Disclaimer: rating M + vous connaissez la chanson: tout à JKR... le reste à moi.
Vous n'êtes pas prêts. (= il faut bien que j'y mette du mien pour vous vendre cette fic xD)
C'est tout ce que je dirais en guise de salutation. Vous n'êtes pas prêts à ce qui va suivre, que vous ayez lu le Tome 1 (que je vais faire l'effort de résumer pour vous) ou que vous débarquiez de nulle part, ce qui est possible également. J'ai écrit cette histoire en continuité avec B(l)ack again, mais elle est aussi abordable pour ceux qui ne l'ont pas lue (je ne voulais forcer personne à lire une fic dont moi-même j'ai des difficultés à être satisfaite maintenant)
Un an nous sépare de B(l)ack again, et Severus, Narcissa, Sirius et Remus ont grandi avec moi pendant ce temps. Ils étaient mon refuge, la substance de mes rêves, et des milliers de scénarios se sont écrits dans ma tête avant qu'un seul ne le soit sur mon ordi.
Résumé du Tome 1 : Pour faire court, Sirius et Severus sont tombés amoureux lors de leurs années à Poudlard et ils finissent ensemble. Ce qui change et qui va surprendre ceux qui ne l'ont pas lu, c'est Narcissa. C'est un personnage clé, d'une importance capitale, que j'aime beaucoup, et dont le faible développement dans le canon m'a fait prendre des libertés pour l'imaginer à ma façon. De fait, c'est la meilleure amie de Severus, et cette amitié, ce soutien qu'elle lui apporte, change le développement du Severus adulte, à mon sens. Severus n'est pas tout seul. Il est conseillé. Il tient à certaines personnes. Le fait qu'il ait trouvé quelqu'un sur qui compter et qu'il ait été en relation avec Sirius expliquent dors et déjà que vous ne le trouverez pas foncièrement mauvais dans cette fic. (même si il garde son caractère acerbe bien à lui !)
Le Tome 2 débute avec l'évasion de Sirius d'Azkaban. Vous verrez que les choses ont totalement changé. Si dans le Tome 1, ils se quittent dans la joie, l'amour et la bonne humeur… leurs retrouvailles sont similaires à celles du canon. Et vous découvrirez pourquoi !
Je ne vais pas en dire plus, mis à part que je suis vraiment contente de revenir avec Back to Black ! J'espère que vous aimerez lire cette fic autant que j'ai aimé l'écrire.
Je ne vais pas être d'emblée défaitiste et vous engueuler au sujet des fameux « lecteurs fantômes »… J'espère simplement que les personnes qui comprennent ce que ça représente que d'écrire, ce que c'est que de passer des heures à peaufiner quelque chose qui peut vous prendre cinq minutes à lire, n'auront pas l'ingratitude de refuser quelques mots qui me font un bien énorme. Les reviews n'ont pas besoin d'être des commentaires de texte… elles peuvent être simplement un remerciement, une remarque, une pensée… c'est tout ce que je demande. C'est tout ce qui m'importe, me réchauffe le cœur, me donne envie de continuer à écrire pour vous ! C'est en relisant celles postées sur B(l)ack again que j'ai réalisé à quel point votre soutien m'a encouragé à m'y remettre pour de bon malgré mon moral à plat. Je voudrais encore une fois remercier tous ceux qui se reconnaîtront pour m'avoir fait ce plaisir ! Je vous répondrai toujours avec tout l'amour que j'ai pour vous.
Bonne lecture à tous.
1. Back to Black
Mais…. C'est lui ! s'écria mentalement Sirius, stupéfait de voir le jeune Potter, assis sur le trottoir d'en face, l'air perdu. Malheureusement sa surprise se traduisit presque instantanément par des aboiements furieux. Il n'aurait jamais pensé devoir travailler l'expression de ses émotions canines un jour, mais il fallait se rendre à l'évidence : le résultat était plus que déplorable. Comment mettre un gosse en confiance avec de tels hurlements ? Godric Gryffondor lui-même en aurait été effarouché.
Le Magicobus cacha Sirius avant qu'il puisse tenter de rattraper cet accueil raté. On aidait l'enfant à monter à l'intérieur. Ca avait semblé de toutes façons trop facile, se dit-il en rebroussant chemin. Son retour était à travailler davantage.
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-… Ce que je viens de t'expliquer ce n'est pas pour t'inquiéter Harry, mais tu cours un grave danger. » Le non-sens de cette phrase alarma tout de suite le rouge-et-or. « Il y a de fortes chances que Black se soit évadé pour terminer ce qu'il avait commencé avant la chute de Tu-sais-qui… tu es le seul obstacle qui l'en empêche, et je parierais qu'il a pour seul projet de te retrouver…
-Pour me tuer, compléta le gryffondor de sang froid.
-Harry… tu dois juste promettre de ne jamais essayer de chercher Sirius Black, d'accord ?
-Monsieur Weasley, pourquoi chercherai-je quelqu'un qui veut me tuer ? »
Harry s'inclina légèrement et fit demi-tour, retrouvant ses amis.
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La baguette du professeur de potion frappa très sèchement la table d'Hermione Granger, au premier rang, et prouva encore une fois sa résistance spectaculaire aux coups de son propriétaire : « Qu'est-ce que je viens de vous dire, Miss Granger ? »
Cette question sifflée en un chuchotement menaçant fit frissonner plusieurs élèves. En fait, si la jeune gryffondore avait poussé le vice jusqu'à répondre honnêtement à son professeur, elle aurait dit sans mentir « Rien ». Celle-ci avait simplement eu l'audace de lever la main pour essayer de répondre à une question… avant que ce professeur machiavélique n'eut fini de l'énoncer clairement. Erreur fatale… le genre d'erreur que Ron surnommait « de débutant ». Dans cette classe, on punissait les élèves pour faire preuve d'une telle perspicacité et montrer son intelligence était un manque de pudeur frôlant l'insolence... souvent aggravé par le fait d'être un gryffondor, il fallait l'avouer. C'était un petit privilège bien à eux, de se faire martyriser gratuitement… et Rogue le leur accordait avec une grande bonne foi, comme on s'en doute.
« Chaque année, Miss Granger, je me tue à vous le faire comprendre : pensez-vous que cela me fait le moindre effet, de voir que vous maîtrisez dans les grandes lignes tout le programme de l'année ? Pour la énième fois… » Un soupir las glacial s'échappa de ses lèvres fines. « Pas le moins du monde ! cingla-t-il. Je m'en fous, est-ce clair ? Mais ce n'est pas le vrai problème, non… » Il parcourut la salle de ses yeux prédateurs plissés au maximum. « Le vrai défaut de Miss Granger est un défaut plus général, voyez-vous ? Et c'est une tare de caractère que je ne connais qu'aux gryffondors... Cela s'illustre comme vous venez de le voir : lever la main avant même d'avoir entendu la question. Qui vous dit, Miss, que je n'allais pas dire tout autre chose qu'à quoi vous pensiez ? J'aurais pu demander… qui était l'auteur du vol de manuscrit de la semaine dernière, et vous auriez été là, l'air absolument stupide, la main levée en faisant de gros yeux. –Soit dit en passant, Millicent, vous viendrez dans mon bureau à ce sujet en fin d'heure. Oui, oui. On se tait ! » Il éleva la voix un instant puis repris son sifflement dédaigneux. « Ce que je me tue donc à vous enseigner, histoire que vous reteniez au moins une chose de ce cours, c'est bien de prendre Miss Granger comme contre-exemple absolu, du moins vous allez tous, sans exception, me faire l'honneur (il appuya exagérément sur ce mot) de ne plus jamais vous comporter comme cela dans mon cours. Lever la main avant de connaître la question est la première étape ; ensuite, il y a « parler sans réfléchir », puis « agir sous impulsion »… et ça se termine par votre nom dans la Gazette, parce que vous avez tué quelqu'un avant même de lui expliquer les raisons de votre colère ? Mais dîtes-moi, énergumènes de gryffondors, où croyez-vous qu'on va comme ça ? c'est ça, votre « monde meilleur » ? »
Il laissa le silence les aider à digérer le mépris concentré de ses paroles. Tout ça n'était que du vent, évidemment, mais un vent très toxique capable de faire oublier l'espace de quelques secondes les hormones en folie de ces jeunes… et rien que pour cela, il se félicitait, d'autant plus qu'en ce moment il avait besoin de calme.
« J'enlève cinq points à Gryffondor, conclut-il, satisfait, et revenons au sujet principal de ce cours dont pas un seul élément ne monte jusqu'à vos étroites cervelles… les potions de changement de taille. »
Et de gaffe en gaffe, le cours finissait toujours tant bien que mal par se terminer ; les gryffondors soufflaient de soulagement, oui, mais n'étaient de loin pas les seuls. On se permettait parfois un petit commentaire désapprobateur juste après avoir passé les portes de la salle de classe, on lâchait une larme pour les plus sensibles, mais enfin ça se terminait, et c'est le principal, se disait Severus.
xx
-Tu te souviens quand tu m'as dit que j'aurais encore mieux fait de t'épouser ? »
Les paupières lourdes de Severus se fermèrent l'espace d'un instant, marquant sa désapprobation totale.
-Je comprends maintenant ce que tu voulais dire. T'avais tellement raison Sev… On aurait pas eu de beaux enfants, ça » petit rire sans joie, « ça, c'est sûr ! mais au moins j'aurais été libre… j'aurais pu faire toutes ces choses que tout le monde-
-Je t'arrête un instant 'Cissa. Premièrement, je ne suis pas venu pour t'écouter te plaindre ; deuxièmement, c'est vraiment pénible pour moi d'entendre quelqu'un me dire « nos » enfants ; troisièmement, évidemment que « nos » (grimace de dégoût exagérée) enfants n'auraient jamais pu être beaux étant le fruit d'un viol. Je te laisse deviner qui de nous deux en aurait été la victime… C'est ça, Narcissa, félicita ironiquement Severus en voyant son visage résolument boudeur. Ne l'oublie jamais. Je ne suis pas les autres. Les autres ne sont pas moi. Je ne couche pas pour faire de bonne action. Quatrièmement…
-Merlin tout puissant, lâche tes grands airs de prof ! Là, ça devient réellement lassant, tu vois ? » Elle soupira. « Je ne sais pas comment tu peux encore avoir le culot de blaguer en voyant dans quelle situation je suis. Je pensais qu'on était ami…
-Epargne moi ce sentimentalisme !
-Se marier entre amis, j'aurais du y penser plus tôt… en voilà une relation satisfaisante !… Tu n'aurais pas dit non si ça avait été encore temps, hein Severus ?
Severus braqua son regard agacé sur Narcissa : « Non, non »
Aucune chance de toute façon : un mensonge ne ferait aucun mal. A ce stade, il fallait bien s'adoucir un peu, même si il jouait à faire comme si derrière l'humour insensé de Narcissa ne se cachait pas une déception amoureuse plus profonde. Lucius avait changé depuis longtemps, après tout. La plupart du temps elle semblait s'y résigner.
-Severus.
-Hein ? » Le ton de son amie était curieusement moralisateur.
-Est-ce qu'on va en parler ? chuchota-t-elle.
-Est-ce avec ce ton cachottier que tu demandes à ton fils si il a déjà couché avec-
-SEVERUS ! » Une tape à l'arrière du crâne le décoiffa totalement, l'empêchant de finir sa phrase.
-Merlin, je plains Drago. T'avoir comme mère… Grands dieux, siffla-t-il en se frottant l'arrière de la tête. Tu es une brute !
-Imbécile ! cet enfant n'a que douze ans ! » Narcissa se massa les yeux pour enlever les images de son fils occupé d'une certaine façon. « Tu crois que je t'ai invité au Manoir pour parler de la pluie et du beau temps !? ou pour entendre ce genre de… remarques ?
-C'est ce qu'on fait d'habitude, non ?
-Je déteste te voir avec cet air insolent… fit-elle les dents serrées. Tout ça pour éviter le sujet principal… pour l'amour de tourner autour du pot… c'est ça, fais comme si tu étais encore plus con que tu ne l'es déjà.
-Je regrette, mais penses-tu instaurer une atmosphère propre à la confidence en m'insultant ?...
-La vérité est le plus beau cadeau que l'on puisse faire à un ami.
-Cette phrase est de… ? fit Severus, ravi de ce détournement de conversation offert sur un plateau.
-MOI. Alors écoute moi bien, Professeur Rogue : après m'avoir littéralement cassé les pieds avec mon cet abruti congénital pendant des années, tu décides de garder le silence sur son évasion alors même que tu sais très bien qu'il y a toutes les chances au monde pour qu'il se dirige à l'instant même vers Poudlard ?
-C'est un bon résumé de la situation, accorda Severus en un haussement d'épaule et une moue de négligence. Sérieusement : et alors ? Je ne vois pas pourquoi tu y accordes une telle importance. » Il fit mine de réfléchir. « Peut-être que c'est parce que c'est ton cousin ?
-Il a été rayé de la généalogie depuis longtemps. Tu le sais. »
Une énième grimace déforma le visage fatigué de Severus. Fatigué, c'est tout ce qu'il était à présent : il trouvait encore le moyen d'être sarcastique par machinisme, résultat de toute une vie de pratique, mais sa répartie perdait doucement de cette vérité tranchante. Parfois il cherchait ses mots. Plus exaspérant que blessant, en somme.
« Je pensais qu'on avait épuisé le sujet « Black ». Tu es pénible ! » Il soupira, excédé. « Fou comme il est devenu, à ressasser pendant douze ans ses meurtres dans un lieu malsain au possible, il ne se rappelle sûrement même pas de son prénom. Je n'ai rien à en dire, voilà ! » L'énervement montait. « C'est oublié toutes ces gamineries. Si c'est des excuses que tu veux, je te le dis une bonne fois pour toutes : désolé d'avoir été invivable avec toi parce que cette rupture était devenu notre sujet de conversation numéro Un. Mais à présent, je ne regrette plus rien. Tu vois comment ça a fini, non ?
-Tu ne sais justement pas comment Sirius a fini, c'est bien pour ça que-
-Oh s'il te plait ! j'ai refusé de me voiler la face. Tu es la seule que je connaisse qui arrive encore à douter de la façon dont il a fini.
-Eh, Sev, c'est pour ton bien que je te le dis… méfie toi d'où viennent tes convictions !
-Merci Narcissa, la renchérit-il, amer.
Elle se retrouva seule dans sa chambre l'instant d'après. Bientôt, Lucius reviendrait d'on-ne-sait-où, et elle se devrait de redevenir cette femme soumise et docile en apparence. Comme s'il n'y avait pas déjà les elfes pour ça.
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La déchirure au mollet provoquée par les dents aiguisées de cet affreux chien noir fit hurler Ron. Il du puiser dans toutes ses réserves de courage pour ne pas oublier de ne surtout pas relâcher Croutard.
Une fois dans le Saule Cogneur, une migraine intense le pris en voyant cette bête immense se changer en un sorcier débraillé d'âge mûr, dont le regard ne mentait pas sur sa condition psychique : fou, cet homme était incontestablement fou et… Sirius Black ! Ron lâcha un cri aigu. L'assassin commença à répéter à quel point il voulait le tuer en le regardant fixement… avec ses cheveux noir comme des tentacules d'araignées énervées… partout… Ron avait chaud… il n'en pouvait plus… Il serra fortement son rat contre lui, apeuré.
-Vous !
Heureusement, Harry et Hermione arrivaient pour lui sauver la vie. Il aimait tellement ses amis. Ses meilleurs amis…
-Harry ! c'est toi, enfin ! s'exclama la chevelure d'araignée, qui n'eut pas le temps de dire un mot de plus avant de se retrouver projetée sur le sol par le jeune sorcier.
Puis la baguette du professeur Lupin se pointa également sur la tête de Black. Est-ce que tout le Château allait débarquer ? est-ce que tout ce boucan pouvait être juste une mauvaise blague ? ses frères jumeaux peut-être ? sale humour… vraiment, ils le leur diraient…
-Remus… mon vieil ami, se moqua l'araignée en regardant le professeur Lupin. Ca ne m'étonne pas vraiment de te trouver à cette heure-ci… tu t'y connais en escapade nocturne, hein ? »
Un dialogue de regards plus tard, le son d'une réponse tout autant incompréhensible arriva jusqu'aux oreilles de Ron.
« Alors finalement, c'est bien ce qu'on dit… la chaire reflète enfin la folie intérieure, répondit le professeur qui manifestement… souriait ?
Une main se tendit pour relever l'assassin et les deux sorciers tombèrent dans les bras l'un de l'autre. Les yeux paniqués de Ron, eux, tombèrent sur… Rogue, sur le pas de la porte. C'était trop… il se cacha la vue. Tous ses sens lui faisaient défaut, mais il ne perdait pas l'espoir de se réveiller bientôt de ce rêve absurde ! Y croire, y croire, y…
-On ne perd pas de temps à ce que je vois, Black, susurra le professeur de potions, arrachant l'araignée des mains de Lupin pour la plaquer contre le mur. A peine hors de prison qu'on embrasse déjà ses vieux amis ? et que penses-tu du baiser du détraqueur ? dans le genre des signes d'affection, je te garantis que c'est celui qui convient le mieux aux ordures comme toi…
-…Ca t'exciterait de le voir, hein, Se- »
Rogue tenta de l'étrangler et c'était bien la chose la plus épouvantable que Ron n'aie jamais vue de toute sa vie. Il ne dormira pas ce soir… non, plus jamais… Expelliarmus ! ce sort d'Harry fut suffisant pour les séparer.
Malheureusement la soirée était loin d'être finie pour le rouquin. Il allait encore devoir faire comme si tout pouvait se comprendre rationnellement… jusqu'à ce qu'on le lui explique, et qu'on le traite d'idiot. Vie cruelle.
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Revoir Rogue après plus de douze ans… Sirius cacha son visage entre ses genoux pour s'assurer que personne ne puisse voir sa crispation ; même si du haut de la Tour Noire il y avait bien peu de chances que des yeux malintentionnés puissent l'apercevoir. Pourquoi un ancien Mangemort comme lui était encore au Château ? Il n'avait jamais cru à son « changement de camp ». Espion, ça, il voulait bien le croire, mais à la solde de l'adversaire : ça crevait les yeux !... la sénilité de Dumbledore se faisait malheureusement sentir.
Mais dans la position où il se trouvait, se poser des questions pareilles ne l'avançait pas du tout. Il se fustigea de penser si peu à Harry dans un tel moment. Mais que pouvait-il faire quand on venait tout juste de lui promettre le baiser du détraqueur sur un plateau ? Plus d'âme… que la vie pouvait être réjouissante parfois ! n'avoir plus d'âme… Un rire nerveux incontrôlé s'échappa de ses lèvres gelées et il dut se tirer violemment une poignée de cheveux pour se calmer. Merlin… qu'il était pathétique.
Tant pis. Il devait profiter de ses derniers moments de lucidité pour laisser quelque chose à Harry, et non pleurer stupidement sur son sort comme il le faisait autrefois. Il détestait assez ce qu'il était devenu. Pas l'envie d'en rajouter quand on aurait honte même d'essayer de se trouver une raison d'avoir droit à ce luxe qu'est la plainte. D'avoir passé ces douze années en prison, il avait intériorisé un rôle, qu'il n'aurait jamais du jouer peut-être, mais qu'il avait appris et qu'il maîtrisait à présent : il ne se penserait plus jamais comme tout à fait innocent… l'absurde c'est qu'il l'ait été un jour, quand ses amis étaient morts par sa faute. Se leurrer sur l'issue du procès qui l'attendait ne lui ressemblait pas : la réalité, il voulait la regarder de face, bien droit dans les yeux, ses yeux atroces, afin de ne pas mourir tout à fait comme un vrai fou. Alors que ce détraqueur vienne ! Il était prêt.
Mais avant… un mot. Il allait écrire un mot à son filleul. Il se concentra pour tenter de faire apparaître un parchemin vierge avec les restes de magie sans baguette dont il se souvenait : les yeux fermés, assis en tailleur, il laissa ses mains exécuter des mouvements hasardeux pendant qu'il récitait quelques incantations de base…
« Je peux savoir ce que tu essayes de faire ? »
Sirius sursauta et se jeta violemment contre le mur droit du cachot : mouvement corporel stupide mais qui lui avait épargné bien des fois de se prendre un sort en pleine tête. Il leva les yeux et dut s'accrocher à la paroi du cachot pour soutenir le regard de Rogue. Lui qui pensait ne plus avoir d'amour-propre éprouvait bizarrement cette dignité stupide qui le forçait à se montrer brave devant l'ennemi, au prix d'une attaque cardiaque, parce que là c'était quand même Rogue et que ce nom était un condensé trop fort de sentiments contraires pour qu'il puisse contrôler cette… rage qui l'occupait tout entier.
-Réponds. Qu'est-ce que tu faisais ? répéta lentement Rogue.
-A ton avis ? de la magie noire, évidemment… de la magie noire. Tout le monde le sait voyons. Pas aussi noire que la tienne, ça, je te rassure… »
Il se permit un petit sourire méprisant.
-Est-ce que tu l'as vraiment ? la Marque ?
-Tu veux vérifier ? le nargua Sirius. Pourquoi ? Tu ne trouves pas que je ressemble à un Mangemort docile, moi aussi ? Pourquoi ne demandes-tu pas à ton… Maître » il prononça le mot avec une hypocrisie palpable, « si je suis l'un des vôtres ? il ne vous a pas parlé de moi depuis le temps ? Ah, mais non, il a disparu, c'est vrai !... J'en suis… tellement triste, Severus, acheva-t-il, parodiant le désespoir.
Rogue leva sa baguette pour la pointer vers Sirius.
-Très bien. Je vais vérifier par moi-même, fit-il froidement.
-Pardon ? cingla Sirius. Et qu'est-ce que tu comptes faire, salle Mangem-
-Fouiller tes souvenirs »
Le visage du gryffondor devint soudainement très sérieux, ce qui arrêta momentanément Rogue.
« -Je te déconseille vraiment de faire ça. Il y a des choses que personne ne veut voir. » La panique l'envahit en voyant que la baguette continuait à le viser. « Mais je l'ai pas, ta foutue marque ! Comment avez-vous tous pu être aussi… aussi stupides ? hurla-t-il. Je t'interdis de-
-Legilimens. »
« …de me prendre ce qu'il me reste de dignité » aurait-il dit, si il n'avait pas crié de douleur par le supplice infligé.
Quelques minutes plus tard Rogue était à genoux, les yeux rivés sur le sol crasseux. Pourtant c'est Sirius qui avait mal.
-J'espère que tu t'es fait plaisir au moins, souffla Sirius entre ses dents serrées.
-Ce que… ce que tu... » Le serpentard était visiblement pris d'étourdissements. « Sirius… » Il leva les yeux.
-Casse-toi, murmura celui-ci en détournant son regard hanté de cauchemars.
Severus sentit des larmes de honte pousser les paupières qu'il venait de clore. Il partit.