En exclusivité pour le Chicaneur, notre envoyée permanente aux Etats-Unis a réalisé l'interview du Professeur Severus Snape. Il revient sans détours sur sa vie, ses choix et son travail de chercheur. Plus de détails en page 4.

Bien que tous les sorciers britanniques connaissent son nom, le Professeur Snape reste un personnage plein de mystère. Malgré ses nombreux refus, il a finalement accepté d'accorder un entretien au Chicaneur. Tous les sujets seront abordés, sans tabous ni concessions, afin de mieux le comprendre.

Le Chicaneur : Professeur Snape. Pourquoi avez-vous accepté de me rencontrer ?

Severus Snape : Il y a maintenant plusieurs années que la guerre est terminée et les passions se sont apaisées. J'ai avancé dans ma vie, y ait considérablement réfléchi et c'est le moment de franchir une nouvelle étape. Et puis, il est temps, je crois, de donner un aperçu de la réalité telle que je l'ai vécue.

LC : Commençons par le présent. Comment êtes-vous arrivé aux Etats-Unis, vous qui avez passé la majeure partie de votre vie en Angleterre ?

SS : Après la chute du Seigneur des Ténèbres, je suis venu m'installer ici pour refaire ma vie. J'y ai fondé un atelier de brassage de potions qui m'a permis de gagner ma vie. Je peux maintenant dire que ma vie est américaine.

LC : Vous n'êtes pas seulement brasseur, c'était d'ailleurs l'une des conditions de cet entretien. Pouvez-vous nous en dire plus ?

SS : En effet, je suis aussi chercheur. Après tout, c'est la raison d'être d'un Maître des Potions. Je travaille donc sur divers projets dont l'un abouti récemment. Sans entrer dans les détails techniques qui vous ennuieraient, j'en suis certain, cette potion permet de contrecarrer en grande partie l'une des malédictions favorites du Seigneur des Ténèbres. Elle agissait comme si vous étiez en permanence à côté d'un détraqueurs, vous obligeant à revivre les souvenirs et les émotions les plus négatifs de votre vie. Les victimes devenaient rapidement folles et mouraient au bout de quelques jours. C'était particulièrement cruel et raffiné. Exactement ce qu'il aimait.

LC : Comme vous l'avez dit, le Seigneur des Ténèbres a disparu. Il est mort. Cette malédiction a donc disparu, n'est-ce pas ?

SS : Malheureusement, ce n'est pas aussi simple que cela. Ce genre de connaissances se transmet facilement et qui sait ce que l'avenir nous réserve. Si ce n'est pas le Seigneur lui-même qui reviendra, il y aura sûrement un autre fou qui voudra accomplir ce qu'il a échoué à faire Ce jour-là, ma potion trouvera son utilité. Mon plus grand rêve serait que jamais personne n'en ait besoin, mais je ne me fais pas d'illusion.

LC : Espérons-le aussi. Et maintenant ? Avez-vous d'autres projets ?

SS : Les processus de recherche sont longs et difficiles. Les mener seu représente une quantité de travail astronomique. Pour cette potion-ci, qui avait une utilisation extrêmement précise, cela n'a pas pris beaucoup de temps. Mais de nombreux autres sujets m'intéressent et il est probable que je m'associe avec des équipes spécialisées pour mener des travaux plus ambitieux. Par exemple, il serait temps que de véritables recherches soient effectuées pour soigner les conséquences du Doloris. Nous savons soulager les patients, mais il nous est impossible de les guérir. De trop nombreuses personnes vivent avec les conséquences de la guerre sans qu'on ne puisse rien faire pour elles.

LC : Je remarque que vous semblez vouloir réparer les conséquences de la guerre. Est-ce votre moteur aujourd'hui ?

SS : Bien sûr ! Et ça devrait être la même chose pour tout le monde ! Mais je vois ce que vous voulez dire. J'ai effectivement activement participé à la guerre et certaines des personnes que je mentionnais à l'instant sont dans cet état par ma faute directe. Je ne m'en cache pas mais je tente aujourd'hui de réparer les dégâts, à mon niveau.

LC : Vous venez de me faire des aveux. Vous n'avez pas peur des conséquences judiciaires ?

SS : Contrairement à certains de mes camarades, je n'ai jamais nié faire partie de cette organisation. J'ai tué, directement ou non, un certain nombre de personnes. J'étais rarement envoyé sur le terrain, mais les potions que je brassais à cette époque étaient loin d'être inoffensives. Cependant, j'ai été jugé puis acquitté. Aux yeux de la société, je devrais être considéré comme un individu normal. C'est aussi pour cette raison que j'utilise mon art au service du soin aux blessés.

LC : Vous êtes retourné en Angleterre l'année dernière. Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?

SS : Je n'avais pas vraiment l'intention d'y aller, ni de rendre public le fait que j'avais survécu. Cependant, votre patronne m'a retrouvé et m'a convaincu d'y aller une dernière fois. Bien que cette formule soit tellement galvaudée, je peux dire que j'y ai fait la paix avec mon passé. Malheureusement, je me suis rendu compte que ce n'était pas le cas de tout le monde.

LC : Que voulez-vous dire ?

SS : Malgré les années qui ont passé, j'ai réalisé que dans l'esprit de beaucoup de sorciers anglais, l'heure était encore à la vengeance et non au pardon. Les bases de la société britanniques sont pourries et rien de positif ne pourra en émerger si les choses ne changent pas. Un nouveau Seigneur des Ténèbres émergera bien plus tôt qu'ils ne le pensent s'ils n'y prennent pas garde. Rejeter une partie de la société, pour une bonne ou une mauvaise raison, ne peut mener qu'au chaos.

LC : C'est extrêmement violent ce que vous dites là.

SS : Ça l'est ! Mais la guerre est pire encore, faites-moi confiance sur ce point. Des initiatives ont lieu pour améliorer les choses, et j'espère sincèrement qu'elles seront suffisantes. A Poudlard, par exemple, la nouvelle directrice tente de mener des actions, c'est une bonne chose. Est-ce qu'elle aura la liberté de les mener à bien, voilà la véritable question.

LC : J'ai entendu dire que la fin de votre séjour ne s'est pas déroulée tel que vous l'espériez.

SS : En effet, et c'est exactement l'illustration de ce que je disais tout à l'heure. Il n'y a pas de place pour les personnes qui étaient du mauvais côté de la barrière dans la société actuelle. Lorsque la presse a appris que j'étais vivant et présent, une campagne de diffamation a débuté. Ce n'était pas vraiment problématique jusqu'au jour où elle a commencé à menacer les actions menées par certains individus courageux qui tentent d'aider à la réintégration. Ma présence était devenue contre-productive et il est rapidement apparu que mon départ était la seule solution. Malheureusement, ce n'est pas la solution pour forcer un retour à la tolérance.

LC : Avez-vous des regrets ?

SS : A votre avis ? Bien sûr que j'ai des regrets. Je n'ai même que ça. Toute la première partie de ma vie a été constituée de mauvais choix aux conséquences désastreuses. Mais cela vaut-il la peine de se retourner sur des choses auxquelles qu'on ne peut plus changer ? Je me concentre donc sur ce que je veux faire pour que le temps qui me reste à vivre soit moins désastreux. C'est aussi pour cette raison que je ne voulais pas vous rencontrer. A quoi bon remuer les souvenirs ? Ils sont très bien là où ils sont, nul besoin d'en parler sans fin. Mais maintenant que j'ai des projets, c'est d'eux dont je veux parler. Rien d'autre.

LC : Je crois que vous êtes l'entretien que j'ai eu le plus de mal à décrocher. Mais peut être aussi la plus importante.

SS : Si j'ai pu contribuer à changer la façon de voir d'un seul de vos lecteurs, alors tout cela aura eu son utilité.

Entretien réalisé le 12 septembre 2004 à Philadelphie, par Ruth Whelan


Et voilà la fin de ce bonus et de cette fic. J'espère vraiment qu'il vous aura plu et qu'il répondra à certaines questions restées en suspens. Une dernière fois, je voudrais remercier celles et ceux qui me suivent, me soutiennent et me laissent des messages tout au long de cette aventure. Les échanges qui peuvent en sortir sont tellement enrichissant !

Je vous retrouve très bientôt pour de nouveaux projets qui, je l'espère, vous plairont toujours autant !

A bientôt

Lycoris