Voici le dernier bonus de cette fic. Pas de blabla inutile. Bonne lecture !
Bonus 5 : Montesquieu et Parkinson
« Nous en demandons trop, gémit Hermione. Ils n'accepteront jamais.
— Ce discours est parfait Granger, la rassura Pansy. Nous allons tout déchirer. Cette séance du Magemagot sera hi-sto-rique.
— Tu veux dire que notre humiliation sera historique.
— Tu es tellement défaitiste Grangy. Tu me fais confiance ?
— Absolument pas. »
Ce fut sur ces belles paroles que Pansy Parkinson et Hermione Granger entrèrent côte à côte dans l'antique salle du conseil du Magenmagot.
Les deux jeunes filles en eurent le souffle coupé. Aucune des deux n'avait eu le privilège d'y entrer jusqu'à ce jour. Cette salle avait clairement été pensée pour le prestige.
La salle semblait inspirée des amphithéâtres romains. L'éclairage magique et la qualité des sièges augmentaient en descendant les gradins. Le pouvoir était explicitement en bas, au plus près de l'estrade circulaire.
Pansy réalisa pourquoi son père parlait systématiquement de l'arène pour désigner cette fameuse salle. Les gradins de marbre en donnait pleinement l'apparence. Mais Perseus Parkinson l'avait mise en garde, bien plus que la ressemblance, c'était avant tout une arène politique. Les alliances étaient révélées et trahies, les décisions, proposées, appliquées ou rejetées. Les carrières y étaient accélérées et enterrées. Ce qui se passait ici résonnait dans toute l'Angleterre magique. Même l'atmosphère avait un profond parfum de pouvoir.
Les gradins étaient divisés en trois parties : le corps judiciaire, le corps des représentants et le corps des Lords.
Le corps judiciaire se composait essentiellement des membres actifs du département de la justice magique. Les juges portaient la voix de l'objectivité. Les procureurs garantissaient l'exactitude des informations et les huissiers garantissaient le bon fonctionnement du Magenmagot. Tous les technocrates importants étaient présents. Les greffiers et le personnel administratif judiciaire siégeaient également dans les hauteurs.
Le corps des représentants était le plus hétéroclite des trois. Les grandes institutions magiques avaient leur sièges. L'hôpital Ste-Mangouste était présent à chaque séance. Le conseil d'administration de Poudlard était représenté. Deux sièges permanent étaient réservés au directeur de l'école de sorcellerie, ainsi qu'à son adjoint. Les postes et les services stratégiques se devaient d'être entendus. Ainsi le ministre de la Magie, la coopération internationale et même le bureau des aurors possédaient leurs sièges – Pansy n'avait écouté que d'une oreille la tirade indignée d'Hermione sur l'absence de séparation des pouvoirs, certainement une autre lubie moldue – et bien sûr, il y avait les membres élus pour trois ans par les rassemblements de sorciers. En principe, ces élus assuraient la représentation du peuple. Merlin merci, leur pouvoir était limité, songea Pansy. Pré-au-Lard avait ses élus, ainsi que Timworth, Godric's Hollow et les Londoniens. Le reste fonctionnait par régions.
Le corps de Lords était probablement celui qui intéressait le plus Pansy. C'était aussi celui dont l'organisation était la plus impitoyable et la plus stricte. Chaque grande dynastie possédait son siège héréditaire, parfois même une loge. Les familles venaient défendre corps et âmes leurs positions politiques, financières et commerciales. Les places étaient régulièrement réattribuées. La position dépendait de la puissance, de la réputation, de la pureté et bien entendu de la fortune de chaque famille. Au premier rang trônaient fièrement les derniers représentants des vingt-huit Sacrés. Pansy salua respectueusement son père qui s'affichait au premier rang mais elle entreprit de rejoindre les sièges de la maison Potter, situés au troisième rang. En passant, elle salua Theodore devenu Lord depuis le décès de son père à Azkaban, Drago dont le père avait abdiqué en sa faveur et Neville qui siégeait depuis que la douairière Londubat estimait son petit-fils assez mature. Pansy salua sèchement de loin Percy Weasley au cinquième rang. Les Weasley était la seule famille des vingt-huit à ne pas disposer d'un siège au premier rang à cause de leur historique désintérêt pour la politique.
Il n'était pas rare qu'une famille en difficulté soit contrainte de remonter d'un ou de plusieurs rangs. Au contraire, le siège vacant des Potter avait gagné six rangs en vingt-cinq ans. Un cas sans précédent de tous points de vue. La Serpentard abandonna Hermione qui dut se diriger d'un pas morne vers les gradins supérieurs en direction des loges des invités. Ces derniers étaient généralement hantés par les journalistes et par les sorciers un peu curieux de découvrir le fonctionnement anarchique du Magenmagot.
Pansy s'installa confortablement sur le siège qu'Harry aurait dû occuper. Immédiatement, ses nouveaux voisins se penchèrent pour savoir si le grand Harry Potter leur ferait l'honneur de sa présence. La jeune fille expliqua que le Survivant préférait enquêter pour protéger ses concitoyens plutôt que discuter sans fin dans l'arène. « Harry n'est pas un diplomate. Demandez à Voldemort ce qu'il en dit. » expliqua Pansy aux fans déçus. Se rabattant sur la jeune fille, les voisins lui posèrent un tas de questions sur les rumeurs qui courraient sur le Survivant. « Saviez-vous qu'il aurait une liaison avec Drago Malefoy ? » Sérieusement qui pourrait inventer des histoires pareilles, songea Pansy en ricanant. Même Sorcière Hebdo n'y avait pas pensé. Pansy s'amusa dans un premier temps à démentir les idioties de ses voisins mais finit par jeter l'éponge en entendant « Notre brave Harry n'avait nulle part où aller. Il a dû s'installer chez Sirius Black alors qu'il a trahi ses parents. Ce doit être glauque. » Pansy finit par remettre plus ou moins gentiment à leur place ses charmants voisins puis se mit à observer l'arène en espérant que la séance commencerait bientôt.
Une vingtaine de minutes plus tard, le Président du Magenmagot sembla se réveiller et décida de d'ouvrir la cession. Il se leva et mit cinq minutes à obtenir le silence.
« Sorcières, sorciers, Lords et Ladies. Je vous souhaite la bienvenue pour cette assemblée plénière de Samain. Merci à tous d'être venus. Nous aborderons le renouvellement de plusieurs lois temporaires, un certain nombre de lois à réviser et beaucoup de propositions de textes. Je déclare cette séance ouverte. »
Le séance se déroula lentement, très lentement, une éternité si on se fiait à Pansy, une petite heure d'après son gousset. La jeune fille n'avait pas vraiment d'interlocuteur avec qui passer le temps puisque Theodore, son ami le plus proche, se trouvait deux rangs plus bas.
Elle dut se résigner à regarder et dans une moindre mesure à écouter des sorciers présenter des lois affreusement barbantes. Leur charisme laissait supposer que Binns semblait – hélas ! – avoir eu une descendance très prolifique avant de mourir. Même les questions et les compléments d'informations demandés par l'Assemblée ne parvenaient pas à rendre intéressantes les propositions.
Pansy manqua de s'endormir plusieurs fois. Elle ne garda les yeux ouverts que grâce aux coups de coude bien intentionnés de ses compatissants voisins.
Elle étouffait un énième bâillement lorsqu'elle entendit enfin le Président du Magemagot appeler la maison Potter pour défendre son projet de loi.
Pansy se recomposa un sourire de façade, lissa quelques plis de sa robe et se leva pour descendre au cœur de l'arène. Elle prit le temps de descendre avec la grâce, la majesté et la dignité d'une parfaite petite Sang-Pure.
« Monsieur le Président Sorcier. Lord Potter s'excuse de ne pouvoir être présent.
— Pour la onzième fois consécutive, commenta le sorcier agacé.
— Il est très occupé. Je ferai donc la proposition de loi pour la maison Potter. J'ai ici le sceau des Potter et une attestation signée par le sang qui m'autorise à le représenter. »
Le président Sorcier examina les deux documents d'un œil critique mais finit par opiner. Le mage rendit le sceau et l'autorisation à Pansy avant de s'adresser à l'assemblée.
« Harry Potter, Lord de la maison Potter, sera représenté par sa fiancée Pansy Parkinson de la maison Parkinson pour son projet de loi. Celui-ci concerne une réforme du statut des elfes de maison. »
Pansy posa ses notes sur le pupitre de marbre avec une assurance parfaitement feinte. Un coup d'œil lui permit de se souvenirs des principales étapes de son discours. La jeune fille prit une grande inspiration et se lança solennellement.
« C'est vraiment cool de me donner la parole pour parler d'un sujet pareil, monsieur le président. Est-ce que je dois vraiment faire les salutations barbantes habituelles ? » commença-t-elle.
L'air scandalisé du président sorcier valait son pesant en Gallions. Les réactions de l'assemblée furent variables. La plupart étaient interloqués, plusieurs étaient amusés. Quelques airs choqués, bien entendu. Mais le brouhaha qui servait de fond sonore disparut immédiatement. Tout le monde guettait la réaction du vieux mage traditionaliste et Pansy avait enfin l'attention du Magenmagot en entier.
« Miss Parkinson, gronda-t-il, représenter la maison du Survivant ne vous autorise pas à manquer de respect à cette noble assemblée. Vous suivrez donc scrupuleusement le fonctionnement de cette institution. »
Même d'en bas, Pansy pouvait déjà voir Hermione fulminer et les plumes des journalistes noircirent des rouleaux de parchemins entiers.
« C'est noté, monsieur le président » lança-t-elle avec un clin d'œil provocateur.
Le mage allait la reprendre mais Pansy le devança.
« Nobles Maisons, monsieur le Président Sorcier, monsieur le Ministre, madame la Directrice de la Justice magique, sorcières et sorciers. C'est un grand honneur pour moi d'exposer aujourd'hui le projet de loi de la maison Potter auprès de cette vénérable assemblée. »
Pansy croisa le regard du Président Sorcier. Celui-ci était encore méfiant, l'introduction était minimaliste en comparaison de la plupart des discours mais il n'y avait rien à redire.
« Depuis sa création au Vème siècle, le Magenmagot s'est toujours fait un devoir de réfléchir à l'amélioration de la société magique afin de la rendre plus juste, plus solide et de la faire perdurer pour des siècles. La maison Potter souhaite aujourd'hui attirer l'attention de cette vénérable assemblée sur les elfes de maison. »
L'Assemblée n'ignorait pas que le Survivant avait déjà pris parti pour la réintégration des jeunes mangemorts. Voilà qu'il abordait la question des elfes. Qu'est-ce qui viendrait ensuite ? Pourquoi pas les loups-garous pendant qu'on y était !
« Vous n'ignorez pas que les elfes de maison ont commencé à servir les sorciers pendant l'Antiquité. Ces frêles créatures étaient alors incapables de s'organiser par elles-mêmes et de survivre. Fort heureusement les sorciers ayant besoin de serviteurs leur ont accordé un droit d'asile, le gîte et le couvert, en échange d'une dévotion à vie pour eux-mêmes et leurs descendants. »
Si de nombreux sorciers approuvèrent ses paroles, d'autres devenaient de plus en plus méfiants.
« Pendant l'Antiquité, les conditions de vie était fort dangereuses. Les Moldus n'étaient pas aussi intolérants qu'à l'heure actuelle mais comme chacun le sait, la pression des créatures magiques en tout genre était préoccupante. L'alliance des sorciers et des elfes était donc parfaite. Les sorciers sont parvenus au terme de plusieurs siècles de combats héroïque à modifier l'équilibre naturel. Les populations de créatures dangereuses ont reculé. En parallèle, les Moldus ont pris de l'assurance et sont devenus plus agressifs, ce qui força les communautés magiques à se retrancher derrière le code international du secret magique en 1689. Dès lors, les conflits se sont surtout limités aux guerres gobelines et aux mages noirs. »
Pansy savait que la recontextualisation était correcte, légèrement flatteuse mais elle avait déjà perdu une partie de l'auditoire. Elle arrivait maintenant à l'instant crucial et ne pouvait se permettre de s'en inquiéter.
« Le lien de subordination elfique était indiscutablement un échange juste. La servilité contre la protection. D'abord contre la férocité des créatures magiques, puis celle de ces odieux Moldus. Il apparaît toutefois qu'aujourd'hui cet échange est déséquilibré. Les elfes aujourd'hui meurent essentiellement de vieillesse et trop régulièrement sous les coups de leurs maîtres. »
Des exclamations de protestation commencèrent à fleurir dans le Magenmagot. Certains niaient catégoriquement les violences, d'autres expliquaient qu'elles étaient nécessaires pour motiver ces paresseuses créatures, et bien sûr que c'était un droit inaliénable et naturel de chaque sorcier.
« Il est vrai, reprit Pansy. Que la durée de vie des elfes en habitation sorcière est significativement augmenté. En effet, il a été constaté que les elfes se nourrissent en partie de la magie ambiante des demeures sorcières. Il suffit pour cela de constater la mortalité effarante des elfes libérés par leur maîtres. Ceci à l'air de compenser avantageusement les décès sous les coups des elfes tire-au-flanc. »
Les protestations se calmèrent un temps. Il y eut même quelques discrets applaudissements.
« Du sorcier ou de l'elfe, il est évident que c'est le premier qui est le plus intelligent, qui a le plus de pouvoir, de compassion et d'esprit de justice. Employer des serviteurs elfiques est bien entendu un droit mais aussi un devoir. Le devoir de les traiter correctement, dans le respect et sans aucune violence. Le sorcier moyen possède un elfe, parfois deux. Le sorcier moyen est bienveillant et juste. C'est ainsi qu'il doit traiter ses serviteurs. »
Un silence funèbre accueillit les paroles pourtant flatteuses de Pansy. Le Magenmagot attendait visiblement avec impatience la proposition de loi qui accompagnait ce texte larmoyant.
« L'attitude des sorciers à l'égard des elfes n'a plus de sens et nous allons devoir en changer. J'ai l'honneur de proposer la loi Winky qui s'articulera en trois axes.
Toute violence à l'égard des elfes sera proscrite, qu'elle soit infligée ou auto-administrée.
Le temps de travail journalier ne saurait excéder dix heures et deux jours de repos mensuels devront être respectés.
Le travail elfique sera dédommagé par un salaire selon une grille à établir par l'administration judiciaire.
Le manquement à ces règles entraînera la confiscation et le replacement des elfes concernés, les autorisera à fuir pour demander protection et sera assorti de sanctions financières.
Je remercie le Magenmagot pour son attention et espère qu'il votera massivement en faveur du projet de loi Winky. »
Un silence mortuaire accompagna la fin du discours de Pansy. La foule était exorbitée par les demandes de la maison Potter.
« La maison Potter a parlé ! » s'exclama le président Sorcier en regardant de travers la petite Serpentard.
Des protestations se mirent à gronder dans l'Assemblée, puis un brouhaha s'empara de la salle et ce fut un tonnerre de récriminations, de reproches, de cris et d'insultes qui envahit l'arène du Magenmagot.
Le tapage était tellement important que le président Sorcier passa une vingtaine de minutes à s'égosiller pour retrouver un peu de calme. Non sans jeter un regard furieux à Pansy, il parvint à prendre la parole.
« Il est de coutume de laisser quinze minutes après la proposition de loi pour en débattre avec vos alliés et vos vassaux. Étant donné les réactions, je vais encore vous en laisser encore cinq avant de procéder au vote.
— Pas si vite, monsieur le Président, intervint Pansy avec un sourire machiavélique.
— Que se passe-t-il ? grogna le vieux mage irrité.
— Comme l'autorise une obscure loi du XIIème siècle, un haut fonctionnaire ou une maison noble peut faire une contreproposition lorsqu'une loi semble intéressante mais mal formulée ou mal intentionnée. »
Les yeux du président Sorcier se rétrécirent menaçants et le silence se fit en attendant sa réaction.
« La maison Parkinson demande à faire une contre-proposition de loi, lança Pansy très fière d'elle-même.
— C'est au Lord de cette maison de prendre une telle décision, objecta la Directrice de la Justice magique.
— C'est exact. Quelle est la décision de notre maison Père ?
— La très noble et très ancienne maison Parkinson, honorable membre des vingt-huit Sacrés, demande effectivement à faire une contreproposition, répliqua solennellement Perseus Parkinson. Et en tant que Lord Parkinson, je demande à me faire représenter par ma fille Pansy. Fais ta contreproposition ma fille » dit-il fièrement.
Pansy revint avec fierté vers le pupitre, prête à discourir à nouveau, sous le regard éberlué et terriblement méfiant du Magenmagot.
« La récente victoire contre le Seigneur de Ténèbres a eu des implications politiques larges, commença Pansy calmement. La victoire des progressistes, défenseurs des Nés-Moldus a occasionné un recul du traditionalisme notamment dans l'arène politique. Les revendications des partis conservateurs sont-elles pour autant moins légitimes ? En aucun cas. Mais il semble évident que les conservateurs hésitent désormais à prendre la parole en public pour assumer et défendre leur idées. En tant que représentante de la très noble et très ancienne maison Parkinson je puis vous assurer que je suis une farouche conservatrice et que je m'oppose pleinement à proposition de loi ahurissante et révolutionnaire de la maison Potter. »
Pansy marqua un silence pour laisser au Magenmagot le temps de digérer ses paroles. Nombre des maisons pures s'étaient redressées à ses paroles et l'écoutaient avec approbation. Toutefois Pansy distinguait nettement Hermione en haut de l'arène qui se retenait difficilement de lui envoyer une myriade de maléfices.
« Qu'il ne soit pas dit que nous refusons d'aider les elfes mais il faut rappeler quelques évidences. L'esclavage est a priori une notion choquante mais tout à fait naturelle. Nous n'en avons pour preuve que cette pratique a toujours existé, et ce, dans toutes les sociétés terrestres. Même chez les Moldus, c'est dire ! »
Pansy se tut un instant pour laisser le Magenmagot ricaner.
« La question de savoir pourquoi les elfes se sont placés sous la protection des sorciers à l'époque est très intéressante, mais, à la rigueur, importe peu. La question est de savoir si les elfes pourraient reprendre leur indépendance à l'heure actuelle sans risques. C'est là où la proposition de la maison Potter est idéaliste, pour ne pas dire naïve. La libération d'un elfe est un grave choc émotionnel et magique. Nombre de ces elfes libérés ne peuvent le supporter. Leur espérance de vie chute drastiquement. La maison Potter nous parlait de responsabilité. Je suis d'accord. Il est très dommage, voire carrément irresponsable, en temps que sorcier de libérer une créature qui ne saurait prendre soin d'elle-même. C'est un devoir de les conserver à nos côtés. »
Un tonnerre d'applaudissements accompagna sa déclaration. Pansy fit une révérence avant de reprendre.
« Il convient de prendre en compte les éléments suivants.
La criminalité chez les elfes libérés incite à la prudence. Sept cas de vol à l'étalage ont été listé sur les douze derniers siècles, ce qui est absolument énorme !
Par ailleurs le salariat elfique rendrait inaccessible l'emploi d'un elfe à bon nombre de familles, ce qui serait dommageable pour les ménages. Il faudrait compenser en soumettant d'autres créatures alors que nous avons déjà les elfes sous la main.
Vous conviendrez que leurs silhouettes graciles et hideuses font qu'il est presque impossible de les plaindre.
Mère Magia aurait certainement mis plus d'intelligence et moins de soumission, peut-être même une âme dans le corps de ces pauvres créatures si elle les voulait autonomes.
Une preuve que les elfes n'ont pas de sens communs , c'est qu'ils font plus de cas d'un collier de verre que des Gallions, qui, chez des nations policées, est d'une si grande conséquence.
Il est impossible que nous supposions que ces elfes soient des créatures aussi intelligentes parce que, si nous les supposions intelligents, on commencerait à croire que nous nous sommes trompés pendant près de 25 siècles. Ce qui n'est heureusement pas le cas.
Toutefois il y a un élément très intéressant qui est ressorti dans l'argumentaire sentimental de la maison Potter et de ses alliés » poursuivit Pansy.
La jeune fille s'interrompit pour reprendre son souffle et envoyer un salut ironique à une Hermione mortifiée.
« Une étude très intéressante a été menée par un magizoologue au XIXème siècle sur le lien entre la qualité de vie des elfes et leur longévité. Celui-ci a évalué la qualité de vie en estimant le nombre moyen de coups porté à l'elfe pendant une semaine et l'a comparé à l'âge de son décès. L'échantillon qui avait pris était assez vaste pour être représentatif selon des calculs très savants.
L'auteur de l'étude a différencié les coups portés en fonction du type d'objet, ainsi que la violence infligée ou auto-infligée. Un elfe vit en moyenne 49 ans lorsqu'il s'inflige ses propres punitions, 53 ans lorsque son maître a l'obligeance de s'en charger et 76 ans lorsqu'il est correctement traité.
La qualité de service est également meilleure d'après l'appréciation des maîtres lorsqu'il n'y a pas ou peu de violence.
Il semble donc dans l'intérêt des sorciers de limiter les violences à l'égard des elfes. »
Pansy marqua un dernier temps pour dévisager le Magenmagot. Les regards graves et intéressés lui montrèrent qu'elle avait plus de chance que pour son premier discours. La méfiance restait pourtant dans les regards.
« La maison Parkinson propose la loi Dobby ! À la fois, dans l'intérêt des elfes et surtout des maîtres, il convient d'interdire les violences sur les elfes. Il est préconisé d'effectuer des contrôles aléatoires de présence de potions et onguents médicaux sur les elfes. En cas d'infraction, il y aurait des sanctions financières et en cas de récidive une confiscation des elfes.
— La maison Parkinson a parlé, conclut le Président Sorcier avec impatience.
— Montrons à la maison Potter que cette vénérable assemblée peut prendre des décisions juste sans pour autant assassiner ses opposants ! (NdA : RIP Voldy ^^ ) s'exclama Pansy en s'attirant un tonnerre d'applaudissements.
— Comme le veut la procédure, nous voterons dans dix minutes pour ou contre la proposition de loi Winky de la maison Potter et ensuite pour ou contre la contre-proposition Dobby de la maison Parkinson » déclara le président-Sorcier agacé.
Très satisfaite, Pansy retourna s'asseoir sur le siège réservé à la maison Potter. En bonne future Lady Potter, elle vota pour la proposition Potter et contre la proposition Parkinson.
Sans surprise la première proposition fut massivement rejetée. Même l'aura du Survivant n'était pas suffisante pour faire passer la potion. En revanche, la proposition Parkinson fut adoptée avec une courte majorité. Il est vrai que la plupart des familles prenait soin de leurs elfes, le double-discours avait réussi à récupérer suffisamment de votes pour faire la différence.
Trois heures plus tard, quand toutes les propositions furent examinées, Pansy put enfin rejoindre ses amis. Granger déboula comme un ouragan sur la Serpentard.
« Je te déteste Parkinson ! gronda Hermione furieuse.
— Mais c'est exactement ce que tu voulais, non ? ricana Pansy.
— Tu as manipulé le Magenmagot et tu t'es attribuée le passage de cette loi ! rétorqua la Gryffondor écœurée.
— Ma chère Grangy, le Magenmagot n'aurait jamais accepté ta proposition autrement qu'en réaction à une proposition démesurée, expliqua la Serpentard. Mais il est vrai qu'une loi progressiste passée par la maison Parkinson fait du bien à ma famille. »
Pour éviter qu'Hermione et Pansy ne fasse une scène, Drago traîna Pansy vers la sortie et Theodore s'éloigna avec Hermione.
« Je suis humiliée, s'indigna Hermione auprès de son Theodore.
— Non c'est la maison Potter qui s'est rendue ridicule, rectifia le jeune Nott.
— Pourtant ça va bientôt être la sienne, s'exclama Hermione outrée.
— Harry est le Survivant. Si tu crois que ça entacher sa réputation, nuança Theo. Elle a obtenu exactement ce que tu voulais à la base.
— Ce n'est pas suffisant !
— C'est un bon début, vas-y par étape. En plus, ta loi ne serait jamais passée sans le premier discours.
— Elle a surtout redoré le blason des Parkinson, se révolta Hermione.
— Externalité positive, lança Theo avec un grand sourire. Mais si tu veux mon avis, il n'y a rien de pire que de commencer une carrière par une loi rejetée et ridiculisée.
— Tu ne veux quand même pas que je la remercie, s'exclama Hermione scandalisée.
— Elle n'en attend pas tant. »
Voilà ! Qu'en pensez-vous ? Deux discours contradictoires prononcés par la même personne ! Céti pas génial ? :D
C'est une vraie technique de négociation. Pour obtenir quelque chose, exigez un truc impossible et démesuré puis rabattez vous sur ce vous vouliez à la base x)
Certains d'entre vous ont peut-être reconnu les arguments pour et contre l'esclavage utilisé dans les deux discours. Les arguments pour l'esclavage ont été résumé par Robert Higgs pour bien montrer à quel point ils sont fragiles. Et j'ai aussi repris et adapté les arguments pseudo en faveur de l'esclavage signé Montesquieu.
Il est vrai qu'il existe aujourd'hui une controverse sur Montesquieu et d'autres philosophes des Lumières. Apparemment il n'y aurait pas de preuves réelles que nos braves philosophes ne n'étaient pas racistes. Car c'est bien connu, l'absence de preuve est la preuve de l'absence, n'est-ce pas ? ;-) La controverse vient surtout des chercheurs étrangers à vrai dire. Triste de se dire comment les universités étrangères analysent notre littérature. Enfin bon, l'ironie servait aussi à se protéger à l'époque. Dans le pire des cas, nos braves philosophes avaient des préjugés mais refusaient l'esclavage. C'était déjà pas mal pour l'époque, non ? Et dans le meilleur des cas, ils étaient effectivement des pionniers. Mais je m'égare.
Ceci est donc le dernier bonus de cette fic. Ça fait bizarre de s'arrêter mais il faut passer à autre chose. J'espère que ces chapitres vous aurons plu. Merci d'avoir lu jusqu'ici. Nous nous recroiserons peut-être au détour d'une autre fic ou sur mon recueil de nouvelle originale. Qui sait ? ;-)
A la prochaine !