Chapitre 12 :

Emma ne pensait pas que Regina aurait réagi aussi brutalement à sa décision. La Reine ne comprenait donc pas qu'elle faisait ça pour elle ?! Que cela lui arrachait le cœur de s'éloigner ? Mais il fallait voir les choses en face. Elles « vivaient » ensemble depuis bientôt une semaine et tout ce que cela engendrait, était un trouble malsain entre elles. Regina soufflait le chaud et le froid à son égard et même si la Méchante Reine était connue pour avoir un petit côté pervers, Emma se doutait que son attitude complexe envers-elle n'était pas intentionnelle.

Assise dans la salle du trône, le Dark One broyait du noir... Elle ne leva pas la tête à l'entrée de sa sœur qui approcha.

– Elle t'en veut toujours ? Lui demanda Drizella.

– Je crois qu'elle pense que je l'abandonne...

Drizella haussa un sourcil.

– Lui as-tu dit que tu l'aimais ?

– Bien entendu...

La jeune sorcière s'assit sur un siège pas très loin et se mit à réfléchir.

– Nous devrions repartir...

Emma fronça les sourcils et tourna la tête vers elle.

– À Hyperion Heights ?

– Oui.

– Je t'ai donné ma théorie concernant le bébé qu'attend Regina et cette ville...

– Tu n'en sais rien Emma, peut-être que ta fille s'adaptera très bien. Demande à John... Quand je pense que tu peux le voir et pas moi, j'en suis jalouse !

Emma sourit et pensa aux propos de sa sœur.

– Pourquoi veux-tu retourner là-bas ?

Drizella soupira et s'enfonça dans son siège.

– Parce que là-bas personne ne lui voudra du mal... Ici, elle est et restera The Evil Queen. Elle n'est même pas revenue depuis une semaine que déjà elle a été enlevée !

– C'est aussi la raison de mon départ. Je veux que tous les monarques de ce royaume sachent qu'elle est sous ma protection. Et je compte bien rendre visite à chacun d'eux et leur faire comprendre.

Drizella se mit à rire.

– Mais tu crois quoi, Emma ? Qu'ils vont t'obéir au doigt et à l'œil ?

– Je suis le Dark One !

– Dans la Forêt Enchantée ! Ici tout est différent ! Regarde autour de toi, tu ne sais même pas comment va se dérouler la grossesse de ta femme !

Emma lui jeta un regard mauvais.

– Oui, fais-moi la gueule si tu veux, mais aie au moins l'honnêteté de dire que j'ai raison. On ne connaît pas ce monde et on a pensé à tort qu'il ressemblait au notre, mais nous sommes les intrus ici...

Emma se passa les mains sur le visage.

– Je ne sais pas... Et tu oublies que Regina ne se souvient de rien.

Drizella se leva et marcha dans la pièce d'un pas lent.

– Emma, peut-être que Regina ne se souviendra jamais de qui elle était, tu y as pensé à ça ?

– Je n'arrête pas d'y penser, mais le bébé fait en sorte qu'elle accepte d'avoir été avec moi et cela la perturbe.

– Bien sûr que cela la perturbe ! Imagine que j'apprenne demain que je suis la fiancée de Samy depuis des années ! J'aurais du mal à le croire.

Emma rit puis se rembrunie, Drizella reprit d'un ton rassurant :

– Écoute, Regina va s'en sortir, vous allez réussir toutes les deux et peut-être que justement vous avez besoin d'un monde sans magie pour ça... Je ne t'ai jamais vu aussi heureuse qu'avec elle à Hyperion Heights.

Emma ferma les yeux, soupira puis répondit :

– À supposer que tout cela soit possible, que nous repartions vers la ville noire... Je ne laisserai pas Henry ici...

– C'est évident !

– Oui, sauf qu'il y a un autre Henry à Hyperion Heights... Comment expliquer leur présence en même temps ?

– …

– Exactement, d'autant plus que... Il s'est passé une semaine ici, mais combien de temps là-bas ? Deux mois, trois ? Nous ne pouvons pas débarquer de la sorte...

– Alors repartons pour Wonderland... Pour ton palais. Si mes calculs sont exactes, il se sera écoulé trois ans maximum depuis le sort noir. La population se souviendra de toi...

– Et Regina ?

– Elle deviendra Reine avec toi, mais plus en tant qu'Evil Queen, juste... la Reine Regina...

– Qui te dit qu'elle acceptera ?

– Drizella ne se laissa pas démonter et répliqua :

– C'est à toi de la convaincre, ma grande...

Le Dark One sourit. Drizella se leva et vint se poster devant elle.

– Emma, je sais que tu veux bien faire ici, mais ne part pas loin d'elle, si elle a l'impression que tu l'abandonnes, alors reste, parce que même si je sais que ce n'est pas le cas, elle continuera à le penser. Prouve-lui qu'elle a tort, amène-la juste vivre ailleurs avec toi et Henry.

– Et toi ?

Drizella s'amusa de la question de sa sœur.

– Tu crois vraiment que si tu pars je vais rester ici ? Tu es ma famille, je ne te quitterai pas...

Emma se leva et la prit dans ses bras. Elles restèrent dans cette position un petit moment puis Emma murmura :

– Merci, gamine, d'être là et de m'empêcher de faire des conneries. Tu as raison, nous ne devrions pas rester dans cet endroit... Elle recula et caressa gentiment la joue de sa sœur. Mais toi ? Tu viendrais seule ?

– Non, Gretel veut partir aussi...

– Gretel ? Vraiment ? Sourit Emma.

Drizella leva les yeux au ciel.

– Oui, d'accord on couche ensemble, mais on est pas un couple ! On s'amuse c'est tout, et puis elle a besoin de partir d'ici...

– Comment va-t-elle ?

– Elle se remet petit à petit...

– Je suis contente que tu sois là pour elle... Elle ne pouvait pas mieux tomber, pour se remettre de cette épreuve.

Drizella haussa les épaules.

– M'ouais...

Emma ne releva pas, sa sœur était si perspicace pour les autres, mais avait tendance à ne pas croire en elle-même, c'en était parfois affligeant.

– Très bien, soupira Emma. Il faut que j'ai à nouveau une discussion avec Regina...

.

La Reine était en colère, Emma voulait partir et cela la mettait hors d'elle. Comment avait-elle pu s'attacher à cette fichue princesse aussi vite ?!

Elle ne répondit pas à sa propre interrogation, regardant son ventre à la place, le prenant à partie.

– Tu sais, je ne pense pas que tu sois plus grande qu'un haricot, mais tu arrives déjà à semer le trouble entre tes mères, j'ai hâte de voir ce que cela serra à l'adolescence ! Ce ne fut déjà pas simple avec Henry...

Elle se figea sous le coup du souvenir. Une ville inconnue... sa ville, Storybrooke, Emma et Henry, son propre fils d'à peine douze ans...

Les yeux fermés, absorbée par son passé, Regina n'entendit pas le coups à la porte ni Emma inquiète devant l'absence de réponse, entrer dans la pièce.

Regina les yeux clos, semblait terriblement soucieuse remarqua le Dark One, quelque chose la tracassait. Elle s'approcha en l'appelant.

– Regina ? Est-ce que tout va bien ?

La Reine debout, face à la fenêtre ne se retourna pas et n'ouvrit même pas les yeux en répondant d'une voix froide :

– Que faites-vous encore ici, Princesse ? Ne deviez-vous pas partir... pour mon bien...

Emma se dit qu'elle l'avait mérité puis marcha jusqu'à elle observant la vue à travers les carreaux, Regina ouvrit doucement les paupières et porta sa deuxième main à son ventre pendant qu'Emma répliquait :

– C'était une erreur... ce que je t'ai dit, que nous devrions nous séparer... J'avais peur. Emma émit un rire bref, j'ai toujours peur à vrai dire... Ce qui est arrivé avec Hansel... Je ne pourrai pas le revivre, je ne le supporterai pas. J'en ai marre de te voir en danger ou disparaître de ma vie Regina. J'aspire à vivre... Emma esquissa un sourire... à vivre un putain de un conte de fée avec toi... Ce serait légitime non ? Et je pense que nous pouvons l'obtenir, mais pas ici, pas dans ce royaume, dans un autre, dans le mien...

Regina inspira profondément puis demanda :

– Vous voulez dire à Hyperion Heights, un monde sans magie...

– Pas forcément, précisa Emma, nous pourrions trouver un autre monde où la magie existe, simplement loin du royaume des vœux...

– Non, il faudra que ce soit un monde sans magie, c'est le seul moyen...

Emma tourna la tête vers elle et fronça les sourcils.

– Que veux-tu dire ?

Regina eut un rire amer.

– Savez-vous ce que j'aime par-dessus tout, Emma ?

Emma sourit bêtement.

– Tu veux dire à pars moi ?

– Concentrez-vous, Princesse ! Cingla la voix de la Reine.

Emma redevint sérieuse et réfléchit :

– La magie...

– Oui, ou plus exactement, le pouvoir... Regina les yeux brillants continua en murmurant, avouant difficilement une partie sombre d'elle-même. J'aime le pouvoir qu'engendre une magie puissante, un point commun que je partage avec ma mère... Et notre fille, Emma... Je n'ai jamais senti quelque chose comme ça... Vous l'avez dit vous-même, c'est extraordinaire, tellement tentant et j'ai peur de...

Emma lui posa deux doigts sur la bouche pour la faire taire.

– Non, l'arrêta-t-elle, je t'interdis de dire ça, je sais que tu ne lui ferais aucun mal !

Regina attrapa sa main et l'écarta de sa bouche.

– Emma vous ne me connaissez pas, non seulement j'en serais capable, mais je le ferai... Ou engagerai quelqu'un pour le faire à ma place et me rapporter ce que je désire...

– Elle est ta fille, s'entêta Emma.

Regina sourit d'un air indulgent.

– À supposer que vous ayez raison Emma... Sa puissance sera telle que tous les magiciens, sorciers voudront la lui voler. Elle ne sera jamais tranquille, nous craindrons pour sa vie à chaque seconde, comme vous redoutez déjà la moindre menace pour moi.

Emma expira devant ses paroles. Elle sentait que d'une certaine manière Regina ne lui en voulait plus vraiment pour sa proposition malencontreuse, ce qui était un bon point. Néanmoins, ce qu'elle venait d'entendre la frappait de plein fouet. Comment n'y avait-elle pas pensé elle-même ? Le bien fondé du discours que Regina venait de lui donner l'accablait.

Leur fille, un simple fœtus, était déjà en danger...

Elle décida de lui exposer sa théorie sur la magie et la vie de leur fille. L'opinion de John serait précieuse, mais celle de la Reine n'était pas à prendre à la légère. Regina l'écouta avec attention, médita en silence pendant quelques minutes puis demanda :

– Ne m'avez vous pas dit que Hyperion Heights vivait grâce à votre magie ?

– Si...

– Par conséquent, notre fille y aura accès également, non ?

– Certainement...

– Elle pourra donc logiquement s'y développer sans problème...

Emma se félicita de lui en avoir parlé. Regina lui donnait espoir. Cependant quelques chose la taraudait.

– Il faut que tu comprennes une chose Regina, c'est que, si nous repartons pour Hyperion Heights, toi, moi, elle ou qui que ce soit n'aura pas accès à sa propre magie...

– N'ai-je pas vécu vingt-huis ans à Storybrooke sans elle ? Demanda Regina imperturbable.

– Si, approuva Emma.

Le Dark One se mit à marcher de long en large dans la pièce sous le regard étrangement apaisé de Regina.

– Tu accepterais de vivre dans un monde dont tu ne connais rien ?

– Pour elle, oui.

Emma aurait aimé entendre qu'elle le ferait pour sa fille et elle-même, pas seulement pour leur enfant, mais il ne fallait pas trop en demander. Ce que lui proposait Regina était extraordinaire, alors elle n'allait pas chipoter ! Elle pensa à sa conversation avec sa sœur le matin même et murmura :

– Henry...

– Henry viendrait avec nous, évidement, la coupa Regina. Je... sais qu'il est mon fils. Je le sens au fond de moi. Je refuse qu'il reste seul ici et... Elle s'arrêta, réalisant ce qu'impliquait, l'hésitation d'Emma. Oh... Il y aurait deux Henry...

– Oui.

Le silence retomba entre elle puis Regina le brisa après plusieurs minutes.

– Ce n'est pas grave...

– Comment ça ?

– Inventez lui d'autres souvenirs...

Emma regarda la Reine d'un air ahuri.

– Mais je ne peux pas faire ça ?!

Regina arqua un sourcil et esquissa un sourire.

– Oh, vraiment ?! Ne l'avez-vous pas déjà accompli en lui implantant la certitude que l'assassin de ses grand-parents n'était autre que Rumplestilskin et non moi ?

Emma se tut et observa Regina qui attendait un contre argument. Quand il ne vint pas elle continua :

– Vous devrez également changer son apparence et son nom... Nous ne pouvons pas nous permettre d'avoir deux Henry Mills en même temps et qu'ils le sachent !

– Nous pourrions simplement essayer de leur expliquer... commença Emma.

Devant le regard de Regina, elle ferma la bouche et acquiesça.

– Oui, je sais ce n'est pas réalisable. Mais je ne peux pas changer l'apparence de notre fils ! Son prénom, éventuellement mais son physique, certainement pas !

Regina hocha la tête, au fond elle ne voulait pas non plus changer Henry, mais peut-être existait-il un autre moyen ?

– Pouvez-vous faire en sorte que les autres personnes le perçoivent différemment de nous ?

Emma examina cette idée et opina :

– Je pense pouvoir y arriver...

– Et son prénom ?

Le Dark One leva le bras et le laissa retomber.

– Je ne sais pas, son prénom vient de toi...

– De moi ?

– Oui, tu m'as expliqué un jour que tu l'avais appelé comme ton père...

Regina en resta coite. Elle médita cette nouvelle information et avança :

– Alors... nous l'appellerons James...

– Comme mon père, murmura Emma.

– Oui.

Emma observa sa fiancée et sourit gentiment.

– Tu sais, si cela a lieu, si nous repartons pour Hyperion Heights...

– Oui ?

– Il va falloir que tu me tutoies...

Regina sourit et répondit :

– Je pense que c'est dans mes compétences.

Emma hocha la tête sans un mot et recula.

– Je... je vais étudier tout ça et je te retrouve ce soir ? Comme d'habitude ?

– D'accord... Et Emma ?

– Oui ?

– Si jamais ce que nous venons de parler aboutit, vous et moi... Je veux dire... les choses entre nous là-bas ne seront pas forcément comme avant.

– Je sais, répondit Emma en baissant la tête, mais je ne désespère pas qu'elles évoluent dans un bon sens.

Regina ne répondit pas en la suivant des yeux quitter la pièce. Elle souhaitait juste qu'elle ait raison.

.

Gretel allongée sur le lit, les yeux dans le vagues ordonna :

– Parle-moi encore de ce monde sans magie...

Drizella étendue sur le côté, appuyée sur un coude, la regardait en souriant.

– C'est un monde, où tout est si lent parfois. Un monde où tu ne peux pas obtenir ce que tu veux d'un claquement de doigt comme ici grâce à la magie. Il faut que tu t'en rendes comptes. A tel point, que tu as envie de crier de désespoir et puis tu penses aux contre parties...

Gretel tourna la tête vers elle attendant la suite.

– L'électricité, l'eau courante, plus de rois ou de reines... Plus de compte à rendre à personne. Les derniers temps, avant que l'on arrive ici, les gens étaient heureux. Crois-moi c'est quelque chose dont tu te souviens. La vie y est moins dure aussi. Si tu avais volé un pain, pour te nourrir là-bas, tu aurais eu une amende, mais pas la main coupée...

Drizella se perdit dans ses pensées, devenant silencieuse. Elle sentit la main de Gretel ramener une mèche de ses cheveux derrières son oreille, croisa son regard et sourit.

– C'est si différent d'ici... Mais si on y va, on ne pourra jamais partir d'Hyperion Heights.

– Je sais... tu penses que je pourrais m'y adapter ? Demanda Gretel.

– Il te faudrait un guide...

– Et tu es volontaire ?

– Peut-être, à toi de me convaincre...

Gretel sourit et l'attira à elle.

.

La chaleur des flammes la calmait, le crépitement du feu l'enchantait. Elle remarqua Regina s'approcher et s'installer dans le fauteuil à côté d'elle. La Reine n'avait même pas frappée, comme si la chose était naturelle. Emma sourit intérieurement, le temps où, en effet, Regina entrait dans sa chambre sans s'annoncer ne remontait à pas si longtemps.

– Qu'a dit M. Newman ? Demanda Regina.

– Il pense que c'est possible, répondit Emma en sirotant sa boisson. Mais Regina... J'ai un service à te demander.

– Je vous... je t'écoute.

– Le retournement de cerveau que je vais faire subir à Henry...

Regina observa le Dark One dont la voix venait de se briser.

– Emma, dit-elle en lui prenant la main. Ce que tu fais, tu le fais aussi pour Henry, il ne se souviendra plus de sa vie ici, il aura une nouvelle chance, loin des traumatismes de ta disparition, de la mort de ses grand-parents... Et d'après ce que j'ai entendu, il commençait à devenir violent, voir...

– Je sais.

Elles se turent et Regina attrapa le jus d'orange en souriant.

– Quel est le service dont tu parlais ?

Emma se redressa dans son siège.

– J'y ai longuement réfléchi. Tu étais le Dirigeant à Hyperion Heights et tu n'avais pas d'enfant, moi non plus d'ailleurs. Je pense faire d'Henry ton neveu...

– …

– Je n'ai que Drizella comme sœur, je ne peux donc pas utiliser cette carte pour moi, mais toi tu es étrangère à la ville et on pourrait t'inventer un frère qui vivrait loin et t'aurait confié Henry pour qu'il découvre cette ville ?

– Et le jour où il voudra revoir ses parents ? Qu'il repartira et ne trouvera personne ?

– Je ferai en sorte qu'il veuille rester.

Regina sourit avec indulgence.

– Emma, les choses ne tournent pas toujours comme on le voudrait. Depuis le temps que tu es un Dark One tu devrais le savoir.

– C'est vrai, admit Emma. Et si ses parents étaient mort et que tu te retrouvais avec lui ?

– Tu veux remplacer un traumatisme par un autre ?

– J'essaie d'imaginer une solution...

– Alors fais en sorte qu'il soit ton fils ou le mien.

– Je pourrais ajouter dans leur souvenir l'évocation d'un fils à San Francisco qui aurait décidé de te rejoindre... Mais cela risque d'être assez compliqué à réaliser...

– Tu as l'équivalent de pouvoir de deux Dark One, tu trouveras bien quelque chose pour contourner ce nouvel élément.

Emma tourna la tête vers Regina qui buvait tranquillement sa boisson. Elle avait énoncé la dernière phrase avec tant de certitude que c'en était touchant et plein de promesse.

– Il y a autre chose..., avança Emma.

– Dis-moi.

– Nous étions un couple...

– Je t'ai déjà donné mon opinion sur ce point.

– Oui, mais...

– Je n'ai pas dit non Emma, je dis simplement que tu devras me reconquérir...

Emma sourit intérieurement puis affirma en fixant la Reine dans les yeux.

– J'y arriverai.

Regina esquissa un sourire et murmura :

– J'espère bien, Princesse...

.

Robin inspira et lâcha la corde, la flèche se ficha au centre de la cible... Comme toujours. Alice assise un peu plus loin sourit et applaudi. Zelena et Hook en firent autant.

Les quatre personnes tournèrent la tête au nuage de fumée noire et à l'apparition du Dark One.

Emma leur exposa son plan et comme elle s'en doutait Hook ne voulait pas retourner à Hyperion Heights. L'ancien Dirigeant se sentait bien plus en sécurité au royaume des vœux qu'au sein de cette ville noire et moderne dont il avait été l'image du bourreau pour beaucoup d'habitants. Si Hook restait, il était évident qu'Alice ne l'abandonnerait pas, et si Alice décidait de ne pas partir... Robin aussi. Ce qui ne laissait plus que Zelena. Emma se tourna vers la sorcière attendant sa décision.

– Alors ?

Zelena fronçait les sourcils.

– Tu es en train de me dire que si vous partez, vous ne reviendrez plus...

– Oui.

– Tu me demandes de laisser tomber ma sœur.

– Une sœur qui ne se souvient même pas de toi.

– Ce n'est pas une raison !

Emma soupira, elle savait que ce qu'elle demandait à Zelena n'était pas aisé, mais elle décida d'être honnête jusqu'au bout.

– Je te demande de choisir entre ta sœur ou ta fille.

Zelena la foudroya du regard.

– Si tu restes ici, le château de mes parents sera à toi, les hommes de la garde de Regina deviendront ton armée, ta garde...

– Mais je ne la reverrai plus.

– Non. Et, je te l'ai dit, Regina t'a oublié et il est probable que cela reste ainsi jusqu'à sa mort. Je ne sais pas comment briser le sort de Rumplestilskin, avoua Emma d'un ton empli de tristesse, sinon je l'aurai fait depuis longtemps.

Zelena la regarda un moment en silence. Elle devait reconnaître qu'Emma n'avait pas de chance, cette femme aimait sa sœur et l'avait perdue deux fois. Elle jeta un coup d'œil à sa fille et autour d'elle, à la forêt dans le lointain, sentant la magie couler dans ses veines. Ce monde était le sien, la ville noire, non.

– Je reste.

– Très bien. Alors j'ai besoin que tu fasses quelque chose pour moi.

.

L'air était doux, Emma marchait autour du château. Ils quitteraient cet endroit le soir-même. Elle essayait de s'imprégner une dernière fois de ce monde. Ce n'était pas vraiment sa Forêt Enchantée, mais elle ferait l'affaire. Les odeurs, les bruits, le lever du soleil... Emma contemplait pour la dernière fois l'astre lumineux dans cette partie du royaume.

Ils ne reviendraient plus ici.

Au fond, cela ne la dérangeait pas, elle ne s'était jamais vraiment sentie appartenir à l'univers des contes de Fées. La magie faisait partie d'elle, cependant, elle avait été élevée dans un monde de bitume et de bruit. Une place, où tout ce qui lui appartenait aujourd'hui lui était étranger à l'époque. Elle ne regrettait pas son enfance, ses coups durs, ils avaient forgé la femme qu'elle était devenue. Emma ne déplorait pas Storybrooke, le sort noir lancé par Regina ou le sien et Hyperion Heights. Les choses étaient ainsi, une succession de différents épisodes qui remplissaient sa vie et sa mémoire. Elle aimait éperdument une femme qui ne se souvenait pas vraiment d'elle. Son fils Henry, lui aussi l'avait oubliée, mais il était heureux, alors elle acceptait cette tragédie dont elle était l'auteure, et l'Henry d'ici deviendrait également amnésique à son encontre. Emma ne voulait pas être amer, la vie avait son propre court, la sienne connaissait beaucoup d'épreuves, beaucoup de peine. Elle se réconfortait car tous ses sacrifices n'avaient pas été vains, et que son fils demain matin, la regarderait certes, comme une étrangère mais retrouverait Regina, sa première mère. Quant à elle ? Elle ne pleurait pas. Ils réapprendraient à se connaître, comme à Storybrooke, et cette fois avec des liens de sang connu d'elle seule.

Elle entendit les pas s'approcher et resta immobiles.

– Tu viens aussi dire au revoir à ce monde, gamine ?

Drizella s'assit sur le petit muret à côté de son mentor et admira la vue en hochant la tête. Après quelques minutes, elle confessa :

– Je me demande si Gretel n'est pas mon âme-sœur...

Emma sourit, il était inutile de lui révéler qu'elle s'en doutait depuis le début et qu'elle lui avait plus ou moins suggérer. Elle s'interrogea plutôt sur la tristesse du ton employé par sa sœur.

– Pourquoi cela te désole-t-il ? Lui demanda-t-elle.

– J'ai peur qu'Hyperion Heights...

Le Dark One comprit et finit sa phrase :

– Votre amour brise le sort.

– Oui.

Emma inspira doucement et demanda :

– Ressent-elle la même chose pour toi ?

– Je le pense, murmura Drizella, je crois qu'elle essaie de se le cacher...

Emma ne répondit pas, elle réfléchissait et questionna :

– Cela signifie-t-il que tu as décidé de rester ?

Drizella continuait à fixer les champs face à elle et la forêt au-delà.

– Je l'ai envisagé pour être honnête. Pourtant ma place n'est pas ici, j'appartiens à Hyperion Heights. J'ai lancé le sort avec toi, cette ville est mon monde.

– Alors... ?

– Alors j'ai besoin de toi Emma, ou plutôt du Dark One, je voudrais passer un contrat avec le Ténébreux.

Emma était estomaqué. Elle regarda sa sœur la bouche ouverte, et secoua la tête.

– Non, dit-elle...

– Si.

– Ne fais pas ça.

– C'est la seule solution. Emma plus que n'importe qui tu mérites d'être heureuse...

– Mais pas à tes dépends !

Drizella rit doucement.

– Mes dépends ? Je trouverais bien quelqu'un d'autre dans cette ville, je te demande simplement de faire en sorte que je ne reconnaisse pas mon âme-sœur et elle non plus.

Emma les yeux brillants regardait son ancienne apprentie.

– Je ne peux pas faire ça, je ne veux pas que tu te sacrifies pour moi.

– Alors nous sommes dans une impasse... Car tu sais, comme moi, que nous ne pouvons courir ce risque, car tu ne me l'a jamais confessé mais John Newman si. Le sort ne peut être brisé car cela signifie la fin Hyperion Heights et de tous ses habitants...

Le Dark One se leva et se positionna face à sa sœur qui leva un regard interrogatif vers elle.

– Lève-toi, lui ordonna-t-elle.

Drizella obéit et Emma la prit dans ses bras.

– Tu n'imagines même pas à quel point je suis touchée par ce que tu viens de me proposer. Je te l'ai déjà dit, mais tu es ma famille et je t'aime...

– Emma...

– Je ne ferai pas ce que tu m'as demandé parce que ce n'est pas nécessaire. Je vais t'avouer un secret petite sœur. Un secret que toi seule et moi partagerons, que même Regina ou Newman ou qui que ce soit n'apprendra jamais, d'accord ?

– Oui.

– Promets-le-moi.

– Je te le promets.

– Le sort ne sera jamais brisé car le lien qui m'unit à Regina est incomplet. Nous ne sommes plus des âmes-sœurs. J'ai entouré mon cœur d'un sort inviolable afin de ne jamais reconnaître l'élue de mon cœur et ainsi que notre baiser n'annule jamais le sort.

Drizella se dégagea et regarda sa sœur sans comprendre.

– Mais pourtant tu l'as fait venir à Hyperion Heights ?

– Oui, parce que je me rappelais d'elle, en étant le que co-lanceur du sort, c'est la seule raison. Je n'ai retrouvé Regina dans son palais qu'une fois le sort lancé, je l'embrassais quand le sort nous enveloppait. C'était déjà trop tard, sinon nous serions restées dans la forêt Enchanté. C'est aussi pour ça qu'elle habitait hors de la ville. Elle n'aurait pas dû faire partie de la malédiction. Or, j'ai tout fait pour la retrouver. Je l'aime à un point...

Emma posa une main sur sa poitrine.

– Mon amour pour elle est emprisonné, cependant, il est si puissant que je ne peux pas la regarder sans rien ressentir. Je ne connaîtrai jamais ce que tu ressens pour Gretel, ce que ressent Alice pour Robin ou ce que ressentaient mes parents l'un pour l'autre. Pourtant, ce que nous avons est largement suffisant.

Emma enfonça sa main dans sa poitrine et en sortit son cœur. Drizella observa l'organe avec curiosité, d'un gris clair il brillait tranquillement entre ses doigts.

Le cygne gris... John avait raison. J'ai trouvé l'équilibre, il y a longtemps, et c'est lui qui m'a permis de ne pas brisé le sort, de maintenir mon amour pour Regina et de t'épargner de perdre le tien pour Gretel aujourd'hui.

Le Dark One remit son cœur à sa place et sourit à sa petite sœur.

– Tu t'es sacrifiée pour moi depuis le début, déclara Drizella, car tu savais qu'une fois le sors lancé je ne voudrais jamais qu'il soit brisé, que je ne voudrais jamais revenir ici et refuserai même de reconnaitre mon âme-sœur si besoin pour y arriver.

– Oui. Tu as raison. Après tout, cette histoire n'est qu'une question de sacrifice...

Drizella interrogea silencieusement Emma du regard.

– Je t'ai menti, gamine, sur mes raisons de lancer le sort... Enfin, pas complètement, j'ai juste omis une ou deux choses...

Emma soupira et se rassit sur muret.

– Même si nous le voulions, nous ne pourrions pas retourner à Wonderland ou dans la Forêt Enchantée...

– Pourquoi ?

– Parce que ces deux mondes ont disparu, ils étaient condamnés avant même de lancer la malédiction... Comme le royaume des vœux qui finira aussi, il se dissoudra un jour ou l'autre...

– Comment est-ce possible ?

– La magie se meurt petit à petit...

– Mais pourquoi ? Demanda Drizella horrifiée.

– Ainsi va la Vie, gamine, tout n'est qu'un éternel recommencement. La magie doit disparaître pour renaître.

– Mais, Hyperion Heights ?

Emma sourit.

– Il y a quelques temps je t'aurais dit qu'elle cesserait d'exister avec ma mort, mais aujourd'hui... Je dirais qu'elle finira par devenir comme n'importe quelle ville des États-Unis quand la dernière goutte du Dark One n'existera plus, quand je n'aurai plus de descendance.

Drizella ne répondit pas, écoutant Emma continuer :

– Les temps changent, notre vie était figée à Hyperion Heights, elle ne le sera plus. Nos mondes ici ayant disparu, nous « redevenons de simples mortels »...

– Tu crois qu'on va y arriver ? Demanda sa sœur timidement, après cette confession.

Emma sourit chaleureusement.

– J'en suis certaine.

.

Le petit groupe marchait d'un pas lent à travers la forêt. Seule, une petit veilleuse, tenue par leur guide, éclairait le chemin. Henry ignorait pourquoi sa mère en tête du cortège, lui avait demandé de venir pour « cette promenade au clair de lune » avec eux. Il y avait la Méchante Reine bien sûr, une jeune femme qui se nommait Drizella et à qui Emma faisait confiance et surnommait « sa sœur » et une quatrième personne, une blonde assez belle qui lui rappelait vaguement une de ses servantes.

Emma aurait pu les téléporter tous à l'endroit voulu mais pourquoi précipiter les choses ? Il valait mieux marcher car il s'agissait de leurs derniers pas dans ce monde, même si, certains d'entre eux l'ignoraient encore. Elle distingua la forme camouflée par ses soins, le lendemain de son arrivée, et sourit à la voiture qui les attendait, sa magie l'avait rendue invisible aux habitants du royaume des vœux, l'avait nettoyée et réparée, prête à partir. Ils s'arrêtèrent et Henry demanda :

– Qu'est-ce que c'est que cette chose ?

– C'est une voiture, répondit sa mère impassible.

Emma donna la lanterne à Drizella et s'éloigna de quelques pas avec son fils. Henry commençait à se demander vraiment ce qu'il faisait là. Il prit les devants et questionna sa mère.

– Maman qu'est-ce qu'il se passe ? Pourquoi sommes-nous là ?

Emma les yeux entièrement noirs et remplis de larmes, souffla :

– Je suis désolée, Henry mais je n'ai pas d'autre choix.

Il la regarda interloqué et son expression se transforma en choc complet quand sa mère lui arracha le cœur et le maintint dans sa main, passant doucement les doigts dessus, murmurant des paroles incompréhensibles. Emma repositionna le cœur à sa place et rattrapa son fils évanoui. Elle le porta jusqu'à la voiture et l'installa sur la banquette arrière à côté de Drizella et Gretel. Le Dark One jeta un coup d'œil à Regina, installée à la place passager, qui observait l'habitacle avec suspicion. Il avait été décidé que la Reine découvrirait comme Gretel leur monde au fur et à mesure, cela économisait de la magie pour Emma, et faciliterait le changement des souvenirs d'Henry et d'autres petites choses.

Emma s'assit derrière le volant, alluma le contact et ouvrit la fenêtre. Elle lança le haricot à travers la vitre et accéléra pour traverser le portail.

– La voiture rugit dans la rue vide à cette heure et freina au bout de quelques mètres sur le goudron mouillé.

Tous les passagers regardèrent les constructions autour d'eux et Emma annonça :

– Bienvenus à Hyperion Heights.

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John Newman n'était pas insomniaque. Tout sa vie, trouver le sommeil n'avait jamais été un problème, or ce soir, vêtu de sa robe de chambre, il tournait en rond. Il marcha jusqu'à la cuisine et éteint la bouilloire qui sifflait. Il versa l'eau chaude sur le sachet de thé et leva la tête en direction de la porte d'entrée quand les coups raisonnèrent.

Emma avait en premier lieu reconduit Drizella chez elle en compagnie de Gretel puis prit la direction de la maison de John. Il était tard et attendait qu'il vienne lui ouvrir. Le visage de l'homme apparut à travers la porte ouverte et Emma sourit, heureuse de le revoir.

– Bonsoir, John...

Il n'en revenait pas qu'elles soient de retour. Il pensa à sa femme à l'étage qui dormait d'un sommeil de plomb en apportant le plateau dans le salon. Il jeta un coup d'œil à Regina qui observait, curieuse, la pièce autour d'elle, comme si, elle n'était jamais venue et il esquissa un sourire quand elle vérifia discrètement que l'adolescent allongé sur le canapé dormait toujours.

Emma lui expliqua leur aventures depuis leur départ, trois mois plus tôt. Il écouta fasciné et en oublia de boire son thé qui refroidit lentement dans sa tasse. Il accepta de loger Regina et son fils « James ». Il avait été convenu qu'elles n'habiteraient pas ensemble pour le moment. La Reine avait besoin de s'adapter et John était médecin, il pourrait surveiller la grossesse. Il leur confirma qu'il vérifierait le lendemain à la première heure l'état du fœtus à l'aide d'une échographie à l'hôpital. Regina comprit ce qui attachait Emma à cet homme, John lui plut tout de suite et l'idée de prétendre qu'il était son oncle dans ce monde paraissait judicieuse. Il y avait peut-être quelques incohérences dans leur histoire mais le Dark One et la Méchante Reine s'en fichaient, les gens penseraient ce qu'ils voudraient, ce n'était pas leur problème.

Emma quitta la maison de John après un dernier regard à sa fiancée et conduit jusqu'à chez elle. Elle s'arrêta sur le pas de la porte, observant son appartement à la lumière de la lune. Rien n'avait changé et elle entra heureuse dans le salon. Elle se coucha seule dans le lit un sourire aux lèvres. Ils étaient revenus, avec Henry en prime, une nouvelle vie s'annonçait une vie où Regina ne craignait plus d'être enlevée.

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Hyperion Heights, Août, un mois plus tard...

Regina serrait les dents et essayait de ne pas montrer sa peur. John l'avait pourtant avertie, l'examen était inoffensif et sans douleur. Elle en avait déjà passé un à leur arrivé, confirmant sa grossesse de deux mois, mais elle avait toujours un peu de mal à s'adapter. Ils n'étaient revenus que depuis un mois, elle pouvait donc encore tâtonner un peu, et douter à certains moments.

Elle serrait fortement la main d'Emma à ses côtés et fixait l'écran d'un œil suspicieux. Le tambourinement répété la surprenait toujours autant et quand John répéta qu'il s'agissait du battement du cœur de leur enfant, certifia ce qu'elles savaient déjà, qu'elle attendait une fille, qu'elle se portait comme un charme et que cette petite était magnifique pour son âge, Regina croisa le regard d'une Emma émue et se dit qu'elle avait fait le bon choix en la suivant jusqu'ici.

« James » n'avait pas voulu assister à l'échographie, ce moment appartenait à sa mère et à celle qui partageait sa vie, celle pour qui ils étaient venus s'installer dans cette ville. Il aimait San Francisco, mais il aimait encore plus sa mère et Roni Black n'était pas une femme que l'on quittait facilement, alors il s'adaptait petit à petit à cet endroit. Il avait accepté Emma Swan parce qu'elle rendait sa mère heureuse. Ce qu'il trouvait dommage, c'était le fait qu'elles le couvaient encore un peu trop, s'installer chez leur oncle et pas chez Emma, pour éviter de le « traumatiser » était une belle sottise. Il leur avait dit et elles avaient fini par avouer qu'elles avaient eu un peu besoin de s'éloigner l'une de l'autre pour se retrouver. James pensait que c'était parfaitement ridicule, mais s'était abstenu de tout commentaire. Il était évident que ces deux femmes s'aimaient éperdument.

Assis sur une chaise en plastique dans le couloir de l'hôpital, il soupira en pensant que les adultes étaient décidément bien bizarres.

– Alors, gamin, tu es puni ?

James sourit à Ivy. La petite sœur d'Emma. Il l'aimait bien, s'il était honnête il avait même un petit béguin pour elle. Elle s'assit à côté de lui et lui tendit le paquet de bonbons. La petite amie d'Ivy connaissait bien les sucreries et en faisait découvrir régulièrement à Ivy.

– Tiens, aide-moi à finir le paquet, tu veux ? Gretel me gave et j'aime trop le sucre pour lui dire non...

Il piocha dans le sac et mâcha la confiserie en souriant.

– Elles n'ont toujours pas fini ?

– Non...

Ivy leva les yeux au ciel.

– La barbe, il faut que je sois au tribunal dans un quart d'heure... Si elles ne sont pas là dans cinq minutes, je frappe à la porte !

Il ne répondit pas, souriant toujours. Ivy regarda autour d'elle d'un air las, puis reporta son attention sur le jeune homme.

– Au fait, as-tu des réponses des différentes fac ?

– Oui...

– Et ? Lui demanda-t-elle en lui donnant un petit coup d'épaule.

– Ils m'ont accepté en fac de médecine.

Ivy cria de joie et le serra dans ses bras.

– John sera ton mentor, ici, n'est-ce pas ?

– Oui, dit-il en souriant, sa lettre a dû bien aider...

Ivy attrapa son menton et l'obligea à la regarder.

– Tu feras un excellent médecin, gamin, et tu as de la chance d'avoir un grand oncle tel que John.

– Je sais...

– Bien, conclut-elle en le lâchant, ravie de s'être bien fait comprendre. Quand déménages-tu ?

– Dans deux semaines. Mais je ne serai pas loin... Le campus est à peine à trente minutes...

– Oui, confirma Ivy, heureusement que ta mère a de l'argent pour te payer un appartement.

– J'avais besoin d'un peu d'indépendance, souffla James sans la regarder.

Ivy rit de cette confession et approuva :

– Bien sûr, tu deviens un homme, tu verras, tu feras tourner quelques têtes !

Il sourit timidement et leva les yeux quand la porte devant eux s'ouvrit.

– Ah ! On a failli attendre ! S'exclama Ivy.

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Hyperion Heights, Octobre.

La soirée était douce et elles marchaient côte à côte jusqu'à l'appartement d' Emma. Elles revenaient du cinéma et n'avaient pas été plus emballées plus que ça par le film qu'elles venaient de voir. Lors du déménagement de son fils, sur le campus de la faculté de médecine d'Hyperion Heights, Regina avait pleuré le départ de James et pris sa décision. Elle acceptait de vivre avec Emma, à condition d'occuper la chambre d'ami. Le Lieutenant avait dit oui sans rechigner et les deux femmes se tournaient autour depuis plus d'un mois, jouant au chat et à la souris, ne cédant pas aux avances de l'autre. Apprenant à se connaître un peu plus chaque jour.

Elles pénétrèrent dans l'appartement en silence. Emma se dirigea vers la cuisine et demanda :

– Tu as faim ?

– Pas vraiment...

Emma fronça les sourcils mais ne dit rien, elle sourit intérieurement en se disant qu'elle la forcerait à manger un petit déjeuner gargantuesque le lendemain matin. Elle s'immobilisa en sentant les bras encercler sa taille et le visage dans son cou qui inspirait doucement.

– J'ai toujours aimé ton odeur, murmura Regina.

Emma ferma les yeux et s'obligea à ne penser à rien, elle avait envie de la femme derrière elle, mais savait qu'il fallait qu'elle la laisse faire le premier pas. La Méchante Reine avait de sérieux problèmes de confiance et elle ne serait pas de celle à continuer à lui donner de bonnes raisons d'avancer sur cette voie. Elle sentit les mains la retourner doucement et se retrouva à quelques centimètres du visage de la femme qu'elle aimait. Regina la regardait pleine de doutes puis souffla :

– Elle te manque ? La Regina d'avant... ?

Emma plongea son regard plein d'amour dans le sien et murmura :

– Il n'y a pas de raison, elle est devant moi...

Regina les yeux brillants sourit et reprit un air sérieux en commentant :

– Eh bien dans ce cas, Mademoiselle Swan, je pense que vous devriez lui faire comprendre.

Emma sourit et l'attira à elle pour l'embrasser.

À partir de ce soir-là, la chambre d'ami, ne servit plus que pour les invités...

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Hyperion Heights, six mois plus tard...

James était éreinté, la première année de médecine était pire que tout ce que l'on disait. Il n'avait pas encore le droit de venir en tant qu'interne aux urgences, ce serait pour bien plus tard, s'il réussissait ces examens. Son grand oncle l'avait aidé à trouver ce travail de garçon de salle, lui expliquant qu'il fallait connaître tous les aspects et qu'il apprendrait beaucoup dans ce rôle, en observant l'attitude de médecin vis à vis de lui et qu'il en tirerait des conséquences. John avait eu raison, le comportement de certains urgentistes vis à vis de lui ou de ses collègues l'avait parfois bien écœuré et il s'était promis qu'il ne rabaisserait jamais quelqu'un comme il l'avait été lui-même quand il serait médecin.

James aimait l'ambiance , « l'animation » de ce service, il nettoyait les salles où une intervention de sauvetage in extremis avait eu lieu et se sentait déjà utile avec l'outil qu'il manipulait pour le moment : un simple balai.

Le jeune étudiant était fatigué mais heureux, il avait trouvé sa voie, celle de la médecine et savait déjà qu'il deviendrait résident aux urgences de cet hôpital. Il aimait cette ville et après six mois à vivre à Hyperion Heights, il se doutait qu'il ne quitterait jamais cette agglomération.

Sa mère, enceinte jusqu'aux yeux, assistante du maire actuel, un certain Henry Mills, qu'il avait rencontré une ou deux fois et qu'il aimait bien, était, elle aussi, appréciée. Apparemment, Henry lui avait proposé de se présenter à son poste aux prochaines élections qui auraient lieu dans quelques mois. Ils avaient travaillé ensemble avant que James ne vienne rejoindre sa mère et le maire actuel regrettait son travail précédent. La gestion d'une ville n'était, d'après ses dires, pas faite pour lui, alors que Roni Black s'en sortait à merveille. James connaissait sa mère, en tant qu'avocate redoutable, et il ne doutait pas qu'elle ferait un maire excellent.

Il nettoyait assidûment le sang sur le linoléum, quand il entendit les médecins arriver et entrer dans la salle. Il leva la tête et reconnu sa mère sur le brancard grimaçant de douleur. John était avec eux, il l'attrapa par le coude le fit sortir de la pièce en lui expliquant que le travail avait commencé. Un peu sonné par la rapidité de ce qui se déroulait sous ses yeux, James n'attendit pas Emma lui parler. Elle dut le secouer un peu violemment pour qu'il finisse par la regarder d'un air ahuri.

– James ! Je n'arrive pas à joindre Ivy ! Et je ne veux pas laisser Roni toute seule ! Tu peux la prévenir ?

Il acquiesça en silence et regarda une dernière fois sa mère qu'Emma rejoignait dans la salle puis marcha en direction de la sortie. Il fallait qu'il trouve Ivy rapidement.

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Gretel arrivait toujours à la surprendre...

Le foulard sur les yeux, étendue sur le canapé à moitié nue, Ivy s'humecta les lèvres.

– Et celui-là ? Susurra la voix de Gretel près de son oreille.

Ivy sentit les parois du verre pressées contre sa bouche et avala une gorgée de l'apéritif. Gretel avait repris le bar légué par Zelena à son attention, et s'amusait à créer des cocktails le week-end, faisant d'Ivy son cobaye, comme ce soir-là, corsant un peu la dégustation... Elle avala la boisson sucrée et alcoolisée, en sentant le liquide renversé d'une main experte sur sa poitrine. Ivy s'arque-bouta au contact de la langue de Gretel sur son corps et jura entendant la sonnette de la porte d'entrée.

– Ne répond pas, l'avertit Gretel.

Ivy sourit et l'embrassa prolongeant le moment. L'appel strident retentit à nouveau, accompagnés de coups à la porte et de la voix de James qui criait :

– Ivy ! Je sais que tu es là !

L'avocate jura une nouvelle fois et se leva. Elle enfila vaguement un peignoir sous le regard désapprobateur de Gretel et partit ouvrir la porte.

– Quoi ?! Aboya-t-elle.

James rougit jusqu'au oreille en la voyant dans cette tenue, la robe de chambre en soie nouée à la va vite le laissait entre voir beaucoup de choses... Ivy soupira devant son expression et répéta :

– Qu'est-ce qu'il y a James ?!

Il cligna des yeux puis se reprit.

– Ma mère est en train d'accoucher, finit-il par articuler.

Ils arrivèrent à l'hôpital, une heure après que James soit parti prévenir Ivy. Regina n'était pas visible et ils entendaient les cris poussés à travers les parois de la pièce.

Emma tenait la main de sa fiancée. Elles avaient décidé d'attendre pour le mariage, d'abord leur fille et après la cérémonie. Les deux femmes n'étaient plus à quelques mois près.

Elles entendirent le cri poussé avec force et Emma laissa les larmes couler sur ses joues. Les médecins s'occupèrent du nouveau-né et une fois tous les examens passés, John apporta leur fille à Regina. Avec un sourire tendre, il la posa délicatement sur la poitrine de la mère et déclara :

– Elle a dix doigts et dix orteils et se porte comme un charme...

Regina pleurait de joie en fixant avec amour sa fille, elle déposa un baiser sur son front en fermant les yeux.

Le frémissement fit trembler les mûrs et Emma compris qu'un sort venait d'être brisé. Quand Regina leva les yeux vers elle, en prononçant son prénom, elle sut que le sort de Rumplestilskin n'existait plus.

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Quatre mois plus tard...

Emma gara la voiture dans l'allée et sortit de l'auto. Devant la barrière en bois blanc, elle s'arrêta. Les lumières de petite maison, achetée dans le quartier tranquille, illuminaient le gazon de leur jardin. À travers la fenêtre du salon, Emma voyait Regina tenir avec amour leur fille prénommée Hope tout en parlant avec leur fils « James », et avec leur « invités » Henry, Jacinda et Lucy. Elle remarqua Ivy, caresser doucement le dos de Gretel qui lui adressa un sourire et croisa le regard de John qui l'avait vu et lui souriait gentiment derrière la vitre.

Elle inspira profondément dans la nuit et observa les habitations autour d'elle. Il se mit à pleuvoir légèrement en cette nuit de juin et Emma se dit qu'elle aimait cette ville, qu'elle l'avait toujours aimée, un endroit qu'elle avait crée et où elle obtenait enfin sa fin heureuse.

Le Dark One sourit et poussa la barrière pour rejoindre sa famille.

Fin.

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N/A: Merci à tous ceux qui ont suivi cette histoire de près ou de loin, en laissant des reviews ou non, merci, également à tous les follows et favoris.