Hello mes agneaux !

Enfin de retour parmi le clexa fandom et en plus pour un jour particulier car : C'EST MON ANNIVERSAIRE !

J'espère que vous allez bien et que vous survivez à l'attente de cette fin de saison qui, on doit bien se l'avouer entre clexa, est entre la jouissance et le stress hein ... XD

Bref, me revoilà avec une nouvelle fic et un nouveau genre que je n'avais pas encore expérimenté : le policier.

Vous aurez donc compris que cette fic est un AU (clexa/Ranya/Becho) et qu'elle sera d'environ une quinzaine de chapitres (enfin pour l'instant c'est prévu comme ça)...

Comme d'habitude je posterai une suite par dimanche (sauf contre indications, mais vous serez prévenu(e)s).

J'espère que vous aimerez, mais même dans le cas contraire, dites-le moi, je suis tout ouïe ^^

ENJOY


Enquête

« Parce qu'ils ne pourront jamais comprendre notre vie, parce qu'ils ne pourront jamais s'élever comme nous le faisons. Nous devons rester dans l'ombre, parce que le monde n'est pas prêt. Nous sommes seuls. Mais plus pour longtemps. Bientôt la lumière entrera en chacun et ils verront la magnificence qu'est nôtre monde. C'est grâce à vous, à vous tous. Acceptez et propagez notre idéologie. Vous vous élèverez alors au dessus de nous, vous qui avez été choisi. »

Ce fut certainement ces paroles qui résonnèrent dans la tête de Mathias lorsqu'il franchit la porte de ce nouveau monde inconnu jusqu'à maintenant. Il inspira, prêt à passer ce cap, peu importe ce que c'était. Ca ne pouvait qu'être meilleur, il l'avait promis.


Il n'y avait pas de bonne journée pour cela. Un meurtre était un meurtre. Avec des degrés plus ou moins horribles : les circonstances, la victime, le type de mort, la découverte du cadavre. Et malgré des années de pratique, on n'était jamais prêt à constater un meurtre.

Parfois, l'environnement ne se prêtait guère à ça non plus : un parc, le bord d'une rivière, une décharge. Et parfois, le temps même semblait s'y mettre : la pluie, la neige, la nuit…

Aujourd'hui, tout était réuni pour que cette énième découverte soit aussi glauque que possible : il était tard, c'était la fin de l'automne, il pleuvait d'une bruine fine, du genre de celles qui s'insinuaient dans le col de votre manteau ou s'immisçaient sous vos manches. Sur les bords des docks, ils étaient tous là : les policiers, les ambulanciers, les médecins légistes et même quelques badauds nocturnes, attirés par les gyrophares.

Lorsqu'elle sortit de sa voiture en claquant exagérément la portière, Clarke Griffin savait pertinemment que cela serait une mauvaise soirée. La bruine trempait outrageusement ses cheveux blonds aux mèches rouges. Et alors qu'elle s'apprêtait à jurer plus que de raison, elle ne sentit plus une goutte sur elle. Elle leva le regard et aperçut un parapluie, au dessus de sa tête, tenu par un jeune homme brun au sourire forcé.

« Bah alors, on dit plus merci Griffin ? »

« Tu veux une médaille pour ça Murphy. »

« Jamais contente hein ? »

« Franchement ? Il est plus de 22h, j'étais tranquillement en train de m'enfiler des nouilles chinoises devant Americas Got Talents quand on m'a appelé. »

« Pas de répit pour les braves. »

« Ni pour les tueurs faut croire. On a quoi ? »

« Je crois que ça en est un autre. »

« Merde, sérieux ? »

« Viens voir par toi-même. »

« Ah merde, les vautours sont là aussi… » lança-t-elle en voyant un camion de CNN aux abords de la zone délimitée

« Evidemment. »

« Qui a trouvé le corps ? »

« Un clochard. Il a son campement un peu plus loin sous les docks. »

« Qu'est-ce qu'il foutait dans le coin ? »

« Les poubelles… Et le fait que les marins ont déchargé, ce soir, leur cargaison, laissant, au passage, quelques poissons. »

Clarke grimaça alors « Il a évidemment rien vu ni entendu. »

« Il a déjà eu du mal à faire avaler à un flic qu'il y avait un corps sur les docks. »

« Pour ce que compte la parole d'un SDF hein… Finalement il a réussi. »

« Quand il a fini par décrire l'état du corps, le flic qu'il a stoppé sur la route a fini par être curieux. »

« Super… »

Et tandis qu'ils se dirigeaient vers le corps, Clarke jugea la scène de crime : le corps se trouvait sur le bord d'un vieux dock, au pied d'un ponton en bois. Si ce SDF ne l'avait pas trouvé ce soir, les premiers coureurs matinaux l'auraient probablement fait.

Elle s'accroupit près du corps recouvert d'un drap blanc et inspira discrètement, une de ses méthodes pour ne pas vider le contenu de son estomac à chaque levée de drap, et souleva pour découvrir un corps semblant brulé. Elle fronça le nez et détourna le regard pour poser ses lèvres contre le dos de sa main.

« Ca va patronne ? »

« Murphy je t'ai déjà dis de ne pas m'appeler comme ça ! » argua-t-elle en se relevant et grognant « Merde, il est salement amoché celui-là. »

« On dirait que quelque chose lui a brulé la peau, genre méchant coup de soleil aux 50ième degré. »

« Genre ça ouais. »

« Il te fait pas penser à celui qu'on a retrouvé le mois dernier… Même type de brûlures. »

« Je t'avouerais que je ne me suis pas vraiment penchée là-dessus. On verra ça avec le légiste. » Elle se tourna vers quelques policiers « On l'embarque. Et faites gaffe aux vautours : pas de déclaration, pas de photos. »

Chacun opina, peu enclin à passer au dessus des ordres de Clarke Griffin, célèbre pour être aussi impitoyable que timbrée lorsqu'elle était attachée à une affaire. Connue pour utiliser des méthodes peu orthodoxes, notamment lors des perquisitions ou encore des interrogatoires, elle était aussi efficace et pouvait se targuer d'avoir résolu plus d'une vingtaine d'enquêtes en moins de 5 ans de métier, ce qui lui avait valu non seulement le respect de ses collègues mais aussi le titre de capitaine du bureau de Polis, petite ville du comté de Washington.

« Murphy, tu me trouves ce SDF et tu l'emmènes au poste. »

« Quoi ce soir ? Mais… »

« Mais quoi ? C'est un clochard, si on attend demain, il ne sera peut-être plus là. »

« Tu sais combien ils sont réfractaires à suivre la police. »

« Promets lui un repas chaud et un toit pour la nuit, ça va l'aider à le décider. »

Il opina en soupirant et avant de partir, Clarke le retint « Hey… »

« Hm ? »

« Donne-moi ça. » dit-elle en tenant le manche du parapluie

« Mais c'est le mien ! »

« T'as une capuche non ? »

« Espèce de… »

« Oui, Murphy, finis ta phrase que je puisse avoir la jouissance de te coller un blâme pour insubordination. Ca ne fera que le 3ième ce mois-ci… Ca vaudra peut-être une mise à pied ça, non ?! »

Pour toute réponse, il lâcha le parapluie et enfila sa capuche avant de s'éloigner, non sans ruminer quelques noms d'oiseaux certainement peu flatteurs envers la jeune femme. Cette dernière, sourde à ses plaintes, se tourna vers le légiste qui venait de quitter le corps « Alors doc, ça donne quoi ? »

« Pas très joli. Le corps entier est brûlé. »

« Brûlé par quoi ? »

« Il me faudra quelques analyses et observations plus poussées pour le savoir, mais ce n'est pas par le feu, il n'y a, à première vue, aucune noirceur caractéristique. »

« Alors quoi : un acide, un agent infectieux ? »

« Comme je vous l'ai dis… »

« … Ouais ouais, j'ai compris. » soupira-t-elle « On se retrouve au bureau. Vous allez plancher sur ce cas ce soir. »

« J'imagine que ce n'est pas une question. » railla-t-il

« Vous imaginez bien. Je rentre faire mon rapport. »

Clarke vagabonda son regard sur la scène de crime : au bord de l'eau, aucunes traces de lutte ou d'acide quelconque. Evidemment, la pluie tombant, cela rendait les choses plus difficiles. Elle fronça les sourcils alors : le corps avait du être déposé là ou charrié par les flots pour s'échouer sur la rive. Sans examens plus poussés du corps, il serait probablement impossible de remonte aux origines du crime. Elle ne savait pas si le tueur avait pensé à cette donnée, mais la pluie avait grandement facilité son crime.

« Et merde… » souffla-t-elle

La petite ville de Polis accueillait près de 15 000 habitants. Prospère et sans ennuis, cette cité n'avait pas connu de tels actes malveillants depuis des années. Mais depuis le mois dernier, c'était le deuxième corps à avoir été retrouvé ici. C'était trop, bien trop, pour Clarke, en charge de l'enquête. Et si le premier meurtre n'avait pas été résolu et classé dans les « affaires sans suite », celui-ci serait, à coup sûr, en première page des choux gras de la presse dès le lendemain.

A première vue, rien ne reliait les deux crimes : pas le même lieu, pas la même heure. La première victime était une femme d'une vingtaine d'années, et, de ce qu'elle avait pu en juger au premier coup d'œil, la stature de ce corps ci laissait présager qu'il s'agissait d'un homme. Seul l'état du corps semblait rapprocher les deux victimes.

S'il s'agissait effectivement d'un tueur en série, Clarke ne serait pas au bout de ses peines. Elle qui était entrée dans la police, cinq ans plus tôt, elle ne s'attendait certainement pas à ce genre de cas dans une ville comme Polis.

La nuit serait longue et elle imaginait déjà revoir ses nouilles chinoises que le lendemain, froides. Elle remonta en voiture et souffla un bon coup avant de suivre l'ambulance emmenant le corps. Lorsqu'elle fut sûre que le légiste eut pris le corps en charge, elle retourna au bureau où l'attendait son coéquipier et ami, tout sourire.

« Alors, c'est aussi mauvais qu'onT laissé penser les flics sur place ? »

« La ferme Bell. » grogna Clarke en se laissant tomber dans son fauteuil « Je crois qu'on a un tueur en série sur les bras. »

« Quoi ? Ici, à Polis ? »

« Je sais pas s'il officie à Polis même, mais en tout cas, il y dépose ses cadavres. Perso, j'aurais préféré qu'il fasse ça ailleurs, mais j'ai pas encore eu la chance de le lui demander… » lança-t-elle

« Merde, ça craint… »

« Au moins, ça justifie notre salaire. Je vais rédiger mon premier rapport ce soir… J'irais voir le légiste demain quand il aurait fait ses premières conclusions. »

« Tu veux de l'aide ? »

« Je veux un café. »

Bellamy sourit et, sans un mot, se leva. Clarke alluma son ordi et soupira avant de commencer à taper frénétiquement sur son clavier. La nuit serait longue, trop longue. Et malgré le soutien de son collègue et les nombreux cafés qu'elle s'enfila, elle ne quitta le bureau que lorsque le soleil pointa à l'horizon.

« Fais chier… » grommela-t-elle en se dirigeant vers sa voiture.

« Hey Griffin, tu veux que je te ramène ? » l'alpagua Bellamy en courant derrière elle

« Pas besoin, j'ai ma bagnole. »

« Mais t'es dans un état pitoyable. »

Clarke haussa un sourcil et sourit « Merci, c'est gentil. »

« Ce que je veux dire c'est que tu as peu dormi et que tu es sur les nerfs, et on sait tous les deux que ce cocktail est pas bon. »

« Si j'ai besoin d'un cocktail, je te le ferais savoir, et si cet élan de générosité n'a pour seul but que d'entrer dans mon appart… laisse tomber. »

Bellamy s'approcha et attrapa une mèche de cheveux de sa collègue « Oh voyons Griff, on est au-delà de ça maintenant, non ? » ironisa-t-il

Clarke se détacha de son emprise en le tapant sur la main « Ouais c'est ça. En attendant, je rentre seule. De toute manière, je dois revenir dans deux heures pour le légiste. »

« Comme tu veux. »

« Comme toujours. » sourit-elle avant de s'éloigner sous le regard amusé, mais aussi concerné, du jeune homme. Il connaissait Clarke Griffin depuis leur entrée, en même temps, dans le bureau de police de la ville. Il savait son opiniâtreté, son tempérament et son énergie dans toutes les affaires dans lesquelles elle s'était investie. Il savait qu'elle était du genre à laisser sa santé et sa vie de coté lorsqu'il s'agissait de résoudre une affaire, utilisant parfois des méthodes peu conventionnelles et à la limite de la loi pour parvenir à ses fins. Elle avait un « foutu caractère » comme tout le monde le pensait, mais il savait aussi que c'était une passionnée : elle aimait son job, elle aimait ses collègues et la dynamique d'une affaire à résoudre. C'était un bon flic, avec un tempérament de feu. Il était admiratif de son travail mais, évidemment, il ne le lui dirait jamais.


Lorsqu'elle claqua la porte de son appartement, Clarke aurait aimé s'affaler sur le canapé, finir ses nouilles et dormir. Mais voilà, elle sentait que les prochains jours seraient compliqués : une affaire de meurtres en série n'était jamais de tout repos. Alors, elle se déshabilla, laissant ses affaires trainer ça et là au sol, et se dirigea en pilote automatique jusqu'à sa salle de bain où elle s'engouffra dans sa cabine de douche. Elle y resta un long quart d'heure, l'eau tantôt tiède, tantôt brûlante, tambourinant sur sa nuque et son dos, elle en sortit presque revigorée. Elle se changea et attrapa des toasts qu'elle se grilla pour ensuite y mettre une tranche de cheddar. Pas le meilleur petit déjeuner du monde, mais efficace selon elle. Elle remplit un thermos de café puis entendit un grattement sur son balcon.

« Oh Jasper, je t'avais oublié mon pauvre… » Elle ouvrit la baie vitrée et un chat de gouttière noir entra, complètement trempé « Merde, désolée mon pote. »

Ce dernier se secoua à ses pieds avant de se diriger vers sa gamelle. Clarke sourit avant de sentir son téléphone vibrer. Lorsqu'elle lut le message, elle perdit son sourire et grogna « Et merde… »

Elle composa alors un numéro « Hey salut Ray… »

« Merde, j'ai attendu ton coup de fil toute la soirée, tu te fous de moi ?! »

« Comme tu le sais, j'ai été appelé sur une affaire hier soir, j'en sors à peine. »

« Oh, un gros truc ? »

« Assez ouais, on parle de tueur en série, c'est la panique à bord. »

« Sérieusement ? Merde… »

« Comment va-t-elle ? »

« Oh bah comme à chaque fois qu'elle vient chez moi : elle joue, mange et dort. On peut pas dire qu'elle soit pénible… Pas comme sa mère. »

« Ah ah, très drôle. Merci encore de l'avoir gardé hier soir… Je te revaudrais ça. »

« Ouais, comme dab'. T'as de la chance que j'aime ma filleule plus que ma meilleure amie. Et surtout que je sois chez moi pour bosser. »

« Je sais, je t'en demande beaucoup… Mais si j'avais le choix… »

« Bah j'ai quelques idées : des baby-sitters payées pour ça déjà, ou encore : pourquoi t'essaies pas de te trouver enfin quelqu'un huh ? »

« Parce que je n'ai ni le temps ni l'envie. »

« Ouais, puis faut dire que t'es pas la plus facile à vivre hein… »

« Aussi. » sourit Clarke « Ecoute, je dois retourner au bureau mais je passe chez toi dès que je peux. »

« Pas de soucis, je ne bouge pas. Au pire, elle viendra faire les courses avec moi. »

« Merci encore. »

« Ouais… Fais gaffe à toi Clarkie. »

Puis elle raccrocha, regardant quelques secondes son fond d'écran affichant un selfie d'elle et d'une petite brune, tout sourire dans un parc. Elle sourit alors : dans le chaos que pouvait être sa vie, peu importait, car une constante régnait : sa fille et sa meilleure amie. Clarke n'était pas du genre à s'attacher sentimentalement aux gens : pour elle, c'était un frein à sa carrière. La seule fois où elle se laissa aller, en découla la naissance de sa fille et un abandon dans les règles de l'art du père biologique. Depuis, elle avait restreint ses interactions avec les autres, préférant se plonger dans le travail, allant au-delà des préjugés d'une « mère célibataire ne peut entrer à l'école de police et réussir une carrière ». Pour cela, elle tenait de sa mère, médecin à Washington, qui ne s'était jamais laissée abattre, pas même après la mort de son mari, la laissant seule avec sa fille unique. Abigail Griffin avait surmonté tous les obstacles pour devenir un médecin de renom, donnant le meilleur exemple pour sa fille.

Et cette dernière ne lâcha rien, pas même lorsqu'elle apprit qu'elle était enceinte la veille de son entrée à l'école de police, retardant ainsi ses années d'études. Elle mena sa grossesse à bien et, à la fin de son congé maternité, elle retourna à l'école tandis que sa mère et sa meilleure amie prirent le relai pour veiller sur sa fille.

Et finalement, elle réussi à obtenir son diplôme et entrer dans un commissariat non loin de Washington. Les premiers temps furent compliqués pour elle : elle devait faire ses preuves en tant que flic mais aussi en tant que maman. Et à force de rigueur, de travail et d'acharnement, elle obtint ses galons de capitaine et le respect de ses pairs. Sa fille, Madi, grandit alors paisiblement entre une « maman robocop » comme elle aimait à l'appeler, une grand-mère médecin et une tante et marraine informaticienne.

Le tableau aurait pu être complet si Clarke se laissait aussi le loisir de partager sa vie avec quelqu'un d'autre. Mais voilà, la jeune femme faisait très peu confiance, et encore plus lorsqu'il s'agissait de rentrer dans sa sphère intime avec sa fille. Peu avait eu l'occasion de rencontrer Madi Griffin, elle était encore le jardin secret de sa mère. Seuls quelques uns savaient : son collègue et ami, Bellamy Blake évidemment, sa femme Echo Blake, mais aussi Murphy, par un concours de circonstance, et, cela allait de soi, son patron Marcus Kane.

Elle sortit de ses pensées lorsqu'elle reçut un nouveau message venant, celui-ci, du médecin légiste. Elle soupira alors et enfila sa veste avant de prendre son thermos et son toast. Lorsqu'elle arriva à l'hôpital, elle se dirigea sans attendre vers le sous-sol, dans la salle des autopsies. Lorsqu'elle ouvrit la porte, elle put entendre une musique assez rock n' roll en émaner. Elle grimaça alors et lorsqu'elle se retrouva nez à nez avec le dos du légiste gigotant aux sons d'Elvis, elle tapotant la table en métal pour signifier sa présence. Le légiste sursauta et s'empressa s'éteindre la musique « Hm désolé… »

« Y'a pas de mal. » ironisa Clarke

« Vous savez ce que c'est : à côtoyer les morts tous les jours, on essaie de trouver n'importe quel moyen pour décompresser et se sentir… »

« … Vivant ? »

« Ouais, y'a de ça. C'est idiot je sais. »

« Doc, avec le métier que vous faites, j'imagine bien qu'il vous faut un moyen pour ne pas perdre la boule. » sourit-elle « Alors on a quoi ? »

« Un homme. Environ 35 ans. »

« C'est précis. »

« Assez oui, la dentition peut le confirmer. »

« C'est un bonne chose qu'il ait encore des dents pour le dire… C'est pas évident quand on voit… ça… » dit-elle en pointant le corps brûlé recouvert d'un drap jusqu'à la taille laissant apparaitre alors un torse brûlé dont la peau manquait par endroit « Dégueulasse… » lança-t-elle naturellement « On sait les origines de ça ? »

« Radiations. »

« Euh, vous pouvez répéter ? »

« L'homme que vous avez en face de vous est un être dont la génétique n'a pas été épargnée par Dame Nature. Il était atteint de Xeroderma Pigmentosum, autrement appelé la maladie des enfants de la lune. »

« Et en français ça donne ? »

« Une maladie de peau qui oblige son porteur à se cacher des rayons du soleil. L'exposition prolongée au soleil a pour conséquence une dépigmentation de la peau, et à plus forte dose, des tumeurs cancéreuses, ou encore des brûlures, comme celle que l'on peut obtenir après radiation chimique. »

« Donc, on résume : ce mec est mort parce que… Parce qu'il est sorti dehors en pleine journée ? »

« Grossièrement oui. Mais cette maladie entraine beaucoup de désagréments : non seulement son porteur ne peut s'exposer au soleil, mais sa peau est caractéristique : épaisse, bardée de tâches de rousseur, quand la maladie n'entraine pas un cancer de la peau avant l'adolescence. »

« Super programme… En somme, mourir est un soulagement pour lui. »

« On peut voir les choses comme ça. Il a certainement du souffrir de longues heures avant de mourir. »

« Alors quoi, il a soudainement décidé de prendre l'air et a oublié sa maladie ? »

« Nous aurions pu concevoir même un suicide, mas pour deux raisons, j'en doute. »

« Lesquelles ? »

« La première : il a des traces de ligatures sur les poignets et les chevilles. »

« Et la deuxième ? »

« Cette maladie est extrêmement rare, on parle d'un cas sur un million environ. »

« Et donc ? Ou est le problème ? »

« En moins d'un mois c'est la deuxième personne atteinte de cette maladie que je vois passer sur ma table d'autopsie. »

« La deuxième personne ? »

« La première était cette jeune femme que l'on a retrouvé dans un vieil entrepôt il y a un mois et qui présentait le même type de brûlure. Etant donné l'exceptionnel de sa condition, je n'ai pas été cherché plus loin qu'un corps brûlé à l'acide. Mais en examinant ce corps-ci, et en remarquant les similitudes, j'ai cherché plus loin et les tests génétiques ont parlé, pour les deux. »

« Merde, ça veut dire quoi : qu'un mec tue des personnes atteintes de cette maladie ? »

« Aucune idée sur les motivations, mais ce que je peux vous dire c'est que ces deux personnes, à pat leur maladie, n'ont rien en commun physiquement : sexe et âge différent, ethnie différente. La femme était d'origine hispanique tandis que notre homme est caucasien. »

« Et c'est tout ? »

« Nous avons évoqué les différences, à présent, voyons les similarités : Ils ont subi des chirurgies, certainement dans leur enfance : l'homme à une cicatrice au niveau du poignet, j'y ai découvert une calcification osseuse, témoignant d'un bras cassé dans l'enfance. La jeune femme avait une cicatrice assez grossière de césarienne. »

« Elle était mère ? »

« Du moins, elle a subi cette intervention, il y a plusieurs années. A savoir si l'enfant à survécu, ça, c'est une autre histoire. »

« Elle a quel âge ? »

« Je dirais une vingtaine d'années. Au vu de l'état de la cicatrice, je dirais qu'elle a subi cette césarienne quelques dix ans auparavant. »

« Elle était donc encore ado… »

« Les points communs ne s'arrêtent pas là. Lorsqu'on regarde leurs dentitions, on note une similarité : leurs dents étaient certes soignées, mais assez grossièrement. »

« C'est-à-dire ? »

Pour toute réponse, il ouvrit la bouche du cadavre, non sans une grimace de la jeune femme « Voyez : ils ont tous les deux des dents plombées. Voire même quelques molaires dévitalisées. »

« Et donc ? Moi-même j'en ai une. »

« Mais, la médecine est un monde qui évolue : les techniques, les matériaux… Aujourd'hui, nous ne plombons plus les dents avec ce métal. Tout comme nous ne dévitalisons plus ainsi. »

« Ca veut juste dire qu'ils se sont fait plomber les dents y'a des lustres… »

« Je peux vous dire, à 80%, que celui-ci qui a fait cette dévitalisation et ce recouvrement à cet homme… L'a aussi fait pour cette jeune fille. »

« Attendez… Ils avaient le même dentiste ? »

« Et probablement aussi le même chirurgien. »

« Qu… Comment ? »

« Là encore, les cicatrices sont les marques, les signatures d'un chirurgien. Et là encore, la technique semble datée d'une trentaine d'années… C'est quasi obsolète. Aujourd'hui, plus personne n'opère ainsi. »

« On résume, cette fille a eu une césarienne y'a dix ans avec une technique qui date d'une trentaine d'années, genre comme si son chirurgien était un vieux croulant qui ne voulait pas laisser tomber ses vieilles habitudes ? »

« On peut dire ça… »

« Vous pouvez me certifier qu'il s'agit du même dentiste ou du même chirurgien ? »

« Je ne peux être affirmatif à 100% malheureusement. »

« Vous pensez qu'ils pouvaient se connaitre ? »

« Aucune idée… Mais c'est une possibilité. Vous savez, il existe des groupes de soutien pour certaines maladies orphelines. Les gens en contact d'autres pour se soutenir ou s'entraider. Peut-être se connaissaient-ils de là. »

« Et on ne peut pas les identifier avec tout ça ? »

« Malheureusement non. Il n'y a aucune vis ou plaque ou quoique se soit qui puisse être traçable. »

« Et merde… Donc la seule chose qu'on sait c'est qu'ils étaient intolérants au soleil et qu'ils avaient probablement le même chirurgien et le même dentiste… On va pas aller loin avec ça… »

« J'ai fais mon rapport du mieux que je pouvais. »

« Ouais, je n'en doute pas, bon boulot doc et je retiens votre idée de groupe de soutien. Vous m'envoyez tout ça par mail. »

« Evidemment. Bonne journée capitaine. »

« Ouaip, on va essayer. »

Sur ce, Clarke sortit de la salle et au détour d'un couloir, elle tomba nez à nez avec 3 agents en costume cravate, la bousculant sans un mot.

« Hey ! » Mais ils continuèrent leur chemin sans même un regard, ce qui agaça fortement la jolie blonde « Connards… » grommela-t-elle avant de se figer quelques secondes et de se retourner sur leur passage : que faisaient-ils ici ? Ou allaient-ils si ce n'était… Bon bref, elle avait encore beaucoup de choses à voir. Et c'est en essayant d'assimiler toutes les infos qu'elle venait d'apprendre qu'elle retourna au poste.

Lorsqu'elle arriva, elle put sentir que quelque chose clochait : ses collègues semblaient moroses et fuyaient son regard, plus que d'habitude. Elle se dirigea vers son bureau et lorsqu'elle vit Bellamy, elle comprit que quelque chose n'allait pas « Ok, c'est quoi l'embrouille ? »

« On est plus sur l'affaire. »

« Quoi ? » elle cria si fort que tous se retournèrent avant de repartir dans leurs tâches « C'est quoi ces conneries ? »

« GRIFFIN ! Dans mon bureau ! »

Elle fit volte face et vit Marcus Kane la fusiller d'un regard noir, l'invitant chaudement à la rejoindre, sans possibilité de refuser. Elle traina les pieds jusqu'à la pièce aux parois vitrées.

« La porte. »

Elle soupira avant de refermer derrière, non sans un dernier regard vers Bell, puis croisa les bras vers Kane.

« Ca va chauffer ? » lança Echo en s'approchant de son mari

« Ca dépend pour qui… » soupira-t-il


« Asseyez-vous Griffin. »

« Non merci. »

« Griffin. »

Le ton quelque peu autoritaire de l'homme eut raison de Clarke qui s'assit alors, sans pour autant dissimuler son désagrément.

« C'est quoi cette embrouille ? Comment ça « je ne suis plus sur l'affaire » ? C'est mon affaire ! Ca fait un mois que je suis dessus et aujourd'hui, j'ai trouvé un lien entre les deux… »

« Justement. »

« Justement ? Justement quoi ? »

« Les autorités supérieures reprennent l'affaire. Il se trouve qu'ils étaient dessus depuis plus longtemps que nous. »

« Comment ça avant nous ? »

« Les deux cas retrouvés à Polis ne sont pas les premiers. »

« Merde ! Et ça veut dire quoi ça « les autorités supérieures » ? On parle de quoi là, du FBI ? »

« Exact. »

« Je les déteste ces mecs, ils se croient tout permis simplement parce qu'ils ont un joli badge avec leur photo dessus ! »

« Du calme Griffin. »

« Non ! Non, je ne me calme pas. Merde, vous savez combien je suis investie là dedans. J'ai épluché le dossier en long, en large et en travers, je suis celle qui s'y connait le mieux là-dessus. »

« Et c'est pour ça que j'ai fortement conseillé un partenariat plutôt qu'une main mise entière sur l'affaire. »

« Un partenariat ? »

« Le FBI à des infos, vous avez des infos, vous avez une connaissance des faits. J'ai fais en sorte que vous puissiez être incluse là dedans. Et, pour être franc, ça ne me plait pas des masses que cette affaire passe dans leurs mains. Je suis content que vous puissiez bosser avec eux, ça nous laisse un droit de regard. »

« Super… En fait, vous êtes en train de me dire que je n'aurais rien à dire ou faire, mais juste les regarder faire ? »

« Je sais, vous connaissant, ça va être dur pour vous, mais si vous faites un pas de travers, ils vous renverrons ici et ça sera fini. »

« Ils peuvent toujours essayer, je suis pire qu'un morpion… »

« Ca je n'en doute pas. »

Et soudain, Clarke repensa à sa furtive rencontre de ce matin « Hm ça explique les Men In Black que j'ai rencontré ce matin chez le légiste, j'imagine qu'ils venaient quémander les mêmes infos que moi. »

« C'est fort probable. »

« Fais chier, sérieux ! On me prend cette affaire comme on piquerait une sucette à un gamin obèse, c'est dégueulasse. »

« D'habitude je suis plutôt amusé par vos métaphores et vos analogies, mais il va falloir lever le pied sur votre humour scabreux, les agents du FBI, eux, n'ont visiblement pas le même. »

« Ce qu'ils pensent est le dernier de mes soucis. J'ai pas l'intention de les laisser me foutre sur la touche. »

Puis on frappa à la porte et c'est Clarke elle-même qui lança « Entrez ! » devant le regard surpris de Kane « Désolée… » dit-elle en levant les mains

La porte s'ouvrit alors et Echo apparut « Commissaire, capitaine… Ils sont là. »

« Bien, parfait timing, faites-les entrer. »

Echo jeta un œil vers une Clarke visiblement remontée, avant d'opiner et de s'éclipser pour laisser place à deux agents en costards noir, l'air sérieux et fermé. Clarke se leva et leur fit face : un homme typé et une femme brune. L'homme était assez baraqué, le crâne rasé et l'air sauvage, quant à la jeune femme, elle était légèrement plus grande qu'elle, un regard vert d'eau limpide, une bouche pulpeuse et une mâchoire dessinée au couteau, mâchoire qu'elle semblait serrer.

« Griffin, voici les agents Woods et Lewis. Madame, monsieur, voici le capitaine Clarke Griffin, celle qui fera le lien entre votre bureau et le notre. »

Clarke se sentit soudainement épiée des pieds à la tête lorsque la jeune femme la décrypta de haut en bas. Un malaise s'installa avant que l'homme ne s'avance et ne lui tende la main « Enchanté, je suis Lincoln Lewis. »

« Salut. » Elle prit sa main et la serra dans la sienne, sentant toute la force que l'homme essayait d'instaurer « Ah je vois, on me fait le coup de la poignée virile pour m'impressionner. C'est loupé, j'ai été championne départementale du bras de fer. »

« Griffin… » soupira Kane en baissant la tête

« Du coup, je suppose que vous êtes Woods. » dit-elle en se tournant vers la jeune femme

« Exact. » Mais à l'inverse de son partenaire, la jeune femme ne tendit pas sa main, mais les garda derrière son dos, dans une posture plus que militaire.

« Ok, ça promet… » souffla la jolie blonde « Vous êtes sérieux là ? » dit-elle en se tournant vers Kane

« Ca suffit Griffin. Vous devriez vous mettre au travail. »

Clarke se retourna de nouveau vers la paire d'agents et grimaça « Eh bah mon vieux… »

La jeune femme brune la fixa d'un regard noir alors « Je vous ne le fais pas dire. »

TBC