~ Hello ! ~
Nous voilà arrivés à la fin de cette fanfiction, la toute première histoire longue que j'ai écrite ! Je me sens nostalgique à l'idée de mettre un point final à cette aventure, mais d'un autre côté, je suis heureuse de l'avoir terminée et de pouvoir passer à mes prochains récits... Je regorge d'idées, et j'ai hâte de vous faire découvrir mes futures histoires !
Par ailleurs, petit sondage, quelle fiction préféreriez-vous que je poste en première ? (Parce que oui, je suis incapable de prendre une décision par moi-même...snif) Trois choix s'offrent à vous : Larmes de vie (SS x OC), Manipulateurs d'encre (SS x HG) ou encore Wandering Soul (SSx HG). Dites-moi quelle histoire vous intrigue le plus, et si vous souhaitez davantage d'infos, je me ferai un plaisir de vous passer les synopsis !
Enfin bref, revenons-en à cette fiction ! Dans ce chapitre, vous découvrirez comment Severus a pu s'en sortir pour dégoter un nouvel antidote, la punition des jumelles, et surtout, la réaction d'Hermione ! Va-t-elle se ranger du côté de son mari ou bien de ses filles... ?
Avant de vous laisser à votre lecture, je voudrais sincèrement vous remercier pour avoir suivi cette histoire, lecteurs fantômes ainsi que ceux qui m'ont gentiment laissé leur avis, votre soutien compte beaucoup pour moi, j'étais toujours heureuse en découvrant que tel chapitre vous avait plu, vous avait fait rire, etc... J'espère de tout cœur vous avoir fait passer un bon moment avec cette petite fiction légère et sans prétention, et même si cette aventure touche désormais à sa fin, n'hésitez pas à me donner votre avis, je me ferai un plaisir de le lire et de vous répondre !
Severus et les jumelles vont prendre un repos bien mérité après ce week-end mouvementé riche en rebondissements mais, qui sait ? Peut-être que Lua et Cassandra reviendront vous faire un petit coucou un de ces jours...
Un énorme merci, et à bientôt pour de nouvelles aventures !
~ Ava-Rosaa ~
Disclaimer : l'univers et les personnages d'Harry Potter appartiennent à JK Rowling.
Week-end mouvementé
(dernière partie)
Dimanche 24 Avril 2006 - Matin
5h37.
Severus détourna son regard noir de l'horloge accrochée au mur de sa chambre. Il soupira longuement, désespéré de ne pouvoir se plonger dans les bras de Morphée malgré l'immense fatigue qui l'accablait.
Cela faisait environ six heures qu'il était revenu au manoir avec ses jumelles, et sept heures qu'il avait eu le plaisir de retrouver son corps d'homme. Il ne parvenait cependant pas à profiter pleinement du calme bienfaisant planant sur la maison. Il ne cessait de repasser les récents événements dans sa tête, et notamment ceux qui s'étaient déroulés suite à l'attaque du Calmar géant subie par sa fille Cassandra.
Lorsque Snape avait déboulé dans l'infirmerie, trempé jusqu'aux os et avec sa fille insconsciente serrée contre son torse, Pomfresh n'avait pu retenir un hoquet stupéfait et s'était précipitée vers son collègue, lui ordonnant de déposer la petite sur un lit afin qu'elle put la soigner.
Le maître des potions, après s'être débarrassé de sa charge, s'était lancé dans des explications brèves mais précises sur ce qu'il s'était passé, sous le regard indigné de la vielle femme. Cette dernière avait pesté contre l'imprudence de la fillette, mais surtout envers cette bestiole dangereuse qui peuplait le fond du Lac Noir. Puis, recouvrant son masque professionnel, Pomfresh avait entreprit de désinfecter les multiples coupures striant la peau laiteuse de Cassy, le tout sous le regard perçant du père qui prenait garde à ce que l'infirmière ne fît pas souffrir plus que de raison son enfant.
Le bras fracturé fut un peu plus délicat à soigner, mais l'infirmière ne s'était pas démontée, et à grands renforts de potions et sorts complexes, elle avait réussi à redonner au coude meurtri un angle naturel.
Tandis que Poppy manipulait d'une main experte le bras de Cassandra pour le placer délicatement dans une écharpe, la fillette était doucement sortie de sa torpeur, une expression hébétée ornant ses traits. Elle avait à peine eut le temps de demander ce qu'il se passait que Pomfresh était partie dans un discours agacé, reprochant à la petite Snape de s'être mise une énième fois dans une situation pas possible. Cassy avait levé les yeux au ciel et avait entamé une conversation houleuse et enflammée avec l'infirmière alors que son père quittait silencieusement la salle.
Il s'était dirigé à grandes enjambées vers le bureau du directeur et avait croisé sa collègue McGonagall en chemin. Cette dernière avait déclaré d'une voix dénuée de sentiments qu'elle avait retrouvée Lua et que la petite l'attendait sagement avec les autres filles. Pris d'une soudaine excitation qu'il ne pouvait réprimer, impatient de boire l'antidote et recouvrer son apparence normale, il avait accordé un hochement de tête reconnaissant à la vieille femme avant de se ruer vers le bureau.
Cependant, son engouement s'était ébranlé à la vue de la pièce totalement vide. Il avait senti une vague de désespoir le submerger à nouveau, puis avait aperçu le mot de Dumbledore l'informant que face aux suppliques des fillettes, il les avait emmenées dîner dans la Grande Salle.
Furieux contre le vieux sénile inconscient des risques énormes qu'il prenait, Severus s'était rendu là-bas pour récupérer Lua, les antidotes, et retourner dans son manoir pour s'octroyer un moment de paix bien mérité. Mais il avait du, une fois de plus, faire face à une nouvelle épreuve pour regrouper les fillettes.
Arrivé dans la Grande Salle, il s'était figé, estomaqué par le spectacle qui s'offrait à lui. Bien que le nombre d'étudiants restés pour les vacances fût grandement réduit, les quelques élèves écervelés à qui il devait enseigner avaient réussi à transformer la pièce en un véritable champ de bataille.
Les bancs étaient renversés par terre, au même titre que plusieurs couverts, plats et autres récipients. Des morceaux de verre brisés gisaient sur le sol rendu glissant par la montagne de nourriture jonchant le sol. Des cuisses de poulet volaient à travers la salle, passant de la table des Gryffondors à celle des Serpentards. Les ennemis de toujours ne se privaient pas pour balancer tout ce qui leur tombait sous la main, atteignant parfois leurs cibles.
Les élèves de toutes les maisons et années confondues se livraient à une bataille de nourriture sans merci sous l'œil effaré des professeurs présents qui tentaient -en vain- de stopper ce carnage. Seul Dumbledore, comme toujours, semblait s'amuser de la situation, un sourire malicieux ornant ses lèvres rouges.
Severus avait rapidement aperçu trois têtes noires qui jonglaient avec aisance entre les tables, se faufilant à droite et à gauche pour éviter les projectiles tantôt huileux, tantôt crémeux. Chacune d'entre elles, sans exception, riait au éclats en participant avec engouement à cette bataille.
Snape était resté pantois quelques secondes, stupéfait de voir que si peu de personnes avaient pu créer un si grand carnage, puis s'était repris sous les exclamations stridentes de Chourave qui l'avait supplié de faire quelque chose, la pauvre femme complètement dépassée ne parvenant à stopper tout ceci.
Sans se soucier davantage du fait que sa collègue l'avait reconnu -Flitwick avait du se donner une joie de faire passer le mot-, le maître des potions avait alors levé sa baguette dans le but évident d'immobiliser tous les jeunes inconscients qui se jetaient farouchement du pudding à la figure, mais avait lui-même violemment reçu une sorte de bouillie suspecte sur le visage, éclaboussant ses cheveux et son chemiser. L'incantation avait mouru dans sa gorge sous l'oeillade apeurée de Pomona. La petite impertinente, une Poufsouffle de quatrième année, n'avait même pas remarqué que son plat avait atterri sur la tête de son sombre et cruel professeur, bien trop occupée à éviter les attaques d'un Gryffondor colérique et aussi rouge que sa cravate.
Snape s'était lancé un " Recurvite " hargneusement, insultant mentalement de tous les noms la pauvre étudiante qui, quelques jours plus tard, se retrouverait affublée d'une retenue avec Rusard.
Jetant un regard polaire sur le petit comité qui poursuivait son combat à grands renforts de parts de tarte à la mélasse qui venait d'apparaître, Severus s'était concentré sur ses filles. Lua -la vraie ou la fausse, il n'aurait su le dire sans avoir accès à leurs nuques- avait des brocolis empêtrés dans sa chevelure corbeau, le vert formant un étrange contraste avec la couleur ébène. La fausse Cassandra plongeait avec habileté sous les tables pour se protéger, puis repartait à l'assaut avec de nouvelles munitions dans ses mains salies par la poussière et la nourriture.
Finalement, avec l'aide des autres professeurs et de Rusard, le mari d'Hermione avait réussi à stopper cette bataille et rassembler les fillettes. Malheureusement, le concierge de l'école n'avait pu éviter de se prendre en pleine figure la potion Everklana, lancée par la fougueuse Cassandra, et des moisissures avaient germé sur sa peau terne, ce qui énerva encore plus le professeur qui se verrait obliger de distribuer une potion de plus à un de ses collègues.
D'une démarche assurée, il s'était rendu dans le bureau de Dumbledore, les clones et Lua le talonnant de près, entourées par le directeur lui-même et McGonagall. Un silence pesant avait régné tandis que Snape observait d'un œil indifférent les fillettes couvertes de légumes et de substances douteuses. Ces dernières n'en menaient d'ailleurs pas large. Alignées les unes à côtés des autres, la tête sagement baissée, elles attendaient la sentence avec une angoisse évidente.
Puis le professeur s'était adressé à Lua d'une voix froide et n'admettant aucune résistance.
" Donne-moi les antidotes Lua. "
Il avait constaté, intrigué, que la fillette avait blêmit et s'était mise à trembler violemment. Avant qu'il n'ait pu dire quoi que ce soit, sa fille avait éclaté en sanglots et Minerva avait parlé d'une voix qu'elle voulait ferme mais néanmoins légèrement hésitante.
" Severus, Lua a égaré les antidotes, elle ne...
- Je vous demande pardon ? s'était écrié le professeur en se tournant brusquement vers sa collègue pour lui jeter un regard furieux. "
En comprenant qu'il avait passé son après-midi entière à courir derrière ses filles, essuyant leurs bêtises et les voyant frôler la mort à plus d'une reprise, tout cela pour rien, puisque les antidotes tant convoités s'était volatilisés, Snape s'était senti à la fois démoralisé et empli d'une rage froide et dévastatrice. Il en était venu à espérer le retour de sa femme au plus vite, car il se trouvait présentement dans une telle colère qu'il ne savait pas ce qu'il pourrait infliger à ses filles pour tout ce qu'elles lui faisaient subir depuis vendredi. Son ressentiment l'aveuglait farouchement, et il craignait de dépasser les limites avec les jumelles.
" Cette après-midi a été très mouvementée, elle a du les perdre quelque part dans le château, mais je vous assure que ce n'était pas son intention.
- Je me fiche éperdument qu'elle l'ait fait volontairement ou non. Tu as plutôt intérêt à trouver une solution, jeune fille, sinon, je peux t'assurer que même ta mère ne te sera d'aucun secours lorsque je déverserai ma colère sur ta soeur et toi, termina-t-il à l'encontre de la fillette. "
Les pleurs et les cris emplissaient la pièce, rendant impossible toute tentative d'argumentation. Au bout de plusieurs minutes d'un dialogue véhément avec son collègue, Minerva était parvenue à soumettre son idée à ce dernier pour récupérer les précieuses fioles. Idée qui avait immédiatement rencontré un refus catégorique. Néanmoins, face à la situation dans laquelle il était, Severus fut bien obligé d'accepter à contrecœur la proposition, n'ayant pas d'autre solution à portée de main.
Après avoir fait un crochet à l'infirmerie pour récupérer Cassandra, il avait fait irruption au Terrier, entouré des jumelles, interrompant brutalement toutes les discussions joyeuses qui résonnaient dans l'habitat.
Les Weasley et les Potter étaient restés pantois devant le trio. Au début, en voyant la mine apeurée et les larmes coulant lentement sur les visages rougies des jumelles, ainsi que celle, austère et suspecte, de cette femme sombre, Ginny et Molly s'étaient précipitées pour récupérer Lua et Cassy, lesquelles se jetèrent immédiatement dans les bras des deux femmes, soulagées d'échapper au regard pesant de leur géniteur. George et Percy avaient dégainé leurs baguettes d'un même mouvement, prêts à attaquer cette inconnue terrifiante qui accompagnait les jumelles. Mais ils furent stoppés dans leur élan par la voix surprise d'Harry s'élevant dans l'air.
" Severus ? Mais que vous est-il arrivé ? s'était étonné le jeune homme, son regard s'agrandissant à la même vitesse que le sourire qui étirait ses lèvres.
- Très longue histoire, avait claqué la voix froide du potionniste. Mais avant de vous donner les détails croustillants que vous attendez tous impatiemment, je vous prierai de baisser vos baguettes, messieurs. Il serait malencontreux que quelqu'un soit blessé. "
Sous le choc, les deux frères avaient obéis sans vraiment prendre conscience de qu'ils faisaient, le tout sous les chuchotements ahuris de leur famille.
En quelques phrases concises, Snape avait expliqué ce qu'il s'était passé depuis ce matin dans les grandes lignes, essayant d'omettre le plus de détail possible pour atténuer cette affreuse humiliation. En vain, bien entendu ; à peine eut-il cesser de parler que toutes les personnes présentes dans la pièce étaient parties dans un rire incontrôlable et tonitruant, exception faite pour Molly et Ginny qui s'étaient contentées d'un sourire moqueur qu'elles essayaient tant bien que mal de dissimuler par égard pour le maître des potions.
Au bout de quelques minutes durant lesquelles l'agacement de Snape était monté crescendo, ils parvinrent enfin à se calmer, et George lança un clin d'œil pas du tout discret aux jumelles, leur arrachant un sourire timide. Puis, sous le regard appuyé du professeur, il s'était excusé et était parti faire un saut à sa boutique pour récupérer des antidotes.
Durant les vingts minutes qui suivirent la disparition du jeune homme, Severus s'était installé, à son plus grand désarroi, sur la seule assise de libre, celle à côté du fils de Lily. Bien qu'au fil des années, leurs relations s'étaient grandement améliorées et qu'ils pouvaient désormais entretenir des discussions civilisées sans s'insulter, il n'aimait pas du tout le regard scrutateur du parrain de Cassandra posé sur sa personne.
La petite Cassy, par ailleurs, ayant retrouvé sa bonne humeur, s'était lancée dans le récit fougueux de la course-poursuite à balai épique qui avait eu lieu quelques heures auparavant, tout en dégustant un chocolat chaud préparé par la matriarche Weasley, le tout sous les regards émerveillés mais inquiets de l'assemblée. En apprenant que sa filleule avait perdu son balai, Harry lui avait promis de lui en offrir rapidement un nouveau pour qu'elle lui montrât ces incroyables acrobaties qu'elle avait effectué cette après-midi, mais le sourire de la petite fâna bien vite aux paroles de son père.
" N'y songez même pas, Potter. Il est hors de question que cette petite insolente remonte sur un balai avant sa majorité. Voyez où cela l'a menée : à chaque fois qu'elle enjambe cet engin de malheur, elle finit avec un membre cassé.
- Elle ne fait que s'amuser, Severus, c'est normal qu'elle se fasse mal à son âge, avait calmement répliqué le Survivant en berçant le petit James entre ses bras, lequel tirait sur sa chemise avec ses petites mains potelées tout en bavant dessus.
Il avait simplement récolté un regard noir qui ne fit qu'augmenter son hilarité.
Lua, de son côté, était assise à côté de sa tante Ginny et regardait avec émerveillement le jeune Albus, nourrisson tout juste né trois mois auparavant. Être entourée de bambins si mignons au quotidien lui avait donné envie d'avoir, elle aussi, une petite soeur ou un petit frère. Bien qu'elle adorait Cassandra, elle se disait que cela pourrait être bien d'avoir quelqu'un d'autre pour jouer, de temps en temps.
Severus avait poussé un long soupir de soulagement en voyant débarquer George Weasley. Il n'avait jamais été aussi heureux de toute sa vie du retour du jeune homme. Il s'était levé d'un mouvement brusque et s'était dirigé à grandes enjambées vers le rouquin, lequel brandissait fièrement trois petites fioles étiquetées. Un sourire au coin des lèvres, il avait donné deux fioles à son ancien professeur, et la dernière à Lua.
" Voilà votre délivrance, avait dit avec amusement George. La potion bleue est pour Malfoy, et la verte pour vous. Veillez bien à en laisser un fond pour Dumbledore !
- Même si je ne laissais rien, je suis persuadé que cela ne le gênerait pas le moins du monde, avait marmonné Snape. "
Avant de prendre son propre antidote, il s'était assuré que les filles avalent le leur. Lua prit une petite gorgée en grimaçant, puis ce fut au tour de Cassandra qui ne se gêna pas pour siffler un " Tu pourrais faire des efforts sur le goût, tonton George... ". Rien ne se produisit, mais le rouquin affirma avec certitude que les clones étaient désormais partis, et les jumelles ressentirent un pincement au cœur en songeant au fait qu'elles n'avaient pu leur dire au revoir correctement.
Enfin, Severus avait porté la fiole à ses lèvres, la main légèrement tremblante, jubilant à l'idée qu'il allait enfin être débarrassé de cette apparence. Il prit une longue gorgée, faisant tout de même attention à laisser la moitié du breuvage dans le récipient, puis renifla au goût absolument immonde.
" Je suis d'accord avec Cassy, Weasley, ce truc est franchement répugnant " avait songé Severus.
Tout le monde le regardait avec appréhension, un silence anormal et angoissé régnant dans ce lieu pourtant d'habitude si vivant et bruyant. Le professeur commençait sérieusement à s'impatienter, et s'apprêtait à hurler sur le rouquin face à l'inefficacité flagrante de cette foutue potion tout en ressentant la peur s'insinuer insidieusement en lui.
Et d'un coup, une douleur fulgurante, lancinante, l'avait submergé, bloquant ses paroles dans sa gorge soudain sèche. Sa tête s'était mise à tourner, et il s'était penché en avant sous la douleur, s'accrochant avec force au dossier d'un fauteuil. Ses yeux fermés avec force, distinguant vaguement les exclamations inquiètes d'Arthur et Molly, il avait serré les dents en se refusant de sombrer dans l'inconscience. Bien que l'idée de se plonger dans un doux sommeil, loin de toute cette souffrance, était alléchante, il voulait vérifier que tout était rentré dans l'ordre.
Il avait l'impression que son corps était étiré de toutes parts, qu'on tirait infiniment sur ses muscles endoloris et chauds comme de la braise. C'était désagréable, très désagréable, mais il ne voulait pas choisir la facilité. Il tiendrait bon, jusqu'au bout.
Au bout d'un temps qui lui avait parut interminable, la douleur s'était estompée, lentement, avant de disparaître totalement, ne lui laissant qu'un vague mal de tête tout à fait supportable. Alors il avait ouvert les yeux et fut soulagé de constater qu'il était redevenu aussi grand qu'avant et dépassait de nouveau Harry.
" Bon point. "
Cependant, il sentait qu'un désagréable courant d'air frais lorgnait sa peau, et avait un mauvais pressentiment, que les sourire goguenards de l'assemblée accentuait.
Lentement, il avait baissé ses yeux et découvert qu'il se trouvait à moitié nu devant les Weasley et les Potter, avec pour seul attirail un soutien-gorge rouge sang qui lui comprimait affreusement la poitrine et dont les attaches menaçaient de rompre à tout moment, ainsi qu'un shorty de la même couleur qui moulait parfaitement son corps. Durant sa transformation, concentré comme il était à tenter d'occulter la douleur, il ne s'était pas rendu compte que le chemisier et la jupe qu'il portait s'étaient déchirés, bien trop petits pour la musculature du potionniste, au plus grand plaisir des femmes de la maison qui se rinçaient l'œil sans vergogne avec un sourire appréciateur. Qui l'eut cru que le cruel et sombre Severus Snape cachait un corps magnifique sous ses nombreuses couches de vêtements noirs ?
Severus ouvrit brusquement les yeux, refusant de songer une minute de plus au regard empli de convoitise de la meilleure amie d'Hermione sur son torse, et jeta un nouveau coup d'œil à la pendule.
6h12.
Nouveau soupir empreint de lassitude. Il songea à sa fin de soirée chaotique, la partie qui avait suivie celle au Terrier. Arthur lui avait gentiment prêté de quoi se vêtir décemment pour retourner à Poudlard, et une fois arrivé là-bas, il s'était dépêché de donner leurs antidotes à son supérieur et son filleul. Tandis que le second l'avait vivement remercier en jurant sur tous les dieux qu'il était un saint et sûil lui revaudrait cela, le premier, lui, avait simplement hoché la tête avec une mine nostalgique, ce qui n'avait même pas étonné le potionniste. Snape avait également constaté, avec un soulagement indescriptible, que les clones des jumelles s'étaient évaporés.
Il était ensuite rentré le plus vite possible au manoir aux alentours de 23h, et fait vertement sermonné les filles qui, durant toute sa tirade, avaient sagement gardé le regard rivé sur leurs chaussures. Au début, Cassandra, qui avait hérité de l'impulsivité de sa mère, avait été tentée de lui tenir tête, il l'avait vu à la lueur sauvage brillant dans ses yeux noirs d'encre. Severus lui avait simplement lancé un de ses regards polaires et tranchants, ce qui avait suffit à étouffer le début de rébellion de la fillette.
Inutile de préciser que les jumelles en avaient vu de toutes les couleurs ; même si leur père était éreinté par la folle journée qui venait de se dérouler, il lui restait suffisamment d'énergie pour rabrouer ses filles. Le ton était rapidement monté, au plus grand désespoir de Lua qui luttait contre les larmes en mordant violemment ses lèvres, ne supportant pas de voir son père si froid envers elle.
Entendre leur géniteur mettre en avant toutes les bêtises qu'elles avaient commises leur avait permis de prendre conscience qu'effectivement, elle avait légèrement dépasser les bornes.
Elles avaient tout de même transformé Draco en triton, manquant de lui faire avoir une attaque en découvrant qu'il n'avait plus de jambes, et le contraignant de passer une après-midi complète dans le sombre Lac Noir regorgeant de créatures dangereuses. Une de ces créatures avaient d'ailleurs bien failli mettre Cassandra en pièce, le bourdonnement lointain et étouffé de la douleur dans son bras ne pouvait que trop bien le lui rappeler. Sans oublier, bien sûr, qu'elles avaient transformé leur père en femme, sans se douter de l'effet dévastateur que cela aurait pu avoir sur sa réputation au sein du collège si un élève l'avait découvert. Et le fait qu'elles lui avaient donné les plus belles frayeurs de sa vie en jouant aux cascadeuses dans le château. Quelques dommages collatéraux, comme le pauvre McCarthy, la vieille chouette de Sibylle Trelawney et ce cher Rusard étaient également à déplorer.
Lua et Cassandra se souviendrait probablement à jamais du savon mémorable qu'elles avaient pris, et Severus espérait bien que leur punition leur passerait l'envie de recommencer ce genre de chose à nouveau.
Pour Cassandra, interdiction formelle d'approcher de près ou de loin un balai, et ce jusqu'à sa majorité, comme l'avait précisé Severus au Terrier. Il veillerait personnellement à ce que durant ses années à Poudlard, elle soit dispensée des cours de Bibine. Cette punition avait fortement démoralisé la fillette, désemparée face à la situation. Comment allait-elle jouer au Quidditch avec son parrain Harry et sa marraine Ginny, désormais ?
Lua, quant à elle, ne reçut pas de punition spécifique, contrairement à sa jumelle. Mis à part l'interdiction de sortir du manoir jusqu'à la fin des vacances, de se rendre à Pré-au-Lard et plus particulièrement au magasin de tonton George pendant un temps indéterminé, ainsi que celle de mettre le pied dans le laboratoire personnel de son père, elle n'eut rien d'autre. Du moins, au niveau des interdictions.
Bien évidemment, Severus leur avait doucereusement glissé à l'oreille qu'elles devraient nettoyer le désordre qu'elles avaient engendré dans la réserve, et que le prix de chaque ingrédient devenu inutilisable serait décompté de leur argent de poche. Ce qui, aux vues de la bonne dizaine de bocaux qui s'étaient fracassés par terre, devait peser l'équivalent de six long mois de revenus mensuels.
Puis, lorsqu'il avait fini, il les avait considérées longuement dans un silence pesant qui semblait s'étirer à l'infini. Il s'était alors détourné brusquement et, sans un mot de plus, s'était dirigé vers sa chambre, se réfugiant dans son antre calme dont l'odeur apaisante de sa femme embaumait l'air, laissant les jumelles hébétées et pleurant silencieusement au milieu des escaliers. Il n'entendit pas le " Pardon " brisé et sincère qui s'échappa simultanément de leur bouche.
Et depuis cet instant, il se trouvait allongé dans le noir, se tournant sans cesse dans son lit, partagé entre colère et culpabilité. Il estimait que les jumelles méritaient largement leur punition, cela il ne pouvait le nier ; elles devaient comprendre qu'il y avait des moments où elles allaient trop loin, et était persuadé que cette fois-ci, Lua et Cassandra retiendraient la leçon.
Cependant, il ne pouvait oublier les yeux larmoyants des jumelles. Ces larmes-là n'étaient pas factices, elles étaient sincères, les jumelles regrettaient vraiment ce qu'il s'était passé, il l'avait vu dans leurs yeux. Cassandra n'était pas vraiment du genre à sangloter, contrairement à Lua, et cela l'avait d'autant plus ébranlé de voir les gouttes dévaler amèrement ses joues rebondies et que ses épaules secouées de soubresauts. Son cœur s'était serré à la vue des minois fatigués et tristes de ses filles.
" Peut-être suis-je allé trop loin, je n'aurais pas du leur crier dessus de cette façon... Elles ne sont que des enfants, elles voulaient seulement s'amuser un peu... Elles sont sensibles, surtout Lua, cela a du fortement les remuer de me voir aussi furieux contre elles... " songeait Severus en soupirant longuement. " Non. Je ne dois pas y penser. Sinon, je risque de revenir sur mes paroles. Je ne peux pas laisser passer ce qu'elles ont fait. Il faut que je les ignore. Oui, c'est la solution ; si je ne leur prête pas la moindre attention, elles comprendront que je suis déçu de leur comportement, et de cette manière, aucun moyen que je révoque ma décision au sujet de leur punition face à leurs visages dévastés. "
Fier de ses nouvelles résolutions, Severus Snape se leva et se dirigea vers la salle de bain attenante à sa chambre pour prendre une bonne douche et se changer les idées.
Aux alentours de 8h30, ce matin-là, le maître des potions se dirigea vers la cuisine pour prendre sa troisième tasse de café noir de la matinée. Une fois arrivé dans la pièce, il se raidit imperceptiblement, et regretta amèrement de ne pas avoir tout simplement demandé à Meesy de lui apporter ce qu'il souhaitait.
Concentrées sur leur petit-déjeuner, affichant une mine sombre et renfrognée, les jumelles n'avaient pas entendu leur père pénétrer dans la cuisine. Ce ne fut qu'en entendant l'elfe le saluer joyeusement d'un " Bonjour Maître Snape ! " que Cassy et Lua relevèrent vivement la tête pour scruter leur géniteur. Ce dernier ne leur accordait aucune attention, et Cassandra ne savait pas si elle devait être soulagée ou inquiète par cette froide indifférence.
" Bonjour Meesy, déclara le professeur d'une voix neutre. Pourrais-tu me préparer une tasse de café, s'il te plaît ?
- Bien sûr Maître, Meesy s'en charge avec plaisir ! s'exclama l'elfe en sortant une grande tasse. "
Severus se tint droit, n'osant glisser un regard vers les jumelles, bien qu'il sentait leur regard pesant sur lui.
" Je ne dois pas céder. Ne les regarde pas, Severus, résiste à la tentation." se disait-il avec un manque flagrant de conviction qui l'accablait.
Alors que le professeur se demandait pourquoi la petite elfe mettait tant de temps à préparer une simple tasse de café, la voix anormalement rauque de Cassandra s'éleva dans l'air, hésitante, en un chuchotement qui se brisa sur les derniers mots.
" Bonjour papa. Tu as bien dormi ? "
Severus, sans se tourner vers elle, lui répondit d'une voix qu'il espérait la plus neutre possible, mais qui sonna plus sèchement qu'il ne l'avait voulu à ses oreilles.
" Bonjour à vous deux. "
Lua tenta de marmonner une vague salutation tout en plongeant son nez dans son bol de chocolat chaud, ses longs cheveux noirs obstruant son visage afin de ne pas montrer à son père les larmes qui menaçaient de jaillirent à nouveau face au timbre tranchant de sa voix.
Cassandra ne parvenait pas à supporter cet affreux silence, mais savait bien qu'elle devait dire quelque chose pour tenter de briser la glace, Meesy faisait exprès de prendre tout son temps pour leur laisser une chance d'avoir une conversation.
" Et, hum, bafouilla Cassy, maman rentre aujourd'hui, c'est super, non ?
- Oui.
- Et, euh, tu sais vers quelle heure elle...
- Quinze heures, coupa brusquement la voix profonde de Severus.
- Oh. D'accord. Euh, ben, c'est cool... "
Severus ne pouvait supporter davantage la tonalité cassée de la voix de sa fille, signe évident qu'elle avait pleuré une bonne partie de la nuit, et encore moins le silence inquiétant de Lua. Intérieurement, il priait pour que Meesy se dépêchât de préparer sa tasse plutôt que de leur laisser du temps pour s'expliquer.
" Maître Snape, déclara soudain la petite elfe d'une voix guillerette, j'avais pensé à préparer le dessert favori de Maîtresse Hermione pour son retour.
- C'est très gentil de ta part, Meesy, souffla avec détachement l'homme. Je suis persuadé qu'Hermione appréciera ton geste.
- C'est ce que je me disais aussi, couina gaiement le petit elfe. Maîtresse Lua, Maîtresse Cassandra, est-ce que vous souhaiteriez aider Meesy à préparer une tarte au citron meringuée pour votre mère ? Cela lui ferait très plaisir, Meesy en est sûre et certaine !
- Bien sûr, ce sera avec joie, s'écria avec un peu trop d'empressent Cassy, soulagée d'avoir une occasion de briser le silence. N'est-ce pas, Lua ?
- Certes, pourquoi pas, murmura doucement la jeune Lua. "
En entendant la voix empreinte d'une tristesse infinie de sa fille, Severus ne put résister plus longtemps, et il se tourna pour observer les jumelles. Ce qu'il vit lui fendit le cœur.
Malgré le sourire hésitant que Cassandra essayait d'afficher pour faire bonne figure, ses yeux éteints ne trompaient pas son père, et il devinait à son regard qu'elle cachait son mal-être.
Lua, de son côté, ne s'embarrassait pas de ce genre de formalités. Elle était recroquevillée sur sa chaise, ses frêles épaules voûtées donnant l'impression qu'elle portait un poids bien trop lourd à supporter. Ses cheveux ébouriffés cachaient à peine ses joues d'où l'on apercevait les sillons creusés par les larmes versées. Ses yeux gonflés et rougis étaient obstinément tournés vers son toast qu'elle observait avec la plus grande des attentions. Enfin, son teint translucide formait un contraste presque malsain avec le noir d'encre de sa chevelure.
Un poids s'abattit sur son cœur à l'image pitoyable que renvoyait ses filles.
" Par Merlin, elles sont dans cet état par ma faute, je suis un père horrible. Elles ont l'air si tristes... Je m'en veux tellement. Mais d'un côté, il fallait que je les punisse, pour qu'elles comprennent qu'elles se sont mises en danger inutilement et ne doivent pas réitérer l'expérience. "
Ne pouvant supporter cette atmosphère pesante une minute de plus, Severus empoigna brusquement la tasse que l'elfe lui tendait, lança un vague remerciement étouffé et se rua vers la sortie. Cependant, avant de franchir la porte, il s'arrêta quelques instants et s'adressa aux jumelles d'une voix neutre, sans se retourner.
" Vous trouverez dans votre chambre des onguents à appliquer sur vos égratignures pour que les marques s'estompent et cicatrisent correctement. Cassandra, tu auras également une dose de potion anti-douleur pour ton bras, ainsi qu'une autre de Poussos. Il est inutile de préciser que tu as plutôt intérêt à boire le contenu complet de cette dernière si tu veux que ta fracture se ressoude correctement, même si le goût est absolument infecte. Évite de bouger ton bras et reposez-vous, toutes les deux. Un peu de calme aux vues des récents événements ne pourra pas vous faire de mal. "
Puis il s'enfuit de la salle sur ces paroles, se dirigeant à grandes enjambées vers son laboratoire, ignorant du mieux qu'il le put les sanglots saccadés de Lua.
" Rajoute un 's' ici. Non, pas là, Lua, ici ! Et il manque un 'e' à ce mot-là, on est des filles je te rappelle, il faut accorder. Mais qu'est-ce que tu as écris ? Je n'arrive même pas à déchiffrer les lettres, applique-toi un peu bon sang !
- Mais arrête de me crier dessus ! ronchonna la pauvre Lua qui s'évertuait à s'appliquer un maximum pour faire de belles boucles.
- Ben si tu faisais un peu plus d'efforts en écrivant, je ne le ferais pas ! répliqua sèchement Cassy en lisant par-dessus l'épaule de sa soeur. Empêche donc ta main de trembler, tes lettres ressemblent à des vagues, c'est pas beau.
- J'aimerai bien t'y voir, toi, siffla Lua en posant violemment sa plume blanche sur le bureau. Je suis déjà assez stressée comme ça de devoir écrire un mot à papa, alors si en plus tu en rajoutes en me critiquant sans arrêt, je ne vais pas y arriver !
- Ce n'est qu'une simple lettre d'excuses, tu n'as aucune raison d'avoir peur, souffla lourdement Cassandra. Au pire des cas, il l'ignorera. Sinon, il nous pardonnera plus facilement et peut-être même qu'il réduira notre punition !
- L'espoir fait vivre, marmonna sombrement la jumelle.
- Aller, corrige-moi ces fautes d'orthographe au lieu de râler !
- Tu n'as qu'à l'écrire, toi, cette fichue lettre ! Je ne vois pas pourquoi je serai la seule à faire tout le travail ! En plus, tu es bien plus forte que moi en orthographe.
- Peut-être que si tu avais écouté maman lors de nos leçons, tu n'aurais pas autant de mal. Et je te rappelle que c'est moi qui fait le plus gros du travail. Toi, tu te contentes de recopier bêtement ce que je dicte tandis que moi, je réfléchis. "
Lua se remit au travail, plongeant soigneusement sa plume dans l'encrier pour ensuite apposer la pointe sur le parchemin et tracer lentement, d'une main mal assurée, les mots sortant de la bouche de sa jumelle. Cependant, au bout de quelques minutes, Cassandra lui arracha la plume de sa main valide, et grommela qu'elle allait s'en occuper, dépitée devant l'allure misérable de cette lettre d'excuses.
Après avoir mangé sommairement leur petit-déjeuner, les jumelles s'étaient rendues dans leur chambre et avaient fait ce que leur père leur avait dit sans broncher. Bien qu'en avalant la potion Poussos, Cassy avait grandement été tentée de tout recracher, elle avait pris sur elle et avalé à contrecœur le liquide répugnant, luttant pour ne pas régurgiter ses toasts sur-le-champs. Au bout de quelques minutes, les nausées disparues, elle s'était tournée vers Lua pour que sa sœur lui appliquât l'onguent sur ses plaies, le tout exécuté dans un silence religieux.
Puis Cassandra avait été frappée d'une idée qu'elle jugea absolument géniale, et elle en avait informé sa sœur d'un ton enjoué. Bien que réticente au début, Lua avait fini par accepter de rédiger cette lettre d'excuses, ses doutes s'effondrant sous le poids des arguments de sa sœur jumelle.
" Tu verras, avait dit avec entrain la fillette, papa sera fier de voir que nous avons retenu la leçon. Et en plus, quand il lira cette lettre, il ne pourra que constater toute la bonne volonté et l'humilité dont on fait preuve, et il allégera notre punition. "
Ce à quoi Lua avait simplement répondu d'un hochement de tête peu convaincu avant de s'emparer d'une plume, d'un encrier et d'un morceau de parchemin.
Cassandra eut beaucoup de mal à rédiger cette lettre. Heureusement pour elle, sa main valide était celle qu'elle utilisait habituellement pour écrire, ce qui lui facilita la tâche. Néanmoins, elle ne pouvait pas tenir son parchemin correctement, et ce dernier bougeait donc beaucoup. Ses lettres étaient parfois un peu trop grandes, pas vraiment alignées, et une ou deux taches d'encre imprégnaient le papier ci-et-là, mais dans l'ensemble, la fillette était plutôt fière du résultat.
Au bout du parchemin, Lua ajouta son prénom à côté de celui de sa sœur et profita du fait que fait que cette dernière avait détourné le regard pour rajouter quelques lignes à la va-vite, puis elle rangea son matériel dans les tiroirs de son bureau. Les fillettes partirent ensuite vers le laboratoire de leur père a pas de loup, espérant qu'il se trouverait bien là-bas.
Severus travaillait sur l'amélioration de la potion Tue-Loup lorsque les jumelles avaient glissé sous la porte de son bureau la fameuse lettre d'excuses. Concentré comme il l'était sur son chaudron, il ne remarqua donc le morceau de parchemin que plusieurs heures plus tard, aux alentours de 13h, alors qu'il s'apprêtait à se rendre à la cuisine du manoir pour remplir son estomac criant famine. En ouvrant la porte, un morceau de parchemin s'était envolé et avait atterri sur ses pieds, le poussant à se pencher pour le ramasser.
Son prénom était écrit tout en haut du morceau de papier, et il reconnu immédiatement l'écriture légèrement tremblante et délicatement courbée de Cassandra. Il déglutit difficilement en entamant sa lecture, intrigué et perplexe face à cette missive inattendue.
Cher papa,
Comme tu avais l'air plutôt en colère ce matin et que Lua et moi, on ne voulait pas t'énerver davantage, nous avons décidé de t'écrire une lettre pour te transmettre nos excuses à propos de ce qu'il s'est passé hier. On te l'aurait bien dit de vive voix mais, tu comprends, la dernière fois qu'on a eu une discussion, tu ne nous a pas laissé le temps de nous expliquer et puis Lua a trop peur de toi pour le moment pour venir te parler.
L'écriture changea soudainement, devenant plus irrégulière et tremblante, ce qui témoignait d'un certain empressement.
C'est pas vrai, faut pas l'écouter papa, tu sais bien qu'elle dit de ces bêtises parfois...
Severus sourit légèrement au commentaire de Lua alors qu'une lueur de tristesse voila son regard profond. Bien que la petite affirmait le contraire, il savait qu'elle n'en menait pas large et avait peur qu'une nouvelle crise de colère n'éclatât, il l'avait remarqué à sa posture voûtée et renfermée. À la lecture de ces lignes, le lourd sentiment de culpabilité qui serrait ses entrailles de renforça sournoisement.
Dans tous les cas, j'ai pensé qu'en attendant que la pression retombe, on pourrait t'envoyer un mot pour te montrer que nous sommes sincèrement désolées de ce qu'il s'est passé. Tu sais bien qu'en utilisant ces potions, on n'a jamais voulu te ridiculiser ou quoi que ce soit (ça s'était le but de tonton George, mais faut pas lui dire qu'on te l'a dit, sinon il nous donnera plus de bonbons).
Le maître des potions ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel à la mention du rouquin. Il était évident que ce plaisantin ne manquait jamais une occasion de se payer sa tête. Quoi de mieux que d'intervenir par le biais de ses filles pour détourner l'attention du potionniste ?
À la base, on voulait juste s'amuser un peu pour passer le temps parce que bon, passer l'après-midi à jouer aux bavboules ça va bien deux minutes, mais ça commence à devenir lassant à force... Du coup, on a pensé à pimenter un peu les choses en distribuant les potions que tonton George nous avait gentiment données la veille.
L'écriture se modifia à nouveau pour laisser place à celle de l'autre petite.
Moi, je n'étais pas d'accord à la base hein, j'aime bien les bavboules !
C'est un malheureux hasard que tu sois tombé sur la potion qui t'as transformé en fille. Lua et moi ne savions pas trop quels étaient les effets de chacune d'elles, alors on les a versées au hasard dans les boissons. Quoique, tu aurais pu tomber sur pire, comme la potion qu'à reçu tonton Dray. Je t'aurais pas vu nager dans le Lac Noir toute une journée, le Calmar Géant n'y aurait pas survécu (bien que ça n'aurait pas été une immense perte, tu me diras...) et puis ça aurait été moins marrant, aussi.
Le père avait laissé un franc sourire prendre possession de ses lèvres face à l'annotation au sujet du calmar, mais ce dernier retomba bien vite à la lecture des autres lignes. Il ne voyait pas du tout en quoi cette après-midi aurait pu paraître amusante, et il se dit que sa fille devenait bien impertinente lorsqu'elle ne se trouvait pas face à lui.
Bon, sinon, on voulait aussi s'excuser au nom de nos clones. Les fausses Lua et moi-même ont seulement suivi nos directives, c'est-à-dire, je ne vais pas te le cacher puisque tu t'en doutes déjà je pense : te faire tourner en bourrique. Après, on ne pensait pas qu'elles prendraient tant leur rôle à cœur en se lançant à la conquête des tableaux de Poudlard.
Je dois dire qu'avec Cassy, on était franchement épatées en voyant que Cassandra-bis avait réussi à rentrer dans un tableau. C'était trop cool !
Snape se fit la réflexion qu'à l'avenir, il devrait surveiller plus attentivement ses filles lorsqu'elles traîneraient autour des cadres du manoir, histoire d'éviter les catastrophes.
Aussi, je voulais ajouter que j'étais vraiment pas fière de ce qu'il s'est passé au terrain de Quidditch. Si tu veux tout savoir, même si tu ne m'avais pas interdit de remonter sur un balai avant que je sois adulte, jamais plus je me serais aventurée sur ce terrain-là, j'ai eu super peur quand on volait dans le parc. Entre le vent qui soufflait de tous les côtés, l'orage et le Saule cogneur (sans oublier la bestiole du Lac), j'étais vraiment pas à l'aise... Donc n'ait aucune crainte : jamais tu ne me reverras sur un balai ! (Enfin normalement... Dis, si parrain veux m'emmener faire un tour, je pourrai ? Tu sais que je risque rien avec lui ou marraine !)
Severus était désespéré. Malgré le fait que cette lettre était censée faire acte de leur humilité et de leur compréhension face aux événements récents, sa fille trouvait le moyen d'essayer d'alléger sa punition. Elle était irrécupérable. Il rit néanmoins franchement face au commentaire qui suivait cette déclaration.
S'il te plaît papa, n'accepte pas la demande de Cassy, parce que si elle va faire une balade en balai avec tonton Harry, elle va me parler de ça pendant des heures après, et c'est franchement pas intéressant.
Bon, je crois qu'on a fait le tour... Encore une fois, Lua et moi, on s'excuse sincèrement pour tout ce qu'il s'est passé. On voulait pas te causer de tort ou de mettre dans une situation (trop) gênante, et on espère que tu arriveras à faire une croix sur nos erreurs et nous pardonner. On comprends que tu sois en colère, mais ne nous boude pas trop longtemps, sinon après on sera tristes de plus pouvoir parler et jouer avec notre papa chéri qu'on aime fort.
Sa fille essayait sans aucun scrupule de l'amadouer en le prenant par les sentiments. Est-ce que cela fonctionnait ? Absolument.
" Je suis vraiment trop laxiste. Pourquoi je n'arrive pas à tenir mes résolutions face aux jumelles ? C'est pourtant si facile quand il s'agit de ces imbéciles qui me servent d'étudiants de me montrer froid et cassant... " songeait Severus sans pouvoir s'empêcher de sourire discrètement.
Même si on attend pas de réponse positive, si tu pouvais éviter d'ignorer cette lettre, ce serait sympa, je crois bien que Lua ne s'en remettrait pas... Tu sais comme elle est sensible, elle pleurerait à nouveau...
Pourquoi est-ce que dès que j'ai le dos tourné, elle me fait passer pour une pleurnicharde fragile ? Je pleure pas si souvent que ça moi... enfin pas trop... je crois.
On se voit tout à l'heure papa, j'ai hâte que maman soit de retour pour qu'on lui parle de ces supers moments qu'on à passés tous les trois !
Severus haussa un sourcil interrogateur, ne sachant pas s'il devait déceler ou non une pointe d'ironie dans la dernière phrase.
On t'aime fort papa, t'es le meilleur de tous les papas !
C'est vrai que pour nous supporter, Cassy, moi, et sans oublier maman et son " fichu caractère de cochon " comme tu le dis si bien, tu dois vraiment être très courageux.
Signé tes filles qui sont vraiment désolées et qui espèrent que tu les aimes encore un peu,
Cassandra et Lua.
Le professeur serra le morceau de parchemin entre ses mains, submergé par une soudaine vague de tendresse et de fierté envers les jumelles. Les petites avaient pris sur elles-mêmes pour lui écrire cette lettre, il en était conscient, elles étaient aussi fières que lui et Hermione réunis et cela leur avait demandé un grand effort, d'autant plus qu'après la scène d'hier soir, elles avaient de quoi craindre sa réaction. Désormais, il savait qu'elles avaient retenu la leçon et ne pouvait plus leur en vouloir pour ce qu'il s'était passé -enfin, pas trop. Elles étaient jeunes et n'avaient pas conscience du danger, et il était certain qu'elles étaient sincères en affirmant qu'elles ne voulaient pas l'humilier.
Il laissa un sourire franc orner ses lèvres et plia soigneusement le parchemin en le rangeant dans la poche de son pantalon, rassuré quant au fait que les jumelles ne se mettraient plus dans des situations rocambolesques et impossibles avant un petit bout de temps -du moins il l'espérait. Puis il sortit de son laboratoire et se dirigea machinalement vers la chambre de Cassy, songeant à diminuer leur punition pour les récompenser de l'effort qu'elles venaient de faire.
Le trio se tenait devant les grilles en fer du manoir, scrutant l'horizon avec attention. Malgré son masque d'indifférence plaqué au visage, on pouvait déceler dans l'attitude du professeur Snape une impatience non feinte se traduisant par le martèlement de son pied droit sur le sol et les coups d'œil furtifs mais réguliers qu'il jetait à la zone de transplanage.
Les jumelles, elles, ne se gênaient pas pour exprimer leur excitation et chuchotaient des paroles avec empressement en se dandinant d'un pied sur l'autre. Cassandra sautillait presque sur place tandis que Lua mordillait nerveusement sa lèvre inférieure.
Il était bientôt quinze heures, et cela signifiait qu'Hermione serait là d'un minute à l'autre, au plus grand soulagement de son époux et de ses filles. Jamais ils n'avaient été séparés si longtemps de la jeune femme, et ils avaient hâte de la revoir.
Severus regardait avec un petit sourire les jumelles gigoter en s'accrochant l'une à l'autre avec force. Toute trace de tristesse avait disparu de leurs visages désormais ornés de grands sourires. Il avait eu une longue conversation avec elle, agrémentée d'excuses clamées fortement et d'une crise de larmes de Lua, la petite soulagée de la disparition de cette tension insupportable qui régnait au-dessus d'eux. Puis tout était redevenu comme avant, bien que les filles se montraient toujours un peu réservées lorsqu'elles s'adressaient à leur géniteur.
Le maître des potions entendit un " pop " significatif résonner a quelques mètres et avant même d'avoir pu faire un pas en direction de sa femme, cette dernière se trouva assaillie par deux têtes à la chevelure ébène qui se jetaient sur elle pour l'enlacer comme si leur vie en dépendait.
Hermione laissa un rire cristallin s'échapper de sa bouche alors qu'elle basculait sur le sol sous l'attaque de ses jumelles. Les petites, dès qu'elles l'avait aperçue, s'étaient ruées sur leur mère d'un même mouvement et s'étaient jetées dans ses bras, les faisant toutes les trois tomber sur le chemin terreux.
Lua et Cassandra serraient contre elles leur mère avec force, et lui posèrent mille questions en même temps d'une voix aiguë et enjouée.
" Maman ! Comment tu vas ? s'écria Cassy.
- C'était comment ton congrès ? Ils ont dit quoi pour tes recherches ?
- Est-ce que ils ont aimé ta potion ? Elle a fonctionné, pas vrai ?
- Évidemment qu'elle a fonctionné Cassandra, maman c'est la meilleure, elle peut pas rater une potion ! avait déclaré Lua en levant les yeux au ciel comme si cela était une évidence. Et sinon, ils sont où nos cadeaux, t'as promis que tu nous en ramènerais ! "
Hermione éclata d'un rire franc sous l'avalanche de questions que ses filles lui posaient, ne prenant même pas le temps de respirer entre chaque phrase. Elle se fit la réflexion que le petites lui rappelaient énormément la fillette qu'elle était elle-même en étant plus jeune, et en captant le regard de son époux par-dessus l'épaule de Lua, elle comprit qu'il se faisait la même réflexion.
" Doucement, les filles, laissez votre mère respirer, vous êtes en train de l'étouffer, déclara calmement la voix profonde de Severus.
- Ah oui, c'est vrai, désolée ! s'exclama Lua en se relevant précipitamment, le rouge lui montant aux joues. "
Cassandra eut plus de difficultés à se relever, et elle grogna face à une pique de douleur aiguë qui monta tout le long de son bras cassé. Face aux gémissements de sa fille, Hermione fronça les sourcils et poussa un hoquet horrifié en apercevant pour la première fois le membre en écharpe de Cassandra.
La médicomage se releva prestement et se mit à la hauteur de sa fille en empoignant avec délicatesse le bras de cette dernière pour l'examiner.
" Cassandra, qu'est-il arrivé à ton bras ? Par Merlin, Severus, pourquoi ne m'as tu pas informée de la situation plus tôt ?! Oh, ma chérie, dans quel pétrin t'es-tu encore fourrée... ? débita rapidement la jeune femme en lançant un regard courroucé à son époux. "
Pour seule réponse, Hermione se sentit tirée vers l'avant et atterrit contre le torse ferme de son mari qui agrippa sa taille d'une main en prenant son visage en coupe de l'autre pour le rapprocher du sien. Une seconde plus tard, les lèvres affamées de Severus se posaient sur les siennes, la dévorant avec une fougue empreinte de désespoir, comme s'il n'avait jamais cru pourvoir l'embrasser à nouveau. Déstabilisée par cette attaque soudaine, Hermione perdit l'équilibre, mais la poigne de son époux la maintenait fermement contre lui, puis elle répondit à son baiser avec autant de ferveur.
Severus n'avait pu s'empêcher de se jeter sur les lèvres délicieusement tentatrices de sa femme, trop heureux de pouvoir sentir à nouveau son corps chaud contre le sien après trois jours de sevrage intense. Jamais il n'avait été aussi soulagé de voir le visage souriant et serein de sa dulcinée, et il se rendit compte à ce moment-là qu'il n'aurait pu supporter cet éloignement plus longtemps. Ce week-end avait été insupportable, non pas à cause des frasques de ses filles -du moins, pas totalement-, mais bien à cause de l'absence de sa femme. En huit ans de vie commune, il n'avait jamais eu à se séparer de sa moitié si longtemps, et après cette expérience qu'il considérait comme désastreuse, il n'était pas près de subir cela à nouveau.
Finalement, après un ballet endiablé, un raclement de gorge embarrassé de fit entendre, et les deux amants se séparent à bout de souffle, Severus plongeant ses yeux brillants de tendresse dans ceux de sa femme qui s'accrochaient désespérément à sa chemise étant donné que ses jambes ne pouvaient la supporter, ses lèvres gonflées le défiant de s'en emparer à nouveau.
" Tu m'as horriblement manqué, Hermione, souffla le potionniste d'une voix rauque. "
La jeune femme lança un regard interrogateur à son époux, peu habituée à le voir si démonstratif en public, même si ce dernier était composé de leurs filles. Un mauvais pressentiment s'empara d'elle alors qu'elle se tournait vers les jumelles qui avaient détourné le regard en rougissant légèrement, bien qu'un sourire discret avait pris place sur leur visage. Elle observa un instant le bras de Cassy, les nombreuses égratignures de Lua et plongea son regard dans celui las et soulagé de son mari.
" Je crois que nous allons avoir beaucoup de choses à nous raconter, déclara simplement Hermione en un soupir. "
Ce soir-là, une discussion très animée avait été tenue dans le manoir Snape. Severus avait raconté leur week-end dans les moindres détails, sachant pertinemment que cela ne servirait à rien d'essayer de dédramatiser la situation, et Hermione l'avait écouté avec attention en le coupant de temps à autres pour lui faire part de son opinion.
Elle avait lancé un regard réprobateur à Lua en apprenant qu'elle s'était baladée seule dans l'Allée des Embrumes, mais avait surtout marmonner des insultes houleuses à l'encontre de l'homme qui avait osé s'approcher de sa fille chérie.
Les remarques désobligeantes allèrent également bon train envers cette aguicheuse mariée qui avait tenté de séduire Severus au parc l'après-midi, et Hermione avait posé un regard empli de fierté sur les jumelles lorsque ces dernières lui avait rapporté les paroles cinglantes qu'elles avaient lancées à la femme avant de tirer leur père hors du parc. Le maître des potions ne put s'empêcher de sourire face à la jalousie évidente dont sa femme faisait preuve et la vigueur avec laquelle elle insultait Spencer et son attitude révoltante.
Les réactions d'Hermione furent très diversifiées face aux événements du samedi. Au début, elle rit franchement en imaginant son mari contraint de passer une journée dans la peau d'une femme, et son hilarité redoubla de plus belle lorsqu'il déclara avec une mine renfrognée qu'il ne comprenait pas comment elle parvenait à survivre en portant chaque jour pendant plusieurs heures d'affilées ce "fichu morceau de tissu qui comprime affreusement la poitrine ". Elle manqua cependant de s'étouffer avec sa tasse de thé lorsque le professeur lui rapporta d'une voix traînante la discussion qu'il avait eu avec Minerva au sujet des dessous féminins.
" Severus ! s'indigna-t-elle en rougissant furieusement.
- Cette vieille chouette n'avait qu'à pas me provoquer de la sorte, répondit l'enseignant en portant sa tasse à ses lèvres pour masquer son sourire narquois.
- Tout de même, tu n'étais pas obligé de lui dire que tu passais ton temps à enlever mon soutien-gorge. Par Merlin, jamais plus je n'arriverai à la regarder en face... grimaça l'ancienne rouge et or.
- Dis, papa, pourquoi tu dois enlever le soutien-truc à maman ? C'est pour qu'elle puisse respirer correctement ? demanda Lua avec inquiétude en posant ses yeux innocents sur son père. "
Severus recracha son thé de manière fort peu élégante en toussotant fortement, et Hermione marmonna un " Laisse tomber, ma chérie, ça n'a aucune importance " sous le regard suspicieux des jumelles.
La médicomage, en apprenant par la suite que Dumbledore et Draco avaient eux aussi subi une transformation, se fit la réflexion qu'elle devrait demander à Severus de placer ces souvenirs dans une Pensine pour pouvoir profiter de ce spectacle absurde et unique elle-aussi.
Elle soupira, dépitée, en apprenant que les jumelles avaient dévalisé la réserve de leur père, et au lieu de les réprimander sévèrement en constatant qu'elles avaient balancé certaines potions sur les habitants du château comme Severus s'y attendait, il fut choqué de l'entendre déclarer avec une pointe de déception qu'elles auraient du utiliser la potion aveuglante lorsque Trelawney se trouvait dans les escaliers, car cela aurait été plus amusant de la voir dévaler les marches. Face au regard exorbité se son époux, elle avait simplement haussé les épaules en affirmant que c'était tout ce que cette vieille folle méritait.
Lorsque Severus en arriva au passage de la course-poursuite sur balai, Cassandra eut la décence de paraître embarrassée et de baisser les yeux. Hermione ouvrir grands les yeux et laissa échapper un hoquet de stupeur quand le Saule cogneur fut évoqué. Elle blêmit fortement en apprenant que sa fille avait bien failli mourir noyée dans le Lac Noir, et son teint était à ce moment-là si livide que le trio eut l'impression de faire face à un fantôme.
Puis Hermione fronça les sourcils et plissa ses yeux ambrés, une expression sombre s'étirant sur ses traits, et s'exclama d'une voix n'admettant aucune protestation.
" Tu peux dire adieu aux cours de vol avec ton parrain Cassandra. Et cette fois-ci, tu n'as pas intérêt à entraver cette interdiction formelle de remonter sur un fichu balai avant une bonne paire d'années.
- Oui, je sais, papa m'a déjà fait un topo là-dessus... grogna Cassy.
- Et à juste titre, jeune fille, dit Hermione en lui lançant une moue désapprobatrice. Je ne comprends pas comment tu as pu laisser notre fille monter sur cet engin de malheur, ajouta-t-elle a l'encontre de son époux qui haussa un sourcil.
- Je n'y peux rien si elle a écopé de cette manie d'enfreindre les règles qui t'es propre, répliqua Severus. "
Hermione lui lança un regard noir et s'enquit du traitement que Poppy Pomfresh avait donné à sa fille.
Quand Severus évoqua la bataille de nourriture à laquelle Lua et les clones avaient gracieusement participé, Hermione gronda la fillette en lui reprochant de gaspiller ce que les elfes avaient longuement préparé, et arguant que cela leur avait donné encore plus de travail puisqu'ils avaient du tout nettoyer par la suite. Lua ne put qu'afficher une mine contrite face aux réprimandes de sa mère qui, malgré les années, portait toujours autant d'attention aux conditions de travail des elfes, s'assurant qu'ils fussent convenablement traités.
Finalement, lorsque le passage au Terrier arriva, ainsi que le moment inévitable où Severus s'était retrouvé presque nu sous les Weasley et les Potter, Hermione fut prise d'un fou-rire incontrôlable qui perdura plusieurs minutes, rejointe par les jumelles sous le regard mécontent du père. À chaque fois qu'Hermione sentait la crise se calmer, il lui suffisait de poser son regard sur son époux à la mine renfrognée pour que son hilarité reparte de plus belle.
Severus avait bien essayé de passer ce moment humiliant sous silence, mais les jumelles avaient pris soin de raconter dans les moindres détails cette situation à leur mère, au grand dam de leur paternel.
À la fin du récit, Hermione resta silencieuse quelques instants, profondément plongée dans ses pensées, puis soupira doucement en posant un regard mi-amusé, mi-réprobateur sur les jumelles.
" Bien que je comprenne parfaitement le fait que vous souhaitiez simplement vous amuser un peu, entama la jeune femme d'une voix posée, je vous prierai de ne pas recommencer de genre de choses à l'avenir. Vous savez bien comment est votre père, et le faire tourner en rond dans tout le château pendant des heures n'est pas une bonne idée. Il est facilement irritable, surtout quand vous jouez avec ses nerfs en vous improvisant cascadeuses. "
Severus était à la fois outré de voir sa femme parler de lui en ces termes en ignorant royalement sa présence, insinuant clairement qu'il s'énervait pour un rien et n'était pas patient avec ses filles, mais aussi soulagé de voir que sa femme prenait son parti. Cependant, la remarque qui suivit l'acheva et une expression indignée se peignit sur ses traits.
" De plus, vous savez qu'il n'est plus tout jeune, et ce n'est pas bon de le faire courir comme cela à travers le château. Trop d'exercice n'est pas recommandé pour son cœur, ajouta-t-elle d'une voix on ne peut plus sérieuse sous le sourire amusé des fillettes.
- Tu vas voir, cette nuit, si je ne suis pas endurant, sorcière, marmonna-t-il en lui lançant un regard noir mais néanmoins plein de promesses silencieuses qui fit délicieusement rougir une Hermione frémissante.
- Par contre, je ne reviendrai pas sur la punition que vous a donné votre père, souligna Hermione, et sa remarque fut immédiatement suivie de soupirs désespérés. Même si elle est un peu poussée, je pense que c'est un juste retour des choses face à ce que vous lui avez infligé.
- Génial, on peut dire adieu à notre argent de poche pour six mois, grogna Cassy qui entama un mouvement pour croiser ses bras sur sa poitrine en un geste mécontent avant de se rappeler qu'elle ne pouvait pas vraiment bouger son bras en écharpe, ce qui l'agaça encore plus.
- Ne t'inquiète pas, chuchota Hermione envers ses filles, j'avais prévu d'augmenter la somme de votre argent de poche sous peu. "
Severus haussa un sourcil interrogateur, se disant que ni lui, ni Hermione n'avaient jamais parlé d'augmenter le revenu des jumelles, mais ne fit cependant aucune réflexion là-dessus.
Finalement, la discussion dériva sur le congrès d'Hermione, et tous furent suspendus à ses lèvres alors qu'elle décrivait les différentes présentations auxquelles elle avait assisté, et surtout celle qu'elle avait animé. Severus observait sa femme avec une fierté non dissimulé. Hermione était incroyablement intelligente, encore plus qu'elle ne l'était lorsqu'il occupait le rôle de son enseignant, et cette potion en était la preuve. Pendant de longues années, elle avait travaillé sans relâche sur ce breuvage, passant ses journées et ses nuits à peaufiner ses recherches, et la voir parler avec tant d'engouement du fruit de son travail était fascinant. Ses yeux brillaient de satisfaction, ses joues étaient légèrement rougies et un sourire béat étirait des lèvres. Elle rayonnait, heureuse d'avoir enfin réussi à mener à bien son projet et d'apporter sa contribution au monde magique, et cela comblait le maître des cachots.
Hermione remarqua le regard admiratif et empli de tendresse de son mari, et bien qu'elle savait qu'il respectait énormément son intelligence et ses l'encourageait vigoureusement dans des recherches depuis des années, le voir si fier d'elle la remplissait de joie et réchauffait son cœur. Étudiante, elle avait cherché à toujours se surpasser pour obtenir l'approbation du professeur, le seul qui refusait de la complimenter sur son travail, alors constater qu'elle y était finalement parvenue l'emplissait de joie.
Une pensée traversa d'un coup son esprit, et son regard s'illumina alors qu'elle se dépêchait de sortir un petit paquet soigneusement emballé de sa poche, sous les regards interrogateurs de son époux et des jumelles.
Hermione redonna sa taille normale à la petite boîte et l'ouvrit délicatement pour en extraire deux autres paquets plus ou moins imposants. Elle les posa délicatement devant les filles, prenant soin de ne pas trop les secouer, et les jumelles regardèrent leur mère, hébétées, qui les détaillait avec attendrissement. Puis elles laissèrent un grand sourire fleurir sur les lèvres et se jetèrent sur les paquets alors que la jeune femme rigolait doucement, leur demandant de manier les cadeaux avec attention.
Lua reçut, pour son plus grand plaisir, un assortiment de fioles en cristal sur lesquelles étaient gravées de délicates arabesques absolument magnifiques. Elle avait la bouche grande ouverte de stupéfaction et remercia sa mère en un murmure reconnaissant, ébahie devant la beauté des fragiles récipients qu'elle comptait bien utiliser dès demain.
Cassandra, elle, fut comme à son habitude plus expressive que sa jumelle. Elle poussa une exclamation joyeuse en déballant le chaudron tout neuf que sa mère lui avait offert, le sien étant endommagé par les marques du temps. Tout comme les fioles de sa soeur, le chaudron était orné de spirales moulées dans le fer, et ses initiales étaient même gravées en boucles élégantes sur un des côtes. Elle fit part de sa reconnaissance à sa mère avec des yeux brillants, les joues légèrement rosies.
Severus haussa un sourcil d'étonnement face aux cadeaux plutôt coûteux que son amante avait rapporté aux jumelles. Hermione se contenta de lui envoyer un sourire en coin et articulant silencieusement que cela valait largement la peine de débourser autant pour voir la mine réjouie des filles. Et le père de famille ne put qu'approuver ses dires.
La médicomage fut agréablement surprise en découvrant que les jumelles, aidées de Meesy, lui avaient préparé son dessert préféré, et elle poussa un long soupir de contentement quand elle dégusta la première bouchée. Elle remercia chaleureusement les filles et la petite elfe en avalant goulûment la tarte sous le regard amusé de son mari. Bien qu'il ne le montrât pas, il fut assez surpris en voyant que sa femme découpait une troisième part de tarte au citron. Certes, Hermione avait toujours été gourmande, d'autant plus quand il s'agissait de son entremet favori, mais cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas autant mangé, surtout que le repas qu'avait prépare Meesy était déjà assez copieux. En fait, la dernière fois qu'elle avait montré autant d'entrain pour engloutir une telle quantité de nourriture, c'était il y a six ans...
Severus fut tiré de ses pensées qui empruntaient un chemin qu'il jugeait effrayant et absurde -du moins, il espérait sincèrement que son raisonnement ne fut que spéculations infondées- par la voix de sa dulcinée.
" Bon, mis à part les quelques incidents que vous avez rencontrés, le week-end s'est bien passé, n'est-ce pas ? demanda la jeune femme d'une voix innocente.
- Oh, mis à part le fait que nos filles ont bien failli se tuer une bonne dizaine de fois et que j'ai cru être transformé en femme pour le restant de mes jours, tout s'est parfaitement bien déroulé, ironisa le potionniste avec un rictus au coin des lèvres.
- Oh oui, c'était trop cool de passer du temps rien qu'avec papa ! s'exclama vivement Cassy en hochant vigoureusement la tête.
- J'espère qu'on se refera des journées comme celles-ci, dit nonchalamment Lua avant de capter le regard noir de son père. Enfin, je veux dire, des journées rien que nous trois et, euh, en faisant des activités plus... calmes, s'empressa-t-elle d'ajouter.
- Tant mieux alors, sourit innocemment Hermione en portant une cuillerée de tarte au citron meringuée à sa bouche."
Severus fut soudainement assailli d'un mauvais pressentiment qui serra douloureusement ses entrailles. Il plissa ses yeux et posa son regard scrutateur sur sa femme qui, à son avis, souriait bien trop innocemment pour que cela fut sans arrière-pensée.
" Pourquoi poses-tu donc cette question ? dit-il avec suspicion en articulant lentement chaque syllabe. "
Avant même que sa femme ne lui répondît, il sentit venir la catastrophe et une sourde angoisse le consuma. Ses doutes furent, à son plus grand désespoir, rapidement confirmés par les paroles de son épouse, et tandis que Severus Snape blêmissait à toute allure en laissant s'échapper de ses lèvres un hoquet horrifié, les jumelles se lancèrent un regard en biais tout en souriant diaboliquement.
" Figures-toi que j'ai été conviée à un autre congrès qui tiendra place en France dans trois semaines pour y présenter mes recherches et ma nouvelle potion. Et d'après les dires de Lucile Creed, la médicomage qui m'a invitée, je devrai rester là-bas une bonne semaine. N'est-ce pas fantastique ? "
~ Fin ~
Un petit avis sur cette fiction ? Ne vous gênez pas, et laissez-moi savoir ce que vous avez pensé de cette histoire, rien ne me ferait plus plaisir ! Merci pour tout et, je l'espère, à bientôt !
~ Ava-Rosaa ~