Disclaimer : Rien à moi, tout à Kishimoto Masashi.

Rating : T

Résumé : Kakashi est un homme d'affaires richissime qui dirige son propre groupe d'une main de fer mais il a un secret. Il adore une série de livres romanesques et son plus grand rêve est d'en rencontrer l'auteur qui reste anonyme du grand public. En participant à une vente aux enchères caritatives, Kakashi remporte un dîner avec lui et découvre enfin sa véritable identité.

Notes : Il s'agit du premier chapitre d'un recueil de OS basé uniquement sur les univers alternatifs et focalisé sur le couple formé par Kakashi et Iruka. Trop courts et pas assez développés pour devenir des fictions à chapitres (surtout par manque d'idées) j'ai donc décidé de les rassembler ici, plutôt que de les laisser dormir plus longtemps sur le disque dur de mon ordinateur. Chaque histoire sera indépendante, il n'y aura aucun lien entre elles, si ce n'est Kakashi et Iruka comme personnages centraux.

Un grand merci à ma bêta Mayura-8 pour ses conseils et ses encouragements. Les commentaires constructifs sont toujours les bienvenus. Bonne lecture.

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L' ENCHÈRE

"Si j'étais vous, je signerai cette clause de confidentialité."

Kakashi tourna la tête vers le nouveau venu. Était-ce un autre assistant juridique de la maison d'édition ? Il n'en avait pourtant pas l'air avec ses cheveux longs et son costume sans cravate. Son apparence décontractée, étudiée pour paraître un rien négligée, contrastait avec la tenue stricte des avocats qu'il avait rencontré jusqu'à maintenant.

"Mon éditrice serait capable de vous mettre sur la paille si vous ne respectiez pas les termes de cet accord," poursuivis le jeune homme en caressant de son index, la cicatrice qui lui ornait les joues et le nez.

Kakashi cligna des yeux à l'expression "mon éditrice", réalisant soudainement que la personne devant lui, pourrait être celle dont il brûlait de faire la connaissance depuis des années.

Était-ce lui Soga, l'auteur internationalement connu sous ce mystérieux nom de plume ? Celui que personne dans le monde littéraire, en dehors de l'éditrice Senju Tsunade, n'avait jamais rencontré ?

L'homme d'affaires détailla le nouveau venu avec une fascination qu'il avait du mal à dissimuler. Durant ses longues nuits sans sommeil, il avait imaginé à quoi pouvait ressembler l'écrivain, se demandant s'il s'agissait d'un homme ou d'une femme mais s'accordant toujours à penser que ça n'avait que peu d'importance au final. Cependant, il n'aurait jamais pensé qu'il pourrait s'agir d'une personne aussi jeune. La maturité qui se dégageait de ces écrits lui avait plutôt suggéré qu'il s'agissait d'une personne possédant une certaine expérience de la vie que seul l'âge pouvait conférer.

Visiblement, il s'était trompé. Maintenant qu'il faisait face à Soga, Kakashi était loin d'être déçu par ce qu'il voyait, bien au contraire, il n'en était que plus impressionné par cet homme qui semblait plus jeune que lui d'à peine quelques années.

L'objet de son attention se racla alors la gorge, un peu gêné par le silence et le regard insistant de son interlocuteur.

"C'est bien avec vous que je dois dîner ?" Ajouta celui-ci pour combler l'absence de réponse de l'homme d'affaires.

Kakashi sortit de sa transe et lui tendit la main.

"J'en ai bien peur," répondit-il avec un sourire malicieux. "Je suis Hatake Kakashi, votre invité de ce soir."

L'écrivain semblait soulagé par cette confirmation, il serra fermement la main tendue et répliqua sur un ton légèrement taquin, sans doute pour dissimuler sa propre nervosité.

"Enchanté de vous rencontrer, Kakashi, je suis Umino Iruka. Ne vous en faites pas, ça va bien se passer."

Kakashi aimait déjà son humour.

"Vous me le promettez ?"

Le sourire d'Iruka s'agrandit.

"Je vous le promets."

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La maison d'édition avait fait privatiser l'étage du restaurant dans lequel le rendez-vous entre Kakashi et Iruka avait été pris. Les deux hommes étaient installés à la plus petite table de l'immense salle entièrement vide.

"Est-ce que je peux vous poser une question Kakashi ?" Demanda Iruka tandis que l'homme d'affaires lui remplissait son verre de vin comme s'il avait été un véritable sommelier.

Kakashi avait congédié celui du restaurant, dès que ce dernier eut présenté la bouteille accompagnant le plat de résistance. L'homme d'affaires l'avait remercié en lui expliquant qu'il pourrait se débrouiller à faire le service lui-même.

"Je vous en pris, faites donc," lui répondit-il.

"Où avez-vous appris à servir le vin comme un professionnel ?"

Kakashi eut un sourire énigmatique, puis d'un geste souple du poignet il redressa la bouteille qu'il tenait d'une seule main par le culot. L'ultime goutte de vin restée sur le rebord du goulot redescendit dans la bouteille lorsqu'il la redéposa dans son sceau.

"Quand j'ai racheté mon premier restaurant," expliqua-t-il en se rasseyant en face d'Iruka. "J'ai passé un mois entier à suivre les équipes et à apprendre les rudiments de chaque corps de métiers. Je pense que pour être un bon entrepreneur et gestionnaire, quelque soit le secteur d'activité, il faut connaître le travail de ses employés."

Iruka le dévisagea avec une certaine curiosité ou, tout du moins, dans la perception de Kakashi, il n'essayait même plus de la cacher. Au cours des deux dernières heures, l'écrivain s'était montré intrigué, comme Kakashi l'était à son égard. L'homme d'affaires ne pouvait que s'en féliciter.

"Ce qui amène à vous poser une autre question," poursuivit Iruka.

"Je vous écoute," l'invita Kakashi.

"Est-ce que cela vous arrive souvent de faire ça ?"

"Quoi dont ? Servir moi-même le vin à table ?"

"Non, je veux dire, est-ce que ça vous arrive souvent de participer à une vente aux enchères et de débourser quatre millions de dollars pour dîner avec un parfait inconnu ?"

Kakashi prit le temps de choisir ses mots avant de lui répondre.

"En réalité, non. D'habitude, je ne participe pas aux ventes aux enchères; cependant (il s'assura qu'Iruka le regardait bien dans les yeux) je n'ai pas hésité quand j'ai su que c'était vous qui étiez l'enchère, parce que je rêvais depuis longtemps de vous rencontrer."

Iruka écarquilla les yeux de surprise et d'incrédulité, tandis que ses joues s'empourprèrent sous l'effet combiné de l'embarras et de l'alcool.

"Êtes-vous... un fan ?" Souffla le romancier comme s'il ne croyait pas qu'une telle éventualité puisse être possible.

Kakashi acquiesça.

"Vous m'avez démasqué," dit-il en tentant de cacher la rougeur naissante sur ses joues derrière son verre de vin.

L'écrivain semblait à la fois perplexe et exalté par cette confidence.

"Je dois vous avouer, Kakashi, que je suis étonné. Lorsqu'on m'a annoncé que vous aviez remporté l'enchère, j'ai aussitôt pensé que vous étiez l'un de ces milliardaires excentriques, complètement déconnecté de la réalité, qui ne cherchait qu'à défiscaliser quelques millions de ses impôts."

Ouch. Kakashi fit de son mieux pour rester imperturbable devant la sincérité désarmante de l'écrivain.

"J'espère que vous n'êtes pas trop déçu," tenta-t-il d'ironiser pour cacher le fait qu'il se sentait un peu vexé.

"C'est juste que je ne m'attendais pas à rencontrer un fan. Je suis très heureux que se soit vous. J'avais un peu peur de tomber sur un rustre qui n'aurait cessé de me parler de sa fortune."

"Ça peut encore se faire," intervint ironiquement Kakashi.

Iruka éclata de rire.

"Mon Dieu ! Non ! J'apprécie tellement cette soirée, ne vous avisez pas de la gâcher."

L'homme d'affaires se mit à sourire. La bonne humeur et la sincérité de l'auteur étaient contagieuses.

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Les deux hommes s'étaient installés sur la terrasse pour admirer la ville. Le dîner était terminé depuis longtemps et Iruka aurait dû repartir à la fin de celui-ci mais Kakashi avait insisté pour qu'il reste encore un peu avec lui. L'écrivain avait accepté immédiatement, comme s'il avait espéré pendant toute la soirée qu'on le lui demande.

"Comment êtes-vous devenu romancier ?" Questionna Kakashi après avoir longuement hésité à le faire.

Après tout, il avait été démasqué comme étant le fan numéro un d'Iruka. Il se devait d'assumer ce statut jusqu'au bout.

"Par hasard," répondit le jeune homme après un moment de réflexion. "À l'époque, je révisais mes partiels mais je n'arrivais pas à me concentrer parce que je me posais trop de questions sur mon avenir." Il eut un sourire doux, un peu comme s'il regrettait cette époque. "Vous savez, ce genre de questions existentielles qu'on se pose tous à un moment donné dans la vie." Il haussa des épaules et poursuivit. "Bref, j'ai commencé à écrire mon premier roman à ce moment là, au lieu de réviser. Je l'ai bouclé en seulement quelques semaines. Je me souviens d'avoir déposé une copie du manuscrit, à la maison d'édition, juste avant d'aller passer mes examens. Je pensais que je n'avais rien à perdre de tenter ma chance mais à aucun moment je n'ai pensé rencontrer le succès."

Kakashi possédait un original de la première édition de ce roman qui avait été tiré en cent exemplaires à l'époque. Le livre, en lui-même, n'avait pas été un succès en terme de vente mais il avait permi de faire connaitre son auteur et de faire de lui la révélation littéraire de l'année.

Par la suite, chacun de ses romans devint un véritable phénomène d'engouement collectif que le public s'arrachait à chaque nouvelle parution et que Kakashi s'empressait d'ajouter à sa collection. Les nuits d'insomnie de l'homme d'affaires n'étaient plus synonymes de travail pour tromper sa solitude, puisque les personnages d'Iruka l'entraînaient dans leurs aventures épiques à travers le monde et parfois au-delà. Kakashi était tombé amoureux de cette plume et des histoires extraordinaires qu'elle décrivait avec une imagination débordante. Il se dégageait de ces écrits une certaine poésie qui le touchait et lui rappelait qu'il possédait encore un cœur capable de s'émouvoir.

L'homme d'affaires avait plus d'une fois décroché son téléphone et fait jouer ses contacts pour découvrir qui se cachait sous le pseudonyme de Soga, l'auteur mystérieux qui aiguisait sa curiosité. Malheureusement pour lui, chaque fois, il se heurtait au mur infranchissable que représentait Senju Tsunade. La femme à la tête d'une des plus prestigieuses maison d'édition du pays, n'hésitait pas à l'affronter en lui assénant avec un sourire narquois.

"Alors Hatake, ça fait quoi de se retrouver de l'autre côté du bureau, hein ?"

Cette femme était redoutable. Il aurait bien tenté une OPA sur la maison d'édition, afin de lui arracher son plus grand secret : l'identité de Soga mais Tsunade n'avait jamais fait entrer en Bourse l'entreprise familiale fondée par son grand-père.

La famille c'est sacrée et si en plus cela permet de se prémunir des OPA sauvages, comme celles que Kakashi avait l'habitude de mener quand il voulait obtenir quelque chose, alors c'était une bonne chose.

Les seules fois où Kakashi s'était retrouvé de ce fameux autre côté du bureau, c'était celui de Tsunade. Il avait dû apprendre l'humilité pour "négocier" une rencontre avec l'auteur populaire mais cela n'avait pas suffi à faire fléchir la plantureuse directrice.

Pour Kakashi, le mystère qui entourait l'écrivain le plus rentable de cette dernière décennie, était simplement un coup de pub destiné à rapporter encore plus gros à la maison d'édition. Il n'aurait jamais pensé qu'il s'agissait, en réalité, d'une exigence de l'écrivain lui-même de vouloir rester dans l'anonymat. Jusqu'à ce qu'on vienne lui faire signer ces papiers stipulant cette fameuse clause de confidentialité.

"Pourquoi lisez-vous mes livres ?" Demanda Iruka si doucement que Kakashi crut rêver de l'avoir entendu.

"Ils me tiennent compagnie," répondit-il simplement et devant la confusion évidente de l'écrivain, il ajouta. "Je souffre d'insomnie depuis des années. Avant, je continuais de travailler durant la nuit mais, lors d'un déplacement professionnel, je suis tombé par hasard sur votre premier livre et depuis, j'ai arrêté de travailler la nuit pour pouvoir vous lire."

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La soirée s'était prolongée jusque tard dans la nuit. Iruka s'apprêtait à monter dans la voiture qui l'emmènerait à l'aéroport quand Kakashi le retint par le bras pour glisser dans sa main une carte.

"Je vous mentirai si je vous disais que je n'ai pas aimé ce dîner avec vous. Si l'envie de recommencer vous prenez, n'hésitez pas à me contacter."

Iruka regarda avec incrédulité le bout de carton niché dans le creux de sa main.

"Il n'y a pas de limite de temps," précisa Kakashi. "Vous pouvez m'appeler à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit. Si c'est vous, je répondrai toujours."

Iruka se sentit rougir. Il détourna la tête et baissa les yeux en rangeant la carte de Kakashi dans sa veste pour se donner une certaine contenance.

"Alors," reprit doucement l'écrivain. "Ce n'est pas un adieu mais un au revoir. Je vous appellerai, c'est promis."

Il lui tendit la main que Kakashi s'empressa de saisir et de serrer, heureux qu'il accepte de poursuivre ce dîner et cette conversation plus tard.

"J'en serais très heureux."

Iruka reprit sa main bien trop vite au goût de l'homme d'affaires, avant de s'engouffrer dans la voiture qui l'attendait.

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Un numéro inconnu s'afficha sur l'écran du smartphone de Kakashi pendant la réunion du conseil d'administration. L'homme d'affaires n'eut aucun scrupule à décrocher pour répondre pendant le compte-rendu d'Asuma, le directeur du département des ventes à l'étranger et accessoirement, l'un de ses meilleurs amis. Les autres administrateurs du groupe se figèrent devant la désinvolture de Kakashi. La plupart d'entre eux le considéraient comme un enfant gâté, jouissant de la chance d'être bien né et d'être doté d'une intelligence hors du commun. Ils le jalousaient autant qu'ils le craignaient et l'homme d'affaires savait tirer avantage de cette situation.

Ce n'était donc pas la première fois que Kakashi adoptait ce genre de comportement en pleine réunion. Il savait que Yamato, son assistant personnel, ne manquerait pas de lui rappeler à quel point cela était inapproprié. Il devrait alors lui expliquer qu'il n'avait pas le droit de manquer cet appel. Pas après toutes ces années à espérer qu'un tel moment se produise. C'est avec le cœur battant et l'expression grave que Kakashi répondit.

"Allô ?"

"Kakashi ?" Demanda d'une voix hésitante Iruka à l'autre bout de la ligne téléphonique.

Un sourire étira les lèvres de l'homme d'affaires. L'écrivain avait mis plus d'une semaine pour le rappeler. Pourquoi avait-il attendu si longtemps pour le faire ? Cette question l'avait autant irrité, qu'angoissé. Kakashi avait fini par croire que l'auteur avait fait des recherches à son sujet et découvert quel genre d'homme il était, c'est-à-dire un requin de la finance.

"Je suis content de vous entendre," dit-il simplement, soulagé que le jeune homme ait décidé de l'appeler.

"Moi aussi. Je ne vous dérange pas, j'espère ?" Demanda encore Iruka, avec une timidité qui ne faisait qu'attiser l'impatience de Kakashi de le revoir.

"Maa, vous ne me dérangez absolument pas," répondit ce dernier d'une voix qu'il désirait rassurante pour le romancier.

Néanmoins, depuis sa position en bout de table, il remarqua que cela n'eut pas le même effet sur les administrateurs car il pouvait voir la nervosité s'accroitre sur leurs visages. Généralement, lorsqu'il se permettait de répondre au téléphone en pleine réunion, cela signifiait une seule chose : du changement dans le groupe, comme l'achat d'une nouvelle entreprise, ou bien, l'éviction d'un actionnaire un peu trop gourmand.

Tout avait commencé par un appel comme celui-ci, en plein milieu d'une réunion du conseil d'administration, quand il avait fait jeté dehors Orochimaru. Le souvenir du départ de ce dernier restait encore très prégnant dans les mémoires et la peur que cela se reproduise aussi visiblement.

"Vous m'en voyez soulagé, je ne savais pas si..." poursuivit Iruka, ignorant que sa conversation était épiée.

"Quand peut-on se voir ?" Coupa Kakashi.

La question directe sembla déstabiliser l'écrivain qui balbutia quelque chose d'incompréhensible avant de reprendre de manière plus intelligible.

"Je suis en ville jusqu'à vendredi soir."

"Où logez-vous ?"

"À l'hôtel Continental, chambre 314."

Kakashi regarda sa montre hors de prix et fit un rapide calcul en prenant en compte le trafic routier et bien entendu la fin de la réunion qu'il ne pouvait se permettre de négliger plus longtemps.

"Je serais là dans deux heures."

Nouveaux balbutiements d'Iruka visiblement surpris par la rapidité pour obtenir ce rendez-vous. Certains visages autour de la table devinrent crayeux.

"Je... je vous attends, alors."

"Parfait. À tout à l'heure."

Il avait ajouté ses derniers mots d'un ton rugueux, plein de promesses et de sous-entendus en sachant qu'Iruka n'aurait aucun mal à en interpréter le sens. Il y eut quelques actionnaires, autour de la table, qui se renfoncèrent dans leurs fauteuils en cuir, mal à l'aise par le ton prédateur employé par l'homme d'affaires. Ce dernier avait instillé un climat de crainte parmi les membres du conseil d'administration car, pour ceux qui le connaissaient bien, ce ton était généralement réservé aux négociations, voire, à la corruption.

Kakashi raccrocha très satisfait de lui. Il balaya d'un regard scrutateur l'ensemble de la salle, étudiant le langage non verbal des actionnaires. Il en déduisit que certains d'entres eux avaient peut-être des choses à se reprocher. Il serait toujours temps d'envoyer Ibiki, le chef de la sécurité, enquêter mais pour le moment, il y avait des choses plus urgentes qui requerraient son attention.

"Excuse-moi, Asuma, de t'avoir interrompu pendant ton compte-rendu. Pourrais-tu reprendre là où tu t'es arrêté ?"

L'homme barbu ne dissimula pas son étonnement et haussa un sourcil. Pour lui qui était son ami de longue de date et qui le connaissait mieux que quiconque dans cette pièce, la seule chose que Kakashi allait corrompre c'est la pauvre créature sur laquelle il avait jeté son dévolu.

"Bien sûr," répondit-il de manière impassible, avant de reprendre la lecture du rapport des statistiques de ventes annuelles.

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Quelqu'un frappa doucement à la porte. Iruka réfréna comme il put son impatience en comptant lentement à rebours dans sa tête à partir de cinq et lorsqu'il atteignit un, il ouvrit la porte de sa chambre. Hatake Kakashi était bien là, comme il lui avait promis. Il portait l'un de ses costumes sombres, élégant et raffiné, qui le mettait si bien en valeur.

"Bonjour," fit Kakashi en s'appuyant nonchalamment contre l'huisserie de la porte, un sourire énigmatique accroché aux bord de ses lèvres.

Iruka ne put s'empêcher de se sentir rougir.

"Bonjour," répondit-il timidement.

Ils restèrent ainsi pendant un moment avant qu'Iruka ne réalise qu'il ne l'avait toujours pas fait entrer.

"Je suis désolé," dit-il enfin en se poussant sur le côté pour lui laisser le passage.

Le sourire de l'homme d'affaires s'élargit, il aimait bien ce petit côté timide de l'auteur surtout lorsqu'on savait que ses romans étaient remplis de personnages audacieux, à l'antipode de ce qu'il semblait être. Cela ne dérangeait pas Kakashi, au contraire, il aimait les paradoxes car il en était un lui-même. Il entra, laissa son regard vagabonder sur Iruka, puis il desserra légèrement le noeud de sa cravate en soie. Il n'avait plus besoin de se montrer formelle, il pouvait se détendre auprès de l'écrivain.

Iruka s'était dirigé vers le bar que comportait sa suite et proposa une boisson à son invité. Le romancier n'était pas dupe, il avait bien remarqué l'attrait qu'il suscitait chez l'autre homme et il ne savait pas vraiment quoi en penser, surtout en connaissant l'infâme réputation qui précédait celui-ci. Lorsqu'il se retourna pour lui donner son verre, Kakashi était là, tout près, la tête légèrement penchée. Leurs regards se croisèrent.

"Vous êtes un homme dangereux, Kakashi," souffla Iruka, sans ciller. Il devait bien admettre que lui aussi, et bien malgré lui, était attiré par l'homme d'affaires.

Ce dernier haussa un sourcil de curiosité en prenant le verre qui lui était tendu.

"Vraiment ? Et qu'est-ce qui vous fait dire ça ?"

"Tsunade m'a parlé de vous."

C'était vrai, son éditrice l'avait averti sur la personnalité controversée avec laquelle il avait dîné mais en réalité, ce qui rendait Kakashi dangereux aux yeux d'Iruka c'était à cause de ce qu'il éveillait en lui.

"Maa..." Fit-il déçu de s'être fait griller par la vieille. En même temps, il s'en doutait un peu, sinon Iruka n'aurait pas mis plus d'une semaine pour le rappeler. "Est-ce que je vous fais peur maintenant que vous savez l'horrible vérité à mon sujet ?" Ajouta-t-il d'une manière dramatiquement exagérée.

Iruka eut un sourire doux en réponse, on aurait dit même qu'il faisait de son mieux pour ne pas rire.

"Il m'en faut un peu plus pour m'effrayer."

Kakashi reposa le verre sur le comptoir et enfonça ses mains dans les poches de son pantalon.

"Il ne faut pas croire tout ce qu'elle a pu vous raconter à mon sujet. Il y a beaucoup de rumeurs qui sont fausses mais que les gens se plaisent à répandre."

"Y compris les quelques fois où vous avez débarqué dans son bureau et exigé de me rencontrer ?" Taquina gentiment l'écrivain.

Kakashi marqua un temps d'arrêt, tout en maudissant cette femme qui, a bien des égards, lui ressemblait beaucoup trop quand il était question de business.

"Ah !" Lâcha-t-il embarrassé en passant une main dans ses cheveux en bataille. "Ça aussi elle vous en a parlé ? J'avais espéré qu'elle ne se montre pas trop dure à mon égard mais apparemment, elle vous a dressé un portrait de moi très peu flatteur."

"Il ne faut pas la blâmer si elle est protectrice, c'est dans sa nature."

"Protectrice ? Ce n'est pas le qualificatif qui me vient à l'esprit quand je pense à elle." Selon lui, elle était pire qu'un Pitbull.

Le visage d'Iruka s'adoucit encore.

"Elle a aussi dit des choses gentilles à votre sujet mais elle m'a fait promettre de ne pas vous les révéler."

"Vraiment ?" S'étonna Kakashi.

Iruka acquiesça et Kakashi redevint aussitôt grave.

"Est-ce que je vous rebute ?"

Il y avait quelque chose dans sa voix qui fit frémir l'auteur. On aurait dit que Kakashi redoutait sa réponse.

"Je vous l'ai dit, il m'en faut plus pour m'effrayer."

Kakashi se pencha alors un peu plus, le sourire aux lèvres, se sentant soudainement audacieux. Il avait l'impression d'être l'un des personnages d'Iruka à qui rien, ni personne ne pouvait résister. Il se pencha encore, il se sentait incroyablement nerveux mais terriblement confiant. Comment une seule personne pouvait générer en lui autant de sentiments contradictoires ?

"Est-ce que je peux ?" Demanda-t-il à voix basse.

Pour toute réponse, Iruka lui donna un baiser, avant de murmurer contre ses lèvres.

"Oui, vous pouvez."