Thème : Birthday / Anniversaire

Rating : T (légères mentions de violence)

Genres : Drama, tristesse / fluff sur la fin


Comme tous les matins, le réveil d'Eijirou se mit à sonner à sept heures trente. Comme tous les matins, le rouge ouvrit difficilement les yeux, glissa une main à ses côtés pour toucher le corps réconfortant de son petit-ami. Sauf que ce matin-là, Izuku ne se trouvait pas à sa place habituelle, et le drap froid lui indiquait que le vert était levé depuis un certain temps. Ouvrant grand les yeux, Eijirou redressa son corps pour s'asseoir sur le lit, observant rapidement la pièce. La porte était entrouverte, mais aucune lumière ne filtrait à travers l'entrebâillement. Étant en octobre, le soleil n'éclairait pas avant huit heures, et Eijirou en déduit donc que son amoureux n'était pas dans le salon. Peut-être qu'il se trouvait dans la salle de bain ? Ce n'était pas le genre du plus petit de prendre une douche le matin, mais qui sait, peut-être qu'il avait eu chaud dans la nuit. Curieux, le rouge se dirigea vers la salle de bain pour se rendre compte que celle-ci était plongée dans le noir. Légèrement inquiet, il se dirigea alors vers la cuisine, allumant les luminaires au fur et à mesure de son avancée. Dans la cuisine, personne non plus, et Eijirou commença réellement à angoisser.

Izuku partait toujours au travail après lui, et s'il avait un changement d'emploi du temps, il prévenait toujours son petit-ami. Pourtant, il ne voyait aucun mot sur la table de la cuisine, et il savait très bien que le vert ne lui avait rien dit à ce propos la veille. Eijirou se mit à parcourir tout leur appartement, fouillant chaque pièce pour tenter – en vain – de le retrouver. Dans le hall d'entrée, il remarqua que la paire de chaussures habituelles du vert avait disparue, tout comme ses clés posées habituellement sur leur crochet. Ne comprenant rien, le rouge tenta d'appeler son petit-ami qui ne répondit pas à ses quatre appels. Il aurait bien aimé aller le chercher dehors, mais il ne savait absolument pas où le trouver et le standard de son agence ne décrochait pas non plus. Toujours inquiet, il espéra que son petit-ami était parti pour une urgence, appelé en pleine nuit en renfort par des héros et qu'il était encore sur les lieux de l'attaque/accident, ce qui expliquerait pourquoi il ne parvenait pas à le joindre.

Se rassurant comme il le put, le rouge se dirigea de nouveau vers la cuisine, déterminé à engloutir un bon petit déjeuner à base d'œufs au plat, de tartines et de bacon grillé. Il ouvrit le frigo avec impatience, se penchant pour attraper la boite d'œufs… qui n'existait pas. Idem pour le bacon. Fronçant les sourcils, le rouge marqua un temps d'arrêt. Il était pourtant sûr d'avoir vu les deux ingrédients dans son frigo hier soir… Peut-être qu'Izuku les avait mangé avant de partir ? C'était pourtant peu probable, puisqu'il n'y avait aucune odeur d'œufs ou de bacon grillé dans la pièce, et que celle-ci n'avait pas pu être aérée puisque les volets étaient encore fermés… Eijirou n'y comprenait plus rien. Soupirant de dépit, il attrapa la bouteille de lait ouverte, referma le frigo et se dirigea vers les placards pour y attraper une boîte de céréales et un bol. Versant les céréales puis le lait, il s'assit lourdement sur sa chaise et alluma la télévision pour se tenir au courant des infos. Peut-être que les journalistes allaient parler d'une attaque surprise de nuit et montreraient Deku ?

Les infos défilèrent, mais aucune attaque de grande ampleur n'avait nécessité l'intervention des héros. Donc, Izuku n'avait pas été appelé en renforts. Mais dans ce cas, où était-il ? Eijirou passa le reste de son repas à angoisser, son cerveau imaginant mille et une horreurs. Une fois le petit-déjeuner fini, il lava rapidement son bol et partit prendre une douche. L'eau chaude le détendit un peu, et il réussit enfin à penser à autre chose qu'à Izuku mort dans une ruelle sombre. De retour dans la cuisine, il regarda son téléphone – qu'il avait oublié sur la table – et vit un message du vert. Reprenant espoir, Eijirou l'ouvrit, mais le bref SMS ne le rassura absolument pas.

« L'agence m'a appelé plus tôt. J'ai oublié de te prévenir. On se voit ce soir. »

Rien n'allait dans ce message. Izuku n'oubliait jamais de le prévenir d'un changement ; ses messages étaient généralement beaucoup plus chaleureux, ponctués de smileys, et surtout, surtout, le vert ne manquait jamais une occasion de dire « je t'aime » à Eijirou, que ce soit en face à face ou par message.

Le rouge recommença à stresser, se demandant ce qui avait bien pu se passer, et son cerveau recommença ses scénarios macabres avec joie. Peut-être que le vert avait été kidnappé, qu'un méchant avait pris son téléphone pour « rassurer » ses proches et ainsi éviter qu'ils aillent sauver Izuku ? Ce serait logique, et cela expliquerait l'absence d'information des journalistes. Ou alors… Eijirou avait fait une connerie, mais il ne savait absolument pas laquelle. Il tenta tant bien que mal de se rappeler, mais rien à faire, il n'arrivait pas à voir ce qu'il aurait pu faire pour énerver le vert. Et puis, en regardant pour la dixième fois en deux minutes son téléphone, Eijirou lut la date du jour. 16 octobre. Et le 16 octobre, c'était le jour de son anniversaire. Il ne comprenait toujours pas la froideur du message, mais une autre idée plus joyeuse fit son chemin dans son cerveau. Peut-être qu'Izuku était sorti plus tôt pour lui préparer quelque chose. Une surprise sûrement, et peut-être qu'il était tellement occupé qu'il avait vite répondu pour ne pas l'inquiéter. De toutes les explications qu'il avait trouvées pour justifier le départ du vert, celle-ci lui semblait la plus crédible et la plus rassurante.

Un sourire sur le visage, il répondit un simple « OK » suivi d'un smiley souriant et d'un cœur comme il le faisait habituellement, avant de s'emparer de son blouson et de ses clés pour se diriger vers son travail. Dans la rue, certains passants le dévisageaient, mais il n'en tint pas compte. Il poussa la porte d'entrée du hall de l'agence en sifflotant, s'apprêtant déjà à recevoir quelques « bon anniversaire » de la part de ses collègues et amis. Mais tout ce qu'il reçut en entrant, ce fut des regards noirs et des messes basses dans sa direction, et sa bonne humeur retomba instantanément. Il savait pourtant qu'il n'avait fait aucune connerie au travail et que la plupart de ses collègues appréciaient sa bonne humeur, alors qu'est-ce qu'il se passait aujourd'hui ?

Ce fut Denki qui lui apporta la réponse, un magazine people dans les mains.

« Salut mec, le salua le blond avec un air blasé. Apparemment, ce journal a sorti un classement des héros les plus infidèles, et t'es en tête du classement.

- Quoi ? C'est quoi ces conneries ? J'ai jamais trompé Izuku, pourquoi ils publient ça, c'est quoi leurs sources ?

- Je sais bien, mais ils ont compilé toutes les photos de toi prises par les paparazzis dans l'année, et on découvre que les gens aiment bien t'embrasser quand ils sont bourrés… Ils ont même ressorti la photo de Tenya t'embrassant après un pari, tu te souviens de cette soirée ? Bon évidemment, nous on connaît la vérité, mais c'est plus racoleur de dire que t'as trompé le numéro un des supers-héros, notre idole nationale à tous, le grand et pur Deku, dont l'âme est doucement mais sûrement corrompue par Red Riot, ce vil homosexuel enchaînant les conquêtes sans aucune compassion pour son petit-ami !

- Oh, Denki, calme tes ardeurs là, on est pas au théâtre. Je suppose que de toute façon, même si j'appelle la direction qui a publié ce torchon, ma réputation est encore salie… Faut que je prévienne Izuku.

- T'inquiète, Katsuki s'est chargé de les incendier comme il faut dès huit heures du matin. Tu comprends, faut pas toucher à son pote et son Deku », fit-il en souriant malicieusement.

Tout comme les paris d'embrassades faits pendant les soirées, l'amour que portait Katsuki à Izuku n'était connu que de quelques-uns de leurs amis. Il faut dire que le cendré n'avait pas fait grand-chose pour développer une possible relation durant ses années collège et lycée et lorsqu'il avait enfin accepté ses sentiments, Izuku l'avait gentiment renvoyer balader en lui disant qu'il aimait un autre homme, en l'occurrence Eijirou qui le séduisait depuis assez longtemps. Katsuki avait plus ou moins accepté ce rejet mais avait menacé Eijirou de le tuer et de le faire souffrir comme personne n'avait jamais souffert s'il apprenait qu'il avait fait du mal à Izuku.

Évidemment, si le cendré ne croyait pas un traître mot sortant de ce magazine people, ces « révélations » entâchaient la réputation d'Izuku qui passait pour une pauvre créature trahie. Et pour le plus puissant des héros, cette image se révélait assez mauvaise. Alors Katsuki prenait les choses en main pour que ces torchons cessent de publier ces horreurs ; et lorsque certains de ces magazines spéculaient sur une possible relation d'amour à sens unique, les bureaux d'édition fermaient mystérieusement quelques temps plus tard pour cause de faillite (bien sûr, ces fermetures alimentaient la rumeur, mais les autres magazines n'étaient pas assez fou pour la relayer, de peur de fermer tout aussi mystérieusement).

Si Katsuki s'était déjà occupé de cette affaire, Eijirou savait très bien que le magazine ne serait plus vendu dès l'après-midi. Toutefois, il se devait de rassurer son petit-ami au cas où il serait tombé sur le magazine, alors il lui envoya un SMS qui n'eut jamais de réponse. Délaissant son portable, le rouge alla enfiler son costume, prêt à patrouiller avec Denki tout en se préparant mentalement à subir des critiques de la part de certains passants. Les regards noirs recommencèrent dès qu'il franchit le hall avec son ami et se poursuivirent dans la rue, accompagnés de chuchotements plus ou moins discrets. Bien sûr, il savait qu'il pouvait compter sur Denki pour lui remonter le moral, et ils croisèrent quelques fans qui lui souhaitèrent un bon anniversaire, lui assurant qu'ils ne croyaient pas un traître mot de ce que disait ce journal. Il les remercia vivement avec le sourire, appréciant leur intelligence d'esprit, signa quelques autographes puis les deux patrouilleurs reprirent leur travail.

Tout aurait pu être parfaitement calme si le karma pourri d'Eijirou n'avait pas décidé de faire à nouveau des siennes. Il se manifesta par la présence d'un groupe d'adolescents braquant une banque sur la zone de patrouille des deux amis qui durent intervenir. Le combat fut rapide, les plus jeunes maîtrisant encore mal leurs alters, et tout aurait pu être fini rapidement si l'un des alters des plus jeunes n'avait pas réagi avec celui de Denki. Dans la panique, l'un d'eux lança son alter sur le blond, cherchant à atteindre ses jets d'électricité. L'effet fut immédiat, et les éclairs jaunes redoublèrent d'intensité sous la surcharge de tension provoquée par le plus jeune. Surpris, le blond recula et un autre en profita pour lancer son alter d'eau sur les éclairs, provoquant un court-circuit qui explosa devant Denki, le projetant en arrière. Protégé par son alter, Eijirou le vit s'effondrer au sol, le crâne ensanglanté et les mains brûlées par la surcharge d'électricité que son corps n'avait pas supporté.

Empli d'une colère froide, le rouge activa son alter sur tout son corps, prêt à capturer ces imbéciles qui s'enfuyaient déjà avec leurs sacs remplis de monnaie sans aucune compassion pour le héros à terre. Il lança rapidement un appel de détresse aux ambulanciers dédiés aux héros pour qu'ils viennent s'occuper de Denki, puis il se mis à courir de toutes ses forces pour rattraper les voleurs. Malheureusement pour lui, une camionnette les attendait un peu plus loin et ils eurent le temps de monter et de démarrer en trombe avant que le héros ne les rattrape. Il envoya rapidement la plaque d'immatriculation, la description de la camionnette et des jeunes à son agence pour qu'ils retrouvent les voleurs puis il retourna rapidement auprès de son ami, tentant de faire taire l'inquiétude qui montait dans tous son corps.

De retour devant la banque dévalisée, il aperçut avec soulagement les ambulanciers s'occuper de son ami qui semblait mal en point mais encore en vie. S'approchant d'eux, il put observer la foule de passants dévisager la scène avec un mélange de curiosité malsaine et de jugements. Un policier l'accosta, lui demandant de lui faire un rapide rapport sur la situation, et il lui décrivit les jeunes et la camionnette dans laquelle ils s'étaient échappés. Le policier le remercia, retournant vaquer à ses occupations, et Eijirou s'approcha de l'ambulance où était installé son ami, de gros bandages entourant son crâne et ses mains. Il voulu lui parler, mais les discussions des passants l'interpellèrent et il se sentit soudain écrasé par le poids des jugements.

« C'est Red Riot, le héros qui corrompt Deku… »

« J'ai vu les photos dans le magazine, il devrait avoir honte de sortir dans la rue… »

« Déjà qu'il trompe son petit-ami à la vue de tous, mais en plus il est même pas fichu d'attraper trois jeunes… Ils sont beaux, nos héros ! »

« C'est clair, surtout qu'ils sont payés avec notre argent, et ils passent leur temps à se balader dans la rue pendant que nous on trime comme des malades… »

« C'est des profiteurs… »

« Stain a bien raison, il faut supprimer ces héros inutiles… À commencer par lui… »

Eijirou tenta de les ignorer, mais chacune de leurs paroles s'insinuait au plus profond de son être. Plus la journée passait, plus il regrettait vraiment de s'être levé. Sa journée d'anniversaire était vraiment pourrie et il n'avait qu'une hâte : rentrer chez lui et se glisser dans les bras d'Izuku pour oublier tous ces gens le temps d'une soirée. Il voyait bien que Denki essayait à sa manière de détourner son attention de ces paroles en lui racontant des bêtises, et Eijirou se sentit légèrement soulagé ; si son ami réussissait à faire des blagues, c'est qu'il n'avait pas été touché trop grièvement. Toutefois, le blond devait être transporté à l'hôpital pour effectuer des examens plus approfondis, alors Eijirou grimpa dans l'ambulance à ses côtés pour l'accompagner.

Le trajet se déroula calmement et les deux amis arrivèrent bientôt aux urgences où le rouge laissa les ambulanciers faire leur travail, les suivant d'un pas vif pour ne pas perdre son ami de vue. Il l'accompagna dans le bureau d'un médecin qui les redirigea vers le service radiologie après avoir examiné les blessures de Denki, et leur aventure à travers les différents services de l'hôpital commença. Elle dura deux bonnes heures – ce qui était assez rapide pour un hôpital public rempli, l'avantage du statut de héros – et Eijirou eut le temps de passer un certain nombre d'appels à son agence qui lui donna sa journée pour s'occuper de son ami.

Bientôt, il n'eut rien d'autre à faire qu'attendre sur les nombreuses chaises d'attente des différents services, et les reproches des civils commencèrent à envahir son cerveau, le rendant de plus en plus morose. À ces paroles s'ajoutaient ses actions inutiles de la journée, et le remord d'avoir laissé s'échapper cette bande de voleurs se rajoutait à son sentiment de tristesse. Il était tellement plongé dans ses pensées moroses qu'il n'entendit pas Denki revenir, et il sursauta quand le blond posa une main réconfortante sur son épaule.

« Mec, arrête de t'en faire. Je vais bien, juste un petit choc qui sera guéri dans quelques jours, pareil pour mes mains. Et on retrouvera ces gars avec toutes les infos qu'on leur a donné. Ça arrive à tout le monde d'avoir une mauvaise journée, tenta-t-il de le rassurer avec son sourire habituel.

- Mais ces gens ont raison, Denki. Heureusement que c'était des jeunes qui voulaient juste braquer une banque. Imagine si ç'avait été des tueurs en série ? Je les aurais laissé s'échapper dans la nature, et qui sait combien de personnes ils auraient pu tuer encore ? Un vrai héros ne laisse pas les vilains s'échapper aussi facilement. J'aurais du réagir plus vite, j'aurais du…

- T'as fait ce que tout héros doit faire, à savoir s'assurer que la victime n'est pas dans un état grave, et appeler les ambulances avant de partir à leur poursuite. Il n'y avait pas d'autres héros sur place, tu étais le seul habilité à réagir, et tu l'as parfaitement fait. Combien de héros laissent s'échapper leurs cibles ? Tu n'es pas le seul, Eijirou. Et si tu veux que je te fasses la liste de tous tes exploits pour que tu te mettes bien dans le crâne que tu es un bon héros, je peux le faire, j'ai tout mon temps. »

Un léger sourire fleurit sur les lèvres d'Eijirou et face au regard perçant et déterminé de son ami, il décida de garder ses mauvaises pensées pour lui. Après tout, son ami allait déjà mal, il n'allait pas en plus lui rajouter ses pensées moroses trop longtemps. Le blond sembla rassuré par son sourire et lui annonça qu'il en avait enfin fini avec tous ces tests et qu'il ne lui restait qu'à rentrer chez lui ; alors Eijirou le suivit, déterminé à le raccompagner jusqu'à la porte de son appartement pour qu'il ne lui arrive rien d'autre en chemin. Il tenta de ne pas porter attention aux regards haineux que les passants lui jetaient, parlant avec animation avec Denki qui avait élevé la voix pour couvrir les chuchotements sur leur passage, et ils se retrouvèrent bientôt devant l'immense immeuble où habitaient Denki. Eijirou aurait aimé monter pour s'excuser auprès de Jirou de l'état de son mari, mais le blond l'en empêcha en lui assurant qu'elle ne lui en voudrait pas et que tout allait bien.

C'est avec un faux sourire plaqué sur le visage qu'Eijirou laissa son ami rentrer dans son immeuble avant de se retourner vers la rue, reprenant un visage grave. Puisque son agence lui avait laissé sa journée libre, il allait en profiter pour rentrer chez lui le plus rapidement possible et se glisser dans son lit pour que plus rien ne lui arrive, et tant pis si Izuku lui avait prévu quelque chose pour son anniversaire. Rassemblant son courage, il prit la direction de son appartement d'un pas vif, passant par de petites rues pour éviter les passants. Heureusement, il ne croisa pas grand monde et il vit bientôt arriver avec soulagement l'entrée de son immeuble. Il s'engouffra dans le hall d'entrée, décida de prendre les escaliers – les gens préféraient de loin l'ascenseur aux dix étages à monter – et entreprit de grimper les marches deux par deux. Arrivé au neuvième, il poussa la porte se secours et se dirigea vers son appartement d'un pas plus détendu, reprenant tranquillement sa respiration. Il glissa ses clés dans la serrure et esquissa un sourire. Une fois passé la porte, plus rien ne pourrait lui arriver.

Enfin… Il aurait du se rappeler des événements catastrophiques de sa journée avant de se réjouir trop vite. Refermant la porte derrière lui, il se dirigea vers le petit hall d'entrée et y vit les habituelles chaussures rouges de son amoureux jetées en vrac… À côté d'une autre paire de chaussures qu'il connaissait bien, les dernières baskets à la mode de Testsutetsu, elles aussi éparpillées au sol. Eijirou aurait pu être content de voir son ami et son petit-ami le jour de son anniversaire, mais il avisa les blousons eux aussi jetés en vrac au sol, à quelques mètres des chaussures, et il eut un très mauvais pressentiment. Il sentait son ventre se tordre de plus en plus fort et son cœur s'affoler au fur et à mesure qu'il suivait le chemin des vêtements éparpillés tel le petit poucet. Il retrouva le pull d'Izuku posé sur un pantalon trop large pour lui dans le salon, puis un t-shirt recouvrant un caleçon qu'il ne connaissait pas dans le couloir menant aux chambres et à la salle de bain. Le chemin se terminait devant la porte entrouverte de cette pièce, avec un joli petit tas de sous-vêtements indiquant le terminus.

Le rouge dut s'appuyer contre le mur, le souffle court, son cerveau tentant de chercher toutes les excuses possibles pour expliquer cette situation. Malheureusement, il dut se rendre à l'évidence quand il entendit des gémissements provenir de la baignoire, et Eijirou pouvait entendre le clapotement de l'eau augmenter au fur et à mesure que les deux hommes faisaient leur affaire. Complètement abattu, le rouge ne savait plus quoi faire, et mille et une questions envahissaient son esprit. Il se demandait depuis quand le vert le trompait – un comble pour lui, qui était la cible des médias l'accusant de tromper son petit-ami –, et si Tetsutetsu venait souvent dans leur appartement pour qu'ils couchent ensemble. Combien de fois l'avaient-ils fait ? Où l'avaient-t-ils fait ?

Eijirou ne pouvait empêcher son cerveau de produire les images de leurs ébats dans tout leur appartement. Il sentait les larmes glisser sur ses joues et son cœur se serrer jusqu'à lui faire mal, et il ne supportait plus les gémissements d'Izuku dans la pièce d'à côté. Il n'y avait que lui qui avait le droit de le faire gémir avec autant de force, pas Tetsutetsu. Pas son meilleur ami – et penser à ce terme lui serra un peu plus le cœur, parce qu'il n'était plus son meilleur ami désormais, juste un traître.

Eijirou se redressa, inspira un grand coup et tenta de sécher ses larmes. Il savait que s'il poussait cette porte, sa vie changerait radicalement et il ne pourrait plus jamais revenir en arrière. Il savait que les deux hommes ne l'avaient pas entendu, et il aurait très bien pu repartir et faire comme s'il n'avait rien vu, mais il ne s'en sentait pas capable. Il n'aurait pas supporté toucher Izuku en sachant que Tetsutetsu le faisait aussi, et il n'acceptait pas de partager le vert avec l'autre juste pour préserver l'image du couple heureux. Alors il laissa la colère le gagner, envahir son corps pour donner l'impression qu'il n'était pas détruit de l'intérieur, et il poussa violemment cette porte, surprenant les deux hommes qui le fixèrent du regard, cessant leurs mouvements. Eijirou vit clairement la surprise s'afficher dans les yeux de Tetsutetsu avant qu'il ne recule brusquement, comme si ce mouvement allait annuler leur adultère.

« Je vous dérange pas ? Fit Eijirou d'une voix dure et glaciale, et il put voir la culpabilité envahir les grands yeux d'Izuku. Tetsu, casse-toi tout de suite. Je ne veux plus jamais te voir. Si tu remets un pied dans l'appart, je te jure que je te détruis.

- Mec, je-

- CASSE-TOI ! Je ne veux pas entendre tes excuses à deux balles alors que t'étais clairement en train de baiser mon mec il y a deux secondes ! »

Eijirou activa son alter et frappa l'évier à sa droite, espérant faire comprendre au gris qu'il valait mieux ne pas l'énerver encore plus. Tetsutetsu compris très vite et sortit de la baignoire, jetant un coup d'œil rapide à Eijirou avant de sortir de la pièce pour récupérer ses vêtements. Un silence de mort s'installa dans la salle de bain, et les deux restants entendirent bientôt la porte d'entrée claquer. Eijirou ne savait pas par où commencer, et des émotions contradictoires l'envahissaient, l'empêchant de réfléchir correctement. Il avait envie de crier sur Izuku, puis il voulait le serrer dans ses bras pour faire disparaître cet air de culpabilité sur son visage, mais il voulait aussi s'éloigner de lui pour aller pleurer, et il sentait que toutes ces émotions le prenaient à la gorge, et il ne pouvait que lancer un regard meurtrier au plus petit. Il voulait des explications, mais il en avait aussi peur. Pourquoi, de tous les hommes qu'il côtoyait, Izuku avait choisi Tetsutetsu comme amant ? Ils avaient beaucoup trop de points communs, alors qu'avait le gris de plus que lui ?

Il avait mal à la tête et mal au cœur, et Izuku ne disait rien pour se justifier, se contentant de regarder le fond de la baignoire comme si la solution allait jaillir devant ses yeux. Au bout d'un moment, Eijirou ne supporta plus le silence pesant et il se décida à parler.

« Pourquoi tu fais ça… Qu'est-ce que je t'ai fait ? Demanda-t-il d'une voix faible, la tristesse lui serrant la gorge.

- Je… Je crois qu'on devrait en parler dans le salon », murmura Izuku toujours sans le regarder – et Eijirou vit qu'il tremblait un peu, sûrement à cause du froid, et il dut se retenir de toutes ses forces d'aller le réchauffer.

En voyant son attitude, la colère d'Eijirou repris le dessus et il fit volte-face, sortant de la pièce d'un pas vif avant de tout détruire dans la salle de bain. Il entra dans le salon, puis s'arrêta brusquement, ne sachant pas quoi faire. S'asseoir sur le canapé ? Il ne voulait pas de ça ; il avait besoin de crier, de se défouler, et il avait besoin qu'Izuku lui réponde, alors il resta planté au milieu de la pièce, les bras croisés et un air colérique sur le visage. Il sentait son sang chauffer, attendant impatiemment que le vert revienne pour qu'il lui dise ses quatre vérités en face ; et dès qu'il franchit le seuil du salon, un air toujours coupable sur le visage, Eijirou se précipita sur lui pour le secouer.

« Arrête d'avoir cet air coupable ! C'est toi qui a choisi de me tromper, alors assume ! Soit un vrai mec et porte tes couilles ! S'écria-t-il, faisant fi de l'air choqué du vert à ses dernières paroles.

- Ei', calmes-toi et lâches-moi ! Je peux tout t'expliquer, fit Izuku en essayant de détacher les mains du rouge de son col.

- T'as intérêt à t'expliquer oui ! Ça fait combien de temps que tu me trompes ? Je te suffis plus ? T'as besoin de deux versions d'un même gars pour prendre ton pieds, c'est ça ? Qu'est-ce qu'il a de plus que moi, hein ? » Demanda-t-il, sa voix se brisant sur la dernière question.

Ses mains relâchèrent le col de son petit-ami – ex petit-ami – et il laissa mollement retomber ses bras le long du corps, son regard triste plongé dans celui désolé du vert.

« Ce n'est pas une question de satisfaction, Ei'. J'étais heureux avec toi, et ces cinq ans ont été merveilleux mais… » Izuku soupira doucement, se préparant à tout avouer, et Eijirou se tendit. « On sait tous les deux qu'il n'y a plus rien aujourd'hui, juste des faux-semblants. Je sais que je suis horrible, mais je ne voulais pas que les médias te détruisent encore plus s'ils apprenaient que l'on s'était séparés… Je l'ai encore vu aujourd'hui dans ces magazines. Je ne veux pas que Red Riot soit impopulaire à cause de moi, et je sais que j'aurais beau te défendre, les gens préfèrent les rumeurs à la vérité.

- Je m'en fous des rumeurs, et tu le sais ! J'aurais préféré que tu me dises clairement que tu ne voulais plus de moi plutôt que de me tromper avec Tetsu ! Est-ce que tu te rends compte que tu me détruit bien plus en choisissant mon meilleur ami qu'en décidant de me quitter ? Tu parles des médias, mais si les gens apprennent que tu sors avec lui, ils vont réellement me détruire ! Au moins, j'aurais pu justifier ces rumeurs de « tromperies » mais que tu choisisses Tetsu à moi… Comment tu veux que je justifie ça, hein ? Ne dit pas que tu fais ça pour mon bien ! À leurs yeux, je serais une vraie ordure et Tetsu sera ma « bonne version », alors que c'est toi le connard dans l'histoire !

- Je n'ai pas choisi d'aimer Tetsutetsu ! S'écria Izuku en fronçant les sourcils.

- Mais t'as choisi de coucher avec lui ! Ça dure depuis combien de temps, hein ? Au moins assez longtemps pour qu'il connaisse tes zones sensibles et tes endroits favoris pour faire l'amour ! Alors, combien de temps ?

- Sept mois, si tu veux tout savoir ! Et lui au moins prend le temps de s'occuper de moi ! Ça fait combien de temps qu'on a pas eu de moments de tendresse tous les deux, hein ? »

Eijirou accusa le coup. Sept mois que son meilleur ami se tapait son petit-ami et il n'avait rien vu.

« Sept mois ? SEPT MOIS ? Et tu oses te faire passer pour la victime ? Tu sais quoi, reste avec lui, sors de ma vie. Garde l'appart, garde mes affaires, je m'en fous, je ne veux plus jamais te revoir.

- Je suis désolé, Ei'. J'aurais aimé que ça se passe autrement, et je comprends parfaitement que tu m'en veuille, mais on est tous les deux fautifs dans cette histoire.

- C'est pas toi qui te retrouves seul du jour au lendemain, alors c'est facile de dire ça ! On aurait pu en parler avant, tu aurais pu me dire ce que tu ressentais, tu aurais pu… »

Le rouge sentait sa voix se briser et les larmes picoter ses yeux. En face de lui, le regard d'Izuku était plongé dans le sien, désolé pour lui, mais tout dans son attitude lui indiquait qu'il était passé à autre chose depuis longtemps. Désormais, Eijirou faisait partie du passé, et il ne le supportait pas. Il se sentit soudain emprisonné entre les murs de cet appartement qui n'était plus le sien, et l'attitude d'Izuku l'agressait plus qu'il ne voulait le montrer.

« Mais c'est trop tard, hein ? Murmura-t-il en baissant les yeux. Je n'ai plus rien à faire ici alors. J'espère que tu te feras bien défoncer par Katsuki, lui lança-t-il d'une voix morne en se dirigeant vers la porte d'entrée, et il sentit son cœur se serrer à nouveau quand il remarqua que le vert ne faisait rien pour le retenir. Empoignant son manteau, il l'enfila rapidement et claqua la porte, tentant tant bien que mal de retenir ses larmes. Désormais, il se retrouvait à la rue, le cœur en miettes, et il ne savait absolument pas qui aller voir.

Il avait bien pensé à Katsuki, mais il ne savait pas comment il réagirait sachant qu'il ne lui avait jamais parlé de ses problèmes avec Izuku. Denki était bien au courant, mais il l'avait assez impliqué pour la journée, et il sentait que Jirou ne serait pas très contente qu'il l'accapare à nouveau alors qu'il était blessé. Il ne lui restait plus que Mina, Sero étant parti en mission depuis une semaine hors de la ville. Tremblant, il réussit à sortir son téléphone de sa poche, le déverrouilla et chercha le nom de son amie, tentant tant bien que mal de lire son écran à travers ses larmes. Réussissant à l'appeler, il attendit de longues secondes qu'elle décroche, puis sa voix joyeuse lui répondit enfin.

« Salut, Eijirou ! Ça fait un bail que tu m'as pas appelé, comment tu vas ?

- Mina… Je-j'ai besoin de toi… Izuku et moi c'est fini et…

- Quoi ? J'arrive de suite, où es-tu ? »

Eijirou tentait tant bien que mal de retenir ses sanglots pour répondre à son amie, mais dire à haute voix que c'était fini, terminé lui donnait envie de s'effondrer à nouveau.

« Je suis dans le parc près de notre – de l'appartement.

- Je ne suis pas loin, reste là, je viens te chercher. T'inquiète pas Eijirou, on est là pour t'aider. »

La jeune femme raccrocha, et Eijirou pouvait l'imaginer se presser là où elle était pour venir le rejoindre. Cette image le fit esquisser un sourire. Savoir qu'il n'était pas seul le soulageait un peu, et il savait que cracher toute sa haine et toute sa tristesse auprès d'une oreille attentive l'aiderait à accepter – un peu – la perte de l'homme qu'il aimait. Il se dirigea vers un banc un peu éloigné du chemin principal pour éviter les regards curieux et appuyés des passants et s'y affala, posant ses coudes sur ses jambes. Glissant ses mains sur son visage, il ne put retenir quelques sanglots et pria pour que la jeune femme arrive rapidement.

Il ne sut pas exactement combien de temps s'était passé avant qu'il n'entende un bruit de pas près de lui, mais il sut que ce n'était pas Mina quand il vit une paire de chaussures rouges masculine s'avancer dans son champ de vision. Il sentit l'adrénaline s'emparer de son corps, le faisant relever brusquement la tête. Il s'apprêtait à rejeter de nouveau Izuku avec colère quand ses yeux se posèrent sur un visage blafard entouré de cheveux bleus. Shigaraki Tomura se tenait devant lui, un immense sourire étirant son visage angoissant. Derrière lui se tenait aussi Dabi, son air blasé fixant Eijirou. Les deux hommes étaient habillés simplement, une capuche dissimulant leur visage, montrant leur volonté de passer inaperçu au milieu des passants. Eijirou sentit son sang se glacer, et sa peur dut se voir sur son visage car Dabi esquissa un sourire satisfait tandis que Shigaraki se mettait à rire.

« Et bien, quelle chance de tomber sur toi ! Dire que je m'ennuyais il n'y a même pas cinq minutes… Alors, Red Riot, que fais-tu tout seul sur ton banc ? Tu attends ton petit-ami Deku ? Oh, à voir ton regard, il a du se passer un truc… Je croyais que les héros étaient tous forts, s'amusant à venir sauver tout le monde avec le sourire comme des être pathétiques… »

Eijirou réussit à se reprendre, se leva rapidement de son banc et activa son alter pour blesser Shigaraki qui déblatérait toujours. Au fond de lui, il était ravi d'avoir un peu de distraction : le chef de la ligue lui permettrait de ne plus penser à Izuku et à cette horrible journée pendant quelques minutes, et s'il pouvait le capturer rapidement, il aurait au moins fait quelque chose de bien aujourd'hui. Malheureusement pour lui, Shigaraki semblait s'y attendre car il esquiva très vite le coup et glissa quatre doigts sur le coude d'Eijirou, l'empêchant de bouger.

« Et bien… Heureusement pour nous que Red Riot n'est pas très intelligent ! Tu crois vraiment que j'allais me laisser frapper comme un bleu ? Enfin, tu nous donne une très bonne occasion de blesser un peu plus ce cher Deku… »

À l'entente de son nom, Eijirou se remit en mouvement brutalement, cherchant à se dégager de l'emprise du bleu tout en essayant de le frapper de son autre bras. Il réussit à atteindre le ventre, mais sentit soudain une immense douleur traverser son genou, l'obligeant à s'incliner devant Shigaraki.

« N'oublie pas que j'ai deux mains, stupide héros ! Fulmina Shigaraki en le regardant de haut. Et c'est quoi ces tentatives futiles pour me battre ? Je t'ai connu plus vif ! Où est passé le grand Red Riot ? Tu n'es qu'un héros faible, qui profite de l'influence de Deku pour te mettre en avant… Tu ne vaux rien, et tu mérites de mourir aujourd'hui et maintenant, pour que tout le monde reconnaisse ma supériorité ! Et cesse de vouloir te relever, ta place est à terre », continua Shigaraki en l'esquivant, s'amusant à détruire ses articulations au fur et à mesure qu'Eijirou tentait de le blesser.

Les paroles de Shigaraki l'avaient blessé dans son égo et sa rage avait décuplé. Il tentait tant bien que mal de faire fi de la douleur intense qui traversait son corps, augmentant la vitesse de ses attaques pour éviter d'être touché par le vilain. Il voyait bien que le bleu faiblissait, prenant de plus en plus de coups, et il se prit à espérer le battre malgré son genou, sa cuisse et son avant-bras blessé ; mais son espoir fut vite brisé lorsqu'il sentit un coup sec sur l'arrière de son crâne. Dabi, qui se tenait en retrait jusque là, avait senti que Shigaraki était en mauvaise posture et était venu lui porter secours. Les yeux d'Eijirou se voilèrent et il sentit ses jambes fléchir, ses genoux touchant le sol et provoquant une décharge de douleur dans son corps. Il tenta tant bien que mal de se relever en s'appuyant sur ses mains, mais Shigaraki posa ses deux mains sur ses deux coudes. Avec horreur, Eijirou vit sa peau se désintégrer, séparant ses avant-bras du reste de son corps, et il poussa un grand cri de douleur.

Il espérait que des gens viendraient voir ce qu'il se passait, mais personne ne vint le sauver, et il commença à sombrer dans l'inconscience. Son corps ne supportait plus cette douleur constante, annihilant doucement ses sens, mais il pouvait encore voir et entendre les deux hommes discuter de son sort.

« Il faut qu'il reste reconnaissable, disait Dabi d'un ton froid, sûrement pour empêcher Shigaraki de le désintégrer totalement. Il suffit simplement de ne pas toucher à sa tête.

- Je sais bien, lui répondit d'un ton sec Shigaraki. Brûle lui la langue et la gorge pour qu'il ne rameute pas des témoins indésirables, je n'ai pas envie de désintégrer tout le parc. »

Paniqué par ces paroles, Eijirou sentit l'adrénaline prendre le dessus sur son corps et il réussit tant bien que mal à se relever, ne ressentant plus aucune douleur. Il devait fuir, et très rapidement, sinon il allait mourir. Mais alors qu'il réussissait à reculer, se tournant pour courir dans la direction opposée, il sentit une flamme venir lécher ses jambes, et la chaleur intense commença à faire fondre sa chair. Il eut beau s'écarter pour y échapper, la flamme revenait toujours au même endroit et bientôt, la douleur repris sa place et le fit s'écrouler au sol. Il sentit une main empoigner ses cheveux, tirant sa tête en arrière tandis qu'une autre se posait sur sa gorge, l'enflammant. Les yeux remplis de larme de douleur, il sentit les doigts de Shigaraki détruire son corps petit à petit. Un grand froid s'empara bientôt de son corps, ses yeux se fermant tout seul, et il sentit son cœur ralentir de plus en plus. Bientôt, il ne ressentirait plus rien, et – étrangement – cette pensée le soulagea.

FIN DU TEST

SUJET : EIJIROU KIRISHIMA – DATE : 16 NOVEMBRE – HEURE : 15H26

Une voix grave le sortit de son sommeil, et Eijirou ouvrit difficilement les yeux. Il était allongé dans une capsule transparente, une multitude de perfusions et de capteurs branchés sur ses bras et sur son crâne. La capsule pivota, relevant le rouge, puis la vitre s'ouvrit et il se retrouva debout sur le sol, en habits civils face à Shinsou. Le violet portait une blouse blanche et tenait un bloc-notes de la main gauche, l'autre main tendue vers Eijirou pour l'aider à se tenir.

« Bon retour parmi nous, lui sourit gentiment Shinsou. J'ai vu que la simulation était très longue et très éprouvante, alors n'hésite pas à nous dire si tu te sens mal ou si tu as besoin d'en parler à quelqu'un.

- Ce- c'est fini ? Rien n'était vrai ? Bredouilla Eijirou en parcourant nerveusement la salle du regard.

- Rien n'était vrai. Tu te souviens pourquoi tu étais là, au moins ? Demanda Shinsou en fronçant les sourcils. »

Les yeux d'Eijirou revinrent se poser sur le visage du violet, et il dut réfléchir intensément pour se rappeler où il était, tentant de faire fi de son cœur qui battait encore la chamade.

« C'était… Pour une étude, c'est ça ?

- C'est ça. Avec cette capsule, nous avons pu étudier toutes tes peurs afin de trouver une solution pour les contrer, et ainsi faciliter votre travail de héros. Toute cette simulation nous a permis de voir tes angoisses, de suivre tes émotions, ta manière de réagir, et nous allons les comparer avec celles d'autres héros pour établir un schéma particulier de vos peurs, qui sont plus larges que celles des non-héros. Comme je te l'ai dit tout à l'heure, rien de ce que tu vient de vivre ne s'est réellement passé. Viens t'asseoir, lui proposa Shinsou lorsqu'il vit l'air apeuré d'Eijirou.

Il l'amena à son bureau, et le rouge s'assit doucement sur une chaise en face.

« Comment je peux savoir que je suis sorti de la simulation ? C'était tellement… Réel ! Les jugements, la séparation, la douleur dans mon cœur, mes larmes… Et ma mort ! Merde ! Cette expérience est horrible ! Pourquoi j'ai accepté ça ?

- Kirishima. Nous sommes actuellement en période de test de la capsule, et nous n'avons pas encore totalement déterminé comment projeter ces peurs et sur quelle durée. Tout ça, tu l'as accepté avant de faire cette simulation, et tu as signé un contrat. Avec ton expérience, nous savons désormais que projeter toutes les peurs en une seule fois est beaucoup trop épuisant mentalement. Nous avons prévu un effacement partiel de ces souvenirs pour qu'ils n'impactent pas ta vie quotidienne, mais tu peux à tout moment nous demander un suivi psychologique si tu sens que tu en as besoin. Et si jamais tu as besoin de preuves que tu es dans le monde réel, tu peux demander à tes amis. Denki n'a jamais été blessé, et Izuku ne t'a jamais trompé. D'ailleurs, il t'attend depuis le début de la séance dans la salle d'attente, et il est complètement angoissé. Tu peux aller le rejoindre, si tu veux. »

Au fur et à mesure que Shinsou lui expliquait pourquoi il avait subi cette expérience, des bribes de souvenirs lui revenaient. Il se remémora sa bravoure – son inconscience plutôt, maintenant qu'il savait – pour faire cette étude, assurant à qui le voulait qu'il avait peu de peurs et qu'il savait très bien les gérer. Il soupira doucement, reprenant pied avec la réalité, et il sentit son cœur se calmer tandis que son esprit se mettait déjà à oublier ce qu'il venait de vivre. Il faisait confiance à Shinsou, et s'il était mort dans sa simulation, il ne pouvait décemment pas être vivant deux secondes après. Et pour être sûr à 100 %, il allait demander à tous ses amis s'ils allaient bien, et il allait demander à Izuku de lui prouver qu'il ne le trompait pas. Il savait bien que c'était parano, mais il en avait besoin pour se rassurer.

« Si vous avez vos résultats, tant mieux, mais ne comptez plus sur moi pour vos prochaines expériences. Bon, j'ai un petit-ami à réconforter apparemment, même si j'en aurais plus besoin que lui je crois », dit-il avec un léger sourire qui rassura Shinsou.

Par habitude, il avait très vite repris son attitude joyeuse et nonchalante, mais il se sentait encore troublé. Il réussit tout de même à se lever de sa chaise sans trembler et se dirigea vers la salle d'attente. En ouvrant la porte, il put voir Izuku assit sur une chaise, replié sur lui-même, les jambes s'agitant rapidement et un air angoissé sur le visage. Dès qu'il entra dans la pièce, l'attitude de son petit-ami changea du tout au tout : son visage s'éclaira, ses prunelles se mirent à briller de joie et il se précipita sur lui pour le serrer dans ses bras.

« Ei' ! Je suis tellement content que tu sois là ! Shinsou m'a dit que la séance durait plus longtemps que prévu mais que tout était sous contrôle, mais si tu savais comme je me suis inquiété ! Tout va bien ? »

Et face à ce visage réellement inquiet, Eijirou ne put se retenir et le serra fort dans ses bras, inspirant à pleins poumons son odeur qu'il aimait tant, et il eut du mal à retenir ses larmes. Il sentit les bras d'Izuku le serrer aussi fort, tentant de lui transmettre tout son amour par ce geste.

« Maintenant, ça va mieux, murmura le rouge. Mais c'était horrible, je ne sais pas comment tu as fait pour ne pas être affecté quand tu l'as fait.

- Shinsou a pris en compte le fait que j'étais le numéro 1 des héros et que je devais avoir une multitudes de peurs, il m'a fait faire plusieurs séances espacées. Mais il aurait du faire ça pour toi, et j'aurais du lui dire de le faire, et-

« Izuku, doucement. Ça va aller maintenant, je vais laisser ce labo de malheur loin derrière moi et la vie va reprendre comme avant, lui sourit Eijirou avant de déposer un baiser sur les lèvres de son amoureux. Mais avant, j'aurais deux questions…

- Oui ?

- Est-ce que tu as vu les images de mes peurs ? « Izuku secoua négativement la tête. « Parmi elles, il y avait celle de découvrir que tu me trompais… Je sais- je sais que tu ne le ferais pas mais… Je crois que j'ai besoin que tu me le prouves pour me rassurer. »

Contrairement à ce qu'il pensait, Izuku ne fut pas sur la réserve et ne lui posa aucune question. Il sortit simplement son téléphone d'un air sérieux, le déverrouilla et le tendit à son petit-ami.

« Ei', je ne te tromperais jamais, tu es la lumière de ma vie. Mais si tu as besoin de te rassurer, alors fais-le, tu sais que je ne te cacherai rien. Et parce que je t'aime, je ne te laisserais plus faire ce genre d'expériences qui te retournent le cerveau », lui dit le vert en lui souriant doucement, et Eijirou sentit son cœur se réchauffer.

Il regarda tout de même les messages d'Izuku et vit qu'il n'y avait aucun message d'amour – excepté de l'amour amical avec Ochaco, mais il ne s'en inquiétait pas – et que les messages échangés avec Tetsutetsu étaient bien trop rares pour qu'il puisse se méfier de quelque chose. Il rendit son téléphone à Izuku puis revint l'embrasser fougueusement pour lui montrer tout son amour. En le relâchant, il vit les yeux du vert papillonner légèrement, et il sentit son cœur se serrer de tendresse. Glissant sa main dans la sienne, Izuku lui offrit son plus beau sourire et le guida vers la sortie en papotant de tout et de rien, cherchant à lui faire oublier ce qu'il venait de vivre à sa manière, et Eijirou sut que cette journée se terminerait bien.


Un avis ? Une review ?

Après un petit temps d'absence, je reviens ! Promis, les autres textes seront plus fluffs, mais disons que je voulais faire quelque chose d'original pour ce thème et… ça a un peu dérivé. Je considère ce chapitre comme une transition entre les os réalisés en octobre et les nouveaux, qui mettront plus de temps à arriver (mais je finirais ce recueil, soyez-en sûrs). C'est d'ailleurs le plus long que j'ai jamais écrit actuellement, alors vos avis comptent beaucoup pour moi !

Je me fixe un post par semaine, peut-être plus si j'ai la motivation. Pas de jour de sortie particulière, mais j'espère vous voir présents à chaque fois :)