"J'avais hâte de te revoir,mais après...

-Oui,après..."

Le Chevalier avait le coeur fendu en deux. Un sourire désespéré aux lèvres, les larmes aux yeux, il avait ramassé son manteau et ses chaussures en silence, lentement, et était partit.

Philippe ne voulait plus le toucher. Philippe ne l'aimait plus.

Se rappelait il de ce que Chevalier lui avait dit? "Chaque jour sans te toucher, sans te goûter, sera un jour de malheur et de désespoir". Non,de toute évidence il ne s'en souvenait pas.

Un hoquet se coinça dans sa gorge, une grosse boule douloureuse. Il avait tant attendu son retour, tant espéré et prié qu'il revienne sain et sauf...

Il avait préparé une fête rien que pour lui, un banquet formidable pour fêter sa victoire. Oh, il n'avait pas attendu qu'il lui saute dans les bras bien sûr, mais une nuit de chaleur lui avait semblé raisonnable. Son corps avait dû lui manquer, non?

Le blond claqua la porte de ses appartements. Non, parce que ce Guillaume lui avait volé son homme, sa vie, son amour! Un brun insipide, pauvre, faiseur de chaussures. Comment avait il pu le surpasser? Il ne comprennait plus Philippe. Ce n'était plus son homme. Son homme était partit "pour mériter" son amour. Cet homme là était sans doute mort sur le champ de bataille, héroïque et le coeur ne battant que pour lui.

Celui qui était revenu n'était pas son homme. C'était une statue froide, sans sentiments, penchant vers le peuple voire le bas peuple, incapable de l'aimer ni d'aimer son propre fils que le blond lui même arrivait à aimer. Ce n'était pas Philippe.

Le Chevalier essuya ses larmes, ravala ses sanglots. Le roi préparait une armée pour épauler l'Autriche contre l'empure ottoman; il en serait. Il irait sur le champ de bataille, et il retrouverait le vrai Philippe. SON Philippe.