Miou tout le monde !

Nouvelle fic à multi-chapitres, et je change de couple. Pour info, je modifie mon rythme de publication à une fois par semaine, le dimanche. Comme d'habitude, elle est déjà entièrement écrite mais je peux tenir compte des avis pour faire des modifications au besoin.

Important : on part sur du mpreg dans cette fic, même si je ne l'évoque pas tout de suite. Et niveau époque, c'est quelque part vers le XVIII siècle mais sans trop tenir compte de la réelle politique du moment.

Bonne lecture !

Disclaimer : Les persos sont à Himaruya, moi j'ai juste le scénario. Et encore.


Les roues du carrosse résonnaient jusque dans les moindres recoins du cerveau de Lovino. Du moins, c'est l'impression qu'il avait après un voyage de plusieurs jours de l'Italie à l'Espagne. Pour la six cent vingt-troisième fois, le jeune italien maudit son rang social et le mariage arrangé qui allait avec. Dans quelques jours au plus, il serait marié à un imbécile espagnol dont il ne connaissait même pas le nom. Ce qui le condamnerait à passer sa vie dans ce foutu pays dont il n'aimait pas la langue, loin de sa famille et avec un précepteur pour unique rappel de son ancienne vie.

Grand rouspéteur devant l'éternel et connu pour son caractère difficile, Lovino Vargas avait fini par plier à contrecoeur à la demande de son grand-père, chef de la famille et désireux d'obtenir des alliances puissantes. Il sentait toujours ses poings se serrer et ses dents grincer en repensant à la façon dont le vieil enfoiré s'y était pris pour le faire céder. Du haut de ses dix-sept ans, il était désormais en route pour Madrid et la cour royale espagnole, afin de rencontrer un noble de haut rang dont il devrait devenir le conjoint.

Les paysages superbes de l'aragon ne lui remontaient pas plus le moral que le cours insipide que son précepteur débitait mécaniquement, et qui portait sur la géographie du pays qu'ils traversaient. Accoudé à la fenêtre, Lovino restait perdu dans ses pensées. De ce qu'il savait, il en avait pour trois jours au plus avant d'arriver à la capitale. Ses trois derniers jours de semi-liberté, mais même s'enfuir avant l'arrivée était une option impossible. En soupirant, il tira les rideaux pour cacher la lumière du soleil de l'après-midi et croisa les bras sur sa poitrine. Peu importe à qui il était promis, il s'assurerait qu'il ne lui rendrait pas la vie facile. C'était la seule promesse qu'il pouvait se faire pour se réconforter.

Le soleil commençait à descendre lentement vers l'horizon, entre les collines, lorsqu'un arrêt brusque interrompit la tranquillité du voyage en renversant les deux passagers. Le précepteur se releva et passa la tête par la petite trappe qui donnait accès au siège du cocher pour demander ce qui se passait.

Des troncs d'arbres sur la route, monsieur, juste après le tournant, répondit celui-ci encore essouflé.

Le vieil homme de sciences pâlit soudainement. Du peu qu'il savait de ce genre de mésaventures en voyage, ce type d'obstacles ne se présentait que lors d'une embuscade. Or ils ne disposaient que d'un cocher et de deux valets pour seule protection, ce qui risquait de se révéler insuffisant si...

- AIUTO ! hurla soudainement le cocher.

De la colline avoisinante arrivait un groupe d'une dizaine de cavaliers au galop, dont les sabres levés à bout de bras ne laissaient aucun doute sur les intentions. Sans réfléchir, Lovino tira les rideaux et se figea en voyant ce qui se passait. Il comprit en un éclair ce qui allait inévitablement lui arriver. Un jeune homme de bonne famille étrangère ne repartirait jamais sain et sauf d'une troupe de bandits. Son précepteur lui prit soudainement les mains et l'entraina rapidement hors de la voiture.

- Détachez un cheval, presto ! ordonna-t-il au cocher qui s'exécuta.

- Mais... tenta Lovino.

- Fuyez, seul à cheval vous aurez plus de chances de vous en sortir jusqu'au prochain village.

- Je ne vous laisse pas seuls ici !

- C'est après vous qu'ils en auront, et ni votre grand-père ni votre frère ne me pardonneront s'il vous arrive malheur. Allez, fit-il en le forçant à monter.

En selle, le jeune homme n'eut d'autre solution que suivre le conseil de son précepteur. Cachant ses larmes devant le sacrifice de celui qu'il avait toujours considéré comme un vieux shnok barbant, il éperonna sa monture et s'élança sur la route. Quelques secondes plus tard, un regard en arrière avant un nouveau virage suffit à lui indiquer que les brigands arrivaient sur le carrosse. Sauf deux. Deux avaient pris le parti de le poursuivre et se dirigeaient directement vers lui. Réprimant la panique qui montait en lui, il se lança au galop en priant pour que le prochain village soit proche.

Hélas, un cheval qui a déjà parcouru un trajet aussi long et trotté toute la journée n'est pas aussi rapide qu'une monture fraiche lancée au grand galop et Lovino perdit rapidement du terrain. Jusqu'au moment ou son cheval tomba littéralement de fatigue et l'entraîna dans sa chute. Il eut à peine le temps de se relever maladroitement que ses poursuivants étaient sur lui, malgré sa tentative de s'éloigner dans le minuscule fossé qui bordait la route. Un instant plus tard, les bandits sautaient de leurs chevaux avec un sourire mauvais.

- Il aura été long à attraper, ce petit moineau...

- Mais il va rapporter cher, même un peu abimé.

- Après tout, on a bien le droit de s'amuser un peu, pas vrai ? reprit le premier.

Son regard déshabilla le jeune italien qui sentit un frisson de dégout et de peur le parcourir. En tentant de reculer, il se prit les pieds dans les ronces et tomba par terre, en priant très fort pour un miracle.

- Ne me touchez pas ! cria-t-il d'une voix que la peur rendit plus aigue.

Les brigands se regardèrent avant de ricaner.

- T'en fait pas, on a besoin de toi vivant sinon le chef va pas aimer.

- Laisse-toi faire, ce sera plus simple pour tout le monde.

Il commença à tendre la main pour attraper la chemise de Lovino afin de le relever, et celui-ci eut le réflexe de lui envoyer une poignée de terre à la figure. Le cri qu'il poussa en la recevant dans les yeux confirma qu'il ne s'y attendait pas. En représailles, son compagnon gifla l'italien si fort qu'il en retomba à terre et ses yeux lancèrent des éclairs.

- Tu viens de griller ta seule chance qu'on y aille en douceur.

Instinctivement, Lovino leva les bras dans un geste de protection inutile quand le bruit d'un cheval se fit entendre sur la route et détourna l'attention de ses assaillants. Un homme arrivait en trombe et se dirigeait droit vers eux. Il ne prit même pas la peine d'arrêter son cheval complètement et sauta juste devant les brigands en dégainant son sabre. Le premier, qui avait toujours de la terre dans les yeux, se fit embrocher avant de comprendre ce qui lui arrivait, et le second ne résista pas plus d'une vingtaine de secondes tant la différence de niveau entre les deux combattants était énorme.

Lovino n'avait pas bougé pendant toute l'action, il était resté au sol, tremblant comme une feuille. Après avoir essuyé sa lame rapidement, son sauveur se dirigea vers lui et s'interrompit en voyant le mouvement de recul du jeune homme.

- Du calme ! Tout va bien, vous avez eu de la chance. Votre précepteur m'a dit que vous étiez parti par là.

- Il va bien ? lança Lovino sans réfléchir.

- Il était encore en vie quand mes hommes et moi sommes arrivés et il nous a tout de suite hurlé d'aller sauver son élève, répondit l'homme en souriant.

Incapable de répondre mais soulagé, Lovino se contenta de hocher la tête en expirant un bon coup.

- Je vous ramène ? ajouta-t-il en désignant son cheval.

- Je sais monter, répliqua le plus jeune piqué au vif.

- Je m'en doute mais votre cheval n'est plus en état.

L'italien se pinça les lèvres devant sa double idiotie. Évidemment qu'il savait monter à cheval puisqu'il était venu jusqu'ici, et sa monture était toujours allongée par terre. En gromellant une réponse quelconque pour masquer son embarras, il se releva... Et trébucha pour retomber droit dans les bras de son sauveur. Comme princesse en détresse, on ne faisait pas mieux et il s'empourpra immédiatement avant de se dégager, déclenchant l'hilarité de l'autre.

- Bon, on y va ? fit-il pour se donner contenance en se retenant de bouder.

L'inconnu lui prit la main sans lui demander son avis pour l'aider à se remettre en selle. Il n'avait pas cessé de sourire et ses yeux verts pétillaient de joie. Drôle de couleur pour un espagnol d'ailleurs, songea Lovino alors que son sauveur montait à son tour sans le moindre effort apparent.

- Au fait, lança celui-ci, je m'appelle Antonio.

- ... Lovino, répondit-il après un silence.

Alors qu'ils se remettaient tranquillement en route, Antonio alimenta l'essentiel de la conversation, Lovino répondant majoritairement par des grommellements, ce qui ne semblait pas décourager son interlocuteur.

- Si je peux me permettre, que fait un jeune italien presque seul au beau milieu de l'Espagne ?

- Vous ne pouvez pas vous permettre, répliqua Lovino du tac au tac.

Contre toute attente, sa remarque ne provoqua que le rire de son sauveur.

- J'aime bien ce genre de caractère, expliqua-t-il après.

La remarque fit rougir Lovino. De quoi se mêlait ce soldat – il était évident que c'était un soldat – et comment osait-il lui tenir de tels propos ?

Ils revinrent relativement rapidement à l'endroit où l'attelage italien s'était arrêté, sous les acclamations des soldats d'Antonio et le soulagement plus que palpable du précepteur. Celui-ci remercia environ un demi-millier de fois leurs sauveurs et insista grandement pour connaître leurs noms et destinations. Devant l'enthousiasme, Antonio finit par céder et un sergent se chargea de la formalité.

- Voici Don Antonio Fernandez-Carriedos, et nous nous rendons à Madrid.

- Je suis Marcello Silano, répondit le vieil homme en s'inclinant, et je suis le précepteur de Lovino Vargas, dont vous avez sauvé la vie. Nous nous rendons également à Madrid.

- Dans ce cas, proposa Antonio, je suggère que nous fassions la route ensemble. Le roi fait son possible pour rendre le pays sûr, mais malheureusement les bandits sont monnaie courante dans la région. Vous serez plus en sécurité avec un groupe armé.

- Vraiment, ce serait trop aimable à vous, s'émut Marcello en s'inclinant davantage.

Quelques minutes plus tard, la chose était arrangée et le convoi se remettait en route. Un soldat avait laissé son cheval remplacer celui que Lovino avait utilisé pour fuir, en échange de quoi il prenait celui d'Antonio. Celui-ci se retrouvait donc dans le carrosse avec Lovino et son précepteur, au plus grand bonheur de ce dernier, absolument ravi de bénéficier d'une protection optimale pour le reste du voyage.

Ils arrivèrent au village à la tombée de la nuit, et prirent leur repas ainsi que des chambres dans la principale auberge du lieu. Le lendemain matin, ils se levèrent avec l'aube et reprirent leur route.

- Vous vous rendez souvent à Madrid ? demanda le précepteur au bout d'une heure.

- Assez régulièrement, répondit Antonio. Du moins depuis que je suis devenu chef de famille.

- Mes félicitations, signor, fit Marcello en souriant.

Avec un sourire teintée de tristesse, l'espagnol donna une explication plus détaillée.

- Je ne le suis pas devenu en me mariant. Mes parents ont disparu lors d'un voyage en mer il y a quelques années et la couronne a insisté pour que l'héritier de la lignée cesse de jouer les explorateurs jusqu'à ce que j'ai une descendance.

- Toutes mes excuses, bégaya l'italien, j'étais loin d'imaginer que...

- Vous ne pouviez pas savoir, le rassura aimablement Antonio.

En apparence indifférent à la discussion, Lovino regardait par la fenêtre. La petite histoire avait tout du drame d'opéra et l'aurait peut-être ému une demi-seconde si son aspect pathétique ne lui avait pas sauté aux yeux. Ainsi, dans tous les pays on empêchait les gens de faire ce qu'ils voulaient de leur vie à cause de prétextes débiles. Il se renfrogna encore un peu plus si c'était possible et continua à tourner ostensiblement le dos aux deux autres. Ce foutu sourire qui semblait scotché au visage de l'espagnol l'agaçait prodigieusement.


Voilà, ce premier chapitre donne le ton, j'espère qu'il vous a plu. Comme toujours, laissez un ptit mot si ça vous tente.

On perd pas les bonnes habitudes, plein de churros pour vous !