Ginny réussit à envoyer son hibou à Percy avant de revoir Blaise, et réussit à rompre avec Blaise d'une façon qui leur permettait de rester amis. Il avait eu un sourire un peu faible, l'avait enveloppée dans un gros câlin et dit qu'elle avait intérêt à continuer à lui faire signe pendant les matches de Quidditch, elle avait promis, et c'était tout.

Elle aurait presque voulu que ce soit un peu plus compliqué. Pourquoi est-ce qu'il ne lui avait pas demandé pourquoi, ou essayé de la dissuader ? Quand elle se glissa dans ses draps, les rideaux fermés la coupant de ses camarades, elle se sentit très triste, probablement bien plus triste que Blaise.

Elle avait laissé le journal sous son oreiller et le sortit, passant la main sur la couverture. Une question chuchotée au creux de son âme plus tard, des larmes qu'elle ne comprenait pas brûlaient dans ses yeux et elle ne le repoussa pas. Sans un mot, Tom se glissa dans son esprit. Elle s'attendit à recevoir sa condescendance habituelle et s'attendit à ce qu'il se moque d'elle, disant qu'elle n'était qu'une petite fille stupide, mais il sembla goûter ses émotions comme un serpent goûtant l'air de sa langue, et une douce chaleur silencieuse se répandit dans son esprit. Elle resta allongée dans le noir et sentit ses larmes imbiber son oreiller jusqu'à ce que Tom dise, Je pourrais le tuer.

Elle étouffa un rire. Non.

Il t'a fait pleurer.

Je pensais que tu serais content. Tu ne l'as jamais aimé de toute façon.

Tom sembla s'installer tout contre elle et elle sentit son désaccord. Je l'aime bien, si. Il sera un excellent partisan. Je suis content, cependant, de ne pas avoir eu à expérimenter directement ses baisers ineptes.

Ginny commença à protester en se disant qu'ils n'étaient pas ineptes et qu'elle ne recrutait aucun partisan, mais s'interrompit avant la moindre pensée articulée. Bien sûr qu'ils l'avaient été, et bien sûr qu'elle recrutait. C'était ce que faisait sa Maison. Ils se faisaient des amis, oui, mais en gardant à l'esprit qui serait utile. C'était pour ça que Pansy et Daphné l'avaient amenée dans leur cercle. C'était pour ça que Theo et Blaise avaient flirté avec elle. Les Malfoy l'avaient marquée comme des leurs et tout le monde voulait en profiter.

Elle n'en pleura que plus fort. Cette saleté de horcruxe avait eu raison. Personne ne l'aimait pour ce qu'elle était. Tout tournait autour de sa place dans la hiérarchie sociale. Tout le monde voulait être proche de la première Weasley à Serpentard, la jeune fille adoubée par Narcissa Malfoy. Elle était une particularité sur la table politique, c'est tout. Personne ne l'aimait pour ce qu'elle était et pas même sa propre famille. Ils leur avaient tourné le dos dès qu'elle s'était révélée être un serpent.

Moi, je t'aime bien, dit Tom.

Elle renifla et l'une de ses camarades de dortoir marmonna quelque chose à propos de Ginevra la tarée.

Elle ne s'intéresse pas à toi pour ton statut social, répéta Tom.

Ginny ne s'embêta pas à mettre des mots sur son opinion amère et Tom ricana — ricana pour de vrai — et le son de son rire, qu'elle seule pouvait entendre, la fit sourire un petit peu, bien que sa poitrine lui faisait toujours mal et ses yeux la brûlaient toujours.

Tu me laisseras la tuer, au moins ? demanda Tom.

Elle lança un sort de silence autour de son lit avant de se mettre à rire. Tom l'entoura de son plaisir arrogant d'avoir réussi à la faire sourire à nouveau avant de dire, Tu ne peux pas croire ce que disent les horcruxes, Ginevra.

Elle rit encore plus fort en entendant ça et, puisqu'il se vexait, dut lui expliquer qu'il était un horcruxe et que oui, elle ferait mieux de ne pas croire tout ce qui sortait de sa bouche, tout particulièrement le fait qu'il l'aimait bien. Elle le sentit devenir furieux contre lui-même de s'être piégé tout seul et il finit par dire, Tu crois vraiment que je pourrais te mentir quand tu es dans cet état-là ?

Je pense que tu pourrais mentir à n'importe qui, répondit-elle.

Il se rengorgea un peu, mais la taquina avec insistance jusqu'à ce qu'elle réponde précisément à sa question. Pourrait-il lui mentir, explicitement et directement, quand ils étaient deux âmes dans un seul corps ? Elle dut bien admettre que cela semblait improbable. Mais quand même, il avait réussi à la tromper pendant des années.

Tu ne m'as pas dit que tu étais Lord Voldemort, dit-elle.

Tu ne m'avais jamais demandé, répondit Tom.

Aucune importance.

Elle releva la tête, essuya son visage, et retourna son oreiller pour que la partie humide ne soit pas pressée contre sa joue. Est-ce que tu es capable d'aimer ? demanda-t-elle en s'allongeant plus confortablement.

C'est quoi, l'amour ?

Donc non.

Il était irrité, et il marmonna quelques pensées trop indistinctes pour qu'elle les comprenne avant de dire, Je veux tuer ceux qui te rendent malheureuse, et je suis heureux quand tu obtiens ce que tu veux. Je préférerais largement ne jamais te faire de mal. Est-ce que c'est suffisant ?

N'écris jamais de livre d'amour.

Tom éclata de rire et Ginny se roula en boule dans son lit, se sentant moins seule pour la première fois depuis des mois. C'était son Tom, son meilleur ami, le garçon brillant et cruel qui aimait la faire sourire. Elle savait qu'elle devrait le laisser retourner dans le journal. Ce n'était pas une bonne idée, de le laisser la rejoindre pendant trop longtemps.

Pas rejoindre, posséder, lui murmura une voix inconnue, et elle savait que c'était son propre esprit, son sens commun qui insistait que c'était une mauvaise idée. Elle l'ignora. Elle avait été si triste sans lui, et maintenant il était de retour.

Tu m'as manqué, toi aussi, dit-il.

Elle se nicha sur le matelas douillet et remonta les couvertures. Pansy pense que je devrais inviter Draco à sortir, annonça-t-elle.

Elle a tort, répondit Tom. Avant que la vague de tristesse puisse la noyer à nouveau, avant qu'elle puisse penser qu'elle avait quitté Blaise juste pour être avec celui qui la rendait nerveuse et emplissait son ventre de papillons et que maintenant on lui disait que c'était une mauvaise idée, Tom ajouta, Laisse-le croire qu'il gère tout, et il viendra te courtiser.

Et s'il ne le fait pas ?

Oh, il le fera. L'amusement de Tom à l'idée que Draco ne sauterait pas sur l'occasion de l'inviter à sortir fit fleurir un petit bourgeon de confiance en elle à l'intérieur de son esprit, malgré le manque de désespoir de Blaise devant leur rupture, et elle passa sa langue sur ses lèvres à l'idée d'être irrésistible. J'ai dit de le laisser croire qu'il est en charge de tout, précisa Tom. Tu sais bien qu'au fond, c'est nous qui allons tout planifier.


Oups, heu, désolée pour le jour de retard. Bisous à mardi !