Note de l'auteur :

Chers lecteurs,

Je vous sers ici une toute petite histoire qui se situe dans l'univers de Désillusion, mais qui peut aussi très bien être lue indépendamment. Était-ce nécessaire? Non. Est-ce que ça me tentait? Oui, absolument.

Alors pour mon plus grand plaisir, je la soumets à votre appréciation.

Bonne lecture et merci de me lire, de me suivre et de commenter,

Harley


Partie 1 : La baguette

-Non, dit aussitôt Draco en voyant apparaître Harry dans l'entrebâillement de la porte de sa classe, un sourire désolé sur le visage, leur fille à ses côtés.

C'était la troisième fois ce mois-ci.

La troisième fois que, pour une raison ou une autre, Harry devait venir lui porter Lily, à son travail, parce que, visiblement, il pensait que le sien devait passer avant et que les cachots de Poudlard, remplis d'élèves plus médiocres les uns que les autres en potions, étaient un endroit approprié pour une fillette de huit ans.

Le précepteur qu'ils avaient engagé avait donné sa démission à la dernière minute, prétextant qu'il avait trouvé une meilleure offre plus près de chez lui. Le prochain n'arriverait que la semaine suivante, ce qui était déjà fort heureux, car trouver quelqu'un aussi rapidement et qui remplissait les critères plus qu'exigeants qu'avait fixés Draco à quiconque s'occuperait de sa fille relevait presque du miracle. Mais ils avaient finalement trouvé quelqu'un. Entretemps, madame Weasley la gardait presque tous les jours pendant que Harry et Draco travaillaient, mais parfois, des imprévus survenaient, comme ce jour-là.

-Bonjour, dit Harry, un peu timide en voyant les regards des élèves se braquer sur lui, c'était une chose à laquelle il ne s'était jamais habitué.

La classe était composée d'élèves de Poufsouffle et de Gryffondor, tous l'avaient déjà vu au moins une fois en personne lorsqu'il était venu faire une présentation dans le cadre de leur cours de défense contre les forces du mal l'an dernier. Mais cela n'empêchait pas certains de murmurer avec énergie en désignant se célèbre cicatrice du doigt, ne s'apercevant pas qu'ils étaient tout sauf subtils.

Draco se retint de lever les yeux au ciel devant le comportement de ses élèves, puis son attention se porta de nouveau sur son époux qui lui sourit.

Non. Pas ce sourire. Ce maudit sourire qui le faisait faiblir à tout coup et que Draco aimerait parfois pouvoir lui arracher du visage, comme en cet instant. Non, cette fois, pas question! C'était lui qui devait s'occuper de Lily aujourd'hui, Draco avait un cours de quatrième année à donner et le potentiel explosif de la potion qu'il avait prévu leur faire faire nécessitait sa pleine attention envers sa classe. Il ne pouvait, en plus, surveiller l'enfant qui, soit dit en passant, était loin d'être la plus facile. Quoique lorsque l'on porte le nom de Malfoy-Potter, il était difficile de concevoir qu'il puisse en être autrement.

-Harry Potter… c'est non, gronda Draco, la mâchoire serrée, il jeta un regard sévère qui aurait glacé n'importe lequel de ses élèves, même ceux de septième année, mais qui ne fit pas un pli à son mari.

Lily, quant à elle, dévisageait les élèves de son père de cet air dédaigneux qu'elle semblait avoir volé directement à celui qu'elle considérait comme son grand-père, Severus Rogue. Deux élèves de poufsouffle murmurèrent quelque chose concernant combien elle était adorable avec ses longs cheveux noirs parfaitement lisses qui lui arrivaient au milieu du dos et retenus derrière par un ruban vert pomme et noué en une boucle sur le dessus de sa tête. Combiné à son teint pâle et à la robe de velours côtelé grise qu'elle portait, tout lui donnait l'air de l'une de ces poupées de porcelaine à l'air hautain et qui valent une fortune.

Elle ne portait aucune attention à ses parents qui continuaient à discuter à voix basse dans l'encadrement de la porte.

-Remus et Severus n'étaient pas disponibles, Molly non plus, j'ai tout essayé, je te revaudrai ça, murmura rapidement Harry en s'avançant dans la classe pour poser un baiser sur la tête de sa fille qui se dégagea de lui avec un air outragé. Merci, merci, merci, je dois filer, tu es le meilleur.

Un élève pouffa dans la classe et Draco se retourna prestement. Impossible de savoir de qui il s'agissait. Tant pis.

-Vingt points en moins pour Gryffondor.

Certaines choses ne cesseraient jamais de redonner à Draco sa bonne humeur. Plusieurs protestations se firent entendre, Lily passa près de son père et ce dernier cru discerner un sourire approbateur sur ses lèvres. Elle prit place à son bureau, évidemment, et se mit à scruter d'un regard acéré les élèves qui osaient encore la regarder comme si elle était la chose la plus mignonne sur Terre.


Grandir en ayant comme pères le Sauveur du monde sorcier et Draco Malfoy était, de l'avis de Scorpius Malfoy-Potter, une plaie. Mais lorsqu'en plus, l'un des deux décidait de venir enseigner à Poudlard, c'était carrément un cauchemar. Comme si ça ne suffisait pas, sa petite sœur semblait avoir décidée de passer ses journées ici. Les autres élèves avaient la chance d'échapper à leurs parents lorsqu'ils quittaient en septembre pour l'école, pas lui. Et non seulement son père lui enseignait-il, mais, en plus, il ne semblait absolument pas comprendre la règle tacite et universellement connue voulant qu'un parent-enseignant fasse semblant que son enfant ne soit pas le sien au sein de l'école.

Scorpius vit son père et sa peste de sœur traverser la Grande salle dans sa direction et sut immédiatement ce qui l'attendait. Il se força à détacher ses yeux d'eux et à regarder droit devant lui, se mêlant exagérément à la conversation de son amie Anna assise à sa droite, leur tournant le dos, obstinément, comme s'il ne s'était pas aperçu de leur présence. Mais il ne pouvait faire abstraction des «on!», des «ah!» et des «si mignonne!» prononcées d'une voix étouffée par l'ensemble de la gente féminine de l'école au passage de sa petite sœur.

Peut-être que s'il ne se retournait pas. Peut-être que s'il semblait bien absorbé dans une conversation. Peut-être que s'il…

-Scorpius, j'ai besoin que tu surveilles ta sœur pour une heure ou deux, dit son père en posant une main sur son épaule pour attirer son attention.

Non.

Pourquoi.

Merlin. Pourquoi?

-Non, père! s'exclama Lily en fronçant les sourcils, faisant écho aux pensées de son frère avant même qu'il n'ait eu le temps de les formuler à voix haute. Je ne veux pas rester avec lui! Je veux rester avec toi!

C'était sa chance!

-Tu vois? Elle ne veut pas rester avec moi, il n'y a rien que je puisse faire, désolé, répondit-il en haussant les épaules avec un air faussement impuissant.

Draco n'était pas dupe et encore moins impressionné. Plusieurs se seraient recroquevillés sous ce regard acier, mais Scorpius y était immunisé ou presque. Assise à côté de lui, Lisa, la fille de Ron et d'Astoria ne put se retenir de lever les yeux au ciel devant la réaction de celui qui était comme sa deuxième moitié tant ils étaient inséparables, et ce, depuis toujours. Le corps enseignant, Draco y compris, oubliaient sans cesse qu'elle était une gryffondor puisque depuis sa première année, elle dînait aux côtés de Scorpius à la table de Serdaigle et passait également ses soirées dans leur salle commune.

-Que dirais-tu d'aller faire une promenade dans le parc, on pourrait aller essayer de voir si on peut apercevoir le calamar géant, intervint Lisa en souriant à la fillette qui la regardait d'un air rempli de défi, ses bras croisés fermement sur sa poitrine.

Scorpius jeta un regard désapprobateur à son amie comme si elle venait de dire quelque chose de particulièrement obscène.

-Merci, Lisa, dit Draco en se tournant vers la jeune fille aux cheveux aussi roux que ceux de son père et qui lui arrivaient presque dans le milieu du dos.

-Ok, ok, mais on ne peut pas la surveiller pour plus d'une heure, on a prévu de se retrouver dans le parc avec Jaime et Thomas tout à l'heure, répondit son fils.

Draco haussa un sourcil.

-C'est sûr que ce rendez-vous doit être d'une importance capitale, bien plus que de t'occuper de ta sœur, fit remarquer son père, sarcastique.

-C'est injuste! Je suis le seul élève à devoir prendre soin de ma petite sœur et juste parce que mon père travaille ici!

Draco leva les yeux au ciel. Harry et lui avaient beaucoup trop gâtés leur fils.

-Tu es ridicule, ce n'est pas la mer à boire, ce que je te demande!

-Si papa et toi n'aviez pas le temps de vous occuper d'elle, peut-être que vous n'auriez pas dû faire un deuxième enfant! répliqua Scorpius, vertement.

Lisa écarquilla les yeux en entendant ces mots franchir les lèvres de son meilleur ami. Draco le fusilla du regard.

-Vingt points en moins pour Serdaigle et je ne veux plus jamais t'entendre dire une chose pareille! claqua son père. Tu vas me présenter tes excuses à moi et à ta sœur immédiatement!

-Tu n'as pas le droit de m'enlever des points pour ça!

-Je te conseille de ne pas commencer à me dire ce que j'ai le droit de faire ou pas. Des excuses, maintenant!

-Je n'ai pas à m'excuser! répliqua Scorpius en se levant pour faire face à son père, ne s'apercevant pas que le silence s'était fait dans la grande salle et que tous les regards étaient à présent tournés vers eux, ne ratant pas un mot de leur échange.

-J'en veux pas de tes excuses de tout façon! cria soudain Lily, qui n'avait rien dit jusque-là, se contentant d'observer l'échange entre son père et son frère.

-Lily, ne te mêle pas de ça! intervint Draco avec impatience. Scorpius, j'attends tes excuses et crois-moi, tu ne veux pas me faire patienter plus longtemps, à moins que tu désires être privé de ta prochaine sortie à Pré-au-Lard.

Scorpius s'apprêta à répliquer quelque chose, mais ils furent interrompus par la voix sèche et autoritaire du professeur McGonagall qui s'avança vers eux.

-Je pense qu'il serait préférable que vous preniez tous un moment et qu'ensuite, cette conversation se continue dans un lieu plus… appropriée, trancha-t-elle en jetant un regard acéré aux élèves présents dans la salle qui les regardaient toujours avec intérêt.

Draco pinça les lèvres, mais acquiesça tandis que Scorpius prenait son sac d'école en disant qu'ils n'avaient de toute manière plus rien à se dire et qu'il quittait la pièce d'un pas décidé, ne portant nullement attention à son père qui l'appela, mais qui fut retenu dans son impulsion de le suivre par la professeure McGonagall. Lisa se leva lentement et fit un pas vers Lily dont la mine renfrognée n'avait rien à envier à celle de son frère ou de son père.

-Je vais m'occuper d'elle, murmura la gryffondor en invitant la fillette à la suivre.

Lily obéit, mais refusa de prendre la main que l'adolescente lui offrit. Elle suivit la rousse dans les couloirs de Poudlard sans trop porter attention à où elles se dirigeaient et bientôt, elles furent devant la porte menant à la salle commune de Serdaigle. Le heurtoir en forme d'aigle commença à leur adresser une énigme, mais ne finit jamais puisqu'une élève de première année sortie au même moment et elles en profitèrent pour entrer.

La salle était presque vide, mais Scorpius s'y trouvait, assis en tailleur dans un large fauteuil en cuir, un air renfrogné sur le visage. En le voyant, Lily grimaça, elle aurait préféré que Lisa l'amène voir le calamar géant, elle n'avait aucune envie de voir son frère en cet instant. Mais, après ce qui s'était passé avec son père, Lisa n'aurait pas laissé son ami seul.

La salle commune de Serdaigle était sans aucune doute la pièce la plus lumineuse de Poudlard, avec ses immenses fenêtres prenant naissance au ras du sol et s'élevant presque jusqu'au plafond qui était lui-même haut de trois étages. Entre chacune de ces surfaces de verre, les murs étaient couverts de tout aussi imposantes bibliothèques foisonnant de livres et de toutes sortes d'objets hétéroclites, allant d'animaux empaillés à des instruments dont on ne pouvait, pour certains, que deviner l'usage, en passant par une collection d'objets moldus à laquelle les élèves de cette origine contribuaient d'année en année avec enthousiasme. Le mobilier et les tapis recouvrant le sol de pierre étaient tous dans les tons de bleu et de cuivre et donnait une ambiance apaisante à l'endroit.

Ce n'était pas la première fois que Lily y pénétrait. Avoir un père et, avant qu'il ne prenne sa retraire, un grand-père, enseignant à Poudlard avait ses avantages. Néanmoins, elle n'y était venue que très brièvement et pendant que son frère et Lisa discutaient entre eux, son regard épousait chaque détail de la salle commune. Près de l'âtre en marbre blanc du foyer qui était présentement éteint, trois élèves discutaient à voix basse en jetant parfois un coup d'œil dans sa direction, se demandant sans doute ce qu'une enfant faisait ici ou alors, s'ils avaient deviné ou savaient qu'elle était la sœur de Scorpius, se demandant pourquoi elle était à Poudlard plutôt qu'auprès de ses parents.

Lisa avait pris place dans le fauteuil faisant face à celui de Scorpius et ni l'un ni l'autre ne lui portaient attention. Lily s'approcha de l'une des bibliothèques. Sur l'une des tablettes, un sextant qui semblait en or massif était posé et brillait de mille feux, touché directement par les rayons du soleil qui pénétraient par la fenêtre située juste en face. Comme un papillon de nuit attiré par une flamme, Lily se sentit inexorablement appelé par cet objet magnifique. Le métal était chaud sous ses doigts, presque organique et elle souleva l'appareil à deux mains, c'était lourd. Les petits mécanismes qui s'emboitaient les uns dans les autres et la beauté des signes gravés dans un alphabet inconnu un peu partout sur le sextant capturèrent son attention aussi sûrement que ne l'aurait fait un match de Quidditch pour d'autres.

-LILY NARCISSA! Repose ça immédiatement! s'éleva la voix de son frère.

Elle sursauta malgré elle, s'en voulant de lui donner la satisfaction de savoir qu'il l'avait surprise. Elle le fusilla du regard en réponse.

-Ce n'est pas un jouet, intervint-il de nouveau en voyant qu'elle n'esquissait aucun geste pour remettre l'objet à sa place.

-Je le sais, je ne suis pas stupide! trancha-t-elle, insultée qu'il fasse comme si elle ignorait de quoi il s'agissait et qu'il la fasse passer pour une enfant stupide incapable de manipuler un objet fragile sans le briser devant Lisa et les trois autres élèves qui observaient la scène avec attention.

-Alors, repose-le tout de suite à sa place, sinon je vais le dire à notre père et…

-Lily, s'il te plaît, intervint doucement Lisa en arrêtant Scorpius d'un geste. Ça te dit toujours d'aller au lac?

Lily pinça les lèvres, puis roula des yeux en haussant les épaules, posant finalement le sextant là où elle l'avait pris. Murmurant que de toute manière elle avait terminé de le regarder pour ne pas donner l'illusion à son frère qu'elle l'avait écouté.

-Lisa t'a posé une question, tu pourrais au moins être polie et lui répondre, commenta Scorpius, se demandant comment il était possible que sa sœur et lui fussent si différents alors, qu'après tout, ils avaient été élevés par les mêmes parents.

-Je m'en fous de toute manière! répliqua Lily en le défiant du regard. T'es mal placé pour me dire d'être polie après ce que tu as dit à père!

Lisa tenta de calmer le jeu à nouveau, mais cette fois, aucun des deux ne lui prêta attention.

-Ce n'était pas impoli, c'était un simple constat et je ne regrette absolument pas ce que j'ai dit! Ce n'est pas normal qu'à mon âge, alors que je suis à Poudlard, je doive m'occuper de toi, j'ai bien mieux à faire, sache-le!

-T'ES QU'UN CRÉTIN! cria Lily en refoulant ses larmes devant les paroles blessantes de son frère et la colère qui monta brusquement en elle, sans réfléchir, elle saisit la baguette de son frère qu'il avait posé sur la table basse entre les fauteuils.

Scorpius haussa un sourcil.

-Quoi? Tu vas me jeter un sort peut-être? se moqua-t-il.

La fillette serra sa poigne autour de la baguette, elle aurait voulu lui faire ravaler son sourire et lui jeter un sort si elle en avait été capable. Son incapacité ne fit que la mettre davantage en colère.

-Redonne-moi ça avant de causer un accident, dit Scorpius en tendant la main vers elle, mais elle se recula.

Il leva les yeux au ciel et s'avança vers elle pour lui enlever la baguette.

-Ne me touche pas! cria-t-elle en s'éloignant encore plus.

-Je n'ai plus envie de jouer, Lily, alors tu vas me redonner ma baguette et je te laisse seulement imaginer la punition que les parents te donneront lorsque je leur raconterai quelle petite peste tu as été!

-Et moi, je leur dirai toutes les méchancetés que tu as dites sur eux et sur moi! répliqua-t-elle en criant.

-DONNE-MOI MA BAGUETTE!

-NON! hurla-t-elle à pleins poumons en se mettant à fuir son frère en courant entre les fauteuils et les tables de la salle commune alors que celui-ci tentait de l'attraper en jurant.

Il finit par saisir du bout des doigts le derrière de sa robe, mais elle tira d'un coup sec et parvint à se libérer, mais l'élan la propulsa vers l'avant et elle tomba avec force par terre. Un crac se fit entendre. Elle baissa avec horreur les yeux vers le sol et sentit son cœur chavirer en voyant la baguette de son frère, cassée en deux. Sans qu'elle puisse s'en empêcher, ses yeux se remplirent d'eau.

-Je…j'ai pas fait exprès, murmura-t-elle en direction de son frère qui n'avait pas encore compris ce qui s'était passé et qui fronça les sourcils avec inquiétude en la voyant pleurer soudain, pensant peut-être qu'elle s'était fait mal en tombant.

Mais, l'instant suivant, ses yeux se posèrent sur sa baguette ou, du moins, ce qu'il en restait et la fureur déchira ses traits. Lily ramassa les deux morceaux de baguette et tenta de les remettre ensemble.

-Peut-être qu'on peut la réparer…

-Ce que tu peux être stupide! On ne peut pas la réparer! Elle est fichue!

-Scorpius, intervint Lisa en posant une main sur son avant-bras pour tenter de le calmer. C'est un accident, c'est…

-Non! C'est toujours comme ça avec elle, elle n'en fait qu'à sa tête, elle se fout bien de ses gestes et des conséquences qu'ils pourraient avoir! Ce n'est qu'un bébé gâté qui se croit tout permis! Les parents ne lui ont jamais imposés de limites, pas comme avec moi, non bien sûr! J'aurais... j'aurais préféré ne jamais avoir de sœur!

Lily sentit ses barrières s'écrouler d'un seul coup et les larmes envahir ses yeux.

-JE TE DÉTESTE! hurla-t-elle, puis, humiliée, elle tourna les talons, ne souhaitant pas que son frère voie qu'elle pleurait et quitta la salle commune en pendant ses jambes à son cou sans se retourner.

Elle connaissait bien le château et descendit les escaliers pour se rendre au septième étage, là où elle savait que se trouvait la salle sur demande. Les élèves qu'elle croisa sur son chemin tentèrent de l'arrêter ou de l'appeler, mais elle les ignora et continua sa course. Désirant plus que tout être seule et dissimuler ses larmes. Elle arriva dans le couloir et une porte apparut devant elle, elle la poussa sans se poser de question. Elle se retrouva dans une pièce immense encombré de toutes sortes d'objets empilés ou tout simplement jetés ça et là. Du vieux mobilier cassé, des chaises dont plus personne ne voulait, des livres, des toiles, des armures dont il manquait un ou plusieurs morceaux, des bureaux, d'antiques balais, des vêtements.

Elle savait que son frère devinerait sans doute qu'elle s'était réfugiée ici, après tout, c'était lui qui lui avait appris l'existence de cette pièce pour la première fois et c'est son papa, ensuite, qui lui avait raconté toutes les histoires la concernant. Son père la lui avait ensuite montré lorsqu'il l'avait amené à Poudlard pour la première fois, car elle n'avait eu de cesse de le harceler pour qu'il le fasse dès qu'elle avait mis les pieds dans le château.

C'était cependant la première fois que la pièce prenait une telle allure et elle devina que ce devait être la forme qu'elle prenait lorsque quelqu'un cherchait à dissimuler quelque chose ou encore, à s'en débarrasser. Elle se dit que cela convenait parfaitement à sa situation puisque personne ne semblait plus vouloir d'elle.

Une grande armoire de bois foncé se dressait près du centre de la pièce et elle l'ouvrit. Elle était vide et spacieuse, elle s'y glissa. Si son frère venait la chercher ici, jamais il ne penserait à fouiller là ou, du moins, parmi la multitude d'endroits où elle aurait pu se cacher, il avait peu de chance pour qu'il la trouve. Elle referma la porte derrière elle et tenta de calmer les sanglots qui la traversaient et qui ne semblaient plus vouloir la quitter. Elle essuya rageusement ses yeux et ses joues avec le tissu de sa robe et ferma les yeux en serrant la baguette de son frère entre ses doigts.

-Moi aussi, j'aurais préféré ne pas avoir de frère, se dit-elle en se souvenant des paroles qu'il avait prononcées, le corps encore secoué de sanglots, en colère de ne pouvoir y mettre fin sur le champs.


En ouvrant les yeux, Lily se demanda pendant un instant où elle était, puis tout lui revint en mémoire. Elle poussa la porte de l'armoire et en sortit, pour réaliser aussitôt qu'elle n'était plus dans la salle sur demande, mais dans un tout autre endroit. Les tas de vieux meubles et d'objets de toutes sortes, empilés les uns sur les autres avaient fait place à d'autres objets et à d'autres meubles, mais ceux-ci étaient soigneusement disposés dans la pièce exiguë où elle se trouvait. En fait, elle réalisa bien assez tôt qu'elle se trouvait dans un magasin ou, du moins, ce qui avait dû être un jour un magasin.

Mais où était-elle et comment était-elle arrivée ici?

Une épaisse couche de poussière recouvrait le sol et les meubles autour d'elle. Par les fenêtres sales et barbouillées filtraient quelques rayons de soleil, parvenus à se faufiler entre les bâtiments serrés les uns sur les autres qu'elle devinait de l'autre côté de la rue. Une odeur de moisissure et d'humidité flottait dans l'air étrangement chaud de l'endroit.

Elle glissa sa main à l'intérieur de la poche et sentit les deux morceaux de la baguette de son frère et cela la rassura sans qu'elle ne sache pourquoi.

Posé sur une crédence, un buste d'un sorcier inconnu posait son regard sévère sur la fillette venue troubler le silence de ces lieux qui n'avaient connus de visiteurs depuis de nombreuses années, semblait-il. Un corbeau empaillé au bec manquant et dont les araignées s'étaient servies pour accrocher leurs toiles fit frissonner Lily. Dans un coin, des toiles étaient appuyées les unes contre les autres, l'une d'elle, plus grosse que les autres, avait été lacérée à de nombreuses reprises avec un objet tranchant, comme si on avait voulu en tuer l'occupant qui était, pour le moment, absent, la toile ne représentant, de ce que pouvait en voir Lily, qu'un fond noir. Elle se dit aussitôt qu'elle préférait ne jamais en voir le reste.

Rien dans les autres statues, toiles, bibelots, vases et objets dont elle aimait mieux ne pas savoir l'usage n'était davantage rassurant. En fait, quelque chose de profondément macabre et inquiétant se dégageait de ce magasin et elle comprenait aisément qu'il eut fermé ses portes. Qui aurait pu vouloir acheter quoi que ce soit ici?

Elle soupira en voyant que la porte menant à l'extérieur avait été placardée. Elle ne pourrait pas sortir par-là. Les vitrines ne s'ouvraient pas non plus, alors elle n'eut d'autre choix que de se glisser sous le comptoir et de se faufiler derrière le rideau dissimulant l'arrière-boutique, le cœur battant un peu plus vite, mais se répétant qu'il était inutile d'avoir peur, que ce n'était qu'un vieux magasin, rien de plus.

L'arrière-boutique était minuscule, à peine plus large que l'entrée y menant et il y faisait très sombre. Ici encore, des objets, plus petits et un nombre incalculable de bocaux et de fioles dont elle préférait ignorer le contenu remplissaient les étagères. Une petite fenêtre d'une saleté si épouvantable qu'elle ne laissait passer presqu'aucune lumière était située tout en haut du mur du fonds. C'était la seule issue et elle n'avait d'autre choix que de grimper sur les étagères pour y parvenir.

Sans trop s'attarder à regarder le contenu de ladite étagère, elle entreprit de l'escalader, poussant du pied et du revers de la main les fioles et les objets dans son chemin. Elle sursauta en entendant un bruit de verre brisé lorsqu'un de ceux-ci glissa de la tablette et explosa sur le sol de pierre. Parvenue sur le dessus de la bibliothèque, ses doigts allèrent immédiatement au verrou de la fenêtre, mais, évidemment, il était coincé.

Elle força contre le métal poisseux de la barrure, tirant et tirant encore, mais en vain. Elle pensa à briser la fenêtre, mais c'était une fenêtre double et cela demanderait une force considérable et elle craignait de se blesser, d'autant plus qu'elle n'avait aucune envie de redescendre pour chercher de quoi briser cette vitre, ne voulant que sortir au plus vite de cet endroit et ne jamais y remettre les pieds. Avec l'énergie du désespoir, elle tira encore, cette fois-ci de toutes ses forces et le loquet bougea. Pas assez pour que la fenêtre puisse s'ouvrir, mais suffisamment pour qu'il dépasse le rebord de la fenêtre.

C'est alors qu'elle l'entendit.

Une sorte de sifflement, puis un craquement. Ça provenait du magasin. Elle jeta un regard vers le rideau de velours dissimulant ce qui se passait, ce dernier était toujours immobile. Son souffle se bloqua dans sa poitrine et elle stoppa tout mouvement, toute son attention tournée vers l'avant du magasin, essayant de détecter le moindre son qui pourrait en provenir. Une foule de pensées plus terrifiantes les unes que les autres défilèrent dans sa tête, mais elle se força à demeurer calme. C'était sûrement son imagination. C'était probablement un bruit provenant de la rue. Ce n'était rien du tout. Rien du tout. Rien du tout. Rien du tout. Rien du…CRAC.

Elle ne put retenir un petit cri, cette fois. Aussitôt, elle se laissa tomber par derrière et se mit à frapper à coup de pieds le verrou de la fenêtre.

Le sifflement reprit alors que la barrure cédait enfin. Elle entendit distinctement une série de bruit, comme si quelque chose se déplaçait dans la boutique, raclant le sol. C'est le visage couvert de larmes qu'elle se redressa pour empoigner le bas de la fenêtre, l'ouvrant. Du coin de l'œil, elle vit quelque chose bouger, le rideau. Elle ouvrit la deuxième fenêtre sans pouvoir retenir ses sanglots de terreur, puis, alors qu'elle sentit un effleurement dans son dos, elle se projeta à l'extérieur sans même réfléchir.

L'impact avec les dalles de la rue lui coupa le souffle, mais elle n'en fit aucun cas et rebondit sur ses pieds, mue par l'adrénaline dans ce qu'elle a de plus primitive. Elle courut. Sans même voir ce qui l'entourait, sans prendre la peine de se demander où elle était, sans évaluer si elle était encore en danger ou pas. Elle bifurqua dans une rue sur sa droite en bousculant sur son passage une vieille femme ou peut-être était-ce un vieil homme, elle n'en savait rien.

Et c'est alors qu'elle reconnut l'enseigne violette de la boutique Madame Guipure. Elle était sur le Chemin de Traverse. Elle ralentit aussitôt et s'arrêta au milieu de l'allée bondée, le cœur au bord des lèvres, sa poitrine se soulevant et s'abaissant au rythme frénétique de son souffle. Le parfum des marrons rôtis que vendait un marchant ambulant se faufila à travers ses narines et elle en aurait pleuré de soulagement de se retrouver dans cet endroit qu'elle connaissait très bien pour y être venue très souvent avec ses parents, mais ce n'était pas son genre de verser des larmes pour si peu.

Elle ne comprenait toujours pas comment elle avait pu atterrir ici. La seule explication était que l'armoire dans laquelle elle avait trouvé refuge était une sorte de portoloin. Elle se promit à elle-même que plus jamais elle ne trouverait refuge dans un meuble qu'elle ne connaissait pas et se retint de sourire à la spécificité d'une telle promesse.

Une jeune femme accompagnée d'un petit garçon s'approcha d'elle, un air compatissant sur le visage.

-Es-tu perdue?

Lily recula instinctivement d'un pas en secouant la tête.

-Non…

-Tu es blessée? demanda la femme en posant son regard vers les jambes de la fillette. Où sont tes parents?

Lily baissa les yeux à son tour vers le bas de son corps et vit que ses genoux étaient en sang et que sa robe noire était déchirée à un emplacement et couverte de poussière et de boue. Elle avait dû se blesser en se jetant de la fenêtre de cet ignoble magasin. Une brûlure dans la paume de sa main droite lui indiqua qu'elle devait également se l'être écorchée. Elle devait faire peine à voir.

-Mon père est dans la boutique de monsieur Ollivander avec mon frère, mentit aussitôt Lily en désignant le magasin situé juste un peu plus loin, en haut de la rue sinueuse.

La femme fronça légèrement les sourcils.

-Et il te laisse te promener seule? fit-elle remarquer d'un ton qui laissait transparaître ce qu'elle pensait de ces parents qui laissent leur fillette de huit ans sans surveillance dans la rue.

-Euh… oui…. mais je dois aller les retrouver, maintenant. Au revoir!

Elle n'attendit pas la réponse de la femme et tourna les talons pour se diriger vers la boutique de baguettes, se faufilant entre deux sorciers en grande discussion à propos du dernier album de Celestina Warbeck et qui gesticulaient comme s'ils avaient été seuls et non pas dans une allée bondée où, à chaque mouvement brusque de leurs mains, ils manquaient de frapper un passant.

Arrivé près du magasin de monsieur Ollivander, Lily se retourna pour voir si elle avait échappé à la femme et à son fils. Elle ne les vit plus dans la foule. Elle s'apprêta à virer de bord quand elle repensa à la baguette cassée de son frère. Elle n'avait pas d'argent sur elle, mais peut-être que monsieur Ollivander pourrait au moins lui dire s'il était possible de la réparer ou pas et ensuite, si c'était le cas, il devrait s'excuser d'avoir été si méchant avec elle.

Elle poussa la porte vitrée de la petite boutique, faisant retentir la clochette. Lily se souvenait du jour où ils étaient venus acheter la baguette de Scorpius et il lui sembla que rien n'avait changé depuis en ces lieux. Des milliers de boîtes étaient empilée dans les étagères le long des murs qui devaient bien être hauts de deux étages, au moins. Au centre de la boutique, des étalages contenant des étuis, des kits de nettoyage et bien d'autres choses terminaient de remplir l'espace, si bien qu'il fallait prendre garde à ne rien accrocher lorsqu'on s'y déplaçait.

Lily se demanda quelle baguette la choisirait lorsqu'à son tour, elle viendrait ici avec ses parents pour son entrée à Poudlard. Peut-être se trouvait-elle dans une des boîtes l'entourant, sûrement même. Elle aurait voulu faire un saut dans le temps et avoir déjà onze ans, elle n'avait que faire de ses huit ans qui l'empêchaient de posséder sa propre baguette et surtout, de fréquenter la célèbre école de magie.

-Un instant et je suis à vous! dit une voix provenant de l'arrière-boutique et quelques instants plus tard, le vieil homme que Lily reconnut comme étant monsieur Ollivander sortit de derrière un rideau dissimulant sans doute son atelier.

En apercevant la petite fille dans son magasin, le sorcier aux lunettes rondes et à la chevelure désordonnée haussa les sourcils avec surprise. Lily ne le laissa pas s'étonner plus longtemps et sortit la baguette de la poche dans laquelle elle l'avait rangé et la tendit à l'homme devant elle. Le regard de l'homme se baissa vers la main tendue et ses sourcils se froncèrent en voyant la baguette cassée en deux. Il la prit délicatement, comme s'il s'agissait d'un oiseau blessé.

-Où as-tu trouvé cette baguette ou du moins, ce qu'il en reste? demanda-t-il aussitôt en observant attentivement la baguette de Scorpius, ses sourcils se fronçant de plus en plus au fil de son analyse.

-Est-il possible de la réparer? dit Lily sans répondre à la question de son vis-à-vis.

L'homme interrompit sa contemplation de la baguette et leva des yeux intrigués vers elle, puis un éclair de reconnaissance sembla passer dans ceux-ci.

-Tu es la fille de Harry Potter!

-Oui, répondit-elle rapidement en balayant ce commentaire qu'on lui formulait si souvent du revers de la main. Mais ce que je veux savoir c'est si…

-Je me souviens, tu étais venue avec tes parents pour la baguette de ton frère.

-Oui, et bien, justement, j'aimerais savoir s'il est possible de la réparer! insista cette fois la fillette avec plus d'impatience.

Monsieur Ollivander fronça les sourcils comme s'il ne comprenait pas.

-Mais tu ne m'as toujours pas dit où tu avais trouvé cette baguette et, d'ailleurs, où sont tes parents?

-Mes parents sont au travail, c'est… compliqué. Et la baguette, c'est celle de mon frère, vous ne la reconnaissez pas?

Elle avait toujours entendu dire que monsieur Ollivander possédait la faculté étonnante de se souvenir de chaque baguette qu'il avait fabriquée et de chaque personne à qui il en avait vendu une. Peut-être que l'âge avait fait son œuvre et que sa mémoire commençait à lui jouer des tours.

-De ton frère? répéta le vieux sorcier en posant de nouveau son regard sur la baguette brisée.

-Oui, de mon frère!

-Non… non. La baguette de ton frère est en cerisier, 10 cm, avec un cœur en crin de licorne. Je n'oublie pas une seule baguette! Pas une seule! Et cette baguette n'est certainement pas celle de ton frère…

Elle haussa les épaules. Bien franchement, elle n'avait aucune idée de quels étaient les matériaux avec lesquels étaient fait la baguette de Scorpius, la seule chose dont elle était certaine c'était que c'était bel et bien celle dont le vieil homme tournait et retournait les morceaux entre ses doigts. Elle pinça les lèvres, regrettant d'être venue ici, même si elle n'aurait pu prévoir que le fabricant de baguettes serait devenu complètement sénile pile au moment où elle avait besoin de lui.

-… en fait, si je ne m'abuse, cette baguette se trouve en ce moment même dans cette boutique, il se prit le front de la main droite, comme s'il tentait de se rappeler une information importante, mais déjà, Lily cherchait une échappatoire.

Il se tourna vers le mur situé à leur droite et posa la baguette brisée sur le meuble près d'eux, puis il entreprit d'escalader l'échelle posée contre les hautes étagères en murmurant une série d'exclamations dont elle ne comprit que certains mots comme « impossible », « curieux » et, un mot qui l'alarma spécialement : « voleuse ». Elle savait trop bien où tout cela se dirigeait et elle n'allait pas attendre que le vieux sorcier fouille dans son inventaire pour se rendre compte que ladite baguette avait bel et bien quitté son étalage et qu'il ne l'accuse de l'avoir volé puis cassée. Visiblement, il ne la croirait pas lorsqu'elle lui répéterait qu'elle n'était plus là, car elle avait été achetée plus de trois ans auparavant pour son frère.

Sans perdre une seconde de plus, elle se saisit des morceaux de la baguette de Scorpius et les fourra dans sa poche avant de quitter le magasin en courant. Elle entendit monsieur Ollivander crier quelque chose derrière elle, peut-être même essaya-t-il de la rattraper, elle n'en sut rien, car elle ne s'arrêta pas de courir, sachant que vu son âge avancé, il était futile pour lui de tenter de la rattraper. Elle s'arrêta trois coins de rue plus loin, devant elle se dressait Weasley, Farces pour sorciers facétieux. C'était le seul endroit à distance de marche où elle pourrait trouver quelqu'un qu'elle connaissait et qui pourrait la ramener à ses parents. De plus, elle avait toujours adoré Fred et Georges qu'elle considérait comme ses grands oncles et elle se dit que si quelqu'un comprendrait qu'elle s'était fourrée dans un tel pétrin, c'était bien eux.

Elle poussa la porte du magasin qu'elle connaissait par cœur pour y être venue un nombre incalculable de fois. Son frère y dépensait presque tout son argent de poche, même si la plupart du temps, les jumeaux refusaient qu'ils paient quoi que ce soit, leurs parents insistaient toujours pour qu'ils paient. C'était d'ailleurs une chose que ni Scorpius ni Lily ne comprenaient. Pourquoi demander de payer pour quelque chose lorsqu'on la leur offrait gratuitement?

Comme l'école était commencé et qu'on était en plein cœur de la semaine, le magasin était presque vide de clients. Un homme étudiait les jouets dans un coin, souhaitant sans doute faire un cadeau à son enfant tandis que deux jeunes femmes murmuraient en gloussant près des filtres d'amour. Lily les ignora et se dirigea vers le comptoir, mais personne ne s'y trouvait.

Elle se glissa sans la moindre gêne sous le panneau fermant le comptoir et jusque dans l'arrière-boutique. Elle ne put faire trois pas que Ron apparut devant elle. Ils sursautèrent tous les deux. Le visage familier de celui qu'elle appelait oncle Ron lui procura un soulagement sans nom après tout ce qu'elle avait vécu depuis sa dispute avec Scorpius. Enfin, cet enfer allait prendre fin!

-Lily! dit-il en lui souriant, il posa l'emballage cadeau qu'il tenait entre ses mains et se pencha vers elle pour l'enlacer. Quelle merveilleuse surprise!

Elle le serra à son tour, profitant de cette étreinte réconfortante dont elle n'avait pas su qu'elle avait besoin avant qu'elle ne s'offre à elle. Lorsqu'ils se furent séparés, Ron lui dit qu'il finissait seulement de servir le client et qu'il serait ensuite à elle. C'était la première fois qu'elle le voyait travailler à la boutique et elle se demanda où étaient ses grands oncles. Ron fit payer le client et il retourna immédiatement à elle ensuite, tel que promis, non sans promener son regard sur le magasin, comme s'il cherchait quelque chose.

-Où sont tes parents? demanda-t-il en continuant à scruter les lieux.

Elle pinça les lèvres, se demandant comment expliquer à son oncle tout ce qui s'était passé pour qu'il la croit.

-Euh… j'étais à Poudlard avec père et je me suis disputé avec mon frère et j'ai cassé sa baguette et ensuite, je me suis cachée dans une armoire et je suis apparue dans une autre armoire et dans un magasin abandonné rempli de statues et de toutes sortes d'objets vraiment terrifiants et là quelque chose a voulu m'attraper, mais j'ai sauté par la fenêtre et ensuite j'étais au Chemin de Traverse et là je suis allée voir monsieur Ollivander, mais il ne se souvenait pas de la baguette et il a cru que je l'avais volé et je me suis sauvée et je suis atterrie ici! raconta-t-elle à toute vitesse tandis que Ron la regardait avec une telle expression qu'elle aurait tout aussi bien pu être en train de parler une autre langue.

Il baissa les yeux vers sa robe sale et déchirée et vers ses genoux ensanglantés, comme s'il les remarquait tout juste et l'incompréhension fit place à de l'inquiétude. Il la souleva et la fit s'asseoir sur le comptoir, sortant une petite boîte de sous le comptoir. Lorsqu'il l'ouvrit, elle vit qu'elle contenait des bandages, des potions et tout ce qu'il fallait pour prodiguer les premiers soins à quelqu'un.

-À Poudlard? demanda-t-il, comme s'il ne comprenait pas, tout en lui nettoyant les genoux.

Elle pinça les lèvres, la solution avec laquelle il lavait ses plaies la picotait d'une manière désagréable.

-Oui, parce que mamie ne pouvait pas me garder et personne d'autre!

Il fronça les sourcils.

-Et tu t'es fait ça comment? dit-il en désignant ses blessures.

-En tombant de la fenêtre, dans le magasin abandonné! La créature a bien failli m'attraper, tu sais!

Cette fois, il soupira.

-Lily… j'aimerais vraiment que tu me dises la vérité.

Elle lui jeta un regard outré.

-Mais c'est la vérité! insista-t-elle. Tu n'as qu'à aller voir, je suis certaine que je pourrais retrouver la boutique, je te jure que c'est vrai!

Elle sortit la baguette brisée de sa poche et la lui mit sous le nez, tel un avocat brandissant un élément de preuve particulièrement incriminant en soutien à sa cause. Il lui prit aussitôt les fragments de baguette des mains.

-Où as-tu trouvé ça? lui demanda-t-il cette fois d'un ton accusateur et elle sentit la colère monter en elle du même souffle.

-Je te l'ai dit! C'est la baguette de mon frère!

-Bon, je pense que je ferais mieux d'appeler tes parents. Et je te conseille de leur dire la vérité à eux si tu ne veux pas me la dire à moi. Je ne sais pas comment tu as fait pour te retrouver ici toute seule, jeune fille, mais ils seront furieux, crois-moi!

Cette fois-ci, s'en fut trop, elle descendit du comptoir et croisa les bras sur sa poitrine.

-JE DIS LA VÉRITÉ! cria-t-elle, à bout de nerf. Pourquoi est-ce que personne ne me croit?

Ron l'ignora et sortit son téléphone cellulaire de sa poche, composant rapidement un numéro.

-Allô? Oui, c'est Ron… ne me demande pas comment ni pourquoi, mais ta fille est ici. Oui…devant moi, au magasin…aucune idée que je te dis…oui… oui, je sais…oui.

Lily le regardait discuter avec l'un de ses pères en essayant de lui communiquer toute la fureur qu'elle ressentait par le biais de ses expressions faciales, s'inspirant librement de son grand-père Severus. Mais son oncle ne semblait guère impressionné et se contentait de répondre des « oui » ou des « je ne sais pas » à son interlocuteur sans la quitter du regard, comme s'il craignait qu'elle ne disparaisse s'il le faisait.

Il raccrocha quelques secondes plus tard.

-Ta mère va venir te chercher dans quelques minutes, je t'avertis, elle est furieuse et…

Mais Lily n'écouta pas le reste de la remontrance que lui servit son oncle. Non, tout ce qui avait retenu son attention étaient les deux premiers mots qu'il avait employés. Sa mère.

Sa mère?