiéta d'autant plus.

Ceven percevait autour de certains d'entre eux un très faible rayonnement, comme la lumière qui pourrait se refléter sur une surface lisse, mais de façon extrêmement atténuée. Cette radiation était typique des sorciers ou tout du moins des êtres sensibles à la signature particulière de la Magie. Pour la plupart, ils gisaient semi-conscients, encore parcourus de spasmes de douleurs et présentaient des difficultés respiratoires.

Et puis, il y avait les morts. Parmi ceux-là, il reconnut le groupe de wicannes et quelques hippies. Leurs auras spécifiques s'éteignaient doucement mais surtout, elles étaient profondément endommagées. Les nimbes les entourant étaient déchirés et déchiquetés et s'éparpillaient lentement avant de se déliter dans l'air. Même s'il avait pu reconnaître quelques moldus et sorciers, il estimait que la majorité devait être des cracmols. Il ne pouvait se permettre de pousser les observations plus loin et cela l'empêchait d'avoir plus de certitudes. La seule évidence qu'il en retira était que le phénomène ciblait les êtres disposant de magie, même de manière infime. Les moldus n'avaient pas été visés. C'était d'autant plus paradoxal que le but premier de Voldemort avait toujours été l'élimination de ces derniers. Son intention avait été de voler de l'énergie, et plus précisément de la magie. Mais la question restait. Pourquoi ?

Ceven se mit à courir tandis que les sirènes se rapprochaient. La plus grande partie du site était à découvert et il fallait qu'il s'éloigne le plus possible avant que quelqu'un ne puisse l'interpeller.

OoOoOoOoOoO

Jeudi 20 Mars 1997 – Poudlard – 14h

Merlin et Rowena étaient toujours dans le Hall quand la vague rouge reflua. Bien qu'ils se doutaient de la nature des événements qui frappaient à l'instant même l'Angleterre, ils n'avaient aucune idée de la provenance ou de l'utilité de l'onde écarlate.

Quelques minutes passèrent avant que le reste des voyageurs temporels ne débarquent, inquiets.

- Que se passe-t-il ? s'écria Helga. Tous les élèves se sont effondrés.

- Chez moi aussi, rétorqua Godric. Ils ont commencé à se sentir mal, avant d'être pris de douleurs atroces. Puis, un voile rouge est passé à deux reprises, et ils se sont tous … comme endormis.

- Dans mon cours également, intervint Salazar qui émergeait des cachots. Et Severus est tombé également.

- La première vision des Gallicènes s'est réalisée, déclara Viviane, en descendant les escaliers. Par contre, j'ignore quel était ce phénomène rouge.

- Je ne sais pas non plus de quoi il s'agissait, répondit Merlin, dubitatif.

- Avant de s'inquiéter de cela, il faudrait plutôt s'occuper des enfants … et des professeurs, dit Rowena. On ne peut pas les laisser comme ça, éparpillés dans tout le Château. Comment pouvons-nous procéder ?

- Je crois que le plus simple serait de tous les regrouper, mais où ? L'infirmerie est trop petite et la Grande Salle ne s'y prête pas vraiment, il faut que l'on puisse les installer correctement pour les soigner. Et comment les amener tous à l'endroit choisi ? réfléchit Merlin.

- Et dans ta salle ? s'enquit Serpentard.

- Pardon ?

- Mais oui, s'exclama Rowena. Il suffit de demander à ta Salle sur demande de nous fournir tout ce dont on pourrait avoir besoin pour soigner les enfants !

- Je me vois mal transporter près de 300 personnes jusqu'au septième étage, ronchonna Godric.

Un bruit de claquement et un cri de douleur indiqua à tous que Rowena n'avait pas apprécié les marmonnements de son époux. Tous se plongèrent dans leurs pensées pour trouver une solution.

- Et si nous demandions aux elfes de maison ? s'enquit Salazar.

A ce moment, tous se figèrent. Quel était l'état des petites créatures ? Avaient-elles également souffert de la situation ?

Merlin appela l'un d'entre eux, mais il ne reçut pas de réponse.

- Je vais descendre aux cuisines voir comment ils vont et s'il est nécessaire de leur apporter un soutien.

- Non, l'interrompit Viviane, je vais m'en occuper.

- Mais …

- Je suis la plus à même pour intervenir. Ma magie est beaucoup plus proche de la leur. Tu seras beaucoup plus efficace pour l'installation de cette salle. Puisque tu l'as créée, tu auras plus de facilité pour obtenir exactement ce qui est nécessaire.

Et sur ces mots, la Dame du Lac s'éloigna vers le domaine des elfes de maison.

- Je vais redescendre dans les cachots et récupérer toutes les potions qui pourraient être utiles. Antidouleur, philtre calmant, philtre de paix, pimentine, solution de force, potion fortifiante, philtre revigorant… Je vérifierai également les stocks de l'infirmerie.

- Je t'accompagne, déclara Godric. Il te faudra bien un peu d'aide pour tout emporter.

Les deux hommes s'en allèrent, laissant Rowena, Helga et Merlin prendre la direction du septième étage.

Ils arrivèrent devant la toile de Barnabas le Follet. Merlin commença alors ses va-et-vient devant le mur. Au troisième passage, une porte se dessina. Le mage poussa le large battant de bois et dévoila une très grande pièce pourvue de centaines de lit. Ces derniers étaient séparés par des paravents de tissus, permettant de conserver un semblant d'intimité pour leurs futurs occupants. Sur le côté, une série de cloisons légères délimitaient un espace qui serait destiné aux professeurs de l'école.

Tous trois examinaient les lieux quand un pop les fit sursauter.

- Plips s'excuse ! Plips ne voulait pas effrayer les grands sorciers ! Plips va …

- Doucement Plips, intervint Helga, tu n'as rien fait de mal. Nous sommes juste un peu … sensibles pour le moment.

- Plips est désolé. Plips est envoyé par la Grande Maîtresse Dame Vivianne. Les elfes de Poudlard vont aider pour amener les enfants jusqu'ici et pour les soigner.

- C'est parfait. Mais dis-moi, comment va Viviane ? s'enquit Merlin inquiet.

- La Grande Maîtresse Dame Vivianne est un peu fatiguée. Elle nous a aidé. Elle a réveillé notre magie. La Grande Maîtresse Dame Vivianne doit se reposer puis elle ira mieux.

- Bien. Comment allons-nous installer tout ce petit monde ?

- Les filles d'un côté, les garçons de l'autre ? proposa Rowena.

- En fonction de leurs classes ? offrit Helga.

- Plips propose par Maison et par année. Les elfes peuvent récupérer les affaires des enfants, comme dans leur dortoir.

- C'est une excellente idée Plips. Et ça nous permettra de nous faire rapidement une idée de la situation.

Comme en réponse à ces mots, Plips claqua des doigts. Une seconde plus tard, des affiches en carton firent leur apparition au pied des lits. Elles portaient le nom des élèves, celui de leur Maison ainsi que la mention de leur année. Aussitôt, les autres elfes se mirent au travail. Peu à peu, les lits se remplirent et Helga et Rowena se mirent à la tâche, rapidement secondées par Salazar qui venait d'apporter tout un lot de potions diverses, avec l'aide de Godric.

Ce dernier se sachant incapable dans le domaine médical se rapprocha de Merlin qui compulsait le registre des élèves, cochant les noms au fur et à mesure.

Une fois les enfants installés, les elfes se chargèrent de ramener les professeurs et autres adultes présents dans l'école.

- Toutes les personnes présentes dans le Château ont été ramenées dans la nouvelle infirmerie, déclara Plips.

- Il manque pourtant quelques personnes, souligna Merlin en vérifiant sa liste.

- Plips est désolé. Plips s'est mal exprimé Grand Maître Mage Merlin. Les elfes ont ramené toutes les personnes vivantes. Plips a cru bon d'installer les morts dans l'ancienne infirmerie.

La déclaration de la petite créature provoqua un frisson d'effroi. Merlin ferma les yeux un bref instant avant de répondre.

- Tu as très bien fait Plips. Il est en effet inutile que les morts côtoient ainsi les vivants. Merci.

Les oreilles de l'elfe frétillèrent de plaisir, même si ses grands yeux reflétaient toute la tristesse ressentie face à la situation.

- Puis-je te demander de préparer des bouillons légers pour nos convalescents ? demanda Rowena qui s'était approchée. Selon nos premiers examens, certains d'entre eux devraient reprendre conscience d'ici ce soir.

- Bien sûr, Grande Maîtresse Madame Rowena. Plips s'en occupe tout de suite.

- Mais n'oublie pas que vous devez également vous reposer ! s'exclama Helga tandis que la petite créature s'évaporait.

- Merlin ? interpella Salazar. Il y a beaucoup de victimes ?

- Moins que la vision de Rowena ne laissait penser. Je dénombre vingt-trois absents … dont Harry et Draco.

- NON ! hurlèrent les quatre Fondateurs.

- C'est impossible, cria Helga.

- Mais ma vision n'annonçait pas leur mort, chuchota Rowena sous le coup de l'émotion.

- Non, cria une nouvelle fois Godric tout en s'élançant à l'extérieur.

Merlin et Salazar le suivirent aussitôt, devinant qu'il se rendait à l'infirmerie pour vérifier par lui-même. Les deux femmes hésitèrent à quitter la Salle, mais la vue des enfants inconscients les retint. Elles ne doutèrent pas qu'elles seraient rapidement informées.

OoOoOoOoOoO

Godric déboula dans le couloir de l'infirmerie tel un éruptif enragé. Sa magie expulsa les portes, les faisant claquer contre les murs. Il entra dans le domaine de Poppy Pomfresh et s'arrêta brusquement face au spectacle qu'il découvrait.

Devant lui s'étendaient des lits dont les occupants étaient recouverts de draps blancs.

Salazar et Merlin entrèrent à sa suite et eurent eux-aussi un temps d'arrêt.

Avec réluctance, les trois hommes s'approchèrent des lits et tirèrent le premier drap pour identifier le mort. Le visage d'Argus Rusard leur apparut, figé dans une grimace de douleur intense. Lovée contre son torse, Miss Teigne reposait, immobile.

Peu à peu, les trois hommes identifièrent chacune des victimes, accrochant sur chaque tête de lit le nom de la personne. Sur les vingt-un corps allongés, dix-neuf étaient des élèves. Le dernier était celui du professeur Sinistra.

Mais Harry et Draco n'étaient pas parmi eux.

- Où sont-ils ? s'exclama Godric, faisant sursauter Merlin et Salazar. Les elfes ont dit avoir récupéré tout le monde, alors où sont-ils ?

- Retournons voir dans la Salle peut-être que …

- Non, interrompit Merlin. Ils n'y sont pas.

- Mais … voulut reprendre Salazar.

- Les elfes ont ramené toutes les personnes qu'ils ont pu trouver !

- Et Harry alors ! s'énerva Godric. Et Draco ?

- Ils n'étaient pas … accessibles.

- Que …

- Ils sont dans la Géode.

- La … la Géode, bégaya Gryffondor. Mais alors comment va-t-on pouvoir les récupérer ?

- Peut-être que nous pouvons y entrer ? supputa Serpentard peu convaincu cependant.

Tous trois avaient encore en mémoire le jour où Harry avait découvert la Géode et fait débuter ainsi la construction de l'école. Godric et Salazar se remémoraient de la frustration qu'ils avaient ressentie devant leur incapacité à suivre le jeune garçon à l'époque. Et jamais par la suite, ils n'avaient pu accéder au cœur de Poudlard.

- Cela vaut la peine d'y aller pour vérifier, répondit Merlin avec une note d'espoir.

Aussitôt, les trois hommes quittèrent l'infirmerie en direction des fondations de l'école. Ils s'enfoncèrent profondément dans les cachots, suivant le chemin emprunté un peu plus tôt par les deux Sentinelles. Après de longues minutes, ils atteignirent enfin un cul-de-sac. La pression était suffisante pour leur confirmer que la cristallisation de la Magie se cachait effectivement derrière le mur qui leur faisait face, mais malgré tous leurs efforts, ils ne purent percevoir la moindre ouverture.

Merlin fit appel à toute sa puissance dans l'espoir d'obtenir une résonance dans l'entité magique qu'était Poudlard. Il sentait ses forces décliner et était près d'abandonner quand il ressentit une faible pulsation. Il se focalisa sur elle, se concentra pour tenter de l'identifier. Mais son affaiblissement le rattrapa et il chancela, perdant le contact.

- Grand-Père ! s'écrièrent Salazar et Godric en voyant le mage tituber.

- Ce … ce n'est rien ! J'ai … trop… juste de la fatigue.

- Tu es sûr ? s'inquiéta Serpentard, sortant une fiole de potion de sa poche.

- Oui, oui … je voulais être certain de ce que je percevais et j'ai un peu trop forcé, répondit le mage en acceptant le remontant.

- Ils sont là ? Tu les as sentis ? s'impatienta son deuxième petit-fils.

- Je crois …

- Tu … crois ?

- Je … Il est impossible d'entrer dans la Géode ou même de déterminer ce qu'elle peut contenir. Mais je suis presque certain d'avoir ressenti les présences de Draco et Harry.

- Mais …, souligna Salazar qui déchiffrait l'inquiétude sur le visage du vieil homme.

- C'était faible. Trop faible, répondit Merlin avec affliction.

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Jeudi 20 Mars 1997 – Manoir Malefoy, Wiltshire – 14h

Lucius était installé à son bureau, s'occupant des affaires familiales quand une sensation désagréable lui parcourut le corps. Une brûlure au niveau de son avant-bras le fit grimacer, tandis que la marque des Ténèbres pulsait dangereusement. Serrant les dents, il tenta d'en faire abstraction, mais la douleur s'intensifia et se propagea à tout son corps.

Se forçant à respirer calmement, il essaya d'analyser le phénomène. Quelque chose semblait essayer de tirer sa magie hors de son corps. Il la sentait se débattre, résister à l'attraction. Dans un effort, il releva ses boucliers d'occlumencie et se focalisa sur la protection de son noyau magique.

En se plongeant dans son esprit, il constata que son cœur magique était soumis à une pression intense. Alors que son monde intérieur représentait habituellement un large verger traversé d'un cours d'eau tranquille, les arbres étaient battus par un vent violent et le ruisseau avait pris l'aspect tumultueux d'un torrent. Des éclairs frappaient le sol sur un rythme de plus en plus rapide, soulevant terres et eau. Mais au lieu de retomber, poussières, roches, végétaux et gouttes s'élevaient, cherchant à s'évaporer dans le ciel.

Dans le même temps, un étrange tourbillon siphonnait le sol, laissant la place à un cratère béant en plein milieu du verger.

Devant ce spectacle apocalyptique, Lucius hésita un court instant. Quelque part, quelque chose cherchait à voler sa magie. A défaut d'une autre idée pour se protéger, il lança un bouclier dans le cœur de son esprit. Celui-ci prit forme sous l'aspect d'une sphère translucide sur laquelle vint s'agglutiner ce qui lui était arraché tandis que les éclairs continuaient à s'écraser sur sa surface.

Il ne put cependant rien faire pour le siphon qui aspirait le sol.

L'effort était titanesque, son moi virtuel était haletant et ruisselant de sueur. Le temps s'étira à l'infini avant que tout s'arrête. Les différents débris retombèrent au sol, ne laissant à la vue de Lucius qu'un paysage ravagé. Il lui faudrait du temps pour reconstruire son univers personnel.

Dans la pièce du Manoir, le lord de la maison Malefoy s'effondra sur son bureau.

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Confortablement assis dans un fauteuil de la Bibliothèque, Narcissa et Remus lisaient.

La sorcière blonde vérifiait certains détails protocolaires dans le cadre d'un dîner qui devrait se tenir dans quelques jours au Manoir. Il était hors de question de risquer un faux-pas à cause d'une simple négligence.

Remus quant à lui poursuivait ses études sur l'histoire des loups-garou et autres créatures hybrides.

Un même frisson de malaise les parcourut, chacun cherchant instinctivement autour de lui ce qui avait pu le provoquer.

Narcissa sentait son pouls et sa respiration s'accélérer, un fourmillement courant sous sa peau. A l'instar de son époux, elle se plongea dans son esprit et trouva refuge dans son jardin intérieur. Comme Lucius, elle le découvrit ravagé par des éclairs et eut alors la même réaction de protection. Concentrée sur sa tâche, elle n'eut pas conscience de la réaction de Remus avant de sombrer elle aussi dans l'inconscience.

Le parrain de Harry sentit le danger apparaître et grandir. Tous ses sens aux aguets, il ne put pourtant pas en déterminer l'origine. Conscient que Narcissa subissait elle aussi une attaque, il devina sans trop de peine qu'elle utilisait l'occlumencie pour tenter de se protéger du phénomène inexpliqué.

Malgré ses efforts, il n'avait jamais vraiment réussi à maîtriser les bases de cette technique. Les années passant, il avait estimé que son côté sauvage ne pouvait se complaire avec le calme nécessaire à cette magie. Il tenta malgré tout de faire appel à la méditation pour contrer le malaise grandissant qui l'affligeait. Respirant profondément, il se concentra, essaya de calmer son rythme cardiaque bien trop rapide. Sans résultats probants.

Soudain, il sentit les prémisses de la transformation. Ses os craquèrent de manière sinistre, ses ongles s'allongèrent pour former des griffes. Il remarqua que son visage commençait à s'étire pour laisser place au museau canin. Ses yeux, devenus ambrés et sauvages, se posèrent sur la sorcière tandis qu'un léger filet de bave glissait sur son menton.

Dans un dernier sursaut de lucidité humaine, Remus s'élança à travers la fenêtre, brisant les carreaux, pour s'enfuir au fond du parc, cherchant la protection de la forêt toute proche.

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Jeudi 20 Mars 1997 – Ministère de la Magie, bureau de Fudge – 14h

Le bureau du Ministre la Magie était calme. Parfaitement isolé des bruits et éléments perturbateurs qui assaillaient parfois sa secrétaire, il était l'endroit parfait pour réfléchir et travailler, si ce n'est à l'occasion profiter d'une petite sieste.

Ce matin-là, à onze heures exactement, Fudge s'était installé devant sa table de travail, étudiant de loin les piles de dossier qui l'attendaient. Il savourait une bonne tasse de thé et réfléchissait intensément à l'organisation de son week-end.

Il ne se le cachait pas, il adorait son poste bien que la situation ait beaucoup changé depuis quelques mois. L'avantage selon lui était qu'il pouvait déléguer une grande partie du travail aux chefs de service, lui-même se contentant ensuite de ratifier les décisions à prendre. Le retour éphémère de Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-Nom l'avait beaucoup inquiété, même s'il ne l'avait pas cru, mais la suite des événements avait prouvé que ce n'était au final qu'une mascarade. Bien sûr, il s'était retrouvé nez à nez avec lui dans l'Atrium, mais étonnamment depuis, plus personne n'entendait parler de lui. Il en venait à penser qu'il ne s'agissait que d'une simple mise en scène destinée à le discréditer.

Son prestige avait même pris un peu d'ampleur, surtout depuis la déchéance de Dumbledore. Il regrettait que ce dernier soit mort avant de faire face aux conséquences de ses actes. Il le maudissait d'ailleurs, persuadé qu'il était à l'origine de la mascarade de Poudlard.

En grinçant des dents, il se rappela l'humiliation qu'il avait essuyée quand il avait voulu déloger les imposteurs de la vénérable institution. Comme aurait-il pu être suffisamment crédule pour croire que les Fondateurs et Merlin en personne puissent avoir traversé le Temps ?

Heureusement, la situation de l'école semblait parfaitement stable. Les échos reçus des élèves faisaient les louanges du nouveau programme de cours et les appréhensions des parents s'allégeaient peu à peu.

Pour autant, il rageait de voir tout ce petit monde échapper à son contrôle. Même s'il ne partageait pas les mêmes buts qu'Albus, au final, ce dernier s'était arrangé pour que, depuis sa nomination au poste de directeur, les différentes promotions ne puissent jamais développer leur plein potentiel.

Depuis deux mois maintenant, il tentait de reprendre le contrôle de Poudlard, mais en vain.

Perdu dans ses pensées et ses plans, il ne se rendit pas compte du temps qui s'écoulait. Une crispation de l'estomac lui rappela que le temps de manger était venu. Jetant un œil sur l'horloge, il constata qu'il était près de quatorze heures. Il attrapait sa baguette pour appeler son assistante – tiens il pourrait peut-être lui demander quelque chose de plus satisfaisant qu'un sandwich – quand une douleur fulgurante le traversa.

Avec un hoquet, il tourna la tête en tous sens, à la recherche de son agresseur, mais il était seul. Il ouvrit la bouche pour appeler à l'aide, mais une nouvelle vague de souffrance le fit s'arquer contre le dossier de son fauteuil. Lâchant sa baguette, il agrippa le bord de son bureau des deux mains, le corps tendu à l'extrême.

Sa respiration s'accéléra, son rythme cardiaque également. Ses membres se tétanisèrent sous la souffrance, la sueur ruissela dans son dos. Des points noirs apparurent devant ses yeux tandis qu'il cherchait désespérément de l'oxygène.

Son agonie dura de longues minutes avant qu'il ne s'écroule sur le plateau de bois.

Un silence mortel s'installa.

OoOoOoOoOoO

A quatorze heures trente, Chastity entra dans le bureau de Cornelius, inquiète que celui-ci n'ait pas encore fait appel à ses services. Il ne se passait jamais une journée sans qu'elle ne profite d'un moment privilégié avec le Ministre.

Elle était arrivée au Ministère sur le coup de neuf heures, même si elle savait que le Ministre ne pointerait pas le bout de son nez tout de suite. Elle avait alors passé le temps en déambulant dans les couloirs, minaudant devant chaque homme qu'elle croisait.

Enfin, la chance lui avait souri et « son » Langue de plomb l'avait croisée et emmenée. Depuis plusieurs semaines, elle le retrouvait au hasard de leurs rencontres. Elle ignorait totalement son identité et ce n'en était que plus jouissif, son amant ne manquant pas d'inventivité. Dès leur première séance, il lui avait dévoilé une salle très particulière cachée au plus profond du Ministère. Et depuis, chaque entrevue qui s'y déroulait lui faisait atteindre des sommets de jouissance.

Ce matin-là n'avait pas dérogé aux habitudes. Ce n'est qu'en constatant l'heure avancée qu'ils avaient tous deux repris leurs esprits et décidé de rejoindre leurs postes. Elle profita du réseau de cheminette interne pour accéder à l'antichambre du bureau du Premier Ministre.

Rien sur sa table de travail n'indiquait que Cornelius ait eu besoin d'elle durant la matinée.

Elle passa la porte d'une démarche chaloupée, dégrafant son corsage pour exposer la naissance de sa poitrine, souriant d'un air aguicheur. Elle ouvrit la bouche, des mots crus sur le bord des lèvres – Corny adorait l'entendre s'exprimer comme une fille de l'Allée des Embrumes – quand elle remarqua l'homme affalé sur son bureau.

Elle s'approcha lentement, persuadée qu'il était endormi et bien déterminée à le réveiller de la meilleure des façons en se glissant sous la table. Elle tomba à genoux et voulut se faufiler dans l'espace étroit, mais dans le mouvement repoussa légèrement le fauteuil.

Et l'homme tomba au sol, révélant à la jeune femme ses yeux grand ouverts sur le vide, emplis de douleur.

Chastity se recula vivement, rampant sur ses mains et ses fesses, et contempla un long moment Fudge avant de comprendre. Elle se mit alors à hurler à plein poumons, sans résultat. La porte de bureau s'était refermée et les isolaient efficacement de l'extérieur.

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Jeudi 20 Mars 1997 – Château de Serpentard – 14h30

Le vieux Château surplombait une forêt d'apparence sinistre. Les quelques paysans qui devaient la traverser le faisaient toujours en prenant de multiples précautions. Les rumeurs les plus folles couraient dans les villages environnants. La plus répandue ne datait pourtant que de quelques mois et concernait principalement le vieux Château.

Tandis que celui-ci avait été laissé à l'abandon depuis bien plus longtemps que les habitants ne pouvaient s'en souvenir, et ce malgré sa position dominante et présentant de nombreux atouts, des signes de vie et d'occupation avaient été relevés durant l'année précédente. Des personnes inconnues avaient transité sur les chemins, d'autres étaient subitement apparus, comme venus de nulle part. Des lumières illuminaient les fenêtres de certaines pièces. Et des créatures issues des légendes peuplaient à nouveau les alentours.

Le signe le plus évident consistait cependant en des cris déchirant la nuit, de plus en plus réguliers. Des hommes hurlaient de douleur, suppliaient et imploraient pour de la pitié et de la clémence. Et un horrible rire sardonique écorchait parfois les ténèbres, réussissant même à effrayer les animaux résidant dans la forêt environnante.

Ce jour-là était cependant différent des autres. D'étranges bruits résonnaient mais ceux-ci tenaient plus de la folie. Et le soleil était encore bien haut dans le ciel.

Un homme était étendu sur le lit, dans une chambre poussiéreuse du château. Alors qu'il avait l'habitude de vitupérer contre le manque d'implication des elfes de maison, oubliant chaque fois que ces derniers étaient morts depuis longtemps, il se contentait à cet instant de contempler le ciel de lit en lambeaux. Il était apparu au centre de la pièce quelques instants plus tôt et avait titubé vers la couche, comme un homme ivre ou en proie à des substances étranges. Il s'était écroulé de tout son long, le nez dans l'oreiller poussiéreux avant de péniblement se retourner pour s'étendre sur le dos, les membres étalés de toute part.

Les yeux écarquillés, il laissait échapper des éclats de rire stridents suivis de gémissements sourds. Il tremblait avec violence, ses muscles paraissaient soumis à un courant électrique. Sa peau se tendait avant de se craqueler puis de se reformer. Peu à peu, le corps changeait et les traits du visage se remodelant laissaient transparaître un être plus jeune.

Une demi-heure s'écoula avant que Tom ne se relève enfin, avec quelques difficultés. Il s'agrippa au montant du lit et vacilla vers le vieux miroir en étain. Il contempla un long moment son nouveau reflet. Ou pour être plus exact, son ancien reflet.

Avec un sourire plus que satisfait, Tom se défit de sa robe noire et observa avec une grande minutie la silhouette élancée et athlétique qui se reflétait. La chevelure brune et souple continua à pousser jusqu'à atteindre les épaules. D'une main fine et élancée, il les lissa doucement, profitant de leur douceur.

Un léger éclat rouge attira son attention vers le visage aristocratique qui le toisait. Avec une certaine satisfaction, il constata que ses yeux avaient conservé un reflet pourpre. Cette couleur était pour lui la preuve de sa maîtrise de la magie noire, de sa puissance.

Le rituel d'Ostara avait pleinement rempli son office. Il sentait une énergie incroyable serpenter dans ses veines. De petits arcs électriques parcouraient encore sa peau dans un chatouillis assez agréable et ébouriffaient ses cheveux.

Ses pensées se tournèrent alors vers son vieux complice et amant. Il imagina sa réaction devant son physique retrouvé, rêvant des ébats qu'ils pourraient partager et de la satisfaction qu'ils en retireraient. Une réaction mécanique des plus satisfaisantes lui prouva que son corps était plus que réactif. Il descendit lentement sa main le long de son torse avant d'enrouler les doigts autour de la hampe dressée. Il entama un mouvement de va-et-vient, accompagné d'un balancement des hanches. Un gémissement de bien-être franchit ses lèvres et le nom d'Albus fleurissait à sa suite quand Tom en prit conscience. Il sortit alors brutalement de sa rêverie.

Son amant était mort dans des circonstances encore inexpliquées et ce simple souvenir suffit à le plonger dans une rage noire. Son esprit se focalisa en un instant sur les raisons qui l'avaient amené à détourner les fondements du rituel d'Ostara et sur sa vengeance.

Il refusait de croire que les Fondateurs et Merlin puissent être de retour, comme le prétendaient les journaux, et qu'ils avaient repris le contrôle de Poudlard. Il avait cru un court moment qu'il pouvait s'agir d'une manipulation d'Albus, mais sa mort l'avait démentie. Il ne pouvait donc s'agir que de mystificateurs opportunistes. Il fulmina un long moment contre la stupidité des sorciers.

Tout le monde savait que Serpentard ne serait jamais revenu à l'école sans en expulser avec violence les élèves qu'il n'en jugeait pas dignes.

Ce constat l'énerva un peu plus. Il fallait qu'il fasse quelque chose. Il remit vivement sa robe de sorcier et sortit de la chambre, hurlant après ses mangemorts, les sommant de le retrouver dans la salle de bal. Il arpenta les couloirs d'un pas rageur, criant et aboyant des ordres, sans même se rendre compte que personne ne répondait.

La grande salle, vétuste, poussiéreuse et délabrée, était vide. Seuls des cadavres de petits animaux jonchaient le sol. Rats, souris, hiboux ou pigeons se comptaient par dizaine. Dans un nouveau cri de rage, Tom s'assit sur son trône, éructant des noms. Il chercha autour de lui, mais personne ne se présenta. Il saisit alors sa baguette et lança un Hominum Revelio, persuadé que les lâches se cachaient simplement. Et effectivement, le sortilège lui révéla la présence d'un homme dans les étages inférieurs. Sa fureur redoubla et le propulsa dans les couloirs. Sa baguette rougissait déjà d'un sort bien connu.

Sous l'impulsion de sa magie, les portes se fracassaient contre les murs, provoquant des chutes de poussière, de plâtres et de pierres. Il arriva enfin dans les cuisines et découvrit tous les mangemorts présent dans le Château. Mais ils étaient a priori tous morts. Leurs corps jonchaient le sol sale, recroquevillés dans des positions indiquant clairement les souffrances qu'ils avaient endurées. Le sorcier qu'il avait détecté un peu plus tôt était appuyé contre un meuble, la respiration hachée, du sang coulant des oreilles, du nez et de la bouche, les yeux rougis par l'éclatement des capillaires. Son regard halluciné par la douleur se posa sur le Seigneur des Ténèbres, empli de questions et ne reconnaissant pas celui qu'il avait pourtant choisi comme Maître. Un dernier souffle passant les lèvres ensanglantées avec que le voile de la mort ne recouvre ses pupilles.

Tom contempla un long moment les cadavres de ses esclaves. Il analysa les rictus qui déformaient les visages, observa les membres tordus aux muscles tétanisés. Il lança plusieurs sortilèges pour tenter de déterminer les causes des décès.

Et sa magie tout juste renouvelée explosa avec violence, soufflant tout sur son passage, corps, vaisselle, meubles et même les murs. Un grondement sinistre retentit lorsque les fondations elles-mêmes protestèrent sous la force de l'explosion, tandis que les plafonds se fissuraient. Lentement, l'aile du château s'effondra dans un fracas épouvantable et souleva un nuage de gravats et poussières qui recouvrit une bonne partie de la forêt.

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Jeudi 20 Mars 1997 - Saint-Mangouste 15h15

Soranus Dingle jeta un regard fatigué sur la salle de soins. Chaque lit était occupé et ce qu'il l'inquiétait le plus, c'était qu'une grande partie l'était par du personnel soignant. Lui-même n'aurait pas craché sur l'idée de s'étendre un long moment et de laisser la suite des opérations à quelqu'un d'autre.

Avec un soupir de résignation, il massa ses tempes douloureuses et se concentra pour essayer de déterminer le fil des événements.

Une heure et demie plus tôt, tandis qu'il remplissait la paperasse habituelle dans son bureau, il avait été pris d'un malaise. Tout son corps s'était tendu sous la pression d'une angoisse indescriptible. Sa respiration s'était faite saccadée, son rythme cardiaque s'était emballé et il avait failli succomber à une violente nausée. La douleur avait ensuite tétanisé tout son être. Son agonie lui avait semblé durer des heures. Il avait senti toute son énergie s'envoler. Il avait eu l'impression que quelque chose cherchait à lui arracher son être profond, sa magie.

Puis, aussi soudainement que le phénomène s'était déclenché, tout s'était arrêté.

Il lui fallut de longues minutes pour parvenir à rétablir sa respiration et ses muscles avaient continué à trembler comme s'ils avaient fourni un effort titanesque. Sa tête pulsait au rythme de ses battements de cœur encore trop rapides. Il engloutit rapidement une potion analgésique avant de se décider à sortir de son bureau pour consulter un confrère sur ses symptômes.

En ouvrant la porte, il fit la terrible constatation que plusieurs personnes semblaient avoir elles aussi endurer le même trouble. Certaines paraissaient d'ailleurs bien plus atteintes.

Il s'élança vers Myrtle Sweetings, étendue au sol, à quelques mètres de son bureau. En se penchant vers sa consoeur, il constata à regret qu'il ne pouvait plus rien faire. D'un geste de baguette, il fit apparaître un drap pour l'en recouvrir.

Plus loin dans le couloir, deux autres médicomages se remettaient maladroitement sur pied. Comme lui, ils semblaient avoir quelques difficultés respiratoires et s'il en croyait leurs grimaces, le moindre mouvement s'apparentait à une torture.

Pas à pas, il se dirigea vers l'accueil de l'hôpital, proposant son aide ou recouvrant des corps. Quand il atteignit le hall, il se rendit compte que plusieurs guérisseurs et autres personnels soignants avaient eu la même idée que lui. Il échangea quelques mots avec certains d'entre eux, mais le constat fut le même pour tous.

Il semblait que l'hôpital ait été victime d'un attentat, ayant vidé ses occupants de toute leur énergie et de ce fait provoqué la mort des plus faibles. Leur première idée fut que Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom avait trouvé une nouvelle forme d'attaque.

Soranos s'apprêtait à contacter le bureau des Aurors quand les cheminées se mirent à déverser des dizaines de sorciers et sorcières affolés, seuls ou traînant avec eux des amis, proches ou parents inconscients, si ce n'est morts. Le personnel déjà affaibli se précipita pourtant à leur aide.

Quelques instants plus tard, des pops retentirent sur l'aire de transplanage. Le même spectacle se présenta mais certaines apparitions furent dramatiques. De nombreuses désartibulations furent enregistrées. Certaines ne portaient pas trop à conséquence, comme un doigt manquant, un bout d'oreille ou un morceau de muscle. D'autres furent par contre dramatiques.

Un jeune sorcier se matérialisa avant de s'effondrer sur place. Le médicomage crut dans un premier temps que c'était dû à un déficit de magie – comme c'était le cas pour la plupart des patients arrivant – avant de constater une tache de sang qui s'étendait rapidement. L'homme avait perdu ses parties intimes durant son déplacement. Le guérisseur, peu empathique et adepte de l'humour noir, avait lamentablement émis l'espoir que le sorcier avait déjà eu une progéniture. Soranus avait noté dans un coin de sa tête qu'il faudrait rappeler à l'indélicat la retenue et le tact liés à son poste.

Un cas encore plus horrible fut à enregistrer quelques instants plus tard. Une jeune femme apparut dans la zone de transplanage … sans sa tête.

Plus d'une heure s'était écoulée depuis les premiers signes de la crise et enfin le flot de patients se tarissait. Dingle avait pu constater que, si les victimes provenaient de toutes les régions de l'Angleterre, elles étaient surtout originaires de lieux précis, connus pour être des points de concentration magique, à l'instar du Chemin de Traverse ou de Pré-au-Lard.

Même le Ministère, pourtant réputé pour ses barrières de protection, avait été touché. Les médicomages de garde à l'infirmerie avaient vécu la même situation qui s'était déroulée au cœur de l'hôpital.

Dingle n'avait par contre reçu aucun écho de Poudlard et espérait que les fortes barrières de protection avaient pu remplir leur office.

Un autre point qui l'avait intrigué était le nombre de patients qui arboraient la tristement célèbre Marque des Ténèbres. Mais pour ces sorciers-là, il n'y avait plus rien à faire. Les elfes du couple Parkinson et de Théodore Nott avaient appelé à l'aide quand eux-mêmes avaient repris conscience, mais il était trop tard. Les trois étaient décédés de ce qu'il avait diagnostiqué comme un épuisement magique total.

Il ne s'agissait donc pas d'un simple attentat, mais bien d'une forme d'attaque qui avait affecté l'ensemble du monde magique. Il se demanda un court instant si seuls les sorciers étaient concernés, mais il repoussa rapidement l'idée pour se concentrer sur la suite des opérations.

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Jeudi 20 Mars 1997 – Ministère de la Magie, bureau des Aurors – 18h

Scrimgeour était sur les dents. Quatre heure après le phénomène étrange qui avait frappé le Ministère, il avait eu largement le temps de constater que personne n'en était ressorti indemne. Il souffrait encore d'un horrible mal de tête et ses muscles lui rappelaient les premiers temps de son entrainement d'Auror. Il économisait ses mouvements et pestait silencieusement face à l'incompétence dont faisaient preuve la plupart des hommes l'entourant.

Il avait tenté plusieurs fois de joindre Fudge, sans réponse. Il savait bien qu'il aurait ûse renseigner bien plus tôt. Il s'agissait tout de même du Ministre de la Magie, mais l'homme pouvait se révéler un tel incapable dans les cas de crise qu'il avait préféré aider où il pouvait et débuter une enquête sur les événements qui s'étaient produits.

A force de chercher des informations et de les recouper, il avait fini par établir que peu avant quatorze heures, l'ensemble des personnes présentes dans le bâtiment avait subi une attaque. Tous, lui compris, avaient ressenti les mêmes symptômes – troubles respiratoires, accélération du rythme cardiaque, tétanie des muscles, nausées et sueurs froides – mais à des degrés divers – sans compter l'impressions que quelque chose tentait de leur arracher leur magie.

Il estimait qu'il s'en sortait relativement bien, si ce n'est une faiblesse générale. Il avait eu du mal à lancer quelques sortilèges simples. Pour d'autres, l'issue avait été fatale.

Les médicomages de garde, après s'être remis à coup de potions analgésique et énergisante, étaient intervenus. Peu à peu, les visiteurs et employés avaient été priés de rentrer chez eux et de se reposer. Grâce à Merlin, le calme était finalement revenu.

Étrangement, les Langues de Plomb avaient échappé au phénomène. L'alerte donnée, ils avaient émergé du Département des Mystères, indemnes et sans aucune idée de ce qui avait pu se produire. La seule hypothèse qu'ils avaient pu émettre était celle que leurs locaux avaient bénéficié d'une protection renforcée, probablement à cause des multiples artefacts qu'il recelait et des barrières qui les entouraient.

Rufus avait réussi à joindre Saint-Mangouste pour apprendre que l'hôpital avait vécu la même situation. De nombreux appels et hiboux lui avaient fait comprendre que la totalité du pays avait été touché.

Maintenant qu'il pouvait enfin réfléchir posément, il décida d'aller faire son rapport à Fudge. Celui-ci était resté aux abonnés absents, laissant aux autres le soin de gérer la situation catastrophique.

C'est au pas de charge qu'il traversa les couloirs, ouvrant à la volée la porte de l'antichambre. Constatant l'absence de Chastity, il grogna, supposant avoir trouvé la réponse au manque d'implication de Cornelius.

Il poussa la porte du bureau et entra sans prendre de gants. Le nom du Ministre était au bord de ses lèvres quand il remarqua l'absence de ce dernier dans son fauteuil. Il allait faire demi-tour quand un léger bruit le retint. Cherchant autour de lui, il discerna une silhouette recroquevillée contre le mur, presque cachée par le battant de bois. Il reconnut Chastity, manifestement en état de choc, le regard fixé vers le bureau ministériel.

Hésitant un bref instant sur la conduite à tenir, il décida de vérifier ce que semblait traumatiser la jeune femme. Il s'avança vers le bureau. Se décalant un peu sur le côté, il aperçut une main dépasser au pied du meuble. D'un bond, il fut près du Ministre. Il ne put que constater son décès.

Un de plus sur une liste qui ne cessait de s'allonger.

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Jeudi 20 Mars 1997 – Salle sur Demande, Poudlard – 21h

Merlin, Viviane et les Fondateurs étaient installés à une petite table, partageant une tasse de thé et quelques sandwiches. Ils avaient passé de longues heures à soigner élèves et professeurs suite à l'étrange phénomène qui avait secoué Poudlard plus tôt dans la journée.

La plupart des professeurs avaient repris conscience dans le courant de l'après-midi, Severus se réveillant le dernier peu avant dix-huit heures. Il avait expliqué avoir ressenti une double attaque, l'une directement sur son noyau magique, ce qui l'avait incité à remonter ses barrières d'occlumencie, l'autre par le biais de sa Marque des Ténèbres, qui lui avait donné l'impression d'être siphonné par celle-ci.

Seule une dizaine d'élèves étaient encore inconscients, mais ils ne devraient pas tarder à se réveiller. Leurs constantes étaient bonnes et leurs niveaux de magie étaient presque de retour à la normale.

Après l'auscultation de tous les patients, le diagnostic avait été unanime. L'attaque avait visé le noyau magique de tous, le vidant de son essence. Les morts qui étaient à déplorer s'expliquaient par la faiblesse intrinsèque de leur magie. Rusard était un cracmol reconnu, Aurora Sinistra, professeur d'Astronomie, était une sorcière de puissance moyenne. Les élèves décédés étaient eux aussi parmi les plus faibles magiquement parlant, tels Rose Zeller, Orla Quirke, Cormac McLaggen ou Emma Dobbs.

La disparition de trois d'entre eux soulevait cependant d'autres questions. Crabbe et Goyle, même s'ils avaient une réputation de grosse brute, disposaient d'un bon niveau de magie. Ils n'auraient donc normalement pas dû succomber. Mais tous deux arboraient la Marque des Ténèbres. C'était également le cas de Graham Pritchard. En les mettant en parallèle avec la situation de Severus, il devenait probable que Tom Jedusor avait trouvé une méthode pour s'approprier la magie de ses suivants par le biais de sa Marque.

L'autre attaque devait probablement prendre sa source dans un rituel que le Seigneur des Ténèbres avait dénaturé. Si la date pouvait être un indice, les recherches devaient se diriger vers les différents rites impliquant un renouvellement de la magie. Mais en le détournant complètement de sa nature première. La question qui se posait désormais était de savoir quelles seraient les conséquences de cet outrage et si cela avait touché d'autres lieux que Poudlard. Personne n'avait encore pris le temps de contacter l'extérieur pour prendre des nouvelles.

Dans le silence ambiant, seulement brisé par les respirations des dormeurs et le froissement des draps, les six visiteurs discutaient et comparaient les visions annoncées de Rowena et des Gallicènes avec ce qui s'était produit.

- Nous connaissons tous le danger d'intervenir sur le cours de l'Histoire, déclara Merlin avec lassitude. La seule explication possible est qu'un élément a amplifié l'attaque que nous avons anticipée.

- Comment ? La vision s'est déroulée exactement comme nous l'avions déjà vue, la seule différence est son amplitude. Je n'avais pas vu de morts, ni cette vague rouge qui a traversé Poudlard, chuchota Rowena. Il ne devait pas y avoir de mort, pas tout de suite.

Godric enlaça sa femme pour tenter de la réconforter tandis que Salazar tendait son mouchoir à Helga, dont les larmes débordaient sur ses joues. Les deux hommes étaient tout aussi affectés que leurs épouses, mais ils tentaient de rester stoïques, de même que Viviane et Merlin.

- Je l'ignore, répondit Merlin avec défaitisme, sous les soupirs des autres.

- Et Draco et Harry ? intervint Godric, sur un ton mordant d'impuissance.

- Toujours dans la Géode. Je n'arrive pas à les atteindre.

- Mais … ils sont toujours vivants, n'est-ce-pas ? hoqueta Poufsouffle.

- Oui, oui ! assura le vieux mage.

- Ce n'est pas normal ! claqua Serpentard. Ils ont un potentiel très élevé, ils étaient au cœur même de la cristallisation magique de Poudlard ! Ils devraient déjà être revenus !

Rowena et Helga gémirent tandis que Viviane lançait un regard noir au potionniste. A quoi pouvait bien servir de retourner le couteau dans la plaie ? Ils étaient tous conscients de ce fait et ils ne pouvaient rien faire, sinon attendre.

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Profondément enfouie sous les fondations de Poudlard, la Géode semblait reprendre vie. Peu à peu, les cristaux qui la composaient reprenaient de l'éclat, leurs feux intérieurs recouvraient de la brillance. Sous l'aura des joyaux qui l'entouraient, la Pierre Philosophale se mit à luire d'une douce lueur rouge qui s'étendit lentement.

Sous l'augmentation de la puissance, Poudlard se mit à rayonner, irradiant sa force autour d'elle, tout en la concentrant en son point central. La douce lueur se focalisa sur les deux corps étendus au sol, leur rendant l'énergie qu'elle avait dû puiser pour protéger son domaine.

Harry et Draco gémirent, en proie à une souffrance lancinante avant qu'une vague de bien-être ne les recouvre, comme une douce et chaude couverture qu'un parent attentionné aurait posée sur eux. Ils sombrèrent dans un doux sommeil réparateur, leurs mains se liant inconsciemment.

TBC...