Bonjour à tous et à toutes !

Je suis de retour avec une nouvelle fiction longue, dont voici le premier chapitre. Je vous laisse le découvrir :D

Petites infos qui peuvent être utiles : Je pense publier tous les quinze jours, les dix premiers chapitres sont déjà écrits donc ils ne devrait pas y avoir de contretemps. Les autres sont dans ma tête, il ne reste plus qu'à les rédiger. Cette fic devrait compter 15 chapitres et un épilogue. Chaque titre est une chanson ou une musique que j'aime, et qui a un rapport (plus ou moins tordu, je suis d'accord) avec le chapitre en question. Si vous voulez les écouter, elles sont sur youtube ^^

Bonne lecture !


Sound of silence

Je n'ai jamais été du matin mais ce trait de mon caractère ne s'est pas amélioré avec les années. Pas plus que les autres d'ailleurs.

A chaque fois que j'entends ce satané appareil se mettre à sonner, j'ai une irrépressible envie de lui jeter un sort. Cette sonnerie stridente qui vous vrille les oreilles est tellement agressive que mes réactions tiennent du reflexe et ne sont pas rationnelles. Je ne sais pas vraiment pourquoi je m'inflige cela chaque matin. Une sorte de masochisme étrange ? Ayant le sommeil extrêmement léger, une telle torture n'est pas vraiment nécessaire. Une voiture qui passe dans la rue ou un oiseau qui chante trop fort suffisent à me réveiller. J'ai un sommeil léger depuis des années et j'ai bien peur que cela ne change jamais. Quoiqu'il en soit, je suis un homme très routinier, et le premier son que j'entends chaque matin est la sonnerie horripilante de ce vieux réveil matin moldu.

Je crois que dans une certaine mesure, ce genre d'habitudes, cette vie réglée comme du papier à musique me convient parfaitement. Il faut dire que j'ai eu suffisamment d'imprévus dans ma vie pour ne pas vouloir poursuivre dans cette voie. Je sais maintenant parfaitement ce que je vais faire chaque jour, quand et pourquoi. Cette façon de vivre peut sembler oppressante, ou rigide, mais elle me convient ainsi.

Chaque jour les mêmes rituels se répètent, et rendent ma vie enfin tolérable. Lorsque je suis arrivé ici, je ne pensais pas trouver cette paix à laquelle j'avais tant aspiré durant mon ancienne vie. Pendant près de trente-sept années, j'ai pensé que ce bonheur simple m'était inaccessible. Je constate à présent que j'avais tort.

Alors que je commence à me préparer pour affronter cette journée qui promet d'être épuisante, je vois accroché au rebord de la fenêtre de mon salon, un hibou qui attend manifestement de me remettre un courrier. Je lui ouvre immédiatement en reconnaissant la vieille chouette qui semble toujours avoir affronté un ouragan. Elle appartient à l'un de mes clients. Elle ne prend même pas le temps de boire un peu, et repart immédiatement, pendant que je lis la lettre en diagonale. Comme je m'y attendais, il s'agit d'une commande pour les potions habituelles. Le Dr. Montgomery a été l'un des premiers à me faire confiance lors de mon arrivée aux Etats-Unis, et pour cela je lui serai éternellement reconnaissant. Notre relation professionnelle a progressivement évolué, et je pense qu'il représente pour moi ce qui pourrait le plus se rapprocher d'un ami. Toutes les potions que je brasse pour lui le sont avec le plus grand soin. Je n'ai pas le temps de lui répondre aujourd'hui, mais je prends mentalement note de ce qu'il lui faut.

Lorsque je suis arrivé d'Angleterre après m'être fait passer pour mort, je n'avais pas le moindre moyen de subsistance. Il a donc fallu que j'utilise mes talents de potionniste pour pouvoir survivre ici. Malgré mon absence de réputation, j'ai pu me faire une petite clientèle, qui ne posait pas trop de questions pour se fournir chez un parfait inconnu. Progressivement, les personnes qui me contactaient étaient de plus en plus respectables et elles m'ont permis de me faire un nom, puis des institutions prestigieuses ont commencés à faire appel à mes services. Aujourd'hui, le plus grand hôpital de la ville me passe quelques commandes, et je dois d'ailleurs m'y rendre dans la journée pour en livrer quelques-unes. Il ne s'agit pas des potions les plus complexes à réaliser, mais je sais qu'il s'agit pour moi d'une grosse opportunité, et que je dois donner entière satisfaction pour franchir de nouvelles étapes. Mon départ précipité de Grande-Bretagne il y a presque cinq ans ne m'a pas permis d'emmener avec moi les preuves de mes compétences, mais je ne me désespère pas de me faire un nom dans cette petite société des potionnistes américains.

Sans que je ne m'en sois aperçu, le temps a filé et je risque maintenant d'être en retard pour mon rendez-vous avec un fournisseur. Je sais qu'en tant que maitre des potions, je devrais préparer moi-même mes ingrédients, mais je n'ai malheureusement ni le temps ni la possibilité de parcourir le monde pour les trouver. Je suis obligé de gérer mon petit commerce, ce qui m'impose certaines contraintes qui m'empêchent de faire mon travail dans les règles de l'art. Je sais que lorsque ma réputation sera faite, je pourrai préparer mes ingrédients correctement, et je n'aurai plus à me déplacer systématiquement pour rencontrer mes clients.

En attendant, je dois partir au plus vite. J'attrape ma serviette, et une caisse magiquement renforcée que je réduis pour la glisser dans ma poche. Je suis enfin prêt pour affronter cette longue journée. Je sors de chez moi, et comme d'habitude, la rue est déserte. C'est l'un des avantages de vivre dans un petit quartier résidentiel en banlieue, où il est rare d'être dérangé par des promeneurs matinaux. Je me dirige donc vers une ruelle adjacente, qui se termine en cul de sac pour transplaner. Il ne me faut que quelques secondes pour me matérialiser dans une autre ruelle, cette fois en plein centre-ville. Le quartier parait misérable, mais je ne m'en formalise pas. Un apothicaire extrêmement réputé vit ici, et il est capable de fournir quasiment n'importe quel ingrédient, légal ou non, dans un délai défiant l'imagination. Naturellement, les prix sont en proportion, mais il faut bien que tout le monde vive, non ?

L'échoppe parait elle-aussi misérable, et semble sur le point de tomber en ruines. J'entre et j'entends sa voix grinçante retentir.

« Je pensais que vous m'aviez oublié.

– Bien sûr que non, je n'aurais pas oublié un rendez-vous avec vous. Je vous prie d'excuser mon retard.

– Bon, passons. Vous avez de la chance que je n'ai pas d'autres impératifs ce matin. Sans cela, vous auriez trouvé porte close.

– Je vous remercie. » Merlin, ce vieux fou a vraiment un caractère épouvantable. Heureusement qu'il était ce qu'on pouvait trouver de mieux dans la région, car ce n'était pas son sens du commerce qui lui permettrait de conserver ses clients. Faire profil bas et le flatter sont les seuls moyens d'obtenir satisfaction. « Je suis venu car je voudrais me procurer certains ingrédients.

– Bien sûr, pourquoi seriez-vous venu autrement ? Je le sais bien. Que voulez-vous ?

– Il me faudra de la bile de tatou, des œufs de doxy, des orties séchées, des crochets de serpent, des limaces cornues et des épines de porc-épic.

– Je suis surpris, vous semblez suffisamment expérimenté pour avoir dépassé le stade des potions de soin contre les furoncles. Et puis, il existe d'autres potions bien plus efficaces contre ce genre de problèmes. » Lorsqu'il me dit cela, je ne peux pas m'empêcher d'avoir envie de l'étrangler. Bien sûr que cette satanée potion est d'un niveau frisant le ridicule. Lorsque je l'ai vue sur le bon de commande, j'ai cru qu'il s'agissait d'une blague, mais visiblement, personne dans cet hôpital ne sait la brasser. Je pense que je pourrais la faire les yeux fermés, après l'avoir enseignée pendant plus de quinze ans à des élèves de première année, plus obtus les uns que les autres. Cependant, je reprends comme si je n'avais pas été interrompu « Il me faudra aussi du napel séché.

– Oh, c'est un choix intéressant. Dans quel cadre l'utilisez-vous ?

– Pour la Tue-Loup. » Je lui réponds laconiquement, je n'avais pas prévu d'en acheter, mais voir cette lueur de respect dans ses yeux est suffisant pour justifier la dépense. Cette potion est une découverte très récente et est très délicate à préparer. Je ne veux pas qu'il s'imagine que je ne fais que des potions de débutant.

« Bien, vous les aurez dès que possible. Je vous enverrai un hibou lorsque votre commande sera disponible. »

Je quitte l'échoppe après l'avoir salué à mon tour. Cette rencontre s'est finalement bien passée. Je pourrais me rendre à l'hôpital en transplanant, mais il n'est pas très loin, et j'aime bien marcher dans les rues. Ici, tout est tellement grand qu'on en devient totalement anonyme, j'aime la sensation de liberté que cela me procure. Je m'amuse à observer les gens que je croise, la bande d'adolescents qui rentrent de l'école en discutant fort, la jeune femme qui promène son chien totalement absorbée par sa conversation téléphonique, ce couple de personnes âgées qui marche en se tenant le bras, comme s'ils n'étaient devenus qu'un seul être au fil des années. Ils sont tous moldus, et semblent avoir une vie parfaitement normale. J'ai appris à me fondre dans la masse et je sais que j'ai la même apparence qu'eux. J'ai mis quelques temps à m'habituer à ces vêtements moldus, mais je dois avouer qu'ils sont plus confortables que ceux des sorciers. J'arrive déjà devant la vitrine d'un ancien barbier, et la porte s'ouvre automatiquement devant moi. Elle a reconnu mon empreinte magique, et je peux maintenant entrer et sortir de l'hôpital sorcier sans restriction.

Je me rends directement au 5ème étage, réservé aux traitements spécifiques. Le laboratoire de potion y a été installé récemment. En chemin, je croise quelques infirmières que je connais. Je les salue d'un signe de la tête et elles me répondent de même. Je ne reste pas longtemps quand je viens, mais je vois souvent les mêmes personnes et je m'efforce donc d'être poli. Ici, personne ne me connait, ou plutôt, personne ne me juge. Il est donc plus facile aussi pour moi d'adopter un comportement normal.

Arrivé au bon endroit, j'aperçois Jackson – je n'ai jamais su si c'était son nom ou son prénom, c'est ce qu'il y a écrit sur son badge, et je n'ai jamais pris le temps de lui demander -, c'est lui mon interlocuteur. Je passe toujours par lui pour recevoir les commandes et pour la remise des produits. Il est plutôt sympathique, compétent, mais la première chose qui m'a interpellé chez lui est son rire tonitruant. Je pense qu'on peut l'entendre dans tout l'hôpital.

« Voici les potions que vous m'avez demandées.

– Merci, je ne pensais pas qu'elles arriveraient aussi tôt. Vous les avez faites cette nuit ?

– Hum, oui, c'est exact. Je suis un peu insomniaque, alors j'en profite pour travailler.

– Mais vous êtes maitre des potions, vous pouvez vous confectionner quelques potions pour aider à dormir, non ? Vous avez les connaissances pour cela.

– Bien sûr, mais j'en connais aussi les effets. Je préfère éviter autant que possible de tomber dans ce genre de pratique. Ces produits sont très addictifs, et je suis aussi capable de produire des choses beaucoup plus fortes. C'est un risque que je ne veux pas prendre.

– Vous avez raison, c'est un … »

Soudain, l'apparition d'un patronus l'interrompt. L'écureuil commence à parler d'une voix très rapide. Apparemment, mon interlocuteur est demandé de toute urgence au 3ème étage car une certaine Mrs Van Stephan vient de faire une nouvelle crise. Son visage alarmé m'informe qu'il s'agit d'une mauvaise nouvelle, et que je ferais mieux de prendre congé.

« Je suis désolé, Mr Bishop. Il s'agit vraiment d'un cas difficile, et nous n'avons pas la moindre idée du mal dont souffre cette pauvre femme. Je dois y aller, mais je suis sûr que nous nous reverrons bientôt. Bonne journée. »

Je le salue avant de sortir. Alors que j'avais prévu que ce rendez-vous serait plus long, j'ai à présent une longue après-midi devant moi qui va me permettre de travailler un peu. Enfin une bonne nouvelle.

Je rentre alors chez moi en transplanant à nouveau. J'ai décidément du mal à me faire à ce nouveau nom. Je l'ai emprunté à un moldu mort pendant la guerre pour rendre mon arrivée ici plus discrète, mais j'aurais dû en choisir un autre. A chaque fois que quelqu'un l'utilise, j'ai l'impression qu'on s'adresse à quelqu'un d'autre. Malgré le fait que je n'ai jamais aimé le nom que mes parents m'ont donné en changer brusquement est une expérience très perturbante. Enfin, je vais probablement devoir l'utiliser jusqu'à la fin de mes jours, alors autant faire un effort pour m'y habituer.

Enfin revenu dans la quiétude de mon laboratoire après le bruit de la ville, je savoure ce silence. Je reprends la lettre du Dr Montgomery que j'avais laissé sur la table et la lit plus attentivement. Apres les traditionnelles lignes de politesse, la liste des potions dont il a besoin attire mon attention. Pimentine, Poussoss et pâte contre les brûlures, rien de très compliqué, mais relativement long à préparer. Je décide donc de commencer dès maintenant.

Après plus de trois heures de travail, la chaleur est quasiment insupportable dans le laboratoire, mais les premières étapes sont terminées. Il faut maintenant qu'elles reposent avant de pouvoir continuer. Je m'accorde quelques minutes de repos dans mon fauteuil avant de profiter de mon temps libre inespéré pour commencer un test que j'avais prévu de faire depuis longtemps. J'aime toujours autant expérimenter de nouvelles potions, mais je n'ai plus accès aux ressources quasi illimités de Poudlard, je dois donc y aller avec parcimonie.

Je ferme les yeux, et je me fais réveiller par les coups secs du bec d'un hibou contre mon carreau. Je n'ai pas eu conscience de m'endormir et je suis un peu désorienté quand je vois où je suis.

Cette fois-ci, je ne reconnais pas le volatile, il s'agit probablement d'un nouveau client qui a entendu parler de moi par un moyen ou un autre. Je le laisse entrer, et il tend la patte pour me laisser prendre la lettre. D'un mouvement d'aile gracieux, il part se poser sur le perchoir prévu à cet effet car il doit attendre une réponse rapide. Dès les premiers mots, je comprends que cette lettre sort de l'ordinaire.

Cher Professeur Snape

Seule une personne venant de mon ancienne vie peut connaitre ma véritable identité. Je n'arrive pas à reconnaitre l'écriture. Ronde, plutôt féminine, régulière, elle peut appartenir à tout le monde. Je regarde directement en bas de la missive, mais seules des initiales sont inscrites : LS. Je cherche rapidement parmi mes connaissances, mais aucune ne correspond à ces lettres. Peut-être que des indices se cachent dans le corps du texte.

Cher Professeur Snape,

Je sais qu'il s'agit d'une manière un peu cavalière de prendre contact avec vous, mais j'ai tenté de vous rencontrer à plusieurs reprises, sans succès jusqu'à présent. Je ne souhaite pas révéler mon identité pour le moment, et j'aimerais que vous ne cherchiez pas à la découvrir.

Comme vous l'avez probablement deviné, je vous connaissais alors que vous viviez encore en Angleterre. J'ai appris comme tout le monde que vous aviez eu un rôle majeur durant la guerre, et j'ai compris que vous vous étiez fait passer pour mort. Vous avez fait un choix, je respecterai donc cette volonté et je ne divulguerai pas votre vrai nom.

J'ignore si vous vous êtes tenu informé de ce qu'il s'est passé en Angleterre après votre départ. Vous avez été célébré comme un héros après la guerre, Harry Potter a fait en sorte de réhabiliter votre nom et la plupart des Mangemorts ont été capturés et jugés. Mais là n'est pas le sujet.

Je souhaitais vous contacter car vous êtes un Maitre des Potions talentueux, et je pense que vous avez encore de grandes choses à accomplir. J'aimerais participer à cela, dans la mesure de mes moyens.

Je sais que ma proposition peut vous sembler incongrue. Je suis habituée à susciter ce genre de réaction, mais j'aimerais vraiment vous rencontrer pour en parler de vive voix. Vous êtes probablement en train de vous demander s'il s'agit d'un piège tendu par un ancien Mangemort qui souhaite se venger. Vous avez raison, je ne peux pas vous prouver que me rencontrer ne constituera pas un risque pour vous. Je ne peux que vous promettre sur mon honneur que je ne vous veux pas de mal.

Je serai donc au café Serendipity mardi prochain à 15h. J'espère sincèrement que vous viendrez, j'ai tellement de choses à vous dire.

Bien à vous,

LS

Le silence qui règne est assourdissant. Cette personne, qui qu'elle soit a raison. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé en Angleterre depuis cinq ans. Cet exil volontaire m'a permis de me reconstruire, mais ai-je vraiment envie de savoir ? Le choc que je ressens m'oblige à m'assoir sur la première chaise venue. Bien sûr, il m'est parfois arrivé de penser à cette période, de me demander ce qu'il se passait là-bas, mais tout cela n'était resté que de vaines spéculations. Je tiens dans ma main un lien vers mon passé, et vers cette vie que j'avais voulu effacer.

Un nombre incalculable de souvenirs me reviennent de plein fouet, les questions s'accumulent sans que je ne puisse y répondre. Qui me connait assez bien pour prévoir ainsi mes réactions ? Pourquoi se donner autant de mal pour me retrouver après toutes ces années et tout ce que j'ai fait avant mon départ ? Et surtout, que vais-je répondre ?

Brusquement, la réalité me frappe. Il serait totalement stupide d'accepter cette invitation. J'ai reconstruit une vie ici, qui me plait et à laquelle je tiens. J'ai à présent suffisamment à perdre pour ne pas tout risquer sur un coup de tête. Toutes les décisions que j'ai prises dans ma vie sans réfléchir se sont invariablement soldées par des échecs. Le plus retentissant restant bien sûr ma propre mort.

C'est décidé, je froisse brusquement le parchemin et le jette dans le feu.


J'espère que ce chapitre vous a plu ! Avez-vous des idées sur qui peut être la personne qui a retrouvé Severus, et qui lui a envoyé ce parchemin ? J'ai hâte de voir vos hypothèses !

N'hésitez pas à laisser des tonnes de reviews, car même si je continuerai à publier, ça fat toujours plaisir d'avoir des retours.

Merci de m'avoir lu jusque là, et à dans quinze jours !

Lycoris